UNIVERSITE D’ ECOLE NORMALE SUPERIEURE

DEPARTEMENT DE LA FORMATION INITIALE LITTERAIRE CENTRE D’ETUDE ET DES RECHERCHES:HISTOIRE-GEOGRAPHIE

DIFFICULTE DE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE D’UNE COMMUNE RURALE MALGACHE : CAS D’AMBOHIMASINA DISTRICT DE

MEMOIRE DE FIN D’ETUDE POUR L’OBTENTION DE CERTIFICAT D’APTITUDE PEDAGOGIQUE DE L’ECOLE NORMALE SUPERIEURE

Présenté par :

RABARISOLOSON NIRINA Fenomanantsoa Jean Emilson

Rapporteur : ANDRIANARISON Arsène Maître de Conférences à l’ENS

2006

UNIVERSITE D’ANTANANARIVO ECOLE NORMALE SUPERIEURE

DEPARTEMENT DE LA FORMATION INITIALE LITTERAIRE CENTRE D’ETUDE ET DES RECHERCHES:HISTOIRE-GEOGRAPHIE

DIFFICULTE DE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE D’UNE COMMUNE RURALE MALGACHE : CAS D’AMBOHIMASINA DISTRICT DE BETAFO

MEMOIRE DE FIN D’ETUDE POUR L’OBTENTION DE CERTIFICAT D’APTITUDE PEDAGOGIQUE DE L’ECOLE NORMALE SUPERIEURE Présenté par :

RABARISOLOSON NIRINA Fenomanantsoa Jean Emilson

Les membres de jury :

Président : RATOVO RANDRIANARISOA Josette Juge : RATOVONDRAHONA Dominique Rapporteur : ANDRIANARISON Arsène

Date de Soutenance : 31 Octobre 2006

REMERCIEMENTS Le présent mémoire marque la fin de nos cinq années d’études et de formation à l’Ecole Normale Supérieure d’Antananarivo. Nous adressons nos remerciements à l’endroit de toutes les personnes qui près ou de loin ont contribué à la réalisation de ce mémoire. Ainsi, nous adressons nos vifs remerciements aux membres de jury : - Madame RATOVO RANDRIANARISOA Josette Maître de Conférences à l’Ecole Normale Supérieure…qui a l’honneur de présider cette soutenance, et qui a prodigué son aide par le biais de ses conseils et de ses expériences. - Monsieur RATOVONDRAHONA Dominique Assistant à l’Ecole Normale Supérieure qui a bien voulu juger notre travail. Nous vous exprimons notre gratitude et vous remercions beaucoup. - Monsieur ANDRIANARISON Arsène, Maître de Conférences à l’Ecole Normale Supérieure, rapporteur qui a aimablement accepté de nous encadrer tout au long de nos recherches. Nous apprécions son dévouement, sa rigueur pédagogique et scientifique, les conseils qu’il nous a donnés, sans quoi, nous n’avons pas abouti à ce résultat. De même, nous exprimons notre reconnaissance envers tous nos professeurs de la filière Histoire-Géographie et personnels administratifs pour l’enseignement de qualité, le service et l’affectation qu’ils nous ont prodigué durant nos études. Nous sommes également très reconnaissant envers : - Monsieur RALEVASON Lantoarivelo Rabetany, Maire de la Commune rurale d’Ambohimasina, et ses collaborateurs pour tous les renseignements qu’ils ont apporté durant notre descente sur le terrain. - Monsieur RATSIMBAZAFY Philippson qui nous a donné beaucoup d’informations concernant notre zone d’études. Nous remercions les 125 ménages enquêtés qui ont répondu avec bonne volonté à nos questionnaires. Enfin nous n’oublions pas d’apprécier la contribution des membres de notre famille pour leurs affections, le soutien moral et financier qu’ils ont prodigué durant la réalisation de ce mémoire.

LISTES DES CARTES Carte n°1 : -Localisation d la commune rurale Amboh imasina ------1bis Carte n°2 : - Préfecture de : CR Amb ohimasina ------2bis Carte n°3 : -Localisation des 5 fokontany échantill ons enquêtés ------3bis Carte n°4 : -Carte routière et réseaux hydrographiq ues de la commune-----10ter Carte n°5 : -Carte de nombre de population et l’éta t des routes CR Ambohimasina------43bis Carte n°6 : -Carte des infrastructures de la commun e------62bis

LISTES DES PHOTOS Photo n°1 : - Vue partielle du relief de la région d’études------6bis Photo n°2 : -Le sommet de Mahasoa ------10bis Photo n°3 :- La rivière de Kinkony en crue------11bis Photo n°4 : - Le sarclage du riz ------31bis Photo n°5 :- Une culture sur tanety ------33bis Photo n°6 : - L’élevage porcin ------37bis Photo n°7 : - Un point d’achat de paddy------38bis Photo n°8 :- Marché des produits artisanaux------50bis Photo n°9 : - Le marché hebdomadaire ------51bis Photo n°10 : -Un petit marché saisonnière au niveau fokontany ------58bis Photo n°11 : - Type de maison existant dans la zone d’étude------61bis

LISTES DES FIGURES Figure n°1 : - Diagramme ombrothermique de la régi on d’études ------8bis Figure n°2 : - Pyramide des âges de la population e nquêtée------20 Figure n°3 : - Caractéristiques sociales et économi ques des ménages enquêtés41

LISTES DES TABLEAUX Tableau n°1 : -Données météorologiques de la région d’étude ------8 Tableau n°2 : -Répartition de la population enquêtée selon le sexe et secteur d’activités.------16 Tableau n°3 : Répartition de la population de la population selon les groupes d’âges et les fokontany (2000-2001 ------17 Tableau n°4 : - Répartition de la population CR Ambohimasina année 2004 -- 17 Tableau n°5 : -Répartition de la population enquêtée selon le sexe et selon les fokontany échantillons ------18 Tableau n°6 :-Répartition de la population enquêtée par groupe d’âges ------19 Tableau n°7 :- Répartition de la population par grands groupes d’âges ------19 Tableau n°8 :- Nombre de naissances et des décès recensés au cours d’une année 2004-2005 (125 ménages enquêtée)----- 22 Tableau n°9 :- La taille des ménages de la zone étudiée------26 Tableau n°10 :- Les principaux produits de la commune (2002)------30 Tableau n°11 : - Les deux principaux produits (125 ménages enquêtés) ------32 Tableau n°12 :- Les autres cultures vivrières ------33 Tableau n°13 :- Nombre de cheptel des ménages enquêtés ------34 Tableau n°14 :- Les prix des cultures vendues sur pied principalement le paddy « Varo maitso »------39 Tableau n°15 :- Tableau de synthèse de catégorisation sociale et économique des ménages enquêtés------41 Tableau n°16 : -Les sources de revenu moyen des ménages enquêtés ------46 Tableau n°17 : -L’utilisation du revenu des ménages enquêtés ------46 Tableau n°18 :- Le bilan de budget des ménages de la zone ------48 Tableau n°19 :- Les moyennes de revenu, dépense et épargne des ménages 49 Tableau n°20 :- Répartition moyenne des matériels agricoles des ménages dans chaque fokontany ------53 Tableau n°21 :- Résultats des examens officiels de la CR Ambohimasina ---- 61 Tableau n 22 : -Calendrier agricoles de Hautes Terres Centrales malgaches-- 67 Tableau n°23 : -Catégorisation sociales et économiques des ménages ------(Annexe III) Tableau n°24 : - Répartition des matérielles par Fokontany de la Commune ------(Annexe IV)

LISTES DES ABREVIATIONS

BEPC : Brevet d’Etude du Premier Cycle CEG : Collège d’Enseignement Général CEPE : Certificat d’Etude Primaire Elémentaire CECAM : Caisse d’Epargne et de Crédit Agricole Mutuel CISCO : Circonscription Scolaire CITE : Centre d’Information Technique et Economique CSB I : Centre de Santé de Base Niveau I CSB II : Centre de Santé de Base Niveau II DAA : Délégué Administratif d’Arrondissement EPP : Ecole Primaire Publique FID : Fond d’Intervention pour le Développement FEKRIFAMA: Federasiona Kristiana ho Fampandrosoana an’i Madagasikara FRAM: Fikambanan’ny Ray Aman-dRenin’ny Mpianatra INSTAT : Institut National de la Statistique ONG : Organisation Non Gouvernementale PCD : Plan Communal de Développement PRN : Pie Rouge Norvégienne PPA : Peste Porcine Africaine PPN : Produit de Premier Nécessité PSDR : Projet de Soutient du Développement Rural RN : Route Nationale TAN : Taux d’Accroissement Naturel TELMA : Télécom Malagasy TFG : Taux de Fécondité Générale TM : Taux Mortalité TMI : Taux de Mortalité Infantile TN : Taux de Natalité

SOMMAIRE REMERCIEMENTS ------a LISTE DES CARTES ------b LISTES DES PHOTOS ------b LISTES DES FIGURES ------b LISTES DES TABLEAUX------c LISTE DES ABREVIATIONS ------d INTRODUCTION GENERALE ------1 PREMIERE PARTIE : Un cadre physique et humain favorable aux activités agricoles ------5 PREMIER CHAPITRE : Un milieu physique assez favorable à l’agriculture------5 I- Un relief peut accidenté autorisant les activités agricoles ------5 A -Un relief caractéristique des Hautes Terres Centrales ------5 B- Un relief aménageable pour l’agriculture------6 II- Des sols exploitables malgré certaine défaillance ------6 A- Sols ferralitiques exploitables mais sous condition ------6 B- Sols alluviaux propice à la polyculture------7 III- Un climat tropical d’altitude------7 A- Un climat à deux saisons------7 B- Des conditions climatiques satisfaisantes pour les activités agricoles------8 IV- Les particularités de l’hydrographie et la végétation ------10 A- Une hydrographie insuffisante pour alimenter la région ------10 B- Une végétation pauvre------10 DEUXIEME CHAPITRE : Une population récemment instalée, jeune et inégalement repartie dans l’espace ------12 I- La mise en place et composition de la population------12 A- Une population récemment installée ------12 1- L’époque du royaume ------12 2- L’époque coloniale ------14 3- De l’indépendance jusqu’à nos jours------15 B- Une population majoritairement Merina et à forte proportion d’agriculteurs ------15 II- Une population jeune et à croissance rapide ------16 A- Une natalité élevée mais une faible mortalité ------18 1- Un taux de natalité élevé mais une faible mortalité------22 2- Un taux de mortalité moyennement élevé et un taux de mortalité infantile faible------23 3- Un taux d’accroissement naturel très élevé ------25 B- Des ménages à grandes tailles ------26 III- Une population inégalement repartie dans l’espace ------27 A- La partie sud moins peuplée ------27 B- Le nord une zone plus peuplée de la commune ------27 CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE ------28 DEUXIEME PARTIE : Une production agricole peu variée mais insuffisante; un budget de ménage déficitaire------29 PREMIER CHAPITRE : Les particularités de l’agriculture et les problèmes existants ------29 I -Des activités agricoles caractérisées par une riziculture prédominante et un élevage traditionnel ------29 A -Une riziculture prédominante ------31 B- D’autres cultures peu rentables------32 C -Un élevage toujours traditionnel ------34 II -Les manifestations des problèmes socio-économiques de la région étudiée------35 A- Mauvaise condition et état sanitaire déficient de la population------35 1- Définition de pauvre------35 2-Conditions de vie des habitants------36 3-L’état sanitaire de la population ------36 B - Les difficultés économiques ------37 1-Insuffisance de la production ------37 2- Persistance de Varo maitso ------38 C -Catégorisation sociale et économique de la population de la zone étudiée -- 40 III- Les origines des problèmes économiques de la région ------42 A- Les obstacles techniques et sociaux ------42 B- Des infrastructures publiques déficientes ------43 1- L’enclavement : un problème chronique ------43 2- Infrastructures sociales incomplètes ------43 C- Les problèmes fonciers ------44 DEUXIEME CHAPITRE : Le bilan budgétaire des ménages de la région ------45 I- Des problèmes de gestion au sein des ménages------4 A- Un budget des ménages déficitaires ------45

B- Un budget des ménages au-dessous du seuil de pauvreté------49 II- Les causes de déficit budgétaire des ménages ------50 A- Détérioration de terme de l’échange ------50 B- Un accès difficile de paysans au crédit et au financement agricole ------51 C- Problèmes techniques et facteurs naturels------52 CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE------54 TROISIEME PARTIE : Les mesures prises et à prendre pour le développement économique de la région ------55 PREMIER CHAPITRE : Mesures prises par les autorités et les collectivités rurales------55 I- Les mesures prises par les autorités locales ------55 A- Les travaux réalisés------56 B- Les mesures à prendre------57 II -Prise des responsabilités au sein de la population locale------57 A- Le «Dinam-pokonolona» ------57 B- Recrutement des instituteurs vacataires pour renforcer la scolarisation ------59 DEUXIEME CHAPITRE : Proposition des solutions pour le développement durable de la région de la commune rurale d’Ambohimasina ------62 I- Extension et réhabilitation des infrastructures publique ------62 A- Désenclavements de la zone------62 B- Amélioration de l’hygiène ; extension des établissements scolaires et sanitaires de la région------62 C- Construction du nouveau marché pour la Commune Rurale ------64 D- Renforcement de la sécurité publique et de la sécurité foncière ------64 II- Amélioration des techniques de production------65 A- Protection de l’environnement et renforcement des cultures de contre saisons66 1-Protection de l’environnement ------66 2- Renforcement des cultures de contre saison------66 B- Introduction de l’élevage intensif : vache laitière ------69 C- Vulgarisation de la riziculture à deux saisons ------70 CONCLUSION DE LA TROISIEME PARTIE------72 CONCLUSION GENERALE ------74

INTRODUCTION GENERALE

Actuellement, plus des trois-quarts des malgaches vivent dans la campagne, 78% de la population totale selon l’INSTAT 1 ou Institut National de la Statistique. Ainsi est encore un pays essentiellement agricole qui tire de son sol la plus importante partie des ses revenus. Le secteur primaire domine et contribue à 33% dans la richesse nationale 2. Mais les objectifs principaux de ce pays restent toujours l’autosuffisance alimentaire.

Sur l’ensemble des Hautes Terres Centrales, l’agriculture demeure une pratique ancienne et routinière. De même dans la région de Vakinakaratra, l’activité agricole est encore la seule source de revenu de la population. La riziculture y tient une grande place dans l’économie, entre la période qui va d’Andrianampoinimerina jusqu’à l’indépendance de Madagascar, pendant laquelle, la production y restait excédentaire. Mais depuis les années 70 elle diminuait manifestement (3).

Aujourd’hui Betafo, un ex-Fivondronampokontany, est devenu un district au sein de la province d’Antananarivo. Il est constitué par 26 communes, parmi lesquelles figure celle d’Ambohimasina objet de cette étude. La commune rurale d’ Ambohimasina se trouve à 221 kilomètres au sud ouest d’Antananarivo, soit à 35 kilomètres au nord ouest de Betafo (cf.carte n°1 p). Pour y parvenir, on prend une bifurcation au point kilométrique 31 sur la route nationale 34. C’est une route secondaire nécessitant une heure trente minutes de voiture ou six heures de marches, donc difficile mais praticable dans toute l’année. Ambohimasina se trouve entre les latitudes 10°33’ et 19°20’ sud, et les longitudes 46°43’et 46°53’ est. Elle est limité e au nord par la commune rurale de district de ; à l’est par la commune rurale d’Inanantonana et au sud par la commune d’ et de (cf carte n°2).

1 INSTAT : Rapport final 2002, p ; 5 2 Ministère de l’agriculture 2002 : Annuaire Statistique Agricole 3 Ministère de l’intérieure : Monographie de Fivondronampokontany de Betafo : 2001

1

En 2002, la commune d’ Ambohimasina comptait 19078 habitants repartis sur une superficie de 245 km 2 soit une densité de 13,5 hab/km 2 (4). Elle est formée par onze fokontany. L’agriculture et l’élevage sont les activités les plus pratiquées par la population. On y trouve presque tous les produits agricoles et d’élevage.

Pour cette commune, l’activité agricole est la plus adaptée et qui constitue l’essentiel de la source de revenu depuis l’année 1869 jusqu’ à présent (5), année qui coïncide avec l’arrivée des premiers missionnaires norvégiens à Ambohimasina. Actuellement, Ambohimasina est une zone enclavée et délaissée par l’Administration. Elle figure parmi les communes les plus pauvres du district de Betafo et même au sein de la région de Vakinankaratra.

A cet effet, la riziculture tient une place importante dans la vie de la population de la commune. Durant la période de la récolte, la production est abondante, variée ; et cela, la commune figure parmi les trois premières communes productrices de riz du district de Betafo (, , Ambohimasina). Mais malgré tout, cette commune se trouve encore à un niveau économique assez bas par rapport aux autres communes environnantes comme Mandoto, Ankazomiriotra, Betafo et autres.

La production annuelle n’y arrive pas toujours à satisfaire les besoins de la population. La presque totalité de la récolte y compris les cultures vivrières est destinée à être vendue pour fournir des ressources d’appoint. D’habitude, la vente des produits a pour objectif de résoudre les problèmes financiers et d’améliorer un tant soit peu les conditions de vie des paysans. Mais la population de la commune est restée pauvre et n’arrive pas à surmonter les difficultés économiques qui perdurent toute l’année, surtout pendant la période de soudure.

4 Monographie de la commune rurale d’Ambohimasina p- 12 5 ) Plan Communal du Développement p-6

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La situation économique de la commune, le niveau de vie en général de la population et les enquêtes auprès des ménages révèlent la difficulté économique et la persistance de la pauvreté de la population de la zone. C’est qui nous conduit à choisir comme sujet « difficulté de développement économique d’une commune rurale malgache : cas d’Ambohimasina district de Betafo ».

Les motifs du choix de ce sujet reposent sur deux bases principales : la première découle de notre connaissance du milieu. En tant qu’originaire, natif même de la commune, et ayant habité dans cette région depuis notre petite enfance, nous estimons avoir de plus amples connaissances et renseignements sur la région. C’est ainsi que nous avons vu que la plupart des ménages ruraux ont toujours connu des graves difficultés surtout lors de la période de soudure. Tout cela se manifeste par l’insuffisance du revenu et l’insuffisance de la nourriture.

Le deuxième motif de ce choix est le fait que la commune rurale d’Ambohimasina peut devenir une zone très productrice à condition que des solutions adéquates soient trouvées. Mais jusqu’à maintenant, cette région est encore enclavée et même oubliée par l’administration. Cette situation arrange bien les riches minoritaires de la zone qui deviennent de grands spéculateurs économiques, « mpijirika » : ils ont la mainmise sur la collecte des produits et déterminent seul les prix des produits agricoles vendues par les paysans de la zone.

Ce contexte nous permet de poser la problématique suivante : pourquoi cette pauvreté de la population? Et quelles mesures doit-on prendre pour s’en sortir?

Pour répondre à la problématique qui se pose, nous avons procédé à la consultation des documents se rapportant au sujet et à la zone d’études dans les Bibliothèques de la capitale : celle du Centre Culturel Albert Camus ;du CITE , la Bibliothèque Nationale ; la bibliothèque du ministère de la population ; de l’agriculture ; de l’intérieur; la bibliothèque de l’Université ; la bibliothèque de l’Ecole Normale Supérieure ; l’Archive Nationale ; le centre de documentation de l’Institut National de la Statistique, et les Archives Luthériennes à Isoràka (Antananarivo).

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Nous avons également effectué des observations directes sur le terrain et réalisé des enquêtes auprès des ménages ; interviews auprès des différents responsables de la région : comme le chef de district de Betafo, le maire, l’adjoint au maire de la commune rurale d’Ambohimasina ; le président du conseil communal chargé de l’encadrement des onze fokontany, les chefs de fokontany et quelques responsables religieux.

Nous avons aussi mené des enquêtes par questionnaires (cf.fiche questionnaires en annexe I) dans cinq fokontany échantillons qui ont été pris par hasard à savoir : Ambohimasina, Antsomangana, Andranomanjaka, Talatan’Antoby et Soanerana (cf.carte n°3); au sein de la commune et auprès des cent vint cinq ménages (125) repartis dans ces cinq fokontany. Ces 125 ménages ont aussi été pris au hasard, soit un taux de sondage de 1/4 (6) (les cinq fokontany comptent 549 ménages et l’ensemble de la commune, 1798 ménages)

Il est vrai que ce n’est qu’une infime partie des ménages de la commune rurale d’Ambohimasina. Néanmoins nous estimons que ces cinq fokontany sont des échantillons assez représentatifs de la zone étudiée et qui vont refléter la réalité économique de la région que nous voulons étudier.

