E2011 Évaluation environnementale stratégique (EES) du PNFoCo - AGRECO

V.1 ETUDE D’IMPACT SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL (EISE) DU FONDS COMMUN MULTI BAILLEURS (FC) ET DU DON DE L’IDA DANS LE CADRE DU PROGRAMME NATIONAL FORETS ET Public Disclosure Authorized CONSERVATION DE LA NATURE (PNFOCO)

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EVALUATION ENVIRONNEMENTALE STRATEGIQUE (EES)

Public Disclosure Authorized Version finale

Septembre 2008

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Évaluation environnementale stratégique (EES) du PNFoCo - AGRECO

TABLE DES MATIERES

RESUME EXECUTIF – EVALUATION ENVIRONNEMENTALE STRATEGIQUE (EES)...... 7 EXECUTIVE SUMMARY – STRATEGIC ENVIRONMENTAL ASSESSMENT (SEA)...... 8 1 PREAMBULE...... 9 1.1 COMMENTAIRES PRELIMINAIRES SUR LE DOCUMENT DE PRESENTATION DU PNFOCO...... 9 1.2 LES QUESTIONS EN SUSPENS...... 9 1.3 LES MODIFICATIONS PROPOSEES A LA STRUCTURE DU PROGRAMME ...... 10 2 INTRODUCTION...... 11 3 DESCRIPTION DE L’EQUIPE DE REALISATION...... 13 4 DESCRIPTION DE LA METHODOLOGIE REALISEE...... 19 5 DESCRIPTION MILIEU PHYSIQUE...... 22 5.1 DESCRIPTION GENERALE...... 22 5.2 GEOLOGIE ...... 23 5.3 PEDOLOGIE...... 23 5.4 RELIEF ...... 24 5.5 CLIMATOLOGIE ...... 24 6. ÉTAT DU MILIEU NATUREL FORESTIER ...... 26 6.1 SURFACES FORESTIERES CONCERNEES PAR L’EXPLOITATION...... 28 6.2 FORET TROPICALE ET FLUX DE CARBONE ...... 28 6.2.1 État de la biodiversité ...... 28 6.2.2 Connaissances générales...... 29 6.2.3 Biodiversité végétale ...... 29 6.2.4 Biodiversité animale ...... 29 6.2.5 État de l’exploitation forestière ...... 31 6.2.6 État de la conservation ...... 33 6.3 LES PRINCIPALES MENACES SUR LA BIODIVERSITE ...... 34 6.3.1 Généralités ...... 34 6.3.2 Dans les zones d’exploitation forestière industrielle en activité...... 34 6.3.3 Dans les zones d’exploitation forestière industrielle dont les activités sont arrêtées ...... 37 6.3.4 Dans les concessions forestières où l’activité n’a pas commencé...... 37 6.3.5 Dans les zones d’exploitation forestière artisanale...... 38 6.3.6 Au niveau des aires protégées...... 39 6.3.7 Dans les zones d’accès libre aux ressources ...... 40 7 DIAGNOSTIC SOCIAL...... 42 7.1 ÉTAT DE LA SITUATION SOCIOECONOMIQUE DANS LA ZONE PILOTE DU PNFOCO ...... 42 7.1.1 Peuplement...... 42 7.1.2 L’agriculture et ses besoins en terres forestières ...... 43 7.1.3 Population et densités humaines ...... 44 7.1.4 Populations urbaines, consommation des produits de la forêt et sécurité alimentaire ...... 45 7.1.5 Flux migratoires ...... 47 7.1.6 Flux migratoires et accès aux ressources naturelles : ...... 48 7.2 LES INFRASTRUCTURES DE TRANSPORT ...... 49 7.3 CONDITIONS DE VIE ET ACCES AUX SERVICES...... 51 7.4 LES REVENUS MONETAIRES ...... 52 7.5 LES PEUPLES AUTOCHTONES FORESTIERS...... 53 7.5.1 Notions d’autochtonie en RDC...... 53 7.5.2 Localisation...... 56 7.5.3 Relations interethniques ...... 57 7.5.4 Relations avec les différents modes de gestion forestières ...... 58 8 PRESSIONS EXTERIEURES ET PERSPECTIVES...... 62 9 CADRE DE POLITIQUE DU SECTEUR...... 66 9.1 LES CONVENTIONS INTERNATIONALES ...... 66

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9.1.1 Le secteur forestier congolais et les conventions internationales environnementales y relatives ratifiées par la RD CONGO ...... 67 9.1.2 Le secteur congolais de la conservation et les conventions internationales environnementales y relatives ratifiées par la RD CONGO...... 68 9.1.3 Les conventions se rapportant à la fois au secteur forestier et à celui de la conservation ...... 70 9.2 LES CADRES DE POLITIQUES DE L’ETAT...... 73 9.2.1 Document de la Stratégie de Croissance et de Réduction de la Pauvreté (DSCRP)...... 73 9.2.2 La politique environnementale ...... 73 9.2.3 La Politique d’aménagement du territoire ...... 73 9.2.4 La Politique de Décentralisation...... 74 9.3 LE MINISTERE DE L’ENVIRONNEMENT ...... 74 10 CADRE LEGAL DU PNFOCO...... 75 10.1 LA CONSTITUTION ...... 75 10.1.1 Les statuts des ressources naturelles, et notamment forestières...... 75 10.1.2 La place de la coutume dans le système juridique congolais...... 75 10.1.3 La problématique « pygmée » en RD CONGO ...... 76 10.2 LE CODE FORESTIER ...... 77 10.2.1 L’économie générale de la réforme forestière introduite par le code forestier...... 77 10.2.2 Les grands axes de la réforme forestière...... 78 10.2.3 Le processus d’élaboration des mesures d’application du code forestier et les textes déjà produits ...... 80 10.3 LE CADRE JURIDIQUE DE LA CONSERVATION DE LA NATURE ...... 80 10.3.1 Les textes légaux et réglementaires...... 80 10.3.2 Le statut juridique de la faune et autres questions connexes...... 81 10.3.3 Les mécanismes d’incitation à la conservation et contribution du système à la réduction de la pauvreté...... 81 10.3.4 La question délicate des zones tampons aux aires protégées...... 82

10.4 LE CADRE JURIDIQUE DE GESTION DES TERRES - L’ECONOMIE GENERALE DU DROIT FONCIER CONGOLAIS TIRE DE LA REFORME DU 20 JUILLET 1973...... 82 10.4.1 Bref rappel des éléments historiques ...... 82 10.4.2 Les axes principaux du droit foncier congolais...... 83 10.4.3 Le statut des droits fonciers des communautés locales dans la loi du 20 juillet 1973...... 83 10.5 LE CADRE JURIDIQUE DE LA DECENTRALISATION TERRITORIALE, ADMINISTRATIVE ET POLITIQUE ...... 84 10.5.1 Introduction...... 84 10.5.2 La répartition des compétences entre le pouvoir central et les provinces...... 84 10.6 LES ASPECTS LEGAUX LIES AUX DEMANDES DE FONDS ...... 85 11 DESCRIPTION DU PNFOCO ...... 86

11.1 CONCEPT GENERAL ...... 86 11.2 OBJECTIFS...... 87 11.3 RESULTATS ATTENDUS...... 88 11.3.1 Composante 1 : Renforcement institutionnel ...... 88 11.3.2 Composante 2 : Appuis transversaux : zonage participatif et vulgarisation du Code forestier ... 89 11.3.3 Composante 3 : Conservation de la nature...... 90 11.3.4 Composante 4 : Contrôle et Aménagement des forêts de production ...... 90 11.3.5 Composante 5 : Foresterie rurale...... 91 11.3.6 Composante 6 : Environnement...... 91 12 ANALYSE DES IMPACTS POTENTIELS DU SCENARIO « SANS PROGRAMME » ...... 93 12.1 IMPACTS SOCIAUX ET ECONOMIQUES (MILIEU HUMAIN) ...... 93 12.1.1 Dans le secteur de l’exploitation forestière industrielle ...... 93 12.1.2 Dans le secteur de l’exploitation forestière artisanale...... 95 12.1.3 Dans le secteur de la conservation ...... 95 12.2 IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX (MILIEU NATUREL)...... 95 12.2.1 Exploitation forestière industrielle...... 95 12.2.2 Exploitation forestière artisanale ...... 96 12.2.3 La gestion des aires protégées ...... 96 13 DEFINITION DES DIFFERENTES ALTERNATIVES ETUDIEES ...... 97 13.1 METHODE ET DEMARCHE UTILISEE ...... 97

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13.1.1 Préparation de l’état des lieux et analyse fonctionnelle du programme ...... 97 13.1.2 Atelier d’enrichissement et d’identification des alternatives ...... 97 13.1.3 Atelier de validation ...... 97 13.2 RESULTATS...... 98 13.2.1 Composante 1 : Renforcement institutionnel ...... 98 13.2.2 Composante 2 : Appuis transversaux...... 99 13.2.3 Composante 3 : Conservation de la nature...... 100 13.2.4 Composante 4 : Contrôle et aménagement des forêts de production...... 101 13.2.5 Composante 5 : Foresterie rurale...... 102 13.2.6 Composante 6 : Environnement...... 102 14 ANALYSE DES IMPACTS POTENTIELS DU PROGRAMME AMELIORE (ALTERNATIVES RETENUES) ...... 104 14.1 IMPACTS SOCIO-ECONOMIQUES ...... 104 14.1.1 Exploitation forestière industrielle...... 105 14.1.2 Exploitation forestière artisanale ...... 105 14.1.3 La gestion des aires protégées ...... 105 14.2 IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX...... 106 14.2.1 Exploitation forestière industrielle...... 106 14.2.2 Exploitation forestière artisanale ...... 106 14.2.3 La gestion des aires protégées ...... 107 15 METHODE ET RESULTAT DE LA CONSULTATION PUBLIQUE...... 108 15.1 INTRODUCTION...... 108 15.2 GROUPE CIBLE ...... 109 15.3 METHODOLOGIE ...... 109 15.4 SYNTHESE DES RESULTATS ...... 110

ANNEXE

Annexe 1 : Résultat détaillé de l’analyse environnementale

- 4 - Évaluation environnementale stratégique (EES) du PNFoCo - AGRECO

ÉVALUATION DE L’IMPACT ENVIRONNEMENTAL ET SOCIAL DU PROGRAMME NATIONAL FORET ET CONSERVATION

INDEX DES RAPPORTS

Documents de politiques

Cadre de Cadre de Cadre de Cadre de gestion Gestion du politique de Politique pour Cadre environnement Patrimoine réinstallation les peuples fonctionnel ale et sociale Culturel involontaire autochtones (CF) (CGES) (CGPC) (CPRI) (CPPA)

Évaluation Environnementale Stratégique du PNFoCo (EES)

EES COMPOSANTES PNFoCo

Document de référence et d’analyse

VOLUME II DE L’EES-CGES

Termes de référence de l’EES Description PNFoCo État des lieux Analyse environnementale et sociale du programme

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LISTE DES ACRONYMES

BM Banque Mondiale CCP Cellule de Coordination du Projet CF Cadre Fonctionnel CGES Cadre de Gestion Environnementale et Sociale CGPC Cadre de Gestion du Patrimoine Culturel CPPA Cadre de Politique pour les peuples Autochtone CPR Cadre de Politique de Réinstallation DSCRP Document de Stratégie de Croissance et de Réduction de la Pauvreté EIES Étude d’Impact Environnemental et Social EES Évaluation Environnementale Stratégique HNC Habitat Naturel Critique MECN-T Ministère de l'Environnement, Conservation de la Nature et tourisme OP/PO Politique Opérationnelle PAP Personne Affecté par le Projet PAR Plan d’Action de Réinstallation PGES Plan de Gestion Environnementale et Sociale PMURR Programme Multisectoriel de Réhabilitation et de Reconstruction PNAE Plan National d’Action Environnementale PNFoCo Programme National Forêt et Conservation RE Responsable Environnement RDC République Démocratique du Congo RPC Ressources qui constituent un Patrimoine Culturel

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RESUME EXECUTIF – EVALUATION ENVIRONNEMENTALE STRATEGIQUE (EES)

L’évaluation environnementale stratégique du PNFoCo est le fruit d’une analyse environnementale réalisée de façon participative et menée par les principaux intervenants nationaux et internationaux des secteurs de la forêt et de la conservation encadrés par l’équipe d’experts du consultant.

L’analyse est basée sur un état des lieux qui a été préparé par le consultant sur la base des documents existants et d’enquêtes menées auprès des intervenants et populations concernées dans les régions pilotes du programme.

Les résultats de cette analyse, synthétisés dans la section 12 à 14 et donnés en détail en annexe, fournissent un nombre important de mesures d’atténuation qui sont en majorité à prendre en compte pendant la phase de planification et de préparation du programme.

L’analyse a permis d’identifier des aspects négatifs de la situation actuelle tels que : - la méconnaissance de la qualité des aires protégées existantes et de la biodiversité qu’elles renferment ne permet pas d’élaborer un schéma de conservation optimale ; - la faible capacité des populations rurales en marge des concessions forestières à connaître, à défendre et à négocier leurs droits notamment ceux qui leur sont alloués par le code forestier ; - la biodiversité est grandement en danger du fait des pressions effectuées par les populations notamment du fait de l’amélioration de l’accessibilité créée par les concessions forestières industrielles et les migrations des populations en quête de travail /revenu. Il a également été démontré que ces pressions ne diminueront pas du fait que les concessions aménagées cessent leur activité ; - les retombées économiques locales ou régionales de l’exploitation forestière industrielle et artisanale restent à démontrer ; - d’importantes lacunes on été observées dans le domaine de la gestion du territoire avec le chevauchement des utilisations « légales » d’un même territoire. Les permis miniers dans les aires protégées et les concessions forestières qui englobent d’importantes zones d’agriculture sont des exemples frappants de cette problématique.

Beaucoup d’autres aspects négatifs ont été identifiés, l’EES en modifiant, aménageant ou définissant de nouvelles stratégies d’intervention pour le PNFoCo, contribue à réduire ces aspects/ impacts négatifs et essaie d’optimiser le programme dans sa planification et l’adaptation de ces projets.

Pour que l’essence de ce rapport puisse être utilisée, il est essentiel que les responsables de la planification du programme et des projets qu’il englobe s’approprient cette étude et intègrent et aménagent les recommandations dans le processus de préparation et de gestion du programme.

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EXECUTIVE SUMMARY – STRATEGIC ENVIRONMENTAL ASSESSMENT (SEA)

The strategic environmental assessment of the PNFoCo is the result of a participatory environmental analysis carried out to a large extent by the stakeholders of the forest and nature conservation sector, coordinated by the team of professionals of the consultant.

The analysis is based on a baseline survey prepared by the consultant, using the existing documentation and the results of surveys conducted at the level of the stakeholders and populations concerned in the programme’s pilot regions.

The results of this analysis, synthesized in sections 13 to 15 and detailed in appendix, provide an important number of mitigation measures which are largely to be taken into consideration during the programme planning and preparation phase.

The analysis has allowed the identification of negative aspects of the current situation, such as: - the lack of knowledge of the quality of the existing protected areas and of the biodiversity they harbour does not allow the elaboration of an optimal conservation scheme; - the weak capacity of the rural populations neighbouring forest concessions to know, defend and negotiate their rights, in particular those granted by the forest code; - the biodiversity is strongly threatened by the pressure exerted by the populations, notably because of the improved access created by the industrial forest concessions and of the migration of populations in search of work/income. It has also been demonstrated that this pressure will not diminish because certain concessions will cease their activity; - the local or regional economic benefits of the industrial and artisanal forest exploitation remain to be demonstrated; - important gaps have been observed in the field of the management of the territory with the straddling of different “legal” uses of a same territory. Mining concessions in protected areas and forest logging concessions that incorporate important agricultural areas are striking examples of this issue.

Many other negative aspects have been identified, the SEA, by modifying, adjusting or defining new intervention strategies for the PNFoCo, contributes to reducing these negative aspects/impacts and tries to optimise the programme in its planning and the adaptation of its projects.

In order for the essence of this report to be used, it is crucial that those in charge of the planning and preparation of the programme and the projects it comprises take ownership of this study and integrate and accommodate the recommendations in the process of programme preparation and management.

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1 PREAMBULE

Ce préambule constitue les réflexions du consultant, suite à l’analyse de la situation initiale et du programme national forêt et conservation, qu’il croit pertinent de partager avec les parties engagées dans la mise en œuvre du programme. Ces dernières représentent la perception du consultant suite au travail mené. Des pistes de solutions, qui ne sont pas du ressort de cette évaluation environnemental, sont présentées.

1.1 COMMENTAIRES PRELIMINAIRES SUR LE DOCUMENT DE PRESENTATION DU PNFOCO

Le Programme National Forêt et conservation (PNFoCo) tel qu’il a été soumis au consultant pour analyse en février 2008 correspond plus à une lettre d’intention qu’à un programme structuré. Le programme à besoin d’évoluer autant dans sa structure que dans sa logique pour assurer une planification adéquate des différentes interventions et éviter les confusions.

Au sein des partenaires il semble qu’il existe encore d’importantes ambigüités en ce qui concerne le fonctionnement du PNFoCo. Beaucoup voient le programme comme s’il n’était qu’un projet parmi tant d’autres et non comme un programme fédérateur des actions dans le secteur. Il est de mise que les aspects de coordination de l’ensemble des actions dans le domaine forestier et de la conservation passent par le programme. Cela pour s’assurer de leur cohérence avec les démarches promues par le gouvernement dans les différents secteurs et sous-secteurs et pour que le programme puisse vérifier la compatibilité environnementale des actions, assurer une meilleure coordination entre les différents acteurs et bailleurs et pour que les différentes directions du ministère puissent être impliqués et jouer le rôle qui leur est dévolu. Ces aspects méritent d’être mieux définis dans le document de programme final pour que tous les acteurs comprennent les enjeux de cette coordination nationale qui a fait grandement défaut par le passée et qui est une des causes de la situation telle qu’elle est vécue aujourd’hui.

1.2 LES QUESTIONS EN SUSPENS

Le PNFoCo est présenté comme un programme-cadre pour la mise en œuvre du Code forestier et de ses décrets d’application et pour la valorisation des services environnementaux et la gestion environnementale et sociale à l’échelle nationale. Toutefois, ce programme est en train de se mettre en place alors que la RDC ne s’est pas encore dotée d’un document intitulé « Politique forestière ». Il est vrai que les nombreux décrets d’application qui ont été mise en application dans les derniers 18 mois (voir liste en annexe 1) et l’agenda prioritaire joue le rôle de politique mais cela mériterais d’être arrêté et défini dans un document de politiques ce qui rendrait l’approche du gouvernement à cet égard plus transparent.

Le processus de conversion des titres forestiers (garanties d’approvisionnement et lettres d’intention) en contrats de concession forestière bien que très avancée n’est pas encore terminé lors de la remise de ce rapport, alors que la situation finale qui découlera de l’exercice (superficies concernées, localisations, etc.) aura un impact important sur plusieurs composantes du programme. Ainsi, il est possible d’envisager qu’il sera difficile de boucler le montage définitif du programme tant et aussi longtemps que ces importants éléments ne seront pas finalisés.

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Par ailleurs il y a lieux de savoir avec précision si, selon le Code forestier, les Réserves forestières sont considérées, sensu stricto, comme des aires protégées ? La réponse à cette question qui est toujours d’actualité aura un impact important sur les objectifs du PNFoCo en matière de protection de la biodiversité

Pour des questions de durabilité de la filière Il serait pertinent de calculer dans quelle mesure le MECN-T pourra, au titre des charges financières, effectuer le contrôle effectif de l’exploitation forestière, selon les mesures décrites au PNFoCo, après le programme, à partir des seules redevances et taxes perçues prévues au Code forestier. Le PNFoCo devrait être en mesure de définir les coûts réels du contrôle environnemental et social et pourrait les faire assumer par l’exploitation à moyen terme sur la base du principe de pollueur-payeur

Le territoire congolais est soumis à une forte pression pour l’exploitation de ses ressources naturelles, notamment par l’exploitation minière, la spéculation qui sévit dans ce secteur et bientôt par la prospection pétrolière, et finalement par l’exploitation forestière industrielle et artisanale. Le développement de ces secteurs et leur emprise toujours plus importante sur le territoire national remet en cause la possibilité de sécuriser voire d’augmenter les surfaces des zones de conservation et d’atteindre les objectifs nationaux fixés dans le code forestier. La définition des grandes affectations du territoire va au-delà des prérogatives du MECN-T par contre son travail en dépend directement. Il serait opportun que les plus hautes instances du pays puissent initier une démarche allant en ce sens par l’élaboration du Plan de zonage forestier national, prévu depuis plusieurs années.

1.3 LES MODIFICATIONS PROPOSEES A LA STRUCTURE DU PROGRAMME

Le document du PNFoCo ne présentait pas de structure institutionnelle pour la gestion du programme. Bien que cela ne fasse pas partie de son mandat le consultant, pour les besoins de la structuration institutionnelle de la gestion environnementale, a préparé un projet de structure de gestion du programme qu’il a intitulé Cellule de Coordination du Programme, qui a été validé en atelier. Cette structure tient compte des principaux besoins du programme en termes de technicité et de gestion.

Le consultant a débuté une structuration du programme en divisant les composantes en sous composantes pour en faciliter l’analyse subséquente. Cette sous-structuration sera conservée jusqu’au moment de la validation de l’évaluation environnementale ou pourra être utilisée au delà dans la formulation finale du PNFoCo.

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2 INTRODUCTION

Le PNFoCo étant une réponse du gouvernement au problème actuel du secteur il servira de cadre stratégique entre les activités et les projets actuellement en cours et ceux qui seront déployés à l’avenir. Il aborde la gestion des ressources naturelles dans son ensemble y compris la conservation de la nature. Il tiendra à assurer la conservation des forêts et le développement du secteur forestier durable ainsi que la valorisation de la biodiversité.

Ce programme opérationnel s’articule autour de six axes d’intervention qui étaient définis comme suit dans les documents de base :

Composante 1 : « Renforcement institutionnel » (principalement du Ministère de l’Environnement, de la Conservation de la Nature et du Tourisme et de l’ICCN) ; cette composante comprend des aspects de gestion du personnel des institutions nationales ainsi que de construction de bâtiments. Composante 2 : « Appuis transversaux » : zonage participatif et vulgarisation des textes de loi et réglementaires dont en particulier le Code Forestier. Cette composante comprend le zonage de 10 millions d’ha dans la zone pilote du programme, en l’occurrence les trois provinces du Bandundu, de l’Equateur et la Province Orientale. Elle prévoit également l’achèvement du processus de reconversion des titres anciens. Composante 3 : « Conservation de la Nature » : réhabilitation des aires protégées existantes et création de nouvelles: il est notamment prévu, sur une période allant au- delà du présent programme, d’augmenter de 15 millions d’ha la superficie actuelle des aires protégées pour permettre à terme d’obtenir les 15 % du territoire en zone protégée tel que stipulé dans le code forestier. Composante 4 : « Contrôle et aménagement des forêts de production » : cette composante prévoit l’élaboration des plans d’aménagement et leur mise en œuvre, d’achever l’élaboration des textes d’application de la loi, la formation d’une administration forestière capable d’accompagner, de contrôler et de sanctionner les pratiques forestières. Composante 5 : « Foresterie rurale et communautaire » : cette composante comprend l’application du Code en matière de cahier des charges de l’exploitation forestière, en terme d’équipement rural, le suivi de l’utilisation des rétrocessions fiscales aux provinces, ainsi que l’expérimentation des modalités de mise en œuvre de l’exploitation forestière communautaire. Elle comprend également des mesures d’appui aux initiatives économiques locales dont celles des pygmées. Composante 6 « Environnement » : cette composante comprend l’appui au processus d’élaboration de la Loi Cadre sur l’Environnement, le suivi évaluation du programme (dont la refonte du GEEC), la mise au point de modèles alternatifs et durables d’exploitation forestière en lien avec la captation du carbone (Mécanisme de Développement Propre, déforestation évitée,…).

Le PNFoCo interviendra à l’échelle du pays et les investissements du PNFoCo dans des activités forestières de conservation et d'exploitation, notamment la foresterie rurale et communautaire, et de renforcement des capacités des institutions de gestion, contrôle et protection des forêts et de l'environnement seront entreprises principalement sur le territoire des Provinces de l'Oriental, du Bandundu, et de l'Équateur.

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Le Programme National Forêt et Conservation a l’ambition d’améliorer l’état de la gouvernance forestière en République Démocratique du Congo. Ce programme est soutenu par une multitude de bailleurs de fonds dont l’IDA, le GEF et un fonds commun qu’alimentent un certain nombre de bailleurs et pays, dont, l’Union Européenne l’Allemagne, l’Angleterre, la Belgique, la France, le Luxembourg etc. et, d’autres bailleurs qui financent des projets / programmes ayant des buts similaires notamment l’Allemagne et les États-Unis d’Amérique. Indépendamment de ces financements, d’autres programmes et bailleurs interviennent dans le même secteur mais plutôt à un niveau régional soit la COMIFAC, ECOFAC, CARPE, OSFAC, etc.

La plupart de ces programmes, dont plusieurs ont plus de 10 ans d’histoire, sont menés dans le but d’améliorer la gestion des forêts du bassin du Congo. Étant donné l’immensité des enjeux et de la problématique, la coordination, l’échange d’expériences et d’informations est indispensable. Une organisation récente dans le secteur, le PFBC (Partenariat pour les Forêts du Bassin du Congo) assure ce rôle au niveau de la région avec de plus en plus d’efficience. Pour atteindre les objectifs, il est primordial d’éviter le chevauchement des actions des différents projets et programmes qui œuvrent dans le secteur, et qui pourraient engendrer d’importantes incompréhensions au niveau des communautés locales qui voient arriver toutes ces initiatives. Il est également impératif d’assurer une planification concertée des actions à mener par les différents partenaires régionaux qui interviennent en RDC pour permettre la création d’une synergie de leurs actions. C’est ce que vise le PNFoCo comme résultat.

La première phase du PNFoCo, d’une durée de 5 ans, se consacrera en grande partie à la mise en application du code forestier et l’appui à la restructuration des services du ministère de l’environnement et la conservation de la nature et tourisme. Le Code Forestier qui est le cadre légal en vigueur pour tous les aspects qui regardent la gestion forestière du pays date de 2002. Cependant les textes d'application de ce code ne sont pas tous adoptés et ne le seront complètement que durant l'exécution du projet. Une loi sur la conservation de la nature ainsi qu’une loi cadre sur l’environnement ont fait l’objet de consultation et sont en cours d’adoption. Cette dernière loi devra être suivie par un décret sur l’évaluation environnementale.

Avec ces nouveaux outils l’état pourra plus aisément viser un développement durable et une exploitation raisonnée de ses nombreuses ressources naturelles et minières. Le PNFoCo appuiera cette démarche en assurant une mise œuvre de ces nouveaux outils notamment dans le cadre de la gestion forestière et de la conservation.

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3 DESCRIPTION DE L’EQUIPE DE REALISATION

AGRECO est un groupement européen d’intérêt économique de droit belge créé en 1992 et mettant en commun les moyens matériels et humains des bureaux d'études AGRER (Belgique) et Agriconsulting (Italie) en vue de réaliser des projets ou études de grande envergure dans le domaine de la conservation et de l'utilisation rationnelle des ressources naturelles et forestières. Ses membres ont plus de 40 ans d’expérience internationale dans les domaines de la gestion des ressources naturelles et du développement socio- économique, pour le compte d'organismes internationaux tels que l’Union Européenne, la Banque Mondiale et la Banque Africaine de Développement. AGRECO et ses membres travaillent ainsi depuis plus de 40 ans en Afrique Centrale, et en particulier en RDC où la société réalise de nombreuses études sur l’environnement, sur le secteur forestier et sur les filières agricoles et agro-industrielles.

AGRECO possède donc un grand nombre de données de base et une connaissance approfondie des aspects physiques, socio-économiques, légaux et institutionnels de la gestion environnementale en RDC.

Parmi les références les plus pertinentes nous pouvons citer :

- l’Étude d'Impact Social et Environnemental du Projet PRO-ROUTES en RDC (financement UE, en cours) - la Préparation du Programme de Réforme du Secteur de conservation de la nature en RDC (financement UE, en cours) - l’élaboration du Profil Environnemental Pays de la RDC et du Rapport sur l’État des Forêts d’Afrique Centrale (financement UE et AFD, en cours) - la Revue Institutionnelle et le Programme de Renforcement de l’ICCN et de l’IJZBC (RDC, financement UE, en cours) - l’assistance technique au Ministère de l’Environnement pour la Conversion des anciens titres forestiers en Concessions forestières (RDC, BCECO, financement BM, en cours) - l’Etude d’Impact Environnemental des projets d’amélioration et de renforcement de l’alimentation en eau des villes de Korhogo, Daloa et Tabou (Côte d’Ivoire, financement UE, en cours) - l’Evaluation des impacts environnementaux de l’aménagement hydro-électrique de Félou (Mali, financement BM) - l’Elaboration du Plan Cadre de Gestion Environnementale et Sociale du Programme d’Appui aux Communautés Rurales (Mali, financement BM).

Pour la réalisation de l’étude en objet AGRECO a utilisé une équipe d’experts ayant une vaste expérience du pays et des enjeux environnementaux du Secteur. Étant donné l’ampleur et la complexité du programme le Consultant a pris soin de sélectionner plusieurs experts avec une bonne connaissance des Politiques de Sauvegarde de la Banque Mondiale. Nous les présentons brièvement ci-après.

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TURCOTTE Paul-André : Environnementaliste / Chef de mission

Principales compétences et expérience Coordination et conduite d’études d’impact environnemental et social de programmes de développement, d’infrastructures, d’aquaculture, d’énergie, d’exploitation minière… : description et analyse des impacts, formulation de mesures d’atténuation, préparation de Plans de Gestion Environnementale et Sociale.

Analyse des dispositions législatives et réglementaires environnementales. Appui institutionnel à des structures nationales chargées de la gestion et protection de l’environnement.

Très bonne connaissance des Politiques de sauvegarde de la Banque Mondiale.

Plus de 20 ans d’expérience dans le secteur de l’ environnement, dont plus de 15 en Afrique subsaharienne, travail en République Démocratique du Congo depuis 2004 comme expert en évaluation environnementale ou comme chef de projet au niveau de plusieurs projets financés par la Banque Mondiale dont notamment le PMURR, le PUSPRES, le PUAACV, le PMEDE, avec un montant global d’investissement de plus de 2 milliard d’USD. Il a aussi agi comme expert en formation sur la plupart de ces projets et est impliqué dans un programme annuel de formation en évaluation environnementale en Afrique et en Asie. Il a assuré la réalisation de plus de 50 évaluations environnementales dans les domaines de l’agroalimentaire, du pétrole, des mines, de l’aquaculture, des transports, de l’hydroélectricité, de la conservation, de l’alimentation en eaux potable, etc.

Tâches réalisées Gestion et animation de l’équipe d’experts, contacts avec les autorités contractantes et les acteurs et partenaires. Circulation de l’information au sein de l’équipe et communication auprès des principaux partenaires.

Organisation et suivi du programme de travail des experts, programmation des missions et déplacements terrain, y inclus les activités développées par le sous-traitant CRON ; préparation en collaboration avec les autres experts des divers rapports à fournir et finalisation de ces documents.

Identification de la documentation utile à l’étude, processus de criblage ; suivi de la préparation de la base de données cartographiques et de l’analyse ; organisation et conduite de l’état des lieux ; organisation des séances de travail avec les principaux acteurs, suivi du processus de consultation ; analyse des données et compilation des résultats rapportés par les autres experts ; organisation des ateliers de validation, vérification de la conformité des travaux avec les PO de la BM.

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RODRIGUEZ Marc: Expert en Sc. Sociales & Développement Communautaire

Principales compétences et expérience 32 années d’expérience en développement local (expérience en zone rurale et urbaine) : programmation participative territoriale, maîtrise d’ouvrage déléguée pour la remise en état des infrastructures rurales et sociales, développement de filières innovantes, animation et organisation participative, mise en place de systèmes de gestion décentralisée de microcrédits, appui aux autorités décentralisées. Il travaille depuis 10 ans sans interruption en RDC et a donc une très bonne connaissance non seulement des différentes régions du pays mais également de ses communautés. Connaissance approfondie des caractéristiques, de l’organisation sociale, de la situation socio-économique et des régimes fonciers de la plupart des régions et communautés de la RDC. A notamment mis au point et testé la méthodologie appliquée pour les enquêtes sur les conditions de vies, plans stratégiques territoriaux de lutte contre la pauvreté dans le cadre de l’Enquête Nationale Participative sur la Pauvreté.

Tâches réalisées En appui et en étroite collaboration avec le chef de mission, contacts avec les acteurs et partenaires. Participation à l’état des lieux, caractérisation du milieu humain de la zone d’étude, implication dans le sous-zonage de la zone d’étude ; appui au chef de mission pour l’encadrement et suivi des activités du sous-traitant (CRON) pour le processus de consultation, identification des impacts sociaux, appui au chef de mission pour l’analyse des données et préparation des documents à fournir dans le cadre de cette étude.

BIGOMBE Patrice : Expert en Anthropologie/Sciences sociales,

Principales compétences et expérience Plus de 15 ans d’expérience en qualité de chercheur, de professeur et de consultant en sociologie politique, anthropologie juridique et analyse des politiques publiques et droits des peuples autochtones. Formulation et suivi de la mise en œuvre de Plans d’Action pour les Peuples Autochtones conformément aux Politiques de Sauvegarde de la Banque Mondiale. Réalisation de nombreuses études et recommandations pour la prise en compte des droits et intérêts des populations locales et « autochtones », notamment dans le cadre de l’Etude sur la réforme de la politique forestière du Congo (financement Banque Mondiale), de la mise en œuvre du Plan pour les Peuples Autochtones (PAPA) Vulnérables Pygmées du projet pipeline Tchad-Cameroun, de la coordination du service d’appui aux initiatives locales de développement et autopromotion des pygmées dans leur environnement au Cameroun (Coopération autrichienne).

Tâches réalisées En étroite concertation avec le chef de mission et le CRON, appui à l’organisation des consultations et d’enrichissement, appui aux séances de médiation, appui à l’organisation des ateliers de restitution. L’expert veille en particulier à ce que les problématiques liées aux peuples autochtones soient parfaitement prises en considération et intégrées dans la réflexion. En appui au chef de mission, contacts avec les autorités locales. Participation à l’élaboration des rapports à délivrer dans le cadre de l‘étude.

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MPOYI Augustin : Juriste spécialiste des forêts, environnement et droits coutumiers

Principales compétences et expérience 12 ans d’expérience en législation environnementale (mines, forêts, conservation de la nature, faune, hydrocarbures, pêche, eaux, combustibles et énergie), droits des communautés locales et aspects juridiques de la gestion des ressources naturelles. Il est intervenu à de nombreuses reprises dans ce secteur, qu’il suit de très près depuis plusieurs années. Il a été en particulier associé de près au processus d’élaboration du nouveau code forestier de la RDC. Par ailleurs il a une solide expérience en renforcement des capacités institutionnelles, techniques et juridiques d’associations environnementales congolaises (enquêtes, formation et accompagnement technique).

Tâches réalisées En étroite collaboration avec le chef de mission, revue de la législation existante, analyse de la législation par rapport aux impacts attendus et aux propositions d’atténuation des impacts (mitigation). Participation à l’élaboration des rapports à délivrer dans le cadre de l‘étude.

LUMBOMBO Crispin : Expert en Communication, animation de processus participatifs et médiation

Principales compétences et expérience 20 ans d’expérience professionnelle en matière de développement communautaire en RDC. Il a participé à de nombreuses études d’impact environnemental et social et à l’élaboration de Plans de Gestion Environnementale et Sociale, et s’y est occupé en particulier des aspects de la prise en compte des intérêts des populations locales, ainsi que de la préparation de plans de réinstallation des populations. Animation de réunions d’information et de vulgarisation ; rédaction des rapports de consultation Etudes d’impact environnemental et social, Préparation de cadre de réinstallation, de plans de compensation et de réinstallation involontaires

Tâches réalisées En étroite concertation avec le chef de mission et le CRON, appui à l’organisation des consultations et d’enrichissement, appui aux séances de médiation, appui à l’organisation des ateliers de restitution, contacts avec les autorités locales. Participation à l’élaboration des rapports à délivrer dans le cadre de l‘étude.

RONDEAU Guy : Expert en biodiversité

Principales compétences et expérience Plus de 25 ans d’expérience en gestion et conservation des ressources forestières et faunistiques, dont plus de 15 en Afrique. L’expert a déjà participé à des études d’impact environnemental et social en RDC et est donc très familier avec les exigences et attentes dans le cadre du présent dossier. Bonnes connaissances en aménagement et gestion d’aires protégées, en écologie forestière tropicale, certification et aménagement forestier et toxicologie appliquée à la faune avienne (ornithologie).

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Tâches réalisées Participation à l’état des lieux, analyse des impacts du projet sur la biodiversité, proposition de mesures d’atténuation. Participation à l’élaboration des rapports à délivrer dans le cadre de l‘étude.

TOIRAMBE Benjamin : Expert en foresterie

Principales compétences et expérience 17 ans d’expérience en recherches et inventaires forestiers, suivi de l’aménagement forestier et évaluation des impacts environnementaux sur les massifs forestiers de projets de développement, il connaît donc bien la démarche à suivre en la matière. Bonne expérience en supervision et suivi des activités de la Convention sur la Diversité Biologique.

Tâches réalisées Participation à l’état des lieux, analyse des impacts sur le développement du secteur forestier, proposition de mesures d’atténuation. Participation à l’élaboration des rapports à délivrer dans le cadre de l‘étude.

Autres

En plus de cette équipe de base le Consultant a mobilisé des ressources et expertises supplémentaires afin de pouvoir adresser de façon plus efficace certains aspects qui se sont présentés pendant l’exécution de l’étude :

CRON (Coalition des Réseaux des Organisations non gouvernementales Nationales du secteur de l'environnement de la RDC) : organisation des consultations publiques

Principales compétences et expérience Le CRON est un regroupement des réseaux ayant pour objectif principal la gestion durable des ressources naturelles. Elle comprend en son sein 8 réseaux dont 2 de peuples autochtones pygmées. Par ses réseaux membres, le CRON est présent sur toute l'étendue du pays avec la capacité de lancer simultanément plusieurs animateurs sur les sites d'intervention comme lors de la première mission sur la Désignation des délégués des communautés locales et autochtones qui prendront part à la Commission Interministérielle sur la Conversion des Anciens Titres Forestiers en Contrat de Concession Forestière (à laquelle AGRECO fournit de l’appui technique). Au total plus de 40 sites en zone forestière seront concernés, pour lesquels le CRON a déjà collecté de nombreuses données en rapport avec l’exploitation forestière (population concernée, impact de l'exploitation sur les communautés et sur l'environnement, état actuel de l’exploitation forestière,…).

Tâches réalisées Organisation et facilitation des consultations publiques en étroite concertation avec le chef de mission. Il est en effet important que les parties prenantes soient informées et consultées comme il se doit tout au long de l’étude et qu’elles puissent s’exprimer sur les propositions formulées.

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COLOM Alejandra : expert en peuples autochtones

Principales compétences et expérience Anthropologue socioculturel avec près de 10 ans d’expérience professionnelle dans des projets de développement, dans les secteurs de la gestion des ressources naturelles, de la santé reproductive, du renforcement de la société civile et de la gestion de petites subventions. Ample expérience de travail et de recherche appliquée avec des populations locales et des communautés indigènes en Amérique centrale et en RDC.

Tâches réalisées Appui à la collecte et analyse des données sur les peuples autochtones de la RDC, évaluation des impacts du programme et contribution à la recherche de modalités de prise en compte de leurs intérêts.

Professeur KALAMBAY LUMPUNGU : juriste de l’environnement

Principales compétences et expérience Plus de 35 ans d’expérience en matière de législation en RDC, dont plus de 20 ans dans le secteur de l’environnement et de la gestion forestière. A participé à l’élaboration de la loi- cadre sur l’environnement, de la loi forestière et de la loi sur l’eau, et à la mise en œuvre sur le plan juridique du Plan National d’Action Environnemental. Possède une très bonne connaissance des textes et de leurs applications et implications, notamment par rapport aux droits des peuples autochtones.

Tâches réalisées Contribution à l’analyse des textes juridiques réglementant la conservation des ressources naturelles et l’exploitation forestière et à la définition de modalités de prise en compte des intérêts des populations locales et autochtones.

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4 DESCRIPTION DE LA METHODOLOGIE REALISEE

La méthode utilisée est calqué sur les approches reconnues en matière d’évaluation environnementale stratégique dont ceux promus dans le guide de l’OCDE L’évaluation environnementale stratégique : Applications dans le domaine de la coopération pour le développement, 2006

En résumé, la méthode utilisée consiste à préparer un état des lieux (base de travail) et à animer un processus structuré d’analyse environnementale auprès des principales parties prenantes pour diriger leur réflexions vers un objectif commun qui est pour le présent cas l’intégration des principes de développement durable, de transparence et de participation dans la conception et la mise en œuvre d’un programme de développement en l’occurrence le PNFoCo.

Le consultant joue ainsi tour à tour, le rôle d’expert, de facilitateur, d’animateur et dans certain cas de conseiller dans un processus structuré de mise à contribution des connaissances et expertises sociales et environnementales d’un groupe diversifié d’acteurs dont les intérêts sont souvent divergents.

À chacune des étapes de participation les résultats sont restructurés de façon à pourvoir être intégrés dans le processus d’analyse suivant.

L’identification et la sélection des alternatives ainsi que le processus d’évaluation des impacts sont donc participatifs.

L’état des lieux (repris aux chapitres 6 à 11 du présent document) donne un aperçu de la situation existante en matière de forêt et conservation dans le pays. Il a été préparé à partir d’une analyse documentaire, de rencontres avec les partenaires du programme et de visites et enquêtes de terrain, et visait essentiellement la mise en commun d’informations devant permettre d’effectuer une analyse environnementale stratégique éclairée du programme national forêt et conservation (PNFoCo).

L’état des lieux à fait ressortir essentiellement l’état des éléments de l’environnement qui sont les plus sensibles et qui sont susceptibles d’être affectés par le PNFoCo. Il a prêté une attention particulière à la relation des communautés locales avec les différents types de gestion de la forêt.

