BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2004, N° 279 (1) DOSSIER 37 KHAYA SENEGALENSIS / PLANTATIONS

Gestion des plantations de Khaya senegalensis au Bénin

Nestor Sokpon Christine Ouinsavi Faculté d’agronomie Université de Parakou BP 123, Parakou Bénin

Avec l’augmentation des besoins en bois des populations, planter des essences de bois d’œuvre est devenu nécessaire. Au Bénin, les plantations de caïlcédrat, Khaya senegalensis, espèce native et surexploitée, pourraient être développées. L’étude de la croissance et de l’historique de cette espèce en plantation vise à une meilleure gestion des plantations dans ce pays.

Mesures d’arbres dans la plantation de K. senegalensis, au centre du Bénin. Tree measurements in a K. senegalensis plantation, central . Photo C. Ouinsavi, septembre 2000. BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2004, N° 279 (1) 38 DOSSIER PLANTATIONS / KHAYA SENEGALENSIS

Nestor Sokpon Christine Ouinsavi

RÉSUMÉ ABSTRACT RESUMEN

GESTION DES PLANTATIONS DE MANAGING KHAYA SENEGALENSIS MANEJO DE PLANTACIONES DE KHAYA SENEGALENSIS AU BÉNIN PLANTATIONS IN BENIN KHAYA SENEGALENSIS EN BENÍN

L’étude des problèmes de gestion This study of management problems in El estudio de los problemas de des plantations de Khaya senegalen- Khaya senegalensis plantations in manejo de las plantaciones de Khaya sis, au Bénin, a révélé que cette Benin showed that this particular forest senegalensis en Benín, reveló que essence forestière est fortement species is heavily exploited in the coun- esta especie forestal se explota exploitée dans ce pays comme bois try for timber and firewood. It is also mucho en este país como madera d’œuvre et de service. Elle est égale- used in traditional medicine. The first industrial y de construcción. También ment utilisée en médecine tradition- K. senegalensis plantations were se utiliza en la medicina tradicional. nelle. La culture de K. senegalensis established in Benin in 1935. Stand En Benín, el cultivo en plantación de en plantation a commencé au Bénin à density varies from 50 to 210 stems/ha, K. senegalensis se inició a partir de partir de 1935. Dans ces plantations, with stems growing to an average diam- 1935. En estas plantaciones, la densi- la densité de peuplement varie de 50 eter of 24.3 to 68.5 cm. Studies of dad de rodal varía de 50 a 210 tron- à 210 tiges/ha et les diamètres growth in these plantations showed cos/ha y el diámetro promedio va de moyens oscillent entre 24,3 et five different productivity classes in 24,3 a 68,5 cm. El estudio de creci- 68,5 cm. L’étude de la croissance de Benin, with high variability in growth in miento de estas plantaciones en ces plantations a permis de distin- and between plantations . For example, Benín, permitió distinguir cinco tipos guer, au Bénin, cinq classes de pro- dominant height at 40 years vary de productividad. La variabilidad en ductivité. La variabilité de la crois- between from 8 to 24 m. Managers of el crecimiento de esta especie en sance de cette espèce en plantation K. senegalensis plantations have to plantación es alta. Así pues, con est forte. Ainsi, à 40 ans, la hauteur cope with many sylvicultural problems, 40 años, la altura dominante varía dominante varie entre 8 et 24 m. La including attacks by boring insects and entre 8 y 24 m. El manejo de las plan- gestion des plantations de K. senega- caterpillars, poor use of sylvicultural taciones de K. senegalensis se lensis est confrontée à de nombreux standards (row spacing density, main- enfrenta a numerosos problemas sil- problèmes sylvicoles, notamment les tenance, thinning frequency, pruning, vícolas, especialmente los ataques attaques de divers insectes foreurs et etc.). In some cases, severe human de distintos insectos perforadores y chenilles, la non-maîtrise des normes pressures (illegal felling for charcoal orugas, la falta de dominio de las nor- sylvicoles (écartement de plantation, making, clearing for cropland), and fre- mas silvícolas (distancia de planta- entretien, régime des éclaircies, éla- quent forest fires have jeopardised the ción, mantenimiento, régimen de gage…). Dans certains cas, la forte future of the plantations. raleo, poda…). En algunos casos, la pression anthropique sur ces peuple- fuerte presión antrópica sobre estos ments (abattage clandestin des Keywords: Khaya senegalensis, plan- rodales (tala clandestina de los árbo- arbres pour la fabrication de charbon, tation, growth, Benin. les para la fabricación de carbón, des- défrichement pour l’installation des monte para establecer campos de champs de culture) et le passage cultivo) y los incendios regulares régulier du feu compromettent le comprometen el futuro de estas devenir de ces plantations. masas forestales.