Les questionnaires utilisés lors des enquêtes comprennent essentiellement cinq rubriques : les principales sources de revenus des ménages , le poste de dépenses des ménages ; la situation foncière ; le système d’exploitation ; les débouchés des produits avec les problèmes économiques en générale des ménages.

La présente étude comprend trois parties : la première partie sera consacrée à une présentation générale de la région. La deuxième partie consistera à examiner la difficulté économique et la pauvreté de la population dans la commune rurale d’Ambohimasina. La troisième partie présentera les mesures prises et à prendre pour le développement économique de la région.

6 Calculé à partir des données obtenues lors des enquêtes

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PREMIERE PARTIE : UUNN CCAADDRREE PPHHYYSSIIIQQUUEE EETT HHUUMMAAIIINN FFAAVVOORRAABBLLEE AAUUXX AACCTTIIIVVIIITTEESS AAGGRRIIICCOOLLEESS

Les activités agricoles dépendent des conditions physiques et humaines. Mais chaque région de Madagascar a sa propre particularité. Ainsi concernant la commune rurale d’Ambohimasina, elle dispose des éléments naturels diversifiés et une population caractéristique des pays pauvres. C’est ce que nous allons découvrir dans les chapitres suivants.

Chapitre I UUNN MMIIILLIIIEEUU PPHHYYSSIIIQQUUEE AASSSSEEZZ FFAAVVOORRAABBLLEE AA LL’’’AAGGRRIIICCUULLTTUURREE La zone d’études se situe sur les Hautes Terres Centrales de Madagascar, dans le Vakinakaratra, précisément au nord-est de la ville de Betafo. Toutes les parties de la commune d’Ambohimasina disposent de facteurs physiques spécifiques qui permettent la pratique et le développement de l’agriculture.

I - Un relief peu accidenté autorisant les travaux agricoles Dans la partie occidentale de la commune rurale d’Ambohimasina, on trouve quelques formes de relief des Hautes Terres Centrales qui orientent les activités agricoles et le plan de développement de la zone.

A - Un relief caractéristique des Hautes Terres Centrales Le relief de la commune d’Ambohimasina a les caractères de la morphologie des Hautes Terres Centrales. La région est constituée par des collines et de basses vallées avec une altitude moyenne de 1600m. Le point culminant à l’est de la commune est Mahasoa à 2004 m d’altitude, à l’est du quel Vavavato culmine à 2440m d’altitude. (7) Mais dans l’ensemble, le relief est assez accidenté. On peut y trouver des surfaces d’applainissement rajeunies et constituées par une suite de collines convexes aux altitudes sommitales égales séparées entre elles par des bas fonds hiérarchisés (8)

7 BOURGEAT (F) ; PETIT (M) : « Contribution à l’étude de surface d’applainissemenents sur les Hautes Terres Centrales »in : Annales de géographie 1969 p-29 8 : DELBOS (Léon) : Les granites d’Ambatomainty de et des vavavato

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Parfois cependant, la raideur générale du terrain aggravée par la présence d’un assez grand nombre de ravins et d’escarpements, entrave les possibilités d’établissement d’un réseau routier permettant d’évacuer les produits agricoles. Ainsi, dans notre région d’études l’altitude diffère d’une localité à une autre, allant de 1600 m à l’ouest, à 2440m à l’est sur les hauts reliefs granitiques de Vavavato. Si telles sont les caractéristiques du relief, comment se passe l’aménagement agricole ? B - Un relief aménageable pour l’agriculture La rareté de la couverture végétale, la pente assez importante dans certaines zones favorisent le développement de l’érosion, sous forme de « lavaka », des crevasses entaillées sur les flancs des collines dont l’ouverture à la base est beaucoup plus étroite que celle d’en haut. Ce phénomène est fréquent dans cette zone d’études. En conséquence, les bas fonds, les vallons et les vallées sont les principales zones aménagées et, ont une fertilité élevée. Toutefois, les habitants ont tendance à exploiter les « tanety » actuellement du fait de l’insuffisance de rizières face à l’augmentation rapide de la population. En somme malgré les inégalités d’altitude, nous avons constaté que la majeure partie de l’espace de la commune rurale d’Ambohimasina est assez favorable aux activités agricoles. Cependant, la topographie n’est pas le seul facteur déterminant des exploitations agricoles. Mais il y a aussi les caractères pédologiques, que nous allons analyser ci-dessous.

II - Des sols exploitables malgré certaine défaillance Concernant la commune rurale d’Ambohimasina, il existe deux types de sols : les sols ferralitiques et les sols d’origine alluviale.

A - Sols ferralitiques exploitables mais sous conditions : Comme toutes les régions des Hautes Terres Centrales de Madagascar, la majeure partie de la commune rurale d’Ambohimasina est constituée par des sols de type ferralitiques. Ces sols ferralitiques plus ou moins épais dominent surtout les « tanety ».Il sont peu fertiles puisque la teneure en matière organique ou minérale est faible.

prés d’Antananarivo Tananarive Service Géologique 1957 p-52

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Photo n°1

Vue partielle du relief de la région d’études

Cliché de l’auteur

Nous voyons sur cette photo, le type du relief de la commune rurale d’Ambohimasina ; relief peu accidenté constitué par des « tanety » peu cultivés. (La photo a été prise dans la partie nord du fokontany Antsomangana).

Par conséquent un apport en engrais est nécessaire pour certaines cultures sèches comme le maïs, le haricot, l’arachide, la patate douce et pour le riz pluvial « vary an-tanety»… En générale, ces sols ferralitiques se rencontrent dans presque toute la commune sauf dans la partie orientale.

B - Des sols alluviaux favorables à la polyculture Les sols alluviaux (*) se localisent en bas de pente et dans les bas fonds et les vallées. Ils ont une fertilité relativement élevée puisque le ruissellement en période pluvieuse y dépose des éléments fertiles. Ces éléments sont à dominante limoneuse et sableuse (9). Ils sont favorables à l’agriculture. La mise en culture de ces sols alluviaux intéresse les paysans. En principe, les gens exploitent à fond les bas fonds et les vallées, essentiellement pour la culture du riz. En somme, les sols ferralitiques, les sols alluviaux constituent la plupart des terrains de la région étudiée. Mais, les conditions climatiques tiennent aussi un rôle très important pour l’activité agricole.

III - Un climat tropical d’altitude Géographiquement, la commune rurale d’Ambohimasina fait partie de la région du Vakinakaratra (Hautes Terres Centrales de Madagascar). Donc, la commune est soumise à un climat tropical d’altitude. Ainsi les éléments météorologiques, et plus particulièrement la température, les précipitations et le nombre de jours de pluies pourraient être parmi les éléments décisifs pour la croissance des cultures et l’adaptation de l’élevage.

A - Un climat à deux saisons A Cause de l’inexistence de la station météorologique dans notre zone d’études, nous ne disposons que des données météorologiques issues de celle de Betafo. Rappelons que cette dernière se trouve à trentaine de kilomètres au sud de la commune rurale d’Ambohimasina.

9 RAZANAVAHY Heriniaina : Culture Commerciale et difficultés économiques en milieu rural des Haute Terres Centrales Malgaches : cas de la parie orientale de la commune rurale d’Ambongamarina Anjozorobe . Mémoire de CAPEN année 2005 p- 13 (*) : « Sols d’origine alluviale » : sol couvert des dépôts provenant de la mobilisation et du transport à faible distance sur les versants.

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La station météorologique de Betafo se situe à 1300m d’altitude. Ce qui lui confère un climat tropical d’altitude. Elle connaît une température moyenne annuelle de 24°7C et des précipitations totales annuelles de 15 71,9 mm repartis sur 131 jours. Ce climat tropical d’altitude est caractérisé par l’existence de deux saisons bien tranchées d’après le diagramme ombrothermique (cf. : figure n°1). - D’une part, il y a la saison chaude et pluvieuse qui va de novembre à avril dont la température moyenne mensuelle est de 25°9 C. De plus, le mois de décembre est le plus chaud avec un maximum de 29° C. Le mois de fé vrier reçoit le maximum de pluies avec 376,7 mm. (10) Cette période de pluies correspond au moment où les paysans travaillent régulièrement pour assurer le semis de la plupart des cultures pratiquées. - D’autre part, on a une saison sèche et fraîche s’étalant sur sept mois (mai à octobre), durant lesquelles, la courbe des températures dépasse celle des pluies mensuelles. (cf. : figure n°1). B - Des conditions climatiques satisfaisantes pour les activités agricoles La température maximale annuelle est de 29° au mo is de décembre, tandis que la température minimale avoisine de 20°7 C. Ainsi o n a une amplitude thermique annuelle de l’ordre de 9°7 C, une différence de tem pérature très visible apparaît entre ces deux saisons.

Tableau : n° 1 Données météorologiques de la région d’étude : Station de Betafo

J F M A M J J A S O N D Moyenne et total Température 26,5 25,6 24,8 23,9 22,3 21,2 20,7 22,8 25,3 28,8 25,6 29 24,7 (en°C) Précipitation 265,1 376,7 59,2 224,7 60,4 64 01 19 53 57 68 323,8 1571,9 (en mm) Nombre de 23 23 10 12 12 2 1 2 2 4 17 23 131 jours de pluies Source : Direction Générale de la Météorologie Ampandrianomby (2001)

10 Calculé à partir des données obtenus aux services météorologiques d’Ampandrianomby

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D’après ce tableau et ce graphique, nous avons ici un total de précipitations

1571,9 mm. Le maximum de 376,7mm s’observe au mois de février, en pleine saison de pluies à Madagascar ; et le minimum de 1mm se trouve au mois de juillet, durant la saison fraîche (hiver). Les précipitations sont inégalement réparties toute l’année dans cette région. A priori, il s’agit ici d’une zone à longue saison sèche avec un total de 131 jours de pluies seulement par an.

La température moyenne enregistrée de la région est de 24°7C ; le maximum de

29°C est au mois de décembre et le minimum de 20° 7C au mois de juillet, soit une amplitude thermique de 8°3C. Le maximum correspond au mois qui suit le solstice de l’été. Donc d’une manière générale, nous avons ici une région fraîche.

Pour conclure, le total de précipitations de 1571,9mm et l’amplitude annuelle de

8°3 C classent cette station dans la région à clima t tropical d’altitude avec sept mois secs et cinq mois humides . Donc il y a ici alternance d’une longue saison sèche et d’une assez courte saison humide. Ce type de climat tropical d’altitude favorise le développement de plusieurs types de cultures, ainsi que les activités de l’élevage

Mais cette particularité du climat est-elle le seul critère pouvant entraîner le développement des activités agricoles dans la commune ?

IV - Les particularités de l’hydrographie et de la végétation

A - Une hydrographie insuffisante pour alimenter la région La commune d’Ambohimasina se caractérise par la présence des cinq réseaux hydrographiques. En effet, la région est drainée au nord par Ngalana et Matsakiry (limite nord de la commune), au centre par la rivière de Kinkony. Tout a fait au sud, il y a les rivières Mantamoana et Iandratsay qui marquent la limite sud de la commune (cf.carte des réseaux hydrographiques de la commune). Signalons également que ces principaux cours d’eau sont tous les affluents de la Mania.

Le tracé des cours d’eau est peu sinueux et de direction grossièrement est- ouest. Cela traduit également une adaptation des cours d’eau aux éléments morphologiques de la zone.

Malgré la présence des cours d’eau, on constate que la région connaît chaque année des problèmes d’eau, surtout en période de repiquage du riz. Cela signifie la non maîtrise d’eau et le manque d’infrastructure hydraulique. Il faut noter enfin la présence d’une multitude de sources qui sont souvent exploitées par les habitants pour irriguer les rizières

B - Une végétation pauvre

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Comme l’ensemble des Hautes Terres Centrales, la commune rurale d’ Ambohimasina est caractérisée par une dégradation de la végétation naturelle. Partout la forêt primaire a complètement disparu. Ainsi, la forêt d’altitude est pour la plupart remplacée par des steppes « bozaka » composées de « Horombohitra » et de « Horompotsy ». Presque la moitié de la région est couverte par des strates herbeuses discontinues. (11) Toutefois des reboisements ont été entrepris, c’est le cas de la plantation de sapins, d’eucalyptus et la plantation de mimosas dans presque toute la zone.

11 GUISES (J) : Etudes Géologiques des Feuilles Ramartina et Mandoto BGT ; 1951 p-26

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Photo n°2

Le sommet de Mahasoa (partie orientale de la commune rurale d’Ambohimasina)

Cliché de l’auteur

Le massif granitique de Mahasoa fait partie de Vavavato (un des massifs les plus élevés de la province d’Antananarivo) culmine à 2004 d’altitude. Ce sommet est l’une source d’eau qui alimente le chef lieu de la commune et les principaux cours d’eaux de la région.

Signalons que le reboisement n’est pas fait uniquement dans le but de rétablir la couverture végétale de la commune mais a aussi pour objectif d’occuper un lopin de terre c’est- a- dire de s’approprier une surface quelconque en apportant un signe comme quoi où telle partie de la tanety appartient déjà à une personne. Cela est dû au problème foncier qui se pose actuellement aux paysans (cet aspect sera abordé dans la deuxième partie de ce travail)

Les besoins en bois de la population augmentent d’une année à l’autre (bois de chauffage, bois des construction des maisons, bois pour fabriquer des charbons,…). La couverture végétale, étant déjà pauvre, par conséquent, la population de la commune rurale d’Ambohimasina commence à utiliser les herbes et les fourrages comme combustible.

En somme, malgré quelques barrières naturelles, les éléments physiques du milieu sont assez favorables aux activités agricoles. Par ailleurs, cette zone présente les caractéristiques d’une population rurale malgache. C’est ainsi que nous allons traiter tout ce qui concerne cette population, plus particulièrement son origine, sa situation démographique, et sa répartition spatiale.

11

Photo n°3

La rivière de Kinkony en crue

Cliché de l’auteur

La couleur rouge de Kinkony explique l’existence de l’érosion dans la zone. C’est la principale rivière de la région, elle coule au milieu de la commune et la divise en deux parties nord et sud.

Chapitre II : UNE POPULATION RECEMMENT INSTALEE, JEUNE ET INEGALEMENT REPARTIE DANS L’ESPACE

L’histoire de la population de la commune rurale d’Ambohimasina est mal connue faute de documents et de sources sûres. Quoi qu’il en soit d’après les rares documents que nous avons pu trouver, l’installation de la population comporte deux phases : d’une part, il y a les autochtones arrivées dans la région à une période indéterminé, et d’autre part, il y a les nouveaux venus qui ont occupé la zone récemment.

I - La mise en place et composition de la population L’histoire de la région d’Ambohimasina se divise en trois périodes : l’époque du royaume, l’ère colonial et l’indépendance jusqu’à nos jours.

A - une population récemment installée 1 - L’époque du royaume La première occupation humaine dans cette partie nord ouest de Betafo est inconnue. Les premiers occupants de la zone pourraient être les éléments des vagues des migrations survenues vers la fin du XVIIIème siècle, et qui sont les quatre frères et soeurs venus d’Andramasina : Rafoimanetrandrina, Ranaivoberaondriana, Ramparamanjato, et Ratsimindrambola. Ils ont traversé l’axe Ambohimanga - Andramasina-Faratsiho (12 ), et il se peut que certains d’entre eux se sont dirigés vers le sud pour arriver à Ambohimasina.

12 RAKOTOARISOA Marie H.Ony : Le maîtrise de l’eau et les empreintes de l’homme le mal nommé : Mémoire de CAPEN Antananarivo 1996 p-40

12

Les nouveaux venus sont arrivés lors du règne d’Andrianampoinimerina. Mais avant l’arrivée des Merina dans la région d’Ambohimasina, les Sakalava du Menabe occupaient déjà cette région. Mais ils l’ont quitté bien avant le règne d’ Andrianampoinimerina (1787-1810). Depuis l’arrivée de ce dernier au pouvoir, les Merina ont installé des responsables à Ambohimasina (13), puisque les soldats sont passés par la route d’Andramasina, puis ont déviés vers le sud (vers Faratsiho) pour arriver à Ambohimasina pour la conquête de Vakinankaratra. Les autres sont partis pour chercher des zones d’accueil ailleurs (Antananarivo, , Betafo, Inanantonana, Mandoto, ,…). Depuis cette période, l’occupation définitive merina de la région commence. Les descendants de ces nouveaux venus sont nommés les « taranak’Andriamasinavalona ». En ce qui concerne le lieu d’occupation des premiers venus, ou bien « les taranak’Anrdiamasinavalona »; ils se sont installés sur une colline à l’est de l’actuel chef lieu de la commune. Quand les habitants montent vers le sommet de ladite colline, ils disent : «allons à Ambohitrandriamasinavalona » La toponymie étant très longue a été d’abord transformée en « Ambohitrandriamasina ». Mais comme elle est encore difficile à prononcer, elle est enfin simplifiée en « AMBOHIMASINA » c’est un lieu où vivaient les nobles d’autrefois (14). D’après la tradition orale, les régions d’Ambohimasina et Inanantonana ont été des lieux de transit des soldat merina au temps de la conquête de Vakinakaratra et de Menabe (15 ). Après la prise du Vakinakaratra par Andrianampoinimerina les « taranak’Andriamasinavalona » se sont implantés dans la commune d’Ambohimasina. Ils ont été les premiers occupants merina de cette région. Actuellement, grand nombre de leurs descendants sont restés dans les villages des ancêtres. Au début, les colons « taranak’Andriamasinavalona » préfèrent continuer les exploitations ancestrales : l’agriculture, la mise en valeur des ressources naturelles.

13 ): Tantaram-piangonan District d’Ambohimasina Foibe Norvezianina Isoraka Antananarivo 1952 p-4 14 Archive Luthérienne : Tanataran’ny Fiangonana Loterana Malagasy Trano Printy Loterana Antananarivo 1967 p-105 15 JOUANNETAUD (Lieutenant) : Notes sur l’histoire de Vakinankaratra Antananarivo 1900 p-32

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Mais au fil du temps, ils ont quitté progressivement leur village d’origine à cause de la pression démographique ; se sont éparpillés dans toute la commune pour chercher des terres plus vastes, plus fertiles que celles de leurs ancêtres. Une partie des descendants des premiers venus, autre fois installés à Ambohimasina, ont gagné le nord : Fandrianarivo, Lazarivo, Miarinarivo, Fenoarivo, Ambonivary, Mahavoky, Andranomanjaka (16 ). D’après la tradition orale, l’installation des familles migrantes dans la commune rurale d’Ambohimasina aurait lieu au début du XX ème siècle. L’occupation humaine de la région se poursuit, la population augmente, et commence à exploiter les sols.

2 - L’époque coloniale (1895-1960) La région est déjà sous l’administration coloniale depuis 1896 date de l’occupation française à Madagascar. La population d’ Ambohimasina a aussi subi le revers de cette administration : l’impôt « hetra isan-dahy », l’office du riz, recrutement des soldats pendant les deux guerres mondiales, … D’ après les archives laissées par les missionnaires, les français ont déjà considéré Ambohimasina comme un centre de passage important du Vakinankaratra puisque la route qui mène à Miandrivazo et Morondava actuel a déjà passé par Ambohimasina.

Par conséquent, les colons ont mis en place des infrastructures publiques à Ambohimasina (ponts, hôpitaux, écoles, bureaux administratifs). Cela est prouvé par l’existence de l’école officielle de la mairie qui a été le bureau du chef du centre autrefois. Entre 1940 et 1950, les routes qui mènent à Antsirabe- Betafo, Mandoto- Miandrivazo est achevé. Entre temps Betafo est devenu chef lieu de district. Ambohimasina est alors réduit au rôle de simple chef lieu de canton. La communication d’ Ambohimasina vers d’autres régions (ville, district,….) s’est dégradée progressivement. La zone finit par être oubliée par l’Administration et vit dans l’isolement jusqu’aujourd’hui.

