Boncourt-Sur-Meuse. 763-1965
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
BONCOURT-SUR-ME USE (763-1965) Gustave BRIQ!!ELOT,. *, c. m Agrégé de l'Université Professeur honoraire Ancien Maire de Boncourt BOMRT-SUR-ltUSE (763 -1965) . COMMERCY IMPRIMERIE COMMERCIENNE 1969 En pieux hommage à la mémoire de mon père Aimé Briquelot, Maire de Boncourt 1912-1919 et à celle de ma chère épouse Mary, née Mary Peel et en toute cordialité aux habitants de notre Village, mes amis, ce livre est dédié. AVANT-PROPOS arrni les nombreux chants dont mes camarades et moi fai- , p sions retentir, aux heures de récréation, le couloir menant de ta salle de classe de notre vieuie.. ecoie1 a la cour, u en est un dont j'ai tout particulièrement ressenti le charme et que je me prends encore à fredonner : les quelques stances où Cha- teaubriand, exilé et voyageur mélancolique, exhalait sa nostal- gie. Combien j'ai douce souvenance /)'11 joli lieu de ma naissance .......................................... Mon pays sera mes amours Toujours. Ai-je besoin de le dire à mes lecteurs de Boncourt, la petite Mandres et Boncourt ont toujours occupé une large place dans mes pensées et mes affections. Rares, d'ailleurs, sont ceux, dont le souvenir de la maison paternelle, 'du clocher d'où a retenti le carillon de leur baptême et de leur première communion, de l'école où l'on a appris à lire, ne font pas battre le cœur plus vite qu'à l'accoutumée. Il m'est souvent arrivé, devant mes élèves et dans mes confé- rences en Angleterre de tenter de faire la description des lieux qui m'ont vu naître et qui me sont restés chers. L'antique maison maternelle à Mandres avec sa grande cheminée noire où séchaient les « bandes de lard » et où de fidèles hirondelles venaient nicher ; les vieilles maisons du hameau et leurs habi- tants ; l'ample vallon avec sa pente sud couronnée par la masse sombre du Jurieux et dont les cultures n'avaient pas encore été bouleversées et le silence troublé, par le chemin de fer, tandis qu'au Nord le flanc du coteau se garnissait encore de vignes, objets de la sollicitude obstinée et souvent médiocre- ment récompensée des vignerons et vigneronnes de Mandres et de Boncourt ; Au fond de la vallée, deviné plutôt que vu, parmi ses roseaux le Béquillon, où avec d'autres gamins de Mandres, «rme d'une baguette, d'un bout de fil et d'une épingle recour- bée, j'allais pêcher le vairon ; le « paquis » où parmi les touffes de joncs et les grands chardons aux fleurs pourpres, le trou- peau des deux villages cherchait sa pâture. Et j'évoquais la vue qui s'offrait à. mes yeux, lorsqu'au pas lent des chevaux dont les fers résonnaient sur les cailloux arron- dis de la vieille chalade, et rudement secoué sur les ridelles du chariot, on atteignait le plateau : d'un côté la vaste étendue em- brumée de la Woëvre entrecoupée des taches sombres des forêts, et au delà de laquelle. m'assurait mon père, qui avait la vue l'erçante, on pouvait, par temps clair, apercevoir les collines qui entourent Metz ; de l'autre au delà de la verte vallée, où se déroule sinueux le large ruban argenté de la Meuse, la ligne vallonnée et boisée de VArgonne et les carrières de Lérouville ; devant soi, le l'om bois et plus près le Boucher, lambeau de l'im- mense forêt d'autrefois échappé au défi-icheinent ; derrière soi, la tonsure de Filémont entre l'orée du Jurieux, celle des bois de Vignot et les broussailles de la Moussarde et le haut de Palapré où d'anciennes vignes se boisaient lentement. Mais tout cela vous le connaissez mieux que moi, et tt/t coup d'œil sur la belle carte en relief dressée par M. Aubry, permet- tra à nos enfants de s'en faire de bonne heure, une idée. De quelque point qu'on vienne à le contempler, le finage, le 'f ban » devrais-je dire, de Boncourt présente, dans sa variété un charme paisible et pénétrant. Mais le trait qui m'en a tou- jours le plus frappé, c'est la marque du labeur obstiné qu'ont dû y consacrer, au cours des siècles, les générations succes- sives de ses habitants. La côte de vignes surtout qu'on ne parcourt jamais aujour- d'hui qu'avec un serrement de cœur, avec ses énormes pier- riers, la multiplicité de ses petits murs, le souvenir des « hot- tées » de terre qu'il a fallu remonter pour lutter contre le ravinement et l'érosion. Au territoire de Boncourt, à ses habitants passés et pré- sents on peut appliquer ce passage de l'Essai sur le Caractère et le Génie Lorrain de Monseigneur Aimond (1) : Essentielle- ment paysan et travailleur du sol durant de longs siècles, le Lorrain sera l'exploitant de terrains d'âge