Mots-clés : Khaya senegalensis, Palabras clave: Khaya senegalensis, plantation, croissance, Bénin. plantación, crecimiento, Benín. BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2004, N° 279 (1) DOSSIER 39 KHAYA SENEGALENSIS / PLANTATIONS

Introduction

Le Bénin est un pays aux res- sources forestières limitées. On y trouve quelques forêts naturelles qui sont essentiellement des forêts clas- sées (46 massifs couvrant une super- ficie de 1 373 000 ha) et les reliques de forêts sacrées (2 940 îlots d’une superficie de 18 400 ha) protégées par les pratiques religieuses (Agbo, Sokpon, 1998). Plusieurs essences sont exploitées comme bois d’œuvre, mais les espèces telles que Khaya senegalensis, Milicia excelsa et Afze- lia africana sont les plus utilisées et subissent une forte pression de la part des populations locales. Avec la poussée démographique et l’aug- mentation conséquente des besoins en bois des populations, des planta- tions de bois d’œuvre sont néces- saires pour ralentir la surexploitation des forêts naturelles. Khaya senegalensis a été utilisé à petite échelle en plantation au Bénin, à partir de 1935. Des recher- ches ont été menées sur les planta- tions de cette espèce dans la sous- région. Au Ghana, elles ont porté sur l’identification des causes de l’échec des plantations de Khaya senegalen- sis (Atuahene, 1972, 1997 ; Ofosu- Asiedu et al., 1991), et montré la nécessité d’une recherche sur les stratégies de gestion des parasites du caïlcédrat par la lutte biologique. Au Nigeria et au Ghana, des études ont été faites sur les différents stades larvaires du foreur Hypsipyla robusta Moore, parasite de Khaya senegalen- sis (Roberts, 1966 ; Atuahene, Souto, 1983). Au Burkina Faso et au Nigeria, l’identification des différents parasites du caïlcédrat et l’étude de leur mode d’action ont été réalisées (Ctft, 1988). Concernant l’utilisation médicinale de l’espèce, citons les tra- vaux de Adjanohoun et al. (1989) et Keita et al. (1999). Au Bénin, très peu d’études ont été menées sur l’espèce. On peut citer les travaux de Sokpon et Plantation de K. senegalensis de Kandi, au nord-est du Bénin. uinsavi O (2002), sur l’utilisation de K. senegalensis plantation near Kandi, north-eastern Benin. Khaya senegalensis en médecine tra- Photo C. Ouinsavi, septembre 2000. ditionnelle. BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2004, N° 279 (1) 40 DOSSIER PLANTATIONS / KHAYA SENEGALENSIS