La structuration du rapport et les illustrations et cartes qui y ont présentées ont facilité l’analyse environnementale systématique.

Les analyses subséquentes qui se sont succédées ont donné lieux à 3 ateliers qui ont permis d’animer 6 groupes de travail, un pour chaque composante du programme. Un septième groupe a été formé essentiellement pour traiter des aspects de l’intégration des peuples autochtones au programme.

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Ces groupes de travail se sont penchés successivement sur les points suivants : 1. L’enrichissement et approfondissement de l’état des lieux 2. L’analyse environnementale du programme et de ses financements 3. L’identification et la validation d’alternatives 4. L’identification des impacts des différentes alternatives retenues 5. La validation de l’analyse des impacts 6. La validation de la stratégie et du processus de gestion environnemental du PNFoCo et ses cadres de gestion

À chacune de ces étapes le consultant a structuré des documents de travail qui ont permis de conserver la cohérence dans l’analyse et de respecter les délais fixés par son contrat.

Une dernière phase de consultation est en cours et elle correspond aux séances d’information/consultation des parties prenantes et de diffusion des informations dans les zones d’intervention prioritaire du programme. Les recommandations qui seront issues de ces consultations seront compilées par la coordination du PNFoCo pour être remises aux différents bailleurs de fond du programme.

La figure de la page suivante reprend de façon simplifiée le cheminent de l’étude qui a été menée sur une période de 5 mois

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Figure 1: Structure de l’étude et du processus de consultation publique réalisé

Processus de Évalaution Documents Cadres Consultation environnementale publique stratégique (EES)

TDR de l’évaluation TDR de l’évaluation environnementale stratégique environnementale stratégique

Cadrage et préparation du plan Consultation sur les Cadrage et préparation du plan de travail détaillé TDR Effectuée par le de travail détaillé PNFoCo

Description de la situation socio-environnementale de départ

Consultation des parties Analyse des donnée de base et Description du programme prenantes définition des orientations Zone du programme

Structuration des différents Identification, analyse, et Atelier sur état des lieux cadres de gestion et évaluation des alternatives sur les alternatives proposition 1er au 3 avril

Description des alternatives retenues Réalisation du cadre de politique de réinstallation (CPR), du cadre fonctionnel Détermination des impacts (CF), du plan d’action pour les peuples autochtones (PIPD) et Plan de gestion du cadre de gestion du environnementale et sociale patrimoine culturel (CGPC) (PGES) Atelier sur le PGES et les Cadres 13 et 14 mai

Préparation du Rapport Final de Préparation des cadres de l'EIES gestion finaux Diffusion des résumés et des rapports sur l’infoshop et dans la zone du projet / recueil des commentaires avant la décision de financement

21 Évaluation environnementale stratégique (EES) du PNFoCo - AGRECO

5 DESCRIPTION MILIEU PHYSIQUE

5.1 DESCRIPTION GENERALE

Située au centre du continent africain, la République Démocratique du Congo couvre un vaste territoire de 2.345.000 Km², s'étalant entre le 5ème parallèle Nord (5°20’) et le 13ème Parallèle Sud (13°27’) et du 12ème (12°15’) au 31ème degré (31°15’) longitude Est. Les pays qui partagent ses 9.165 km de frontières sont :

- au Nord, la République Centrafricaine et le Soudan : - au Sud, la Zambie et l' - à l'Est, l'Ouganda, le Rwanda, le Burundi, la Tanzanie et la Zambie - à l'Ouest, le Congo/Brazzaville, le Cabinda et l'étroite bande (40 km) du littoral de l'Atlantique Sud.

Par son étendue, la RDC occupe la troisième place en Afrique après l’Algérie et le Soudan. De par sa localisation régionale, la RDC se situe en Afrique Centrale et fait partie du bassin du Congo et celui du Nil. Géographiquement, presque l'ensemble de ce vaste territoire congolais est une immense dépression, vestige d'une ancienne aire de subsidence dont l'altitude se situe entre 325 et 350 mètres, entourée d'une série de massifs montagneux à l'Est, dépassant 5.000 mètres d'altitude et de hauts plateaux atteignant 3.000 mètres: Marungu, Kibara, Kundelungu, Biano, Manika, Kamina, Sankuru, Kasaï, Kwango, Bateke, Lunda, culminant à plus de 1.000 mètres, et les Monts de Cristal s'élevant à 900 mètres d'altitude.

L'hydrographie du Congo, très étendue et dense, est caractérisée par le fleuve Congo qui traverse le pays d'Est en Ouest et reçoit les eaux d'une multitude d'affluents venant s'y articuler. Dans la région des Monts de Cristal, le débit du fleuve Congo est de 50.000 m³/seconde. Le réseau lacustre comporte des grands lacs à l'Est, Édouard, Albert, Kivu, Tanganyika, Moëro, et deux autres lacs dans la Cuvette Centrale, Mai-Ndombe et Tumba. Pays à la fois équatorial et tropical, le Congo jouit d'une diversité d'éco - climats locaux dus à la combinaison de plusieurs facteurs : physiographie, température, précipitations, durée des saisons, impacts des activités de l'homme sur le milieu naturel et position à cheval sur l'Équateur. Les précipitations annuelles s'étalent de 800 mm le long de la Côte Atlantique à 2.200 mm en Cuvette Centrale jusqu'à 2.500 mm dans les régions montagneuses de l'Est où elles peuvent même dépasser 3.000 mm.

Environ les trois quarts du territoire du Congo sont couverts de forêts de types divers constitués d'une flore riche et diversifiée et abritant une faune également abondante. Cette diversité et richesse biologique est le résultat d'une longue histoire géologique marquée par l'absence de périodes glaciaires et d'une combinaison de nombreux facteurs écologiques variés. L'économie du Congo est fondée sur l'agriculture et l'extraction minière par une population actuellement estimée à 40 millions d'habitants.

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5.2 GEOLOGIE

La géologie de la RDC est très ancienne, caractérisée par deux grands ensembles structuraux séparés par une discordance et/ou une lacune importante : ? les formations de couverture (terrains phanérozoïques), non métamorphisés, généralement fossilifères et d'âge compris entre le carbonifère supérieur et l'holocène ; ? les formations de soubassement (terrains précambriens) + métamorphiques et plissées formant un anneau ininterrompu autour du bassin du Congo.

La cuvette centrale est remplie de formations sédimentaires datant de millions d’années, entourées d’une demi-couronne allant du Nord du pays en passant par l’Est jusqu’au Sud- Est et constituée de formations précambriennes et d’un socle. Ce dernier réapparaît dans la chaîne montagneuse côtière du Sud-ouest du pays (dans la région du Mayumbe). On note également une prédominance des roches gréseuses et calcaires (Provinces Orientale et du Bas-Congo).

5.3 PEDOLOGIE

Les sols congolais sont en grande partie de type ferralitique résultant d’une décomposition profonde, rapide et complète du matériau parental sous un climat chaud et humide. Ces sols sont d’autant plus pauvres que les processus de ferralisation sont plus avancés. Les sols fertiles sont sporadiques et de superficie restreinte.

Figure 2 : Croquis des principaux types de sol retrouvés en RDC

Source : Atlas Jeune Afrique, République du Zaïre, 1978

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5.4 RELIEF

Le relief est constitué de trois zones (MINAF-ET, 2001) :

i. la zone centrale ou cuvette centrale est une immense dépression (750.000 km²) drainée par le fleuve Congo et ses affluents. L'altitude moyenne est de 400 m, mais le point le plus bas se situe dans la région des lacs Tumba et Maï-Ndombe ; ii. la zone périphérique est un rebord à haut relief (plateaux du Kwango et du Kasaï) entourant la cuvette centrale et se prolongeant par les hauts plateaux du Katanga, à la limite du partage des eaux des bassins du Congo et du Zambèze. Elle est identifiée : ? à l'ouest, par la chaîne des monts de Cristal, parallèle à l'océan Atlantique, qui part de Cabinda et se prolonge jusqu'au Congo Brazzaville. C’est une chaîne massive et peu élevée, ayant une altitude moyenne de 750 m ; ? au sud, par les terrasses du plateau de l'Angola et la ligne de limite du partage du Congo – Zambèze ; ? au sud-est, par les hauts plateaux du Katanga ; ? à l'est, par la grande faille (1.400 km de long et 40 km de large) bordée par deux chaînes de montagnes parallèles (monts Ugoma et montagnes Bluens). iii. la zone orientale du pays est marquée par l’immense fracture du Rift Africain occupée par une série de lacs (Tanganyika, Kivu, Albert, Edouard) et entourée de massifs montagneux, localement volcaniques, avec l’altitude la plus élevée du pays (5.125 m : Mont Ruwenzori).

5.5 CLIMATOLOGIE

Le climat congolais est de type tropical, caractérisé par des précipitations qui varient dans l’ensemble du pays entre 810 mm aux côtes et plus de 2.000 mm dans le bassin central par an en moyenne. La distribution saisonnière des précipitations est bimodale dans les zones proches de l’équateur, mais devient uni modale plus au Nord ou au Sud. Parallèlement, la durée de la saison sèche augmente avec la latitude : elle est de 1 à 2 mois sur l’équateur, mais atteint 3 à 4 mois sur les lisières Nord et Sud du massif forestier.

Les températures moyennes annuelles oscillent entre 24 – 25°C et peuvent descendre à 18- 20°C dans les hautes altitudes. L’humidité relative varie entre 70 et 85%.

La variété de son climat se traduit par une grande diversité au niveau de la flore et de la faune qui font de la RDC un des pays à plus haute diversité biologique. Toute la zone climatique Af1 de Köppen, y compris celle située dans la partie orientale de haute altitude constitue le domaine de la forêt équatoriale ombrophile. Les zones à climat Am2, exception faite de celles situées dans la région du Gaben à l’Est du pays, sont également celles de la forêt ombrophile, incluant les régions du lac Mai-Ndombe et du Nord-Ouest qui se trouvent en réalité dans la bande climatique Aw3. Les zones à climat Aw sont le domaine de la forêt claire ou de la savane plus ou moins arborée en fonction de la latitude et de la saison sèche. Les zones climatiques Cf4 et Cw5 de haute altitude correspondent aux forêts de montagne et aux formations de bambous.

1 Climat tropical humide où la température de mois le plus froid est supérieur à 18°C. Il n’existe pas de saison sèche distincte. Chaque mois recevant au moins 60mm de précipitation. 2 Climat tropical humide de transition entre le type Af et Aw. 3 Climat tropical humide avec au moins un mois recevant moins de 60mm de précipitation. 4 Climat humide tempéré chaud où la température du mois le plus chaud est supérieure à 10°C. Pas de saison sèche distincte. 5 Climat humide tempéré chaud ayant au moins un mois recevant moins de 60mm de précipitation.

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Carte 1 : Carte des pentes

Carte 2 : Carte altitudinale

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6. ÉTAT DU MILIEU NATUREL FORESTIER

Avec près de 1.245.660 km² des forêts naturelles (Mayaux & al., 2004), la RDC abrite la deuxième forêt tropicale du monde après l’Amazonie et détient près de 47% du massif forestier tropical du continent africain. Elle contient plus de la moitié des forêts tropicales humides d’Afrique Centrale. Selon Toirambe & al., 2006, une vision rapide et synthétique de la phytogéographie montre, très grossièrement, quatre grandes régions naturelles :

(i) la région du Mayumbe, dans la province du Bas-Congo, est le prolongement de la chaîne du Mayombe de la République du Congo. Elle était à l’origine couverte d’une forêt dense de basse et moyenne altitude particulièrement riche en limba (Terminalia superba). C’est la partie la plus anciennement colonisée, exploitée et la plus dégradée du territoire national ; (ii) la cuvette centrale constitue le bassin versant du fleuve Congo et couvre les provinces du Bandundu, de l’Équateur, du Maniema, Orientale et la partie Ouest du Kasaï Occidental et Nord-Ouest du Kasaï. C’est une vaste région de plaines et de marécages, domaine des forêts denses humides de plaine et des forêts marécageuses ; (iii) divisée en deux grands blocs de part et d’autre de la cuvette centrale, un ensemble de plaines et de plateaux se trouve dans la région des forêts sèches et des savanes. La région soudanaise est une bande de forêt sèche et de savane qui longe la lisière nord de la cuvette centrale, dans la province de l’Équateur et la province Orientale. La région zambézienne comprend les forêts sèches (Miombo et Muhulu) du Katanga au Sud de la cuvette centrale ; (iv) la région montagneuse des grands lacs à l’Est du pays apparaît comme la plus variée du point de vue écologique. Mosaïque de montagnes, lacs, volcans et hauts plateaux, elle couvre la plupart des deux Kivu ainsi qu’une partie des Provinces Orientale, de Maniema et du Katanga. Elle montre un gradient écologique complexe depuis les forêts de plaines jusqu’aux formations ombrophiles de montagne couronnées par le sommet enneigé du Ruwenzori. Cette région englobe le rift Albertin qu’elle partage avec l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi.

La RDC présente une couverture forestière caractérisée par des forêts denses humides sempervirentes et semi-décidues qui viennent au premier rang, occupant environ 68% de l’ensemble des forêts congolaises, suivies des forêts denses sèches et forêts claires (12%), des forêts secondaires (9,5%), des forêts denses sur sol hydro morphe (7%) et des forêts de montagne (3%). Les galeries forestières et les mangroves représentent respectivement 0,2 et 0,04% de la superficie forestière totale (SPIAF, 1992). Une telle variété d’habitats abrite des ressources biologiques aussi abondantes que diverses et place la RDC parmi les dix pays à méga- biodiversité du monde.

Ces formations se distribuent dans les centres d’endémisme reconnus en Afrique subsaharienne (White, 1986), à savoir : le centre régional d’endémisme guinéo- congolais, le centre régional d’endémisme zambézien, la zone de transition régionale guinéo-congolaise/zambézienne, la zone de transition régionale guinéo- congolaise/soudanienne et la mosaïque régionale du lac Victoria (figure ci-après).

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Figure 3 : Centres d’endémisme de l’Afrique (source : White, 1986)

Légende : I : Centre régional d’endémisme guinéo-congolais (CREGC) II : Centre régional d’endémisme zambézien (CREZ) X : Zone de transition régionale guinéo-congolaise/zambézienne (ZTRGC/Z) XI : Zone de transition régionale guinéo-congolaise/soudanienne (ZTRGC/S) XII : Mosaïque régionale du lac Victoria (MRLV)

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6.1 SURFACES FORESTIERES CONCERNEES PAR L’EXPLOITATION

Les principales forêts de production de bois d’œuvre accessibles sont presque toutes concentrées dans la cuvette centrale (vaste dépression située quasi au centre du pays) et dans le Mayumbe (Sud-ouest du pays) et couvrent une superficie estimée à près de 87 millions d’ha dont plus de 99% se trouvent dans la cuvette centrale. Les autres zones fournissent principalement du bois pour satisfaire les besoins locaux en bois énergie, de service et de construction (Kapa et Malele, 2003).

Les superficies de concessions en jeu sont d’un ordre de grandeur supérieur à celles des aires protégées. A l’heure actuelle, les superficies sous protection, laquelle est malheureusement bien théorique, représentent environ 16.141.650 ha, soit 13% de la superficie en forêt dense (124.566.000 ha), alors que les superficies allouées aux 156 concessions forestières représentent 22.384.912ha, soit 18% de cette même superficie (Carte 5).

6.2 FORET TROPICALE ET FLUX DE CARBONE

Dans un écosystème tropical ou équatorial arrivé à maturité, le sol est souvent pauvre et à l'état de climax, les plantes absorbent autant de CO2 que le milieu en produit et elles produisent autant d'oxygène que le milieu en consomme : le bilan total est stable. Les forêts de type Amazonienne ne sont donc ni des « poumons de la planète » ni le puits de carbone espéré puisque la forêt primaire mature, d'un point de vue global, ne produit ni ne consomme de CO2 ou d'oxygène. En phase de croissance, toutes les forêts fixent cependant davantage de carbone qu'elles n'en émettent (hormis en début de croissance dans le cas de forêt repoussant sur une coupe rase ou un chablis ou après un incendie). La phase de croissance peut durer plusieurs siècles en zone tropicale humide ou boréale où les bois durs ont une croissance lente (en Amazonie, l'essentiel de la biomasse appartient à des arbres ayant plus de 500 ans). Elle est plus courte en zone tempérée sur les zones pédologiquement riches. (un à deux siècles), passée celle-ci, le carbone se fixe dans le sol et les divers éléments de l'écosystème mais l'absorption globale devient nulle.

La forêt du bassin du Congo dans son état de stabilité actuel a un bilan carbone nul. Par contre la transformation de la forêt en bois de chauffe rejette de grandes quantités de carbone.

6.2.1 État de la biodiversité La biodiversité est définie dans la Convention sur la Diversité Biologique comme la variabilité des organismes vivants de toute origine y compris, entre autres les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie ; cela comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle des écosystèmes.

Cette convention avait pour Objectifs : ? la conservation de la diversité biologique ? l’utilisation durable de ses éléments constitutifs ? le partage juste et équitable des avantages découlant de l’exploitation des ressources génétiques.

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En rapport avec la Convention sur la Diversité biologique, la RDC a déjà réalisé un certain nombre de travaux tels que :

? l’élaboration d’une monographie nationale sur la biodiversité ; ? la préparation d’une Stratégie nationale et d’un Plan d’action en matière de la Diversité Biologique ; ? des Plans provinciaux de la Biodiversité ; etc.

6.2.2 Connaissances générales La République Démocratique du Congo est considérée comme l'un des deux pays d'Afrique les plus importants en termes de diversité biologique. Sa position géographique à cheval sur l'équateur lui confère un large zonage climatique (climat équatorial, climat tropical humide, climat tropical à saison sèche plus ou moins marquée, etc.) qui, alliée aux conditions variées de relief et de sol, se traduit par une gamme largement diversifiée de biomes, d'écosystèmes et d'habitats.

D'une façon globale, quatre grandes régions floristiques (décrites au début du chapitre) se démarquent dans le pays en fonction du relief et de la proximité de la cuvette centrale (vaste dépression au centre du pays, de part et d'autre de l'équateur).

En termes de diversité des espèces, la République Démocratique du Congo se place en tête des autres pays africains pour plusieurs catégories taxonomiques : 482 espèces de mammifères (dépouillement récent) contre 409 rapportées par Conservation International en 1992, 1.086 espèces d'oiseaux, 216 espèces de batraciens, 352 espèces de reptiles contre 280 rapportées en 1992, 10.000 espèces d'angiospermes dont 3.000 seraient endémiques.

6.2.3 Biodiversité végétale Tous les grands groupes taxonomiques de la flore du Congo ne sont pas encore décrits. Tout indique que les nombres se rapportant à certaines unités taxonomiques restent souvent inférieurs à la réalité. Le dépouillement des données documentaires disponibles rassemblées par l’équipe qui a réalisé la monographie nationale sur la biodiversité fait état de 377 familles, 2.136 genres et 10.531 espèces dont 1.377 endémiques représentants l'originalité floristique du Congo.

Cette flore s'est enrichi de nombreuses espèces introduites pour diverses raisons.

La répartition par grands groupes se présente de la manière suivante : ? Algues: 30 familles, 31 genres, 249 espèces ? Champignons (basidiomycètes): 41 familles, 154 genres, 582 espèces ? Lichens : 3 familles, 21 genres, 21 espèces ? Bryophytes : 48 familles, 87 genres, 154 espèces ? Ptéridophytes : 39 familles, 89 genres, 383 espèces ? Spermatophytes : 216 familles, 1.731 genres, 9.142 espèces dont 275 introduites

6.2.4 Biodiversité animale L’état de la faune en RDC est très mal connu, les inventaires existants remontant à la période coloniale. L’effet de la pression démographique sur la faune à laquelle s’est ajoutée la guerre touchant une grande partie du territoire n’a pas été évalué de manière précise. La situation de la RDC avant la guerre était caractérisée par la richesse et la diversité

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remarquables de la ressource faunistique, celle-ci faisant valoir plusieurs espèces rarissimes.

En effet, la faune de la RDC est extrêmement variée en lien avec la diversité des habitats. Le pays compte plus de genres de primates que tous les pays du monde. La Cuvette Centrale regroupe à elle seule 16 espèces et sous-espèces endémiques de primates.

On estime actuellement à 482 le nombre d’espèces de mammifères en RDC (soit près de 55 % des espèces répertoriées en Afrique), inégalement réparties sur le territoire national : un nombre relativement élevé d’espèces endémiques se situe dans le bloc de la forêt dense de la Cuvette Centrale, grâce au faible degré de perturbation et à l’homogénéité de la forêt. Le pays compte environ 1086 espèces d’oiseaux. Les forêts de montagne et de transition contiennent plusieurs espèces endémiques.

Les sept parcs nationaux du territoire, sous la responsabilité de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN), renferment une part importante de ces espèces, notamment dans le domaine de la grande faune. Une synthèse du WWF réalisée en 1989 fait apparaître les spécificités propres de chaque parc :

? Le Parc National des Virunga se distingue par la diversité de ses populations animales: éléphants, hippopotames (35.000 en 1989), buffles, antilopes, lions, léopard et surtout le gorille des montagnes dont la protection est à l’origine de la création de ce parc. ? Le Parc National de la Garamba donne refuge à l’un des animaux les plus rares de la planète: le rhinocéros blanc. Malheureusement il n’en reste actuellement plus que quelques exemplaires. Le parc abrite également des populations de girafes, d’éléphants 10.000 en 1989) et de buffles (50.000 en 1989). ? Le Parc National de l’Upemba, au confluent de deux grandes provinces biogéographiques, la guinéenne et la zambézienne, lui vaut de posséder une faune typique et variée. De grands troupeaux de zèbres, d’élands du Cap, de bubales vivent sur les hauts plateaux, tandis que les savanes abritent nombres d’éléphants, buffles et antilopes, et les marécages sont le refuge de multiples espèces d’oiseaux aquatiques parmi lesquels figurent des migrateurs paléarctiques. ? Le Parc National de la Salonga protège des populations d’éléphants et également le rare chimpanzé nain ou bonobo. ? Le Parc National de la Maïko abrite quant à lui le gorille des montagnes ainsi que l’okapi. ? Le Parc National de Kahuzi Biega protège de nombreuses familles de gorilles des montagnes. ? Enfin, le Parc National des Kundelungu est le refuge du guépard et il abrite des populations de zèbres, d’antilopes rouannes, d’élands du Cap, d’hippotragues noirs et de grands koudous.

On notera la faune spécifique qui caractérise les mangroves à palétuviers : les lamantins et les tortues marines, espèces menacées de disparition, ainsi que des oiseaux migrateurs parmi lesquels plusieurs espèces de hérons.

Il est évident, qu’avec tous les problèmes que le pays a rencontrés depuis 20 ans, le nombre d’individus de ces espèces a grandement diminué depuis 1989. Il n’y a cependant peu ou pas de chiffres récents fiables.

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La découverte récente (inventaire effectué en 2007) de 6 nouvelles espèces dans la région de la forêt de Misotshi-Kabogo Forest (auparavant appelé Mont Kabobo) en bordure du lac Tanganyika par une expédition du WCS en quelques jours d’inventaires démontre à quel point la biodiversité de la RDC est encore méconnue. (source : http://www.wcs.org/353624/wcs_kabogo, 22 mars 2008)

6.2.5 État de l’exploitation forestière Avec sa superficie en forêt dense estimée à environ 124.566.000 ha, la RDC possède un capital ligneux encore peu connu et qui demeure relativement intact par comparaison avec celui des pays tropicaux. Seules 18% de cette superficie sont allouées aux 156 concessions forestières dont la majorité ne sont pas encore mises en valeur.

L’exploitation forestière est actuellement très limitée dans les provinces du Bandundu, de l’Equateur et Orientale (Région de la Cuvette centrale), là où sont situées les principales réserves de bois. L’absence d’une politique forestière cohérente et le mauvais état des infrastructures de transport limitent les possibilités d’expansion rapide de cette exploitation. Celle-ci s’effectue surtout le long du fleuve Congo et de ses principaux affluents. Les permis d’exploitation et de coupe se greffent quant à eux autour de cet axe de pénétration jusqu’à la partie Nord-Est de la province Orientale. Avec une possibilité annuelle estimée à plus de 10 millions de m3, l’exploitation forestière de bois d’œuvre et d’industrie n’a, en temps normal, prélevé que moins de 500.000 m3 par an et touché en moyenne moins de 100 000 ha. Malgré l’évolution progressive de la production forestière actuelle, la moyenne des volumes de bois déclarés ne dépasse pas 300.000 m³/an (figure 1).

250 000,000

200 000,000

150 000,000

100 000,000

50 000,000

- 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 Année

Figure 1. Evolution de la production forestière en RDC de 2000 à 2006 (source : Direction de Gestion forestière, 2007) Comme dans les autres pays de l’Afrique Centrale, l’exploitation forestière en RDC est généralement très sélective. Elle concerne une liste limitée d’espèces commerciales et prélève peu d’individus par unité de surface. Sur les 86 essences exploitables ayant fait

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l’objet des études technologiques menées par le Centre Technique Forestier Tropical (CTFT) en France, 78 (soit 90,7%) sont présentes dans les forêts congolaises. Malheureusement, seule une vingtaine de ces essences fait actuellement l’objet d’une exploitation plus ou moins intensive. La majorité reste méconnue des exploitants forestiers et nécessite un effort de promotion. Les volumes susceptibles d’être extraits des forêts pour les principales essences reconnues de la cuvette centrale sont de l’ordre de 12 et 22 m³/ha alors qu’ils tombent entre 6 et 10 m³/ha dans les forêts appauvries comme celle du Mayumbe. Parmi les essences commerciales les plus exploitées, il y a lieu de citer les espèces suivantes : Prioria balsamifera (Tola), Millettia laurentii (Wenge), Terminalia superba (Limba), Milicia excelsa (Iroko), Entandrophragma cylindricum (Sapelli), E. angolense (Tiama), E. utile (Sipo), E. candollei (Kossipo), Pericopsis elata (Afrormosia), Nauclea diderichii (Bilinga), Guarea cedrata (Bossé), Lovoa trichilioides (Dibétou), Afzelia bipindensis (Doussié), Pterocarpus soyauxii (Padouk), Gambeya sp. (Longhi), arnoldiana (Benge), etc.

Cette exploitation est l’œuvre de deux groupes d’intervenants : les exploitants industriels et les scieurs de long. Les premiers contribuent à la quasi-totalité des superficies de coupes annuellement sollicitées et des volumes de coupe déclarées. Ils font implanter un certain nombre d’infrastructures dont l’importance dépend des objectifs et de la taille de l’entreprise. Ces infrastructures regroupent le campement, les bureaux, le réseau routier d’évacuation du bois, les parcs à bois, les unités de transformation, etc. et font intervenir, dans leur création et/ou réhabilitation une logistique telle que les débardeurs, les grumiers, les engins d’abattage (tronçonneuses), etc. Les seconds, œuvrant d’une manière informelle, n’obtiennent que des rendements faibles de l’ordre de 20% des bois exploités et sont incontrôlables par l’administration forestière. Toutefois, cette exploitation ouvre la porte à l’agriculture itinérante sur brûlis qui est la principale cause de la déforestation.

Carte 3 : Les concessions forestières actuelles

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6.2.6 État de la conservation L’état de la gestion de la conservation À l’heure actuelle, la plus grande lacune observée dans le domaine de la conservation en RDC est l’absence d’une loi-cadre portant sur ce domaine. Il s’avère, en effet, que les questions relatives à la conservation sont principalement focalisés et traitées par l’ICCN qui a la charge de la gestion du réseau national d’aires protégées, alors que la conservation, en général, déborde aussi le contexte propre aux aires protégées.

Il serait, à cet effet, souhaitable que la loi sur la Conservation, ainsi que celle sur l’Environnement, proposent une approche plus englobante de la gestion du patrimoine naturel en RDC. Ces lois-cadres devront aussi s’adresser à la question des zones tampons des aires protégées, concept que la loi portant statut de l’ICCN n’a pas clairement défini et qui mériterait d’être révisé, notamment par rapport aux approches communautaires de conservation mises de l’avant par cet organisme.

Par ailleurs, sur le plan de la gestion des aires protégées, des déficiences importantes sont à noter, notamment un niveau de la connaissance de l’état actuel du réseau national. En effet, en dépit des projets et des appuis dont a récemment bénéficié l’ICCN depuis la fin de la crise, il apparaît que l’institut ne possède toujours pas une connaissance approfondie du réseau dont elle a la responsabilité. La liste précise des aires protégées sous sa gestion n’est pas connue, de même que les superficies réelles impliquées. En outre, l’ICCN ne possède qu’une idée très parcellaire de l’état de ces aires protégées, surtout suite à ces longues années de trouble où elles ont été, pour la plupart, laissées à elles-mêmes.

Des efforts considérables seront à déployer pour évaluer leurs états actuels et pour leurs éventuelles reprises en main. Ces éléments ne sont pas à négliger, surtout dans le contexte où il est attendu, selon l’objectif national fixé par le Code forestier, que plus de 15 millions d’ha soient ajoutés au réseau actuel d’aires protégées.

Dans cet esprit, l’ICCN a récemment entrepris de réviser la liste complète des aires protégées du réseau national et d’évaluer lesquelles possèdent toujours les éléments ayant conduits à leur classement. Si la démarche est réalisée de manière stricte, il est ainsi plus que possible que plusieurs aires protégées, fortement dégradées et/ou envahies par les populations locales dont certaine par des déplacée de guerre et d’autres par des factions armées, soient éventuellement déclassées. D’un autre côté, un premier exercice participatif a récemment été mené afin de déterminer les éventuelles zones prioritaires de conservation, notamment dans le contexte de l’extension du réseau actuel. La remarque à formuler à ce niveau est que cet exercice s’est, apparemment, réalisé avec un important biais vis-à-vis du domaine forestier, alors que le réseau national doit prendre en compte l’ensemble des biomes du territoire national. Ce biais découle certainement du fait que les ONG internationales apportant un concours à l’approche se focalisent sur la forêt du Bassin du Congo qui se retrouve principalement en RDC.

Par ailleurs, il serait pertinent que l’ICCN profite de ces analyses actuelles pour réviser la catégorisation actuelles des aires protégées en RDC, et ce afin d’adopter un système plus proche de celui retrouvé sur la scène internationale et d’éviter l’emploi des termes tels que Domaine de chasse au titre d’aire protégée. Il en est de même des Réserves forestières qui sont englobées dans les aires protégées actuelles alors que la vocation de ces forêts n’est pas celui de la conservation.

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6.3 LES PRINCIPALES MENACES SUR LA BIODIVERSITE

Cette section du rapport est le résultat des consultations qui ont été réalisées entre le 15 février et le 10 mars sur différents sites en zone forestière, leur objectif étant de :

- définir les principales menaces sur la biodiversité forestière - mieux comprendre la relation des populations forestières (autochtones et non autochtones) avec les différents types de gestion de l’espace forestier - d’évaluer les différentes pressions directes et indirectes engendrées par l’exploitation forestière industrielle et artisanale à différentes phases de son cycle de vie.

6.3.1 Généralités Comme toutes les forêts tropicales, la forêt congolaise représente une ressource naturelle qui est, de diverses façons, mise à contribution pour satisfaire soit les besoins de survie de l’homme, soit les besoins de développement d’ordre local, national ou régional, soit encore pour répondre à des préoccupations d’ordre éthique, culturel et esthétique ou même de façon évidente aujourd’hui pour contribuer aux préoccupations d’équilibre environnemental. Parmi les pressions les plus-en vue qui s’exercent sur la biodiversité congolaise et ses éléments constitutifs, on peut retenir :

? l’agriculture itinérante, ? la récolte du bois énergie (bois de feu et charbon de bois), ? l’exploitation forestière industrielle et artisanale, ? la récolte des produits forestiers non ligneux, ? la chasse commerciale, ? la mise en place des biens d’équipement pour le développement du pays, ? l’ouverture de nouvelles routes, ? la création des pâturages en zones forestières, ? l’extension des villes et autres agglomérations, ? le non respect des législations foncière et forestière, ? etc.

En tirant des conclusions face à la complexité des problèmes soulevés dans le domaine de l’exploitation forestière et de son impact sur l’environnement, nous allons, dans le cadre du présent rapport, nous concentrer sur les pressions exercées dans les zones d’exploitation forestière industrielle en activité, en arrêt d’activités et où les activités n’ont pas encore commencé, ainsi que dans les sites d’exploitation forestière artisanale et les aires protégées.

6.3.2 Dans les zones d’exploitation forestière industrielle en activité En RDC, l’exploitation forestière est très sélective. Elle concerne, d’après le type de végétation et sa physionomie, une liste limitée d’essences commerciales variant entre 11 et 21, et prélève peu d’individus (1 à 3 tiges/ha). Dans la législation forestière congolaise, les arbres exploitables sont définis par un diamètre minimum d’exploitabilité (DME). Il n’existe pas à proprement parler de limitation du nombre d’individus récoltables à l’ha même si la distribution naturelle des essences commerciales fait que le nombre d’individus prélevé est faible.

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Indépendamment de l’engagement du concessionnaire dans une démarche de gestion durable, l’exploitation d’une forêt nécessite la construction d’un certain nombre d’infrastructures, notamment les campements, les réseaux routiers, les parcs à bois, pistes temporaires et de débardage, etc. Le réseau routier est composé de routes principales et secondaires qui sont utilisées par les grumiers pour évacuer le bois depuis les parcs à grumes en forêt vers les usines de transformation ou le cas échéant vers les beachs si les bois doivent être acheminés par voie fluviale. Les distances de transport varient de quelques dizaines à des milliers de kilomètres (pour les entreprises visitées, cette distance varie entre 22 et 1.772 km).

L’exploitation forestière développe une importante activité humaine en forêt. Ce sont d’abord les équipes de prospection et de délimitation de la concession qui parcourent tout le massif, suivies par les équipes de génie civil et leurs engins qui mettent en place le réseau routier principal et les campements. Une fois l’infrastructure minimum réalisée, les équipes d’inventaire forestier vont parcourir la forêt pour déterminer et localiser le potentiel ligneux à exploiter. Les équipes d’abattage et de débardage viennent ensuite pour se charger des coupes des arbres désignés et de les sortir de forêt pour les mettre sur les parcs à grumes en forêt, où d’autres équipes vont se charger de les façonner et de les charger sur les grumiers pour un transport vers les parcs à bois des usines ou d’évacuation (ports).

Toutes ces opérations décrites ne se réalisent pas sans exercer des pressions sur la biodiversité et sur l’environnement général de l’écosystème. Dans la zone d’exploitation forestière industrielle en activité (cas de concession forestière de SAFBOIS (250.000 ha) à Yafunga/Isangi dans la Province Orientale), des pressions identifiées ayant des impacts environnementaux s’exercent par :

1. la création des infrastructures qui implique la destruction du couvert végétal : il s’agit notamment l’installation des campements et d’unités de transformation de bois, la construction ou l’entretien du réseau routier avec comme conséquences : (i) le blocage de l’écoulement de certains cours d’eau et la création de retenues d’eau en amont des infrastructures, (ii) l’augmentation de la sédimentation des cours d’eau pouvant avoir des effets néfastes sur l’approvisionnement en eau et sa qualité, (iii) le compactage du sol pouvant affecter la circulation de l’eau et la disparition de l’horizon humifère, (iv) la forte érosion des sols, (v) les risques accrus de glissement de terrain sur les pentes escarpées, (vi) la modification importante de la végétation et de la faune le long des axes principaux. Retenons que la présence d’un réseau routier, même bien conçu, entraîne d’office une fragmentation du massif forestier ;

2. les opérations de l’exploitation forestière : une fois les accès assurés, les opérations liées à l’ouverture des layons pour des inventaires, à l’abattage, à l’ouverture des pistes de débardage, au débardage lui-même et au transport des grumes contribuent également à la destruction ou au dommage d’une partie de la végétation. La gravité de ces impacts est directement liée à l’intensité du prélèvement et au soin apporté aux diverses opérations, mais il est impossible d’exploiter sans dégâts dans le peuplement résiduel. Dans la concession visitée de SAFBOIS, l’essence principale visée est l’Afrormosia qui se présente toujours en peuplement. L’équipe d’abattage prélève au moins 2 à 4 tiges/ha selon le type du massif forestier sous exploitation. L’ouverture des layons pour les inventaires consiste à couper tous les individus rencontrés le long du parcours. L’abattage provoque des dégâts plus ou moins importants sur d’autres arbres. L’ouverture des pistes de débardage et le débardage lui-même entraînent la mort des

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plantules, des jeunes et d’arbustes du sous-bois et peuvent également infliger des blessures à la base des grands arbres. L’ouverture des parcs à grumes implique le déboisement d’une bande de forêt.

Les équipes parcourant la forêt font généralement beaucoup de bruit, surtout lorsqu’elles utilisent des engins à moteur, perturbant la vie de la faune. Il est évident que ces bruits sont peu dommageables pour la faune sauvage tant que celle-ci a la possibilité de migrer des zones perturbées vers celles plus tranquilles. Ces équipes profitent également de leur séjour en forêt pour poser des pièges, chasser au fusil ou capturer certains animaux peu mobiles (rats de Gambie ou pangolins par exemple). La mauvaise gestion des déchets des engins forestiers (carburants, huiles moteurs, pièces usagées) ou humains peut causer des dégâts à l’environnement ;

3. l’augmentation de la densité locale de population humaine : en RDC, l’exploitation forestière s’opère généralement dans les zones reculées, peu peuplées et souvent en marge du développement. L’arrivée, dans ces zones dépourvues de tout, d’un investisseur avec les moyens appropriés crée souvent un appel important de population des villages des alentours de la concession, voire même des villages plus éloignés qui viennent profiter des conditions de vie généralement bien meilleures ou exercer des activités lucratives créées par la société. Cette immigration, ajoutée aux travailleurs de la société et à leurs familles provoque une augmentation rapide et importante de la densité locale de populations sédentaires. Une telle concentration humaine peut engendrer de multiples impacts :

? la facilitation de l’accès à des massifs forestiers éloignés riches en biodiversité, ? la déforestation par l’agriculture itinérante et l’exploitation illicite de bois d’œuvre, ? des pollutions locales (déchets ménagers, excréments), la propagation d’espèces exotiques (Chromolaena odorata) et la sur-utilisation des ressources forestières (chasse et pêche commerciale) ; ? sur la diversité végétale par la surexploitation des produits forestiers non ligneux, la recherche de bois de feu et de charbon de bois.

4. le braconnage de la faune sauvage : l’ouverture des routes et des pistes nécessaires à l’exploitation facilite ou augmente l’accès des populations locales et allogènes à l’intérieur de zones abritant bien souvent une faune abondante, diversifiée et relativement naïve. Dans ces zones densément peuplées, la chasse de subsistance ou commerciale atteint rapidement des niveaux non durables ;

5. la fragmentation du massif forestier : le réseau routier créé fragmente le couvert végétal, occasionnant la création d’obstacles infranchissables pour certains animaux arboricoles ou à faible capacité de mouvement, alors que la végétation secondaire qui se développe en bordure des routes ou pistes attire bon nombre de grands herbivores (éléphants, grandes antilopes, etc.) qui y trouvent une source abondante de nourriture et aussi un risque accru d’y être chassés. Signalons également que le faible salaire alloué aux travailleurs (surtout aux cadres moyens, agents techniques et ouvriers) de certaines sociétés forestières ainsi que le retard de son paiement incite les membres des familles de ces derniers d’exercer une pression sur le couvert végétal environnant des campements en pratiquant l’agriculture itinérante sur brûlis et le petit élevage.

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6.3.3 Dans les zones d’exploitation forestière industrielle dont les activités sont arrêtées En zones d’exploitation forestière industrielle où les activités sont en arrêt, l’ampleur des pressions exercées sur le massif forestier est faible par rapport à la situation décrite au point 7.5.2, bien que les conséquences des pressions précédentes engendrées lorsque la forêt était sous exploitation sont encore présentes (dégradation des formations forestières, la présence des espèces végétales exotiques, l’accès facile à des massifs isolés par des anciennes routes ou pistes de débardage, raréfaction de la faune sauvage, etc.).

Dans la concession visitée de SAFO (242.952 ha), située dans le territoire de Bongandanga, Province de l’Équateur, où les activités d’exploitation sont en arrêt depuis 1995, les principales pressions identifiées par ordre d’importance d’impacts environnementaux sont :

? l’agriculture itinérante exercée par les anciens employés locaux de la société et leurs familles, la population immigrante encore présente et les villageois riverains ; ? la chasse de subsistance et commerciale ; ? les mauvaises pratiques de cueillette et ramassage des produits forestiers non ligneux, notamment la récolte des feuilles des Marantaceae et Gnetum africanum, l’abattage de certains arbres pour avoir les chenilles, etc. ; ? l’exploitation forestière artisanale facilitée par l’ancien réseau routier établi par la société ; ? l’abandon de certains engins de génie civil sur le chantier de l’exploitation ; ? l’usage des plantes ichtyotoxiques pour la pêche traditionnelle ; ? la recherche de bois de chauffe.

6.3.4 Dans les concessions forestières où l’activité n’a pas commencé Dans les concessions forestières où les activités d’exploitation n’ont pas encore commencé, les pressions exercées sur la biodiversité équivalent pratiquement à celles des zones non concédées et sont étroitement liées aux opportunités de l’amélioration des conditions socio- économiques des riverains. Leur ampleur dépend de la population existante dans et aux environs de la concession, des ressources potentielles, du réseau routier traversant et/ou aux alentours de la concession, etc. Pour la concession visitée de SODEFOR (86.000 ha), située dans le territoire de Bikoro, Province de l’Equateur, les pressions qui engendrent des menaces sont les suivantes : o l’agriculture itinérante : les cultures agricoles itinérantes traditionnelles sont en pleine expansion. Combinées avec une augmentation des populations venant des centres urbains (Mbandaka et Kinshasa), elles résultent souvent en une déforestation totale de l’écosystème ; o le braconnage et le commerce de la viande de brousse favorisent la surexploitation de la faune sauvage à des fins commerciales. Ces pressions ne menacent pas seulement la faune, mais aussi le niveau de vie des populations autochtones (pygmées) de cette zone qui dépendent encore largement de la faune pour leur subsistance ; o la pêche artisanale se pratique excessivement sur le lac Tumba, les rivières et les lagunes traversant la concession, causée par la commercialisation des poissons et l’utilisation des techniques et des outils interdits par la loi, notamment les filets à mailles fines, les plantes ichtyotoxiques; o l’exploitation artisanale de bois : elle est illicite et très sélective, ne visant que les essences forestières de haute valeur commerciale, principalement : Wenge (Millettia laurentii). D’autres essences, notamment Kambala, Kosipo, Sapelli et Sipo, sont également exploitées, mais en quantité négligeable ;

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o la récolte et ramassage des produits forestiers non ligneux, notamment Gnetum africanum, les feuilles et pétioles des Marantaceae, les chenilles, les champignons, etc.; o la carbonisation visant des peuplements des essences forestières à haute énergie calorifique, notamment Xylopia sp., Macaranga sp., etc., sert à répondre à la grande demande des charbons de bois dans les villes de Mbandaka et Kinshasa.

