Scénario de Médiation Musée des Beaux-arts de Caen / La nuit des Musées 18 mai 2013

- Une chasse au trésor -

La Tireuse de Cartes de 1915

Résumé de la médiation et indications : Des cartes divinatoires sur lesquelles sont représentés des tableaux ou des éléments correspondants au thème de la carte sont posées sur une table de jeu. Je retourne ces cartes une par une. Simplification maximale du discours lié à chaque carte. Les thèmes des cartes tirées sont totalement liés au tableau, il s’agit de faire réfléchir le public et de leur apporter des connaissances. Les thèmes des cartes permettent « d’entrer dans » le tableau par différents accès.

Personnage : Tireuse de cartes, voyante, diseuse de Bonaventure…

Costume pour la médiation : une marinière (rayures bleues et blanches) La consigne pour tous les matelots-médiateurs de la chasse au trésor, un jean foncé, des créoles aux oreilles, des bagues aux doigts, des bracelets et des colliers.

La médiation

« Bonsoir, je suis une diseuse de Bonaventure. Je vois des choses étonnantes dans ce tableau de Jean Metzinger, peint en 1915. Je suis ici pour faire comprendre le passé et peut-être prédire l’avenir, peut-être le lieu d’un trésor… ! Et justement, à ce propos, quelles cartes voyez-vous dans ce tableau ? L’as de carreau c’est le voyage, le trèfle, l’argent, on nous prédit ici un voyage et de la richesse. Allons voir d’un peu plus près, allons plus loin si vous le voulez bien ! Mais attention ! Chose très importante dans l’Art divinatoire, c’est que vous devez toujours répondre à mes questions, sinon je ne pourrais rien vous dire ! »

1- Le Hasard ou le Destin ? - « A votre avis, cette personne joue aux cartes ou prédit l’avenir ? Pourquoi ? On va regarder ça de près, sur ces deux tableaux : La partie de cartes de Fernand Léger 1917 – lien avec la 1ère guerre mondiale ; au niveau de la forme, cette nouvelle façon de peindre est liée aux évènements de l’histoire (personnes disloquées…) ; au niveau du fond, dans la vie ou les guerres, tout est du au hasard (jeu de cartes), ils jouent l’avenir du monde avec des cartes. La tireuse de cartes de Frédéric Bazille 1869 – une femme seule, elle s’ennuie. Voyez-vous un lien avec le tableau ou des différences visibles, pourquoi ? Leur vêtement, le lieu, la position des mains… Donc nous n’avons pas la réponse à notre question, peut-être que les autres cartes vont pouvoir nous aider ? »

2- Le Cubisme – « Qu’est-ce que le Cubisme ? Pourquoi l’a-t-on nommé ainsi ? Y a-t-il un élément associé à ce mot (cube…)… ? Quelles formes voyez-vous dans le tableau ? Le vase par exemple… Il y a une femme dans ce tableau, que regarde-t-elle ? Comment est-elle assise ? Toutes les faces d’un objet sont visibles en même temps, le peintre nous offre une multitude de points de vue simultanément. Il n’y a pas de profondeur, presque pas de perspective, sauf l’ombre de la cheminée, comme des plans d’architecture, vus de haut. Comme l’ami de Metzinger dont deux œuvres sont exposées ici, celle-ci et celle-ci. » Je les montre. « Ils ont écrit ensemble un traité sur le Cubisme qui parle du statut de l’artiste et de sa relation avec la création : Du Cubisme paru en 1912). » Les demoiselles d’Avignon de 1907 – Le tableau précurseur du Cubisme à cause des formes géométriques, regardez la femme en bas à droite, son corps est vu de dos et son visage de face. Femme à la guitare de 1913 – Le Cubisme synthétique (papiers collés, pas de représentation figurative) différent du Cubisme analytique de Metzinger, quelles sont les différences visibles ? Je peux vous dire qu’ici il s’agit d’un Cubisme Analytique parce qu’il analyse la forme d’un objet et la transmet sous tous ses angles. Le courant Cubiste n’a pas duré longtemps (de 1907 à 1913 environ) mais il a influencé la création picturale de façon significative. Nous n’avons pas trouvé la réponse à notre question mais nous avons un élément, cette femme est vue sous des angles différents et les éléments qui l’entourent aussi, donc les choses ne sont pas simples. »