Milieu d’étude

La République du Bénin est située en Afrique occidentale entre les latitudes 06° 20’ et 12° 30’ nord. Elle est limitée au nord-ouest par le Burkina Faso, à l’ouest par le Togo, à l’est par le Nigeria et au sud par l’océan Atlantique, couvrant une superficie de 112 600 km2, occupée par une population d’environ cinq millions d’habitants. Quatre zones de végétation sont distinguées au Bénin (Adjanohoun et al., 1989), à savoir : ▪ la zone du littoral, constituée d’une grande variété de groupements végé- taux en petites taches formant une mosaïque encore compliquée par les modifications dues à l’action anthro- pique ; ▪ Jeune plantation de K. senegalensis de six ans à Gbéssaka, au nord du Bénin. la zone à affinité guinéo-congolaise, 6 year-old K. senegalensis plantation near Gbéssaka, northern Benin. composée de forêts denses semi- Photo C. Ouinsavi, septembre 2000. décidues et de savanes arbustives et arborées ; ▪ la zone de transition guinéo-souda- Méthodes nienne, formée de savanes boisées, de forêts claires et de forêts-galeries, poitrine, la hauteur totale et la hau- laquelle constitue l’habitat naturel de Afin de retracer l’histoire des teur fût de tous les arbres de l’espèce Khaya senegalensis ; plantations de Khaya senegalensis, Khaya senegalensis présents dans ▪ la zone soudanienne, constituée de une recherche documentaire a été ces placettes. savanes des plaines et plateaux, les faite dans les inspections forestières Les données ainsi collectées ont pseudosteppes à épineux de l’ex- du Zou (Centre-Bénin) et du Borgou servi au calcul de la hauteur domi- trême nord du Bénin, les plaines (Nord-Bénin), ce qui a permis de nante : hauteur moyenne des (n – 1) inondables en bordure du fleuve retrouver dans les archives les don- arbres les plus gros sur une superficie Niger, de la Pendjari et de la Mékrou, nées sur l’âge de plantation, les lieux de n ares (n ≤ 50), soit les neuf plus de galeries forestières et du massif et les différents traitements. Les plan- gros arbres par placette de 1 000 m2 de l’Atacora. La végétation naturelle tations ne disposant pas d’archives (Bouchon, Parde, 1988). se compose de savanes arborées et ont fait l’objet d’une enquête auprès Les couples de données (âge, arbustives, de pseudosteppes à épi- des personnes-ressources ayant par- hauteur dominante) issus d’une pre- neux, d’îlots de forêts claires et forêts ticipé à leur installation. mière mesure effectuée sur des pla- denses sèches et de forêts-galeries. L’étude de la productivité de cettes permanentes ont servi à la Khaya senegalensis a porté sur neuf construction des courbes de crois- Khaya senegalensis se retrouve essais de plantations d’âges diffé- sance pour les plantations de Khaya naturellement en zone soudanienne rents, répertoriées au Gps (figure 1). senegalensis du Bénin. Le modèle uti- et guinéo-soudanienne. Les forma- Au sein de chaque plantation, lisé pour exprimer la croissance de tions constituant son habitat naturel des placettes circulaires de 1 000 m2 Khaya senegalensis est celui de sont les galeries forestières, les forêts ont été installées de façon - Schumacher. denses sèches et les forêts claires nente. Les centres des placettes sont La formule Hdom = ebo + eb1/Ak (Ouinsavi, 2000). Les plantations de distants de 50 m (dans les planta- est employée par Bailey et Clustter Khaya senegalensis étudiées sont tions de superficie inférieure à 5 ha) à (1974), cités par Rondeux (1993), réparties en zones à affinité guinéo- 100 m (plantations de superficie pour expliquer la méthode de régres- congolaise (plantations d’Atchérigbé supérieure à 5 ha). Au total, 68 pla- sion sériée utilisée pour la matériali- et de Toffo) et en zone soudanienne cettes permanentes ont été ainsi ins- sation des courbes de productivité, (plantations de Kandi, Tanguiéta, tallées. Les mesures effectuées Hdom étant la hauteur dominante Kouaba, et Kouandé). concernent le diamètre à hauteur de atteinte à un âge A. BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2004, N° 279 (1) DOSSIER 41 KHAYA SENEGALENSIS / PLANTATIONS