16 JOUANNETAUD (Lieutenant) : Notes sur l’histoire de Vakinankaratra Antananarivo 1900 p-30

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3 - De l’indépendance jusqu’à nos jours De 1960 à 1972 sous la Première République de Madagascar, Ambohimasina est devenu une des communes qui constituent le district de Betafo. De 1975- 1995, sous la Deuxième République elle s’est transformée en « Firaisam-pokontany » pour redevenir commune rurale jusqu’actuellement Pour ce qui concerne les missionnaires norvégiens ils ont occupé la région d’ Ambohimasina depuis l’année 1869 (17) Leurs objectifs ont été de développer la région à la fois sur le plan économique et religieux. Ce sont des missionnaires norvégiens luthériens. Ils se sont installés dans la partie ouest de la « montagne sacrée » (Vohitra Masina) qui est devenue aujourd’hui chef lieu de la commune d’AMBOHIMASINA. Suite à une épidémie de la peste qui a tué beaucoup des personnes dans la région environnante les habitants ont quitté leur village pour aller s’implanter au près de ses missionnaires Ces missionnaires norvégiens ont déjà construit une usine de fabrication de briques et de travaux de bois à Ambohimasina. Mais cette usine a été plus tard saisie par les colons français. Notons également la venue d’autres vagues d’immigrants, notamment, ceux qui sont venus d’Ambohibary Sambaina, d’Ambohimandroso Gara et des autres régions environnantes. Ce sont ces derniers qui s’ajoutent aux « Taranak’Andriamasinavalona » depuis les années 70. Après l’histoire du peuplement de la zone, examinons maintenant la composition ethnique et la répartition selon les secteurs d’activités de la population.

B - Une population majoritairement Merina et à forte proportion d’agriculteurs D’après les enquêtes et les données statistiques recueillies auprès des responsables de la zone étudiée, il n’existe pas encore de chiffres concernant la composition ethnique de la population. Mais la réalité sur le terrain, ainsi que l’estimation par la commune montrent que 95% de la population sont des Merina. Les autres ethnies ne représentent alors que 5% de l’ensemble (18 ) En plus, la zone est à vocation agricole, puisque la presque totalité de la population pratique l’agriculture.

17 ) Archive Luthérienne : Tantaram-piangonana District d’Ambohimasina , Foibe Norvezianina Antananarivo, 1952 p-2 18 Estimation par les responsables de la commune.

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Tableau n °2

La répartition de la population enquêtée selon le sexe et le secteur d’activité

Masculin Féminin Total % Nbr Absolu % Nbr Absolu % Nbr Absolu Secteur I 94,7 183 191,8 253 93,2 463 Secteur II 3,7 3 0,9 3 2,3 10 Secteur III 1,6 3 7,3 20 4,5 23 Ensemble 100 193 100 276 100 469 Source : Enquêtes de l’auteur 2005

D’après ce tableau, 93,2% de la population enquêtée s’occupent des travaux agricoles (secteur primaire) ; le secteur secondaire (bâtiment, artisanat, tissage,…) ne représentent que 2,3% de la population enquêtée. Tandis que le secteur tertiaire

(transport, commerce,…) totalise 4,5% de l’ensemble. Il en résulte que notre zone d’étude est une région à vocation purement agricole. Ce qui nous conduit à analyser les caractéristiques démographiques de cette population

II - Une population jeune et à croissance rapide

Avant d’entamer l’étude de la population partir des 125 ménages enquêtés, nous allons d’abord analyser répartition par groupe d’âges des habitants de l’ensemble de la commune à partir des données obtenues auprès de la commune.

16

Tableau n°3 : Répartition de la population de la commune selon les groupes d’âges et les fokontany (2000-2001)

Fokontany 0 à 5ans 6 à 17 ans 18 à 60 ans 60 ans et + Total H F H F H F H F Ambohimasina 248 240 220 110 570 450 83 60 1986 Amboanjobe 40 50 60 20 150 70 30 30 450 Soanerana 60 191 206 190 304 294 209 80 1534 Belanitra 205 170 210 204 451 350 70 42 1642 Ambohibary 52 83 92 80 150 120 80 82 739 Antsomangana 260 170 209 219 450 410 70 42 1730 Ambohijanahary 396 241 202 106 504 441 70 60 1930 Andranomanjaka 160 180 306 310 512 407 440 219 2534 (*)Antoby+Antani- 410 465 430 520 680 570 250 196 3721 masaka Antokomaro 60 51 51 50 254 212 35 10 723 Total 1891 1841 3927 1889 4025 3324 1337 821 16989 Total moins de 18ans 9448 soit 55,61% Source : D.A.A.Ambohimasina

(*) Le fokontany Antoby actuel a été divisé en deux fokontany indépendant en 2003. Ce qui a fait naître le onzième fokontany Antanimasaka qui se trouve à l’ouest du chef lieu du fokontany Talatan’Antoby.

Tableau n °4 : Répartition de la population CR d’Ambohimasina année 2004 0 à 5 ans 6 à 10 ans 11 à 17 an 18 à 60 an 60 et plus Total Ensemble M F M F M F M F M F M F 2706 3078 2355 2111 2375 2480 4395 4301 247 227 12078 12197 24275

Moins de 18 ans : 12625 personnes soit 52% de l’ensemble

Source : Ministère de l’intérieur, Monographie de District de Betafo année 2004 Antananarivo Février 2005.

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D’après ces deux tableaux, nous pouvons tirer les résultats suivants : la population de la commune rurale d’Ambohimasina augmente de 7286 personnes en espace de trois ans (2001-2004) soit une croissance de 2428 personnes par an. En plus la population est jeune car en 2004 ; 9448 personnes soit 55,6% de l’ensemble appartiennent à la tranche d’âge de moins de 18 ans ; et en 2004, 12625 soit 52% de ∗ la population totale de cette année ont moins de 18ans ( ). Voyons le résultat de nos enquêtes ici nous adopterons la tranche d’âge classique 0- 14ans. Nous avons déjà constaté que l’augmentation de la population de la commune est assez importante selon les données ci-dessus. Comment expliquer cet accroissement ? Nous essayerons d’y répondre par l’étude des comportements démographiques de la population enquêtée.

A - Une natalité élevée mais une faible mortalité Il s’agit ici de connaître la natalité, la mortalité pour pouvoir étudier l’accroissement naturel de la population enquêtée. Tableau n°5 : Répartition de la population enquêtée selon le sexe et selon les fokontany échantillons Fokontany Masculin Féminin Ensemble Ambohimasina 67 87 154 Antsomangana 72 81 155 Andranomanjaka 89 88 177 Soanerana 98 99 197 Talatan’Antoby 79 91 170 Ensemble 405 446 851 Source : Enquêtes de l’auteur 2005 D’après ce tableau, le total de la population enquêtée dans les cinq fokontany échantillons est de 851 personnes, dont 405 de sexe masculin et 445 de sexe féminin soit un taux de masculinité de 90 hommes pour 100 femmes, contre 99 hommes pour 100 femmes en 2004 pour l’ensemble de la commune

∗ ( ) D’habitude on utilise la tranche d’âge 0-14 ans. Mais il s’agit des documents émanant des non- spécialistes donc, elles sont citées ici à titre d’information .

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Tableau n°6: Répartition de la population enquêtée par groupes d’âges et selon le sexe

Groupes d'âges Masculin Féminin Total 0 à 4 ans 81 71 152 05 - 09 73 60 133 10 - 14 58 39 97 15 - 19 40 19 59 20 - 24 24 26 50 25 - 29 18 35 53 30 - 34 21 48 69 35 - 39 19 34 53 40 - 44 17 29 46 45 - 49 14 17 31 50 - 54 9 11 20 55 - 59 11 15 26 60 - 64 9 7 16 65 - 69 5 10 15 70 - 74 3 9 12 75 - 79 1 13 15 80 ans et plus 1 3 4 Ensemble 405 446 851 Source : Enquêtes de l’auteur 2005

Tableau n° 0 7 La répartition par grands groupes d’âge et par sexe de la population . sexe Masculin Féminin Total Grandes et % Groupe d’âges 0 à 14ans 212 170 382 44,9% 15 à 64ans 182 241 423 49,70% 65 et plus 11 35 46 5 ,40% Ensemble 405 446 851 % 47 ,60 52,40 100% Source : Enquêtes de l’auteur 2005

19

Graphique n° 02 : PYRAMIDE DES ÄGES DE LA POPULATION ENQUETEE DES 5 Fokontany :(2004- 2005)

MASCULIN FEMININ 405 446

80 + 75-79 70-74 65-69 60-64 55-59 50-54 45-49 40-44 35-39 30-34 25-29 20-24 15-19 10-14 5 - 9 0 - 4 90 80 70 60 50 40 30 20 10 10 20 30 40 50 60 70 80 90 Tranche d’âge Effectif Source : Exploitation des données obtenues lors des enquêtes (2005)

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La pyramide des âges de la population enquêtée dans les cinq fokontany est sans aucun doute représentative de la commune rurale d’Ambohimasina qui, comme nous l’avons déjà vu, compte plus de 50% de moins de 18 ans (55,6% en 2001 et 52 % en 2004). Elle se présente sous forme d’un parasol avec une base large, un corps qui se rétrécit plus ou moins régulièrement vers le haut et un sommet étroit. Cela confirme l’extrême jeunesse de la population car les enfants moins de 15 ans y représentent ∗ 44,9% de l’effectif total ( ). Toutefois, le nombre réduit des échantillons considérés n’exclut pas des exagérations quant à l’allure générale de la pyramide. Cependant, le retrait plutôt remarquable au niveau des 10-14 ans et 15-19 ans mérite qu’on s’y arrête. Il s’agit en effet des enfants nés respectivement entre 1986 et 1990 et puis 1991 et 1995, c'est-à-dire vers les dernières années de la II ème République et la naissance de la Troisième République.

Ces périodes ont été caractérisées par des crises économiques et sociales grâves. Naturellement, on peut se permettre de penser qu’elles ont été également marquées par une mortalité infantile touchant plus les bébés du sexe féminin que ceux du sexe masculin dans la zone étudiée. Le mouvement naturel de la population s’explique par d’autres facteurs démographiques: la natalité et la mortalité . ( 19 )

Des formules ont été mises au point afin d’obtenir des données statistiques de certains phénomènes naturels (la natalité, la mortalité,…). A cet effet, il nous faut connaître le nombre des naissances et des décès au sein des 125 ménages enquêtés repartis dans cinq fokontany échantillons au cours de l’année de référence 2004-2005 Le tableau suivant présente le nombre des naissances et des décès au sein des 125 ménages enquêtés.

∗ ( ) Si on devait aligner les résultats à la tranche d’âge 0-17 ans utilisée par la commune, cela nous donnerait 49,5% de moins de 18 ans pour nos échantillons . 19 : RABETSITONTA (T.A) « Démographie : concepts et analyse avec illustrations numériques » ; 1987 page : 35

21

Tableau n°8 : Le nombre des naissances et des décès recensés aux cours de l’année (2004-2005) dans les 125ménages enquêtés

Nombre des Nombre des décès : enfants Nombre d e décès dans l’ensemble Ambohimasina naissances moins d'un an des 125 ménages.

Antsomangana 7 0 3

Andranomanjaka 14 2 2

Talatan'Antoby 8 1 2

Soanerana 11 1 3

TOTAL 9 1 3

49 5 13 Source : Enquêtes de l’auteur année 2005 Ces données permettant d’étudier l’aspect de la natalité, ensuite de la mortalité afin de connaître l’accroissement naturel de la population.

1 - Un taux de natalité et un taux de fécondité élevés - Le taux de natalité consiste à comparer le nombre de naissance pendant une période donnée, le plus souvent une année, avec la population totale (20 ). Il est essentiel cependant, de bien définir une naissance. Elle désigne les enfants nés vivants, les morts nés étant exclus. D’après le tableau n°8, nous avons 49 naissances en tre 2004 et 2005 au sein des 851 personnes. Le taux de natalité est donc le résultat du calcul suivant :

Taux de natalité (TN) = Nombre de naissance au cours d’une année x 1000 Population totale de l’année

TN = 49 X 1000

851

TN = 57,5 °/ °°

20 SAUVY (A) Eléments de démographie 1987, PUF ; p-68

22

Le taux de natalité de la commune rurale d’ Ambohimasina 57,5 °/ °° est très élevé, (21) parce qu’il est supérieur au seuil de 30 °/ °° et à la moyenne de la province (22) d’Antananarivo de 42,6 °/ °° Le taux de fécondité général indique le nombre moyen annuel de naissances vivantes pour mille femmes en âges de procréations (15 à 49 ans) c’est-à-dire ayant plus de 15 ans et moins de 50ans.

Taux de fécondité générale (T.F.G.) = Nombre d’enfants nés vivants x 1000 Nombre de femmes de 15à 49 ans T.F.G = 42 x 1000 208

T.F.G.= 235,5°/ °° Cela nous montre que pour 1000 femmes, il y a eu 235 bébés nés vivants (23). durant l’année 2004-2005. Ce taux de fécondité est supérieur au seuil de 120 °/ °° Les taux de fécondité et de natalité très élevés sont dus à la mentalité des paysans qui considèrent les enfants comme un don de Dieu et une richesse. En plus, la naissance pour eux est un événement heureux. En ce qui concerne la mortalité, nous allons en découvrir les détails.

2 - Un taux de mortalité moyennement élevé et un taux de mortalité infantile faible La mortalité consiste à avoir le taux de mortalité en générale et le taux de mortalité infantile. C’est la perte de vie, du moins sur le plan légal, définie d’une façon parfaite et ne concerne démographiquement que l’individu décédé (24). Le taux de mortalité est le résultat du rapport entre le nombre annuel des décès à la population totale, le tout multiplier par mille.

Taux de mortalité (T.M) = Nombre de décès au cours d’une année x 1000 Population totale de l’année

TM = 13 x 1000 851

TM = 15,2 °/ °°

21 Cours Géographie de la Population et Technique en géographie 22 Ministère de l’intérieur : Monographie de région d’Antananarivo ; année2001 p-38 23 Cours Géographie de la population 24 SAUVY (A) : Elément de démographie ; 1976 PUF, p-87

23

Cela veut dire que sur mille habitants ; il meurt environ 15 personnes par an. Ce

(25) taux est moyennement élevé car il est entre le seuil faible 13 °/ °° et le seuil élevé

(26) 24 °/ °° .Malgré tout, ce taux est élevé par rapport au taux de mortalité moyen de la

(27) province d’Antananarivo : 6,3 °/ °°

Le taux de mortalité infantile est le rapport entre le nombre de décès de moins d’un an sur le nombre d’enfant moins d’un an fois mille.

Dans cette zone d’études ; sur 13 individus décédés, cinq ont mois d’un an. Signalons qu’on a recensé 49 enfants moins de un an.

Taux de mortalité infantile (TMI) = Nombre de décès moins d’un an x 1000 Nombre d’enfant moins d’un an

TMI = 5 X 1000 49

TMI= 102 °/ °°

Ce qui veut dire que pour 1000 enfants ; il y a environ 102 qui n’ont pas atteint pas leurs premiers anniversaires. Ce taux de mortalité infantile est élevé parce qu’il est

28 supérieur à 90 °/ °° ( ), en raison du problème d’infrastructures sanitaires.

25 -Cours Géographie de la population 26 -Cours Géographie de la population 27 -Ministère de l’Agriculture : Monographie de la région d’Antananarivo , 2001 ; p-38 28 Cours Géographie de la population

24

3 - Un taux d’accroissement naturel très élevé Le taux d’accroissement naturel de la population est la différence entre le taux de natalité et le taux de mortalité ( 29 ). En générale, il est exprimé en pourcentage :

Taux d’accroissement naturel (TAN) = Nombre de naissance- Nombre de décès x 100

Population totale

TAN = TN – TM

TAN = 57,5 °/ °° - 15,2 °/ °°

TAN = 4,23 %

Cela signifie que pour de 100 habitants, cette commune augmentera en moyenne en 4 habitants en une année. De ce fait la commune d’ Ambohimasina accuse une croissance rapide de la population. Ce taux est supérieure à 2,5 % ( 30 ). Il est aussi élevé par rapport au taux d’accroissement moyen enregistré dans la province d’Antananarivo ; 3% ( 31 ). Cela nous conduit à calculer le temps de doublement de la population en divisant le chiffre 72 par le taux d’accroissement ( 32 ).

Temps de doublement = 72 = 17 ans 4,23

A ce rythme, la population de zone étudiée doublera en 17 ans.

29 SAUVY (A) : Elément de Démographie , PUF ; p-119 30 Cours de Géographie de la population 31 INSTAT, Guide Statistique de Poche, 2001 ; p-8 32 Cours de Géographie de la population

25

Notons que la région est à vocation agricole, donc, les activités agricoles nécessitent un nombre important de main d’oeuvre. Selon le tableau n°5 ; la population active de 15 à 64 ans est nombreuse soit une proportion de 49,70 % de l’effectif totale de la population enquêtée. Donc, la main d’oeuvre ne constitue pas un problème majeur pour l’agriculture. Cette population nombreuse, jeune se repartit dans des ménages à grande taille.

B - Des ménages à grande taille : Une famille nombreuse constitue des problèmes dans la vie quotidienne puisque les bouches à nourrir sont nombreuses. Les enfants sont encore à la charge des parents, qui doivent satisfaire leurs besoins essentielles : la nourriture, scolarisation, santé,… La taille des ménages de la région d’étude est de 6,8 personnes en 2004. Ce chiffre est supérieur à la taille moyenne des ménages ruraux malgaches : 5 personnes ( 33 )

Tableau n °9 : La taille du ménage de la zone étudiée

Fokontany Nombre de personnes Nombre de Taille du ménage ménages AMBOHIMASINA 154 25 6,1

ANTSOMANGANA 153 25 6,1

ANDRANOMANJAKA 177 25 7

SOANERANA 197 25 7,8

TALATAN’ANTOBY 190 25 7,6

TOTAL 851 125 6,8 Source : enquête de l’auteur 2005 D’après le tableau, la taille du ménage de la région étudiée est grande, en moyenne 6,8 personnes par foyer. Cela explique bien l’importance de la charge de la famille.

33 INSTAT : Enquêtes auprès des ménages 2002 ; 2003, -19p

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III - Une population inégalement repartie dans l’espace Nous n’avons pas pu obtenir la superficie de chaque fokontany constituant la commune rurale d’Ambohimasina, nous nous trouvons dans l’obligation de nous référer au simple chiffre de la population pour appréhender la répartition spatiale de la population. En gros, les habitants de la commune est inégalement partie: la partie sud est moins peuplée et le nord l’est un peu plus. (cf. carte n°5)

A - La partie sud moins peuplée Les données concernant la densité de la population et la répartition actuelle des habitants selon les fokontany n’existe pas encore, car la commune ne les possède pas. Nous sommes donc, obligé d’exploiter les données du tableau n°3 concernant nombre de population en 2000-2001.

La partie sud de la commune regroupe six fokontany, dont Ambohimasina, Amboanjobe, Soanerana, Belanitra, Ambohibary et Antsomangana. Cette zone totalise 8081 habitants soit 47,5% de l’ensemble. Cela s’explique par le fait que l’occupation de l’espace dans la partie sud de la commune est relativement faible puisque les surfaces à exploiter sont très limitées et les sols sont assez pauvres.

B - Le nord : une zone peuplée de la commune La partie nord de la commune compte seulement cinq fokontany à savoir ; Ambohijanahary, Andranomanjaka, Talatan’Antoby, Antokomaro et Antanimasaka, mais regroupe en 2001, 8908 habitants soit 52,5% du total. L’occupation humaine de cette zone est assez élevée par rapport au sud car c’est la région la plus productrice de la commune.

En somme, la population d’Ambohimasina est mal repartie, la partie sud étant assez faiblement occupée.

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CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

La commune rurale d’Ambohimasina se trouve dans la région de Vakinakaratra et est inclue dans les Hautes Terres Centrales de Madagascar. Elle bénéficie d’un cadre physique et humain assez favorable à l’agriculture.

Profitant d’un relief assez accidenté, les paysans de la région font des efforts pour aménager des terrains en champs de cultures. Sur le plan pédologique, les sols ferralitiques dominent dans la région mais ne constituent pas trop un obstacle pour l’agriculture. Tandis que les sols alluviaux favorisent la diversification des cultures dans la zone. Le climat tropical d’altitude à deux saisons, cinq mois de saisons de pluies et sept mois secs remplit les conditions requises pour une bonne agriculture malgré cette longue saison sèche. Malgré également la présence des cours d’eau qui assurent l’alimentation en eau des cultures ainsi que la consommation humaine, la non- maîtrise de l’eau est encore manifeste.