3- Jean Metzinger- Travail de peintre – « Je vois un homme qui est né en 1883 et est mort en 1956. Il peint mais que peint-il ? Il travaille d’une façon très étrange, regardez ce croquis. Pourquoi un croquis, c’est comme ça que l’on peint ? La composition, l’architecture du tableau sont très importante pour lui. Comment place-t-il les éléments les uns par rapport aux autres ? » Etude pour le portrait d’ de Jean Metzinger 1911 Portrait d’Albert Gleizes de Jean Metzinger 1912 Sur cette carte vous voyez son travail, il commence par le croquis, et vous remarquerez son intérêt pour la construction. »

4- La Section d’Or – « Avant de vous arrêter à ce tableau, dans les salles qui se trouvent là-bas (je montre), les œuvres étaient plutôt figuratives, réalistes ou elles racontaient une histoire avec des personnages visibles. Si vous regardez les peintures qui se trouvent de l’autre côté, là-bas (je montre), elles sont « abstraites », elles ne représentent pas la réalité concrète. Ici, à cet endroit, c’est une transition, une véritable révolution qui se prépare dans la peinture, je vois de l’or, la richesse de l’art pour l’avenir de la peinture… Une organisation presque secrète, un peu comme les pirates, qu’on appelle La Section d’Or, une richesse éphémère comme beaucoup de trésors d’ailleurs puisqu’elle n’a duré que 3 ans de 1911 à 1914. En 1912, à la Galerie d’exposition La Béotie à Paris, des artistes comme Jean Metzinger et Albert Gleizes entre autres, ont exposé leurs œuvres cubistes. Encore à ce moment le cubisme a fait scandale, le public et les critiques ont accusé les peintres de duperie, de tromperie… Pour eux, ça ne représentait rien de beau et ça n’avait aucun sens. Le traité de la peinture de Léonard de Vinci (illustration) 1651 qui utilisait le nombre d’or, le visage. Etude géométrique du nombre d’or – La géométrie est la base de toute œuvre picturale, vous connaissez la géométrie ? Les mathématiques ? et bien ça sert aussi à la peinture et au dessin. Le Cubisme et la Section d’or ont beaucoup travaillé à partir de la géométrie. »

5- La Couleur – « Comment sont les couleurs dans ce tableau ? Claires, foncées, lumineuses, sombres… ? Est-ce que les couleurs sont à leur place, à votre avis ? Est-ce qu’un vase peut être blanc ?... Pourquoi le peintre a-t-il utilisé ces couleurs ? réalisme dans les couleurs. Paysage à l’arbre rond de Jean Metzinger 1906 – il s’intéresse au néo-impressionnisme (ou divisionnisme, de 1885 à 1907 environ) qui s’appuie sur des découvertes scientifiques innovantes au sujet de la couleur et de la perception. Dans le tableau de la carte, les couleurs franches agissent les unes par rapport aux autres (mosaïque de couleurs pures). Paysage coloré aux oiseaux de Jean Metzinger 1907 – un an après, il s’intéresse au Fauvisme, défini comme étant « la cage aux lions », une liberté, une distance par rapport au réalisme, il s’agit de poser la couleur pure pour provoquer des sensations plus fortes. C’est un courant assez court de 1900 à 1910 environ. Dans le tableau de la carte, les couleurs sont éclatantes et contrastées, voyez-vous des similitudes ? Voyez-vous aussi des similitudes avec ce tableau d’Albert Gleizes ? » (je montre) « nous avons oublié quelque chose d’essentiel au niveau de la couleur, c’est le tapis vert, le jeu de hasard. Nous ne savons toujours pas si cette femme joue aux cartes ou prédit l’avenir, il y a ici un mystère, plusieurs histoires sont possibles. Jean Metzinger a voulu « brouiller les cartes », nous faire réfléchir sur les différents points de vue, nous permettre de percevoir les choses autrement. En fait, c’est peut-être ça la symbolique du cubisme. »

La carte 6 est donnée à la fin 6- « Vous avez répondu à toutes mes questions donc je peux vous donner l’élément secret qui vous aidera à trouver la réponse à l’énigme : un élément commun à ces deux tableaux ». Les fleurs de Jean Metzinger 1955 + énigme : Une seule goutte d’eau suffit à me faire déborder.