NIGER Pluie Kandi ETP Kandi ETP/2 250 BURKINA FASO 200

150 mm 100 Kandi * 50 0 Tanguiéta JFMAMJJASOND * Mois • Kouandé Kouaba * * Birni Pluie Savè ETP Savè ETP/2 250 Pluie Natitingou ETP Natitingou ETP/2 250 * 200 200

150 150 PARAKOU mm

mm • 100 100

50 50

0 SAVE 0 JFMAMJJASOND JFMAMJJASOND Mois • NIGERIA Mois TOGO

Pluie Toffo ETP Toffo ETP/2 200 Atchérigbé Quelques localités 180 • Localités des plantations * * 160 140 5o 0 5o km ABOMEY 120 100

• mm Toffo 80 60 N * 40 PORTO-NOVO 20 • 0 COTONOU JFMAMJJASOND • Mois OCÉAN ATLANTIQUE

Figure 1 ᮡ Carte de localisation des plantations de Khaya senegalensis et diagrammes climatiques des régions sud (Toffo), centre (Savè), nord-est (Kandi) et nord-ouest (Natitingou). Map of Khaya senegalensis plantations and climate 70 diagrams for the south (Toffo), centre (Savè) , north- east (Kandi) and north-west (Natitingou) of the 60 country. (%) 50 40

30 20 ᮣ K. senegalensis Figure 2 10 Évolution en fonction du temps des proportions de bois de K. senegalensis exploitées dans les 0 cantonnements du Nord-Bénin. 1995 1996 1997 1998 1999 2000 Variation over time in the share of K. senegalensis Années timber logged in North Benin forest ranges. BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2004, N° 279 (1) 42 DOSSIER PLANTATIONS / KHAYA SENEGALENSIS

feuilles permettent aux éleveurs de faire face à la pénurie de fourrage pendant la saison sèche. Les paysans utilisent avec succès la poudre des feuilles, de l’écorce ou du fruit pour la conservation des récoltes. Au Sénégal, les cendres de bois de Khaya senegalensis servent occa- sionnellement à conserver les graines de mil et ses écorces sont utilisées dans la fabrication de la bière locale au Cameroun (Ctft, 1988).