Pour ce qui est de l’histoire du peuplement de la zone et son évolution, la première occupation humaine de la zone est mal connue, faute de documents. Mais la mise en place de la population s’est probablement faite bien avant l’arrivé des missionnaires Norvégiennes en 1869. Les descendants des premiers occupants les «Zanak’Andriamasinavalona» ont effectué la première exploitation agricole. Ils s’éparpillent ensuite dans les actuels onze fokontany à la recherche d’une meilleure condition de vie. Aujourd’hui la majorité de la population est merina. Cette population est jeune car plus de 50% de l’ensemble de le commune ont moins de 18 ans et 49,7% du total de la population enquêtée sont situés entre la tranche d’âge de 0 à 15 ans Le taux d’accroissement naturel est élevé de 4,23% par an. C’est le résultat d’une fécondité et d’un taux natalité très élevé de 57 ,5 °/ °° , d’où une taille des ménages grande avec 6,8 personnes par ménage.

Si telles sont les particularités physiques et humain de cette zone, comment s’y présentent l’agriculture et le budget des ménages ? Ce sera l’objet de la seconde partie de notre travail.

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DEUXIEME PARTIE : UNE PRODUCTION AGRICOLE PEU VARIEE MAIS INSUFFISANTE ; UN BUDGET DE MENAGE DEFICITAIRE

Les paysans malgaches sont attachés à leur parcelle même si elle est unique et parfois réduite (34 ). La presque totalité des ménages ruraux des Hautes Terres Centrales pratique la polyculture. C’est aussi le cas de commune rurale d’Ambohimasina. Pourtant, dans cette commune, l’agriculture dans sa totalité se heurte à des difficultés et ce la ne manque pas d’avoir des répercussions sur le budget des ménages. C’est ce que nous allons traiter dans les chapitres suivants.

Chapitre I LES PARTICULARITES DE L’AGRICULTURE ET LES PROBLEMES EXISTANTS Pour les paysans de la zone étudiée, le riz constitue un aliment de base et demeure l’unique source de revenu. Mais aujourd’hui, la place du riz dans l’économie de cette zone n’est plus la même qu’avant. Sa part quantitative et financière dans la vie quotidienne est en déclin. Cette dégradation s’explique par de multiples causes

I - Des activités agricoles caractérisées par une riziculture prédominante et un élevage traditionnel Pour la commune rurale d’Ambohimasina, l’agriculture est la principale activité de la population. 56 % ( 35 ) de la production sont consacrés à l’autoconsommation, à l’alimentation des bétails et réservés à la semence. Le reste (44%) est destiné à la vente comme source de revenu et est utilisé pour les dépenses des ménages, l’exhumation, pour les effets vestimentaires et l’achat de fournitures scolaires. L’activité de l’élevage existe partout, mais la production diminue de temps en temps. Le tableau n°10 montre les différents types de prod uits de la commune d’Ambohimasina.

34 LEBOURDIEC (F) Homme et Paysage du riz à Madagascar 1974 p-10 35 : Enquêtes de l’auteur année 2005

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Tableau n°10 Les principaux produits de la commune (2002) Produits Production Surface (hectare) Rendement (t/ha) (Tonne) Manioc 7512 1014 7,4 Riz 4815 1641 2 ,9 Pomme de terre 700 90 7,7 Maïs 526 510 1,03 Taro 330 33 10 Patate douce 304 38 8 Haricot 150 185 0,8 Arachide 52 65 0,8 Ananas 30 10 3 Tomate 9,2 7 1,3 Café 1,9 3 0,6 Source : Plan communal de Développement D’après ce tableau, la production agricole est variée au sein de la commune rurale d’Ambohimasina. Le manioc se trouve au premier rang avec une production de 7512 tonnes sur une surface de 1014 hectares soit un rendement de 7,4t/ha ; la production est en générale destinée à l’autoconsommation et à l’alimentation du bétail. Le riz aliment de base de la population se situe en deuxième position avec 4815 tonnes de cette année soit un rendement de 2,9t/ha. Ce rendement moyen est à peu près le même que celui de l’ensemble de district de Betafo qui est de 2,8t/ha ( 36 ). La pomme de terre prend la troisième place avec 700t soit un rendement de 7,7t/ha. Ce la explique par le fait que la pomme de terre s’adapte bien aux conditions physiques de la zone. En quatrième rang vient le maïs 526t sur une superficie de 510 ha d’où un rendement de 1,03t/ha. En dehors du riz, figurent donc trois produits : manioc, maïs, pomme de terres, qui sont des aliments complémentaires importants pour la zone surtout lors de la période de soudure.

36 : Ministère de l’intérieure : Monographie de Fivondronampokontany de Betafo année 2004 p-5 NOTE : Ces chiffres avancés par des non-spécialistes doivent être utilisés avec le plus grand réserve car ils présentent un assez grand écart avec les résultats de nos enquêtes (cf. p -32).

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Les autres cultures : taro, patate douce, haricot, arachide, ananas, tomate café, constituent ce que nous qualifions de cultures supplémentaires. Elles sont généralement associées avec les cultures complémentaires pour la plupart des cas. Voyons maintenant ce qui concerne la riziculture et l’élevage.

A - Une riziculture prédominante Les malgaches sont parmi les gros consommateurs de riz dans le monde. Ils mangent en moyenne 110 kg de riz par personne par an (37 ). Pour eux, la moitié de la production sont autoconsommées localement et la quantité restante est commercialisée sur le marché local.

Pour la commune d’Ambohimasina, au début, la riziculture sur le plan qualité et quantité est arrivée à maintenir son rôle à la fois vivrier et commercial. Actuellement elle est en train de perdre sa place tant du point de vue consommation que sur le plan amélioration de l’économie de la zone. Dans l’ensemble, les besoins en riz des agriculteurs de la zone étudiée ne sont pas toujours couverts par la production locale lors de la soudure. En effet, moins de 20% ( 38 ) des ménages seulement parviennent à subvenir à leurs besoins annuels en riz par leur propre production. Par consequent, le taux de couverture alimentaire reste faible dans la zone.

Signalons que lors de la période de récolte, la production de riz est abondante. Chaque ménage possède au moins une tonne de paddy en moyenne (39 ). Cela s’explique semble-t-il par le fait que les familles productrices disposent d’une superficie rizicole assez grande. Ainsi par exemple : au niveau de fokontany Talatan’Antoby qui se trouve au nord de la commune, la superficie moyenne est de 1ha, à Antsomangana elle est de 65ares. Au niveau de la commune en général, la superficie moyenne de rizière la plus petite est autour de 38à 45ares ( 40 ). Mais la production rizicole de la commune n’arrive pas à couvrir les besoins annuels de tous les ménages locaux.

37 : INSTAT 2000 ; Enquêtes auprès des ménages 1999, p-147 38 Calculé à partir des données obtenues lors des enquêtes 39 Calculé à partir des données obtenues lors des enquêtes 40 Calculé à partir des données obtenues lors des enquêtes

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Photo n°4

Le sarclage du riz dans la partie sud du fokontany Talatan’Antoby

Cliché de l’auteur Beaucoup de ménages sont persuadés de l’avantage de la pratique du repiquage en ligne. Cette technique nécessite l’utilisation des sarcleuses pour enlever les mauvaises herbes. Le rendement commence à augmenter grâce à cette technique.

En effet, la pomme de terre constitue un aliment un aliment de base après le riz et est devenue une culture principale dans la zone. C’est la raison pour laquelle que nous allons montrer dans un seul tableau le riz et la pomme de terre qui vont devenir des aliments de bases de la population de la région.

Tableau n °11 : Les deux principaux produits : riz et pomme de terre des 125 ménages enquêtés Riz Pomme de terre Annuelle Par ménage annuelle Par ménage Surfaces 62,5 ha 0,5 ha 79 ha 0,6 ha exploités production 218t 1,7t 380 t 3,4 t Rendement 3,4t/h 4,8t/ha Source : Enquête de l’auteur 2004 D’après ce tableau, les principaux produits des ménages sont le riz et la pomme de terre. Nous pouvons dire que le rendement est assez élevé, il est de 3,4 t/ha pour le riz et de 4 t/ha pour la pomme de terre, malgré la surface exploitée est assez réduite. Peu de ménage pratique la riziculture à deux saisons. La pomme de terre de contre saison sur les rizières est de faible quantité à cause la non maîtrise des techniques culturales et l’insuffisance des moyens matériels et financières. Selon les enquêtes effectuées auprès des ménages, presque la majorité de la production est à vendre. Au moment du « Famadihana » ou la période de l’exhumation, dans l’ensemble, les onze fokontany de la commune rurale d’Ambohimasina investissent à peu près un milliard (41 ) par année. Cela constitue une dépense de plus, en dehors de la prévision habituelle. En conséquence, l’insuffisance du riz est inévitable au moment de la période de soudure. Les paysans ont alors recours aux autres cultures vivrières pour la nourriture complémentaire.

B - D’autres cultures peu rentables Les « tanety » malgré le processus de dégradation dont elles sont le théâtre, sont encore généreuses car donnent des produits assez variés : manioc, maïs, haricot, pomme de terre, arachide, taro, patate douce, tomates, et autres.

41 : Estimation par les responsables de la commune rurale d’Ambohimasina

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Cependant, dans cette zone d’études, le taux d’exploitation de « tanety » est faible par rapport aux bas fonds, si au niveau de la commune toute entière les « tanety » prédominent encore et occupent beaucoup plus d’espaces. Le manioc et le maïs accaparent beaucoup plus de « tanety » que les autres cultures sèches. Remarquons que les paysans passent beaucoup plus de temps à la préparation des bas-fonds qu’à celle des « tanety ». Apres le riz, le manioc se trouve en seconde position et occupe également une grande partie des « tanety ». Le tableau ci- dessous nous montre la situation des cultures sèches sur les « tanety ». Tableau n °12 : Les autres cultures vivrières Types Surfaces cultivables Surfaces Production Rendement (en ha) Cultivées (en tonne) (t/Ha) (ha) Maïs 67 54 160 2,9 Manioc 150 46 63 1,3 Haricot 13 8 5,5 0,6 Arachide 13 42 26 0,6 Patate douce 11 32 29 0,9 et taro Autres 10 7 4 0,5 Total 264 189 287,5 1,5 Source : Enquêtes de l’auteur 2005

D’après ce tableau, le taux d’exploitation des « tanety »est de 71,5% pour les ménages enquêtés. Le rendement en moyenne des cultures de ces cultures vivrières est de 1,5t/ha. Ici, le maïs tient la première place avec une production de 160 tonnes sur une superficie de 54 ha et un rendement de 2,9 t/ha. Ensuite, le manioc se trouve en deuxième position, la production en est de 63 t sur un espace de 46ha et un rendement de 1,3t/ha. En troisième rang, le haricot et l’arachide ont chacun un rendement de 0,6ha. En dernière position, on a la patate douce, le taro et les autres cultures supplémentaires qui sont à faible rendement de 0,5 à 0,9t/ha. Remarquons ici que les surfaces cultivées des trois cultures, l’arachide, la patate douce et le taro sont plus grands par rapport aux surfaces cultivables car ce sont des cultures associées avec le maïs, le manioc, et le haricot sur une même parcelle.

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Photo n°5

Une culture sur tanety (culture de patate douce à Antsomangana)

Cliché de l’auteur

La culture de patate douce par l’usage des billons est une méthode efficace pour lutter contre l’érosion. Cette technique est déjà connue par les paysans de la zone.

C - un élevage toujours traditionnel La plupart des ménages de la région de Vakinakaratra (y compris la commune d’Ambohimasina) pratiquent simultanément l’agriculture et de l’élevage. Selon nos observations et nos enquêtes, au moins un type d’élevage est exercé par plus de 94 % (42 ) des ménages de la zone. Le cheptel dominant de la zone est le bovidé surtout le boeuf du trait. La taille moyenne du cheptel bovin dans l’ensemble la commune varie de un à trois têtes. L’élevage porcin tient la deuxième position, car 30% des ménages le pratiquent ( 43 ). L’élevage des porcs a particulièrement souffert de l’épidémie la peste PPA : (Peste Porcine Africaine), qui a rendu difficile jusqu’actuellement la reconstitution du cheptel. En troisième et dernière place, l’élevage des volailles qui existe partout mais est de caractère rudimentaire. Par le biais de la vente d’animaux sur pieds et ou sous forme des produits dérivés, l’élevage contribue assez largement au revenu des ménages ruraux de la zone d’études. La vente des bovins et des porcins constitue un élément principal du revenu surtout lors de la période de soudure. Les habitants vendent des animaux pour avoir de l’argent permettant d’acheter des aliments. Le nombre de têtes d’animaux vendus est assez faible et dépend de la durée du cycle de l’élevage. Plus le cycle est court, plus le nombre des animaux vendus est grand. Par conséquent, le nombre des têtes des volailles vendues est plus élevé que celui des autres animaux. Cela nous conduit à voir ci-après la situation de l’élevage pour les 125 ménages enquêtés Tableau n °13 : Nombre de cheptel : des ménages enquêtés Cheptel Nombre de tête Nbr des ménages Nombre de tête propriétaires par ménage Bovin 85 54 1,5 Porcin 112 90 1,2 Volailles 320 119 2,6 Pisciculture Non chiffré -- -- Source : Enquêtes de l’auteur 2005

42 Calculé à partir des données obtenues lors des enquêtes 43 Calculé à partir des données obtenues lors des enquêtes

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D’après ce tableau, la presque totalité des ménages enquêtés pratiquent l’élevage. L’élevage des volailles se situe en premier position car 119 ménages sur 125 le pratiquent. On compte au total 320 têtes soit 2,6 têtes par ménages. L’élevage porcin est en deuxième position, 90 ménages possèdent 112 têtes soit 1,2 tête par foyer. L’élevage bovin est en troisième place selon les chiffres obtenus, mais ce cheptel tient un rôle très important dans la vie des paysans de la région et aide les habitants aux travaux agricoles. Ici, c’est une pratique qui reste encore traditionnel et artisanale : les paysans laissent les animaux de chercher leurs propres aliments. Les paysans ne produisent que pour être consommé et dans la plupart des cas pour être vendus afin d’en constituer une source financière d’appoint. En ce qui concerne l’agriculture, c’est une agriculture dite de subsistance. Les techniques de production sont simples et rudimentaires. Par exemple, il suffit d’utiliser les fumiers naturels comme les déjections de volailles et la bouse des bovins pour l’amendement des sols. Souvent même, dans cette région d’Ambohimasina, il est de coutume de ne pas recourir à l’utilisation des engrais, surtout pour la culture du manioc et du riz. Quoi qu’il en soit, une partie de l’élevage est réservée à la consommation familiale. Cette part permet d’améliorer la qualité nutritionnelle des aliments. En général, l’ensemble des ménages enquêtés est à la fois éleveurs et agriculteurs. Il y a donc complémentarité entre l’élevage et agriculture. Après avoir étudié les caractéristiques de l’agriculture et de l’élevage dans cette zone, nous allons essayer d’analyser les manifestations des difficultés économiques de la zone d’étude.

II - Les manifestations des problèmes socio-économiques dans la zone étudiée Ses problèmes apparaissent sous forme de mauvaises conditions de vie et des difficultés d’ordres économiques.

A - Mauvaises conditions et état sanitaire déficient de la population 1 - Définition du pauvre D’après la Dictionnaire La Rousse un pauvre manque du nécessaire qui n’a pas suffisamment d’argent, de moyens, pour subvenir à ses besoins. C’est quelqu’un qui a peu de ressource, peu de bien.

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D’une manière générale, le pauvre manque de ressources et de moyens et ne veut ni ne peut plus rien faire. Il est non propriétaire de la terre et pratique la monoculture sur une surface limitée. Le pauvre n’utilise qu’un seul mode de faire valoir (le métayage) il n’a accès aucun offre financière autre que ces propres fonds limités. Le pauvre a un niveau de revenu très bas, inférieure à un dollar par jour (*). Il est impossible d’obtenir une alimentation adaptée du point de vue nutritionnel et de satisfaire les besoins de base non alimentaires. Il se caractérise par son paraître minable, physique en délabrement du fait d’une mauvaise alimentation, d’une mauvaise santé et un habillement sale ou en loque, un logement sans entretient interne et externe ; une dégradation du statut social ; insécurité psychologique et matérielle du fait de l’incertitude du lendemain. ( 44 )

2 - Les conditions de vie des habitants Pour les lieux d’habitation de la population d’Ambohimasina, les maisons sont simples. La majorité des constructions sont, soit en terre battue soit en briques en terre (en briques cuites pour les ménages de classes moyennes et les riches minoritaires). Les toitures sont généralement en chaume. L’absence du confort est constaté partout : l’eau courante et l’électricité n’existent pas. Les latrines sont utilisées mais très mal construites et mal entretenues. Les vêtements sont simples et les paysans de la commune préfèrent la couleur voyante, que l’on porte sans problème par-dessus deux ou trois, c’est le «maro- sosona »; sans compter la notion d’hygiène et de propreté. L’alimentation des ruraux est très variée. En période de récolte rizicole, les paysans consomment régulièrement du riz en moyenne deux fois par jour (matin et soir). Mais après 3 à 4 mois, le grenier à riz commence à se vider. Le riz ne constitue plus le plat principale, les paysans se mettent à consommer du manioc, devenu un complément essentiel du repas. Lors de la période de soudure « fahavaratra » le riz devient le « dessert » et les aliments jusque là complémentaire « hanikotrana » et notamment le manioc et la patate douce se transforment en aliment de base. Pour la consommation de viande, elle est périodique, seulement le mercredi jour de marché hebdomadaire à Ambohimasina.

44 RAMAHATRA Rolland : Evaluation participative de la pauvreté ; 1993 p-13 (*) : Un dollar est l’équivalent de 2.350 Ariary (11.750 fmg)

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3 - L’état sanitaire de la population L’état sanitaire de la population dépend en général de la qualité et quantité des alimentations. Pour les habitants de la commune d’Ambohimasina, à cause de ces habitudes alimentaires, les enfants sont la plupart du temps maigres, et mal nourris. Les adultes sont physiquement faibles et sensibles aux maladies Les maux de tête sont fréquents en raison de la déficience en vitamine. Les maux de dents sont généralisés à cause de la forte consommation de manioc. Le paludisme fait aussi des victimes parmi les adultes. Enfin, chaque année ; on signale au moins un cas de peste dans la commune surtout lors de la période de pluies

B - Les difficultés économiques Les grands problèmes économiques de la commune d’Ambohimasina se manifestent essentiellement par l’insuffisance de la production et la persistance de « varo-maitso »

1 - Insuffisance de la production • L’ agriculture Malgré la variété des cultures, la baisse de la production agricole est constatée dans l’ensemble. On signale également le déséquilibre sans cesse croissant entre population et ressource. Car la population augmente chaque année alors que la quantité de production reste constante. Ainsi par exemple, selon le recensement au niveau des communes en 2003, effectué par l’INSTAT, Ambohimasina compte 19221 personnes et la production de paddy est de 2700 tonnes soit 140,4 kg du riz (paddy) par personne. En 2004, la commune a dénombré 24275 personnes (cf. tableau n°4) et la production rizicole est 2810 tonnes soit 115 kg par personne en moyenne. En une année, la population a augmenté de 5054 personnes tandis que la production n’augmente que 110 tonnes. En plus, on constate partout (surtout dans les bas fonds) la difficulté d’extension des rizières. La commune rurale d’Ambohimasina manque aussi de moyens pour l’encadrement agricole. La plupart des réseaux d’irrigation sont vétustes. Le renouvellement des semences n’existe pas jusqu’à actuellement. Toutes ces conditions ne font qu’accélérer l’insuffisance de la production chaque année.

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Photo n°6 L’élevage porcin (dans un village au sein de fokontany Andranomanjaka)

Cliché de l’auteur

Les ménages de classes moyennes pratiquent l’engraissement des porcs. On élève les animaux (deux ou trois têtes par famille) cinq à six mois, après on les vend pour avoir un peu de bénéfices. Cette activité aide les ménages en période de soudure.