secondaire, c'est-à- dire de ces sols moyens, ni très bon8, ni trop mauvais qui va- lent surtout grâce à un travail méthodique et obstiné ». r A quelle époque lointaine commença Vœuvre de défrichement ? Au milieu de quelles vicissitudes nos lointains prédécesseurs Vont-ils poursuivies ? Ces questions se posèrent souvent à moi, lorsque, plus rêveur sans doute, que travailleur, j'allais participer avec les miens aux travaux des champs. De bonne heure, je fus hanté par le désir de faire des recher- ches sur le passé de Mandres et de Boncourt. Mon éloignement de mon village natal et même de France, des études orientées dans une direction bien différente, mes travaux professionnels, les événements même ne favorisèrent pas mes projets. Vers 1920, au cours d'une période de vacances, j'arrivai à ras- sembler quelques notes que je confiai à M. Henry, alors institu- teur à Boncourt. Il dût les incorporer dans un travail que j'ai perdu de vue. Ces dernières années, j'ai pu revenir à mon « dada » et essayer d'élargir ma documentation. Arrivé presque au terme de la tâche que j'avais conçue, après avoir douté de pouvoir y parvenir, je souhaite que les pages qui suivent, si imparfaites soienUélles, puissent donner à mes amis de Boncourt une idée de ce que furent dans le passé leur village et ses habitants, les vicissitudes et les dures expériences qu'ils eurent à connaître, et, en satisfaisant leur curiosité, leur faire partager l'intérêt et l'attachement que j'éprouve pour notre Boncourt. Paris, octobre 195ft (1) Chapitre //, p. 95. II SITUATION ET SOURCES DE L'HISTOIRE DU VILLAGE LOINTAINES ORIGINES Quittant à Lérouville la ligne Paris-Strasbourg, les puis- sants express de la S.N.C.F. qui se dirigent vers Metz-Francfort, coupent la Vallée de la Meuse et ses vertes prairies et ga- gnent la plaine de la Woëvre par une large et profonde cou- pure des Côtes de Meuse dans laquelle ils pénètrent en saluant d'un coup de sifflet strident les toits rouges du village de Bon- court-sur-Meuse. Au fond de ce vallon d'une longueur d'environ 3 km, court, parmi les plantations de peupliers et d'anciens « paquis » un minuscule affluent de la Meuse, le Béquillon et une bonne route qui à son débouché sur la Woëvre aboutit à une bifur- cation dont la branche nord par Saint-Julien, Liouville, Apre- mont se dirige vers Vigneulles et Verdun en suivant le pied des côtes, et la branche sud par Girauvoisin, Fréméréville, Gi- ron ville et Jouy vers Toul. Au-dessus des parcs et champs cultivés, le flanc nord fut autrefois tapissé de vignes, orgueil des habitants, pour la plu- part vignerons. Aujourd'hui des broussailles épineuses ont pris la place des ceps, objets de tant de soins. Sur le flanc sud, les hautes futaies du Jurieux dominent des champs fertiles que coupent en deux les remblais, les py- lônes et les catenaires de la ligne Lérouville-Metz. Considéré comme une des voies d'accès les plus praticables vers la Vallée de la Meuse pour un envahisseur venant de l'Est, ce passage à travers les Hauts de Meuse, lors de l'éta- blissement de la ligne de défense Toul-Verdun, avait été mis sous la protection de deux forts, celui de Liouville au N.-E. et celui de Gironville au S.-E., reliés l'un à l'autre par deux chemins, dits stratégiques qui se rejoignent à Boncourt. Peu avant la guerre de 1914-1918, un chemin de fer à voie étroite allant de Commercy à Verdun, par Vigneulles emprunta ce vallon et après la guerre facilita grandement la reconstruc- tion des villages détruits sous les Côtes de Meuse et dans la Woëvre. L'exploitation, par la suite, s'en révéla peu rentable ; il fut abandonné et la petite gare de Boncourt resta déserte au milieu de ses rails rouillés. Dès le Haut-Moyen Age le fief de Boncourt, comportait, en dehors de l'agglomération principale, deux hameaux situés dans le vallon : la « petite Mandres » sur la pente nord et Forbeau- voisin sur la pente sud, au-dessous de Jurieux. De Mandres, ruiné par la guerre 1914-1918, une seule maison reste debout. Sur les éboulis des autres, frênes et peupliers, parmi les ronces et de vigoureuses touffes d'orties, dressent leurs fûts élancés. Forbeauvoisin, détruit durant la guerre de trente ans, n'a laissé d'autre souvenir que le nom d'un lieu-dit. Le finage, ou ban, de Boncourt assez étendu (1046 ha, 47 a 32 dont 586 ha de terre arable) est limité au Nord par les bois de Marbotte et une pointe du territoire de Mécrin ; a l'Ouest par le territoire de Pont-sur-Meuse ; au Sud, par la prairie de Lérouville, au Sud-Est par le finage et les bois de Vignot ; à l'Est par les bans de Girauvoisin et de Saint-Julien.