Historique des plantations de Khaya senegalensis au Bénin L’idée de promouvoir des essences locales a retenu l’attention de l’administration forestière colo- niale. C’est ainsi qu’en 1935 l’installa- tion des plantations de Khaya senega- lensis a commencé au Bénin. Il s’agit essentiellement d’essais de planta- tions (Toffo, Atchérigbé, Kandi, Kouandé, Tanguiéta), de plantations Poste de vente de madriers à Cotonou, au sud du Bénin. d’école (Birni, Kouaba) et de planta- Trading post for planks in Cotonou, southern Benin. tions de bord de route. Différents dis- Photo C. Ouinsavi, septembre 2000. posifs de semis (en carré, en quin- conce), différents écartements (20 x 20 m ; 10 x 10 m) et différentes combi- Résultats naisons (pure, mélange Khaya sene- années 1950, dans les forêts natu- galensis-Tectona grandis, Khaya sene- et discussion relles du Nord-Bénin ; les premières galensis-Senna siamea) ont été testés. exploitations se faisaient par les Cependant, pour diverses rai- Importance socio- grandes scieries industrielles instal- sons, parmi lesquelles on peut citer économique et historique lées dans les cantonnements fores- l’attaque du foreur Hypsipila robusta des plantations au Bénin tiers de Dassa-Zoumé, Djougou et et la lenteur de croissance, les pre- entre Bantè et Pénéssoulou. Cette miers résultats ont été décevants Importance socio-économique exploitation a pris une grande (Moumouni, 1980). Avec le deuxième Le caïlcédrat, Khaya senegalen- ampleur à partir de 1965, avec la plan d’équipement, de 1953 à 1959, sis, fournit du bois d’œuvre utilisé rareté de l’iroko (Milicia excelsa), et tous les efforts vont converger vers le pour la fabrication de meubles, de aujourd’hui Khaya senegalensis se teck, au détriment de multiples portes et fenêtres et pour la char- trouve fortement menacé de surex- essences autochtones dont Khaya pente des maisons. La figure 2 pré- ploitation (Ctft, 1988 ; Agbahungba, senegalensis (Service des eaux, sente l’évolution, en fonction du Sokpon, 1998). forêts et chasse, 1959). Par manque temps, des proportions de madriers Aujourd’hui, du fait de sa rareté, d’entretien et de suivi, et pour des de Khaya senegalensis exploitées le bois de Khaya senegalensis est de raisons d’urbanisation, plusieurs dans les cantonnements forestiers de plus en plus remplacé par celui plantations de caïlcédrats ont ensuite Bassila et du Zou Nord, de 1995 à d’Isoberlinia doka pour la confection disparu. C’est le cas des plantations 2000. Cette figure reflète la situation des charpentes et par celui de de Guéné (environ 7 ha), réalisée de Khaya senegalensis dans l’en- Pterocarpus erinaceus pour la fabri- entre 1935 et 1943, des plantations semble du pays. En effet, selon les cation de meubles. de bord de route de Cotonou (actuel rapport du Service des eaux, forêts Sur le plan médicinal, Khaya boulevard Saint-Michel et avenue et chasse (1959, 1960, 1965), l’ex- senegalensis contribue au traitement Mgr Steimez), d’Allada (route de Tori), ploitation de Khaya senegalensis a de 55 maladies recensées au Bénin de la route Dassa-Savalou, de l’an- commencé au Bénin, durant les (Sokpon, Ouinsavi, 2002). Ses cienne route Tchatchou-Parakou… BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2004, N° 279 (1) DOSSIER 43 KHAYA SENEGALENSIS / PLANTATIONS

Caractéristiques structurales et problèmes sylvicoles

Le tableau I donne les caracté- ristiques structurales des plantations étudiées. La densité de peuplement à l’hectare varie de 50 à 210 tiges, la surface terrière varie de 7,4 à 42,0 m2/ha et les diamètres moyens oscillent entre 24,4 et 68,5 cm. La figure 3 illustre les courbes de répartition par classe de diamètre des individus de Khaya senegalensis dans les différents peuplements. De fortes mortalités juvéniles ont été enregistrées dans ces planta- tions, qui pourraient être dues aux attaques parasitaires. Les coupes frauduleuses sont aussi à l’origine de la disparition des plus gros arbres de la plantation. Dans ces conditions, les hauteurs dominantes mesurées dans ces peuplements sous-estiment leurs niveaux réels de productivité. Le pas- sage régulier des feux a aussi affecté la croissance de ces peuplements.

40

35 Plantation de Khaya senegalensis d’Atchérigbé, au centre du Bénin. Khaya senegalensis plantation near 30 Atchérigbé, central Benin. Photo C. Ouinsavi, septembre 2000. Toffo (49) 25 Atchérigbé 1 (37) Atchérigbé 2 (37) Kandi 1 (65) 20 Kandi 2 (56) Kouandé (48)

Effectifs (n/ha) Kouaba (47) Birni (49) 15 Tanguiéta (59)

10

5

0 15 25 35 45 55 65 75 85 95 100 Centre de classe de diamètre (cm)

Figure 3. Courbes de répartition par classe de diamètre des effectifs de K. senegalensis dans les plantations d’essai (les chiffres entre parenthèses désignent l’âge des plantations). Curves showing the distribution of K. senegalensis in trial plantations per diameter class (plantation age in brackets) BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2004, N° 279 (1) 44 DOSSIER PLANTATIONS / KHAYA SENEGALENSIS