6.3.5 Dans les zones d’exploitation forestière artisanale L’exploitation forestière artisanale exerce une forte pression sur la biodiversité. En plus elle ne profite pas à toute la communauté. Le volume de bois traité est très important et peut parfois concurrencer l’exploitation forestière industrielle. Les statistiques en ce qui la concerne sont cependant rares.

Les artisanaux sont équipés surtout de vieux engins et certains d’entre eux ont des sources douteuses de financement qui viendraient d’« investisseurs » étrangers refusant de suivre la voie autorisée. Ils opèrent dans les lambeaux forestiers (cas de la province de Bandundu), mais également dans les massifs forestiers (forêts de Lisala, Bafwasende, Isangi, Banalia, etc.), sans équipement lourd, rudimentaire (scies à long), parfois moderne (tronçonneuses), sans création ou aménagement du réseau routier.

L’exploitation artisanale ne respecte souvent pas le diamètre minimum exploitable (DME) et prélève des volumes très élevés sur des petites surfaces et une gamme variée d’essences. Des volumes importants de bois sciés artisanalement mais non répertoriés sont vendus sur le marché local et d’autres sont exportés. Son impact sur la biodiversité pourrait être plus grave que l’exploitation industrielle du fait qu’elle échappe à toute réglementation et contrôle quand bien même que le Ministère National en charge des forêts voudrait mettre de l’ordre en signant un arrêté qui organise l’exploitation artisanale, et suggère même aux exploitants artisanaux de se regrouper en coopérative. Le problème reste toujours posé, car les agents de l’Etat au niveau tant national que provincial ne sont ni équipés ni renforcés pour effectuer le contrôle et surveillance forestiers, dans le secteur industriel et encore moins dans le secteur artisanal. Il leur est difficile de prendre des mesures préventives quant à la pression de l’exploitation non contrôlée subie par une essence particulière. Aucune statistique fiable ne peut être présentée en rapport avec ce mode d’exploitation. Surtout que la majorité des exploitants artisanaux ignore la réglementation, ce qui conduit au déboisement démesuré et à la raréfaction de certaines espèces ligneuses y compris des espèces animales et végétales, ainsi qu’à la destruction des écosystèmes avec des risques de dégradation des terres et d’érosion. Dans la Province Orientale, les exploitants artisanaux ont même développé le métier de négociant de bois.

Il faut signaler ici le fait que dans certains cas (exemple d’Olam dans le Bandundu territoire d’Idiofa (Mangaï) et le même entre Kisangani et Banalila), les sociétés industrielles contractent les exploitants artisanaux et les équipent, afin qu’ils coupent pour eux du bois qu’ils rachèteront. Ceci les exonère illicitement des démarches légales d’obtention de concessions.

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6.3.6 Au niveau des aires protégées Vu la grande valeur biologique renfermée au niveau des Aires Protégées, les conflits armés et politiques de ces deux dernières décennies ont fait que le Gouvernement ne sait plus contrôler les actions de la population dans ces sites. Elle y recourt pour résoudre tous les besoins, alimentaires, économiques et sociaux sans observer la loi ni la réglementation en la matière. Les principales pressions observées dans presque toutes les Aires Protégées s’énumèrent comme suit : ? le braconnage : il est signalé dans chaque site de conservation. Il se traduit par l’abattage d’animaux pour la commercialisation de la viande, des trophées ou l’autoconsommation. On signale également en plus de la population locale, la présence de troupes ou bandes armées qui se sont installées dans des parcs et y opèrent l’abattage en grand nombre ; ? la pêche illicite : elle est signalée dans les Aires comprenant des écosystèmes aquatiques. Particulièrement dans le parc Marin des Mangroves, il convient de signaler la pêche commerciale opérée à l’aide de grands bateaux de pêche ; ? l’agriculture itinérante : activité signalée dans toutes les Aires protégées du pays. La population recourt à l’agriculture pour subvenir aux besoins alimentaires et pour se constituer de petites économies ; ? l’exploitation minière : elle est signalée dans les Aires où l’on peut trouver les gisements miniers (ex de coltan dans le parc de Kahuzi-Biega). On recourt à cette activité pour se constituer un peu de moyens financiers ; ? la carbonisation : elle se pratique partout dans tous les sites protégés. C’est pour des raisons énergétiques et financières que la population recourt à la production des braises (cas alarmant du parc marin des Mangroves et de beaucoup des réserves proches des centres urbains) ; ? la coupe des bois : elle se fait également dans toutes les Aires protégées de la RDC. La population coupe les bois pour la chauffe domestique et pour la vente aux habitants des milieux urbains pour se constituer un peu de moyens financiers ; ? l’exploitation forestière : on constate dans quelques réserves démunies de gardes l’exploitation illicite du bois jusque dans la zone centrale.

À propos de des pressions purement anthropiques, à l’heure actuelle le manque de moyens, le nombre élevé d’Aires Protégées et l’insuffisance de personnel technique et d’écogardes affectés sur le terrain ne permettent pas à l’ICCN de jouer son rôle en assurant la surveillance nécessaire pour juguler efficacement ces diverses pressions.

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6.3.7 Dans les zones d’accès libre aux ressources Le système d’accès libre (selon le code forestier, les forêts protégées) peut avoir des conséquences graves sur la durabilité des ressources surtout dans le contexte actuel où les moyens manquent aux organes étatiques pour à la fois disponibilité, vulgariser les textes juridiques en matière environnementale et faire le contrôle et la surveillance.

Il se caractérise par une course à l’exploitation. L’agriculture itinérante sur brulis, la recherche de bois pour des besoins énergétiques, la présence des migrants et des déplacés constituent une menace permanente sur la biodiversité dans les zones d’accès libre.

Près des zones urbaines

Les citadins ont un besoin vital de la forêt mais emploient ses ressources d’une manière peu compatible avec le développement durable. Le besoin en bois-énergie, PFNL et autres produits forestiers est quotidien. Cette pression urbaine s’explique d’une part par la crise économique accentuée par les différentes guerres que le pays a connues et d’autre part par le délabrement des infrastructures de production aidée par la pauvreté généralisée, la faiblesse des systèmes étatiques et l’attachement culturel des citadins à la forêt.

Actuellement la plus grande pression est provoquée par l’expansion des villes plutôt que par l’accroissement de la population rurale. L’augmentation de la population allogène dans les régions forestières augmente la demande et conduit à la prolifération des petits commerces pour répondre au besoin croissant aidé par le coût peu élevé du transport et de la réhabilitation des routes, qui permet même aux cyclistes d’accéder facilement et rapidement aux lieux d’extraction des ressources, d’où surexploitation des ressources forestières. Le lotissement anarchique est une des causes de pression sur la biodiversité.

Les zones périurbaines sont l’objet d’une destruction systématique de la biodiversité, remplacée par un environnement appauvri en espèces végétales et animales. L’agriculture et la production de charbon de bois sont les deux moteurs principaux de ce processus de destruction. La plupart des villes de RDC sont en fait des zones d’habitation d’une population essentiellement agricole, qui cultive sur des distances de plus en plus longues, pouvant nécessiter des heures de marche ou de vélo (2 heures de marche, 10 km, sont des distances tout à fait fréquentes pour les champs agricoles). C’est ainsi que chaque matin et chaque soir les routes qui mènent aux champs sont encombrées de milliers de personnes. La zone urbaine développe son emprise agricole de deux manières complémentaires : rayonnante d’une part (la poussée est générale, de toutes parts), radiale d’autre part, le long des grands axes qui mènent à la ville. Pour ce deuxième cas, l’exemple le plus frappant est la route de Kisangani à Banalia, qui devient elle-même un quartier continu de la ville, sur près de 100 km. On constate dans ces environnements la disparition de plus en plus grande du couvert arboré, celle en particulier des « forêts » c'est-à-dire des champs non encore savanisés, et de ce fait, la diminution des rendements. La production de charbon de bois a un impact peut-être plus grand sur la destruction de l’environnement. La zone de destruction systématique du couvert forestier peut aller jusqu’à 200 km et davantage (cas de Kinshasa et Mbuji Mayi).

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En zone rurale

La pression sur la biodiversité s’est intensifiée en zone rurale par faute d’activité alternative et surtout par la fermeture des plantations qui autrefois employaient la majorité des villageois ainsi que le non payement et les retards de paiement chroniques des enseignants et des agents de l’état. Tous n’ont pas trouvé mieux que de se tourner vers la forêt pour trouver de quoi vivre et prendre soin de leurs familles. Ainsi nous constatons la pression exercée également par : ? l'agriculture, ? le besoin de bois-énergie, ? les migrants cherchant des terres agricoles fertiles, ? la chasse et la pêche commerciale, ? l’exploitation artisanale.

La population rurale vit par définition de l’exploitation des ressources naturelles. L’agriculture, la chasse, la pêche, la cueillette sont autant d’activités qui exercent une pression sur les ressources. La densité humaine, la façon dont ces activités sont conduites, ainsi que l’ampleur de la demande commerciale, déterminent le niveau de pression. L’activité certainement la plus immédiatement destructrice de toute la biodiversité est l’agriculture. Les pratiques agricoles actuelles de jachère/brûlis aboutissent à la destruction annuelle d’une superficie comprise entre 0,5 et 1 ha par ménage en zone forestière, que cette superficie soit de forêt primaire ou secondaire, ou de recru forestier récent sur jachère d’au moins six ans. Par ailleurs, l’effondrement de la demande ces trente dernières années à mis à l’abandon les cultures pérennes commerciales (qui fixaient par définition l’agriculture), renvoyant les paysans aux cultures saisonnières pour l’obtention de revenus monétaires.

En zone forestière

A vrai dire la forêt congolaise court un risque important car elle devient quasiment la seule source d’alimentation et des revenus pour toute la communauté, qu’elle soit locale ou autochtone. Cette pression se reporte sur la population qui y habite. La recherche des produits forestiers de subsistance et de commercialisation comporte des risques pour l’environnement mais également pour les populations notamment en perturbant les équilibres écologiques. La déforestation sans reboisement fait légion dans les zones pilotes.

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7 DIAGNOSTIC SOCIAL

7.1 ÉTAT DE LA SITUATION SOCIOECONOMIQUE DANS LA ZONE PILOTE DU PNFOCO

Si l’on définit la forêt de manière extensive, à l’instar du Code Forestier, l’essentiel des populations congolaises dépend de la forêt et la totalité de sa paysannerie y vit et en vit. Le Code en effet inclut dans sa définition la quasi-totalité des paysages ruraux du Congo, de la savane arbustive à la forêt humide. Or même au sud de la République et y compris dans les zones de prairie dominante, la forêt ainsi définie est présente et délimite même l’espace agricole proprement dit (il est rare que l’on cultive en savane herbacée). Ainsi, définir le milieu humain dépendant de la forêt revient à décrire le milieu humain congolais dans son ensemble, c'est-à-dire la totalité du pays rural si l’on excepte l’environnement urbain et péri urbain et les espaces ruraux totalement anthropisés comme certains terroirs des Kivu et de l’Ituri.

La même extension du concept de « forêt » se retrouve dans la dénomination courante du champ cultivé partout au Congo, s’il est de bonne qualité c'est-à-dire s’il est établi au minimum sur une jachère arbustive : c’est un champ de « forêt ». On retrouve des espaces véritablement forestiers, c’est à dire pouvant donner lieu à l’exploitation forestière, au moins artisanale, dans l’ensemble du pays. Il est cependant certain que la grande exploitation forestière concerne principalement la Cuvette Congolaise et ses franges, et à l’intérieur de celle-ci surtout les zones proches des cours d’eau (évacuation vers Kinshasa et Matadi) ou desservies par des routes conduisant aux grands marchés : c’est le cas du nord-est de la grande forêt, avec les marchés de l’Ouganda. Les lambeaux forestiers effilochés au sud et au nord de la forêt humide sont plutôt réservés à une exploitation de type artisanal, de même que les forêts claires de type zambézien du Katanga.

7.1.1 Peuplement On peut distinguer dans ces immenses espaces trois peuplements distincts :

1. dans et autour de la Forêt Humide :

a) un peuplement dit « autochtone », pygmée, avec des appartenances claniques distinctes : twa à l’est et dans les forêts de montagne, mbuti au centre, cwa au centre sud ; on estime à 250 000 cette population dans toute la République. Toute conjecture sur les effectifs réels des pygmées est très hasardeuse, du fait de l’inexistence de tout recensement fiable depuis plus de cinquante ans.

b) un peuplement bantou de deux origines : 1/ le peuplement qui, à partir de l’origine commune nigériane s’est répandu par l’ouest de la forêt dans la cuvette centrale, en suivant le réseau hydrographique; il s’agit ici du peuplement Anamongo dont les tribus très répandues dans l’Équateur se retrouvent jusque dans le Maï Ndombe, le nord des deux Kasaï (Kuba, Tetela) et la Province Orientale ; 2/ le peuplement bantou qui, depuis la même origine a contourné la Forêt par le nord-est pour revenir à l’ouest dans le centre des deux Kasaï et le Bandundu tandis qu’une autre branche se répandait au sud dans ce qui est aujourd’hui le Katanga et les pays riverains.

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2. au nord de la Cuvette, dans les marges sèches de celle-ci, le peuplement est avant tout d’origine soudanaise, bien que l’on y trouve encore des groupes bantous de l’ouest importants. Ces populations sont réputées avoir transformé en savane arbustive les marges nord de la forêt dont il existe encore des lambeaux importants.

7.1.2 L’agriculture et ses besoins en terres forestières L’agriculture est l’activité de base de toutes les populations d’origine bantou et soudanaises, bien que celles-ci s’adonnent aussi à l’élevage (il existe, dans les marges sèches savanicoles des groupes d’éleveurs nomades, très minoritaires). Il s’agit d’une agriculture sur brûlis dont la base est partout le manioc. D’autres cultures sont pratiquées, principalement en association avec le manioc : le maïs à l’ouest (tout l’Equateur, le Bandundu et les deux Kasaï), devenu peu à peu la culture commerciale principale, pour nourrir les grandes villes et en particulier Kinshasa ; le riz au nord et au centre (Bumba, Kisangani, Haut et Bas Uele), pour alimenter les marchés urbains locaux.

L’agriculture pratiquée sur brûlis sur les sols à dominante sableuse de tout cet immense espace donne des rendements moyens relativement élevés si la jachère est longue d’au moins 10 ans : 12 tonnes pour le manioc, 1,5 à 2,5 tonnes pour le riz et le maïs. C’est la règle en vrai zone forestière où les terres abondent. Les rendements descendent jusqu’à 8 tonnes pour le manioc avec des jachères à 5 ans et à 1,2/1,5tonnes pour les céréales. La rotation type comprend une ou deux années de culture suivie de 5 à 10 ans de jachère. Ceci veut dire que pour une culture annuelle de 1 à 1,5 ha en moyenne, il faut à l’agriculteur disposer d’une surface de six à douze fois supérieure (en incluant la jachère).

Ainsi, un village de 100 ménages, dont chacun défriche chaque année 1 ha, mettra chaque année en jachère pour 5 à 10 ans de 50 à 100 ha, soit entre 0,5 à 1 km2. Ainsi, un village exploitant la forêt en jachère brûlis aura besoin d’une superficie comprise entre 5 et 10 km2. Avec une réserve minimale de 5 km2 pour couvrir le croît démographique à échéance de 20 ans (50% de croit démographique sur vingt ans en comptant un taux moyen de 3%). Ainsi, un village de 100 ménages doit disposer d’au moins 15 km2 soit 1500 ha. En deçà de cette surface, son minimum vital n’est pas assuré. Un tel village qui occupe 3 km le long de la route a besoin d’au moins 5 km de profondeur de la route, en direction de la forêt, pour pouvoir cultiver. Tout mouvement de population en direction de ce village est susceptible de créer à terme des tensions foncières. En effet, 5 km représente deux heures de marche allé et retour. Plus les champs pénètrent au loin de la route, plus les temps de transport vers les champs vont allonger les temps de travaux (en incluant le transport) et la pénibilité du transport des récoltes vers le village.

De tels mouvements de population se produisent en particulier lorsqu’une route est réparée ou réhabilitée. Pour qu’un village dispose d’une bonne et nécessaire capacité d’expansion, il est nécessaire de lui garantir des terres dont la profondeur par rapport à la route doit être comprise entre 5 et 10 km, plutôt dix pour qu’il soit vraiment « à l’aise », expression congolaise. Autrement, l’avantage de la route sur son économie sera minime et, dans les cas les plus tendus de pression démographique, néfaste.

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Il faut souligner que de tels besoins en terre ne caractérisent pas tous les villages congolais forestiers ou circum-forestiers. Nombreux sont ceux qui vivent de la chasse ou de la pêche et, en zone vraiment forestière, les villages font plutôt 50 que 100 ménages. Toutefois, un village de pêcheur par exemple, si les ressources halieutiques viennent à manquer, situation très fréquente dans le contexte actuel de surexploitation de ces ressources, devrait pouvoir se reconvertir dans l’agriculture. Ceci est conforme avec le souci de mieux gérer les ressources halieutiques et cynégétiques.

7.1.3 Population et densités humaines La démographie de la zone forestière doit être interprétée en fonction de l’occupation agricole, base de vie des populations non seulement agricole, mais également urbaine, telle qu’elle vient d’être présentée dans ses besoins en terres de culture, y compris de jachère. L’examen des densités humaines de la Cuvette Centrale fait apparaître des valeurs faibles, comprises entre 5 et 10 habitants au km2. Ces chiffres pourraient laisser à penser que les risques de tension sont faibles entre les besoins de l’exploitation forestière et ceux des populations humaines locales, besoins en terres à usage agricole principalement.

En réalité, les densités moyennes sont trompeuses, elles cachent une réalité où les densités humaines sont fortes le long des axes routiers, et très faibles en profondeur. L’activité humaine est déjà déployée en profondeur de 15 et 25 km de part et d’autre des routes principales dans la plupart des territoires à vocation forestière véritable, ceux qui disposent d’une évacuation fluviale, avec des pointes à 50 km de profondeur. Une telle occupation de l’espace génère une intense pression sur sa marge. En effet, le besoin de nouvelles terres avec leur jachère, qui caractérise le croît démographique (3% par an) vaut pour l’ensemble des populations situées tout au long du transect et il est entièrement reporté sur la marge, à moins qu’il ne se traduise par des transferts de population, soit vers la ville, soit vers d’autres espaces agraires. Il serait possible de construire un modèle pour estimer ces transferts et calculer la vitesse de croissance des terres agricoles. L’analyse des photos satellites faite par l’étude d’impact socio-économique de Pro-Routes sur la ville de Buta, dans le Bas Uele, à la limite de la zone forestière, montre que la superficie des terres agricoles dans ce milieu a doublé en moins de 20 ans.

Ces considérations éclairent trois questions cruciales de l’étude d’impact socio- environnementales du PNFOCO : 1. La question des réserves de terres communautaires en zones où apparaissent les concessions 2. Celle des limites des concessions à proximité des routes principales servant à l’évacuation des produits agricoles vers les grands marchés 3. Celle des réserves de terres villageoises pour les villages inclus dans les concessions ou installés dans leur périphérie.

Un point important doit être souligné : les considérations de superficies, de rendements, de réserves et de limites de la zone de culture (donc des concessions forestières) qui viennent d’être présentées dépendent absolument des systèmes de culture pratiqués. Toute modification du principe de base de ces systèmes de culture (la culture sur abattis et brûlis des terres de forêt ou de jachère) qui aboutirait à réduire la jachère modifierait l’ensemble de ces notions. Une modification radicale du système de culture est le passage à l’arboriculture pérenne d’orientation commerciale (café, cacao, palmier à huile, hévéa). C’est une évolution souhaitable pour une partie de l’activité agricole paysanne : celle qui est orientée vers la production de revenus. Mais il faut bien voir qu’une telle évolution suppose des alternatives

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en termes de sécurité alimentaire, si elle se traduit effectivement par la diminution des cultures saisonnières, consommatrices de jachère, sécurité alimentaire des populations locales, mais sécurité alimentaire aussi des zones urbaines où elles ont leur marché. Ces alternatives n’existent pas, sauf à augmenter les importations alimentaires, ce qui n’est pas souhaitable, ni guère possible dans le contexte mondial actuel de prix très élevés. C’est pourquoi, la recherche d’alternatives techniques à la jachère brûlis doit figurer parmi les mesures de mitigation à long terme des conséquences de l’exploitation forestière et d’une manière plus générale, pour la diminution de la pression sur la forêt.

Carte 4 : Principales agglomérations

7.1.4 Populations urbaines, consommation des produits de la forêt et sécurité alimentaire La sécurité alimentaire des populations rurales vient d’être évoquée dans ses conséquences sur la forêt et sur la contigüité agriculture/exploitation forestière.

Les villes situées autour de la Cuvette Centrale, c'est-à-dire qui dépendent au moins en partie pour leur sécurité alimentaire de l’agriculture des marges forestières sont les suivantes : Populations en millions Villes d’habitants Kinshasa 7,5 Mbuji Mayi 1,8 Tshikapa 1,5 Kananga 1 Kisangani 1 Kikwit 0,8 TOTAL 13,6 Sources administratives

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C’est ainsi une population urbaine de l’ordre de 14 millions d’habitants qui dépend en grande partie des productions de la forêt pour assurer son approvisionnement en bois d’œuvre et de chauffe, de charbon de bois, de produits agricoles et forestiers non ligneux, sans parler de l’importante demande en gibier en provenance de la forêt.

Il n’existe pas d’étude détaillée sur la pression qu’exercent ces marchés urbains sur la forêt, notamment en terme quantitatif. On peut toutefois présenter les caractéristiques des grands flux commerciaux qui vont vers ces villes, auxquelles il faudrait ajouter l’attraction des pays comme l’Uganda (qui achète d’importantes quantités de bois en provenance de Mambasa, donc de la grande forêt, via Bunia, et Beni).

Kinshasa consomme essentiellement du maïs et du manioc en provenance du Bandundu, du Bas Congo et de l’Équateur. La Province Orientale exporte très peu de produits agricoles vers Kinshasa. Dans le Bandundu, principale zone d’approvisionnement de Kinshasa, l’essentiel de l’approvisionnement ne vient pas de la zone vraiment forestière (le Maï Ndombe), mais du Kwilu et du Kwango. Kinshasa dépend en revanche beaucoup de la zone forestière équatorienne pour son approvisionnement en maïs de soudure, c'est-à-dire entre août et décembre. Le Maï Ndombe (Bandundu) fournit le plus gros du poisson séché consommé par la ville. Ce district forestier est à l’avenir appelé à jouer un rôle agricole décisif pour l’approvisionnement de la ville, à mesure que le potentiel agricole du Kwilu sera saturé (il l’est déjà en grande partie).

Kisangani est approvisionné par son environnement forestier, sur un rayon de quelques 150 km (route de Banalia, Opala, Isangi). L’activité minière, apparue il y a 15 ans, y attire des populations nombreuses et créée sur toute la zone forestière proche une demande forte, aussi bien en produits végétaux qu’en viande de brousse. Ce phénomène ne peut que s’amplifier à l’avenir du fait de l’ouverture de la route Ituri (vers l’Uganda) et vers le Maniéma sinon le Katanga, du fait de l’ouverture de la route d’Ubundu et plus tard, la remise en état de la liaison Ubundu / Kindu / Lubumbashi.

Kikwit dépend avant tout de son environnement agricole, très largement anthropisé. Les forêts de la rive droite du Kwilu sont menacées par l’exploitation artisanale, faiblement par l’activité agricole. Mais ceci pourrait évoluer dans les années qui viennent, par transferts spontané de population, du fait de la croissante demande des Kasaï.

Kananga, Tshikapa et Mbuji Mayi dépendent déjà des forêts du nord des deux Kasaï pour leur approvisionnement en maïs (kasaï) et en riz (tetela). Il est probable que l’ouverture de la nationale 1 va augmenter la pression des zones urbaines de ces deux provinces sur leur zone forestière et sur le Bandundu.

Ainsi, les forêts de la Cuvette Congolaise, principalement concernées par l’exploitation forestière industrielle, constitueront de plus en plus le bassin d’approvisionnement d’une population urbaine en pleine croissance (6% par an) et d’une population rurale qui ne cesse de croître elle-même. Leur demande est considérable tant en bois, qu’en produits forestiers non ligneux et en denrées alimentaires de base comme le maïs et le manioc.

La situation est la même dans le Katanga, qui dispose de vaste forêts claires : elles sont menacées à la fois par la demande en bois des villes en pleine expansion de la zone minière cuprifère, en pleine redynamisation, et par la demande en produits agricoles locaux, qui va de pair.

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7.1.5 Flux migratoires Les migrations de population sont intenses dans tout le Congo. Elles sont une réalité quotidienne de la zone rurale, y compris dans la Cuvette Congolaise, dès lors que l’activité minière s’y installe. Toutes sortes de populations sont attirées par les mines : les populations locales d’abord, sur des rayons de plusieurs centaines de km. Les populations urbaines ensuite. On trouve par exemple à Kahemba dans le Bandundu de nombreux mineurs et trafiquants originaires de Kinshasa, situé à 800 km de distance. A rebours, l’attrait de la ville et de ses marchés est grand pour les populations rurales. Depuis une dizaine d’années par exemple, on a pu observer des mouvements contradictoires entre la ville de Kinshasa et son arrière pays parfois très éloigné : à la fois d’exode rural vers la ville et de retour vers la campagne, sans que l’on puisse quantifier, faute d’étude, le solde migratoire. La réhabilitation de la Nationale 1 vers Matadi a provoqué de nombreux retours au pays, d’abord intermittents puis définitifs. On observe déjà les mêmes mouvements le long de la nationale 1 entre Kikwit et Kinshasa. Il en est de même le long de la route Ituri (où le retour au pays est accompagné d’un phénomène migratoire en provenance du Nord) ou encore le long de la route allant de Lubunga à Ubundu, dans la Province Orientale.

Comme il a été signalé au paragraphe précédent, le Katanga connaît depuis 2002 un important afflux de populations principalement kasaïennes du fait de l’activité minière en pleine expansion.

Les migrations du nord est congolais en provenance notamment du Rwanda et du Burundi sont connues. Elles créent une très forte pression sur les terres dans toute la région, outre leurs conséquences sécuritaires et politiques. Sur les terres donc sur les forêts, et en particulier sur celles des réserves et aires protégées.

Les flux de population sur Tshikapa sont l’un des phénomènes migratoires les plus massifs et spectaculaire de ces vingt dernières années : une population minière de 1,5 million de personnes s’est agglomérée en quelques années autour d’une localité de quelques milliers d’âmes, phénomène que Mbuji Mayi a précédé dans les années soixante et soixante dix, bien qu’il ait été plus progressif, du fait de la répression qui pesait alors sur le creusage artisanal.

Ces développements urbains et miniers constituent des menaces pour l’environnement forestier aussi bien en termes alimentaires que de pression sur le gibier des forêts voisines, sur les parcs et réserves naturelles (certains habitants des villes et de nombreux mineurs ont des pouvoirs d’achat qui leur permettent d’acheter la viande de brousse à des prix élevés). La croissance des agglomérations non agricoles se traduit également par une double demande de produits ligneux : pour le charbon de bois mais également pour le bois d’œuvre, utilisé en grande quantité par les constructions urbaines.

Dans la Cuvette proprement dite on peut relever deux flux majeurs de ces dernières années : 1. le flux diamantifère, qui envahit les routes nationales 4 et 6 entre Kisangani et Bumba, ainsi que la majorité des rivières traversées par ces routes, très en profondeur et jusque dans le Domaine de Chasse de Rubi Tele. Dans le nord-est de la Cuvette (Mambasa) le phénomène concerne également l’or et le coltan.

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2. les mouvements des populations de pêcheurs tout au long du réseau hydrographique du Fleuve et de ses affluents. Deux tribus sont connues pour leur activité migratoire : les Sakata du Maï Ndombe et les Lokele. Mais de nombreuses tribus sont également concernées. En effet, les codes qui s’appliquent actuellement à la pêche, et qui sont en vigueur depuis des décennies, interdisent l’appropriation des bassins de pêche : tout congolais peut aller pécher là où il veut et il n’y est dans les faits soumis à aucun contrôle. Ces mouvements intéressent directement l’activité forestière mais également l’application du Code Forestier. En effet, pêcheurs/agriculteurs et forestiers se retrouvent autour des rivières, qui sont pour les seconds la voie d’évacuation unique. Dans une très grande partie du réseau hydrographique congolais et sur des profondeurs de l’ordre de 10 km, les villages sont à la fois des villages où la présence des « venants », des allochtones, est très importante sinon majoritaire. Les « communautés coutumières», interlocuteurs des Cahiers des Charges du Code, sont hétérogènes en termes de droits fonciers et souvent d’activité. Il existe dans de très nombreux cas des relations difficiles entre ces populations allochtones et les originaires. La pression sur les terres agricoles en est la cause majeure.

3. A côté de ces mouvements qui certainement concernent les plus grands effectifs de population, il convient de mentionner les mouvements des populations pygmées. Ce sont des populations nomades par définition dont les mouvements sont provoqués par la quête du gibier et des ressources forestières non ligneuses mais également par des raisons culturelles. Ils constituent de plus une main d’œuvre recherchée et bon marché pour les travaux des champs des bantous (anciennement pour les grandes plantations) et ceci est une cause supplémentaire et importante de migration pygmée.

7.1.6 Flux migratoires et accès aux ressources naturelles : Pour comprendre les tensions qui existent actuellement dans les villages riverains de la Cuvette Congolaise et de tous les espaces forestiers du Congo il faut prendre en compte plusieurs facteurs : 1 Les activités de pêche et de chasse sont en difficultés du fait de la diminution des prises consécutives à des pratiques non responsables. Il s’en suit que les revenus de la pêche et de la chasse diminuent et que les communautés de pêcheurs et de chasseurs sont obligées de diversifier leurs activités dans l’agriculture. 2 Dans les faits, les chefs de terre sont les vrais titulaires de l’usage des terres. Outre le paiement de tributs qui leur sont redevables sur les PFNL, les chefs de terre appliquent des restrictions de fait à l’accès des allochtones, parmi lesquels les pêcheurs migrants, aux meilleures terres. Ceci est un sujet majeur de tension, comme il a été dit. 3 Le refus d’attribuer de manière durable des terres aux migrants a également des connotations politiques, les autochtones les plus menacés démographiquement craignant que l’accès à la terre se révèle un vecteur possible de dépossession politique.

On peut signaler plusieurs espaces où l’accès à la terre constitue un sujet permanent de conflit larvé. Ces conflits peuvent impliquer des pygmées (cas de Bikoro). La situation est particulièrement tendue dans les montagnes de l’Est où la disponibilité des terres est faible ou raréfiée, et où le marché foncier très actif aboutit à des dépossessions de fait et massives des populations autochtones. L’accès aux forêts entre dans ces logiques de conflit.

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7.2 LES INFRASTRUCTURES DE TRANSPORT

Exploiter la forêt aboutit à l’évacuation du bois vers les marchés locaux ou internationaux. Le Congo subit en la matière un handicap majeur, qui est la non navigabilité du Fleuve sur ses derniers 350 km à partir de Kinshasa. Il profite en revanche d’un admirable réseau hydrographique navigable d’amont, dont le Fleuve est le drain principal. Les forêts exploitables pour l’exportation sont donc celles situées le long du Fleuve, sur des profondeurs pouvant aller jusqu’à 200 km. Ce handicap n’existe pas pour l’approvisionnement du marché local, dont le principal, Kinshasa, est situé sur le bief navigable du Fleuve, de même que pour les villes de Kisangani et de Kikwit, bien desservies. Les villes de Lubumbashi, de Mbuji Mayi, de Tshikapa et de Kananga n’ont pas cet avantage, elles dépendent du réseau routier, moyen de transport toujours plus coûteux que le fleuve.

Rappelons la situation des infrastructures de transport en RDC, dont toutes sont (actuellement ou potentiellement) les moyens d’évacuation du bois et des produits ligneux et non ligneux des forêts du Congo :

1 Le Fleuve, principale voie d’évacuation de ces produits n’est pas balisé de même pour ses principaux affluents primaires et secondaires. La navigation est dangereuse. L’un des dangers permanents de la navigation sur le fleuve et ses affluents est la surcharge habituelle des embarcations et leur mauvais état général, mais aussi le mauvais arrimage des radeaux qui sont l’un des principaux moyens d’évacuation des grumes vers Kinshasa. Les accidents sont nombreux.

2 Les ports opérationnels n’ont aucun équipement (on charge et décharge à la planche, sans aucun engin de levage dans la plupart des cas). Les ports de l’ONATRA, importants investissements des années 60 et 70, bien qu’en état le plus souvent, sont systématiquement évités par les professionnels du fait des taxes jugées importantes qui y sont payées. Les équipements de stockage au port sont réduits à des cabanes le plus souvent non tôlées.

3 Les ports (et les marchés) sont partout des lieux insalubres. Les études épidémiologiques réalisées par le Ministère de la Santé à Kinshasa montrent que le port Baramoto, spécialisé dans le commerce du poisson salé et séché, est le premier foyer de cholera de la ville, lieu d’où les épidémies partent généralement.

4 Les voies de chemin de fer sont partout en très mauvais état, nécessitant des arrêts systématiques des convois et provoquant des déraillements réguliers. Le matériel roulant est dans un très mauvais état partout. Le réseau de la SNCC (Zambie Lubumbashi Kamina Mwene Ditu Kananga Ilebo et Kamina Kindu ainsi que Kalemie Kabalo ou encore Ubundu Lubunga) ne fonctionne que de manière irrégulière et toujours dangereuse.

5 Les pistes et routes : Le réseau routier a connu ces dernières années des investissements importants qui affectent tous l’évacuation des produits forestiers : la Nationale 1 est presque totalement réhabilitée entre Matadi et Kikwit via Kinshasa, à l’exception du tronçon Kenge / Mbankana, qui sera prochainement réhabilité. La route sera bientôt réhabilitée entre la rivière Loange et le lac Mukamba. Sur ce dernier axe (Loange/Mukamba) il est probable que le trafic de planches et de charbon de bois, en

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direction des marchés locaux, va connaître une grande ampleur dès que la route sera réhabilitée (exploitation artisanale). Rappelons que sur la Nationale 1 transitent entre Kinshasa et Matadi un nombre considérable de grumiers, qui constituent d’ailleurs un danger permanent pour les riverains. D’autres axes stratégiques sont en cours de réhabilitation :

1. la route Ituri pour l’exportation vers l’Uganda et l’est ; 2. les routes Nationale 4 et 6 entre Gemena et Kisangani, via Businga, Lisala, Bumba, Aketi, Buta et Banalia) mais également entre Bolia et Bondo, au nord, vers la RCA ; 3. la route de Gemena à Zongo, permettant l’évacuation vers Brazzaville, la RCA et le Cameroun, notamment des produits ligneux ; 4. la route de Mongata à Bikoro via Bandundu et Inongo, qui va désenclaver le Maï Ndombe. 5. Bien d’autres pistes et routes sont en chantier de réhabilitation. L’exploitation forestière constitue pour ces routes à la fois une chance et une menace : une chance si les forestiers prennent effectivement en charge durablement leur entretien, une menace, s’ils se suffisent d’un entretien minimal et s’ils ne respectent pas les contraintes de tonnages sur les ouvrages de franchissement des voies d’eau.

6 Les aéroports et pistes d’atterrissage sont un moyen d’évacuation de la viande de brousse, notamment aux abords des Parcs Naturels. C’est le cas de la Salonga, dont les aéroports des petits bourgs environnants sont des lieux d’exportation interdite de la viande boucanée ou fraîche de buffle, d’éléphant, de singes protégés. Carte 5 : Infrastructure de transport

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7.3 CONDITIONS DE VIE ET ACCES AUX SERVICES

Les conditions de vie des populations forestières sont pratiquement en 2008 ce qu’elles étaient avant le 20ème siècle.

? L’habitat est presqu’exclusivement de torchis et à couverture végétale, rarement d’adobe et exceptionnellement tôlé. On peut considérer que dans toute la cuvette, en dehors de bourgs, le taux de maison en torchis tôlé ne dépasse par les 5%. Dans les maisons la promiscuité est élevée et le nombre de chambres insuffisant. On peut citer des exceptions : la route de Banalia à Kisangani, zone pratiquement péri-urbaine, qui est engagée dans une dynamique de construction en brique cuite. D’une manière générale, la qualité de l’habitat et surtout des couvertures est meilleure dans l’est que dans l’ouest. La raison principale en est le coût des matériaux de construction, très élevé à l’ouest et dans le Centre en particulier (un sac de ciment peut valoir jusqu’à 60 dollars dans le Maniema). ? Le niveau d’équipement des maisons est particulièrement bas : la natte reste la couche habituelle, les ustensiles ménagers sont rares et il est fréquent qu’on emprunte la casserole. Les meubles sont le plus souvent en mauvais état. ? Le niveau d’équipement destiné aux activités économiques est également très faible : entre un et deux vélos pour dix ménages, des houes et machettes en nombre insuffisant et en mauvais état (en zone vraiment forestière on ne cultive pas à la houe, mais à la machette). Il est rare qu’un campement de pêche dispose d’un bateau à moteur. ? L’accès à l’eau vraiment potable est partout faible, notamment dans la zone marécageuse, où l’eau de boisson est presque toujours issue du marais ou de la rivière. Dans les zones sèches, où le relief même léger indique la présence de sources, il est très rare (moins d’un pour cent au mieux) que les villageois s’abreuvent à des sources aménagées (toutefois, dans ces cas d’accès à la source, l’eau est généralement de qualité acceptable). Les adductions d’eau n’existent (et rarement) que dans les chefs lieux de territoire. En revanche, elles sont plus fréquentes dans l’est, du fait de campagnes d’équipement qui datent des années 80 et du début des années 90 (SNHR). ? Les grandes parasitoses, les maladies hydriques, constituent une cause principale de morbidité (maladies intestinales, trypanosomiase, parasitoses internes et externes diverses, malaria), les maladies infectieuses contagieuses comme la rougeole, auxquelles ces vingt dernières années sont venues s’ajouter les Maladies Sexuellement Transmissibles et la tuberculose. Tout ceci décrit un statut de santé d’ensemble particulièrement mauvais avec des durées moyennes de vie en régression et rarement supérieures à 50 ans. ? L’accès aux services de santé, eux-mêmes mauvais, est particulièrement bas dans toute la Cuvette : état déplorable délabré et insalubre des établissements de santé, leur éloignement ou rareté, absence d’accès à l’eau propre, absence de médicaments dans les pharmacies, niveau bas des personnels de santé mal payés, hygiène partout déplorable, concurrence des charlatans, de l’auto-médication et des établissements de santé non agréés. Tel est le tableau général que quelques exceptions viennent péniblement relever qui se traduit par de plus en plus d’auto-médication, le recours à la médecine traditionnelle, les accouchements non assistés… ? Les établissements scolaires sont presque tous en très mauvais état dans la zone forestière. Les investissements des compagnies forestières en la matière, qu’elles ne manquent pas de mettre en avant au titre de leur impact social, se révèlent en général

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de très mauvaise qualité. De même pour leurs investissements dans le secteur de la santé, à quelques rares exceptions (Nioki). La qualité des enseignants est faible, les taux de scolarité primaire en dessous de 50 % pour les garçons, plus faibles encore pour les filles (40 à 45%), et très faibles même pour les garçons au niveau secondaire. ? Ce tableau général très négatif connaît évidemment des nuances locales. Il s’éclaircit dans la périphérie urbaine et à l’est, il s’assombrit au contraire dans la pleine zone forestière.

A ce tableau négatif des conditions de vie des populations forestières, il convient d’opposer les avantages non négligeables de la zone forestière et péri-forestière : l’alimentation y est généralement abondante et variée, la consommation de protéines animales est plus fréquente qu’ailleurs, grâce au poisson et à la viande de brousse.

7.4 LES REVENUS MONETAIRES

Les revenus monétaires des populations forestières et péri-forestières proviennent pour l’essentiel de la vente des produits de l’agriculture, de la pêche, de la chasse et de la cueillette. Pour les populations spécialisées (pêche, chasse), l’agriculture est une source secondaire de revenus mais elle produit la base de l’alimentation.

Ces revenus sont faibles, comme l’attestent toutes les études récentes qui leur ont été consacrées (DCSRP, SNSA-FAO sur le Bas Congo, le Katanga et le Bandundu). Pour plus de 80 % des ménages enquêtés, les revenus par membre du ménage sont inférieurs à 50 000 francs congolais par an (équivalent à 100 USD) (SNSA). Par exemple dans le Bandundu les revenus moyens des ménages peuvent être considérés comme approchant les 350 dollars par an. Il s’agit de populations qui ont la possibilité de commercialiser leur production (manioc, maïs, arachide, pêche) de manière à peu près aisée. A noter que les revenus de base (agriculture, pêche) sont souvent arrondis en milieu forestier par les activités de cueillette et de transport de ces produits (fibres, lianes, feuilles, fruits, viande boucanée). De telles performances sont également accessibles aux populations éloignées de pêcheurs et de chasseurs. Elles sont beaucoup plus difficiles aux populations agricoles enclavées, dont le revenu descend facilement à moins de 150 dollars par ménage par an.

Ces chiffres moyens, très indicatifs, cachent des réalités diverses : l’occurrence de la maladie dans une famille rurale peut se traduire par la pauvreté immédiate et l’absence plus ou moins durable de revenus monétaires. Au contraire, le fait pour les jeunes de s’adonner au transport vélo ou au creusage minier va rapporter des revenus de l’ordre de 80 à 100 dollars par mois, revenus toujours menacés par la maladie, ainsi que par la malchance, qui peut faire sombrer toute une famille de mineur dans la pauvreté extrême, même pas contrebalancée par le filet de sécurité que représente le champ de manioc.