Par conséquent, la période de soudure augmente sensiblement. Elle dure aujourd’hui 7 à 9 mois, du mois d’août jusqu’au début du mois d’avril ( 45 ) La récolte n’arrive donc plus à combler le manque pendant cette période et parallèlement, la baisse de revenue des paysans dans la zone s’aggrave d’année en année. • L’élevage Pour l’activité de l’élevage, la majorité des habitants se plaignent surtout des problèmes de santé des animaux, d’insécurité due aux actes de banditisme dans la région d’étude et en fin, du manque du temps pour l’entretien du bétail. La commune d’Ambohimasina connaît une baisse continuelle de l’effectif bovin parce que le ménage procède à la vente des animaux lors de la période de soudure. Ainsi par exemple ceux qui ont quatre têtes en 2004, à cause de la vente ne possèdent plus que deux têtes l’année suivante. L’élevage porcin est aussi en déclin puisqu’on enregistre une baisse de l’effectif suite à la Peste Porcine Africaine (PPA) depuis l’année 1996. Mais le secteur commence à se redresser aujourd’hui car selon les enquêtes auprès de 125 ménages, chaque famille possède 1,2tête en moyenne. En ce qui concerne l’élevage des volailles, cette activité marche assez bien mais est aussi victime au moins deux fois par an de la maladie « barika » ou choléra aviaire. Par ailleurs, l’élevage en général rencontre des difficultés comme l’approvisionnement irrégulier en produits vétérinaires. Cependant, même si les produits phytosanitaires existent, les habitants n’arrivent pas à les acheter car ils sont chers et exigent beaucoup de conditions quant à leur utilisation. Beaucoup des ménages enquêtés possèdent des animaux à élever. Mais les produits de l’élevage sont mal valorisés

2 - Persistance du « Varo-maitso » Par définition, le « Varo-maitso » c’est la vente des cultures sur pied. Donc c’est une forme de crédit octroyé par les riches aux pauvres pendant la période de soudure. Il est remboursable en nature (généralement en paddy) au cours de la moisson. La quantité à donner au prêteur est fonction du contrat établi entre les deux personnes dans lequel ne figure que le montant fictif de l’emprunt.

45 Calculé à partir des données obtenues lors des enquêtes

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Photo n°7

Un point d’achat de paddy au marché hebdomadaire d’ Ambohimasina

Cliché de l’auteur

Au moment de la récolte du riz, chaque ménage vend du paddy aux collecteurs (la plupart du temps presque plus de la moitié de la production). Ce sont ces derniers qui en déterminent le prix.

La pratique du « varo-maitso » persiste et s’intensifie même d’une année à l’autre au sein de la commune d’Ambohimasina. Ce phénomène creuse l’écart entre les paysans riches et les paysans pauvres de la commune. Les familles emprunteurs se sentent exploités, mais les difficultés sociales les obligent a y recourir, conformément au proverbe malgache : « Aleo maty rahampitso toy izay maty androany » qui se traduit littéralement en français : «Mieux vaut mourir demain qu’aujourd’hui » Le « Varo-maitso » est habituellement destiné à subvenir aux besoins sociaux de la famille en période de soudure et non pas réellement à la production. Signalons également que le « varo-maitso » a été un interdit ancestral dans tous les villages et fokontany d’Ambohimasina mais cet interdit a été levé par la progéniture ∗ au nom de «Fihavanana» ( ) face au contexte de la pauvreté. Le tableau ci- dessous permet de comparer le prix du paddy en « varo-maitso » et le prix normal. Tableau n °14: Les prix des cultures vendues sur pieds principalement le paddy « Varo-maitso Prix normal (paddy en ariary/Kg) Prix Varo-maitso Mois (en ariary/Kg) Ecart Juillet 300 Août 350 SEPTEMBRE 380 150 230 OCTOBRE 400 150 250 NOVEMBRE 420 150 270 DECEMBRE 450 180 270 JANVIER 450 200 250 FEVRIER 400 200 200 Mars 380 Avril 350 Mai 300 Juin 300 Source : Enquêtes de l’auteur 2005

∗ ( ) Sens et explication des termes ou expressions malagasy : (voir annexe II)

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Ainsi, la vente de récolte sur pied apparaît durant la période où les prix normaux du paddy atteignent le maximum. D’après le tableau ci-dessus, le phénomène du « Varo-maitso »commence au début du mois de » septembre (la période de soudure commence) et se termine vers la fin du mois du mars (début de la moisson). Les crédits les plus élevés apparaissent durant la période critique des travaux agricoles : période de semis pour les cultures sèches et pour le riz, le début de la préparation des sols et surtout le repiquage. Notons que, le « Varo-maitso » rend service à beaucoup de familles en difficultés durant la pénurie aiguée de l’alimentation et les travaux de sarclages qui commence à partir au mois de janvier. L’emprunt d’argent à usure informelle existe mais il n’est pas très répandu et ne se pratique que rarement dans la commune d’Ambohimasina (en cas de besoins d’urgence, il s’agit de petits fonds à rembourser dans un très court terme.

Mais, les intérêts sont toujours excessifs dans ce cas (de l’ordre de 10% par jour).

C - Catégorisation sociale et économique de la population de la zone étudiée

L’analyse des résultats des enquêtes auprès des 125ménages, nous permet de distinguer quatre catégories de famille selon les conditions de vie comme le montre le ∗ tableau ( ). -1ère catégorie : Les familles autosuffisantes en alimentation appelées « manan- katao » ou nanties

-2ème catégorie : Les familles de condition de vie moyenne appelées

« sahirankirana » ou dans les besoins.

-3ème catégorie : Les familles pauvres à faible revenu ou appelées « sahirana » ou très difficultés.

-4ème catégorie : Les familles très pauvres appelées « mpitrongy vao homana » ou indigents. Les familles autosuffisantes en alimentation habitent en totale dans le chef lieu de la commune, chef lieu de fokontany.

∗ ( ) Pour plus de détail, voir annexe III

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Tandis que les populations se trouvant dans les trois dernières catégories

habitent dans les hameaux et dans les localités isolées.

Nous allons présenter dans le tableau n°11, les car actéristiques de chaque catégorie identifiée. Tableau n°15 Tableau de synthèse de catégorisation sociale et économique des ménages enquêtés

Fokontany Catégorie Catégorie 2 Catégorie 3 Catégorie 4 Total 1 (%) (%) (%) (%) (%) Ambohimasina 15 15 50 20 100 Antsomangana 6 23 46 25 100 Andranomanjaka 7 29 40 24 100 Sanierana 8 10 61 21 100 Talatan’atoby 10 12 48 30 100

Ensemble 9,2 17,8 49 24 100

Source : Enquêtes de l’auteur2005

Pour l’ensemble des 125 ménages enquêtes, la proportion des caractéristiques sociales et économiques peut se présenter avec le graphique suivant :

9,20% 24% 17,80% Catégorie 1 Catégorie 2 Catégorie 3 Catégorie 4 49%

Source : Exploitations des données obtenues lors des enquêtes

D’après ce graphique, 49 % des ménages enquêtes se situent dans la catégorie 3. Cela s’explique que presque la moitié des ménages enquêtes sont en difficultés. Ensuite, 24% se trouvent dans la catégorie 4 qui sont des ménages très en difficultés.

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Les ménages qui ont de niveau de vie moyen ou en catégorie 2 représentent le 17,8% des ménages enquêtes, tandis que les familles aisées ou catégorie 1 ne représentent que 9% du total. Cette situation explique le niveau de vie bas des habitants qui risquent de devenir encore plus pauvre donc encore plus vulnérables. La situation de chaque catégorie montrent que ce sont les familles aisées qui déterminent la vie économique : le commerce, les spéculations, les moyens de production. Tandis que les trois dernières catégories se soucient plutôt des besoins fondamentaux (alimentation, santé).Elles sont presque entièrement dépendantes du riz et de la main d’oeuvre pour subvenir à tous les besoins Quelles sont alors les origines de difficultés économiques de cette région ?

III - Les origines des problèmes économiques de la région Plusieurs facteurs peuvent entraîner les difficultés économiques de la région étudiée. Des obstacles techniques et sociaux entravent le développement économique : les infrastructures publiques sont déficientes et les problèmes fonciers existent dans la région.

A - Les obstacles techniques et sociaux aux développements des activités agricoles de la région L’agriculture de la région est peu équipée, et manque d’encadrement. En outre, les infrastructures publiques sont déficientes. L’équipement agricole des ménages est rudimentaire, le plus souvent se limite à un «angady» (la bêche), une faucille et une hache. Un ménage sur dix possède une charrue, et une herse dans l’ensemble de la commune. La consommation d’intrants (produits phytosanitaires, engrais chimiques, ou minéraux) est très faible. Les dépenses moyennes par consommation d’intrants de ces ménages ne dépassent pas 6000 ariary par an ( 46 ). En plus, les paysans désapprouvent les nouvelles techniques diffusés par les vulgarisateurs comme le SRI : Système de Riziculture Intensif ou ; « Voly vary maro anaka » ; ils pratiquent encore des techniques culturales traditionnelles peu performantes. Parce que les paysans voient que ces méthodes sont compliquées et difficile à pratiquer.

46 Calculé à partir des données obtenues lors de enquêtes

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Les résultats restent toujours pour eux peu satisfaisants. En plus du manque d’encadrement technique, il existe aussi la carence en matière de formation des paysans. La démographie est si galopante que les parents n’ont pas la possibilité d’envoyer leurs enfants poursuivre leurs études à Ambohimasina ou à Betafo au niveau secondaire. En plus la non-maîtrise d’eau pour l’agriculture et la présence de quelques facteurs naturels négatifs aggravent la situation. Il s’agit des aléas climatiques (alternance de la sécheresse et des pluies abondantes) influent sur les cultures en provoquant des dégâts importants, de l’insuffisance d’eau dans les rizières, de l’ensablement des bas fonds en cas des fortes pluies. L’érosion aggrave la perte de fertilité du sol, les cultures sont parfois victimes des parasites et des maladies, comme le pou du riz ; le « mildiou » et la bactériose de la pomme de terre, conséquences de la pratique annuelle d’une même culture sur une même parcelle.

B - Des infrastructures publiques déficientes. Nous avons déjà évoqué la difficulté d’accès aux services publics due à l’éloignement ou l’enclavement de la zone et les infrastructures sociales incomplets. 1 - L’enclavement : un problème chronique. La région est en générale enclavée et même oubliée par les administrations. La voie de desserte, la RN 34 (Antsirabe-Miandrivazo) jusqu’à la déviation vers le nord (9Km) est bonne. À partir de cette déviation jusqu’au chef lieu de la commune, le réseau de communication devient de pus en plus lâche. La route encore accessible jusqu’en 1999 dévient difficilement praticable actuellement. Les pistes reliant les 11 fokontany sont améliorées chaque année par les Fokonolona mais demeurent inaccessible en voiture pendant la période de pluie. Depuis longtemps, la région n’a pas du réseau de télécommunication. Toutefois, l’effort des responsables conjugué avec celui de la TELMA (Telecom Malagasy) a permis depuis janvier 2006 de donner une ligne téléphonique à la commune. 2 - Infrastructures sociales incomplètes. Les infrastructures sociales dans la région sont incomplètes et insuffisantes. Pour, l’enseignement, l’éloignement de l’école justifie la faiblesse du taux de scolarisation.

43

L’infrastructure scolaire est dans un état de délabrement avancé. La diminution du taux de fréquentation scolaire pour les enfants en bas âge est constatée. Ainsi la déperdition scolaire est importante, la majorité des élèves ne dépasse pas la dernière classe du premier cycle (classe de 7 ème ). L’abandon est aussi généralisé dans la tranche d’âge de 17 à 22ans. Pour la santé, l’éloignement de l’unique hôpital pour les 11 fokontany constitue un grand problème.Le personnel médical est insuffisant. On note également la pénurie chronique en médicament de base. La persistance du paludisme empêche les habitants de travailler régulièrement. C - Les problèmes fonciers

Pour la situation foncière de la région, des problèmes résultant des rivalités existent. D’une part, les paysans ne connaissent pas totalement les lois et les régimes qui régissent l’appropriation des terres. D’autre part, il y a le problème d’empiètement de domaines entre paysans et qui entraînent une rivalité incessante. L’origine de cet empiètement est l’arrivée des nouveaux immigrants comme ceux qui sont venues d’Ambohibary Sambaina et d’Ambohimandroso Gara. Ces derniers accaparent et boudent sans raison les terres. Qui plus est, certains grands parents (descendants des « Taranak’Andriamasinavalona ») vendent en cachette les terres aux nouveaux venus et cachent la réalité à leurs enfants. Ce phénomène entraîne des rancunes indéracinables. Seules les minorités, plus rusés que les autres arrivent à accumuler beaucoup des terres au détriment de nombreux paysans qui ne possèdent que très peu de terrain à cultiver, d’où l’existence des litiges permanentes sur les propriétés fonciers qui sévissent jusqu’à nos jours. On pourrait dire qu’en raison de cette situation, il y a beaucoup de « paysans pauvres » dans la commune rurale d’Ambohimasina. En plus les démarches administratives sur le règlement de la situation juridique des terres sont vraiment difficiles et coûtent chers. Il s’agit de fournir différents papiers comme la déclaration de succession, le payement de droit de mutation par décès et la demande de mutation auprès du Service des Domaines. Ainsi à Ambohimasina malgré les rivalités foncières, les paysans pauvres ne disposent pas de moyens pour payer les divers droits exigés ainsi que les frais de déplacement. Après les problèmes fonciers, nous entrons à l’étude de bilan budgétaire des ménages enquêtés pour bien mesurer le niveau de vie de la population de la zone d’études.

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CHAPITRE II LE BILAN BUDGETAIRE DES MENAGES DE LA REGION

I - Des problèmes de gestion au sein des ménages

Dans la zone d’études, nous avons effectué des enquêtes auprès de 125 ménages repartis dans les 5 fokontany échantillons. Les conditions de vie des ménages enquêtes sont conditionnées par d’autres facteurs comme l’emploi ou la composition des ménages. Mais elles se perçoivent aussi à travers d’autres secteurs comme l’éducation des enfants ou la santé des membres du ménage.

Afin de nous permettre d’avoir une appréciation plus ou moins complète du phénomène de la pauvreté au sein de la commune, les questionnaires comprennent les sections démographie, santé, logement, éducation, emploi, revenu, dépenses, l’agriculture, et l’évaluation subjective du niveau de vie. Dans ce chapitre, nous ne considérons que deux éléments précis ; le revenu et les dépenses

A - Un budget de ménage déficitaire

Par définition, le budget est l’état prévisionnel des dépenses et de la recette, généralement relatif à une année ( 47 ). Le budget mensuel de ménage est donc l’état de prévision de la recette mensuelle et des dépenses mensuelles d’un ménage. Un budget mensuel d’un ménage est déficitaire lorsque les dépenses mensuelles sont supérieures au revenu mensuel.

47 Encyclopédie Universalis 1996, Tome II p-2063

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Le tableau suivant présente le bilan budgétaire des ménages de la zone étudiée Tableau n°16 Les sources de revenu moyen des ménages enquêtés : (Moyenne mensuelle) Source de revenue En valeur absolu La En pourcentage (en Ariary) moyenne/ménage (%) Salaire 143407 11472 4,2 Journalière 239012 1912 7 Loyer 4780 38 ,2 1,4 Vente des produits 2902290 23218,3 85 Autres 81947 655,6 2,4 Total 3414459 27315,6 100 Source : Enquêtes de l’auteur Le revenu moyen mensuel de chaque ménage enquêté se chiffre à 27315,6 Ariary. Une grande partie de ce revenu mensuel des ménages est issue de la vente des produits agricoles. Elle rapporte en moyenne 23218,3 Ariary soit 85% du revenu mensuel des ménages. Quant à la somme provenant des salaires journaliers dans le revenu mensuel des ménages elle est de 239012 Ariary soit 7 % du total. Le salaire obtenu par les ménages mensuellement ne représente que 143407 Ariary soit 4,2 % de l’ensemble. Ce salaire provient des autres activités complémentaires comme la maçonnerie, la vannerie, … Tableau n° 17 :L’utilisation du revenu des ménages enquêtés (moyenne mensuelle) Les postes de dépenses En nombre absolu Moyenne En pourcentage (En Ariary) mensuel/ménage (En %) L’aliment 3229865 25838,9 69,8 Habillements 536768 4294,1 11,6 Frais de scolarisation 397949 3183,6 8,6 Frais de transport 101800 814,4 2,2 Obligations sociales et 360931 2887,7 7,8 autres Total 4627313 37018,5 100 Source : Enquête de l’auteur

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Les dépenses moyennes de chaque ménage enquête s’élève à 37018 ,5 Ariary.

L’aliment est la première destination des ces dépenses mensuelles des ménages. En moyenne, les 125 ménages enquêtés ont dépensé mensuellement 25838,9 Ariary soit

69,8% des dépenses moyennes mensuelles.

Le paysans ne peuvent pas se permettre de dépenser plus d’argent pour d’autre besoin que la nourriture.

Les dépenses vestimentaires largement inférieures à celles de la nourriture viennent au deuxième rang avec 536769 Ariary soit 11,6% des dépenses totales mensuelles.

Notons que dans cette zone, l’achat des articles vestimentaires ne se fait généralement qu’une seule fois par an, surtout lors de la saison de récolte. Concernant les dépenses sur la scolarisation, elles sont en troisième position avec 397949 Ariary ou 8,6% de l’ensemble des dépenses mensuelles.

Par ailleurs, les dépenses mensuelles dues aux obligations sociales et le frais de transport et autres sont faibles. Elles ne représentent respectivement que 360931 Ariary et 101800 Ariary soit 7,8% et 2,2 % du total.

Nous avons vu que la pauvreté oblige les gens à réduire les dépenses en dehors des produits alimentaires, et qu’une grande partie du revenu provient de la vente des produits agricoles et de l’élevage. Apparemment, le budget de chaque ménage semble déficitaire. Quel en est-il en exactement ? C’est ce que nous essayons de découvrir dans le paragraphe suivant.

47

Tableau n : 18 Le bilan du budget des ménages de la zone étudiée (unité en Ariary)

Bilan budgétaire Revenus Dépenses Déficits Excédents Ménages Fokotany Annuel Mensuel Annuel Mensuel Annuel Mensuel Annuel Mensuel

Ambohimasina 9923000 826916 11328000 944000 1405000 117083 Antsomangana 10264100 855341 11158620 929885 894820 74544 Andranomanjaka 12062920 1005243 13643000 1136916 1580080 131673 Soanerana 11418500 951541 11376300 948025 42200 3516 Talatan’Antoby 8161650 680137 8021850 668487 139800 11650 Total 51830170 3414459 55527770 4627313 3879900 323300 182000 15166 Source : Enquêtes de l’auteur

D’après ce tableau, il n’y a que deux fokontany qui ont un bilan budgétaire excédentaire, les fokontany Soanerana et Talatan’Antoby. Les autres ont un budget déficitaire. Mais ce n’est qu’une vision globale car dans le détail le résultat se présente autrement.

Le tableau n°18 nous donne des renseignements sur l e bilan budgétaire des ménages dans ces localités étudiées. Pour l’ensemble, le budget mensuel des ménages est déficitaire de 4310 Ariary (c’est-à-dire le total mensuel du déficit budgétaire des ménages enquêtés divisé par 125). Mais dans le détail, des différences par ménage, hameau, village existent

Cette réalité s’explique par la situation foncière de chaque ménage. Ceux qui possèdent beaucoup des terres peuvent en avoir beaucoup plus de sources financières que ceux qui possèdent moins. Même cas pour l’activité de l’élevage, les ménages qui en possèdent beaucoup d’animaux ont un bilan budgétaire positif.

48

Tableau n° 19 Les moyennes du revenu, dépenses ; et l’épargne des 125 ménages enquêtés (moyenne mensuelle en Ariary par ménage)

Désignation Revenu Dépense Epargne

Fokontany Ambohimasina 33077 37760 0 Antsomangana 34214 37195 0 Andranomanjaka 40210 45477 0 Soanerana 38062 37921 +141 Talatan’antoby 27206 26740 +466 Ensemble 34554 37019 Source : Enquêtes de l’auteur2005

A partir de ces données nous pouvons constater que le niveau de vie des ménages dans ces localités est largement au dessous du seuil de pauvreté.

B - Un budget des ménages au dessous du seuil de pauvreté

Par définition, la pauvreté est l’état d’une personne, d’un groupe qui manque des moyens matériels, d’argent ou bien l’insuffisance des ressources ( 48 ).Au sens plus large du terme, la pauvreté est une situation physique et psychologique qui prive un individu des moyens de mener une vie adéquate. La pauvreté se manifeste par l’amplitude de l’inégalité alors que la pauvreté absolue se réfère au seuil.