Tableau I. Tableau II. Caractéristiques structurales des différentes plantations. Classes de productivité des plantations de Khaya Plantation Age Densité Surface terrière Diamètre moyen senegalensis au Bénin. (ans) (tiges/ha) (m2/ha) (cm) Atchérigbé 1 37 60 8,4 42,3 Classe Indice de fertilité Atchérigbé 2 37 160 7,4 24,3 à 60 ans (m) Kouaba 47 160 11,6 30,4 Première 26 Kouandé 48 70 14,8 52,0 Deuxième 21 Toffo 49 137 15,4 37,9 Troisième 17 Birni 49 210 42,1 50,5 Quatrième 12 Kandi 2 56 70 19,1 58,9 Cinquième 8 Tanguiéta 59 110 15,1 41,7 Kandi 1 65 50 18,4 68,5

Croissance des plantations

Le modèle d’ajustement des Tableau III. courbes de croissance des planta- Répartition des plantations par classe de fertilité. tions de Khaya senegalensis étudiées est celui de Schumacher, d’équation : Plantation Age Ip1 Ip2 Ip3 Ip4 Ip5 Hdom = e2,49 + e– 1 004/– 3,5A, avec R2 = 51 % et l’erreur standard S = Toffo 49 2 1 0,2530. Atchérigbé 1 37 4 10 1 1 Atchérigbé 2 37 5 5 1 Classes et indices de fertilité La figure 4 présente le nuage de Kandi1 65 1 2 points matérialisant la relation entre Kandi2 56 2 la hauteur dominante et l’âge, et les Kouandé 48 2 1 courbes de fertilité. Le faisceau de courbes traduit l’évolution de la hau- Kouaba 47 2 teur dominante en fonction de l’âge Birni 49 1 1 des plantations de Khaya senegalen- Tanguiéta 59 9 sis au Bénin. Cinq classes de fertilité ont été identifiées pour couvrir la gamme de fertilité de toutes les stations (tableau II). Ces classes ont une ampli- tude de hauteur dominante de 4,5 m 020406080 et sont représentées par des indices 30 30 Classes de fertilité Ip1 = 26 m, Ip2 = 21 m, de fertilité 25 25 Ip3 = 17 m, Ip4 = 12 m et Ip5 = 8 m. Ip5 20 20 Ip4 Répartition des plantations Ip3 15 15 dans les classes de fertilité IP2 Le tableau III présente la répar- 10 10 Ip1 tition des plantations par classe de

Hauteur dominante (m) Hauteur fertilité. 5 5 dominante Cette répartition des plantations 0 0 dans les différentes classes de pro- 010203040506070(ans) ductivité pourrait être liée aux fac- Âge teurs stationnels et à la pluviométrie (cf. figure 1 et tableau III). Figure 4. Courbe de fertilité des plantations de K. senegalensis, au Bénin. Fertility curve for K. senegalensis plantations in Benin. BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2004, N° 279 (1) DOSSIER 45 KHAYA SENEGALENSIS / PLANTATIONS