A titre indicatif, voici quelques niveaux de salaires payés par les compagnies forestières industrielles : les salaires de base des chauffeurs grumiers sont compris entre 50 et 65 dollars par mois. Avec les primes, les enfants, les heures supplémentaires, ils peuvent atteindre 90 dollars. Les ouvriers bucherons qui manipulent les tronçonneuses (on les appelle les « tronçonneurs ») touchent à peu près autant. Les machetteurs (sic) sont à 25 dollars par mois en général et les mécaniciens-électriciens ont un meilleur salaire de base, à 80 dollars par mois.

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L’activité forestière représente au total dans la Cuvette, selon notre estimation autour de 10.500 emplois directs (Bandundu près de 3.000, Équateur, 5.000 et Province Orientale 2.500 ) et, en tenant compte d’un salaire moyen pratiqué de l’ordre de 60 dollars par mois avec les primes, on peut estimer que les salaires payés localement représentent un montant total mensuel de l’ordre de 630 000 dollars et un montant annuel de 7 560 000 dollars.

A titre de comparaison, les revenus annuels moyens tirés de l’agriculture dans la zone forestière dans les trois provinces, en comptant une population riveraine de l’ordre de 3 000 000 de personnes, soit 500 000 ménages, et un revenu monétaire moyen par ménage de l’ordre de 200 dollars, représentent un revenu monétaire total de 100 millions de dollars annuels. A ces revenus monétaires il faut ajouter la production alimentaire des populations concernées mais par ailleurs la sécurité alimentaire des populations urbaines.

7.5 LES PEUPLES AUTOCHTONES FORESTIERS

7.5.1 Notions d’autochtonie en RDC La notion de « peuples autochtones » est encore sujette à controverses en République Démocratique du Congo. D’une part, la Constitution Congolaise n’établit pas de distinction formelle entre ces peuples et les autres populations dans l’énonciation des droits reconnus aux citoyens. D’autre part, elle ne crée non plus de discrimination dans l’accès et la jouissance du statut de citoyen de l’Etat Congolais et de reconnaissance de sa personnalité juridique. La Constitution interdit formellement toute forme de discrimination, y compris la discrimination fondée sur l’origine, la situation sociale ou matérielle, l’apparence raciale et ethnique. L’article 12 de la Constitution de 2006 affirme que « tous les Congolais sont égaux devant la loi et ont droit à une égale protection par les lois ». L’article 13 précise que «aucun Congolais ne peut, en matière d’éducation et d’accès aux fonctions publiques ni en aucune autre matière, faire l’objet d’une mesure discriminatoire, qu’elle résulte de la loi ou d’un acte de l’exécutif, en raison de sa religion, de son origine familiale, de sa condition sociale, de sa résidence, de ses opinions ou de ses convictions politiques, de son appartenance à une race, à une ethnie, à une tribu, à une minorité culturelle ou linguistique». L’article 51 affirme que «L’Etat a le devoir d’assurer et de promouvoir la coexistence pacifique et harmonieuse de tous les groupes ethniques du pays et assure également la protection et la promotion des groupes vulnérables et de toutes les minorités».

Lorsqu’on considère l’évolution de la situation du pays, la notion de « peuples autochtones » semble avoir évolué en trois phases : la période coloniale, le moment de l’indépendance et la période postcoloniale. Pendant la colonisation, l’ « autochtone » désignait toute personne originaire d’un territoire colonisé. Dans cette optique, tous les Congolais étaient des « autochtones ». Au lendemain des indépendances jusqu’au début des années 70, le terme « autochtone » désignait les Africains non civilisés, par rapport à ceux qui avaient déjà adopté le mode de vie moderne, calqué sur le mode de vie occidental. Etre « autochtone », assimilé à être « indigène », signifiait, à cette époque, être arriéré, rétrograde, en retard et en marge de l’évolution du monde moderne6. C’était même, à la limite, péjoratif. Cela explique pourquoi certaines communautés rebutent à être appelées « autochtones » ou « indigènes ». A partir des années 80, jusqu’aujourd’hui, le qualificatif « autochtone », tel que promu par les organisations de peuples autochtones, en Amérique et en Australie, par exemple, et consacré par les Nations Unies, renvoie aux communautés « liées par une continuité

6 FRITZ (Jean-Claude) ; Introduction générale au livre sur La Nouvelle question indigène. Peuples autochtones et ordre mondial, Paris, L’Harmattan, 2005, pp. 11-22.

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historique avec les sociétés antérieures à l’invasion et avec les sociétés précoloniales qui se sont développées sur leurs territoires, se jugent distinctes des autres éléments des sociétés qui dominent à présent sur leurs territoires ou parties de ces territoires et sont déterminées à conserver, développer et transmettre aux générations futures leurs territoires ancestraux et leur identité ethnique qui constituent la base de la continuité de leur existence en tant que peuple, conformément à leurs propres modèles culturels, à leurs institutions sociales et à leurs systèmes juridiques »7 et qui se sentent à la fois, vulnérables et marginalisées de la vie politique, sociale, économique et culturelle de leur pays8.

Cette définition met un accent particulier sur trois caractéristiques essentielles des « populations autochtones », en l’occurrence : - le fait d’être engagé dans une lutte pour la préservation d’une culture et d’un mode de vie marginalisé, - être descendant d’un groupe qui a habité une terre déterminée et culturellement importante, depuis un temps immémorial avant que celle-ci soit occupée, envahie, colonisée, ou avant l’établissement des frontières des Etats et - souffrir des discriminations dues à la volonté de préserver un mode de vie jugé rétrograde et en décalage avec la modernité occidentale.

S’agissant particulièrement de la République Démocratique du Congo, la définition de « peuples autochtones » doit nécessairement être contextualisée9. Cette contextualisation peut s’inscrire dans l’optique de la définition proposée par le Groupe de travail des experts de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples sur les populations/communautés autochtones qui est plus ou moins opératoire dans le contexte africain, même si elle-même s’inspire largement de celle développée à l’échelle internationale, sans tout de même se confondre à elle10.

Le Groupe des experts souligne à cet égard qu’une « stricte définition de peuples autochtones n’est ni nécessaire ni souhaitable. Il est beaucoup plus pertinent et constructif d’essayer de relever les principales caractéristiques qui peuvent aider à identifier qui sont les peuples et les communautés autochtones en Afrique (…). Les caractéristiques globales des groupes s’identifiant comme peuples autochtones sont que leurs cultures et leurs modes de vie diffèrent considérablement de ceux de la société dominante et que leurs cultures sont menacées, au point de l’extinction dans certains cas. Une caractéristique clé pour la plupart d’entre eux est que la survie de leurs modes de vie particuliers dépend de la reconnaissance de leurs droits d’accès à leurs terres et à leurs ressources naturelles traditionnelles. Ils souffrent de la discrimination dans la mesure où ils sont considérés

7 Lire le rapport de l’étude de José Martinez COBO sur le problème de la discrimination à l’encontre des populations, Genève, Nations Unies, 1986 et E/CN.4/Sub.2/L.566, paragraphe 34. Dans une perspective globale et comparative, lire La Revue Alternatives Sud ; L’avenir des peuples autochtones. Le sort des premières nations, volume VII, numéro 2, Louvain-la-Neuve, Centre Tricontinental, 2000, 276 pages, la Revue Politique et Sociétés, volume 23, numéro1, Peuples autochtones et enjeux politiques, Montréal, 2004, pp. 3-114. 8 KINGSBURY (B.) ; « Indigenous Peoples as an international legal concept », in BARNES (R.) and others ; Indigenous Peoples in Asia, Association for Asian Studies, 1995, pp. 22-23; BARNARD (Alan) and KENRICK (Justin); ’s Indigenous Peoples: “First Peoples” or “Marginalized Minorities”, Edinburgh, University of Edinburgh, Centre of African Studies, 2001, 322 pages. 9 BARUME KWOKWO (Albert) ; Etude sur le cadre légal pour la protection des droits des peuples indigènes et tribaux au Cameroun, Genève, OIT, 2005, pp. 20-30, KOUEVI AYITEGAN (G.) ; « La problématique autochtone en Afrique », in Alternatives Sud, volume VII, 2, 2000, pp. 175-188 et MEDARD (Claire) ; « Il existe un droit ancestral à la terre des communautés dites « autochtones » », in COURADE (Georges)(dir.) ; L’Afrique des idées reçues, Paris, Belin, 2006, pp. 166- 172. 10 THORNBERRY (Patrick); “Indigenous Peoples in International Law”, in BARNARD (Alan) and KENRICK (Justin); idem.

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comme étant moins développés et moins avancés que les autres groupes plus dominants de la société »11.

Il n’y a pas encore eu de recensement officiel systématique des « Pygmées » de la République Démocratique du Congo. Tous les chiffres donnés aujourd’hui ne sont que de simples estimations faites par différents intervenants. De même, aucune carte de localisation complète de ces populations n’existe. Les informations ainsi données concernant la démographie et la localisation sont de ce fait provisoires et non exhaustives. Comme le montre l’annexe 2 qui présente les informations de base recueillies par Kai Shmidt Soltau (ICCN, 2007), il existe encore de grandes incertitudes sur la localisation et les effectifs des populations pygmées en RDC. Mais, il est admis aujourd’hui qu’ils constitueraient une population globale d’environ 250 000 personnes réparties en plusieurs groupes : les Bambenga, au nord de l’Equateur, dans le secteur de Dongo et au nord ouest, sur la rive gauche de l’Ubangi, les Batwa, au nord du Bandundu (ceux de Kiri, de Oshwe et de Inongo), les Mbuti (Asua) au centre et au sud de la forêt de l’Ituri, les Mbuti (Kango/Aka) au nord et à l’ouest de la forêt de l’Ituri, les Mbuti (Efe) au nord et à l’est de la forêt de l’Ituri, les Cwa au sud et à l’est de Mbandaka et dans la région des lacs du Kasaï, à Kongolo, au nord de Kananga, à l’est de Kabinda et à Lomela et les Twa à l’est du Nord-Kivu, au Sud-Kivu et au Maniema12.

La localisation de la totalité de leurs zones actuelles d’usage est tout aussi incertaines et les cartes disponibles sont toutes entachées d’imprécision ou comprennent encore des erreurs. La carte suivante (Bahuchet, IRD, 2006) fournit une vision complémentaire de celle de Schmidt Soltau, que la présente étude à essayé de compléter avec l’aide des ONG d’appui au peuples autochtones.

Figure 4. Répartition des populations Pygmées dans le Bassin du Congo (Source : IRD, 2006)

11 CADHP et IWGIA ; Rapport du Groupe de travail d’experts de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples sur les Populations/Communautés Autochtones, adopté par la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples lors de sa 28ème session ordinaire, Banjul, 2005, pp. 99 et suivantes. 12 Forest People Programme et Centre d’Accompagnement des Autochtones Pygmées et Minoritaires Vulnérables ; Les droits humains des peuples autochtones « Pygmées » en République Démocratique du Congo, Bukavu et Londres, Avril 2008, pp.4-5

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7.5.2 Localisation13 Le tableau suivant donne un aperçu de la localisation des peuples autochtones sur différents grands axes du pays. Pour l’instant, s’il est difficile de définir avec plus de précision les villages autochtones, la localisation des zones utilisées pour leurs activités traditionnelles l’est encore davantage. Tableau 1 : Localisation connue des peuples autochtones dans les provinces touchées par le programme. Province Territoire axes Orientale Mambassa Beni-Mambassa Mambassa-Epulu-Nyania Irumu Beni Komanda Komanda –Mambassa Djogu Kilo-Mongwalu Bafwesende Niania- Bafwesende Bafwesende-Bomili Niania-Wamba Opala Lieke-Lesole L’équateur Bikoro Mbandaka-Bikoro Mbandaka-Bandundu Ingende Tout territoire Libenge Gemena-Libenge Bongandanga Yakata-yaimbo Bolongo-bosua Bolomba Bolomba Bandundu Kiri Lac-Mayindombe Inongo Lac-Mayindombe Oshwe Cite-Route

13 Aucune institution n’a jamais mené une étude démographique sur la localisation et l’identification des groupes Batwa et Bambuti en général et ceux vivant dans les zones forestières et voisins des aires protégées en particulier. Les zones identifiées sur la carte sont, donc, approximatives. Des données concernant les distances parcourues par des populations locales pour accéder aux zones de chasse ont constitué la base des calculs des zones d’usage (WWF, 2006).

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Carte 6 : Localisation des peuples forestiers autochtones

7.5.3 Relations interethniques La marginalisation historique des populations Batwa par leurs voisins Bantou est observable jusqu’aujourd’hui. Cette dynamique est particulièrement visible dans le cadre de l’exploitation forestière. Les Bantou considèrent encore les Batwa comme un peuple inférieur (Rapport socio OI, Octobre, 2006) et les Batwa refusent d’être subordonnés aux Bantou et affirment que leurs coutumes sont différentes de celles des groupes Mongo (Bantou) (WWF, Salonga report, 2006 : 31)

« Nous venons de l’Équateur…Nos ancêtres avaient refusé la domination des Nkundu qui voulaient faire de nous des ‘pygmées attachés,’ mais nous avions refusé…Nous avons donc décidé de vivre isolés dans notre propre site. C’est ainsi qu’un groupe de pygmées a migré au territoire d’Oshwe, à Lokolama, et un autre groupe est resté dans le Kiri, dans un village appelé Bisenge 2. » (WWF, 2006 : 25)

Entre autres ont été relevés par plusieurs études et enquêtes les aspects discriminatoires suivants (rapport CENADEP-CEIDB, janvier 2005) : - Des tracasseries policières et administratives, des extorsions de biens (gibiers, chenilles,…) surtout les jours de marché : - Le paiement obligatoire de tributs aux autorités administratives et coutumières bantous - L’injustice notoire dans tout procès ou différend opposant un bantou à un pygmée - L’impunité des bantous en cas de violation des droits des pygmées

Comme nous l’avons vu (8.5.1.) les populations dites « autochtones » ne représentent plus qu’une infime partie de la population totale qui occupe le massif forestier, situation qui a engendré des mouvements politiques et sociaux et même ceux des environnementalistes pour tenter de protéger leurs droits. Ils ont gardé un mode de vie de chasseurs-cueilleurs

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plus ou moins nomades bien que d’autres sont aujourd’hui sédentarisés. Certains groupes sont métissés (cas de Bikoro par exemple).

Les autochtones pygmées entretiennent des relations complexes avec les populations villageoises agricoles pour qui ils effectuent des travaux champêtres ou avec qui ils échangent des biens et des services. Ces interactions entre voisins sont de nature variable allant de contacts occasionnels à des liens très forts. Tous les groupes ethniques sont égaux devant la loi mais dans la plupart des cas les autochtones sont considérés comme des esclaves, ils sont en plus marginalisés et n’ont pas accès aux terres et aux ressources comme les autres groupes. Ils ne sont pas respectés et ne font pas l’effort de gagner ce respect, choisissant plutôt d’éviter la confrontation. La majorité travaille comme sentinelle ou gardien.

Des conflits existent entre des groupes bantous (cas de Nkundo et Ekonda à Bikoro). Les limites forestières sont sujettes à conflit entre les différents groupements car les uns comme les autres ne respectent pas le droit d’accès lié aux forêts. Ils violent réciproquement les territoires des uns comme des autres. Les chasseurs créent des campements dans les zones d’autrui et vice versa.

Au niveau de l’exploitation forestière les nouvelles dispositions légales concernant les accords entre les exploitants forestiers et les populations riveraines favorisent des négociations directes entre ces parties prenantes (cahier des charges).

Les Bantous tout autant que les Batwa ont donc le droit de négocier directement avec les exploitants forestiers, afin de choisir des bénéfices qui conviennent mieux à chaque population. Cependant, les autorités territoriales Bantou essayent toujours de contrôler les bénéfices accordés par les exploitants aux populations Batwa localisées dans ou aux alentours des concessions forestières.

Dans le rapport vol III « Les peuples des forêts tropicales d’aujourd’hui » (2000) l’APFT a analysé la relation des autochtones du Kivu avec les aires protégées. Cette relation bien qu’évolutive demeure en permanence tendue même si plusieurs expériences positives existent. « De tous les groupes ethniques et catégories socio-économiques du Kivu, les Pygmées constituent sans nul doute celui dont la vie a été la plus affectée par la présence des parcs nationaux. » La création des aires protégées accentue encore leur marginalisation économique, sociale, politique et culturelle, et ne disposant pas de terres ils sont obligés de louer leur force de travail aux autres groupes ethniques pour une rémunération et nourriture médiocre et dérisoire. Par ailleurs les Pygmées disposant de champs communautaires sont incapables de les mettre en valeur par manque de semences, d’outils oratoires et parce qu’ils sont constamment obligés de travailler pour une nourriture de misère. Cependant en tirant les leçons des expériences passées il doit être possible de faire des parcs nationaux des outils de promotion sociale et économique des Pygmées.

7.5.4 Relations avec les différents modes de gestion forestières Le Code forestier de la RDC organise les forêts congolaises en trois catégories, il s’agit des forêts protégées, forêts classées et forêts de production permanente. A chaque catégorie, des droits d’usage sont définis. Les parties prenantes des trois provinces cibles à savoir : Bandundu (axe Bandundu – ville / Inongo – Bongo), Équateur (axe Mbandaka / Bikoro) et Orientale (axe Kisangani – Mambasa) ont été consultées dans le cadre de la présente étude pour tirer les informations réelles sur la connaissance, la pratique et les propositions en rapport avec lesdits droits d’usage. La méthodologie participative utilisée, permettant de

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consulter séparément les deux communautés (locales et autochtones) dans les zones urbaines, rurales et forestières, nous a permis de présenter le PNFoCo, poser une série des questions sous forme d’entretien, focus group et atelier en petit groupe. Les opportunités et les menaces de chaque mode de gestion avaient été identifiées y compris les relations, rôle et responsabilité sans oublier les alternatives aux modes actuels de gestion.

Le libre accès aux ressources

Les zones de libres accès aux ressources sont définies dans le code forestier comme étant les forêts protégées. Leurs droits d’usage sont régis selon les articles 41, 42 et 43 dudit code. En guise d’exemple, il est dit dans l’article 43 que « le prélèvement des produits forestiers à des fins domestiques est libre en forêt protégée. Il ne donne lieu à aucune taxe ou redevance forestière »

Tenant compte de ce qui est écrit ci-haut, les avis recueillis auprès des communautés locales révèlent que : pour les communautés autochtones, le libre accès aux ressources est le mode idéal car aucune restriction n’est appliquée sur l’utilisation des ressources forestières. Les communautés locales des trois provinces cibles porteraient également leurs choix sur le libre accès aux ressources. Ainsi la différence réside dans l’affectation des ressources prélevées. Par exemple les autochtones peuvent vendre 8 gibiers sur 10 capturés.

Tableau 2 : Bénéfices retirés des forêts - cas des populations autochtones et locales

% en terme % en termes % en termes de Communauté % de troc argent d’alimentation médicament Autochtone 80 25 80 80 Locale 30% 15% 47 20 Source : EES PNFoCo, Agreco 2008

Ce mode de gestion qui serait idéal pour les deux communautés présente quelques difficultés pour la gestion des dites ressources. Il contribue à une utilisation non contrôlée des ressources forestières. La recherche continue de terres fertiles, la déforestation occasionnée soit par les exploitants artisanaux, soit par l’agriculture sur brûlis, la chasse commerciale, l’occupation des migrants ou autre et les érosions sont parmi les effets nocifs d’une exploitation non contrôlée. Toutefois, étant donné les problèmes que vivent les autochtones pour faire valoir leurs droits, ces derniers considèrent le besoin d’établir des forêts qui seraient gérés par eux mêmes

Les zones mises en défens (aires protégées)

Ces zones correspondent aux forêts classées et chacune d’elles est catégorisée ainsi que les droits d’usage y afférents. D’une manière générale, ces droits sont stipulés dans les articles 38,39 et 40 du code forestier. L’article 39 du code forestier déclare ceci : « Dans les forêts classées, les droits d’usage sont limités au ramassage du bois mort et de la paille ; à la cueillette des fruits, des plantes alimentaires ou médicinales ; à la récolte des gommes, des résines ou de miel ; au ramassage des chenilles, escargots ou grenouilles ; au prélèvement du bois destiné à la construction des habitations et pour usage artisanal. En outre, le plan d’aménagement de chaque forêt classée détermine les droits d’usage autorisé pour la forêt concernée »

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Dans le cas ou les populations autochtones enquêtés auraient à choisir entre la présence sur leur territoire d’une aire protégée et celle d’une exploitation forestière industrielle il choisirait la première pour les raisons suivantes : ? Création de l’emploi bien que les postes a responsabilités leurs échappent, mais réservées aux allochtones. ? Présence de recherche scientifique qui sollicite leur connaissance et force e travail (cas notamment à Bikoro dû a la présence du centre de recherche de Mabali) ? Permet la conservation des espèces animales et végétales ? A favoriser les échanges (cas de Bikoro dû au passage de plusieurs ONG internationales)

Cette situation est profitable aux communautés autochtones et locales du fait de la protection et conservation des espèces qu’ils utilisent, d’après eux il y aura multiplication et prolifération des espèces dans la zone interdite qui par la suite fréquenteraient les zones tampons et les corridors, ainsi elles pourraient être capturées par les chasseurs !

Cependant ce mode de gestion présente également des inconvénients, en effet il constitue une problématique majeure pour la communauté pour plusieurs raisons : ? Accès limité ; ? Déplacement des populations avec compensation limité ; ? Pas d’emploi direct bien payé ; ? Les conditions de vie ne sont pas améliorées et s’en trouve souvent détérioré ; ? Droit d’usage réglementé par rapport à la catégorie des aires protégées et non pas en fonction des besoins

L’approche utilisée pour la création des Aires protégées est perçu comme une situation de fait accompli du fait ? Non implication des riverains dans le projet d’érection de l’aire protégée ; ? Non vulgarisation de l’arrêté portant création de l’aire protégée ? Mode de gestion souvent incompatible avec les réalités des riverains ? La majorité des personnels vient d’ailleurs ? Pas de partage des revenus générés par l’aire protégée

Cette démarche créée des conflits entre les riverains et les gestionnaires de l’aire protégée.

Les exploitations industrielles

Les zones mises en exploitation industrielle proviennent exclusivement des forêts de production permanente comme le dit l’article 23 du code forestier : « les forêts de production permanente sont composées des concessions forestiers et qui ayant fait l’objet d’une enquête publique, sont destinées a la mise sur le marché… » De même, l’article 44 du code forestier dit que « les populations riveraines d’une concession forestière continuent à exercer leurs droits d’usage traditionnel sur la concession dans la mesure de ce qui est compatible avec l’exploitation forestière a l’exception de l’agriculture. Le concessionnaire ne peut prétendre à une quelconque indemnisation ou compensation du fait de cet exercice. »

Cette situation crée souvent des conflits, car les Batwa se méfient des négociations dans lesquelles les autorités bantoues sont impliquées.

Pendant la vérification des requêtes de conversion des titres forestiers, l’observateur indépendant a constaté que le harcèlement et les tracasseries des autorités Bantou envers

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les populations Batwa continuent jusqu’aujourd’hui. Les abus commis contre les populations Batwa sont rarement punis. (Groupement WRI-Agreco, 2006 :8)

Le non paiement des redevances forestières aux pygmées, l’utilisation abusive de la main d’œuvre pygmée à salaire insignifiant, pas de réparation des préjudices causés lors des coupes de bois. (CENADEP, CEIDB, Rapport janvier 2005) sont autant de problèmes rencontrés par les pygmées dans les zones de concessions forestières.

L’analyse des propos recueillis nous démontre que : - Les autochtones pygmées ne sont pas favorables à ce mode de gestion forestière du fait qu’ils ne sont pas impliqués et n’en tirent presque rien. Pour eux, les exploitants, l’état et les migrants sont les principaux bénéficiaires - Les riverains n’étaient pas impliqués lors de l’octroi de titres forestiers - Existence de conflits avec les communautés locales - Chevauchement avec les terroirs villageois - Disputes des limites avec les autres exploitants - Non respect des cahiers de charges - Ignorance des droits d’usage reconnus aux communautés riveraines du titre concerné - Besoin de faire de l’agriculture dans la concession en dépit de son interdiction par le code forestier - Destruction des arbres à chenille - Pas moyen de faire des pirogues.

Par contre les communautés urbaines et les communautés locales vivant dans les zones à exploitation industrielle opteraient pour une exploitation industrielle car elle: créerait de l’emploi, contribuerait au désenclavement du milieu, au changement de mentalités, à l’installation de certaines infrastructures de base telles que les écoles, les centres de santé, la réhabilitation des routes de desserte agricoles, permettrait la circulation de l’argent, bref elle amènerait un certain développement.

Elle a également son lot d’inconvénients, notamment : la pollution sonore, les risques accrus d’accidents, d’érosion, de propagation des maladies sexuellement transmissibles, et des maladies hydriques; la destruction des habitats et des espèces animales, la disparition des espèces ligneuses; la croissance démographique; le conflit foncier, la pression accrue sur les zones libres ainsi que sur les rivières et les fleuves, le braconnage accru et la chasse commerciale occasionné par l’ouverture des routes et par la présence d’un marché local, la grande consommation d’alcool, la concurrence déloyale (faible prix chez l’exploitant), la prostitution et la migration.

Les communautés tant locales qu’autochtones ne connaissent pas bien les droits d’usage correspondant aux différentes catégories des forêts. Elles ont une idée approximative et cela est valable aussi bien dans les zones rurales que citadines. Cette ignorance conduit parfois à des réactions violentes de certains groupes.

Les autochtones ont compris que s’instruire était la clé vers la promotion sociale et dans les trois provinces, c’est la construction d’écoles qui est la priorité des priorités, tandis que les communautés locales proposaient la réhabilitation des routes et la gratuité des soins médicaux. Les communautés exploitent dans leur ensemble les produits forestiers non ligneux.

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8 PRESSIONS EXTERIEURES ET PERSPECTIVES

La gestion durable des forêts, notamment la conservation de la biodiversité avec comme objectifs d’atteindre un taux de 15 % du territoire national en aires protégées selon le code forestier, peut être contrecarrée rapidement par la quête de ressources naturelles non renouvelables telles que le pétrole et les substances minières.

L’activité de recherche minière et pétrolière sur le territoire est actuellement extrêmement réduite. Il est fort probable qu’avec la sécurisation du territoire et l’ouverture économique un bon nombre de permis de recherche minière et pétrolière soit attribué dans la cuvette centrale et ce très rapidement. Une fois un titre minier établi, il devient extrêmement difficile d’utiliser le territoire à des fins de conservation ou autres. À cet effet, l’article 275 du code minier intitulé : De l’indemnité d’expropriation est clair : « Les installations minières ou de carrières ne peuvent être expropriées par l’État que dans des circonstances exceptionnelles fixées par la loi, moyennant une juste indemnité payée au titulaire concerné au moins six mois avant l’exécution de la décision d’expropriation.». A la lecture de cet article, il est clair que le transfert en aires protégées d’une zone contenant des permis minier est quasi impossible. En revanche, l’article 6 du même code minier donne droit au Président de la République de décréter des zones interdites à l’exploitation minière.

L’existence des concessions forestières contiguës aux aires protégées sans des limites naturelles peut être à la base de plusieurs conflits. Afin de permettre aux populations d’exercer leurs activités agricoles et aux scieurs de long d’avoir une source d’approvisionnement en bois, l’État a instauré un système réservant des couloirs libres de l’espace forestier aux alentours des villages et à l’intérieur du massif même, situés entre les concessions forestières attribuées ou encore, aux alentours des aires protégées. De plus en plus, ces couloirs font l’objet d’une convoitise de la part des concessionnaires forestiers qui revendiquent le droit sur leur exploitation au mépris même de leur allocation initiale.

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Carte 7: Concessions minières et forestière

15°0'E 20°0'E 25°0'E 30°0'E

Republique centrafricaine Soudan 5°0'N 5°0'N

Cameroun

0°0' Ouganda 0°0' Congo

Rwanda

Burundi

5°0'S Tanzanie 5°0'S

10°0'S 10°0'S Angola

Zambie

15°0'E 20°0'E 25°0'E 30°0'E

Route nationale Permis minier Paysage (Programme CARPE) Cours d'eau Données issues du Cadastre Minier (CAMI) Titre forestier soumis à la conversion République Démocratique du Congo Frontiere nationale Septembre, 2007 Aire protégée La carte ci-après donne les zones prioritaires de conservation telles que définies par l’ICCN et ses partenaires. Ces zones feront l’objet d’analyse subséquente et certaines d’entre elles passeront à la démarche de classement pour être officialisées par le Ministre en charge de gestion des écosystèmes forestiers. Les zones sont classées par niveau de priorité en fonction de critères écologiques, niveau de biodiversité, etc.

Le risque actuel est de voir disparaître ces zones sous des permis miniers et des concessions forestières industrielles et de voir anéantir la possibilité de conserver une partie de ces zones (cette situation est une réalité notamment à Madagascar et au Gabon). Les efforts déjà engagés mis au profit de la création de nouvelles aires protégées pourront être en vain si les zones retenues ne sont interdites rapidement à toute action du secteur minier et/ou des concessions forestières industrielles.

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En matière d’exploitation des ressources naturelles et de relation avec les communautés locales, l’approche entre les secteurs forestier, minier et pétrolier œuvrant sur un même territoire risque d’être très différente notamment dans le cadre des redevances aux populations locales et des cahiers de charge à négocier (qui n’existent pas dans le code minier). Cette situation qui engendrera des confusions importantes, risque d’anéantir tout processus participatif mis en place par le PNFoCo.

Le risque de superposition des différentes utilisations du territoire est le plus grand dans la cuvette centrale, où la présence d’hydrocarbures est quasi certaine. Seul d’importants programmes d’exploration pourront mettre cette richesse à jours. Dans le cas où des réserves d’hydrocarbures exploitables identifiées servent toute l’économie locale, régionale et nationale, des choix stratégiques devront être faits pour assurer une gestion adéquate des ces revenus. Pour l’instant, le milieu pétrolier de la RDC a en effet une faible transparence.

Il est connu que le débit du fleuve Congo est produit à plus de 50% par les précipitations provoquées par l’évapotranspiration de la forêt de son bassin versant. Les projets de production hydroélectrique d’Inga sont donc conditionnés en partie par le maintient de la forêt. Bien qu’aucune étude récente ne définisse la relation de surface forestière avec le débit du fleuve il est clair que l’avenir de la production électrique de la RDC est lié en grande partie à l’avenir de sa forêt.

Une partie non négligeable de déforestation massive des forêts rurales est due au besoin de bois-énergie pour les ménages. Cette déforestation pourrait être en partie évitée si des sources d’énergies alternatives sont proposées à des coûts abordables par les ménages ruraux et urbains. Les travaux prévus pour la création d’une seconde ligne de transport d’énergie entre Inga et Kinshasa devraient par exemple permettre a une certaine partie de la population de bénéficier de l’énergie électrique. La ligne haute tension Inga-Shaba qui passe près de grandes agglomérations dessert cependant très peu la population, et est essentiellement utilisée par les industries minières et pour l’exportation. Pourtant l’utilisation de l’électricité dans certain grands centres le long de cette ligne permettrait de réduire la déforestation.

Une étude réalisée pour le compte du Ministère de l’énergie via le BCMI traite de l’électrification rurale. Cette étude pourrait être la base d’une stratégie de déforestation évitée dans la mesure où l’électrification rurale permettrait d’apporter une énergie de substitution au bois d’énergie.

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Carte 8 : Zone prioritaire de conservation

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9 CADRE DE POLITIQUE DU SECTEUR

9.1 LES CONVENTIONS INTERNATIONALES

La République démocratique du Congo est signataire de 28 conventions internationales environnementales régulièrement ratifiées (Voir la liste en annexe). De toutes ces conventions, deux seulement ont un lien direct avec les forêts (Accord international sur les bois tropicaux, le Traité relatif à la conservation et à la gestion des écosystèmes forestiers d’Afrique Centrale et instituant la Commission des Forêts d’Afrique Centrale), tandis que six d’entre elles s’inscrivent dans la thématique de la conservation (la Convention relative aux zones humides d'importance internationale particulièrement comme habitats de la sauvagine ou (Ramsar), la Convention concernant la protection du patrimoine mondial culturel et naturel, la Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (Bonne), la Convention relative à la conservation de la faune et de la flore à l'état naturel, la Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage et la Charte Mondiale de la Nature).

Trois conventions peuvent être classées comme concernant à la fois le secteur forestier et celui de la conservation (la Convention Africaine sur la Conservation de la nature et des ressources naturelles, la Convention sur la Diversité Biologique et la Convention sur la conservation des espèces sauvages de flore et de faune menacées d'extinction ou (CITES)).

Outre les conventions susmentionnées, il y a lieu de faire ici mention de la déclaration des principes des Nations Unies sur les forêts, adoptée en 1992, à l’occasion de la conférence de Rio, qui, bien que n’ayant pas de force obligatoire vis-à-vis des Etats signataires, contient un certain nombre de dispositions pertinentes relatives au secteur forestier, dont certaines ont pu être traduites dans le code forestier congolais.

Maintenant que la République démocratique du Congo amorce le processus d’adoption de son Plan National Forêts et Conservation, il est tout à fait indiqué d’avoir à l’esprit et de mettre en avant les engagements pris par le pays vis-à-vis de ses pairs au travers de ces instruments juridiques internationaux, pour pouvoir les respecter dans le cadre du processus actuel d’élaboration et, plus tard, de la mise en œuvre du PNFoCo.

Les idées développées dans la présente note consistent à faire le lien entre les conventions concernées et les aspects du Plan National Forêts et Conservation qui doivent s’y conformer. L’articulation des développements qui suivent est construite de sorte à rappeler l’objet ou les objectifs de ces conventions ainsi que les engagements pris par le pays du fait de leur ratification.

Une première analyse sera faite par rapport au secteur forestier ; une autre le sera par rapport au secteur de la conservation, avant de finir par les conventions s’appliquant à la fois au secteur des forêts et à celui de la conservation.

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9.1.1 Le secteur forestier congolais et les conventions internationales environnementales y relatives ratifiées par la RD CONGO Accord international sur les bois tropicaux Cet accord vise à : ? Fournit un cadre de coopération et de consultation entre pays producteurs et pays consommateurs de bois tropicaux ; ? Vise à développer et à diversifier le commerce international des bois tropicaux et à améliorer la situation du marché des bois tropicaux ; ? Encourage et soutient les travaux de recherche en vue d´améliorer la gestion des forêts et l´exploitation du bois ; ? Favorise l´élaboration de politiques nationales pour la protection des forêts tropicales et la préservation de l´équilibre écologique.

Les engagements du pays au regard de cette convention reviennent à assurer la gestion durable de ses forêts tropicales pour les préserver, mais aussi pour garantir un approvisionnement constant en bois d´œuvre et soutenir l´emploi dans ce secteur.

Le Traité relatif à la conservation et à la gestion des écosystèmes forestiers d’Afrique Centrale et instituant la Commission des Forêts d’Afrique Centrale Ce traité adopté par le Conseil Extraordinaire des Ministres du 30 septembre 2004 à Libreville et signé par les Chefs d’Etat en février 2005 à Brazzaville, a été ratifié par la République démocratique du Congo l’an dernier (2007).

Il vise à mettre en place un cadre juridique global qui doit régir et consolider la coopération sous-régionale dans le domaine de la conservation et de la gestion durable des écosystèmes forestiers. Il constitue de ce fait une avancée juridique de taille.

Le Traité constitutif a pour but de mettre en place un cadre juridique global qui doit régir et consolider la coopération sous-régionale dans le domaine de la conservation et de la gestion durable des écosystèmes forestiers. Il a permis à la COMIFAC d’agir sur la scène internationale comme un sujet de droit et, dès lors, de négocier des appuis des bailleurs des fonds internationaux et autres partenaires de coopération.

La COMIFAC est ainsi perçu comme unique instance d’orientation, de décision, de suivi, de coordination et d'harmonisation des actions et initiatives sous-régionales en matière de conservation; et de gestion durable des écosystèmes forestiers ». L’outil qu’elle s’est proposée pour atteindre ce but est le Plan de Convergence Sous-régional qui consacre une vision commune pour les forêts de l'Afrique Centrale et qui prône une gestion durable et concertée des ressources forestières pour le bien-être des populations, pour la conservation de la diversité biologique et pour la sauvegarde de l'environnement mondial. Ce qui, à ce jour, l’engage à tenir en compte la feuille de route proposée dans le cadre du développement et de la réalisation de sa politique nationale en matière des forêts et de conservation.

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9.1.2 Le secteur congolais de la conservation et les conventions internationales environnementales y relatives ratifiées par la RD CONGO La Convention relative aux zones humides d'importance internationale particulièrement comme habitats de la sauvagine ou (Ramsar) Cette convention connue sous le nom de la Convention de Ramsar est un traité international pour la conservation et l'utilisation durable des zones humides, visant à enrayer la dégradation et la perte de zones humides, aujourd'hui et demain, en reconnaissant les fonctions écologiques fondamentales de celles-ci ainsi que leur valeur économique, culturelle, scientifique et récréative.

Selon l'article premier de la Convention de Ramsar en 1971, « les zones humides sont des étendues de marais, de fagnes, de tourbières ou d'eaux naturelles ou artificielles, permanentes ou temporaires, où l'eau est stagnante ou courante, douce, saumâtre ou salée, y compris des étendues d'eau marine dont la profondeur à marée basse n'excède pas six mètres ».

La RD CONGO est tenu notamment, au regard de cette convention : - désigner les zones humides appropriées de son territoire à inclure dans la liste des zones humides d'importance internationale ; - élaborer et appliquer ses plans d'aménagement de façon à favoriser la conservation des zones humides inscrites sur la Liste et, autant que possible, l'exploitation rationnelle celles-ci ; - encourager la recherche et l'échange de données et de publications relatives aux zones humides, à leur flore et à leur faune ;

La Convention concernant la protection du patrimoine mondial culturel et naturel Cette convention a pour objectif la protection du patrimoine naturel et culturel le plus prestigieux de l'humanité. Sont concernés les sites naturels qui, par leurs caractéristiques physiques ou biologiques, et notamment ceux qui constituent l'habitat d'espèces animales ou végétales menacées, ont une valeur universelle exceptionnelle en matière de science, de conservation ou de beauté du paysage.

Chaque Etat membre doit soumettre au Comité du Patrimoine Naturel un inventaire des sites situés sur son territoire et susceptibles de pouvoir être inclus dans la Liste du Patrimoine Mondial.

La Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (Bonn) La convention de Bonn a pour objectif la conservation des espèces migratrices à l'échelle mondiale. La faune sauvage doit faire l'objet d'une attention particulière, en raison de son importance mésologique, écologique, génétique, scientifique, récréative, culturelle, éducative, sociale et économique. La convention définit les termes suivants : ? est une "espèce migratrice" l'ensemble de la population ou toute partie séparée géographiquement de la population de toute espèce ou de tout taxon inférieur d'animaux sauvages, dont une fraction importante franchit cycliquement et de façon prévisible une ou plusieurs des limites de juridiction nationale ;

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? "l'état de conservation" d'une espèce migratrice est constitué de l'ensemble des influences qui, agissant sur cette espèce migratrice, peuvent affecter à long terme sa répartition et l'importance de sa population ; ? est "menacée", une espèce migratrice donnée qui est en danger d'extinction sur l'ensemble ou sur une partie du territoire d'un État.

Afin d'éviter qu'une espèce migratrice ne devienne une espèce menacée, cette convention oblige les Etats signataires à : ? promouvoir des travaux de recherche sur les espèces migratrices, de coopérer à ces travaux ou de les faire bénéficier de leur soutien ; ? d'accorder une protection immédiate aux espèces migratrices figurant à l'annexe I de ladite convention ; ? de conclure des accords portant sur la conservation et la gestion des espèces migratrices énumérées à l'annexe II.

Et pour assurer la protection de ces espèces, les parties à la convention s’obligent à : ? conserver ou restaurer l'habitat de l'espèce menacée ; ? prévenir, éliminer, compenser ou minimiser les effets négatifs des activités ou des obstacles qui gênent la migration de l’espèce ; ? prévenir, réduire ou contrôler, lorsque cela est possible et approprié, les facteurs qui menacent ou risquent de menacer davantage ladite espèce.

Les États faisant partie de l'aire de répartition (surfaces terrestres ou aquatiques qu'une espèce migratrice habite, traverse ou survole à un moment de sa migration) interdisent les prélèvements d'animaux d'espèces figurant à l'annexe I, sauf dérogations (prélèvement à des fins scientifiques, projet d'amélioration de l'espèce). Les dérogations doivent être précises quant à leur contenu, limitées dans le temps et l'espace et ne doivent pas se faire au détriment de l'espèce.

La Convention relative à la conservation de la faune et de la flore à l'état naturel Cette convention va dans le même sens que la précédente. Elle se donne comme objet : d'assurer la conservation de la flore et de la faune sauvages et de leurs habitats naturels, notamment des espèces et des habitats dont la conservation nécessite la coopération de plusieurs Etats, et de promouvoir une telle coopération. Une attention particulière est accordée aux espèces, y compris les espèces migratrices, menacées d'extinction et vulnérables.

Les Parties contractantes se sont engagés à prendre les mesures nécessaires pour maintenir ou adapter la population de la flore et de la faune sauvages à un niveau qui correspond notamment aux exigences écologiques, scientifiques et culturelles, tout en tenant compte des exigences économiques et récréationnelles et des besoins des sous-espèces, variétés ou formes menacées sur le plan local.

Par ailleurs, d’autres obligations qui leur incombent sont ainsi exposées par le texte de la convention : ? la prise des mesures nécessaires pour que soient mises en œuvre des politiques nationales de conservation de la flore et de la faune sauvages et des habitats naturels, en accordant une attention particulière aux espèces menacées d'extinction et vulnérables, surtout aux espèces endémiques, et aux habitats menacés, conformément aux dispositions de la Convention ;

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? l’élaboration des mesures législatives et réglementaires appropriées et nécessaires pour protéger les habitats des espèces sauvages de la flore et de la faune, en particulier de celles énumérées dans les annexes I et II, et pour sauvegarder les habitats naturels menacés de disparition. ? La prise en considération de la conservation de la flore et de la faune sauvages dans leur politique d'aménagement et de développement et dans les mesures de lutte contre la pollution ? l’encouragement de l'éducation et de la diffusion d'informations générales concernant la nécessité de conserver des espèces de la flore et de la faune sauvages ainsi que leurs habitats, etc.

