Gestion Des Plantations De Khaya Senegalensis Au Bénin
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BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2004, N° 279 (1) DOSSIER 37 KHAYA SENEGALENSIS / PLANTATIONS Gestion des plantations de Khaya senegalensis au Bénin Nestor Sokpon Christine Ouinsavi Faculté d’agronomie Université de Parakou BP 123, Parakou Bénin Avec l’augmentation des besoins en bois des populations, planter des essences de bois d’œuvre est devenu nécessaire. Au Bénin, les plantations de caïlcédrat, Khaya senegalensis, espèce native et surexploitée, pourraient être développées. L’étude de la croissance et de l’historique de cette espèce en plantation vise à une meilleure gestion des plantations dans ce pays. Mesures d’arbres dans la plantation de K. senegalensis, au centre du Bénin. Tree measurements in a K. senegalensis plantation, central Benin. Photo C. Ouinsavi, septembre 2000. BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2004, N° 279 (1) 38 DOSSIER PLANTATIONS / KHAYA SENEGALENSIS Nestor Sokpon Christine Ouinsavi RÉSUMÉ ABSTRACT RESUMEN GESTION DES PLANTATIONS DE MANAGING KHAYA SENEGALENSIS MANEJO DE PLANTACIONES DE KHAYA SENEGALENSIS AU BÉNIN PLANTATIONS IN BENIN KHAYA SENEGALENSIS EN BENÍN L’étude des problèmes de gestion This study of management problems in El estudio de los problemas de des plantations de Khaya senegalen- Khaya senegalensis plantations in manejo de las plantaciones de Khaya sis, au Bénin, a révélé que cette Benin showed that this particular forest senegalensis en Benín, reveló que essence forestière est fortement species is heavily exploited in the coun- esta especie forestal se explota exploitée dans ce pays comme bois try for timber and firewood. It is also mucho en este país como madera d’œuvre et de service. Elle est égale- used in traditional medicine. The first industrial y de construcción. También ment utilisée en médecine tradition- K. senegalensis plantations were se utiliza en la medicina tradicional. nelle. La culture de K. senegalensis established in Benin in 1935. Stand En Benín, el cultivo en plantación de en plantation a commencé au Bénin à density varies from 50 to 210 stems/ha, K. senegalensis se inició a partir de partir de 1935. Dans ces plantations, with stems growing to an average diam- 1935. En estas plantaciones, la densi- la densité de peuplement varie de 50 eter of 24.3 to 68.5 cm. Studies of dad de rodal varía de 50 a 210 tron- à 210 tiges/ha et les diamètres growth in these plantations showed cos/ha y el diámetro promedio va de moyens oscillent entre 24,3 et five different productivity classes in 24,3 a 68,5 cm. El estudio de creci- 68,5 cm. L’étude de la croissance de Benin, with high variability in growth in miento de estas plantaciones en ces plantations a permis de distin- and between plantations . For example, Benín, permitió distinguir cinco tipos guer, au Bénin, cinq classes de pro- dominant height at 40 years vary de productividad. La variabilidad en ductivité. La variabilité de la crois- between from 8 to 24 m. Managers of el crecimiento de esta especie en sance de cette espèce en plantation K. senegalensis plantations have to plantación es alta. Así pues, con est forte. Ainsi, à 40 ans, la hauteur cope with many sylvicultural problems, 40 años, la altura dominante varía dominante varie entre 8 et 24 m. La including attacks by boring insects and entre 8 y 24 m. El manejo de las plan- gestion des plantations de K. senega- caterpillars, poor use of sylvicultural taciones de K. senegalensis se lensis est confrontée à de nombreux standards (row spacing density, main- enfrenta a numerosos problemas sil- problèmes sylvicoles, notamment les tenance, thinning frequency, pruning, vícolas, especialmente los ataques attaques de divers insectes foreurs et etc.). In some cases, severe human de distintos insectos perforadores y chenilles, la non-maîtrise des normes pressures (illegal felling for charcoal orugas, la falta de dominio de las nor- sylvicoles (écartement de plantation, making, clearing for cropland), and fre- mas silvícolas (distancia de planta- entretien, régime des éclaircies, éla- quent forest fires have jeopardised the ción, mantenimiento, régimen de gage…). Dans certains cas, la forte future of the plantations. raleo, poda…). En algunos casos, la pression anthropique sur ces peuple- fuerte presión antrópica sobre estos ments (abattage clandestin des Keywords: Khaya senegalensis, plan- rodales (tala clandestina de los árbo- arbres pour la fabrication de charbon, tation, growth, Benin. les para la fabricación de carbón, des- défrichement pour l’installation des monte para establecer campos de champs de culture) et le passage cultivo) y los incendios regulares régulier du feu compromettent le comprometen el futuro de estas devenir de ces plantations. masas forestales. Mots-clés : Khaya senegalensis, Palabras clave: Khaya senegalensis, plantation, croissance, Bénin. plantación, crecimiento, Benín. BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2004, N° 