48 INSTAT : Enquêtes prioritaires auprès des ménages 2002 ; 2003 p-38

49

Au sein de la commune d’ Ambohimasina les dépenses moyennes des ménages enquêtés sont de 37 019 ariary par mois (cf. tableau n : ) soit 444 228 ariary par an. Mais avec six personnes par ménage en moyenne, les dépenses sont en moyenne 74038 ariary par personne par an. Ce taux de consommation est largement inférieure, ou au dessous du seuil de pauvreté parce qu’à Madagascar, le seuil de pauvreté a été évalué approximativement à 1 173 800fmg (ou 234 760 ariary) en 2002 ( 49 ).Ces dépenses moyenne annuelles permettent de classer le niveau de vie de la population de la commune d’Ambohimasina dans la catégorie 1. Ainsi, nous allons découvrir ci après les causes du déficit budgétaire des ménages. II - Les causes du déficit budgétaire des ménages La population de la commune rurale d’Ambohimasina se trouve dans une situation d’appauvrissement réel dans une économie rurale faible. Ce phénomène touche presque toutes les zones rurales de Madagascar. Le déficit budgétaire des ménages est l’un des manifestations de la pauvreté. Plusieurs causes expliquent cette situation Le terme de l’échange est détérioré ; les paysans ont un accès difficile aux crédits et aux financements agricoles. Des problèmes techniques et des facteurs naturels persistent. A - Détérioration du terme de l’échange Le centre d’échange dans la région d’étude est limité aux fokontany (aux marchés hebdomadaires saisonniers au niveau de quelques fokontany) et aux marchés hebdomadaires (chaque mercredi). Le manque de débouché pour les produits agricoles (seule source de revenu pour les habitants) est le premier problème. Chaque jour de marché, les collecteurs viennent de Betafo et des régions périphériques pour fixer le prix et monopoliser l’achat des produits. Les paysans de la zone sont obligés de vendre leurs produits aux marchés, car ils n’ont pas les moyens financiers nécessaires pour les évacuer ailleurs à des prix favorables. Le marché est le seul centre proche de vente de produits lors de la récolte du riz surtout (mai à juillet). C’est aussi le lieu de distribution des produits venant des régions périphériques ou encore de Betafo et d’Antsirabe : outils de travaux (charrettes, herses, bêche,….) ; produits de premier nécessités,…

49 INSTAT : op-cit 2003 p-33

50

Photo n°8

Marché de produits artisanaux à Ambohimasina

Cliché de l’auteur

La vente des produits locaux s’effectue par terre (nattes, soubiques, nasses) parce que la commune ne possède pas encore un marché régulier. Voilà encore un autre signe de la pauvreté.

Le problème vient du fait que, le paysans vendent moins cher la production (riz, culture vivrière s) mais en revanche, ils achètent chers les produits finis (PPN, fournitures scolaires, ustensile de cuisines, les outils d’équipements comme, les charrettes, charrue,…). Par exemple, les habitants vendent un kilo du paddy à 300 Ariary mais achète un kilo de sucre 2000 Ariary. Ils vendent aussi un zébu à 400000 Ariary, mais ils achètent une charrette toute neuve 800000 Ariary ( 50 ) Par conséquent, ils sont obligés de s’endetter pour satisfaire les besoins de la famille (recours au système de « varo-maitso »). En plus au moment de la période du soudure, les paysans rachètent chers les aliments pour combler le manque. Ainsi par exemple, le kilo de paddy devient 600 Ariary (51 ) contre 300 Ariary au moment de la moisson, donc le prix a doublé La famille nombreuse, la consommation importante, la communication difficile, le revenu bas ; constituent les principaux obstacles rencontrés par les habitants. Ce sont des facteurs qui bloquent le développement durable de la région étudiée. Aujourd’hui, les paysans de cette zone n’ont pas encore accès au crédit et aux financements agricoles. Plusieurs causes sont à l’origine de cette situation.

B - Un accès difficile des paysans aux crédits et aux financements agricoles. Nous avons constaté l’absence du système formel d’épargne et d’emprunt dans la zone étudiée. La thésaurisation à domicile est la principale et la plus rudimentaire forme d’épargne. Mais comme nous l’avons vu, le budget des ménages est déficitaire, donc il n’y a rien à épargner pour certaines familles surtout les très pauvres. En plus, l’inexistence d’institution financière formelle constitue un des facteurs de blocage au développement. « S’endetter pour survivre » telle semble être la dernière extrémité à laquelle ont recours un grand nombre de paysans malgaches : une mauvaise récolte, une maladie ou les frais d’une sépulture peuvent précipiter une famille de petits paysans dans une impasse financière. Ils n’ont pas aujourd’hui d’autres solutions que de supplier un parent, un voisin, un commerçant ou un propriétaire de leur avancer la somme d’argent nécessaire pour faire face à l’adversité.( 52 )

50 Calculé à partir des données lors des enquêtes 51 Calculé à partir des données lors des enquêtes 52 - RAHARIJAONA. RINASOA (R): Le marché financier rural dominé par les prêteurs traditionnels : in LES NOUVELLES – Economie - Jeudi 13juillet 2006 p-22

51

Photo n°9

Le marché hebdomadaire de la commune d’Ambohimasina

Cliché de l’auteur

Le marché hebdomadaire de la commune d’Ambohimasina se tient chaque mercredi. C’est un lieu de rencontre et d’échange pour les paysans de la zone. Les effets vestimentaires des personnes sur cette photo sont simples ; c’est un des signes très significatifs de la pauvreté.

Les paysans n’ont pas accès à la banque car ils n’ont pas des garanties, ni de fiche de paie à donner. Ils ont aussi peur de la banque et n’ont pas la possibilité de fournir les pièces nécessaires pour avoir de l’argent à la banque. Dans une moindre mesure, l’implantation des structures financières décentralisées comme la CECAM (Caisse d’ Epargne et des Crédits Agricoles Mutuels) à Betafo est un type de micro finance mutualiste. Mais les paysans de la région d’Ambohimasina ne s’y intéressent pas. Les emprunts sont réalisés essentiellement sous forme monétaire. Et les autres prêts sont effectués en nature, le plus souvent en paddy. Les emprunts en nature, contractés pur une durée moyenne de cinq à six mois sont effectués auprès des amis ou des familles hors ménage. Pour l’investissement, la plupart des ménages pratique la vente des récoltes sur pieds, souvent le paddy. L’utilisation du crédit à des fins productives reste encore un cas très rare. Il ne faut pas oublier que l’un des facteurs qui entraînent le déficit budgétaire des ménages est le phénomène de « halabotry » ou maraudage (vols des récoltes sur pieds). Malgré l’effort des Fokonolona et des Quartier Mobiles le « halabotry » persiste encore. Enfin, certains ménages ont eu des surfaces (rizières ou « tanety ») à exploiter avant, mais, ils ont été obligé de les vendre pour qu’ils puissent payer leur dette surtout en période de soudure. D’autres vendent leurs parcelles parce qu’ils ont mal géré leur budget ou encore pour s’acquitter des dettes du « varo-maitso » dans le cas où ils n’arrivent pas à régler leur compte dans le temps déterminé. Ce cas existe mais les chefs des ménages cachent la réalité. Mais lors des enquêtes, nous avons reformulé d’une autre manière les questions et les réponses ont été obtenues d’une façon indirecte. A peu près 20% des ménages enquêtés ont vécu ce phénomène, et les personnes concernées ne dévoilent pas les prix des terrains ou les chiffres d’affaires concernant la vente des terrains, ils sont vraiment tenus secrets

C - Problèmes techniques et facteurs naturels Faute d’encadrement technique, il existe aussi la carence en matière de formation professionnelle des paysans. En outre, il y a le faible niveau d’instruction de la population

52

A titre d’exemple 85% des chefs des ménages enquêtés n’ont dépassé pas le niveau primaire, 10 % ont fréquenté le niveau secondaire et seulement le 5 % ont eu leur BEPC (53 ) Les paysans de la zone sont mal équipés, car ils utilisent encore des matériels agricoles rudimentaires. A cause du revenu bas des habitants, ils n’ont pas pu renouvelé les matériels agricoles, donc le nombre des outils utilisés est limité. Tableau n°20 : Répartition des matériels agricoles par ménages dans chaque fokontany Nombre de matériels agricoles par ménages utilisateur FOKONTANY Nombre de Nombre de Nombre de charrette Nombre de herse bêches charrue (Charrette/ménage) (Herse/ménage) (Bêche/ménage) (Charrue/ ménage) AMBOHIMASINA 3/1 ½ 1/6 ½

ANDRANOMANJAKA 4/1 1/5 ¼ 1/3

ANTSOMANGANA 2/1 1/3 1/7 1/3

SOANERANA 3/1 1/3 1/5 1/3

TALATAN’ANTOBY 2/1 ½ 1/3 1/2

Source : Enquêtes de l’auteur 2005 D’après ce tableau, le nombre des paysans propriétaires des matériels agricoles « importants » (charrue, charrette, Herse) est moins nombreux par rapport à celui des matériels agricoles légers (bêches). Donc les bêches sont les principaux matériels de travail des habitants car chaque ménage en possède au moins deux. Les charrettes sont les principales moyens de transport des paysans mais l’effectif des ménages en possédant est très réduit. En outre, le nombre moyen de matériels diffère d’un fokontany à un autre selon la richesse des ménages. En somme, les habitants de la zone étudiée sont plutôt mal équipés (annexe tableau des matériels agricoles de la commune en générale page annexe IV) En outre, la démographie est si galopante que les parents n’ont pas les possibilités d’envoyer leurs enfants pour suivre leurs études à Ambohimasina ou à Betafo au niveau secondaire.

53 Calculé à partir des données obtenues lors des enquêtes

53

CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE

La disponibilité en alimentation est faible dans la zone étudiée. Moins de 20 % des ménages enquêtés en dispose pendant toute l’année. Le revenu de ménage est faible ; la moyenne mensuelle est de 34 554 Ariary (ou 172 770 Fmg) par ménage. L’insuffisance de la production pousse les habitants à vendre leurs produits bien avant la récolte. C’est le système de « varo-maitso » fréquent durant la période de soudure. Lors de la saison de récolte, la majorité de la production doit être vendue, soit pour payer les dettes et honorer les accords du « varo-maitso », soit pour subvenir aux besoins essentiels du ménage. Pour le débouché de produits agricoles, le marché hebdomadaire d’Ambohimasina en est le principal. Signalons également que le mauvais état de la route (axe Ambohimasina Betafo, Ambohimasina vers les 11 fokontany) est mis à profit par les collecteurs pour acheter à bas prix la production. Enfin, l’agriculture est l’unique source de revenu de ménages (produits des cultures et de l’élevage). Ce revenu sert à subvenir aux besoins en général des ménages. La grande partie des dépenses est consacrée à l’alimentation surtout lors de la période de soudure. Les paysans font beaucoup d’efforts pour sortir de la pauvreté mais ils ont toujours subi un échec puisqu’en moyenne le budget des ménages de 3 fokontany sur 5 restent déficitaires, et pire encore, 5 fokontany sur 5 sont en dessous du seuil de pauvreté de 23 4760 Ariary (1 173 8000 Fmg) Les difficultés économiques de la zone constituent les principales causes de l’insuffisance de revenu des ménages. La détérioration du terme de l’échange, caractérisé par un écart flagrant entre les prix élevés des produits de première nécessité et les prix assez bas des produits agricoles, ainsi que l’absence de micro crédits adaptés aux possibilités des paysans pauvres (n’ayant pas de garanties) reflètent les problèmes économiques de la région. La dernière partie de notre travail essayera de déterminer les mesures prises et les propositions de solutions pour le développement de la zone d’études.

54

TROISIEME PARTIE . LES MESURES PRISES ET A PRENDRE POUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE DE LA REGION

Les paysans ont cherché des solutions adaptables à leurs difficultés socio-

économiques. Ces solutions pourraient résoudre les blocages économiques de la région. Mais les projets ont besoin des moyens financiers et techniques pour que les objectifs soient atteints. Ainsi, la troisième partie de ce travail fera état des mesures prises par les autorités, les collectivités rurales et des propositions de solutions pour un meilleur développement de la région

Chapitre I : MESURES PRISES PAR LES AUTORITES ET LES COLLECTIVITES RURALES Les objectifs de croissance économique et de réduction de la pauvreté sont tributaires des performances du secteur de développement rural 54 . C’est pour cette raison que les autorités et les collectivités rurales ont pris des mesures économiques et sociales pour avoir un résultat positif dans le revenu des ménages et dans l’économie régionale. C’est ainsi que des actions ont été menées au niveau des paysans.

I - Les mesures prises par les autorités locales.

Les solutions prises par les autorités locales sont bien déterminées par le Plan

Communal de Développement. Il y en qui ont déjà été adoptées mais beaucoup d’autres restent à prendre.

(54 ) République de Madagascar : Documents Stratégiques Pour la Réduction de la pauvreté 2003 ; p-3

55

A - Les travaux réalisés.

Selon les responsables, le budget communal est très limité, et la commune n’a pas eu des sources financières sûres autres que les impôts et les taxes qui n’arrivent plus

àsubvenir les besoins de la commune. Il a fallu faire appel aux bailleurs des fonds.

Ainsi, le CEG d’Ambohimasina a actuellement obtenu un financement de FID (Fonds d’Intervention pour le Développement) pour l’extension et la réhabilitation de l’établissement, même cas pour l’E.E.P d’Ambohimasina.

Ensuite, la commune a pris en charge l’achat d’une ambulance pour évacuer les malades vers les grands hôpitaux de Betafo et surtout d’Antsirabe. L’aménagement du

CSB1à Talatan’Antoby est actuellement en cours. Les autorités communales ont réalisé l’approvisionnement en eau du chef lieu de la commune, qui est le seul à disposer d’eau potable.

Tout récemment, la commune a bénéficié d’une ligne téléphonique TELMA

(Telecom Malagasy) grâce à l’installation du réseau TELMA au sommet de la colline d’Iavoko à l’est de Betafo ville. La commune rurale d’Ambohimasina a donc mis un publiphone à la disposition de la population. Enfin, pour renforcer la sécurité publique, la commune a pris en charge la formation et l’indemnité des Quartiers Mobiles.

56

B - Les mesures à prendre

Beaucoup des projets restent encore à faire, faute de financement. Ainsi, l’amélioration des infrastructures routières n’est pas encore réalisée. La réhabilitation des bureaux administratifs de la commune est suspendue. L’électrification de la région reste jusqu’à maintenant un rêve. La mise en place d’un poste avancé de la gendarmerie à Ambohimasina est un projet mort né.

Pour l’amélioration de la production agricole, l’envoi des techniciens au près des paysans reste encore un projet à réaliser. La mise en place et la création d’un marché communal conforme à la norme reste un projet sur papier.

Quoi qu’il en soit, les collectivités locales ne sont pas restées bras croisés, elles ont cherché des solutions pour le développement de la zone.

II - Prises des responsabilités au sein de la population locale

Les problèmes sociaux se rapportant à l’insécurité, l’hygiène, la santé et l’enseignement d’une région ont des impactes sur l’économie. Pour résoudre ces problèmes, des solutions plus adaptées à la réalité ont été prises par les collectivités.

C’est le cas d’un «Dinam-pokonolona» et du recrutement d »enseignants vacataires.

A - Le «Dinam-pokonolona» assure en partie la sécurité intérieure

L’insécurité provoque la perturbation et même l’abandon des activités rurales par les paysans dans les hameaux dispersés et éloignés des grands villages. Avant l’instauration de «Dinam-pokonolona», l’insécurité règne dans la région.

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Les «Dahalo» de l’intérieur et de l’extérieur de la commune menacent et attaquent les villages et les paysans quittent parfois leurs maisons et en même temps le

«halabotry»ou maraudage (vol des récoltes sur pied) existent partout.

Le «Dinam-pokonolona» est un accord fondé par chaque fokontany. Il est établi lors de la réunion des chefs de fokontany.

Puis les présidents de chaque fokontany organisent une Assemblée Générale des hommes et des femmes de plus de dix huit ans de chaque localité. C’est lors de cette réunion que les agents de sécurités locales (Quartiers Mobiles) vont lire les textes et dès cet instant l’application du « Dinam-Pokonolona» entre en vigueur. Les comités de sécurité «Komitin’ny Fandriampahalemana» et les Quartiers Mobiles en assurant l’application, et ce depuis l’année 1994( 55 ). A titre d’exemple de Dina, chaque habitant âgé du dix huit ans et plus, doit assister à la réunion générale du fokontany sinon ; il est passible de « vonodina » en espèce de 5000 ariary. Autre exemple, au début de la récolte du riz, chaque ménage doit participer à la réhabilitation des pistes qui relient les onze fokontany au chef lieu de la commune. Et durant la nuit, les chefs des ménages doivent participer à tour de rôle à la garde de leur lieu d’habitations. Sinon il est aussi passible de « vonodina » en espèce de 5000 ariary par nuitée. Les Quartiers Mobiles et les comités de sécurité ou «Komitin’ny Fandriampahalemana» assurent les suivies et l’application de ces règlementations. Le « Dinam-pokonolona» est un moyen plus ou moins efficace pour assurer le retour à la vie normale et pour permettre aux paysans de travailler en paix. Remarquons également que tous les mercredis, jour de marché de la commune rurale d’Ambohimasina, les agents de la gendarmerie de district de Betafo viennent renforcer la sécurité de la région. Il procède au contrôle des produits vendus au marché, surtout les boeufs.

55 Enquêtes de l’auteur auprès des « Raiamandreny » (Zokiolona) et des responsables administratifs de la région

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Photo n°10

Un petit marché saisonnière au niveau fokontany (Talatan’Antoby)

Cliché de l’auteur

Ce marché se trouve dans le chef lieu de fokontany de Talatan’Antoby. Le jour du marché se tient chaque lundi. Les collecteurs arrivent même jusqu’à ce fokontany pour acheter du riz surtout au moment de la moisson. Ici, les collecteurs stockent par terre les paddy. L’emplacement de marché et la simplicité de pavillon sont des signes d’une région en difficultés économiques.

Cependant, malgré les efforts de la population locale, de la gendarmerie et même de la commune, des problèmes comme les maraudages ou «halabotry» persiste encore.

Outre le « Dinam-pokonolona », l’association des parents d’élèves recrute des instituteurs vacataires pour renforcer la scolarisation.

Comme le proverbe malgache le dit « Ny fikambanan no hery » (l’union fait la force), l’entraide familiale et communautaire constituent le plus grand dispositif utilisé par les ménages dans leur lutte contre la pauvreté. Elle est la base culturelle et l’élément de communication qui constitue le ciment assurant la cohésion et l’efficacité de l’utilisation, par ces stratégies, des autres éléments techniques économiques et politiques et juridico institutionnels. Cette stratégie de lutte contre la pauvreté est constituée par des échanges de prestations de services entre paysans. C’est le cas du

« farimbona » : type d’entraide sans contre partie financière ni matériel et du « valin- tànana » : qui est un mode de coopération qui consiste à former un groupe dans lequel chaque membre bénéficie d’un travail collectif de tous les membres à tour de rôle. Ces stratégies existent encore chez la population d’Ambohimasina

B - Recrutement des instituteurs vacataires pour renforcer la scolarisation

Pour la réduction de la pauvreté, le principe consistant à donner aux différents acteurs de la société, notamment aux pauvres, l’opportunité de s’exprimer et d’influer sur les décisions publiques est aujourd’hui mise en avant. La participation des citoyens

à l’élaboration et au suivi des politiques ainsi qu’à l’évaluation des institutions est considérée comme un moyen d’accroître l’efficacité de ces derniers, mais également comme un objectif en soi( 56 ).

56 STATECO Revue Méthodologique : Méthodes Statistiques et Economiques

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L’enseignement constitue un potentiel de culture pour le développement. Malgré la déperdition scolaire, la hausse continue des nombres d’élèves est constatée. Par ailleurs, la jeunesse de la population a entraîné la nécessité sans cesse croissante des besoins en matériels et des infrastructures adéquates pour la scolarisation des enfants.

Beaucoup de problèmes se rencontrent aussi bien au niveau de l’enseignement primaire qu’au niveau de l’enseignement secondaire.