La Charte Mondiale de la Nature La Charte mondiale de la Nature, approuvée par l'Assemblée Générale des Nations Unies en 1982, a une valeur juridique importante au sein du droit international coutumier.

Cet acte préconise une analyse précise sur des activités qui auraient des conséquences potentiellement dommageables sur la nature. De plus, elle invite les Etats à ne pas sous- estimer ou minimiser les effets susceptibles de nuire à l'environnement sur la base de ces analyses.

Le Principe 11 de la Charte consacre l'EIE de façon graduelle : les activités envisagées sont celles dont les effets sont susceptibles de causer des dommages irréversibles à l'environnement, puis viennent les activités qui comportent un degré élevé de risque pour la nature. Dans ce cas, il s'agit de procéder à une balance des bénéfices pour les promoteurs d'une part, des conséquences pour l'environnement d'autre part. La décision est prise selon que les intérêts de l'un l'emportent sur ceux de l'autre.

Enfin, les activités dont l'impact est moins important doivent également faire l'objet d'une EIE.

Quant au Principe 16, il fait référence à la volonté de cibler de façon stratégique les mesures de protection de la nature et d'établir des études sur les conséquences nuisibles à la nature. Ce Principe, en rapport avec le Principe 21 a), prévoit la participation effective du public, permettant un échange d'information et de consultation en vue de la modification ou de l'amélioration d'un projet.

9.1.3 Les conventions se rapportant à la fois au secteur forestier et à celui de la conservation La Convention Africaine sur la Conservation de la nature et des ressources naturelles Cette convention a pour objectifs de : ? améliorer la protection de l’environnement ; ? promouvoir la conservation et l'utilisation durable des ressources naturelles ; ? harmoniser et coordonner les politiques dans ces domaines en vue de mettre en place des politiques et des programmes de développement qui soient écologiquement rationnels, économiquement sains et socialement acceptables.

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Les Etats parties à cette convention se sont engagés à prendre des mesures pour réaliser les objectifs ci-dessus et mettre en œuvre : ? le droit de tous les peuples à un environnement satisfaisant qui favorise leur développement ; ? le devoir des Etats, individuellement et collectivement, d'assurer l'exercice du droit au développement ; ? le devoir des Etats de veiller à ce que les besoins en matière de développement et d'environnement soient satisfaits de manière durable, juste et équitable ? des mesures de prévention et l’application du principe de précaution, et en tenant compte des valeurs éthiques et traditionnelles ainsi que des connaissances scientifiques dans l'intérêt des générations présentes et future

Dans le cadre de cette convention, la RD CONGO s’est, en outre, engagée à prendre toutes les mesures nécessaires de protection, de conservation, d’utilisation durable et de restauration du couvert végétal. A cette fin, elle devra : a) adopter des plans scientifiquement établis et qui s'appuient sur une tradition judicieuse pour la conservation, l’utilisation et l’aménagement des forêts, terres boisées, pâturages, zones humides et autres zones de couvert végétal, en tenant compte des besoins sociaux et économiques des populations concernées, de l’importance du couvert végétal pour le maintien de l’équilibre hydrologique d’une région, pour la productivité des sols et pour conserver les habitats des espèces; b) prendre des mesures concrètes en vue de contrôler les feux, l’exploitation des forêts, le défrichement, le pâturage par les animaux domestiques et sauvages, et les espèces envahissantes ; c) créer des réserves forestières et à appliquer des programmes de reboisement là où ils s'avèrent nécessaires ; d) limiter le pâturage en forêt à des saisons et à une intensité qui n'empêche pas la régénération forestière.

La Convention sur la Diversité Biologique Les objectifs de cette Convention sont les suivants : ? la conservation de la diversité biologique, ? l'utilisation durable de ses éléments et ? le partage juste et équitable des avantages découlant de l'exploitation des ressources génétiques, notamment grâce à un accès satisfaisant aux ressources génétiques et à un transfert approprié des techniques pertinentes, compte tenu de tous les droits sur ces ressources et aux techniques, et grâce à un financement adéquat.

Au travers de cette convention, les engagements de la RDC consistent, notamment, à : ? coopérer avec les autres Etats parties pour la conservation et l'utilisation durable de la diversité biologique. ? élaborer des stratégies, plans ou programmes nationaux tendant à assurer la conservation et l'utilisation durable de la diversité biologique ? intégrer, dans toute la mesure possible et comme il convient, la conservation et l'utilisation durable de la diversité biologique dans ses plans, programmes et politiques sectoriels ou intersectoriels pertinents ? établir un système de zones protégées ou de zones où des mesures spéciales doivent être prises pour conserver la diversité biologique (conservation in situ)

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? sous réserve des dispositions de sa législation nationale, respecter, préserver et maintenir les connaissances, innovations et pratiques des communautés autochtones et locales qui incarnent des modes de vie traditionnels présentant un intérêt pour la conservation et l'utilisation durable de la diversité biologique et en favorise l'application sur une plus grande échelle, avec l'accord et la participation des dépositaires de ces connaissances, innovations et pratiques et encourage le partage équitable des avantages découlant de l'utilisation de ces connaissances, innovations et pratiques; ? adopter des mesures pour conserver ex situ des éléments constitutifs de la diversité biologique ? mettre en place et poursuivre des programmes d'éducation et de formation scientifiques et techniques pour identifier et conserver la diversité biologique et ses éléments constitutifs et en assurer l'utilisation durable ? adopter des procédures permettant d'exiger l'évaluation des impacts sur l'environnement des projets qu'elle a proposés et qui sont susceptibles de nuire sensiblement à la diversité biologique en vue d'éviter et de réduire au minimum de tels effets, et, s'il y a lieu, permettre au public de participer à ces procédures ? créer les conditions propres à faciliter l'accès aux ressources génétiques aux fins d'utilisation écologiquement rationnelle par d'autres Parties contractantes et de ne pas imposer de restrictions allant à l'encontre des objectifs de la Convention. ? assurer et/ou à faciliter à d'autres Parties contractantes l'accès aux technologies nécessaires à la conservation et à l'utilisation durable de la diversité biologique, ou utilisant les ressources génétiques sans causer de dommages sensibles à l'environnement, et le transfert desdites technologies. ? fournir, en fonction de ses moyens, un appui et des avantages financiers en ce qui concerne les activités nationales tendant à la réalisation des objectifs de la Convention, conformément à ses plans, priorités et programmes nationaux

La Convention sur la conservation des espèces sauvages de flore et de faune menacées d'extinction ou (CITES) Cette convention régit le commerce international des espèces de flore et de faune sauvages menacées d’extinction.

Pour lui donner effet, la RDC a pris un texte spécifique, l’arrêté n° 056 CAB/MIN/AFF- ECNPF/01/00 du 28 mars 2000 portant réglementation du commerce international des espèces de la faune et de la flore menacées d’extinction, qui relaye la convention CITES, et dont le PNFoCo devrait tenir en compte.

Aux termes de cet arrêté, le commerce, l’importation, l’exportation et la réexportation des espèces de faune et de flore sauvages inscrites dans l’une de ses trois annexes ne peuvent se faire que dans les conditions et formes spéciales qu’il détermine.

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9.2 LES CADRES DE POLITIQUES DE L’ETAT

9.2.1 Document de la Stratégie de Croissance et de Réduction de la Pauvreté (DSCRP) Ce document, dont la dernière version date de juillet 2006, fait le point sur l’énorme potentiel forestier du pays et considère ce secteur comme un des secteurs porteurs de croissance avec les mines et l’hydroélectricité.

Le paragraphe 111 informe sur le fait que 80 % de l’énergie domestique provient de la forêt. En son paragraphe 287, le DSCRP traite de la forêt comme source d’alimentation pour les plus démunis et chiffre à environ 40 millions de Congolais, qui parmi les plus pauvres, dépendent de la forêt pour leurs alimentation, matériaux, énergies et médicaments.

À ses paragraphes 288 à 291 le DSRCP définit la base de la stratégie de développement forestiers du pays qui est fidèlement reprise par le PNFoCo ; On retrouve notamment dans ces paragraphes les concepts d’exploitation durable, d’association des communautés locales au développement forestier et notamment du renforcement des droits de ces communautés.

Le DSRCP donne également les grands axes de développement du secteur qui sont ceux promu par le PNFoCo soit : reconstruction des institutions, implication des parties prenantes, promotion de la gestion locale de forêt, préservation de la biodiversité et des services environnementaux.

9.2.2 La politique environnementale Au niveau gestion environnementale, le pays a préparé de 1994 à 1996, un Plan national d’action environnementale (PNAE) dont on ne retrouve pas de trace au niveau légal (décret d’application) et qui n’a apparemment jamais été mis en œuvre faute de financement.

9.2.3 La Politique d’aménagement du territoire Le décret du 20 juin 1957 sur l’urbanisme prévoit la préparation de plans locaux, régionaux et nationaux d’aménagement. Une esquisse du Schéma National d'Aménagement du Territoire a été élaborée en 1982 par le Bureau d'Études d'Aménagement et Urbanisme (BEAU). Cette esquisse, approuvée par le Gouvernement en 1983, a ouvert la voie à l'élaboration des schémas régionaux. Malheureusement, cette initiative s'est arrêtée à 4 régions (Bas-Congo, Nord et Sud-Kivu, Équateur), la coopération ayant été suspendue après les tristes événements de 1992.

Pourtant ces schémas régionaux constituent un cadre essentiel : - pour la connaissance du territoire et de ses potentialités ; - pour la définition des perspectives d'avenir et des priorités d'aménagement ; - pour la sélection et la mise en cohérence de différents projets nationaux, financés ou non sur les ressources extérieures.

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9.2.4 La Politique de Décentralisation Bien que la constitution définisse les grandes lignes de la décentralisation à notre connaissance aucune politique en la matière n’existe. Le processus de décentralisation a commencé avec des lois antérieurs mais n’a jamais aboutit. Une loi sur la décentralisation est actuellement en examen au niveau du sénat. Le code forestier compte d’important aspect de gestion décentralisée qui devront s’intégrer dans le processus de décentralisation en cours.

9.3 LE MINISTERE DE L’ENVIRONNEMENT

Le Ministère de l’Environnement, créé par l’ordonnance n°75-231 du 22 juillet 1975, a pour mission de promouvoir, de superviser et de coordonner toutes les activités relatives à l’environnement et de prendre toutes les initiatives et toutes les mesures nécessaires tendant à la pleine réalisation de cette mission, conformément au progrès de la science.

Le Ministère de l’Environnement est spécifiquement chargé :

En milieu urbain : ? D’assurer la salubrité du milieu humain, ? De créer des établissements humains par l’aménagement des zones vertes et des parcs d’attractions, ? De donner ses avis sur les questions relatives à l’urbanisme et à l’habitat, comme sur tout projet d’industrialisation ou d’aménagement susceptible d’améliorer ou d’apporter atteinte à la qualité de la vie.

En milieu rural : ? De créer et de gérer des réserves naturelles intégrales ou quasi intégrales, ? D’assurer la protection et la conservation de la faune et de la flore dans ses réserves, ? De créer et de gérer des stations dites « de capture » établies au sein ou en dehors des réserves, de créer et de gérer des écosystèmes des eaux et des forêts.

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10 CADRE LEGAL DU PNFOCO

La mise en œuvre efficiente du PNFoCo suggère l’analyse de la constitution, du code forestier, de la loi sur la conservation de la nature et des autres lois sectorielles éventuellement concernées, comme la loi régissant les terres et celle sur la décentralisation en RDC, auxquelles elle devra se conformer.

10.1 LA CONSTITUTION

Par rapport à la constitution, quatre aspects importants sont mis en évidence. Le premier concerne le statut des ressources naturelles, notamment celles de la biodiversité; le second tient à la place de la coutume dans le système juridique congolais de gestion et d’exploitation des ressources naturelles; le troisième aborde la question de la répartition des compétences en matière de biodiversité entre les autorités centrales de la République et celles des provinces et le quatrième se rapporte à la problématique « pygmée », en raison des impacts éventuels que la mise en œuvre du PNFoCo peut avoir sur cette catégorie sociale qui a les forêts pour cadre de vie.

10.1.1 Les statuts des ressources naturelles, et notamment forestières La constitution de la RDC du 18 février 2006 affirme que l’Etat Congolais exerce une souveraineté permanente notamment sur le sol, le sous-sol, les eaux et les forêts, sur les espaces aérien, fluvial, lacustre et maritime congolais ainsi que sur la mer territoriale congolaise et le plateau continental. Elle renvoie, cependant, les modalités de gestion et de concession du domaine de l’Etat susvisé dans le domaine de la loi.

Ce principe est relayé par toutes les lois sectorielles qui régissent les différentes ressources naturelles, mais en réservant des droits spécifiques aux communautés locales fondés sur la coutume. Ainsi, le droit de l’Etat congolais sur les ressources naturelles reste-t-il un droit de propriété garanti par la constitution et organisé par la loi ; les droits des communautés locales étant des droits de jouissance collectif (pour le foncier), de possession (pour les forêts) et d’usage (pour les eaux), essentiellement fondés sur la coutume.

10.1.2 La place de la coutume dans le système juridique congolais Les milieux ruraux constituent le principal champ de mise en œuvre du PNFoCo. La coutume y constitue la norme de régulation de la vie sociale et des rapports entre les communautés et leurs terroirs. Il est, dès lors, essentiel de situer la coutume ou le droit coutumier dans la configuration générale du système juridique congolais de gestion des terres et des ressources naturelles, de sorte à en tenir compte dans les approches et stratégies de la conduite des activités prévues dans le cadre du PNFoCo.

En effet, la coutume a toujours été reconnue dans toutes les constitutions que la RDC a connues comme une source auxiliaire du droit. L’actuelle constitution n’a pas dérogé à la tradition ; elle dispose, à son article 207, que l’autorité coutumière est reconnue. Elle est dévolue conformément à la coutume locale, pour autant que celle-ci ne soit pas contraire à la Constitution, à la loi, à l’ordre public et aux bonnes mœurs. La même disposition renvoie à la loi pour la détermination du statut des chefs coutumiers. Par ailleurs, à son article 153, la constitution dispose que : « les Cours et Tribunaux, civils et militaires, appliquent les traités internationaux dûment ratifiés, les lois, les actes

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réglementaires pour autant qu’ils soient conformes aux lois ainsi que la coutume pour autant que celle-ci ne soit pas contraire à l’ordre public ou aux bonnes mœurs ».

Les conditions et le contexte d’application de ces dispositions sont précisées par l’ordonnance législative de l’Administrateur Général au Congo du 14 mai 1886 encore en vigueur à ce jour, qui dispose que « lorsqu’une matière n’est pas prévue par un décret, un arrêté ou une ordonnance déjà promulgués, les contestations qui sont de la compétence des tribunaux du Congo seront jugées d’après les coutumes locales, les principes généraux du droit et l’équité ».

Ainsi donc, les coutumes sont d’application lorsqu’une matière n’a pas été réglementée par un texte légal ou règlementaire, pourvu qu’elles ne soient contraires ni à l’ordre public, ni aux bonnes mœurs.

10.1.3 La problématique « pygmée » en RD CONGO Les pygmées constituent la catégorie sociale la plus susceptible d’être affectée par les activités de PNFoCo, en raison de leurs modes traditionnels de vie très dépendant des forêts. Il importe, dès lors, d’envisager les mécanismes par lesquels leurs intérêts peuvent être protégés et promus dans l’ensemble du processus d’exécution des activités prévues dans le cadre du PNFoCo.

En effet, l’article 51 de la nouvelle constitution engage l’État à assurer la protection des groupes vulnérables et de toutes les minorités. Cette proclamation est manifestement une avancée, en ce qu’elle ouvre la possibilité de développer des programmes et des projets spécifiques au profit notamment des pygmées, dont il ne peut aujourd’hui être contesté dans les faits qu’ils constituent une entité sociale à la fois vulnérable et minoritaire.

Cependant, cette innovation constitutionnelle ne peut encore être exploitée aujourd’hui sur le plan légal en raison de l’absence de définition du concept de minorité et d’un texte spécifique reconnaissant aux pygmées une telle qualité.

Il résulte par ailleurs d’une littérature abondante que le pygmée est aussi identifié par le concept de « peuple autochtone ». Ce concept, qui bénéficie pourtant d’une certaine clarté au niveau du droit international, n’est pas encore reçu dans le contexte du droit public congolais. L’absence d’une réplique nationale à la problématique autochtone telle qu’elle est posée sur le plan international incite à une prudence quant à son application aux populations pygmées de la RDC.

Il se dégage, à l’évidence, de l’analyse de tous les textes légaux que les pygmées sont encore, en République démocratique du Congo, des citoyens comme tous les autres congolais, placés dans les mêmes conditions d’égalité des droits et qu’ils ne bénéficient ni d’un statut, ni des droits particuliers.

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10.2 LE CODE FORESTIER

10.2.1 L’économie générale de la réforme forestière introduite par le code forestier La République démocratique du Congo est régie en matière forestière par la loi n° 011/2002 du 29 août 2002 portant code forestier. En adoptant ce nouveau texte, le législateur congolais a voulu manifestement consacrer un instrument actualisé, à même de permettre au pays de faire face aux enjeux mondiaux se rapportant à la ressource forestière, mais en même temps, et autant que l’affirme son exposé des motifs, de promouvoir une gestion rationnelle et durable des ressources forestières de sorte à accroître leur contribution au développement économique, social et culturel des générations présentes, tout en préservant les écosystèmes forestiers et la biodiversité forestière au profit des générations futures.

Le code forestier traite, notamment, du statut, de la classification des forêts ainsi que des institutions de gestion des forêts. Les forêts constituent la propriété de l’État. Toutefois, la loi reconnaît aux concessionnaires fonciers et aux villages l’appropriation des forêts naturelles ou plantées situées sur leur concession, dans le village ou dans son environnement immédiat. Le code organise trois sortes de forêts : 1° les forêts classées ; 2° les forêts protégées ; 3° les forêts de production permanente.

Ces trois catégories constituent ce qu’on appelle le « domaine forestier ». Les forêts classées sont des forêts qui, par un acte de classement, sont affectées à une vocation particulière et soumise à un régime juridique restrictif quant au droit d’usage et d’exploitation. Elles relèvent du domaine public de l’Etat et sont sous la responsabilité du ministère en charge des forêts quant à leur gestion (article 24), mais celui-ci peut déléguer, par voie d’arrêté, la gestion totale ou partielle des forêts classées à des personnes morales de droit public ou à des associations reconnues d’utilité publique dans le but de les protéger, de les mettre en valeur et d’y conduire les travaux de recherche ou d’autres activités d’intérêt public (article 25).

Les forêts protégées relèvent du domaine privé de l’Etat. Ce sont les forêts qui, bien que n’ayant pas fait l’objet d’un acte de classement, sont soumises à un régime juridique moins restrictif par rapport aux droits d’usage et d’exploitation. Elles sont, quant à leur gestion, sous l’entière responsabilité du ministère et de l’administration en charge des forêts. Les forêts des communautés locales, qui constituent l’une des innovations importantes introduites par le code forestier, relèvent des forêts protégées.

Les forêts de production permanente renvoient à deux types de forêts : d’une part, elles comprennent toutes les forêts qui ont déjà fait l‘objet d’attribution à titre de concession forestière et, d’autre part, elles englobent toutes les autres forêts qui, bien que n’ayant pas encore été attribuées, ont déjà fait l’objet de la procédure d’enquête publique pour être attribuées par la suite (article 23). Cette deuxième catégorie renvoie aux forêts qui sont en voie d’être attribuées.

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Au plan institutionnel, le code met en place les structures suivantes :

1. les cadastres forestiers (un cadastre national et des cadastres provinciaux, avec possibilité de création des cadastres au niveau local, selon les besoins) ; 2. les Conseils consultatifs des forêts (un Conseil consultatif national et des conseils consultatifs provinciaux des forêts) ; 3. un Fond forestier national.

Le Titre III traite des droits d’usage forestiers en les définissant comme étant des droits coutumiers reconnus aux populations vivant traditionnellement à l’intérieur ou à proximité des forêts et qui leur permettent de satisfaire à leurs besoins d’autoconsommation, individuels ou collectifs. L’étendue de ces droits d’usage varie selon qu’ils s’exercent dans une forêt classée, dans une forêt protégée ou dans une forêt de production permanente.

Le nouveau code a supprimé les anciens titres d’exploitation industrielle des forêts et institue un nouveau type de titres, dénommé « concession forestière ». Tous les détenteurs d’anciens titres sont tenus de soumettre leurs titres au processus de conversion. Le mode principal d’attribution des concessions reste l’adjudication, le gré à gré restant exceptionnel, et à condition d’être dûment motivé par le Ministre en charge des forêts. L’inventaire et l’aménagement des forêts deviennent des conditions préalables à la mise en exploitation des forêts.

Les communautés locales reçoivent, en vertu du nouveau code, le droit de solliciter et d’obtenir un titre écrit sur les forêts qu’elles détiennent régulièrement en vertu de la coutume. Elles peuvent, du reste, exploiter elles-mêmes ou faire exploiter leurs forêts par des exploitants artisanaux ou par tout autre tiers.

Le code organise une fiscalité plus assouplie, mais exempte de toute exonération et institue un régime pénal actualisé, pour le constat, la poursuite et la répression des infractions forestières.

10.2.2 Les grands axes de la réforme forestière La domanialité des forêts congolaises et leur possession coutumière par les communautés locales L’État Congolais détient, sur les forêts protégées, un droit de propriété qui s’analyse en un véritable pouvoir de droit, tandis que sur les mêmes forêts, les communautés détiennent un pouvoir de fait, s’analysant en termes de possession coutumière, et auquel le législateur a attaché quelques effets juridiques14.

La gestion participative du secteur La loi forestière congolaise confie au Ministre en charge des forêts la responsabilité de l’élaboration de la politique forestière nationale et fait correspondre à ce pouvoir le devoir d’impliquer l’ensemble des acteurs tant publics que privés concernés, à tous les échelons territoriaux (article 5). Au nombre de ces acteurs figurent, notamment, les organisations non gouvernementales et le secteur privé économique. Par ailleurs, la même loi prévoit la mise

14 Les effets juridiques dont cette possession se trouve assortie, c’est notamment que les communautés locales peuvent s’en prévaloir pour obtenir un titre écrit, la concession forestière. C’est aussi que les mêmes communautés locales peuvent s’en prévaloir pour exiger la réalisation des infrastructures socio-économiques à tout exploitant industriel qui vient s’implanter dans leur terroir ou pour exiger la signature d’un accord écrit à tout exploitant artisanal avant toute exploitation de leurs forêts ou encore pour exiger à tout tiers la passation d’un contrat d’exploitation, etc.

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en place des conseils consultatifs nationaux et provinciaux des forêts, qui ont pour mission, notamment, de donner des avis sur toute question en matière forestière, préalablement à toute prise de décision.

La volonté d’impliquer tous les autres acteurs s’est aussi traduite dans le cadre du processus de conversion des anciens titres forestiers organisé par le décret n° 05/116 du 24 octobre 2005 fixant les modalités de conversion des anciens titres forestiers en contrats de concession forestière et portant extension du moratoire en matière d’octroi des titres d’exploitation forestière. Ce texte confie à une Commission interministérielle le pouvoir, notamment, de décider du rejet ou de l’acceptation des requêtes de conversion présentées par les détenteurs des anciens titres d’exploitation industrielle des forêts. Au sein de cette commission siègent deux délégués des organisations non gouvernementales œuvrant dans le secteur environnemental ainsi qu’un délégué des communautés locales riveraines du titre à convertir15.

Au-delà des textes, le Ministère de l’Environnement, Conservation de la Nature, Eaux et Forêts qui a les forêts dans ses attributions associe constamment toutes les parties prenantes dans la conduite de ses différents programmes et projets.

Les forêts comme un instrument de réduction de la pauvreté Le code forestier congolais a été élaboré dans un contexte de réflexions sur la problématique de la lutte contre la pauvreté. Il était donc important, dans un tel contexte, de circonscrire l’apport du secteur des forêts dans la réduction de la pauvreté des communautés locales qui y et/ou en vivent. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre l’insertion des mécanismes tels la rétrocession aux entités administratives décentralisées des zones de provenance des produits forestiers de 40% des recettes réalisées au titre de redevance de superficie (article 121 et 122 du code forestier) ainsi que l’obligation faite au concessionnaire forestier de réaliser au profit des communautés locales les infrastructures à caractère socio-économique (article 89 du code forestier).

L’adjudication comme mode principal d’attribution des concessions forestières et le processus de conversion des anciens titres forestiers Le code oblige à la compétition (adjudication) pour l’attribution de titres d’exploitation industrielle des forêts ; le gré à gré devenant un mode exceptionnel, et devant être motivé et autorisé par le Ministre en charge des forêts (article 83 et 86 du CF). A ce jour, les allocations de titres d’exploitation industrielle ont été suspendues par un moratoire décidé par l’arrêté ministériel n° CAB/MIN/AF.F-E.-E.T/194/MAS/02 du 14 mai 2002 portant suspension de l’octroi des allocations forestières et confirmé par décret présidentiel n° 05- 116 du 24 octobre 2005 susmentionné organisant le processus de conversion des anciens titres forestiers.

15 Les ajustements apportés au processus ont permis d’intégrer un représentant des peuples autochtones, lorsque ceux-ci figurent au sein des communautés riveraines du titre sous examen.

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10.2.3 Le processus d’élaboration des mesures d’application du code forestier et les textes déjà produits Le code forestier n’a pas réglé jusqu’au détail l’ensemble des problèmes liés à la thématique forêt ; il fait plusieurs renvois au pouvoir réglementaire, selon le cas, du Président de la République ou du Ministre en charge des forêts, pour l’élaboration des textes d’application (environ une quarantaine), appelés à clarifier certaines matières précises. Un processus participatif en vue de l’élaboration de ces textes a été mis en place et est encore à l’œuvre dans le cadre du projet FNPP, qui a succédé au projet TCP. Ce processus est en cours.

10.3 LE CADRE JURIDIQUE DE LA CONSERVATION DE LA NATURE

10.3.1 Les textes légaux et réglementaires Le cadre juridique de la conservation renvoie aux dispositions mises en place pour assurer à la fois l’accès aux ressources de la biodiversité et leur conservation. Elle prend en compte, notamment toutes les dispositions qui permettent de contrôler la capture ou le prélèvement des animaux sauvages, leur détention et circulation ainsi que leur commerce, importation et exportation. Elle intègre également les dispositions qui en favorisent la promotion et le développement, notamment par le tourisme cynégétique, la photographie et la cinématographie. Enfin, elle renvoie à toutes les dispositions fiscales et pénales applicables en la matière.

Un autre volet important concerne les mécanismes mis en place pour assurer la protection des animaux sauvages et de leurs habitats, dans le cadre de la conservation in situ, c’est-à- dire dans les aires protégées, dont la gestion est confiée à l’ICCN, en tant qu’entreprise publique spécialisée. Chacun de ces volets se trouve régi par des textes différents.

En effet, les questions de capture des animaux sauvages quelles qu’en soient les fins ainsi que celles de leur conservation sont régies par la loi sur la chasse n°82-002 du 28 mai 1982 ; laquelle a été complétée par les dispositions de l’Arrêté n°14/CAAB/MIN/ENV/2004 du 29 avril 2004 organisant les conditions d’octroi des permis de chasse des animaux sauvages. L’Arrêté n° 056 CAB/MIN/AFF-ECNPF/01/00 du 28 mars 2000 dit « CITES » fixe les règles et les conditions de détention, de commerce et de transport de tout spécimen de l’une des espèces concernées par la Convention CITES. Les dispositions fiscales sont fixées par l’Arrêté interministériel n° CAB/MIN/ECN 2006 et n° 099/CAB/MIN/FINANCES/2006 du 13 juin 2006 portant fixation des taux des droits, taxes et redevances à percevoir en matière de faune et de flore, à l’initiative du Ministère de l’Environnement, Conservation de la Nature, Eaux et Forêts.

Les questions de la conservation in situ qui couvrent la protection de la faune dans leurs habitats naturels (aires protégées) sont régies par trois textes légaux, à savoir : 1. la loi n° 082-002 du 28 mai 1982 portant réglementation de la chasse, qui institue et organise les réserves totales ou partielles de faune ou encore les domaines de chasse ; 2. la loi n° 69-041 du 22 août 1969 relative à la conservation de la nature, qui régit les réserves intégrales et ; 3. la loi n° 75-024 du 22 juillet 1975, qui traite des secteurs sauvegardés.

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A ces textes légaux, il y a lieu d’associer la loi du 29 août 2002 portant Code forestier en RDC, dans ses dispositions relatives aux concessions de conservation et aux forêts des communautés locales, qui pourront, dans une certaine mesure être assimilées aux aires protégées.

Et dans chacun de ces textes se trouvent des dispositions répressives, qui définissent les incriminations à l’endroit de la faune nationale, en même temps qu’elles en organisent la répression.

Par-dessus tout, la nouvelle constitution du 18 février 2006 issue du référendum a précisé que la matière relative à la détermination du régime de la faune congolaise est du domaine de la compétence exclusive du pouvoir central (de la législation nationale), tandis que celle relative à l’application de la législation sur la chasse et la capture des animaux sauvages relève de la compétence exclusive des provinces. Il en découle que les autorités provinciales sont qualifiées pour prendre toutes les mesures d’exécution de la législation sur la chasse et la capture des animaux sauvages dans le ressort des provinces.

10.3.2 Le statut juridique de la faune et autres questions connexes La faune congolaise est une propriété de l’État congolais. Elle fait partie du patrimoine national (ensemble des biens appartenant à l’État congolais) et doit être gérée dans l’intérêt de la nation. Cette proclamation découle de la loi sur la chasse de 1982.

Selon l’article 74 de la cette loi, les défenses d’éléphants, les cornes des rhinocéros et les dents d’hippopotames trouvés morts ou abattus sont propriété de l’État16. La même disposition répute propriété de l’État congolais les défenses d’éléphants et les produits de chasse recueillis sous couvert de la légitime défense ou d’opérations de police des animaux, notamment pour la protection des cultures17.

10.3.3 Les mécanismes d’incitation à la conservation et contribution du système à la réduction de la pauvreté L’examen des textes précités ne fait pas transparaître les mécanismes d’incitation à la conservation au profit des populations et communautés locales, à l’instar de ceux prévus par exemple par le nouveau code forestier.18

Il est évident que l’exploitation de la faune nationale génère ou peut générer d’importants revenus. Cependant, la gestion de ces revenus n’intègre pas de mécanismes de participation des communautés au partage de ces revenus.

On peut, toutefois, se féliciter d’une disposition contenue dans l’arrêté ministériel n° 044/CM/ECN/92 du 2 mai 1992 portant création et délimitation d’une réserve dénommée « Réserve naturelle des mangroves » ou « Parc marin » qui institue en son article 5 une obligation pour l’ICCN de contribuer au développement socio-économique des

16 Les trophées et tous les produits ainsi recueillis ne peuvent être aliénés que conformément à la procédure en vigueur. 17 L’inventeur ou le chasseur, auteur de ces trophées et produits de chasse, est tenu de les remettre, dans un délai maximum de 30 jours, au ministère ayant la chasse dans ses attributions ou à son délégué contre une indemnité équitable. L’acte décrit précédemment fait l’objet d’un procès- verbal dûment signé et contresigné par l’agent compétent et l’inventeur ou le chasseur, selon le cas. 18 Exemple les engagements du concessionnaire envers les communautés riveraines dans le cadre du cahier des charges et la rétrocession d’une quotité de revenu. Le nouveau code forestier organise le partage des revenus issus de l’exploitation des forêts par le concept du cahier des charges et la redistribution d’un pourcentage des recettes réalisées par le Trésor public au titre de redevance de superficie en matière forestière.

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populations riveraines de la réserve, notamment par l’entretien des routes, la construction des écoles et d’autres infrastructures de développement.

L’application d’une telle disposition peut générer dans le chef des populations et communautés locales riveraines des élans réels pour la conservation de la ressource. Malheureusement, elle n’a qu’une portée réglementaire et non légale.

10.3.4 La question délicate des zones tampons aux aires protégées La loi n° 75-023 du 22 juillet 1975 portant statut de l’ICCN institue des zones tampon et les étend sur un rayon de 50 Km autour des aires protégées.

La gestion de ces zones est rendue difficile dans la pratique, en raison du flou qui règne autour de leur statut juridique et de l’absence de leurs délimitations matérielles autour de différentes aires protégées. Plusieurs institutions relevant des Ministères de l’Environnement, Conservation de la Nature, Eaux et Forêts et de l’Agriculture, Pêche et Élevage s’en disputent la gestion avec l’ICCN.

Une telle compétition ne permet pas à la zone tampon de remplir sa mission écologique et sociale. Une prise en charge normative s’impose dès lors pour réguler la gestion de cette zone, en définissant de manière explicite son statut et en précisant le rôle de différents acteurs et institutions y intervenant.

10.4 LE CADRE JURIDIQUE DE GESTION DES TERRES19 - L’ECONOMIE GENERALE DU DROIT FONCIER CONGOLAIS TIRE DE LA REFORME DU 20 JUILLET 1973

10.4.1 Bref rappel des éléments historiques C’est, au fait, la loi n° 73-021 du 20 juillet 1973, telle que modifiée et complétée par la loi du 18 juillet 1980 qui constitue jusqu’à ce jour le texte de base régissant les terres en RDC.

Ce texte fondamental a été précédé quelques années auparavant par l’ordonnance-loi n° 66- 343 du 07 juin 1966, connue sous le nom de la « loi Bakajika », du nom du député qui en avait pris l’initiative et qui avait rédigé le projet initial.

Ce texte avait reconnu à l’Etat congolais le droit de reprise des droits fonciers, forestiers et miniers cédés ou concédés avant le 30 juin 1960 (date de l’indépendance du pays) et décidait que ce dernier allait procéder souverainement à une nouvelle répartition des droits d’exploitation ou de gestion de ses ressources naturelles, foncières, forestières et minières.

C’est à la suite, notamment de l’ordonnance-loi susmentionné de 1966 que sera promulguée la loi n°73-021 du 20 juillet 1973, dont il y a lieu d’examiner le contenu.

19 Cette partie du texte a largement tiré avantage de l’étude de A. MPOYI sur « Les forêts, la loi et les communautés locales en RD CONGO, Une analyse des droits fonciers locaux dans le processus de l'élaboration des plans de gestion des forêts et des eaux dans la région du lac Ntomba et ses environs, Consultation sollicitée par IRM, novembre 2005

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10.4.2 Les axes principaux du droit foncier congolais Toute l’articulation du droit foncier congolais inauguré par la loi du 20 juillet 1973 repose sur la proclamation du principe de l’appartenance de toutes les terres à l’État congolais. Ce principe est proclamé par la constitution comme mentionné précédemment et relayé par la loi n° 73-021 du 20 juillet 1973 ; laquelle, à son article 53, précise que « le sol est la propriété exclusive, inaliénable et imprescriptible de l’État ».

Le patrimoine foncier de l’État comprend ainsi un domaine public et un domaine privé. Le domaine public est constitué de toutes les terres affectées à un usage ou à un service public, tandis que le domaine privé est fait de toutes les autres terres. Les terres du domaine public sont inconcessibles. En d’autres termes, elles ne peuvent pas faire l’objet d’une concession ou des droits d’exploitation, tant qu’elles ne sont pas régulièrement désaffectées.

Seules les terres qui relèvent du domaine privé de l’Etat sont concessibles et susceptibles d’être grevées par des droits d’exploitation.

L’Etat Congolais étant donc le seul propriétaire des terres, toutes les autres personnes ne peuvent en détenir qu’un droit de jouissance dénommé « concession ».

Les terres concessibles du domaine privé de l’Etat sont soit urbaines, c’est-à-dire comprises dans les limites des entités administratives déclarées urbaines par les lois ou règlements en vigueur, soit rurales.

10.4.3 Le statut des droits fonciers des communautés locales dans la loi du 20 juillet 1973 Il vient d’être relevé que l’Etat congolais a domanialisé toutes les terres et, conséquemment, procédé à la suppression des terres indigènes.

Il importe, dès lors, de savoir ce que deviennent les droits fonciers des communautés locales dans ce nouveau régime. Et ce sont les dispositions des articles 387 à 389 de la loi du 20 juillet 1973 qui règlent le sort des droits que les communautés locales détiennent désormais sur les terres qu’elles occupent. Ils sont respectivement libellés comme suit :

« Les terres occupées par les communautés locales deviennent, à partir de l’entrée en vigueur de la présente loi, des terres domaniales » (article 387) ; « Les terres occupées par les communautés locales sont celles que ces communautés habitent, cultivent ou exploitent d’une manière quelconque - individuelle ou collective - conformément aux coutumes et usages locaux » (article 388) ; « Les droits de jouissance régulièrement acquis sur ces terres seront réglés par une ordonnance du Président de la République » (article 389).

La loi du 20 juillet 1973 renvoie à la signature d’une ordonnance présidentielle20, pour combler cette lacune. Malheureusement, cette ordonnance n’a jamais été prise jusqu’à ce jour, 32 ans après.

20 A ce jour, on parlerait de décret présidentiel.

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La domanialisation des terres par l’Etat congolais n’a pas eu pour conséquence d’abolir les droits fonciers des communautés locales. Elle en a plutôt changé la teneur : du droit d’occupation sur les terres dites indigènes, les communautés locales exercent désormais un droit de jouissance collectif sur les terres du domaine privé de l’Etat.

Aussi longtemps que l’Ordonnance présidentielle annoncée par la loi du 20 juillet n’aura pas été prise pour réglementer leurs droits de jouissance, les communautés locales continueront à occuper les terres, à les habiter, à les cultiver et à les exploiter, en vertu de leurs coutumes et usages locaux.

10.5 LE CADRE JURIDIQUE DE LA DECENTRALISATION TERRITORIALE, ADMINISTRATIVE ET POLITIQUE

10.5.1 Introduction La nouvelle constitution de la RDC a renforcé l’option de la décentralisation. Outre le nombre de provinces qu’elle a fait passer de 11 à 25, elle a, au demeurant, procédé à une redéfinition des compétences, et donc à une répartition des ressources financières, entre le pouvoir central et les provinces. Elle a à ce titre introduit une nouvelle notion de 40% des recettes à caractère national allouées aux provinces à retenir à la source. Elle a institué une caisse nationale de péréquation, pour corriger les déséquilibres de développement économique et social entre les provinces.

Un projet de loi sur la décentralisation territoriale, administrative et politique est en chantier pour donner effet aux nouvelles options constitutionnelles. Elle devra notamment clarifier et organiser les compétences des provinces en matière d’impôts, taxes et autres droits locaux.

En attendant la finalisation de ce texte, c’est la loi n°081 du 02 juillet 1998 sur la décentralisation qui tente de régenter un tant soit peu et à titre transitoire les rapports entre les provinces et le pouvoir central.

10.5.2 La répartition des compétences entre le pouvoir central et les provinces En effet, et aux termes de l’article 167 du décret loi n°081 du 02 juillet 1998 sur la décentralisation, sont de la compétence exclusive du pouvoir central toutes les questions ayant trait à la politique générale du pays et à la souveraineté nationale. A ce titre, et en vertu de la nouvelle constitution, les matières ci-après relèvent de la compétence des autorités centrales du Ministère de l’Environnement et Conservation de la Nature et Tourisme : - l’élaboration des lois sur les forêts, les ressources en eaux, la conservation de la nature et l’environnement ; - traités et accords internationaux concernés concernant les secteurs susvisés ; - l’importation et l’exportation des produits concernant les secteurs susvisés ; - l’élaboration des programmes forestiers d’intérêt national ainsi que la coordination des programmes d’intérêt provincial ; - la détermination des régimes forestiers, sur la chasse et sur la conservation de la nature (flore et faune) ; - la protection contre les dangers occasionnés par l’énergie ou par les radiations et l’élimination des substances radioactives.

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Par contre, les matières ci-après relèvent des compétences concurrentes entre le niveau central et le niveau provincial : - les questions relatives au droit coutumier en matière forestière, de faune, des ressources en eau, de la conservation de la nature et de l’environnement ; - les calamités naturelles ; - les régimes des eaux et forêts ; - la protection de l’environnement ; - la réglementation sur les régimes forestiers.

Enfin, viennent les matières qui sont sous la compétence exclusive des provinces, à savoir : - l’élaboration et l’exécution des programmes forestiers locaux en conformité avec les normes du planning national ; - l’application de la législation nationale concernant la forêt, la chasse, l’environnement, la conservation de la nature, la capture des animaux sauvages ; - la production de l’eau pour l’intérêt de la province.

10.6 LES ASPECTS LEGAUX LIES AUX DEMANDES DE FONDS

La plupart des bailleurs de fonds ont aujourd’hui leurs propres politiques en matière d’environnement, de transparence et de bonne gouvernance, de diffusion de l’information, de passation de marché, de gestion financière, etc. auxquelles le pays doit se conformer dès qu’il accepte les fonds provenant de ces derniers. Pour certains aspects, dont l’environnement fait partie, le pays peut utiliser sa législation s’il est démontré que cette dernière est plus restrictive et contraignante (apporte un niveau de protection environnementale et sociale plus élevé) que les directives du bailleur de fonds.

Dans le cas du PNFoCo plusieurs bailleurs comptent participer au financement du programme, par contre il a été décidé que ce seraient les politiques du groupe de la Banque Mondiale qui s’appliquent à l’ensemble des fonds de l’IDA et du Fonds commun. Le PNFoCo doit donc satisfaire les exigences des politiques de la Banque Mondiale. La présente étude est un des éléments demandés pour satisfaire aux exigences des politiques environnementales de la Banque Mondiale.

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11 DESCRIPTION DU PNFOCO

La réforme forestière en RDC a débuté avec l’agenda prioritaire qui a ciblé des problèmes qui, s’ils n’étaient pas résolus rapidement risquaient de nuire irréversiblement à l’environnement et aux communautés et de priver la RDC des bénéfices de ses propres forêts. Il met l’accent sur l’application des lois et des contrats, sur la transparence comme moyen d’enrayer la corruption et de stimuler le débat public ainsi que sur l’obligation de rendre des comptes.