279 (1) DOSSIER 39 KHAYA SENEGALENSIS / PLANTATIONS Introduction Le Bénin est un pays aux res- sources forestières limitées. On y trouve quelques forêts naturelles qui sont essentiellement des forêts clas- sées (46 massifs couvrant une super- ficie de 1 373 000 ha) et les reliques de forêts sacrées (2 940 îlots d’une superficie de 18 400 ha) protégées par les pratiques religieuses (Agbo, Sokpon, 1998). Plusieurs essences sont exploitées comme bois d’œuvre, mais les espèces telles que Khaya senegalensis, Milicia excelsa et Afze- lia africana sont les plus utilisées et subissent une forte pression de la part des populations locales. Avec la poussée démographique et l’aug- mentation conséquente des besoins en bois des populations, des planta- tions de bois d’œuvre sont néces- saires pour ralentir la surexploitation des forêts naturelles. Khaya senegalensis a été utilisé à petite échelle en plantation au Bénin, à partir de 1935. Des recher- ches ont été menées sur les planta- tions de cette espèce dans la sous- région. Au Ghana, elles ont porté sur l’identification des causes de l’échec des plantations de Khaya senegalen- sis (Atuahene, 1972, 1997 ; Ofosu- Asiedu et al., 1991), et montré la nécessité d’une recherche sur les stratégies de gestion des parasites du caïlcédrat par la lutte biologique. Au Nigeria et au Ghana, des études ont été faites sur les différents stades larvaires du foreur Hypsipyla robusta Moore, parasite de Khaya senegalen- sis (Roberts, 1966 ; Atuahene, Souto, 1983). Au Burkina Faso et au Nigeria, l’identification des différents parasites du caïlcédrat et l’étude de leur mode d’action ont été réalisées (Ctft, 1988). Concernant l’utilisation médicinale de l’espèce, citons les tra- vaux de Adjanohoun et al. (1989) et Keita et al. (1999). Au Bénin, très peu d’études ont été menées sur l’espèce. On peut citer les travaux de Sokpon et Plantation de K. senegalensis de Kandi, au nord-est du Bénin. uinsavi O (2002), sur l’utilisation de K. senegalensis plantation near Kandi, north-eastern Benin. Khaya senegalensis en médecine tra- Photo C. Ouinsavi, septembre 2000. ditionnelle. BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2004, N° 279 (1) 40 DOSSIER PLANTATIONS / KHAYA SENEGALENSIS Milieu d’étude La République du Bénin est située en Afrique occidentale entre les latitudes 06° 20’ et 12° 30’ nord. Elle est limitée au nord-ouest par le Burkina Faso, à l’ouest par le Togo, à l’est par le Nigeria et au sud par l’océan Atlantique, couvrant une superficie de 112 600 km2, occupée par une population d’environ cinq millions d’habitants. Quatre zones de végétation sont distinguées au Bénin (Adjanohoun et al., 1989), à savoir : ▪ la zone du littoral, constituée d’une grande variété de groupements végé- taux en petites taches formant une mosaïque encore compliquée par les modifications dues à l’action anthro- pique ; ▪ Jeune plantation de K. senegalensis de six ans à Gbéssaka, au nord du Bénin. la zone à affinité guinéo-congolaise, 6 year-old K. senegalensis plantation near Gbéssaka, northern Benin. composée de forêts denses semi- Photo C. Ouinsavi, septembre 2000. décidues et de savanes arbustives et arborées ; ▪ la zone de transition guinéo-souda- Méthodes nienne, formée de savanes boisées, de forêts claires et de forêts-galeries, poitrine, la hauteur totale et la hau- laquelle constitue l’habitat naturel de Afin de retracer l’histoire des teur fût de tous les arbres de l’espèce Khaya senegalensis ; plantations de Khaya senegalensis, Khaya senegalensis présents dans ▪ la zone soudanienne, constituée de une recherche documentaire a été ces placettes. savanes des plaines et plateaux, les faite dans les inspections forestières Les données ainsi collectées ont pseudosteppes à épineux de l’ex- du Zou (Centre-Bénin) et du Borgou servi au calcul de la hauteur domi- trême nord du Bénin, les plaines (Nord-Bénin), ce qui a permis de nante : hauteur moyenne des (n – 1) inondables en bordure du fleuve retrouver dans les archives les don- arbres les plus gros sur une superficie Niger, de la Pendjari et de la Mékrou, nées sur l’âge de plantation, les lieux de n ares (n ≤ 50), soit les neuf plus de galeries forestières et du massif et les différents traitements. Les plan- gros arbres par placette de 1 000 m2 de l’Atacora. La végétation naturelle tations ne disposant pas d’archives (Bouchon, Parde, 1988). se compose de savanes arborées et ont fait l’objet d’une enquête auprès Les couples de données (âge, arbustives, de pseudosteppes à épi- des personnes-ressources ayant par- hauteur dominante) issus d’une pre- neux, d’îlots de forêts claires et forêts ticipé à leur installation. mière mesure effectuée sur des pla- denses sèches et de forêts-galeries. L’étude de la productivité de cettes permanentes ont servi à la Khaya senegalensis a porté sur neuf construction des courbes de crois- Khaya senegalensis se retrouve essais de plantations d’âges diffé- sance pour les plantations de Khaya naturellement en zone soudanienne rents, répertoriées au Gps (figure 1).