Références Conclusion bibliographiques

Les plantations d’essai de Khaya ADJANOHOUN E. J., ADJAKIDJE V., AHYI L., BOUCHON J., PARDE J., 1988. Dendro- senegalensis ont été très peu entrete- AKE ASSI L., AKOEGNINOU A., D’ALMEIDA métrie. 2e édition. Nancy, France, nues et cela se traduit par les fortes J., APOVO F., BOUKEF K., CHADARE M., Engref, 329 p. CUSSET G., DRAMANE K., EYME J., GAS- mortalités juvéniles enregistrées, CENTRE TECHNIQUE FORESTIER TROPI- SITA J. N., GBAGUIDI N., GOUDOTE E., l’abattage illégal des plus gros sujets, CAL(CTFT), 1988. Khaya senegalensis GUINKO S., HOUNGNON P., LO L., KEITA (Desr.) A. Juss. Bois et Forêts des Tro- la mutilation des arbres et le passage A., KINIFFO H. V., KONE-BAMBA D., piques, 218 : 43-55. régulier du feu dans ces plantations. MUSAMPA N. A., SAADOU M., SODO- L’ancienneté des données dispo- GANDJI T., DE SOUZA S., TCHABI A., ZIN- KEITA S. M., ARNASON J. T., BAUM B. R., nibles permet aujourd’hui de dispo- SOU DOSSA D., ZOHOUN T., 1989. Méde- MARLES R., CAMARA F., TRAORE A. K., ser d’un important recul concernant cine traditionnelle et pharmacopée. 1999. Étude ethnopharmacologique tradi- la croissance de cette espèce dans Contribution aux études ethnobotaniques tionnelle de quelques plantes médicinales des conditions souvent difficiles. et floristiques en République Populaire anthelminthiques de la Haute-Guinée Étant donné son importance et du Bénin. Paris, France, Acct, 895 p. (République de Guinée). Revue de Méde- cine et Pharmacopée Africaine, 13 : 49-64. la diminution de la ressource dispo- AGBAHUNGBA A. G., SOKPON N., 1998. nible au Bénin, il est urgent de définir Rapport national sur les ressources MOUMOUNI A. M., 1980. Les travaux les bases d’une sylviculture adaptée phytogénétiques forestières du Bénin. des recherches forestières et les essais aux conditions locales de production. Cotonou, Bénin, 30 p. d’éclaircies dans les plantations de teck de Djigbé, d’Agrimey et de Toffo. La gestion intégrée des plantations et AGBO V., SOKPON N., 1998. Forêts Mémoire de fin d’études Cpu/Unb, Abo- sacrées et patrimoine vital au Bénin. des populations naturelles de Khaya mey-Calavi, Bénin, 99 p. senegalensis est nécessaire pour Rapport technique final. Cotonou, asseoir une politique nationale de Bénin, 32 p. OFOSU-ASIEDU A., NANI-NUTAKOR J. M., FOLEY E. G., NKYI K. A., TUFOUR K. conservation de cette espèce, dont ce ATUAHENE S. K. N., 1972. The major A., 1991. Man made forest of indigenous entomological problems facing Ghana’s travail n’est qu’une étape. Les planta- species in Ghana. A project report spon- reforestation programme. In : Seventh tions devront, bien entendu, être sored by the Itto, prepared on behalf of world forest conference Cfm/C1/2 Eesf, réservées aux sites de bonne fertilité ministry of Lands and Natural Buenos Aires, Argentine. et être réalisées avec un matériel Resources, Government of Ghana. ATUAHENE S. K. N., 1997. Deforestation végétal de bonne qualité. OUINSAVI C., 2000. Conservation in situ and the impact of insect pests on plan- de Khaya senegalensis (Desr.) A. Juss : tation of indigenous species in West Remerciements importance socio-économique, struc- Africa. Paper presented at an internatio- Nous remercions l’International ture et dynamique des peuplements nal workshop on the status and mana- Centre of Research in Agroforestry naturels et productivité des plantations gement of forest insect pest in Eastern (Icraf), qui nous a octroyé un complé- d’essai du Bénin. Thèse d’ingénieur and Southern Africa, Blantyre, Malawi, agronome, Fsa/Unb, Abomey-Calavi, ment de bourse lors de la réalisation 14-18 avril 1997. de ce travail. Bénin, 120 p. ATUAHENE S. K. N., SOUTO D., 1983. ROBERTS H., 1966. A survey of the The rearing and biology of the maho- important shoot, stem wood, flower and gany shoot border Hypsipyla robusta fruit boring insects of the Meliaceae in Moore (Lepidoptera, Pyralidae) on an Nigeria. Nigerian Forestry Information artificial medium. Insect Science Appli- Bulletin (new services) : 15-38. cation, 4 (4) : 319-335. RONDEUX J., 1993. La mesure des arbres et des peuplements forestiers. Les presses agronomiques de Gem- bloux, Belgique, 521 p. SERVICE DES EAUX, FORÊTS ET CHASSE, 1959. Rapport annuel d’activi- tés. Cotonou, Bénin. SERVICE DES EAUX, FORÊTS ET CHASSE, 1960. Rapport annuel d’activi- tés. Cotonou, Bénin. SERVICE DES EAUX, FORÊTS ET CHASSE, 1965. Rapport annuel d’activi- tés. Cotonou, Bénin. SOKPON N., OUINSAVI C., 2002. Utilisa- tions du Khaya senegalensis en médecine Occupation progressive de la plantation de K. senegalensis de Kouandé, traditionnelle au Bénin. Revue de Méde- au nord-ouest du Bénin. cine et Pharmacopée Africaine, 16 : 9-19. A K. senegalensis plantation gradually fills out. Kouandé, north-western Benin. Photo C. Ouinsavi, septembre 2000. BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2004, N° 279 (1) 46 DOSSIER PLANTATIONS / KHAYA SENEGALENSIS