Le PNFoCo est la suite logique d’une série d’actions issues de l’agenda prioritaire du gouvernement qui a permis d’identifier un certain nombre de besoins urgents et d’asseoir une stratégie d’intervention qui permettra d’agir dans le secteur en prenant en compte les différentes difficultés rencontrées par le passé.

Le PNFoCo qui compte dans sa première phase de 5 ans établir les bases d’une gestion forestière concertée avec les principaux acteurs et ayants-droit comme le prévoit le Code forestier, est appuyé par une série de partenaires financiers et techniques qui s’impliquent dans la conception et la réalisation du programme.

11.1 CONCEPT GENERAL

La RDC a souffert d’un important manque de gouvernance dans le secteur forestier ces dernières années. Le PNFoCo a pour objet de continuer la reforme entamée dans le secteur et de structurer les interventions des divers partenaires pour optimiser les impacts des moyens offerts au gouvernement pour améliorer la gestion du secteur.

Le programme touche l’ensemble du pays mais les projets pilotes seront concentrés dans les trois provinces forestières : le Bandundu, l’Équateur et la province Orientale.

La première phase du programme est d’une durée de 5 ans et le programme devrait se poursuivre pour 10 ans supplémentaires pour que les impacts soient ressentis à travers le pays.

Le Programme est basé sur une importante approche participative, avec entre autres la réalisation de la présente EES et la tenue d’ateliers provinciaux de consultation préalable au démarrage du programme.

Le Programme National Forêt et Conservation PNFoCo est le premier programme d’envergure conceptualisé par le ministère de l’environnement depuis la reprise des relations avec les bailleurs de fonds. Ses principaux objectifs sont essentiellement liés : à la coordination des actions qui sont menées dans le secteur de la forêt et de l’environnement, à la mise en œuvre du code forestier et de ses décrets d’application, à la conservation, à la valorisation des services environnementaux et à des aspects de gestion environnementale et sociale à l’échelle nationale.

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Le code forestier promulgué en 2002 n’a jamais réellement été appliqué pour diverses raisons. Toutefois, l’approche que présente ce dernier vise une large participation des communautés locales au processus de planification et d’attribution des concessions, et prévoit une rétribution des bénéfices à ces communautés. Il prévoit également que la surface de forêt mise en protection (aire protégée) atteigne 15 % du territoire national.

L’application du code forestier permettra un net changement par rapport à la situation passée et actuelle en démontrant une gouvernance nationale au niveau du secteur. Le PNFoCo par le biais de certaines composantes et par la présente évaluation environnementale permettra par ailleurs d’atténuer les risques inhérents à sa mise en application, d’identifier et de contrôler toutes dérives.

Le PNFoCo servira de cadre stratégique entre les activités et les projets actuellement en cours et ceux qui seront déployés à l’avenir. Il aborde la gestion des ressources naturelles dans son ensemble y compris la conservation de la nature. Il tiendra à assurer la conservation des forêts et le développement durable du secteur forestier ainsi que la valorisation de la biodiversité.

Ce programme opérationnel s’articule autour de six axes d’intervention : 1. Renforcement institutionnel ; 2. Appuis transversaux : zonage participatif et vulgarisation du Code forestier ; 3. Conservation de la nature ; 4. Contrôle et Aménagement des forêts de production ; 5. Foresterie rurale ; 6. Environnement.

Son approche participative et la flexibilité d’une partie de ces financements lui permettront de définir des projets d’appui au fur et à mesure que le programme deviendra actif dans les zones pilotes. Le PNFoCo sera également en mesure d’appuyer des projets qui lui seront présentés et qui entreront dans ces objectifs.

Bien que cette mécanique financière ne soit pas encore bien définie, le programme a réfléchis à un appui des ONG locales et internationales qui présenteraient des projets dont la teneur cadre avec les objectifs du programme. Cet appui serait essentiellement un complément de financement acquis par ces ONG auprès d’autres bailleurs.

11.2 OBJECTIFS

Le PNFoCo poursuit quatre objectifs globaux :

Objectif 1. Permettre à la forêt de remplir en équilibre ses fonctions écologiques et sociales.

En rapport avec cet objectif, la République Démocratique du Congo a manifesté son souci de prendre en compte les préoccupations de la communauté internationale en matière environnementale. Elle a ratifié plusieurs conventions internationales. Elle entend intégrer le développement du secteur forestier dans la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté (DSCRP).

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Objectif 2. Rendre l’administration forestière capable d’assurer l’application du code forestier et de ses mesures d’exécution afin que la forêt puisse contribuer substantiellement au développement national. Pour assurer la mise en application de la politique forestière, il est indispensable d’augmenter sans cesse la capacité de ce Ministère à gérer aussi bien les ressources naturelles en général et forestières en particulier que les ressources humaines et financières.

Objectif 3. Renforcer les capacités de l’ICCN afin de le rendre capable d’assurer la conservation et la gestion durable de la biodiversité dans le réseau des aires protégées du pays, en coopération avec les communautés locales et d’autres partenaires pour contribuer au bien-être des populations congolaises et de l’humanité entière.

Objectif 4. Permettre à toutes les parties prenantes (secteur public, populations riveraines, secteur privé, ONG) de participer activement à la gestion des forêts pour pouvoir en tirer un bénéfice légitime.

Traditionnellement, les populations locales considèrent que les forêts leur appartiennent ; elles sont un héritage reçu des ancêtres. Les forêts constituent une source de vie pour ces populations : elles y trouvent ce qu’il leur faut pour assurer leur survie. La disparition des forêts représenterait une catastrophe incommensurable pour ces populations. Le souci de la conservation des forêts grâce à une exploitation rationnelle doit conduire à l’implication des populations riveraines dans la gestion de cette richesse qu’est la forêt. Le fruit de l’exploitation des forêts doit permettre de combattre la pauvreté déshumanisante dans laquelle se trouve plongée aujourd’hui la population congolaise.

Ce partenariat doit être mutuellement profitable à tous les intervenants : secteur public, secteur privé, institutions de recherche, communautés locales, organisations non gouvernementales. La participation des ONG, compte tenu de leur vocation particulière et de leurs intérêts distincts de ceux de l’administration et du secteur privé, constitue un contre – pouvoir et un élément déterminant pour une bonne gouvernance.

11.3 RESULTATS ATTENDUS

11.3.1 Composante 1 : Renforcement institutionnel Une revue institutionnelle a été réalisée en 2006-2007 en deux parties (forêts et conservation). La présente composante se basera en grande partie sur les résultats de cette revue institutionnelle qui a réalisé un audit fonctionnel des différentes directions du ministère et des 2 institutions qui dépendent directement de ce dernier.

La composante « renforcement institutionnel » vise donc une mise à niveau des différentes directions techniques du Ministère de l’environnement de la conservation de la nature et du tourisme (MECN-T), de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) et l’Institut des Jardins Zoologiques et Botaniques du Congo (IJZBC), le recrutement de techniciens spécialisés et la réhabilitation des bâtiments centraux dans 3 provinces. Les résultats attendus sont : - Un organigramme du ministère simplifié, validé, et avec la totalité des postes pourvus; - De nouveaux recrutements et des départs en retraite accomplis; - Un recyclage de 50% des agents du MECN-T, de l’ICCN et de l’IJZBC ;

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- Les plus importantes institutions publiques d’enseignement forestier et de recherche forestière opérationnelles; - La réhabilitation des coordinations provinciales du Bandundu, de l’Équateur et de la Province Orientale ; - Le fonctionnement effectif des Conseils Consultatifs national et provinciaux des forêts ; - Des programmes de formation dans les universités et les écoles techniques en cours de réalisation; - Un système de gestion financière et de gestion des ressources humaines opérationnel; - Un système de programmation annuelle et de suivi-évaluation opérationnel; - L’établissement des lignes de communication par Internet entre les différents services et les administrations provinciales; l’harmonisation des procédures entre les différentes régions d’influence ; - L’administration centrale est dotée d’un bâtiment adéquat ; - La réhabilitation des locaux et équipements élémentaires dans au moins 30% des services extérieurs.

11.3.2 Composante 2 : Appuis transversaux : zonage participatif et vulgarisation du Code forestier La gestion durable des ressources forestières nécessite d’une part la mise sur pied d’un plan général d’affectation des différentes superficies couvertes par des massifs forestiers. De ce plan général découleront les différents plans d’aménagement garantissant la pérennité des ressources d’une part. Et, d’autre part, l’application stricte du code forestier et de ses mesures d’exécution hélas encore mal connues de la majeure partie de la population.

Le Plan de zonage devra définir les limites des différentes zones forestières en tenant compte de la vocation de chacune, à la lumière des catégories des forêts déterminées par le code forestier. Cela permettra d’éviter les conflits d’usage des espaces forestiers.

Le code forestier et ses mesures d’application méritent d’être largement diffusés pour en assurer une meilleure application et limiter les interprétations.

À cet effet, les résultats attendus sont : - Plans de zonage pour des régions pilotes (10 millions d’hectares) négociés localement et cartographiés. Ces cartes indiquent les forêts du domaine rural, du domaine de production permanente, les forêts classées pour la conservation, et tiennent compte des dynamiques démographiques et foncières locales ; - Classement définitif des concessions qui préexistaient au nouveau code forestier de 2002 et qui ont été confirmées lors de la conversion ; - Diffusion du code forestier et de ses mesures d’exécution sur l’ensemble du territoire national ; - Implication effective des communautés locales dans le processus de zonage participatif.

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11.3.3 Composante 3 : Conservation de la nature Le réseau des aires protégées congolais, couvrant actuellement environ 10,0%21 du territoire national se trouve, à la suite des conflits armés à répétition et de l’instabilité politique, sociale et économique du pays, dans une situation extrêmement critique.

Il en découle donc la nécessité d’arrêter des mesures rapides pour sauvegarder et renforcer la préservation des écosystèmes.

Les activités prévues se concentrent sur un appui à l’ICCN et à l’IJZBC et leurs partenaires pour une délimitation des aires protégées existantes avec les communautés locales et la mise en défens de 15 000 000 ha pour l’amélioration du réseau d’aires protégées.

Les résultats attendus sont : - Matérialisation des limites des aires protégées existantes et de leurs zones tampons avec la participation des populations locales ; - Création de nouvelles aires protégées de près de 15.000.000 Ha de forêts en vue de leur classement ; - Plan d’aménagement mis en œuvre pour 16 sites prioritaires ; - Réhabilitation des locaux et équipement dans 60% des parcs ; - Administration centrale dotée d’un bâtiment adéquat (si possible construction d’un nouveau bâtiment) ; - Système national de bio monitoring rendu opérationnel ; - Mécanisme national de concertation et de suivi-évaluation ICCN-partenaires rendu opérationnel ; - Nouveaux recrutements (500 unités) et retraites volontaires accomplis ; - Recyclage d’au moins 50% des agents de l’ICCN ; - Bonne gestion de la faune dans les aires protégées couvertes de forêts ; - Nouvelle loi sur la Conservation de la Nature promulguée.

11.3.4 Composante 4 : Contrôle et Aménagement des forêts de production L’aménagement des écosystèmes forestiers doit procurer des avantages sociaux, techniques et financiers à l’ensemble des intervenants : État, entreprises et populations locales. Il doit aussi assurer la préservation de la biodiversité et le maintien des fonctions environnementales dans les espaces de production.

L’atteinte de ces objectifs exige l’application effective des dispositions légales traduites en plans d’aménagement grâce à un processus concerté de contrôle rigoureux et strict de l’ensemble des activités liées à l’exploitation de la ressource forestière.

Les plans d’aménagement sont réalisés par le secteur privé et le ministère a comme prérogative la validation et le contrôle de l’application de ces plans. Pour ce faire, il faut appliquer le dispositif du Code forestier et former les différents acteurs impliqués dans les actions d’aménagement et de contrôle forestiers.

21 En fonction de la littérature le pourcentage (%) de la surface nationale qui est incluse dans le vocable aire protégée fluctue de 9 à 10,4 % selon nos propres calculs ce pourcentage pourrait aller jusqu'à 11,2 %

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Les résultats attendus de cette composante sont : - Plans d’aménagement durable mis en œuvre dans au moins 80% des concessions en cours d’activité ; - Fin de l’exploitation illégale dans les forêts du domaine permanent non encore concédées ; - DGF et Coordinations provinciales capables de suivre la mise en œuvre des plans d’aménagement; cadastre forestier et système informatique de gestion forestière opérationnels ; - Mécanisme d’adjudication des concessions opérationnel et planification des futures attributions suivant un processus participatif réalisée ; - Cellule conjointe MECN-T - MINFIN pour le recouvrement des taxes et le suivi des réformes fiscales opérationnelle ; - Textes d’application du nouveau code et cadre fiscal pour encourager l’aménagement durable et la transformation poussée du bois adoptés ; - Brigades de contrôle opérationnelles à travers les principales provinces forestières.

11.3.5 Composante 5 : Foresterie rurale Le développement communautaire des populations forestières et riveraines est renforcé par les dispositions légales du Code forestier qui consacre les « forêts des communautés locales » et quelques innovations telles que : - la rétrocession de 40 % de la taxe de superficie aux entités locales décentralisées ; - le cahier des charges qui fait obligation aux exploitants de réaliser les infrastructures socio-économiques de base en faveur des populations.

Outre ces mécanismes, l’exploitation et la valorisation des produits forestiers non ligneux les plus courants de même que l’exploitation artisanale du bois dans les concessions des communautés locales ainsi que le bois-énergie constituent des sources de revenus pour des populations dépendantes des forêts en milieu rural.

Les résultats attendus sont : - Rétrocession de 40% de la taxe de superficie aux provinces et aux entités locales décentralisées effective et faisant l’objet de publication ; - Mécanisme de négociation des cahiers des charges clarifié ; - Projets de développement communautaire menés dans différentes provinces pour tester et mettre au point un cadre simple et incitatif pour la gestion des forêts communautaires ; - Coordinations provinciales capables d’informer et conseiller les communautés pour l’aménagement des forêts communautaires, la rétrocession des taxes, les plantations, etc. ; - Petites entreprises familiales et locales et initiatives des Pygmées appuyées.

11.3.6 Composante 6 : Environnement La gestion de l’environnement dans le pays demeure embryonnaire du fait notamment de l’absence du code de l’environnement et d’une réglementation sur l’évaluation environnementale. En ce qui concerne le concept de développement durable et des services environnementaux rendus par les écosystèmes forestiers, de grands progrès ont été accomplis depuis la conférence de Johannesburg (2002) par le MECNT afin d’intérioriser cette réalité, notamment par la mise en place d’une Direction responsable de la coordination des tâches et activités reliées à ce concept (changement climatique, désertification, biosécurité, biodiversité, etc.).

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Les principales activités à mener en plus de la réalisation, de la mise en application de la présente étude environnementale s’orientent vers la promulgation d’un code de l’environnement et d’une réglementation en matière d’évaluation environnementale et de valorisation des services environnementaux divers, représentés par la déforestation évitée, les actions de reboisement et la séquestration de carbone en vue de positionner la RDC dans le mécanisme de développement propre (MDP).

Les résultats attendus se définissent comme suit : - Adoption et promulgation de la Loi-cadre sur l’Environnement ainsi que des textes légaux d’application en ce qui a trait aux établissements humains, à la pollution ainsi qu’à la coordination et à la conduite de la gestion environnementale et sociale ; - Évaluation environnementale et sociale stratégique du PNFoCo validée et mise en application ; - Redéfinition du mandat et refonte structurelle du GEEC dans une optique d’ouverture et d’extension finalisées ; - Mécanismes d’évaluation de la mise en œuvre des concessions de conservation pilotes et des projets de création de puits de carbone opérationnels.

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12 ANALYSE DES IMPACTS POTENTIELS DU SCENARIO « SANS PROGRAMME »

Dans le cadre de ce programme, il est difficile d’imaginer exactement ce qui se serait passé si le programme n’était pas mis en œuvre, car il y a déjà des interventions qui se font, sans l’existence du programme et un grand nombre d’ONG et de bailleurs de fonds qui s’intéressent aux domaines et y financent déjà des activités. Cette tendance continuerait probablement d’exister si le PNFoCo n’était pas mis en place et il est difficile d’en définir la teneur et l’ampleur.

Toutefois, à la lueur de l’état des lieux qui a été réalisé, des tendances visibles en termes organisationnels, structurels et de la faiblesse du ministère de l’environnement au regard du mandat qui lui est alloué par le code forestier, de la faible coordination existante entre les divers ONGs nationales et internationales dans les 2 secteurs concernés et entre les approches des différents bailleurs de fonds, il est possible de dégager des tendances actuelles, en termes d’impacts sociaux et environnementaux de ce que pourrait être une évolution de la situation sans le programme.

12.1 IMPACTS SOCIAUX ET ECONOMIQUES (MILIEU HUMAIN)

12.1.1 Dans le secteur de l’exploitation forestière industrielle Dégradation de la relation état- secteur privée

L’état n’est pas en mesure de régler la situation du secteur étant donné l’état actuel de ces moyens et de sa quasi inexistante capacité d’intervention dans le secteur relatif au problème de gouvernance. Les tâches de gestion, de contrôle de suivi qui lui sont dévolues ne sont pas réalisées et le secteur privé interprète la loi à sa façon et réagit au coup par coup aux diverses pressions parafiscales et autres. Des investisseurs de tout acabit peuplent le secteur et réduisent la qualité de la filière bois ce qui décourage les sociétés plus sérieuses qui demandent au gouvernement d’intervenir.

Dégradation de la relation secteur privée – population locale

Le secteur privé vise la réduction des coûts définis des cahiers des charges, déjà peu couteux, et traite avec seulement quelques interlocuteurs influents. La population accepte mal la situation et des conflits s’installent dans la zone de concession et son entourage immédiat.

Conflit d’usage entre l’agriculture de subsistance et les permis forestiers en périphérie des agglomérations humaines

Les opérateurs forestiers utilisent au maximum les droits que leur confère leur concession et y interdissent la culture bien que leur concession ait été définie sans prendre en compte l’existant en matière de terre cultivable et des droits traditionnels. Des conflits s’installent.

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Dégradation de l’image de l’état congolais en tant que gestionnaire de ressources naturelles au niveau national et internationale Le doute s’installe quant à la capacité de l’état congolais de gérer adéquatement le secteur tel que défini dans le DSCRP. La communauté internationale finance de plus en plus les ONGs pour intervenir directement dans le secteur, au détriment de l’appui au ministère de l’environnement. Le pays ce fait réprimander dans les instances internationales pour ne pas respecter ses engagements internationaux. Le gouvernement étant incapable d’assurer la remise des ristournes prévues les administrations et les communautés locales désapprouvent le gouvernement.

Augmentation constante de la « fracture » entre les riches et les pauvres Étant donné la situation, seulement quelques privilégiés qui exploitent ou gèrent les ressources tirent des bénéfices de leurs activités (l’on doit inclure dans ce groupe les ONG nationales et internationales) les communautés locales ne tirent que très peu de bénéfice et dans certains cas peuvent même s’appauvrir quand par exemple : - le code du travail n’est pas respecté par une société de production forestière et que le chef de famille se blesse au travail et n’est pas pris en charge. - les salaires dans le secteur sont insuffisants pour appuyer le développement de la famille et aucun avantage social n’existe

De plus, la ristourne de 40 % aux communautés locales n’est pas assurée dans les régions, et le développement économique ne compense pas la perte des ressources engendrée par l’exploitation.

Stagnation ou régression du développement socio-économique dans les zones forestières du pays Un grand nombre de problèmes mentionnés précédemment grèvent le développement économique des régions forestières et font en sorte que malgré l’exploitation des ressources de leurs territoires aucun développement n’existe en contre partie.

Conflits permanents entre les différents usages du territoire dans les zones ressources du pays (mine, foret, pétrole, usage traditionnelle) Il devient impossible pour le gouvernement d’arbitrer sur les différents usages du territoire. Les acteurs des différents secteurs se confrontent en permanence autant au niveau du gouvernement que du secteur privé et de la société civile aucun consensus n’est trouvé et les communautés locales demeurent perdantes à tous les niveaux.

Perte économique Le pays subit des pertes économiques importantes du fait que : - le secteur privé profite de la faible gouvernance de l’état pour maximiser ses bénéfices, - il n’y a aucune coordination au niveau de l’utilisation du territoire et de ses ressources et que certaines d’entre elles seront sous exploitées ou mal exploitées et d’autres surexploitées sans que des retombées économiques soient ressenties par les communautés locales - le milieu naturel se dégrade rapidement et entraine des pertes de production et autres - aucun service environnemental n’est défini et concourt au développement économique du pays

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12.1.2 Dans le secteur de l’exploitation forestière artisanale L’exploitation artisanale n’est pas encadrée, elle entraine des conflits importants au niveau de l’utilisation du territoire notamment en périphérie des villages. Les travailleurs ne sont pas déclarés et sont sous payés, tout accident ou problème de santé lié à l’emploi n’est pas pris en charge et le travailleur s’appauvrit s’il lui arrive un accident.

12.1.3 Dans le secteur de la conservation Les aires protégées et leurs zones tampons sont constamment sous la pression de la chasse, la cueillette non contrôlé, et même dans certain sous l’emprise de l’exploitation forestière. L’objet de ces pressions et pour pouvoir des filières commerciales et en plus de créer une pression importante sur la biodiversité et entraine une perte de ressources alimentaires importantes pour les populations qui ne profitent de ces commerces illégaux.

12.2 IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX (MILIEU NATUREL)

Les impacts environnementaux qui ont été constatés dans les différentes zones enquêtées continueront de s’amplifier et dans certain cas probablement jusqu'à l’atteinte d’un point de non retour. C’est à dire entrainant une dégradation irréversible de la qualité de l’environnement naturel.

12.2.1 Exploitation forestière industrielle Pour le scénario « sans le programme », nous nous retrouvons avec la flagrante et générale situation où les dépositaires des titres forestiers (actuellement en processus de conversion) exploitent, le plus souvent, les « concessions » actuelles sans plan d’aménagement et de manière anarchique, à la façon de l’extraction minière, sans se soucier de la durabilité de la ressource. Cette situation est certainement en partie due au fait que le Code forestier ne possède pas encore tous ses textes d’application (ceux déjà rédigés ne sont toujours pas vulgarisés), mais l’absence quasi-généralisée de contrôle de l’activité (manque de moyens au niveau des structures provinciales responsables du suivi), et la corruption prévalant dans le secteur, sont certainement les principaux facteurs responsables.

Dans les faits, cette situation se traduit par des modes opératoires non durables, où les zones amodiées ne bénéficient d’aucun aménagement et pour lesquelles les industriels valorisent très peu la ressource, sauf pour effectuer des prélèvements qui souvent ne respectent pas les règles d’exploitation en vigueur.

Un autre impact important de ce déplorable état de fait est que les forestiers, ne s’inscrivant pas dans la durée de l’exploitation des zones concédées, laissent les populations riveraines convertir les zones forestières d’exploitation pour l’agriculture. En plus de l’appauvrissement de la flore, de la faune et des sols des zones exploitées, cette conversion de considérables superficies pour l’agriculture itinérante est un impact direct important de l’exploitation forestière en RDC.

La situation est souvent la même en ce qui a trait à l’exploitation minière artisanale qui s’opère souvent dans les concessions forestières sans que les exploitants forestiers ne soient enclins ou capables d’intervenir.

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Par ailleurs, la chasse incontrôlée et à caractère commercial est souvent associée à l’exploitation forestière. Dans le contexte actuel, il s’agit d’un impact très négatif de l’exploitation forestière, notamment pour les espèces protégées qui sont décimées sans aucun contrôle ni mesure de protection de la part des exploitants.

12.2.2 Exploitation forestière artisanale Au même titre que l’exploitation forestière industrielle, l’exploitation artisanale de la forêt comporte présentement son lot d’impacts, tels l’écrémage des essences commerciales et la conversion des superficies pour l’agriculture itinérante. En fait, étant donné que l’exploitation forestière artisanale, la foresterie rurale, se déroule le plus souvent près des agglomérations et centres urbains, ce phénomène de dégradation des zones forestières est très accentué et intense, au point où cette activité, face à cette pression indirecte, se déroule le plus souvent de manière non durable.

En l’absence du programme, il est attendu que ces pratiques occasionneront d’importants impacts environnementaux, et ce sur d’importantes superficies en RDC d’autant que certains industriels à court de concession utilisent cette filière, moins normée, pour assurer leur production.

12.2.3 La gestion des aires protégées Suite aux longues années de crise, le réseau des aires protégées en RDC est dans un état pitoyable. Plusieurs aires protégées n’existent plus que de nom tellement la dégradation qu’elles ont subie est importante et le plus souvent irréversible.

L’ICCN, qui a la responsabilité de l’aménagement et de la mise en valeur du réseau, ne possède actuellement pas les moyens de prendre en charge adéquatement les aires protégées, encore moins d’étendre le réseau actuel. A titre d’exemple, l’ICCN, en dépit des récents efforts déployés pour renforcer ses capacités et pour l’aménagement de certaines aires prioritaires, n’a qu’une idée très incomplète de l’état des aires protégées du réseau, et même des superficies réelles concernées. Dans le scénario « sans programme », il est attendu que la situation actuelle perdure, et s’aggrave même sous la menace conjuguée exercée par les autres vocations opérées sur le plan national et par la pression démographique toujours plus forte.

A l’heure actuelle, la plupart des aires protégées subissent des pressions formidables qui amenuisent significativement le patrimoine en biodiversité de la RDC. Pour la plupart, les aires protégées ne bénéficient d’aucune mesure de protection et les populations riveraines et autres y exercent un braconnage soutenu. Par ailleurs, d’importantes zones sont régulièrement converties à l’agriculture, phénomène qui complique beaucoup l’éventuelle reprise en main de ces aires protégées.

En plus de la chasse (braconnage) et de la dégradation liée aux conversions agricoles, l’absence actuelle de gestion des aires protégées et de plan de zonage national a pour effet que des titres miniers (et d’exploration pétrolière) sont attribués dans ces zones de conservation, ce qui constitue une des impacts majeurs du scénario « sans programme ».

Dans le contexte actuel, les zones prioritaires de conservation définies par l’ICCN et ses partenaires risquent fort d’être octroyées en concession minière et pétrolière avant même que les études pour leur création ne soient terminées.

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13 DEFINITION DES DIFFERENTES ALTERNATIVES ETUDIEES

13.1 METHODE ET DEMARCHE UTILISEE

Le consultant et les groupes de travail des différents ateliers ont défini des alternatives pour chacune des activités des composantes sur la base des résultats à atteindre qui sont fixés par le PNFoCo. L’ensemble des composantes a été revu en détail et certaines ont été restructurées et modifiées drastiquement et d’autres ont subi moins de changements mais ont été décrites avec plus de détails que dans le document de base. L’analyse des résultats attendus du PNFoCo dans son ensemble a été jugée plus appropriée par rapport à l’analyse de différentes activités proposées par le Fonds Commun ou le don IDA, qui demeurent encore à définir avec précision. De plus, le programme national est passé par un processus de validation provinciale et a ainsi été grandement diffusé. L’analyse environnementale du programme global demeure donc logique d’autant plus que les projets IDA ou Fonds Commun devront s’intégrer dans le programme.

13.1.1 Préparation de l’état des lieux et analyse fonctionnelle du programme La première partie de l’étude avait pour objet d’effectuer un état des lieux, partant d’une base documentaire mais qui permettrait également d’informer et de faire participer les parties prenantes. Cette consultation a permis d’affiner et d’approfondir l’état des lieux en fonction des besoins d’analyse d’une évaluation environnementale stratégique en portant une importance aux effets probables des actions prévues du PNFoCo, du don IDA et du Fonds Commun sur les systèmes en place.

La résultante a été un document de synthèse faisant le point sur l’état des lieux des secteurs conservation et exploitation forestière et des enjeux environnementaux et sociaux qu’ils présentent. Ce document comprend également une quinzaine de carte qui donnent une vue d’ensemble de la situation.

13.1.2 Atelier d’enrichissement et d’identification des alternatives Un premier atelier22 à eu lieu début avril sur la base des documents suivants : - État des lieux préliminaire - Pré-Analyse environnementale et sociale du PNFoCo et proposition d’alternatives.

L’objectif de ce premier atelier était de présenter, revoir et approfondir l’état des lieux et de démarrer une analyse environnementale en groupe de travail qui permettrait une identification des alternatives et de mesures d’atténuation sur la base d’une pré-analyse effectuée par le consultant.

13.1.3 Atelier de validation Un second atelier a eu lieu les 14 et 15 mai 2008 sur la base des résultats de l’identification préliminaire des impacts environnementaux et sociaux, des alternatives retenues et des versions préliminaires des différents cadres de gestions préparés tels que : - Le cadre de gestion environnementale et sociale - Le cadre de politique de réinstallation involontaire

22 Le contenu de l’atelier, la liste des participants et les fiches de présence et les résultats sont donnés dans un volume annexe à l’EES

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- Le cadre fonctionnel - Le plan d’appui aux peuples autochtones - Le cadre de gestion du patrimoine culturel

Cet atelier a eu pour objectif de valider la transcription faite par le consultant des différentes recommandations et des mesures d’atténuation formulées par les différents groupes de travail et qui ont été soit intégrés dans les résultats de la présente étude ou dans les différents cadres de gestion.

13.2 RESULTATS

Suite à ces différents ateliers, les composantes du programme ont été revues et modifiées dans l’objectif d’un développement durable en harmonie avec les populations locales. Dans certains cas les composantes ont été structurées en sous-composantes, ce qui permettra une meilleure intégration des projets dans la structure du programme.

Pour ne pas alourdir le rapport d’étude nous résumons dans les tableaux suivants les résultats des travaux réalisés pour l’analyse des différentes composantes. L’Annexe 1 donne le détail des résultats de l’analyse et les alternatives définies lors du premier atelier.

13.2.1 Composante 1 : Renforcement institutionnel Pour des raisons de structuration les résultats attendus du renforcement institutionnel ont été réorganisées en 3 sous-composantes

Sous composante 1-A : Restructuration, renforcement et gestion des ressources humaines du MECN-T - Réorganisation du MECN-T - Recrutement et mise à la retraite - Fonctionnement des conseils consultatifs

Sous-composante 1-B : Renforcement des structures opérationnelles et de gestion du MECN-T - Réhabilitation/construction des bâtiments (centrale et province) - Communication entre les centres - Système de gestion des ressources humaines et financières - Système de programmation annuelle, suivi évaluation - Équipement de base dans les projets pilotes et au niveau central

Sous-composante 1-C : Dynamisation de l’enseignement et des formations professionnelles en matière d’environnement - Enseignement publique forestier et recherche forestière fonctionnelle - Formation universitaire et écoles techniques adaptées - Recyclage de 50% des agents du MECN-T.

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Tableau 3 : Alternative /mesure d’atténuation de la composante 1

Sous composante Alternative Mesure d’atténuation Sous-composante 1-A : L’analyse effectuée propose un Préparation d’un plan social pour Restructuration, renforcement et grand nombre d’actions qui les actions de mise à la retraite gestion des ressources humaines permettent d’assurer une meilleure du MECN-T gestion du processus de Prévoir les frais de fonctionnement restructuration du MECN-T des conseils consultatif et les intégrer au coût du programme pour assurer leur effectivité Sous-composante 1-B : La construction de nouveaux Les DAO des nouvelles Renforcement des structures bâtiments est l’alternative retenue constructions devront inclure des opérationnelles et de gestion pour éviter la perte de capitaux en clauses environnementales et location sociales minimale Un suivi environnemental de la construction doit être assuré.

Prévoir un mécanisme de gestion des capitaux investis (immobilier et équipement), prévoir des frais d’entretien et de maintenance

Assurer la présence d’un expert en environnement au sein de la cellule de coordination de projet Sous-composante 1-C : Réviser les programmes de Dynamisation de l’enseignement et formation existants pour s’assurer des formations professionnelles en qu’ils intègrent la dimension matière d’environnement environnement

Revoir le programme de formation continue du MECN-T

Inclure les aspects forêts et environnement à tous les niveaux de scolarisation

13.2.2 Composante 2 : Appuis transversaux Pour des raisons de structuration, les résultats attendus des Appuis transversaux ont été réorganisés en 2 sous-composantes :

Sous composante 2-A : Zonage participatif - Plan de zonage pour les régions pilotes - Classement définitif des concessions - Implication effective des communautés locales dans le processus de zonage

Sous composante 2-B : Vulgarisation de la réglementation - Diffusion du code forestier et de ces mesures d’exécution

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Sous composante Alternative Mesure d’atténuation Sous-composante 2-A : Zonage Un grand nombre d’alternatives à Élaborer un texte juridique pour participatif été identifié pour limiter de définir les modalités d’expropriation nombreux problèmes et risque définitive au niveau des titres non autant techniques, reconduits pour assurer la prise en environnementaux que sociaux : compte des problématiques - Processus de zonage environnementales et sociales participatif identifiées lors de cette étude (voir - Limitation des impacts liés à la état des lieux) conversion des titres - L’estimation et la prise en Réaliser une étude d’impact compte des besoins en terre complète pour toutes les des communautés dans le concessions forestières avant processus d’aménagement l’attribution des droits d’exploitation. forestier - Nécessité d’une planification de l’utilisation du territoire au niveau national - Préparation avec l’appui des populations autochtones d’une cartographie des terroirs autochtones à l’échelle nationale Sous composante 2-B : Accélérer l’élaboration et la Vulgarisation de la réglementation publication de toutes les mesures d’application du code forestier

Assurer la diffusion du code et de ses mesures d’application de façon structurée et homogène et contrôler la qualité de la diffusion effectuée

13.2.3 Composante 3 : Conservation de la nature Lors du 1er atelier les résultats attendus des cette composante ont été modifiés et ce sont ces nouveaux résultats attendus qui ont fait l’objet de l’analyse

Pour des raisons de structuration, les résultats attendus de la composante conservation de la nature a été réorganisé en 3 sous-composantes :

Sous composante 3-A Aménagement et optimisation du réseau d’aires protégées - Inventorier et évaluer et réviser les textes de AP existantes et délimitation participative de ces dernières lorsque nécessaire - Création de nouvelles aires protégées - Plan d’aménagement et de mise en œuvre pour 16 sites prioritaires - Réhabilitation de locales et nouvelles infrastructures - Nouvelle loi sur la conservation de la nature promulguée et vulgarisée

Sous composante 3-B : Suivi et contrôle des AP - Système national de bio-monitoring - Gestion de la faune et des activités de chasse dans les AP

Sous composante 3-C : Gestion des ressources humaines - 50% des agents formés et recyclés - Retraites volontaires accomplies

- 100 - Évaluation environnementale stratégique (EES) du PNFoCo - AGRECO

Sous composante Alternative Mesure d’atténuation Sous composante 3- Pour chacun des résultats Préparation d’une réserve foncière sur la A Aménagement et attendus une série d’activités base des aires prioritaires de optimisation du réseau d’aires à été préparée, la composante conservation protégées à donc été complètement - Zones tampons vastes et ciblant des revue aires de développement éloignées des AP - Comités paritaires de gestion des AP incluant les opérateurs miniers, forestiers, chasseurs professionnels, etc. - Faire une évaluation environnementale stratégique de la loi sur la conservation - Modifier la fiscalité pour favoriser la production et l’élevage local Sous composante 3-B Suivi Voir redéfinition de la et contrôle des AP composante en annexe Sous composante 3-C Voir redéfinition de la Inclus dans la composante 1 Gestion des ressources composante en annexe humaines

13.2.4 Composante 4 : Contrôle et aménagement des forêts de production Pour des raisons de structuration, les résultats attendus de la composante Contrôle et aménagement des forêts de production a été réorganisé en 2 sous-composantes :

Sous composante 4-A : Concessions forestières et leur contrôle - Mécanisme d’adjudication des concessions opérationnel et planification réalisée - Brigade de contrôle opérationnelle - Fin de l’exploitation illégale - Recouvrement des taxes et suivi des réformes fiscales opérationnel

Sous composante 4-B : Aménagement des forêts de production - Plan d’aménagement durable dans 80% des concessions en activité. - DGF et coordination provinciale capables de suivre l’application des plans d’aménagement - Cadre fiscal pour encourager l’aménagement durable et la transformation du bois adopté

Sous composante Alternative Mesure d’atténuation Sous composante 4-A : Prévoir les couts d’opération du concessions forestières et leur contrôle et ceux de la formation et contrôle du recyclage des agents Éviter les conflits d’attribution entre les corps des inspecteurs forestiers et la brigade Sous composante 4-B : Étant donné les importants Le plan d’aménagement forestier Aménagement des forêts de problèmes de gestion du territoire est un instrument de planification et production et de conflit d’usage existant un doit être établi à cette fin par plan national d’affectation du l’ensemble des acteurs concernés. territoire (macro zonage) est La mise en œuvre du plan doit être nécessaire contrôlée

- 101 - Évaluation environnementale stratégique (EES) du PNFoCo - AGRECO

13.2.5 Composante 5 : Foresterie rurale Pour des raisons de structuration, les résultats attendus de la composante foresterie rurale ont été réorganisés en 2 sous-composantes :

Sous composante 5-A : Communautés locales et code forestier - Rétrocession de 40% de la taxe de superficie aux provinces et aux entités locales décentralisées effective et faisant l’objet de publication ; - Mécanisme de négociation des cahiers des charges clarifié ; - Coordinations provinciales capables d’informer et conseiller les communautés pour l’aménagement des forêts communautaires, la rétrocession des taxes, les plantations, etc.…

Sous composante 5-B : appui au développement forestier communautaire - Projets de développement communautaire menés dans différentes provinces pour tester et mettre au point un cadre simple et incitatif pour la gestion des forêts communautaires ; - Petites entreprises familiales et locales et initiatives des Pygmées appuyées composante Alternative Mesure d’atténuation Sous composante 5-A : Créer des comités de gestion Contrôle parlementaire sur la réelle des ressources naturelle et rétrocession des fonds et sur son utilisation Communauté locale et code préparer des plans de forestier développement locaux pour Préparer un modèle type de cahier des assurer la saine et charges entre les entreprises et la transparente gestion des fonds communauté locale et le publier au journal rétrocédés officiel Pour la réalisation des zonages participatifs et la négociation des cahiers des charges, il faut former des «médiateurs environnementaux», les accréditer et les contrôler

Sous composante 5-B : Préparer des cahiers des charges environnementaux et sociaux pour les petites appui au développement et moyennes entreprises forestières et les forestier communautaire contrôler Imposer dans le plan d’action des peuples autochtones des mesures de valorisation et de conservation culturelle prises en charge par les communautés pygmées elles-mêmes

13.2.6 Composante 6 : Environnement Pour des raisons de structuration, les résultats attendus de la composante environnement ont été réorganisés en 2 sous-composantes :

Sous composante 6-A : Loi cadre sur l’environnement et outils d’application - Adoption de la loi cadre sur l’environnement ; - Étude d’impact environnemental du PNFoCo réalisée et mise en application - Refonte structurelle du GEEC

Sous composante 6-B : Services environnementaux et puits à carbone - Mécanisme d’évaluation de la mise en œuvre des concessions de conservation pilote projet de puits à carbone

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Sous- composante Alternative Mesure d’atténuation Sous composante 6-A : Loi Pour respecter les politiques environnementales de la Banque cadre sur l’environnement et Mondiale la loi cadre devra passer outils d’application par une évaluation environnementale stratégique si sont élaboration est appuyée par le PNFoCo Inclure le coût de la mise en application et du suivi environnemental et social dans le cadre du programme Prévoir dans le programme et dans chaque projet coordonné par le PNFoCo une structure de suivi environnemental et former le personnel affecté à cette activité Sous composante 6-B : - Voir dans quelle mesure l’électrification rurale pourrait être Services environnementaux et proposée comme projet pouvant puits à carbone faire partie de la déforestation évitée. - Conduire des études scientifiques pour faire un point concernant les bilans carbone des forêts climaciques - Favoriser le reboisement par les particuliers et les communautés villageoises avec l’appui de l’état (fourniture de plants, protection des jeunes plants). - Définir dans quelle mesure l’exploitation forestière industrielle et artisanale peut participer à la création de puits à carbone

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14 ANALYSE DES IMPACTS POTENTIELS DU PROGRAMME AMELIORE (ALTERNATIVES RETENUES)

Il est certain que le programme ne réglera pas tous les problèmes environnementaux et sociaux identifiés dans la situation sans le programme de façon instantanée et il est probable que plusieurs d’entre eux subsisteront encore pendant des années mais le PNFoCo vise une amélioration progressive de la gouvernance forestière à tous les niveaux.

Le programme lui-même peut entrainer des impacts négatifs toutefois, Les alternatives retenues ont permis de réduire les impacts identifiés et d’assurer une plus grande transparence et participation dans les activités qui seront mises en place. Toutefois, l’analyse a également démontré que le programme devrait profiter, lors de sa formulation finale, d’une mise en cohérence des composantes les unes par rapport aux autres et avec les actions prévues par le Fonds Commun et le don IDA.

La réduction des impacts passe également par une planification des actions et dans certains cas une activité d’une composante ne pourra démarrer que si une activité d’une autre composante a été réalisée avec succès pour que la minimisation des impacts soit assurée

Par exemple, le macro zonage et la définition des terroirs des populations autochtones devraient être un préalable au plan d’aménagement forestier et au développement de nouvelles aires protégées.

De même l’inventaire et la définition de la qualité des aires protégées actuelles et la modification de leurs limites le cas échéant devraient être prioritaires à la création de nouvelles AP pour s’assurer que les écosystèmes du pays soient suffisamment représentés dans le futur réseau des AP destiné à assurer le maintien de la biodiversité.

Dans certains cas les alternatives proposées si retenues deviendront des projets à part entière et devront faire l’objet d’une évaluation environnementale.

14.1 IMPACTS SOCIO-ECONOMIQUES

Le projet en tant qu’investissement aura à lui seul des retombées économiques nationales. En espérant qu’un bon nombre des actions pourront être réalisées par des ressources nationales, le partage des retombées directes pourrait ainsi être en faveur des nationaux.

En fonction de la bonne gouvernance du programme et de ses résultats les retombées sociales et économiques positives pourront être nombreuses et importantes notamment : - Un meilleur partage des gains issus de l’exploitation forestière - La prise en compte des besoins en terres agricoles des communautés dans les concessions forestières et dans les zones de création de nouvelles aires protégées - Le démarrage de PME liées au secteur qui entrainera des retombées économiques locales - La reconnaissance du peuple pygmée et son intégration dans les décisions de gestion du territoire. - L’amélioration du processus de négociation du cahier des charges en faveur du respect des droits des communautés locales - Etc.