Les enfants qui abandonnent l’école vont, soit travailler ou aider à la production, soit apporter un revenu supplémentaire à la famille. Quelquefois, les jeunes cherchent un emploi ailleurs et cela entraîne la réduction de la force du travail sur place. Cette dernière solution est prise enfin que l’abandon scolaire ne favorise pas la recrudescence des vols et de l’insécurité dans la commune.

L’insuffisance des enseignants fonctionnaires, est remarquable pour l’ensemble de la commune. Cette situation oblige l’établissement et le FRAM ou association parents élèves à recruter des enseignants vacataires. Mais cette situation ne fait qu’alourdir les charges des parents. Chaque enseignant vacataire est payé en moyenne en nature de 25 kg de paddy par an par ménage et en espèce de l’équivalent de 2000 ariary par mois par famille.

Pour le Développement et la Transition . Paris ISSE 2004 ; P-117

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Tableau n° 21 : Résultat des examens officiels de la commune rurale d’Ambohimasina

Années Examens Candidats Réussis Taux de réussite scolaires CEPE 312 109 51 ,17 % 2002-2004 BEPC 19 03 25 % CEPE 318 136 42,76 % 2003-2004 BEPC 20 02 10,10 % CEPE 314 215 68,4 % 2004-2005 BEPC 33 05 15,15 % Source : CISCO Betafo

D’après ce tableau, le taux de réussite à l’examen du CEPE (Certificat d’Etude

Primaire Elémentaire) s’améliore car passe de 42 % à 68 %. Cela s’explique par la contribution massive des associations parents élèves (FRAM) annoncé plus haut, par la construction des maisons pour les instituteurs, la réparation des établissements, la construction des ponts en bois entre les écoles et les lieux de résidence des élèves,…

Pour l’enseignement secondaire de la commune, le collège d’enseignement général d’Ambohimasina (CEG) a le niveau allant de sixième au troisième. Le résultat au BEPC (Brevet d’Etudes du Premier Cycle) ne s’est pas beaucoup amélioré car de 25

% tombe à 10 % pour remonter seulement à 15 % durant les trois années scolaires :

2003, 2004, 2005. Cela s’explique par le manque de personnel enseignant qualifié.

Puisque les enseignants fonctionnaires diplômés sont très insuffisants pour ce collège.

La moitié des enseignants sont vacataires, de niveau Baccalauréat au maximum. Mais les élèves du CEG ne cessent d’augmenter et le niveau intellectuel des élèves ne s’améliore pas pour autant.

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Photo n°11

Type de maison existant dans la zone d’étude

Cliché de l’auteur

Les paysans construisent leurs maisons d’une manière simple, avec un étage pour la plupart de cas. Les bâtiments ont des murs en terre battue et la toiture en chaûme. La cour est mal entretenue. Nous avons ici un des aspects de la pauvreté de la population. (Cette photo est prise à l’entrée de fokontany Antsomangana)

Chapitre II PROPOSITION DE SOLUTIONS POUR LE DEVELOPPEMENT DURABLE DE LA REGION La population de la commune rurale d’Ambohimasina se trouve dans une situation d’appauvrissement sans fin. Pour lui permettre de sortir de cette impasse, nous allons proposer des solutions d’ordre économique et social.

I - Extension et réhabilitation des infrastructures publiques Les actions concerneront surtout le désenclavement de la région, l’amélioration des infrastructures sociales et le renforcement de la sécurité.

A - Désenclavement de la zone Le manque de débouché constitue le premier problème des paysans de la commune rurale d’Ambohimasina. Quand nous parlons de développement de la zone, le désenclavement est prioritaire. L’état de délabrement de la route qui relie la région au chef lieu de district empêche l’écoulement régulier des produits. L’axe qui relie Antokofoana à Ambohimasina devrait être réhabiliter parce qu’il est la route principale (cf.carte n 4). Les responsables administratifs doivent prendre des initiatives pour l’entretien de cet axe ou bien ils peuvent faire appel aux bailleurs de fond pour financer les travaux. Ensuite les pistes reliant les communes et les onze fokontany sont toujours en mauvais état et impraticables pendant la saison de pluie. (cf. carte n°4). A titre d’exemple, la piste qui assure la liaison entre Ambohimasina et le fokontany Talatan’Antoby devrait être réhabilité et entretenu chaque année, puisque cette route assure une liaison permanente entre le chef lieu de la commune et des six fokontany dont Antsomangana, Ambohijanahary Atsimo, Talatan’Antoby, Andranomanjaka, Antokomaro et Antanimasaka (cf. carte n°6) En out re, les infrastructures sociales nécessitent aussi une amélioration B - Amélioration de l’hygiène, extension des établissements scolaires et sanitaires de la région. Pour la santé publique, la commune rurale d’Ambohimasina est dotée de deux infrastructures sanitaires : Un CSBII à Ambohimasina est géré par un médecin () diplômé d’Etat assisté d’une Sage-Femme.

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Les responsables administratifs ont déjà pris l’initiative d’acheter une ambulance communale qui assurera l’évacuation des malades vers le Centre Hospitalier de District situé à Antsirabe. Le bâtiment du CSBII est vétuste et a besoin d’une réhabilitation générale. La commune nécessite aussi le recrutement d’autres médecins pour renforcer l’équipe. Le médecin et les responsables de la commune ont invité et même obligé la population à se rendre à l’Hôpital en cas de maladies ou d’accouchement. Un CSB I à Talatan’Antoby, le Centre est déjà construit vers les années 90 mais jusqu’actuellement, il reste vide. Il n’y a ni médecin, ni infirmier, ni assistant social. Signalons que les habitants de cette fokontany ont déjà fait une demande de médecin auprès des responsables (de la commune, du district, de la Région Vakinakaratra et de la province d’Antananarivo). Le résultat de cette demande est assez satisfaisant puisque d’après les responsables de la commune, le nouveau médecin doit arriver au plus tard vers juillet 2006.Les Fokonolona ont déjà réhabilité chaque année le bâtiment du CSBI malgré son état vétuste. On est donc là à attendre le nouveau médecin et les équipements sanitaires. Signalons aussi que la commune projette aujourd’hui de construire d’autres Centres de Santé pour les autres fokontany très éloignés du CSBII. Malgré la présence de ces deux centres de soin, la mauvaise condition de l’hygiène persiste encore. Ainsi par exemple la santé des enfants est mal surveillée, la propreté des habitants et de leurs lieux d’habitations ne sont pas bien respectées. En conséquence, les maladies persistent, le paludisme sévit, chaque année un cas de peste est déclaré. A cet effet, une campagne de sensibilisation est nécessaire chaque année pour l’amélioration de l’hygiène et de santé de la population. Ainsi nous proposons comme solution l’amélioration en quantité et surtout en qualité de l’alimentation. Une formation paysanne en art culinaire est aussi nécessaire en utilisant des techniques simples et faciles à suivre pour la population et ce, par l’utilisation des produits locaux. Voici encore d’autres propositions ayant trait à l’hygiène : les responsables administratifs tels que chefs des fokontany, comité de santé publique, et la commune pourraient inciter la population à construire une latrine, une douche par ménage.

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Tous ces projets sont réalisables sans parler de l’adduction d’eau potable (puits, bornes fontaines) dans les fokontany et même dans les villages. Remarquons que le chef lieu de la commune est déjà alimenté en eau potable. Ce ∗ projet a été réalisé par le FIKRITAMA ( ) une organisation non gouvernementale spécialisée dans le domaine d’alimentation en eau potable.

C - Construction d’un nouveau marché pour la commune. Le marché communal actuel est en mauvais état et trop étroit. Il se localise au milieu du chef lieu de la commune. Chaque mercredi, la circulation à l’intérieur du marché est très difficile, car le marché est très réduit mais la population est nombreuse. Les articles sont vendus par terre. Or le marché hebdomadaire permanent est le seul lieu d’échange pour les paysans de la région. Il est nécessaire pour la commune de construire un nouveau marché dans un autre endroit. Car la commune dispose encore d’endroits assez espacés. A titre d’exemple, la partie nord du chef lieu est assez grande pour placer de nouveau marché communal. Pour ce faire, les responsables administratifs devraient formuler une demande de financement au bailleur de fonds pour ce projet.

D - Renforcement de la sécurité publique et de la sécurité foncière Dans le domaine de la sécurité publique, le phénomène «dahalo» n’existe plus. Le vol des produits sur pied, ou le « hala-botry » (maraudage) persiste encore. L’élaboration et la vulgarisation d’un «dina» ainsi que les règlementations y afférentes s’avèrent nécessaire. Le renforcement de la capacité des «Andrimasompokokolona» sur la sécurité intégrée, l’explication des textes juridiques sur la sécurité et du mécanisme de fonctionnement du système de gouvernance à la base sont indispensables. Par ailleurs, les problèmes fonciers créent des clivages sociaux et familiaux et n’incitent pas les paysans de la commune rurale d’Ambohimasina à exploiter à fond et librement les sols. Ce phénomène ne leur permet pas d’étendre leurs activités économiques (cf. chapitre problèmes fonciers page-44). En outre, le coût de procédure d’acquisition des terrains est très élevé pour les paysans.

∗ ( ) FIKRIFAMA: Fikambanan Kristiana ho Fampandrosoana an’i Madagasikar

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D’ailleurs, il n’y a aucune garantie pour les motiver à effectuer de tel investissement car une autre personne pourra aussi déposer une demande pour le même terrain. Il s’avère donc nécessaire : - d’entreprendre une action de vulgarisation des lois de règlementation sur le foncier, et des procédures d’acquisition de terre. Les opérations fonctionneront par le biais d’une subvention de l’Etat ou dans la cadre d’un projet de développement. - de renforcer la coopération entre la commune et les services concernés par la propriété foncière. - de sensibiliser la population et organiser un traitement collectif des dossiers pour réduire le coût de procédure. Notons enfin que le phénomène de maraudage ou «Halabotry» est l’un des facteurs qui entraîne le déficit budgétaire des ménages. En conséquence, chaque fokontany doit faire des efforts pour éradiquer ce phénomène. Ainsi par exemple, au moment de la moisson, chaque village organisera une descente dans les rizières chaque nuit (tour de rôle) pour veiller sur le riz. Même procédure durant la période des pluies où les vols des cultures sèches sur pied (manioc, maïs, pomme de terre) se manifestent. Pour terminer, les responsables doivent prendre des mesures importantes en matière de sécurité foncière. L’installation d’un poste avancé de la gendarmerie est aussi un souhait essentiel de la zone. En outre, comme la région d’études est à vocation agricole, il est donc important de trouver des solutions sur l’amélioration de la production.

II - Amélioration des techniques de productions Pour un meilleur équilibre de la vie sociale et une réduction de la pauvreté de la population de commune d’Ambohimasina, la stratégie proposée consistera à l’amélioration des techniques de productions. Il s’agit de la protection de l’environnement et de renforcer les cultures de contre saisons, puis, l’introduction de l’élevage intensif et enfin la vulgarisation de la riziculture à deux saisons.

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A - Protection de l’environnement, renforcement des cultures de contre saisons . 1 - Protection de l’environnement La protection de l’environnement est prioritaire quand nous parlons de développement de la région, car toutes les activités dépendent de ce domaine. La réduction des feux de brousse est primordiale. Pour l’ensemble de la commune, le reboisement est nécessaire par la mise en place des pépinières par fokontany. A titre d’exemple, la plantation de l’eucalyptus et de mimosa est possible, car elles poussent et s’adaptent bien aux conditions physiques et climatiques de la région.

2 - Renforcement des cultures de contre-saison Par ailleurs, le renforcement des cultures de contre-saison ou « voly avotra » est nécessaire pour combler le manque d’aliments surtout au moment de la période de soudure. Puisque, après la période de la moisson, les paysans laissent leurs rizières au repos pendant cinq mois (juin, juillet, août, septembre, octobre). Et durant deux mois et demi (mi-juin jusqu’à la fin du mois d’août) les paysans chôment parce que les travaux agricoles sont rares. Les gens devraient profiter cette situation pour pratiquer les cultures de contre- saison, les rizières étant libres. Par exemple, la plantation des pommes de terre, ou des haricots comme cultures de contre-saison. Les paysans pourront avoir beaucoup d’avantages par cette pratique. La production obtenue par le « voly avotra » est un complément d’alimentation et une nouvelle source de revenu pour le ménage

Si chaque ménage adopte cette technique, les problèmes alimentaires et de revenus n’existeront plus au sein de cette région.

Ensuite pour prévenir les problèmes de culture, il faut bien suivre le calendrier et essayer d’utiliser des techniques simples. Par exemple, l’emploi du sel da cuisine en remplacement des engrais chimiques. Les paysans peuvent aussi utiliser les cendres pour éviter les maladies des plantes et l’attaque des insectes et des parasites.

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Pour obtenir de bon rendement, chaque paysan devrait bien suivre et bien maîtriser le calendrier agricole. Tableau n°22 Calendrier agricole des Haute Terres Centrales Sept Oct. Nov. Déc. Jan. Fèv Mars Avril Mai Jiu Jul Août Cultures Mois Riz Normal Semis Repiquage Récolte

A deux Semis Récolte Repiquage Récolte Semis Repiquage saisons

Pomme de terre 0 0 x

Manioc 0 X

Mais X 0

Patate douce 0 X

Haricot X 0 Source : Enquêtes de l’auteur 2005 X : Semi O : Récolte D’après ce tableau, le calendrier agricole des Hautes Terres Centrales se présente d’une manière simple. En général, le semis se situe au début de la période de pluies, sauf pour le riz de première saison (vary aloha) et les cultures de contres saison. La tenue du calendrier et la gestion du temps pour les paysans se représentent de la manière suivante : Comment composer un calendrier agricole des paysans et mieux gérer le temps sur les Hautes Terres Centrales ? La méthode est simple, il suffit de bien étudier les trois éléments suivants : la pluie, la température, et les événements sociaux. Le tableau ci-dessus offre un modèle de calendrier valable pour les paysans des Hautes Terres Centrales (y compris la commune rurale d’Ambohimasina). Un des problèmes pour les paysans est la non maîtrise du calendrier agricole et les difficultés de gestion du temps de travail. Si les paysans arrivent à maîtriser ce calendrier les problèmes vont être disparaître.

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Ce calendrier agricole s’explique comme suit : Sur les Hautes Terres Centrales, sur un total de précipitations moyennes de 1600 mm par an, la majorité tombe du début de mois d’octobre jusqu’à la fin du mois d’avril. Ensuite, le moment de crachin commence au mois de mai jusqu’en août, tandis que la période sèche débute en septembre jusqu’au début de novembre. Par conséquent, les paysans doivent planter 85 à 90% des cultures de novembre jusqu’au 15 janvier au plus tard, car c’est le moment des pluies normales et on a plus de chaleur. Si on cultive en mars, il n’y aura que 1,5 mois de pluies. Si on cultive dès décembre, il y a cinq mois de cultures. Pour les autres cultures, telles que le maïs, la pomme de terre, la patate douce, le manioc, le haricot, l’arachide, il ne faut pas les cultiver vers le mois de février, car la terre se tasse. C’est aussi le moment des cyclones, donc il y aura trop d’eau. Il faut aussi faire attention parce que vers le 15 mai; il y a le gel. C’est le moment qui marque la séparation de la saison chaude et froide. -Pour la température, il faut bien connaître le moment le plus frais et le plus chaud de l’année. Puisque le gel commence au mois de mai jusqu’en septembre. C’est aussi le moment des cultures de contres saisons : pomme de terre, haricot, légumes, petits pois,…Cela devra s’effectuer sur les rizières après la récolte du riz, et dans les bas-fonds, avec une gestion maximum de l’eau. Nous proposons la technique de « voly avotra » à la population de la commune rurale d’Ambohimasina puis que c’est le moment où les travaux agricoles sont rares et les rizières sont en nombre insuffisant. -Pour les événements sociaux : ils commencent au début de mois de mars jusqu’en octobre. C’est le moment le plus important dans la vie des paysans surtout dans la zone d’études. Il s’agit des fêtes d’écoles, fêtes de l’église, d’inauguration, fête de l’indépendance, mariage, … En outre, il ne faut pas oublier qu’en juillet, août, septembre et octobre se déroule l’exhumation ou « Famadihana », le « Hira Gasy » et les rencontres sportives. Durant cette période, les paysans ne font pas beaucoup des choses. Mais au début de la saison de pluie, il faut penser à la réparation des maisons, des outillages, à la fabrication maximum de compost (engrais biologique) et surtout à la prévision des semences…pour que l’on soit bien préparer pour la prochaine culture. Mais en ce qui concerne l’amélioration de l’élevage, la population peut pratiquer les techniques modernes comme l’introduction de l’élevage des vaches laitières.

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B - Introduction de l’élevage intensif : vache laitière L’élevage bovin y est de type traditionnel jusqu’à nos jours. Il s’agit surtout de l’élevage de boeuf de trait. Mais les essais ont révélé que l’élevage des vaches laitières s’adapte bien à la région d’étude. Pour le moment, un petit nombre de cheptel a été recensé, environ cinq paysans en pratiquent ( 57 ). Pour l’amélioration de l’élevage, du revenu des ménages et de l’alimentation de la population, la vulgarisation de l’élevage des vaches laitières est un des projets à ne pas négliger. En effet, si chaque ménage le pratique, il en résultera l’implantation d’une usine agro-alimentaire (traitement et transformation du lait) dans la région. La race qui s’adapte le mieux à la région est la Pie Rouge Norvégienne (ou PRN) Ensuite, les éleveurs pourraient améliorer la performance des vaches locales et profiteraient de sa rusticité par l’introduction des taureaux PRN et la création d’un centre de monte dans chaque fokontany et même dans chaque village. La commune peut faire appel au bailleur de fonds pour l’achat des taureaux, et elle doit recruter des responsables au niveau de chaque fokontany pour l’occupation des taureaux. La performance dépendra évidement de la qualité de la vache et surtout de la qualité et quantité d’alimentation. En plus, l’alimentation des bêtes doit être constituée d’un apport en excès de fourrages verts, compléter par des tubercules (manioc, patate douce,…). La production laitière constitue une source journalière d’argent liquide permettant à l’éleveur de faire face assez aisément aux besoins journaliers de la famille. Un litre de lait se vend à 400 ariary au minimum, et une vache âgée de sept ou huit ans produit 15 à 16 litres du lait par jour. L’éleveur gagnerait donc 2800 à 3200 ariary par jour. Cette situation est déjà rentable pour les paysans de la commune d’Ambohimasina. La production sera vendue sur place (pour les consommateurs non éleveurs). Cela n’empêchera pas que des collecteurs de l’extérieur puissent venir acheter du lait pour la consommation des autres régions (villes) et pour la transformation.

57 Plan Communal de Développement p-11

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En outre, l’élevage porcin pourrait être développé dans la région. Après l’épidémie de la Peste Porcine Africaine vers l’année 1996 (PPA), cette activité commence à démarrer. Les paysans pratiquent la naisse et l’engraissement des porcins. C’est une activité fortement rémunératrice. Pour l’amélioration du cheptel, un encadrement technique est nécessaire. Tandis que le débouché ne pose pas non plus de problème, car la production pourra être vendue sur place et à l’extérieur, vers Betafo et même à Antsirabe. De même pour les autres activités comme l’élevage des volailles, la pisciculture ; l’adaptation au milieu et le débouché ne posent pas non plus de problèmes. Seulement, l’encadrement technique surtout pour la santé des animaux est nécessaire. Cette filière a donc besoin d’une étude sérieuse. Bref, pour le développement de la région, l’amélioration de l’élevage est inévitable. Par ailleurs, l’augmentation de la production rizicole est aussi prioritaire. La solution pour l’amélioration de la filière rizicole est d’ordre technique et d’ordre organisationnel.

C - Vulgarisation de la riziculture à deux saisons L’une des solutions possibles pour augmenter la production en riz dans la commune rurale d’Ambohimasina est la vulgarisation de la riziculture à deux saisons. En plus les paysans peuvent aussi se lancer dans la plantation du riz pluvial. Pour la riziculture à deux saisons, le milieu physique présente un atout. Les paysans qui n’ont pas assez de rizières pourront bénéficier quand même de deux récoltes dans une même année. L’eau n’est pas difficile à maîtriser dans la région. Les rizières inaccessibles à l’eau (en attendant la pluie pour le repiquage) pourraient être exploitées en période sèche pour la culture de contre saisons (voly avotra) avec l’utilisation de l’eau par système d’arrosage. Quant aux autres rizières de bas fonds bénéficiant en permanence de l’eau, on pourrait y pratiquer la riziculture à deux saisons. Pour la culture de première saison, ou « vary aloha » ; la préparation du sol coïncidera avec la culture de contre saison : mi-juin jusqu’au début de mois de juillet. Le semis devrait s’effectuer au mois de juin. Vers la fin du mois de juillet et début août, sera le repiquage. Jusqu’ au mois de novembre se passeront le suivi, le sarclage et vers la fin du mois de novembre et début décembre, la récolte.