SYNOPSIS

MANAGING KHAYA SENEGALENSIS PLANTATIONS IN BENIN

Nestor SOKPON Christine OUINSAVI

Natural forests in Benin Materials and methods Results and conclusions are heavily exploited by local people The plantations are located in various K. senegalensis is an important and for firewood, charcoal and timber. regions in Benin that are charac- valuable species which produces tim- Many species, such as Khaya sene- terised by different climate and soil berwood and is used to cure 55 dis- galensis, Milicia excelsa and Afzelia types. The south has well-drained fer- eases in Benin (Sokpon, Ouinsavi, africana are now threatened with ralitic or clay soils and a sub-equato- 2001). extinction. There is a need to estab- rial climate with two rainy seasons K. senegalensis plantations were first lish plantations of valuable species to and two dry seasons. Annual rainfall established in Benin in 1935 for relieve such pressures on natural is about 1 300 mm. The centre has a growth trials. These plantations were forests. Guinean climate with two dry seasons not followed up and were eventually Most timber trees planted in Benin and two rainy seasons, but the short lost or destroyed. are Tectona grandis, plus a number of rainy season sometimes fails. Annual Where structural characteristics are K. senegalensis plantations. There is rainfall averages 1 100 mm. Soils are concerned, stand density varies from no literature tracing the establish- ferruginous. The northern region has 50 stems/ha to 210 stems/ha and ment of the latter, and no sylvicultural a Sudanese climate with one six- mean diameters range from 24.3 cm prescriptions exist. month rainy season and one six- to 68.5 cm. Five productivity classes This aim of this research is to investi- month dry season. Soils are also fer- were defined for K. senegalensis gate the history of K. senegalensis ruginous with concretions in some plantations in Benin. These are char- plantations, places. acterised by five site indexes : Ip1 = study their productivity and highlight The history of K. senegalensis planta- 26 m; Ip2 = 21 m; Ip3 = 17 m; Ip4 = difficulties in their management. tions was traced on the basis of docu- 12 m; Ip5 = 8 m. mentation and through interviews Management of these plantations in with people who had helped to estab- Benin is faced with a range of sylvi- lish them. cultural problems such as borer As far as structure and productivity attacks and poor use of sylvicultural are concerned, permanent circular standards (row spacing, inconsistent 1 000 m2 plots were established sylvicultural recommendations, etc.), according to stand homogeneity. which cause high mortality rates Diameter at breast height and total among young trees. Felling for char- height were measured for each coal production and other aspects, K. senegalensis specimen. such as the genetic diversity of On the basis of the data pairs (age + K. senegalensis in Benin and related dominant height) derived from the susceptibility to pests attacks, regen- first measurements in the permanent eration strategies, growth in natural plots, site curves were established for stands and sylvicultural techniques K. senegalensis plantations in Benin . all need to be mastered to ensure The Schumacher model best fits the better management of K. senegalen- data, with the equation: ln Hdom = sis plantations in Benin. b0 + b1 / Ak . Productivity levels were set for a reference age of 60 years.