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Le processus de suivi-évaluation qui sera mis en place par le PNFoCo devra assurer la prise en compte de ces éléments.

14.1.1 Exploitation forestière industrielle Il est difficile de prévoir dans quelle mesure l’application stricte du code forestier et des mesures d’atténuation qui ont été proposées par cette étude ( EIE obligatoire pour les concessions forestières, médiateurs environnementaux lors de la négociation du cahier des charges, plan d’aménagement obligatoire et qui prend en compte les besoins actuels et futurs en terres agricoles des communautés locales, contrôle accru de l’état, etc. ) ne décourageront pas les exploitants forestiers et anéantiront la filière d’exploitation industrielle. Dans cette optique, une perte économique est à envisager mais elle est difficilement déterminable car économiquement cette filière est mal connue. Au niveau social, l’état des lieux a démontré qu’actuellement les retombées sociales et économiques de cette exploitation forestière au niveau local demeurent faibles et dans certain cas négatives.

Dans ce cas ou les opérateurs délaissent le secteur, cela pourrait laisser croire que le développement durable ne peut être atteint dans le cadre de ce type d’exploitation dans l’état actuel de structuration du secteur en RDC. Dans cette optique, le pays pourrait alors peut- être se prévaloir de la déforestation évitée et tirer des bénéfices non négligeables de cette situation.

La mise en œuvre du contrôle du moins dans les provinces pilotes devrait permettre un plus grand apport du secteur dans l’économie nationale.

14.1.2 Exploitation forestière artisanale L’état des lieux démontre que ce secteur est hors de tout contrôle et des dérives importantes sont déjà identifiées. Bien que ce secteur entraine des impacts économiques locaux probablement plus importants que le secteur industriel il demeure des risques sociaux importants dans la mesure ou la filière est pour l’instant informelle et les travailleurs sont laissés à leur propre sort en cas d’accident de travail ou autres.

Dans un scénario où l’exploitation industrielle s’arrêterait cette filière pourrait être le refuge de bon nombre d’exploitants industriels qui verraient en ce secteur une porte de sortie peu coûteuse et dans ce cas les problèmes sociaux créés par ce type d’exploitation ne pourraient qu’augmenter.

14.1.3 La gestion des aires protégées La revue de l’ensemble des limites des AP de façon consensuelle avec les communautés locales permettra probablement d’améliorer les relations entre les parties prenantes. Par contre, l’amélioration de la capacité de l’ICCN a gérer et contrôler les AP existantes et la création de nouvelles aires protégées notamment dans la zone de haute montagne ou de transition qui sont les zones les plus densément peuplées du pays pourra entrainer des impacts néfastes importants aux communautés locales qui exploitent ces zones même si l’ensemble des mesures d’atténuation sont mise en place. Le cadre fonctionnel qui a été développé en lien avec cette étude est l’outil qui permettra de limiter au maximum les pertes de revenu et autres droits liés à la limitation d’accès et d’usage qu’entrainera la création des aires protégées.

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14.2 IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX

Le seul fait que le programme puisse réduire les impacts négatifs de la situation actuelle dans le secteur est un impact positif important qu’il faut mentionner. La situation actuelle de la gestion environnementale et sociale du secteur est telle que le programme tel qu’il a été repensé par cette évaluation stratégique permettra de réduire de façon importante les impacts négatifs actuels.

14.2.1 Exploitation forestière industrielle Le PNFoCo, avec les alternatives proposées, notamment un meilleur contrôle et de meilleures pratiques d’aménagement au niveau des concessions forestières, permettra l’exploitation durable de la ressource bois, et par le fait même le maintien et la conservation du couvert forestier et d’une grande partie de la biodiversité contenue dans ces habitats riches et sensibles.

Toutefois, ces nouvelles mesures et pratiques, si elles sont correctement appliquées, auront peut-être pour conséquence que certaines concessions, en général celles les plus éloignées des marchés ou du port, ne seront plus compétitives. Ainsi, pour ces raisons, il est possible que des industriels délaissent certaines concessions qui, alors qu’elles pouvaient bénéficier de mesures d’aménagement adéquates, risquent d’être converties à d’autres utilisations (agriculture, exploitation minière) et de voir disparaître leur caractère forestier. Ce risque est réel, et les effets sur l’environnement sont tangibles. Dans cette optique, le PNFoCo devrait dès à présent prendre en compte cette possibilité dans la mise en œuvre de cette importante composante du programme.

À ce titre, il est de plus en plus souvent proposé, tel que déjà prévu au niveau du Code forestier et dans le cadre d’une formule qui sera certainement prise en compte par l’éventuelle loi sur la Conservation, le scénario de la création des concessions de conservation. Bien que cette formule présente des avantages indéniables pour la conservation des habitats forestiers, il faut toutefois veiller à expliquer que les concessions de conservation ne sont pas des parcs nationaux ni des réserves privées où les principaux droits d’usage des communautés riveraines sont exclus (notamment la chasse traditionnelle). Il demeure que cette approche, si elle est correctement appliquée, notamment pour « récupérer » les concessions orphelines ou celles qui seront éventuellement abandonnées, sera significativement bénéfique sur le plan de l’environnement.

Ce même cas s’applique aux concessions non converties qui deviendront des sites orphelins et qui pourront générer des impacts négatifs importants sur la biodiversité si aucune des mesures d’atténuation définie n’est prise.

14.2.2 Exploitation forestière artisanale Il est attendu que la principale alternative proposée, à savoir l’appui au développement forestier communautaire, avec la rétrocession d’une partie des taxes de superficie aux provinces et aux entités locales et l’adoption de nouveaux mécanismes de négociation des cahiers des charges, permettra d’éviter l’exploitation anarchique des ressources forestières ainsi que les importants impacts occasionnés par les petits exploitants sur les forêts communautaires.

Bien que, sur le plan de la biodiversité, ce type d’exploitation forestière ne soit pas perçu comme aussi important et sensible que l’exploitation forestière à caractère industriel, il

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demeure que l’exploitation artisanale est largement opérée en RDC, et pas seulement dans les forêts ombrophiles, mais aussi dans les autres types de forêts (forêts de transition, forêts sèches, savanes arborées). Ainsi, les mesures proposées auront certainement un impact positif significatif sur l’environnement global du pays, peut-être aussi important que celui qui sera ressenti au niveau des concessions forestières retrouvées essentiellement dans le Bassin du Congo.

14.2.3 La gestion des aires protégées Les alternatives proposées à ce chapitre, notamment l’aménagement et l’optimisation du réseau d’aires protégées, auront pour principales conséquences une amélioration sensible de l’état de conservation de la biodiversité retrouvée en RDC. Toutefois, le PNFoCo, surtout en ce qui concerne la phase pilote centrée sur les trois provinces du Bassin du Congo et à travers un important appui apporté à l’ICCN, se focalisera principalement sur le biome forestier, alors que la mission de l’ICCN couvre l’ensemble des biomes du territoire national.

Ainsi, dans le cadre des exercices de détermination des zones de conservation prioritaires, il faudrait s’assurer que les variables employées pour les analyses puissent faire en sorte que tous les biomes soient pris en compte, et ce afin d’éviter que la majeure partie des zones prioritaires se retrouvent uniquement dans le domaine forestier. Cette précaution sera d’autant plus importante pour la démarche visant à porter à 15 % la couverture en aires protégées du pays, par l’ajout de quelques 15 millions d’ha au réseau actuel.

D’autre part, l’éventuelle promulgation et vulgarisation de la loi sur la Conservation, prévue au niveau des alternatives retenues, outil indispensable pour la mise en œuvre de plusieurs activités du PNFoCo, constituera un élément qui contribuera grandement à l’amélioration de la gestion des aires protégées du pays, notamment en ce qui a trait aux approches participatives et communautaires mises en avant.

Toutefois, il est important que tous les ONG et projets impliqués en RDC dans le domaine de la conservation considèrent le PNFoCo comme la porte d’entrée de leur contribution dans la conservation de la biodiversité dans le pays. Ceci permettra une meilleure coordination des actions, une homogénéisation des approches et permettra de créer des synergies dont le secteur a grand besoin.

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15 METHODE ET RESULTAT DE LA CONSULTATION PUBLIQUE

Une première phase de consultation réalisée par le MECN-T a porté sur les termes de référence (TDR) de l’étude environnementale. Ces derniers ont été envoyés par e-mail à près de 30 organisations (ONG, secteur privé, projet), à des experts universitaires et à différentes directions de la fonction publique congolaise en leur demandant de transmettre leurs commentaires sur les TDR dans une période de 20 jours. Peu de commentaires ont été recueillis bien que la plupart ait accusé réception des TDR (voir Annexe 2)

Ensuite la consultation publique réalisée par l’équipe de consultants sur les zones pilotes du programme a duré près de 2 semaines. Les sections suivantes donnent la synthèse des résultats de cette consultation publique. L’Annexe 4 donne les listes des personnes qui ont participé à ces consultations.

Il y a eu également trois ateliers qui on donné lieu à des échanges avec tous les groupes concernés. Ces derniers ont participé activement à la réalisation de cette étude en o sélectionnant les alternatives et en définissant des mesures d’atténuation o en identifiant les principaux impacts sociaux et environnementaux des alternatives retenues, et o en préparant les plans de gestion environnementale et sociale.

Les coordonnés des participants à ces ateliers sont données en annexe.

15.1 INTRODUCTION

Dans le souci d’instituer la gouvernance forestière en République Démocratique du Congo amorcée par la promulgation en 2002 du code Forestier, il est prévu par ce dernier une politique forestière nationale dont l’élaboration incombe au ministère ayant les forêts dans ses attributions, en l’occurrence le Ministère de l’Environnement, Conservation de la nature et tourisme.

En l’absence du plan, un programme d’actions a été préparé, le PNFoCo, qui a pour but la mise en œuvre sur le terrain des politiques forestières en vue d’une gestion durable et équitable des forêts de la R.D.C.

Pour ce faire, et en accord avec les articles 5 et 6 du Code Forestier, toutes les parties prenantes sont impliquées dans l’élaboration tant au niveau provincial que national du dit programme. En outre tout projet financé par la Banque Mondiale est soumis à une évaluation environnementale. Le PNFoCo est considéré de catégorie A et doit donc faire l’objet d’une Étude d’impact environnemental et social complète.

Ce programme prévu pour toute la République Démocratique du Congo sera testé dans trois provinces forestières pilotes à savoir : le Bandundu, l’Équateur et la Province Orientale.

Dans le cadre de cette étude, une consultation publique était diligentée auprès de communautés cibles de ces trois provinces pour connaître les points de vue sur les modes de gestion actuels des forêts de la RDC et par la même occasion, recueillir des suggestions en rapport avec les alternatives aux modes actuels.

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15.2 GROUPE CIBLE

Les communautés locales et autochtones ainsi que les autres parties prenantes impliquées dans l’exploitation des ressources forestières on été considérés comme groupe cible pour cette consultation.

15.3 METHODOLOGIE

Réunions participatives séparées des communautés autochtones d’une part et de communautés locales ainsi que des autres parties prenantes d’autre part. Le travail est réalisé sous forme d’interview, de focus group en s’appuyant sur l’analyse des forces, faiblesses, opportunités et menaces ainsi que l’outil de l’analyse de 4R (Rights, Responsibilities, Returns and Relationships)

La consultation des communautés locales et autochtones des trois provinces pilotes s’est faite simultanément par trois représentants de CRON entre le 1 et le 15 mars 2008 dans l’Équateur, le Bandundu et la Province Orientale. Il est à noter qu’une réunion de consultation a également eu lieu à Bandundu ville à la demande du Ministre provincial de l’Environnement de ladite province.

Tableau 7 : Sites de consultation et nombre de participants aux réunions

Province Site date Nbre de personnes Équateur Mbandaka 03/03/08 Prise de contact avec les autorités : conseiller du gouverneur, le vice président de l’assemblée provinciale chargée de la commission environnement et ressources naturelles, représentant de la coordination provinciale C.L : 30 Bikoro 05/03/08 C.A : 33

Iyembe moke 06/03/08 C.A : 27 C.L : 18 Mbandaka 07/03/08 C.A : 16 Bandundu Inongo 01/03/08 Prise de contact avec les autorités

Boongo 03/03/08 C.L : 30 C.A : 18

Inongo 04/03/08 C.L : 27 C.A : 23

Bandundu/ville 10/03/08 66 Orientale Kisangani 06/03/08 25

Mambasa 08/03/08 22 Réunion s/forme d’entretien avec C/A : 07 Epulu 09/03/08 C/L : 10

Beni 10/03/08 Réunion s/forme d’entretien ± 400 C.A = Communauté autochtone C.L. = Communauté Locale

Les communautés locales et autochtones étaient consultées y compris les autres parties prenantes présentes notamment les autorités administratives et coutumières, les représentants des exploitants forestiers, de l’ICCN et du centre de recherche.

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Au total ± 700 personnes ont été consultées dans les trois provinces, et les informations détaillées sont reprises dans le rapport de synthèse en annexe 3.

15.4 SYNTHESE DES RESULTATS

A l’aide d’un questionnaire, il eut des rencontres avec les autorités administratives et coutumières à Bandundu, Bikoro centre et Iyembe Moke (Équateur) et Mambassa (Orientale). Les communautés tant autochtones que locales ne profitent pas beaucoup des retombées de l’exploitation quand bien même qu’elles ont accès à l’emploi. Il s’avère cependant que les cadres ne sont pas des originaires.

Les bois ne sont pas transformés sur place, les communautés ne bénéficient pas de la valeur ajoutée due à la transformation. Elles ne connaissent ni leurs droits d’usage ni le mécanisme de cahier des charges (clause sociale). Selon leur témoignage, quelques individus voire une famille seulement jouissent du peu qui leur est donné par les exploitants. Il faut dire que lors de la négociation, ces personnes ne sont pas tout à fait armées pour négocier réellement avec les exploitants. D’où la nécessité d’avoir des négociateurs affûtés aux cotés des dites communautés après le processus de conversion des anciens titres forestiers en contrat de concession forestière pour que la dimension communauté et valeur des essences exploitées soit prise en compte.

Dans les zones voisines des aires protégées telles que Bikoro Centre (Centre de Recherche de Mabali) et Epulu (Réserve de Faune à Okapis), les réactions des communautés locales et autochtones concordent. La bonne part de ce mode de gestion est qu’elle permet aux espèces animales et végétales de se multiplier. Pour les autochtones, cela constitue un avantage car une fois les animaux multipliés, ils pourraient se déplacer dans les zones tampons et corridors et devenir une bonne proie. Les autochtones sont de plus en plus impliqués dans les aires protégées, à l’exemple de la RFO, grâce à leur connaissance endogène et de la forêt.

Les zones d’accès libre (Iyembe Moke, Inongo, Mambassa) sont la préférence de toute communauté. La méconnaissance de la législation leur permet de tout faire sans tenir compte des effets néfastes d’une exploitation non durable des ressources forestières. Puisque la forêt leur appartient, elles doivent jouir pleinement d’elle alors que dans leurs us et coutumes, certaines espèces étaient ou sont encore protégées, un bloc forestier était ou est peut être réservé aux rites (forêt sacrée). Sans suivi statistique, ni suivi et surveillance, le risque de disparition de certaines espèces est tellement grand qu’une mise en pratique de la loi est devenue urgente.

Les citadins (Mbandaka, Kisangani et Bandundu/ville) ont une autre compréhension de ces modes de gestion car tournés vers le lucre. Pour eux, l’exploitation industrielle serait plus intéressante par rapport aux modes de gestion car elle est source d’emploi, des infrastructures d’intérêt public telles que les écoles, les routes réhabilitées, les centres de santé, sans oublier qu’elle offre des opportunités d’affaires avec les travailleurs et leurs familles. Ils relèvent par la même occasion que ce mode de gestion a son lot de problèmes tels que le stress sur les animaux qui fuient leurs habitats en quête des lieux plus paisibles, la destruction de la vie liée à des essences exploitées, le risque de propagation des maladies telles que le Sida, les maladies hydriques, la pression démographique et la concurrence déloyale.

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Il est à noter que les textes juridiques ne sont pas connus ni vulgarisés totalement. Cela est valable pour les communautés locales et autochtones ainsi que les autres parties prenantes notamment les autorités administratives tant provinciales que celles des entités décentralisées. Les limites des zones exploitées ne sont pas connues par les communautés riveraines et cela n’est pas un fait nouveau car les cartes délimitant ces zones ne sont pas souvent accessibles par les communautés. La manière actuelle d’exploiter les zones d’accès libre est dangereuse car aucun mécanisme de suivi de leur extraction n’existe de façon pratique. Il en ressort que certaines ressources naturelles sont surexploitées et tendent déjà à l’extinction sans pour autant que quelqu’un prenne des mesures palliatives. D’où la nécessité de réglementer l’exploitation des ressources telles que les PFNL et autres.

La finalisation des mesures d’application permettrait l’utilisation du Code Forestier dans sa totalité pour réguler la gestion des ressources forestières. L’un des soucis des communautés dans toutes les provinces pilotes était et reste la non rétrocession de la redevance de superficie aux provinces et entités décentralisées.

En guise de conclusion et en se basant sur l’analyse des droits, responsabilités, relations; les communautés des trois provinces estiment que leurs droits coutumiers ne sont pas respectés par ces modes de gestion car elles ne sont même pas consultées lors du processus d’affectation des blocs forestiers. Quant aux droits d’usage, les documents juridiques ne sont pas vulgarisés et elles demeurent dans l’ignorance!

Les autochtones s’estiment lésés car ils n’ont pas leurs propres blocs forestiers.

Ainsi, les communautés pensent que l’État devrait assumer ses responsabilités pour que toutes les parties prenantes se retrouvent. Elles attendent également beaucoup des exploitants et des institutions étatiques en charge de la gestion des aires protégées et centres de recherche pour une gestion inclusive et durable.

Les revenus des communautés autochtones proviennent à 80% de la forêt tandis que ceux des communautés locales sont diversifiés malgré la part importante des ressources forestières.

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ANNEXE

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ETUDE D’IMPACT SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL (EISE) DU FONDS COMMUN MULTIBAILLEURS (FC) ET DU DON DE L’IDA DANS LE CADRE DU PROGRAMME NATIONAL FORETS ET CONSERVATION DE LA NATURE (PNFOCO)

Analyse environnementale et sociale du Programme National Forêt et Conservation

1er Atelier de travail du 1er au 3 avril 2008

Hôtel Memling Kinshasa

COMPILATION DES RESULTATS

Avril 2008

Évaluation environnementale stratégique (EES) du PNFoCo - AGRECO

INTRODUCTION

Pour mener à bien l’évaluation environnementale et sociale du PNFoCo il a été prévu de réaliser 2 ateliers de travail.

Le premier atelier vise à : - valider un état des lieux qui servira de base, réflexion, d’analyse et également de référence pour l’état zéro de certains éléments. - faire une première identification des impacts et risques possibles et - définir des alternatives ou des mesures d’atténuation qui pourront être retenues dans le cadre du programme

Le second atelier vise à : - valider le programme d’action des 5 premières années du PNFoCo tel que défini lors du premier atelier et les analyses subséquentes effectuées par le consultant et - revoir les principaux cadres de gestion environnementale et sociale qui seront à appliquer par le programme.

Le présent document fournit la compilation des résultats de l’analyse environnementale et sociale qui a été menée pendant les 3 jours d’atelier qui ont eu lieux à l’Hôtel Memling du 1er au 3 avril 2008.

Le consultant utilisera ces résultats et les structurera de façon à les intégrer dans le processus d’évaluation environnementale en cours.

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METHODOLOGIE

L’atelier de trois jours a été divisé en trois phases distinctes :

1ère phase : Présentation par le consultant du document de travail faisant une synthèse de l’état des lieux du secteur forêt - conservation en RDC. Débat autour des enjeux environnementaux et sociaux majeurs du programme PNFoCo

Chaque participant à l’atelier a reçu : - l’état des lieux (version document de travail), - le descriptif du Programme PNFoCo (version provisoire améliorée), - le document de projet du Fond Commun (version novembre 2006)

2ème phase : Analyse environnementale du PNFoCo sur la base des résultats attendus du programme (version provisoire améliorée) et d’une compilation des actions prévues par le fonds commun (version11/06 et le don IDA version 02/08).

Chaque participant a reçu : un document d’analyse qui structure la méthode d’analyse pour chacune des composantes en faisant une structuration des informations pertinentes des 3 documents de base mentionnés auparavant. Les travaux ont été réalisés par 6 groupes de travail, 1 par composante du PNFoCo, chaque groupe comprenant de 7 à 10 participants. L’objet des travaux de chaque groupe étant de définir les problématiques environnementales et sociales qui pouvaient subvenir lors de la mise en œuvre du PNFoCo, de conceptualiser des alternatives et/ou d’identifier des mesures d’atténuation.

3ème phase : Analyse environnementale du PNFoCo sur base des résultats de la 2ème phase des participants. Cette fois au nombre de 4 participants par composante, les participants qui ont participé à la troisième phase ont été sélectionnés par le groupe de travail de la journée précédente.

- Chaque groupe devait sur la base des résultats de la journée précédente : 1. Définir les principaux enjeux environnementaux et sociaux de la composante 2. Identifier les principaux impacts négatifs et positifs 3. Définir le mode de suivi-contrôle qui leur semble le plus approprié 4. Fournir toute autre recommandation

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PNFoCo

Analyse environnementale et sociale

Composante 1 : Renforcement institutionnel

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COMPOSANTE 1 : « RENFORCEMENT INSTITUTIONNEL »

Au terme de la première phase (5 ans), on s’attend aux résultats suivants:

2. Organigramme simplifié : validé, et totalité des postes pourvus ; 3. Nouveaux recrutements et départs à la retraite accomplis ; 4. Recyclage de 50% des agents du MECN-T, de l’ICCN et de l’I²JZBC ; 5. Importantes institutions publiques d’enseignement forestier et de recherche forestière opérationnelles ; 6. Réhabilitation des coordinations provinciales du Bandundu, de l’Equateur et de la Province Orientale ; 7. Fonctionnement effectif des conseils consultatifs nationaux et provinciaux des forêts ; 8. Programmes de formation dans les universités et les écoles techniques : adaptés et en cours de réalisation ; 9. Système de gestion financière et de gestion des ressources humaines opérationnelles ; 10. Système de programmation annuelle, suivi-évaluation opérationnel ; 11. Établissement des lignes de communication par Internet entre les différents services et les administrations provinciales; harmonisation des procédures entre les différentes régions d’influence ; 12. Administration centrale dotée d’un bâtiment adéquat ; 13. Réhabilitation des locaux et équipement élémentaire dans au moins 30% des services extérieurs.

Activité IDA Activité FC Sous-composante 6A – Fonctions C4Volet 1 – Niveau central : gestion administratives du MECN-T (RH, DAF, administrative Coordination, M&E) Activité 1 : Appui Direction Services Généraux pour gestion administrative (RH, FMS) Activité 2 : Formation continue MECN-T Activité 3 : Construction ou location d’un bâtiment

Sous-composante 6B – Réhabilitation services C4Volet 2 – Réhabilitation des services extérieurs (formation, équipement) extérieurs dans une région pilote Activité 1 : Equipement, rénovation, formation MECN-T dans trois provinces pilotes

Sous-composante 6D – Fonctions de coordination du PNFC/MECN-T Activité 1 : Coordination du PNFC, programmation et suivi-évaluation, communication

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Code Analyse environnementale de la composante 1 Problématique/Impact identifié : GESTION PLANIFIEE DES RESSOURCES HUMAINES Il faut planifier la restructuration du ministère et préparer un plan social qui intègre le problème des agents non mécanisés. Les départs à la retraite impliquent des dépenses importantes notamment des dépenses reliées au paiement des impayés et des indemnités. Si ces frais ne peuvent pas être payés cela peut avoir des répercussions sociales importantes sur les personnes qui feront l’objet de ce processus de mise à la retraite Mesure d’atténuation : ? La préparation d’un plan social Alternative proposée : 1.1 - Identifier le canevas structurel du MECN-T en tenant compte de sa 1.2 et vocation nationale et internationale sur la question environnementale 1.3 dans le contexte de la décentralisation; - La redéfinition des missions, des structures, des emplois et des effectifs; - Etablir le profil des postes - Établir le bilan des compétences - Établir les adéquations des emplois par rapport aux effectifs - Établir les adéquations des effectifs par rapport aux profils - Élaborer des fichiers ministériels - Informatiser, sécuriser et verrouiller la gestion des ressources humaines - Départ à la retraite en fonction de la disponibilité de la relève et des moyens financiers conséquents Problématique / Impact identifié : INFRASTRUCTURES IMMOBILIERES Étant donnée le coût du loyer à Kinshasa, la construction devrait être envisagée pour éviter une perte importante des capitaux pour le programme. Si la construction est retenue il existe des risques d’impact social et environnemental lié à cette construction. Mesure d’atténuation : il faudra inscrire au Dossier d’appel d’offre développé pour la construction du bâtiment des mesures environnementales type pour la sécurisation du 1.11 et chantier, le respect du code du travail, la protection des travailleurs, la 1.12 limitation des bruits, etc. et faire réaliser un suivi environnemental à différentes périodes du cycle du projet. Assurer un suivi environnemental OK Alternative proposée : Construction de nouveaux bâtiments pour l’administration centrale et pour les services dans les entités décentralisées Au mieux, ICCN, ONT l’IJZBC devraient partager la même infrastructure abritant l’administration du MECN-T Élaboration d’un fichier de gestion du patrimoine immobilier du MECN-T

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Code Analyse environnementale de la composante 1 Problématique / Impact identifié : FORMATION Les résultats attendus dans le cadre de la formation se concentrent sur les aspects forestiers et font fi des autres besoins notamment en étude d’impact environnemental, en médiation environnementale et en technique sociale Alternative proposée 1.4 et Créer des institutions de formation en foresterie et environnement à tous 1.7 les niveaux (Pr, Sec, Sup) révision du programme en incluant la dimension gestion de l’environnement Revoir le programme de formation continu (recyclage, mise à niveau, renforcement des capacités du personnel Encourager la recherche dans le secteur forestier et environnement

Problématique / Impact identifié : GESTION PLANIFIEE DES RESSOURCES MATERIELLES ET FINANCIERES La réhabilitation suppose la remise en bon état ou la dotation d’équipements nouveaux. Il est donc nécessaire d’envisager les moyens de 1. 5 et faire face aux frais d’entretien ou de maintenance. 1. 12 Alternative proposée Organiser le mécanisme de suivi et de maintenance régulier des équipements Prévoir des mécanismes de maintenance du capital investi Problématique / Impact identifié : Coordination du PNFoCo La présence d’un responsable environnement au sein de la coordination du PNFoCo ne semble pas prévue Alternative Proposée 1.5 Il faut nécessairement qu’il y ait au sein de la coordination du PNFoCo la présence d’un responsable environnement avec beaucoup d’expérience Associer également un expert en environnement à chaque niveau de décentralisation Problèmes identifiés : fonctionnement des Conseils consultatifs Les Conseils Consultatifs auront un rôle crucial à jouer dans la gouvernance forestière. Ils constituent un cadre pour la mise en œuvre d’une participation dans la gouvernance forestière. Si des appuis à leur fonctionnement ne sont pas assurés, au-delà des autres appuis à leur mise en place, ils seront paralysés, à l’instar du Cadastre forestier qui n’est pas parvenu à être opérationnel. Mesure d’atténuation 1.6 Évaluer le coût d’opérationnalisation de ces Conseils Consultatifs et les intégrer dans les coûts du projet. Alternative proposée Mobiliser les ressources humaines multidisciplinaires de la coordination Intégrer la recherche scientifique à l’environnement Outre les appuis des partenaires extérieurs et des principaux bailleurs de fonds, le Ministère peut insérer le coût du fonctionnement de ces conseils dans son budget de fonctionnement

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Travaux du 3ème jour

COMPOSANTE 1 : Renforcement institutionnel

*Tâche 1 A l’issue des travaux de restructuration du ministère, le MECN-T doit s’assurer : - de la mise en œuvre des différentes conventions régionales, sous-régionales et internationales relatives à l’environnement signées par la RDC. - le MECN-T devra mettre en place des outils nécessaires pour une meilleure gestion planifiée et stratégique de ses ressources matérielles, financières et humaines notamment la mise à disposition permanente des éléments de relève.

*Tâche 2

Activité/action Milieu touché Impacts Intensité 1. Formation Milieu humain Positif Fort - Agents et fonctionnaires de l’État - Étudiants et autres demandeurs d’emplois

2. Embauches Milieu humain Positif Fort (nouvelles unités) - Étudiants - Agents et fonctionnaires de l’État

3. Mise à la retraite Milieu humain - Positif (si bien - Forte (si bien - Agents et fonctionnaires rémunérer) rémunérer) de l’État - Négatif (si mal - Faible (si mal exécuté) exécuté)

*Tâches 3

Le processus de suivi optimal de contrôle, suivi et prise en compte des impacts lors de la mise en œuvre du programme peut se faire à deux niveaux à savoir : - audit et contrôle interne de gestion - contrôle externe à deux niveaux.

*Tâches 4

1. le PNFoCo devra développer une politique sociale visant à améliorer les conditions de vie des populations riveraines et autochtones.

2. Élaborer deux arrêtés ministériels : 1) L’un portant sur la création, l’organisation et le fonctionnement du PNFoCo 2) L’autre, sur la nomination des membres du PNFoCo composé des partenaires nationaux et experts internationaux.

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PNFoCO

Analyse environnementale et sociale

Composante 2 : Appuis transversaux : Zonage participatif et vulgarisation du code forestier

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COMPOSANTE 2 : « APPUIS TRANSVERSAUX » : ZONAGE PARTICIPATIF ET VULGARISATION DU CODE FORESTIER

Au terme de la première phase (5 ans), on s’attend aux résultats suivants :

1. Plans de zonage pour des régions pilotes (10 millions d’hectares) : négociés localement et cartographiés. Ces cartes indiquent les forêts du domaine rural, du domaine de production permanente, les forêts classées pour la conservation et tiennent compte des dynamiques démographiques et foncières locales ; 2. Classement définitif des concessions qui préexistaient au nouveau code forestier de 2002 et qui ont été confirmées lors de la conversion ; 3. Diffusion du code forestier et de ses mesures d’exécution sur l’ensemble du territoire national ; 4. Implication effective des communautés locales dans le processus de zonage participatif.

Activité IDA Activité FC Sous-composante 1B – Vulgarisation du code, C3 Volet 2 – Vulgarisation du code et appui à préparation des décrets d’application la préparation des textes d’application Activité 1 : Vulgarisation du code Activité 2 : Etudes et consultations pour textes d’application C1Volet 2 – Appui aux plans d’aménagement

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Code Analyse environnementale de la composante 2 Problématiques / Impacts identifiés : classement définitif des Concessions : après la non reconversion Une étude récente de Conservation International réalisée sur la RN4 démontre que les impacts les plus importants de l’ouverture d’une route en forêt dense ne sont pas reliés aux travaux de construction mais aux impacts indirects qui subviennent avec l’exploitation de la route notamment du fait de sa seule présence. Il est fort probable que l’impact soit similaire avec les concessions forestières. Une concession qui a effectué de l’exploitation et qui a mis en place 2.2 un réseau de pistes aura des impacts importants sur la biodiversité même après l’arrêt de l’exploitation peut-être même autant que si l’exploitation était effective. La conversion des titres forestiers n’est pas en soi un gage de réduction des impacts environnementaux et sociaux. Dans le cas d‘une concession reconvertie et qui avait fait l’objet d’exploitation par le passé et où des aménagements importants furent réalisées la problématique reste entière. La gestion de ces sites reviendra à l’état. A-t-il les moyens de contrôler tout ces sites ?

Mesure d’atténuation : Pour les concessions qui ne seront pas reconverties, une remise en état s’impose pour éviter que la dégradation des ressources naturelles ne se perpétue. Un contrôle systématique sur plusieurs années devrait être exécuté pour enrayer l’exploitation illégale. Renforcement des capacités des agents de l’administration (pour le contrôle) Education, sensibilisation des populations locales pour faire un monitoring

Alternative proposée : Obliger les anciens propriétaires à remettre en état les lieux lorsque la décision de conversion est prise (s’assurer de la prise en compte de cette problématique dans le projet d’arrêté) - Faire un état des lieux avant la remise en état.

Problématique : 1. Un vide juridique quant aux dispositions pratiques à prendre pour les détenteurs des titres déchus

2. Mesures d’atténuation - Interroger les textes existants et élaborer les nouveaux textes pour définir les modalités d’expropriation définitive - Relancer la mise en place et le fonctionnement de la commission interministérielle sur la conversion des titres forestiers

Problématique identifiée : Reconversion et zonage Les titres anciens ont été attribués sans plan de zonage et les demandes de reconversion s’appuient sur les superficies anciennes, sans présenter leur intégration dans des plans de zonage préalables. Le risque est que les besoins 2.2. fonciers des populations locales soient insuffisamment pris en compte par les classements en cours et que de ce fait les plans d’aménagement ne soient pas respectés, ou que les populations soient appelées à se déplacer et que des conflits s’en suivent.

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Code Analyse environnementale de la composante 2 Alternative proposée : Mesure d’atténuation : s’assurer de l’application du décret sur la conversion des anciens titres aux nouveaux concessionnaires qui exige la réalisation de plans d’aménagement participatif et consensuel qui tiennent compte des besoins actuels et futurs des populations et en assurer un suivi documenté - Identifier, constater et respecter les limites telles que présentées par les populations locales / autochtones. - mettre en place une loi pour contraindre les exploitants à ne pas couper dans les terroirs villageois avant l’élaboration du plan d’aménagement. - Proposer des mesures compensatoires aux exploitants pour cette restriction Problématique identifiée : Représentativité communautaire et zonage l’implication effective des communautés dans les zonages suppose leur participation aux processus d’arbitrage. Ceci exige que leurs représentants soient représentatifs et qu’ils défendent les besoins des populations. Le risque est que des processus de désignation non représentatifs ou partiellement représentatifs prévalent et que les besoins de certaines composantes des populations ne soient pas pris en compte. 2.2 Mesure d’atténuation : 1/ intégrer les autorités provinciales 2/intégrer les élus locaux dans les processus participatifs, 3/ tenir compte de toutes les composantes des populations distinctement dans les études préalables, 4/ faire valider les zonages par les assemblées villageoises les plus concernées par l’exploitation forestière ; 5/ mettre en place des structures villageoises et de grand espace pour la GRN Problématique identifiée : Zonage et estimation des besoins des populations l’estimation des besoins des populations et des dynamiques démographiques suppose la disposition de statistiques fiables et l’utilisation de normes minimales pour estimer « les besoins ». 2.2 Atténuation : Faire une étude d’impact environnementale pour toute concession forestière qui prenne en compte les aspects de la GRN dans les terroirs. Faire une étude sur les droits fonciers traditionnels des communautés locales / autochtones pour mieux comprendre les aspects de la gestion des ressources naturelles Problématique identifiée : Durée des processus de zonage 2.2 que le processus de zonage prenne trop de temps et qu’entre temps l’exploitation forestière incontrôlée prolifère Atténuation : procéder rapidement à un zonage indicatif de référence de grands espaces, au niveau de chaque district administratif, sur la base des préparations effectuées dans les territoires. Réunions participatives à ces deux niveaux. Participants : les chefs coutumiers, les responsables de l’environnement. Travail cartographique préalable par PNFOCO (densités humaines, routes, forêts, zones urbaines et agglomérations). Ce zonage indicatif s’appuie sur les normes précédemment définies. Les zonages participatifs de proximité sont effectués ultérieurement, dans les procédures préalables aux adjudications.

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Code Analyse environnementale de la composante 2 Alternatives : Capitaliser les expériences des partenaires sur le terrain (CARPE, FAO, CENADEP, WWF, CRON) Problématique identifiée : Faible collaboration interministérielle dans le processus de zonage Mesure d’atténuation : Faire valider les plans de zonage par une commission interministérielle - créer un cadre de concertation permanent des différents acteurs (nationaux et internationaux) pour l’échange des données et informations sur la planification. Alternative :

Nécessité d’une planification territoriale nationale à grande échelle Problématique identifiée : Uniformisation et contrôle de la vulgarisation du Code forestier Pour l’instant un certain nombre d’ONGs, de Projets, de directions du ministère vulgarise le code forestier en partie ou entièrement sans pour autant que 2.3 l’approche ou le contenu de leur vulgarisation soit homogène et validé par les instances du Ministère de l’environnement en charge de l’application du code. Bien que compréhensible, les initiatives de vulgarisation entreprises sont irresponsables et peuvent créer d’importantes confusions qu’il sera difficile de reprendre par la suite. Mesure d’atténuation Il faut arrêter immédiatement tout programme de vulgarisation du code forestier. Préparer rapidement un comité ad’ hoc qui définisse le contenu de la vulgarisation et préparer les différents supports de vulgarisation. Faire valider tout ceci par les instances compétentes du ministère. Assurer une formation de vulgarisateur qui sera accréditée s’ils réussissent un examen à cet effet. contrôler sur le terrain le résultat de la vulgarisation et prendre les décisions qui s’imposent si les résultats sont négatifs. Problématique : Insuffisance et non publication des textes d’application du code

forestier Mesure d’atténuation : accélérer l’élaboration et la publication de toutes les

mesures d’application du code forestier. Problématique identifiée : localisation des peuples autochtones 2.1, Pour être en mesure d’appliquer la politique internationale en matière de 2.2 et populations autochtones il faudra effectuer les plans de zonage qui prennent en 2.4 compte les terroirs autochtones qui jusqu’à aujourd’hui restent inconnus Mesure d’atténuation : Préparer une cartographie des terroirs autochtones en utilisant le GPS et en intégrant les communautés Autochtones à l’échelle nationale dans cette recherche. Assurer simultanément un recensement de ces populations 2.2. Problématique Clarifier les concepts du code forestier qui portent confusion. Mesure d’atténuation : Aucune Alternative proposée Alternative : associer les experts lors des séances de vulgarisation du code forestier. - Mesure d’atténuation : Accélérer l’élaboration et la publication de toutes les mesures d’applications du code forestier.

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Travaux du 3ième jour

*Tâche 1

- La vulgarisation du code forestier est d’une importance capitale pour une meilleure gestion des ressources forestières et une implication de tous les acteurs dans une même vision et un même niveau d’information. C’est alors que l’accélération de l’élaboration et la publication de toutes les mesures d’application du code forestier seraient nécessaires.

- Le zonage participatif reste une recommandation du code forestier qui sert à classifier les types de forêts en vue d’un aménagement durable des ressources.

- Ce zonage est utile pour : les populations locales/autochtones o L’État o Les exploitants de l’environnement mondial.

- Les acteurs en présence sont : o Le gouvernement à travers les différents ministères impliqués (environnement, mine, agriculture, énergie, intérieur, foncier, plan, infrastructure,….) o Les partenaires Nationaux (ONG) et Internationaux; o Les populations locales/autochtones

- Le zonage sera effectué partout dans le pays (zones forestières). Mais, dans un premier temps les expériences seront menées dans 3 provinces pilotes (Bandundu, Équateur, Province Orientale).

- Méthodologie de zonage : - Capitaliser les expériences par les différentes actions menées sur terrain - Harmoniser les différentes approches, - Élaborer un canevas de travail.

- Moyens disponibles : - Fonds IDA & forêt - Multi bailleurs. Moyens à rechercher pour d’autres provinces.

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*Tâche 2

Définition des impacts, ajout d’une colonne sur la nature d`impact, acteurs touchés.

Activités Milieu/Acteurs touché Impacts Nature d’impact Intensité

Organisation d’un - Gouvernement (ministères impliqués, - Harmonisation des approches méthodologiques + Forte atelier National Adm. Centrale & provinciale) - Renforcement des capacités de tous les acteurs impliqués. Mai 2008 - Communauté locale/autochtone - - Bailleurs de fonds Forte - ONG National & International - Récupération par l’État des blocs forestiers. (concessions + - Institution et centre des recherches forestières non validées) Forte - Perte des titres par les exploitants forestiers - Populations locales et autochtones - Frustration - - Exploitants concessionnaires Non - Chômage Validés. Faible - Entités provinciales, territoriales - concernées. - Élargissement du champ d’action des populations locales et autochtones - Intensification de l’exploitation illégale (artisanale) - Forte - Poursuite en justice par les concessionnaires lésés -

1. Conversion des Administration - confirmation des titres convertis titres forestiers + - - Respect de la réglementation sur les normes d’exploitation - Perception des taxes des supports Forte - Négociation des nouveaux cahiers de charge (cf. code - forestier rétrocession de 40%) - Diminution des conflits Forte - Maintient et création d’emplois - - Prolifération des maladies - Apport des nouvelles cultures + (concessionnaire) - Croissance démographique. Forte

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Activités Milieu/Acteurs touché Impacts Nature d’impact Intensité

+ État - Détermination de l’utilisation des terres Concessionnaires validés - Diminution des conflits entre les populations et les exploitants miniers et forestiers + État Forte - Création d’un cadre permanent de concertation interministériel. + population Forte - Identification préalable des besoins socio-économiques des populations + tous les acteurs - Redimensionnement des concessions forestières - Participation ou ? des communautés locales/autochtones Forte - Appropriation par les communautés locales/autochtones du + all processus de zonage - Capitalisation des expériences Forte 3. Zonage + all Entités décentralisées (territoire, district, provinces concernés) Forte + Adm

+ all - Exploitant Forte +population

4. Vulgarisation + Adm du code forestier - Ensemble du territoire National et +Concessionnaire acteurs impliqués. +population Forte

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? Méthodologie de zonage : - capitaliser les expériences par les différentes actions menées sur terrain - harmoniser les différentes approches - élaborer un canevas de travail. * Moyens disponible : Fonds IDA et Fonds Multi bailleurs; moyens à rechercher pour d’autres provinces.

? Les acteurs en présence sont : - le gouvernement à travers (les différents ministères impliqués : Environnement, Mine, Agriculture, Énergie, Intérieur, Foncier, Plan, Infrastructure, …) - les partenaires nationaux (ONG) et internationaux - les populations locales et autochtones.

? Le zonage sera effectué partout dans le pays (zones forestières). Mais, dans un premier temps les expériences seront menées dans trois provinces pilotes (Bandundu, Équateur, Province Orientale).