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Pour la seconde saison « vary afara », le semis se sera au début de mois de novembre ; la préparation du sol et le repiquage devront s’effectuer avant le

25 décembre (au plus tard avant la 15 janvier de l’année prochaine). La récolte se fera au mois de mai et ainsi de suite…..Cette pratique diminuera l’insuffisance en riz pendant la période de soudure. Au fur et à mesure que les paysans l’utilisent, l’eau est bien maîtrisée et le temps est bien géré.

Malgré cette bonne conviction de la part des paysans de travailler toute l’année, il n’a demeure pas moins que le problème financier surviendra toujours car il y a le coût de la main d’œuvre et l’achat des matériels, des semences qui exigent des dépenses en plus.

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CONCLUSION DE LA TROISIEME PARTIE

Pour résoudre les problèmes de la région étudiée, des solutions ont été prises par les autorités et les membres de collectivités. Il s’agit en effet de l’autosuffisance alimentaire, de valoriser l’agriculture, d’améliorer le niveau de vie des habitants et de sortir de la pauvreté. Ainsi dans le domaine social, les autorités locales ont pris des mesures plus ou moins efficaces. Ils ont mis en place le « Dinam-pokonolona » et ont renforcé le service de garde des « Andrimasom-pokonolona » pour la sécurité.

L’intervention temporaire des éléments de la gendarmerie a pu contribuer à renforcer la sécurité. Dans l’enseignement, les membres de la collectivité locale ont recruté des enseignants vacataires payés à la charge de l’association des parents élèves. Les travaux de ces instituteurs vacataires peuvent résoudre partiellement l’insuffisance en personnel enseignant dans cette région. L’entraide familiale et communautaire est aussi un moyen efficace pour lutter contre la pauvreté dans la zone. Les ONG

(Organisme Non Gouvernemental) commence leur intervention dans la commune, et des groupements paysans se forment également dans le but de gagner des financements à l’extérieur.

Néanmoins, il y a aussi de propositions des solutions pour le développement à long terme de la région. Elles consistent en général à la réhabilitation et l’extension des infrastructures routières, scolaires et sanitaires déjà préexistants en faisant appel à des bailleurs de fonds.

La population peut prendre sa part d’activité comme fournisseurs de main d’oeuvre et des matériaux locaux existant de la zone.

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Ensuite, l’introduction de l’élevage intensif comme l’élevage des vaches laitières engendrera d’autres activités comme la construction d’une usine agro-alimentaire assurant le traitement du lait.

L’utilisation des méthodes simples sans emploi des produits chimiques pour les cultures est une solution pour les paysans de la région. Le renforcement de la culture de contre-saison peut assurer la sécurité alimentaire des habitants lors de la période de soudure. De même la pratique de la riziculture à deux saisons est un atout pour la zone. Mais cela exige une sécurisation foncière stable. Enfin pour la sécurité des biens et des moyens de production, la mise en place d’un poste avancé de la gendarmerie dans chef lieu de la commune est nécessaire.

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CONLUSION GENERALE

Ambohimasina est l’une des 26 communes du district de Betafo. Il se localise au sud-ouest de la province autonome d’Antananarivo et à 35 km au nord-ouest du chef lieu du district de Betafo. Cette commune a une vocation agricole. Les agriculteurs pratiquent la polyculture associée à l’élevage de type traditionnel. La commune rurale d’Ambohimasina figure parmi les principales productrices agricoles (surtout le riz) du district de Betafo et même au sein de la région de Vakinakaratra. Elle est dotée d’un cadre physique et humain assez favorable à l’agriculture. Les éléments naturels de la zone contribuent au développement des activités agricoles. Le relief ne constitue pas un obstacle. Il convient en général à tous les travaux agricoles. Les habitants commencent à exploiter les « tanety » avec les cultures sèches et le riz pluvial. Les bas-fonds sont aménages en rizières et en champs de cultures. Le climat tropical d’altitude à deux saisons satisfait aux cultures et à la pratique de l’élevage. Les cours d’eau assurent les besoins en eau de la culture. La région est peuplée bien avant l’arrivée des premiers missionnaires norvégiens en 1869. Les descendants des « Taranak’Andriamasinavalona », merina occupent la région jusqu’à nos jours. La population est actuellement jeune (plus de 52% des habitants de la commune se situe entre la tranche d’âges de 0 à 18 ans et de 49,5% pour la population enquêtée) avec une taille de ménage de 6,8 personnes par ménage. Jusqu’aujourd’hui, les activités agricoles de cette population sont basées sur l’agriculture traditionnelle qui utilise encore des techniques et équipements rudimentaires. La production assez variée, n’arrive pas à subvenir au besoin de la population. La vente des produits agricoles constitue la principale source de revenu des ménages de la zone. Mais durant la période de soudure, les habitants doivent s’endetter par le de système de « Varo-maitso » pour combler le manque en alimentation. Le « Varo-maitso » existe encore mais c’est une pratique qui ne fait qu’aggraver les difficultés économiques de la région, puisque la vente des récoltes sur pied diminue la production disponible chez les ménages.

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En effet, la caisse des ménages connaît des problèmes chaque année, car le budget des ménages a connu un déficit moyen mensuel de 3637 ariary (ou 18 185 fmg). Ce déficit s’explique par plusieurs causes. La détérioration du terme de l’échange, la difficulté d’accès au financement, ainsi que le manque d’encadrement en vue des techniques plus productives et l’impossibilité de l’extension de l’espace cultivé (surtout pour la riziculture).Le mauvais état des infrastructures publiques telles que les routes, les écoles, les centres sanitaires et l’insuffisance du personnel enseignant et médical ne sont pas pour améliorer la situation. Le problème foncier, le vol des récoltes sur pied ou le maraudage , le « Varo- maitso », la vente de terrains sont les principales sources du déficit budgétaire des ménages. Pour résoudre ces problèmes, de nombreuses solutions ont été avancées. Les autorités ont pris des mesures d’ordre social. Les travaux collectifs des habitants, les groupements des paysans ayant le même objectif, l’appel aux Organismes Non Gouvernementaux sont des mesures possibles pour améliorer la situation économique des habitants de la zone. Le « Dinam-pokonolona », l’intervention temporaire de la gendarmerie et le recrutement d’instituteurs vacataires ont résolu en partie les problèmes d’insécurité et le manque d’enseignant. Quelques propositions visant à améliorer le niveau de vie des agriculteurs ont été également avancées : réhabilitation et extension des toutes les infrastructures préexistantes : routes, écoles, infrastructures sanitaires. Il y a aussi la proposition de protection de l’environnement par l’utilisation des techniques simples (sans utilisation des produits chimiques), le reboisement, l’introduction de l’élevage intensif (comme la vache laitière) favorisant l’installation d’une usine agro-alimentaire dans la zone et contribuant à l’amélioration du revenu des ménages. Ce sont des projets à long terme s’adaptant bien au milieu. Le respect du calendrier agricole aiderait les paysans à maîtriser et à bien gérer le cycle cultural. Le renforcement de la culture de contre-saison, la régularisation de la propriété foncière sont des projets primordiaux pour le développement du secteur agricole dans la zone.

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En raison de tous les facteurs que nous avons évoqués au cours de cette étude, la commune rurale d’Ambohimasina a toujours du mal à atteindre le développement économique. Ainsi se termine ce travail qui a essayé de traiter les difficultés économiques d’une commune rurale malgache. Des zones d’ombres persistent encore, mais il a le mérite d’ouvrir à la voie des études ultérieures plus approfondies.

76 BIBLIOGRAPHIE HISTOIRE -ARCHIVES NORVEGIENNES: Tantaran’ny Fiangonana Loterana Malagasy Trano Printy Loterana. Antananarivo; 1967, 279 p

-ARCHIVES NORVEGIENNES: Tantaram-piangonana Distrika Ambohimasina. Fiobe Norvezianina Isoraka Antananarivo.1900, 19 p

-JOUANNETAUD (Lieutenant): Notes sur l’histoire de Vakinakaratra . Antananarivo ; 1900 ; 90 p

- RAKOTOARISOA Marie H.Ony : Le maîtrise de l’eau et les empreintes de l’homme Mandritsara le mal nommé : Mémoire de CAPEN Antananarivo 1996 91p

GEOGRAPHIE -BOURGEAT (F), PETIT (M) : « Contribution à l’étude des surfaces d’applainissement sur es Hautes Terres Centrales Malgaches »: in : Les Annales de géographie Madagascar .1969. 188 p

-DELBOS (L) : Les Granites des Ambatomainty de Behenjy et de Vavavato près d’Antananarivo : Services Géologiques d’Antananarivo 1957 76 p

-FRANCOISE LE BOURDIEC : Hommes et Paysage du riz à Madagascar . Etude de géographie Humaine ; ED. FTM 639 P -GUIGES (J) : Etudes Géologiques des feuilles Ramartina et Mandoto ; BGT1949. 48 p

-GUIRET (R) ORLOFF, DUCLOS, DAVID : Etudes Géologiques dans les feuilles d’Antsirabe, Mandoto, Soavinandriana, Ramartina et Miandrivazo , BGT ; 1949 48 p

-INSTAT : Guide Statistique de Poche n°1 ; Antananarivo, 2003.32–p

-INSTAT : Enquête prioritaire auprès des ménages ; 1999, 2000, 2001, 2002.

-MINISTERE DE L’INTERIEUR : Monographie de Fivondronana de Betafo année 2001 .212 p

-MINISTERE DE L’INTERIEURE : Monographie de District de Betafo année 2005 . Antananarivo 2006. 22 p

-MINISTERE DE L’AGRICULTURE : Monographie de le Région d’Antananarivo Année 2001 ; Directeur Inter-régionale de l’agriculture d’Antananarivo Unité Pour le Développement Rural (UPRD).314 P

-RABETSITONTA (T) : Démographie : Concept et analyse avec illustrations numériques Antananarivo 1987. 159p

-RAMAHATTRA Rolland : Evaluation Participative de la pauvreté , Antananarivo 1993.154p

- RAHARIJAONA. RINASOA (R): Le marché financier rural dominé par les prêteurs traditionnels. In LES NOUVELLES -Economie Jeudi 13juillet 2006 p-22

RAZANAVAHY Heriniaina : Culture Commerciale et difficultés économiques en milieu rural des Haute Terres Centrales Malgaches : cas de la parie orientale de la commune rurale d’Ambongamarina Anjozorobe . Mémoire de CAPEN année 2005 89p

-REPUBLIQUE DE MADAGASCAR : Document Stratégique pour Réduction de la Pauvreté 2003. 136p

-SAUVY (A) : Elément de démographie ; Edition PUF Paris1993. 381p

-STATECO : Méthode Statistique et Economique pour le Développement et la Transition Paris ISSE 2005. 195P

ANNEXES

Fiche questionnaire :

FANADIHADIANA ISA-TOKANTRANO MOMBA NY TANTSAHA

I) FILAZANA MOMBA NY TOKANTRANO

A) Loham-pianankaviana : Lahy:…………….Vavy:……………. Tanàna:…….. 1-AdiresyFKT/………………………… 2-taona sy toerana nahaterahana:…………….taona nahatongavana teto:………… 3-kilmasy nijanonana t@ fianarana:….diplôme:……asa atao:……toerana iasana…….

B) Momba ny vadinao: 1- taona sy toerana nahaterahana:…………..taona nahatongavany teto:……… 2-kilmasy nijanonana t@ fianarana:….diplôme:……asa atao:……toerana iasana:….

C) Momba ny tokantrano 1-Isan’ny zaza nateraka:…….iza avy:…….lahy……….vavy.

Zaza1 Zaza2 Zaza3 Zaza4 Zaza5 Zaza6 Zaza7 Zaza8…………. Daty,toeranan nahaterahana Asa/kilasy

2-firy ny zaza teraka tamin’ny janvier 2004-à janvier2005 3-firy ny olona maty……….latsaky ny 1 taona…… 4-inona avy andraikitra eo @: - fiarah-monina…… -fiangonana……… -hafa………………

II- LAFINY SOSIALY SY FIDIRAM-BOLA

A) FIDIRAM-BOLA

KARAZANY VOLA AZO FAHARETANY Karama Hofan-trano Hofan-tany Varotra Vidim-bokatra Azo @ fiompiana Hafa Totaliny

B)-FANDANIAM-BOLA

Karazany Vola lany Fotoana Sakafo Fitafy Fianaran’ny ankizy Fitsaboana, danafody Fitanterana, Adidy (fiangonana, fokontany…) Hofan-trano, hofan-tany Hafa Totaliny

D)-FANAKA AO AN-TRANO KARAZANY ISA Radio Fanaka Moto Bisikileta Hafa

E)-FANANAN-TANY

KARAZANY REFY Tanimbary Tanimboly

F)-ISAN’NY BIBY FIOMPY

Karazany Isa Omby Kisoa Akoho, vorona

-Fanontaniana fanampiny - Inona no tena olana (ara-toe-karena) misy eo @ tokantranonareo? - Misy ve fanampiana azo avy any ivelany, (inona avy, fotoana manao ahoana ….)? - Inona avy ireo vaha olana efa naroso ho fanatsana ny faripiainanreo? Nahomby ve?

ANNEXE-II SENS DU TERMES ET EXPRESSION MALAGASY

«Aleo maty rahampitso toy izay maty androany » : proverbe malagasy qui se traduit littéralement « mieux vaut mourir demain qu’aujourd’hui », et qui signifie, tant qu’il aurait possibilité de survivre, il faut accepter les propositions ou les actes.

« Mpitrongy vao homana » : Terme utilisé par la population locale pour désigner les familles qui dépendent des travaux journaliers pour pouvoir survivre.

« Sahirana » : Terme utilisé par la population pour désigner les familles pauvres.

« Sahirankirana » : Terme utilisé par la population pour désigner les familles de conditions de vie moyenne.

« Valin-tànana » : Mode de coopération entre villageois qui consiste à former un groupe dans lequel, chaque membre bénéficie d’un travail collectif des tous les membres à tour de rôle.

« Varo-maitso » : C’est la vente des cultures vertes sur pieds, qui est une sorte de crédit octroyé par les riches aux pauvres pendant la période de soudure remboursable en nature (généralement en paddy) au cours de la moisson. Les quantités données aux prêteurs sont en fonction du contrat établit entre les deux personnes dans lequel ne figure que le montant fictif de l’emprunt.

« Tanety » : Terme utilisé techniquement par les agronomes (scientifiques) ou les forestiers pour désigner les parties autres que les colluvions de bas des pentes, les vallons et vallées. ANNEXE-III Tableau n°23 Catégorisation sociales et économiques des ménages enquêtés.

Source : Enquêtes de l’auteur 2005 Catégorisation caractéristiques Répartition -Propriétaires des rizières entre 2 à 5 ha et des terres sur «tanety» pour les autres cultures -Propriétaires de moyen et matériels de production en nombre suffisant : des charrues, herses, charrettes, sarcleuses,… Ambohimasina : 15 % -Dépendance de main Andranomanjaka : 7 % Catégorie 1 : Familles d’oeuvre vis-à-vis des Antsomangana : 6 % aisées, autosuffisances en autres Soanerana : 8% alimentation. -Commerçants détaillants Talatan’Antoby : 10 % -Mandataire de cultures vertes vendues « Varo- maitso » -Pratiquant l’élevage porcin destiné à l’engraissement et à des fins commerciales en nombre voulu sans contrainte -Autosuffisance en riz toute l’année avec des excédents -Revenus suffisants pour supporter les frais

médicaux et les besoins éducatifs des enfants jusqu’à la fin des classes secondaires du second cycle à Betafo, à Antsirabe même à Antananarivo -Propriétaires des rizières de 1 à 2 ha et des « tanety » dentinés aux Ambohimasina : 15 % autres cultures Andranomanjaka : 29 % Catégorie 2 : -Propriétaires de moyens Antsomangana : 23 % Familles des conditions de productions en nombre Soanerana : 10% de vie moyennes réduit : 2 à 3 zébus, 1 Talatan’Antoby : 12 % charrue, 1 herses, 1 charrettes -Plus du temps consacrés à la main d’oeuvre familiale que celle d’autrui -Dépendant de l’usure de paddy sur un à deux mois (insuffisance en riz) -Endettement par le système d’usure argent en ergent -Revenu ne pouvant assurer que des besoins de santé primaire et ne pouvant supporter les frais éducatifs pour les classes secondaires du premier cycle à Ambohimasina

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-Propriétaires des rizières moins de 1 ha et de «tanety» de surface réduite -Propriétaire de moyen de production très réduite : (0 zébus), 1 herse, 1 charrue, pas de charrette -Très dépendante des cultures vertes vendues Ambohimasina : 50 % durant la période de Andranomanjaka : 40 % Catégorie 3: soudure (plus de 4 mois Antsomangana : 46 % Familles pauvres à faibles dans l’année) Soanerana : 61 % revenus -Endettement par le Talatan’Antoby : 45 % système d’usure argent argent -Main d’oeuvre familiale presque en totalité sauf en cas de « Valin-tanana » ou « Findramana » -Pratiqué de l’élevage porcin pour subvenir en cas d’urgence -Revenu faible ne pouvant supporter les besoins médicaux primaires -Les enfants abandonnent l’école à la fin des classes primaires -Familles nombreuses

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-Paysans sans terres, plus précisément sans rizière mais avec un petit lopin de terre sur « tanety » dans la plupart du cas -Dépourvues de moyen de Ambohimasina : 20 % Catégorie 4 : production sauf Andranomanjaka : 24 % Familles très pauvres « l’angady » ou bêche Antsomangana : 25 % traditionnel Soanerana : 21 % -La main d’oeuvre agricole Talatan’Antoby : 30 %/ est la seule source de revenue familiale Ils n’ont pas accès au crédit même au système de « Varo-maitso » Endettement sous forme de remboursement par main d’oeuvre pour satisfaire aux besoins quotidiennes : en nourritures, en santé, et à l’éducation des enfants qui ne dépasse pas le niveau primaire -Familles très nombreuses

115 ANNEXE-IV

Tableau n°24 MATERIEL DE PRODUCTION DE LA COMMUNE Fokontany Charrette Charrue Herse Pulvérisateur Batteuse Brouette Ambohimasina 40 74 85 1 2 2 Amboanjobe 25 67 71 1 Soanerana 60 100 137 2 4 1 Belanitra 57 110 157 Ambohibary 29 105 148 2 Antsomangana 57 120 178 1 1 Ambohijanahary 52 98 133 1 Andranomanjaka 59 120 177 1 Talatan’antoby 55 102 165 1 1 Antokomaro 37 71 80 Antanimasaka 15 48 71 4

Source : Plan Communal de Développement.

Nom : RABARISOLOSON NIRINA Prénom : Fenomanantsoa Jean Emilson

Titre du mémoire :

Difficulté de développement économique d’une commune rurale malgache : cas d’Ambohimasina district de Betafo

Nombre de page : 76 Nombre des cartes : 06 Nombre des photos : 11 Nombre des figures : 03 Nombre de tableau : 24 RESUME Ambohimasina est une commune rurale située au nord-ouest de la ville de Betafo. C’est une zone à vocation agricole, isolée. Les éléments naturels et humains sont assez favorables au développement des activités agricoles. La production est variée mais demeure insuffisante, vu l’accroissement rapide de la population. Ainsi, la pauvreté de la commune (budget des ménages au dessous du seuil de la pauvreté, une économie en difficulté) est plus qu’évidente. Pour redresser la situation, les responsables doivent intervenir dans plusieurs domaines : éducation, santé, vulgarisation des techniques agricoles, amélioration de l’économie rurale, et surtout le niveau de vie des ménages.

Mots clés : revenu, dépenses, seuil de pauvreté, « Varo-maitso », période de soudure, pauvreté, niveau de vie, développement économique. Directeur de Mémoire : ANDRIANARISON Arsène Maître de Conférences à l’Ecole Normale Supérieure

Adresse de l’auteur : Mangaika, FKT Andranomanjaka, CR Ambohimasina District de Betafo (113)