Composante 1 zonage

*Tache 1

- Le zonage participatif reste une recommandation du code forestier qui sert à classifier les types de forêts en vue d’un aménagement durable des ressources. - Ce zonage est utile pour les populations locales/autochtones, l’État, les exploitants forestiers et l’environnement mondial.

Composante 2 zonage

*Tache 1

- La Vulgarisation du code forestier est d’une importance capitale pour une meilleure gestion des ressources forestières et une implication de tous les acteurs dans une même vision et un même niveau d’information. C’est alors que l’accélération de l’élaboration et la publication de toutes les mesures d’application du code forestier serait nécessaire.

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PNFoCO

Analyse environnementale et sociale

Composante 3 : Conservation de la nature

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COMPOSANTE 3 : « CONSERVATION DE LA NATURE »

Au terme de la première phase (5 ans), on s’attend aux résultats suivants :

1. Inventorier, évaluer la qualité du réseau des AP, réviser les textes légaux des AP existantes et réaliser la délimitation participative après sensibilisation des populations locales pour actualiser le réseau existant ; 2. Création de nouvelles aires protégées de près de 15.000.000 Ha (150 000 Km2) de forêts en vue de leur classement ; 3. Plan d’aménagement mis en œuvre pour 16 sites prioritaires ; 4. Réhabilitation des locaux, construction de nouvelles infrastructures et équipements dans au moins 60% des AP. ; 5. Administration centrale dotée d’un bâtiment et d’un équipement adéquat (l’idéal est la construction d’un nouveau bâtiment) ; 6. Système national de bio monitoring rendu opérationnel ; 7. Mécanisme national de concertation et de suivi-évaluation ICCN- partenaires rendu opérationnel ; 8. Retraites volontaires accomplies, conditions salariales améliorées et nouvelles unités recrutées ; 9. Au moins 50% des agents de l’ICCN formés et recyclés ; 10. Bonne gestion de la chasse et meilleure connaissance de la faune assurées dans les aires protégées ; 11. Nouvelle loi sur la Conservation de la Nature promulguée et vulgarisée ainsi que les autres textes juridiques en matière de conservation. 12. Sécurité et intégrité des aires protégées assurées.

Activité IDA Activité FC Sous-composante 4A – Appui ICCN central Activité 1 : Loi sur la conservation de la nature, fonctions de coordination ICCN

Sous-composante 4B – Réhabilitation de parcs prioritaires et développement communautaire Activité 1 : Appui Garamba, PNVI/Mikeno, Okapi / développement communautaire

Sous-composante 4C – Identification nouvelles aires protégées Activité 1 : Consultations, études et cartographie

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Code ANALYSE ENVIRONNEMENTALE DE LA COMPOSANTE 3 : Problématique identifiée : Conflit d’usage du territoire Conflits existants et potentiels (importants) entre les besoins de conservation et le développement de l’exploration/exploitation mine et pétrole besoin de protéger rapidement les zones prioritaires de conservation pour permettre une formalisation de ces zones en fonction des exigences du code forestier 3.2 Mesure d’atténuation (du risque) : Préparation d’une réserve foncière à but de (création conservation d’au moins 20% du territoire. de Sélectionner rapidement les zones prioritaires de conservation sur base des nouvelles aires) résultats de l’atelier d’identification des zones prioritaire de conservation qui devront faire l’objet d’une réserve foncière et assurer la promulgation d’une ordonnance présidentielle ou tout autre mécanisme légal pour une protection de ces zones pendant 10 ans permettant de faire les études et consultations préalables à la création des AP définitives, les surfaces non retenues sont libérées par la suite.

Problématique identifiée : pertinence des approches de conservation et développement intégré Attention aux effets pervers des plans de conservation et de développement intégrés (PCDI) des AP créant des pôles de développement en bordure des AP qui augmentent les risques de pression sur les zones à protéger en cas de problème ou lors de la fin des financements. Mesure d’atténuation : ? s’assurer que les zones tampons sont suffisamment vastes et ciblent des aires de développement bien éloignées des aires protégées. ? Assurer l’intégration des communautés locales dans la gestion des ressources naturelles des AP (telles qu’explicité dans la stratégie nationale de conservation communautaire). 3.1 ? Comités paritaires impliquant tous les villages et composantes plus que Et jamais nécessaires 3.2 Intégrer les exploitants miniers et les artisans forestiers, les charbonniers, les chasseurs professionnels dans ces comités. Définir, avec les populations, les modes d’utilisation des ressources naturelles dans et autour des réserves. Entrer dans le détail des modes de gestion : par profession, par espèces à protéger dans et autour des aires protégées. Elaboration de Plans de Gestion Environnementale et de Cadres Fonctionnels validés par les parties prenantes.

Mesure d’atténuation : Effectuer une étude d’impact environnemental et social avant toute création d’aire protégée ou pour tout appui à la mise en œuvre des restrictions d’accès.

Problématique / Impacts identifiés : qualité du processus d’extension des AP L’extension du réseau des Aires Protégées est justifiée par la superficie actuelle qu’elles occupent par rapport à l’étendue du pays. 3.2 Mais cette création demande d’abord de garantir la viabilité des nouvelles Aires Protégées et leur bon fonctionnement. Faire des études environnementales pour déterminer la valeur écologique à

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Code ANALYSE ENVIRONNEMENTALE DE LA COMPOSANTE 3 : conserver et fournir les plans de gestion environnementale. Tenir compte des conflits et impliquer la population locale dans la gestion des ressources naturelles.

Mesure d’atténuation : ? Suivi de la mise en œuvre des plans de gestion environnementale et faire respecter la réglementation en la matière. Problématique identifiée : Etude d’impact PNFoCo et loi sur la conservation Le texte de la future loi sur la conservation de la nature aurait dû faire partie de la présente évaluation environnementale stratégique

3.11 Mesure d’atténuation ` La loi avant sa promulgation devrait intégrer les principes pertinents définis dans la présente étude et faire l’objet, au minimum, d’une analyse en groupe de travail sectoriel (on propose que le prochain atelier de validation tienne compte de cette recommandation). Problématique identifiée : Mauvaise connaissance des aires protégées existantes 3.1 L’analyse sommaire effectuée dans le cadre de cette étude démontre l’importance 3.2 d’une mise à jour de l’information sur l’état de la biodiversité dans l’ensemble des 3.3 aires protégées existantes 3.6 Alternatives : Évaluer la biodiversité de chacune des aires protégées existantes et 3.10 redéfinir la catégorie de classement de ces dernières en fonction des résultats des études. Problématique identifiée : conflits d’intérêts avec les populations locales (agriculture, chasse, etc.…). Alternatives La fixation des limites des aires protégées suppose la prise en compte à long terme des intérêts des populations. Ce qui suppose l’établissement de plans 3.1 de développement globaux à long terme, qui définissent des rôles et des 3.2 responsabilités à chaque acteur. Risque, dans ces plans, que la volonté de certains organismes de conservation prévale : sanctuarisation. Assurer la participation des populations locales dans la gestion des AP. Reconnaître les droits des populations locales Responsabiliser les populations dans la gestion des aires protégées. Problématique identifiée : difficile localisation des peuples autochtones Pour être en mesure d’appliquer la politique internationale en matière de populations autochtones il faudra effectuer des zonages et des plans d’aménagements qui prennent en compte les terroirs autochtones qui jusqu’à aujourd’hui ne sont pas connus 3.3. Mesure d’atténuation : Préparer une cartographie des terroirs autochtones en utilisant les outils géomantiques et en intégrant les communautés Autochtones à l’échelle nationale pour l’acquisition des données et en assurer du même coup un recensement de la population. Problème identifié : loi sur la chasse d’importance capitale pour la biodiversité mais pas vulgariser 3.11 Le cadre juridique de la conservation de la nature ne prend pas en compte la loi sur la conservation de la nature ou son projet de réforme en cours d’élaboration. Il

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Code ANALYSE ENVIRONNEMENTALE DE LA COMPOSANTE 3 : existe une loi sur la chasse qui s’applique surtout en dehors des aires protégées, et qui du reste n’est pas connue et dont on ne parle pas. Mesures d’atténuation Intégrer la vulgarisation des textes sur la conservation de la nature et la faune. Procéder de la même manière que pour la vulgarisation du code forestier ; le PNFoCo étant un programme qui touche à la fois aux forêts et à la conservation. Renforcer les capacités d’application de la loi sur la chasse et la pêche. 3.10 Problématique Les us et les coutumes de la consommation de la viande de brousse (préférence de la population pour le gibier). Mesures d’atténuation : Appuyer le développement de l’agriculture durable (agroforesterie et élevage durable) Régir l’entrée des denrées alimentaires faisant concurrence déloyale à la production locale Suppression des tracasseries et taxes sur les produits agricoles nationaux. 3.3 Problématique : La sécurité des biens et des personnes doit être assurée afin de 3.4 pouvoir atteindre des résultats du PNFoCo 3.6 3.10 Mesure d’atténuation : Déploiement de la Monuc autour des AP Organisation de mission de surveillances (Monuc, FARDC et ICCN) Pression de la communauté internationale pour le rapatriement des interahamwe et le retrait des SPOLA au niveau de la Garamba 3.10 Problématique : Faible capacité du contrôle de la chasse par les services environnementaux Mesures d’atténuations Renforcement de la capacité du contrôle de la chasse ICCN DRFC et autres services Révision, vulgarisation et application des arrêtés des périodes d’ouverture et de fermeture de chasse

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Travaux du 3ième jour

* Tache 1 : Les principales enjeux environnementaux

1. Renforcement institutionnel

- besoins réels d’évaluer les capacités actuelles des institutions chargées de la conservation (Min. Env., ICCN, IJZBC) afin de les renforcer en conséquence; - mise en œuvre de la revue institutionnelle - amélioration du système de paiement et de gestion du personnel.

2. Disposition et engagement de l’État dans les reformes (dispositions) adaptées La mise en place des systèmes transparents de gestion (bonne gouvernance).

3. Spéculation des sociétés d’exploitation et urgence de réserver les portions du territoire national pour la conservation.

4. Nécessité du respect de droit coutumier des populations locales et autochtones pour assurer la légitimité locale, nationale et internationale des AP actuelles et futures.

5. Dégradation rapide de la biodiversité par les effets conjugués de l’exploitation commerciale et à la consommation domestique des ressources naturelles (urgence de renforcer les textes légaux permettant une bonne conservation des ressources naturelles dans les concessions).

6. État incertain de la situation actuelle du réseau des AP existant. Faire une évaluation de la qualité des AP

7. Insécurité dans certaines AP et urgence de protection des espèces rares

8. Complicité de certains agents (services) de l’État dans le commerce illicite et pillage des ressources naturelles : - augmentation de la sévérité des peines - rigueur dans l’application des textes légaux en la matière - mettre fin à l’impunité

9. Conséquence néfastes de feu de brousse sur : - dégradation des écosystèmes et de leur biodiversité - le changement climatique.

* Tache 2

1.1 Inventaire des AP existants 1.2 Évaluation des AP 1.3 Révision des textes 1.4 Sensibilisation de la population locale 1.5 Délimitation participative 1.6 Création des nouvelles AP 1.7 Élaboration du plan d’aménagement 1.8 Le monitoring.

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Résultats

P = Physique B = Biologique + = Positif - = Négatif H = Humain TF = Très Fort F = Fort M = Moyen f = faible

Activités Milieu Impact Intensité Résultat 1 A.1.1 Inventorier les textes Nul Nul A.1.2 Évaluation des AP H + F A.1.3 Révision des textes légaux Nul Nul A.1.4 Décision de classement ou déclassement Nul Nul A.1.4 Sensibilisation H + M A.1.5 Délimitation participative H + M

Résultat 2 A.2.1 Identification des zones prioritaires Nul Nul A.2.2 Mise en réserve des zones prioritaires P, H, B + (conservation des F ressources) A.2.3 Formation des Équipes H + (emploi) f A.2.4 Réalisation des inventaires B, H + (emploi) M A.2.5 Compilation et analyse H + (emploi) f A.2.6 Décision de classement B + (conservation) M A.2.7 Délimitation participative H + (emploi) M

Résultat 3 A.3.1 Identification des sites prioritaires Nul Nul A.3.2 Définition de la méthodologie et du canevas du plan d’aménagement H Nul Nul A.3.3 Élaboration participative du plan H + (emploi) f d’aménagement f A.3.4 H + (emploi)

Résultat 4 A.4.1 État des Infrastructures et équipement P - - A.4.2 définition des priorités - - - A.4.3 Décision de réhabilitation, construction et - - - équipement par rapport au budget A.4.4 Mise en œuvre, suivi et évaluation P, H, B + (emploi F - destruction des écosystèmes et modification du paysage Résultat 5 _ _ A.5.0 Recherche et obtention des fonds - _ _ A.5.1 Acquisition du terrain - + emploi f A.5.2 Élaboration des plans et études H, P + emploi A.5.3 Mise en œuvre, suivi et évaluation H, P, B _ destruction et modification du f paysage

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Activités Milieu Impact Intensité Résultat 6 A.6.1.Évaluation du système actuel - _ - A.6.2 Amélioration du système H + (emploi) f A.6.3 Mise en œuvre, suivi et évaluation H + (emploi) f

Résultat 7 A.7.1 Évaluation du système actuel - _ - A.7.2 Amélioration du système H + (emploi) f A.7.3 Mise en œuvre, suivi et évaluation H + (emploi) f Résultat 8 A.8.1 État de lieu des ressources humaines H + (emploi) f A.8.2 Identification des agents exigibles H + (emploi) f A.8.3 Définition des conditions de mise en retraite H + (emploi) f proposée A.8.4 Sensibilisation et information du personnel H + M A.8.5 Mise en retraite de volontaire H + F A.8.6 Amélioration des conditions salariales H + (emploi) F A.8.7 Identification des besoins en nouvelles unités H + f A.8.8 Recrutement des N.U H + M Résultat 9 A.9.1 État de lieu des capacités actuelles par rapport H + f aux besoins. A.9.2 Préparation des plans, modules de formation H + f et recyclage A.9.3 Mise en œuvre, suivie et évaluation H + f

Résultat 10 A.10.1 Élaboration de la stratégie de contrôle et H + f gestion de la faune A.10.2 Renforcer les capacités et mise en place des H + M équipes A.10.3 Mise en œuvre de la stratégie, suivi et H, P, B + (emploi) f évaluation _ (population) M + (conservation) + Résultat 11 A.11.1 Réviser la loi actuellement proposée pour H + f intégrer les principaux points relevés par l’EI du PNFoCo A.11.2 Consultation publique de la loi proposée H + M A.11.3 Prise en compte et amendement de la loi H + M A.11.4 Adoption au niveau du parlement H + M A.11.5 Préparation du programme de sensibilisation et vulgarisation des textes légaux en matière H + f environnementale A.11.6 Mise en œuvre, suivi et évaluation du H + M programme

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Activités Milieu Impact Intensité Résultat 12 A.12.1 État de lieu P, H + M A.12.2 Élaboration du plan de sécurisation et sa H + f mise en œuvre A.12.3 Suivie et évaluation H, P, B + (emploi) f + (écotourisme) F + (conservation) F

Les différents impacts

Positifs

1. La création d’emploi 2. La conservation des ressources naturelles 3. Le développement de l’écotourisme 4. La diminution des rejets et augmentation de la séquestration du carbone

Négatifs

1. Modification du paysage 2. Destruction des écosystèmes 3. Risque d’accidents 4. Disparition des ressources naturelles 5. Augmentation du prix de la viande de brousse 6. Diminution de la disponibilité de la viande de brousse.

*Tache 3

Impacts Indicateurs Responsable Période Observation 1. Création Le nombre d’emploi Direction Annuelle d’emploi créé administrative

* Tache 4

Autres recommandations

1. Identification ou désignation d’un agent externe chargé de suivi du programme et des impacts; 2. Identifier les services et les agents responsables du suivi et évaluation du programme; 3. Prévoir les primes de performance

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Analyse environnementale et sociale

COMPOSANTE 4 : contrôle et aménagement des forêts de production

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COMPOSANTE 4 : «CONTROLE ET AMENAGEMENT DES FORETS DE PRODUCTION »

1. Plans d’aménagement durables mis en œuvre dans au moins 80% des concessions en cours d’activité ; 2. Fin de l’exploitation illégale dans les forêts du domaine permanent non-encore concédées ; 3. DGF et Coordinations provinciales capables de suivre la mise en oeuvre des plans d’aménagement ; cadastre forestier et système informatique de gestion forestière opérationnels ; 4. Mécanisme d’adjudication des concessions opérationnel et, planification des futures attributions suivant un processus participatif réalisée ; 5. Cellule conjointe MECN-T - MINFIN pour le recouvrement des taxes et le suivi des réformes fiscales opérationnelle ; 6. Textes d’application du nouveau code et cadre fiscal pour encourager l’aménagement durable et la transformation poussée du bois adoptés ; 7. Brigades de contrôle opérationnelles à travers les principales provinces forestières.

Activité IDA Activité FC Sous-composante 2A – Appui C1Volet 3 – Sécurisation du aménagement/recouvrement/traçabilité recouvrement fiscal (DGF, SPIAF, DGRAD) C1Volet 2 – Appui aux plans Activité 1 : Appui au SPIAF, DGF, DGRAD, y d’aménagement inclus SIGIF, sécurisation et log tracking C1Volet 4 – Tester un système de traçabilité de grumes

Sous-composante 2B – Brigades de contrôle C1Volet 1 — Observateur indépendant et monitoring indépendant pour le contrôle forestier Activité 1 : Appui aux brigades de contrôles et Observateur tiers

Sous-composante 2C – Suivi revue légale des concessions Activité 1 : Appui pour consultation locales, cartographie, plans d’aménagement

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CODE ANALYSE ENVIRONNEMENTAL DE LA COMPOSANTE 4 Problématique identifiée : le processus de zonage d’aménagement défini semble inversé Pour l’instant on préconise : Plan d’aménagement projet pilote environ 100 000 Km2 Plan d’aménagement aire protégée environ 150 000 Km2 4.1 Plan d’aménagement concession forestière environ 100 000 Km2 Plan d’aménagement pour services environnementaux environ 50 000 Km2 Ce qui donne +/- 25% du total du territoire de la RDC ! la commission formule ses réserves quant à ces estimations chiffrées. Alternative : le plan national d’Affectation des sols (macro zonage) …. Problématique identifiée : transformation locale du bois et Non finalisation des textes d’application du code forestier si le marché se développe et devient important la coupe forestière illicite peut augmenter rapidement aux dépens de la biodiversité 4.6 Mesure d’atténuation : Analyse environnementale et sociale préalable à la réalisation du programme et cahier des charges spécifique. - Renforcement des mécanismes de contrôle forestier - Appui à la direction juridique du MECNET et au partenariat et expert en légalité forestière Problématique identifiée : Risque que les plans d’aménagement ne tiennent pas suffisamment compte des populations locales

Mesure d’atténuation : Établir des normes minimales 1/ zones périurbaines : L’agriculture n’est interdite qu’à XXX km des lisières des villes. La concession peut commencer avant, mais pas l’interdiction de cultiver. 2/ bordures des axes principaux : même raisonnement sur XXX km de profondeur de la piste ou route. 3/ hameaux (y compris pygmées) situés en profondeur des concessions : a) libre autorisation de cultiver b) éducation environnementale et orientation vers les 4.1 cultures commerciales pérennes, c) interdiction de migrations extérieures vers ces hameaux, y compris claniques. Faire une étude sur les droits fonciers (us et coutumes en matière foncière) des communautés locales/autochtones pour mieux comprendre les aspects des GRN - Il sied de relever que les 3 normes minimales ne se conforment pas aux dispositions du code forestier qui interdit notamment la pratique de l’agriculture dans les concessions forestières (art.44) Il importe donc d’établir des normes minimales qui impliquent toutes les parties prenantes telle est le cas de la validation préalable des enquêtes socio-économique par la société civile et les représentants des communautés locales avant leur transmission à l’administration forestière.

Sous-composante 2B – Faiblesse du dispositif de contrôle Activité 1 : Appui aux brigades de contrôles et Observateur tiers

4.7 C1Volet 1 — Observateur indépendant pour le contrôle forestier ? L’étude de faisabilité de Global Witness sur le contrôle forestier a démontré qu’il n’existe pas de système de contrôle fiable et fonctionnel et que, du reste, aucun budget n’existe au sein du MECN-T pour appuyer les opérations de contrôle forestier. Par ailleurs, les brigades que l’on prévoit d’appuyer n’existent

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CODE ANALYSE ENVIRONNEMENTAL DE LA COMPOSANTE 4 pas encore. N’y-t-il pas de risque de confusion de mission et de rôles avec les inspecteurs forestiers qui existent déjà, mais qui ont eux-mêmes aussi du mal à exercer correctement leurs missions, faute de formation et des programmes de recyclage. ? Les brigades de contrôle ne remplaceront pas l’autocontrôle par les populations. Intérêt d’impliquer la population dans les opérations de contrôle. Et de les former à exercer cette fonction de contrôle. Mesures d’atténuation Mettre en place un système de contrôle fonctionnel et prévoir un budget conséquent pour couvrir non seulement le coût des opérations de contrôle, mais également des formations et recyclage. Distinguer d’abord les brigades du corps des inspecteurs et clarifier ce qu’elles seraient appelées à faire et qui n’est pas dans le champ de compétences des inspecteurs forestiers pour éviter des conflits d’attribution. Problématique / Impacts identifiés : Réalisation des plans d’aménagement comme étant essentiellement un document administratif obligatoire Crainte de voir produire des plans d’aménagement qui ne sont pas adaptés à la réalité Mesures d’atténuations Le plan d’aménagement est un outil de planification et de gestion par excellence 4. 1 ? Les plans d’aménagement ne doivent pas être élaborés par une catégorie de personne mais on doit intégrer toutes les composantes confondues concernées. ? Les plans doivent être conçus avec une vision d’ensemble pour répondre aux attentes des populations concernées. ? Tous les impacts environnementaux des infrastructures d’aménagement (voies d’accès, ponts, campements, etc.) et risques dans la réalisation des travaux doivent déjà être déterminés à l’avance et les plans de gestion fournis. Il faut également assurer un suivi de la mise en application des plans produits.

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Travaux du 3ième jour

* Tache 1 : Principaux enjeux environnementaux et sociaux (3)

1ère : La mise en œuvre participative des plans d’aménagement garantissant une gestion rationnelle et durable de la ressource ;

2ème : La lutte contre toute forme d’exploitation illégale dans les forêts protégées et de production permanente assurant le respect des normes environnementales et des obligations sociales.

3ème : L’opérationnalisation d’un système de contrôle fiable et efficace.

* Tache 2 : Définir les impacts environnementaux et sociaux possibles

Activités/Actions Milieu touché Impact Intensité

1° Aménagement - Forêts de production - Perturbation des - faible permanente écosystèmes - Population riveraine - Éloignement de la faune - moyenne - Éloignement des

responsables de famille et - moyenne déséquilibre des ménages

- Surexploitation de la main d’œuvre - forte

- Baisse de production

agricole, faunique et - moyenne Halieutique

- Malnutrition

- moyenne

- Positif pour l’administration - moyenne Administration/ secteur public 2° Appui au SPIAF, - Négatif sur le plan social à DGF, DGRAD, cause de la non prise en SIGIF, Cadastre F., compte des appuis à la Coordination société civile en matière de 5.1.6 Provinciale.

* Tache 3

Développer le SIGF en intégrant la gestion des impacts environnementaux et sociaux dans ce système. Toute fois, le fonctionnement de ce système nécessite des coûts et moyens financiers, logistiques : acquisition matériel, Formation, Atelier, …..

* Tache 4 : Autres recommandations

- Appui institutionnel à la société civile - Promouvoir la certification forestière - Promouvoir/Assurer la traçabilité du bois exporté.

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Analyse environnementale et sociale

COMPOSANTE 5 : Foresterie Rurale

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COMPOSANTE 5 : « FORESTERIE RURALE »

Au terme de la première phase (5 ans), on s’attend aux résultats suivants :

1. Rétrocession de 40% de la taxe de superficie aux provinces et aux entités locales décentralisées effective et faisant l’objet de publication ; 2. Mécanisme de négociation des cahiers des charges clarifié ; 3. Projets de développement communautaire menés dans différentes provinces pour tester et mettre au point un cadre simple et incitatif pour la gestion des forêts communautaires ; 4. Coordinations provinciales capables d’informer et conseiller les communautés pour l’aménagement des forêts communautaires, la rétrocession des taxes, les plantations, etc.… ; 5. Petites entreprises familiales et locales et initiatives des Pygmées appuyées.

Activité IDA Activité FC Sous-composante 1A – Zonage participatif C3Volet 1 — Consultations locales dans le Activité 1 : Appui technique y inclus cadre du zonage participatif multi-usages consultations, études, partenariats, cartographie Sous-composante 3A – Suivi des systèmes de C2Volet 1 – Suivi des rétrocessions aux partage des revenus entités locales Activité 1 : Monitoring et assistance pour cahiers des charges et rétrocession C2Volet 2 – Suivi des cahiers des charges

Sous-composante 3B – Appui à des initiatives C2Volet 3 – Pilote de foresterie de gestion communautaire communautaire Activité 1 : Etudes et appuis à des pilotes de forêts/réserves communautaires Sous-composante 3E – Appuis petites C2Volet 4 – Appui aux micro-entreprises entreprises familiales/secteur artisanal forestières (stratégie et pilotes) Activité 1 : Mise au point d’une stratégie et appui à des pilotes Sous-composante 3C – Appuis aux initiatives de développement des Pygmées Activité 1 : Cartographie, recensement, initiatives développement, plaidoyer Sous-composante 3D – Bois-énergie et reboisement en zones sèches et de montagnes Activité 1 : Mise au point d’une stratégie et appui à des pilotes Sous-composante 6C – Programme d’appui à la société civile Activité 1 : Appuis à des initiatives proposées par les organisations de la société civile

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Code ANALYSE ENVIRONNEMENTALE COMPOSANTE 5 Problématique / Impact identifié : Pilotes en matière de développement communautaire Risque que les pilotes soient mal conçus et ne permettent pas d’élaborer des modèles de gestion adéquats qui tiennent compte de l’ensemble des usages. Mesure d’atténuation : 5.3 Élaborer des termes de références souples laissant place aux initiatives et à l’innovation qui prennent en compte la diversité des usages Alternative : évaluer la possibilité de créer des coopératives avec des gestionnaires professionnels appelés à former les bénéficiaires tout en assurant une grande transparence dans la gestion Problème identifié : Négociation du cahier des charges : risque de déséquilibre dans les négociations La capacité de négociation sur une base légale et de projection dans le temps des communautés locales est très faible et ne leur permet pas de se mesurer à un concessionnaire ou ces consultants de manière efficace. Mesure d’atténuation : Préparer et former des médiateurs environnementaux Dans plusieurs pays on utilise des médiateurs environnementaux qui assurent un interface dans les négociations de cahiers des charges en défendant les intérêts des communautés locales. Les médiateurs environnementaux peuvent aussi être utilisés pour servir de facilitateurs au niveau de la préparation des 5.2 zonages, des plans d’aménagement, etc.

Pour que cela soit efficace il faut au minimum que les médiateurs aient été formés et accrédités, que la qualité de leur travail soit contrôlée périodiquement de façon indépendante, qu’ils soient regroupés en une association, que les mandats leurs soient attribués par une agence de l’état et que leurs honoraires soient fixés et connus de tous Alternative : Appui à des initiatives de gestion communautaire : Les initiatives pilotes ne sont que trop rarement étendues. Pourquoi ne pas généraliser un principe d’organisation (les CGRN) et ne pas leur fournir un appui systématique partout. Problème identifié : Rétrocession aux provinces : Ce n’est pas un gage suffisant de bonne utilisation des fonds rétrocédés : importance d’une planification transparente de la rétrocession, qui devrait servir aussi à des fonctions d’intérêt général dans les zones forestières. 5.1 Mesures d’atténuation : ? Programmation provinciale et locale (plans de développement locaux) ? Contrôle parlementaire (national et provincial) ? Implication de la société civile ? Responsabilisation de comités GRN dans le processus de planification et de contrôle. Problème identifié : Zonage participatif en foresterie rurale : processus d’expert, consultations sans lendemain ? Si les comités et les autorités locales ne s’approprient pas le processus de zonage 5.3 participatif il ne pourra pas être reproduit et les investissements dans ce domaine auront été vains

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Code ANALYSE ENVIRONNEMENTALE COMPOSANTE 5 Mesure d’atténuation : Assurer la formation des formateurs et les accréditer coordonner le processus de zonage et harmonisation des outils méthodologiques intensifier l’information et la consultation des comités locaux sur le processus Problème identifié : Risque de non respect des obligations environnementales et sociales par les petites entreprises familiales et coopératives qui seront appuyées Mesure d’atténuation : Intégrée au contrat les liants au PNFoCo le respect d’un 5.5 cahier des charges environnemental et social mettre au point un suivi socio-environnemental de ces entreprises. (emploi, environnement, sécurité). Initiative Pygmées : appui aux initiatives des pygmées et risque de mise en marche d’un processus d’acculturation Risque de paupérisation accrue par rupture avec les milieux de vie traditionnels. Risque de conflit avec les populations bantou dans les cas où les mesures au 5.5 bénéfice des pygmées soient perçues comme discriminantes.

Mesures d’atténuation Imposer dans les Plans d’actions des peuples autochtones, des mesures de valorisation culturelle et surtout de conservation culturelle, prises en charge par les communautés pygmées 5.1 Problème identifié : Non opérationnalisation de la rétrocession. Absence de mécanisme Mesure d’atténuation : - Contrôle parlementaire national et provincial - Mise en place de Comité de GRN (gestion des ressources naturelles) et leur responsabilisation - Faire recours aux critères et principes de transparence universellement reconnus (ITIE) (initiative de transparence dans les industries extractives) 5.2 Problème identifié : Absence du modèle de cahier des charges préalable à toute négociation Mesure d’atténuation : élaboration, signature et publication sans délai des textes fixant le modèle de cahier des charges.

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Travaux du 3ième jour

* Tache 1

Le code forestier promulgué en août 2002 doit être impérativement mis en œuvre avec notamment l’adoption des mesures d’application sans lesquelles toute la reforme forestière risque d’être compromise. Aussi, la vulgarisation devra-t-elle suivre pour assurer à la fois l’appropriation de ces textes et la compréhension des dispositions relatives à la foresterie rurale. Il est impérieux à cet effet que : - les mécanismes de rétrocession de 40% de la RSF soient bien définis et la transparence dans la gestion de ces fonds assurés; - l’égalité des armes soit assurée dans les négociations d’une part entre les exploitants et les communautés pour garantir les intérêts socio environnementaux et d’autre part entre les communautés elles-mêmes pour garantir les intérêts communautaires et éviter les conflits; - la transparence soit garantie dans l’appui aux petites entreprises familiales et locales et initiatives des pygmées. Ainsi, le renforcement de capacité des parties prenantes du secteur, suivant ces différentes variantes, est une donnée essentielle et incontournable pour le succès de cette composante.

* Tache 2

Impacts Activités Milieu Intensité touché + - 1. A.1 Zonage H.B - adhésion collective - délocalisation de participatif - gestion durable des certains peuples RN forestiers Moyenne - gestion - limitation des terres communautaire des ressources 3. A.1 Monitoring H.B - prise en compte des - conflits internes dans et assistance pour intérêts socio- la répartition entre Moyenne cahier de charges et économiques des communautés rétrocession communautés locales.

3. B.1 Appui à H, P, B - gestion durable des l’agroforesterie R.N - amélioration de la production et des _ Moyenne revenus de la communauté locale, - stabilisation de la population productrice

3. B.2 Appui à H, P - gestion durable des - déboisement l’élevage RN - non consommation Moyenne - ? de revenus locale 3. B.3 Études et H, B - gestion participative Limitation de droits appuis à des pilotes de RN fonciers/coutumiers Forte

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Impacts Activités Milieu Intensité touché + - de forêts/réserves - création d’emploi communautaires - augmentation des revenus

3. C Appuis aux H -localisation et - influence de la culture initiatives de identification de bantoue faible développement des pygmées pygmées - renforcement des capacités d’intégration 3. D mise au point H, P - maintien de d’une stratégie et l’équilibre écologique _ Forte appui à des pilotes. - Disponibilité de l’énergie 3. E Mise au point H -? de revenus - déboisement d’une stratégie et - création d’emploi Forte appui aux projets - renforcement des pilotes. capacités

6. C Appui à des H -prise en compte des initiatives attentes de la société Forte proposées par les civile _ organisations de la - responsabilisation de société civile. la société civile - renforcement des capacités.

* Tache 3

- Recrutement d’un observateur (expert) indépendant (au niveau national). - Mise en place d’un comité de suivi de la mise en œuvre de la composante qui est un cadre de concertation et d’échanges entre les parties prenantes. - Mise en place d’un comité de GRN (au niveau local).

* Tache 4 : Autres recommandations

Renforcements des capacités des agents du ministère de l’environnement dans les entités territoriales décentralisées. (ETD)

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Analyse environnementale et sociale

COMPOSANTE 6 : Environnement

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COMPOSANTE 6 : « ENVIRONNEMENT »

Au terme de la première phase (5 ans), on s’attend aux résultats suivants:

1. Adoption et promulgation de la Loi-cadre sur l’Environnement ainsi que des textes légaux d’application pour ce qui a trait aux établissements humains, à la pollution ainsi qu’à la coordination et à la conduite de la gestion environnementale et sociale ; 2. Etude d’impact environnemental et social du PNFoCo validée et mise en application ; 3. Redéfinition du mandat et refonte structurelle du GEEC dans une optique d’ouverture et d’extension finalisées ; 4. Mécanismes d’évaluation de la mise en œuvre des concessions de conservation pilotes et des projets de création de puits de carbone opérationnels.

Activité IDA Activité FC Sous-composante 5A – Suivi du plan de C4Volet 3 – Gestion des impacts sociaux et gestion socio-environnemental/sauvegarde environnementaux du PNFC Activité 1 : Appui GEEC: mise en œuvre PGSE, RPF, PF, consultations, ateliers Sous-composante 5B – Cadre réglementaire et analyse des impacts environnementaux Activité 1 : Expertise et consultations pour loi- cadre sur l’environnement Activité 2 : Appui études d’impacts socio- environnementaux autres secteurs Sous-composante 5C – Valorisation des C3 Volet 3 – Valorisation des services services environnementaux (carbone, environnementaux biodiversité) Activité 1 : Appui projets de reboisement/BioCF Activité 2 : Mise au point stratégie de déforestation évitée/FCPF Activité 3 : Appui pilotes de concessions de conservation

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CODE ANALYSE ENVIRONNEMENTALE COMPOSANTE 6 Problématique : Loi cadre sur l’environnement et impact environnemental Tout texte de loi préconisant des études d’impact environnemental et social pour des investissements publics et privés va nécessairement interagir avec plusieurs secteurs économiques Nécessité d’intégrer une évaluation environnementale stratégique dans le processus d’élaboration du texte de loi. Pour que le PNFoCo soit en règle avec les politiques environnementales 6.1 internationales les textes produits dans le cadre du programme devront nécessairement passer par une évaluation environnementale Mesure d’atténuation : Effectuer au minimum une évaluation environnementale stratégique pour les textes qui seront produits dans le cadre du programme. Cette évaluation, dont le processus peut être mené par le ministère de l’environnement, peut être effectuée sur base de la présente évaluation environnementale 6.2 Problématique : le suivi environnemental et social a un coût qui doit être pris en charge pour que le processus d’évaluation environnemental soit complet et respecte les politiques internationales Mesure d’atténuation : Prévoir les moyens de la mise en application de l’EISE et son suivi dans le cadre du programme et de son budget et, au-delà, dans le cadre du budget de l’Etat afin d’en garantir la durabilité Problématique : modalités du suivi évaluation, risque que les activités du PNFoCo n’aient pas de relais compétent pour le suivi-évaluation socio- environnemental. Mesure d’atténuation : ? Prévoir dans le programme et dans chaque projet une structure de suivi évaluation Former le personnel affecté (au moins un juriste, un environnementaliste et un socio-économiste au niveau du programme central) 6.3 Note : La question de la redéfinition du mandat du GEEC sera traitée lors de la préparation de la loi cadre sur l’environnement Problématique / Impact identifié : fonction du GEEC versus contrôle environnemental du PNFoCo Le mandat du GEEC n’est pas de mettre en œuvre les plans de gestion environnementaux mais de contrôler leur qualité et leur réalisation effective Alternative proposée La mise en œuvre des différents cadres de gestion est de la responsabilité du PNFoCo et de ses partenaires. Le GEEC pourrait assurer un contrôle de la mise en œuvre des plans et cadres de gestion. Toutefois, comme il est partie prenante dans le programme (il fait lui-même partie du MECN-T et il est prévu qu’il soit 6.3 appuyé par le PNFoCo) il faudra assurer l’impartialité dans le suivi environnemental par un contrôle externe. Doter le GEC d’un budget propre pour lui permettre de réaliser le contrôle environnemental. Problématique /impact identifié : exploitation forestière et puits de carbone La forêt équatoriale congolaise ne peut pas en son état actuel être considérée comme un puits à carbone. Par contre, l’exploitation forestière peut dans une certaine mesure participer au captage du carbone par le fait qu’après la coupe d’un arbre des trouées sont effectuées dans la forêt et cela permet la régénération

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CODE ANALYSE ENVIRONNEMENTALE COMPOSANTE 6 d’une végétation ligneuse qui capte du carbone. Alternatives proposées : Définir dans quelle mesure l’exploitation forestière industrielle et artisanale peut participer à la création de puits à carbone, définir des bonnes pratiques en regard de ces mesures et les inclure dans des directives (guides) pour une exploitation durable des forêts

Alternative proposée : Electrification rurale Voir dans quelle mesure l’électrification rurale pourrait être proposée comme 6.4 projet pouvant faire partie de la déforestation évitée. Une étude dans une zone où une installation est prévue permettrait d’évaluer les habitudes d’utilisation du bois d’énergie avant et après la présence d’énergie électrique Alternative proposée : bilans carbones Conduire des études scientifiques pour faire un point concernant les bilans carbone des forêts climaciques. Que ces études impliquent les autorités scientifiques de la RDC en collaboration avec la communauté scientifique internationale. Alternative proposée : reboisement Favoriser le reboisement par les particuliers et les communautés villageoises avec l’appui de l’état (fourniture de plants, protection des jeunes plants).

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Travaux du 3ième jour

* Tâche 1

1/ Le maintien des pratiques actuelles en matière d’exploitation des ressources naturelles en RDC risque d’aboutir à l’évolution du climat et à la destruction de ses ressources, avec de graves conséquences pour les populations rurales et urbaines congolaises, qui dépendent économiquement et socialement de la forêt, source de vie. Il faut mettre au point des modèles alternatifs en matière d’exploitation des ressources.

2/ La mise au point de modèles alternatifs d’exploitation des ressources permettra de profiter des mesures prévues par les Conventions Internationales pour favoriser la sauvegarde des ressources naturelles. Etant donné l’importance des services environnementaux rendus par la forêt congolaise, il est juste que la RDC reçoive des compensations pour permettre leur sauvegarde.

3/ La promulgation de la Loi cadre de l’environnement et de ses mesures d’application permettra : a) d’assurer la meilleure protection de l’environnement dans tous les secteurs de la vie nationale ; b) de favoriser également une gestion durable de toutes les ressources environnementales ;

L’absence de cette loi risque de vider la raison d’être du Ministère de l’Environnement dans la mesure où les autres codes en exécution ou en préparation (minier, hydrocarbures, agricole) prévoient des dispositions pour régir l’environnement. Il y a donc besoin urgent de coordination et d’harmonisation.

4/ Dans les zones de forte densité humaine du centre et du sud du pays, où les forêts sont presqu’en totalité détruites, il est urgent de protéger celles qui demeurent et d’entreprendre le reboisement afin de compenser les pertes de forêt de la cuvette et de garantir la survie alimentaire et économique des populations. Il est également urgent de promouvoir l’amélioration qualitative des méthodes culturales actuelles par un encadrement technique adéquat et l’octroi de semences et variétés performantes répondant aux besoins des communautés concernées et aux conditions écologiques locales.

* Tâche 2

Impact des activités

Activités Milieu Touché Impacts Intensité Vulgarisation de la Loi L’ensemble du - la population est informée de ses Forte Cadre et de ses mesures territoire de la RDC et obligations en matière d’application tous secteurs et toutes environnementale couches sociales - Meilleure coordination des activités ayant impact sur l’environnement

Reboisement Milieu physique - Protection des sols et Forte à très forte amélioration de la fertilité des sols, amélioration des microclimats

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Activités Milieu Touché Impacts Intensité Biologique - Enrichissement et maintien de la biodiversité Humain - Amélioration des revenus par la vente du bois et des conditions de vie - Amélioration des systèmes de culture et augmentation des rendements des cultures

Hydro-électricité Milieu physique et Impact négatif sur le milieu Moyen ou faible biologique aquatique si des mesures sont prises Risques d’inondation. Risque de diminution du débit de la Fort à très fort rivière Risque d’apparition d’insectes nuisibles. Amélioration des conditions de vie des populations Impact économique (transformation, développement de PME et création d’emploi, frein de l’exode rural). Pilotes de modèles d’exploitation forestière durable

* Tâche 3

Processus de suivi : 1/ Loi Cadre et mesures d’application : Renforcer les capacités de la Direction Juridique du Ministère de l’Environnement, qui prépare la loi cadre et ses mesures d’application, de préférence en même temps. Donner à cette direction les moyens de réunir les personnes, institutions, services et compétences susceptibles de contribuer à la meilleure qualité de la Loi et de ses mesures d’application.

2/ vulgarisation de la Loi : définir des modalités précises de vulgarisation de la loi, avec des modules de formation adaptés et des contenus précis de vulgarisation. Prévoir des moyens permettant la formation du personnel du Ministère et des ONG, mais aussi des moyens pour la vulgarisation au niveau des populations par les ONG du secteur environnement.

3/ processus de suivi-évaluation : Créer au sein du PNFoCo une cellule de suivi évaluation composée d’au moins 3 experts (environnementaliste, biologiste et socio-économiste). Fournir à cette cellule les moyens de procéder aux activités de suivi (formation, moyens de déplacement, contrats de consultations). Identifier au niveau de chaque projet et composante des responsables du suivi évaluation Etablir des liens de travail sur termes de référence entre la cellule et les relais/projets.

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