Flora Montiberica 78: 92-103 (XI-2020) ISSN 1138-5952 – eISSN 1988-799X

OPHRYS PASSIONIS ET MARZUOLA () EN CATALOGNE

Romieg SOCA 7, route des Cévennes. F-34380-Saint-Martin-de-Londres (Francia). [email protected]

RÉSUMÉ : L’auteur propose son point de vue à propos de deux taxons, Ophrys passionis et Ophrys exaltata subsp. marzuola, parfois mal interprétés. O. exaltata subsp. marzuola n’est pas reconnu par les auteurs catalans qui l’assimilent à O. sphegodes ou à O. arachnitiformis. O. passionis, décrit de Catalogne, a lui aussi été longtemps considéré soit comme un synonyme d’O. sphegodes subsp. garganica soit comme un représentant de la série exaltata. Cette étude est le résultat de quarante années d’herborisations, de l’étude des herbiers et de la bibliographie. Elle permet de clarifier la cartographie de ces deux taxons en Catalogne. Leur taxonomie est ensuite exposée. Le changement de statut d’Ophrys exaltata subsp. marzuola en l’élevant au rang spécifique est proposé. Mots-clés: Ophrys, marzuola, passionis; cartographie; taxonomie; Catalogne; Espagne.

RESUMEN: Ophrys passionis y Ophrys marzuola (Orchidaceae) en Cataluña. El autor expone su punto de vista sobre dos táxones: Ophrys passionis y Ophrys exaltata subsp. marzuola, que han sido malinterpretados en algunas ocasiones. O. exaltata subsp. marzuola no es reconocida por los autores ca- talanes que la equiparan con O. sphegodes u O. arachnitiformis. O. passionis, descrito de Cataluña, se ha considerado durante mucho tiempo o bien un sinónimo de O. sphegodes subsp. garganica o como un representante de la serie exaltata. Este artículo es el resultado de cuarenta años de excursiones botánicas, estudio de algunos herbarios y bibliografía relacionada y permite aclarar la taxonomía y perfilar la distribución de estos dos táxones en Cataluña. Se propone el cambio de rango de O. exaltata subsp. marzuola a rango específico: Ophrys marzuola. Palabras clave: Ophrys, marzuola, passionis; cartografía; taxonomía; Cataluña; España.

RESUM: Ophrys passionis i Ophrys marzuola (Orchidaceae) a Catalunya. L’autor proposa la seva opinió sobre dos tàxons, Ophrys passionis i Ophrys exaltata subsp. marzuola, de vegades mal inter- pretats. O. exaltata subsp. marzuola no és reconeguda pels autors catalans que l’equiparen a O. sphe- godes o O. arachnitiformis. O. passionis descrit a Catalunya, també ha estat considerat des de fa temps un sinònim d’O. sphegodes subsp. garganica, ja sigui com a representant de la sèrie exaltata. Aquest estudi és el resultat de quaranta anys d’excursions botàniques, estudis d’herbari i bibliografia. Permet aclarir el mapatge de la distribució d’aquests dos tàxons a Catalunya, i, tot seguit, se n’exposa la taxonomia. També proposa que l’O. exaltata subsp. marzuola passi a la categoria específica d’Ophrys marzuola. Paraules clau: Ophrys, marzuola, passionis; cartografia; taxonomia; Catalunya; Espanya.

ABSTRACT: Ophrys passionis and Ophrys marzuola (Orchidaceae) in Catalonia (). The author gives his point of view on two taxa, Ophrys passionis and Ophrys exaltata subsp. marzuola, sometimes misinterpreted. O. exaltata subsp. marzuola is not recognized by Catalan authors who confuse it with O. sphegodes or O. arachnitiformis. O. passionis, described from Catalonia, has also long been considered either as a synonym for O. sphegodes subsp. garganica or a representative of the exaltata series. This study is the result of forty years of botanical surveys, the study of herbaria and related literature. It clarifies the and distribution of these two taxa in Catalonia. The change of status of O. exaltata subsp. marzuola by raising it to a specific rank is proposed. Keywords: Ophrys, marzuola, passionis; cartography; taxonomy; Catalonia; Spain.

INTRODUCTION l’O. exaltata subsp. marzuola, et d’autre part pour dé- montrer que c’est bien l’O. passionis tel que nous l’en- Il m’a paru intéressant de cartographier Ophrys pas- tendons aujourd’hui que Sennen a décrit en 1926. sionis Sennen et Ophrys exaltata Ten. subsp. marzuola Geniez, Melki & Soca en Catalogne. Ces deux taxons ont HISTORIQUE: OPHRYS PASSIONIS EN été parfois mal interprétés (DEVILLERS-TERSCHUREN & DEVILLERS, 1994; PAULUS & GACK, 1999; DELFORGE, CATALOGNE 2004, 2006; GALESI & al., 2004; BAUMANN & LORENZ, SENNEN (1926) décrit de façon valide Ophrys passio- 2005; KREUTZ, 2005), voire confondus l’un avec l’autre nis en distribuant le taxon en planches d’herbier sur les- (DELFORGE, 2010; DELFORGE & BREUER, 2014; DEL- quelles est apposée une étiquette imprimée (TURLAND & FORGE & DEVILLERS, 2013; DEVILLERS-TERSCHUREN al., 2018. ICN Articles 29.1, 30.5, 30.6). J’ai consulté quel- & DEVILLERS, 2006; VERSTICHEL, 2014). Cet article tend à préciser la distribution d’O. passio- ques-unes de ces planches, outre celles de Barcelone nis en Catalogne: d’une part par comparaison à celle de (BC), dans les herbiers de Madrid (MA), de Genève (G),

92 R. SOCA de Montpellier (MPU) et de Paris (P) [figures 4 et 5]. indique: "labelle largement convexe-éggibeux." et "fleurit en Sennen ayant généreusement distribué ses récoltes, il est populeuse colonie, généralement pendant la Semaine Sainte". aussi possible de consulter ses planches dans d’autres Pour la morphologie des fleurs dans les trois feuilles que nous herbiers. Toutes les planches sont facilement reconnais- avons revues, la date de floraison et les données de la sables, car elles comportent l’étiquette imprimée repro- description, il s’agit d’O. sphegodes ssp. garganica ». Pourtant duite à la figure 1. 1926-Plantes d’Espagne-F. Sennen, n° l’ICN (TURLAND & al., 2018) est formel, voir les articles 5881, d’autant que cette étiquette comporte deux erreurs 29.1, 30.5 et 30.6. 30.8. d’imprimerie et il est donc facile de se rendre compte BALAYER (1986) publie, par l’entremise d’Aymonin, qu’elles ont toutes été imprimées en même temps. [1) C 25 descriptions nouvelles de l’Aude et des Pyrénées- Orientales. Parmi celles-ci trois variétés d’O. sphegodes au lieu de O, 2) accedens avec un e à l’envers.] (fig. 1). sont très difficilement attribuables. La quatrième pourrait être imputable à un synonyme d’O. passionis, malgré le fait qu’il soit indiqué la présence de gibbosités impor- tantes; et qu’une erreur d’imprimerie ait fait grandir le labelle (labellum = 12-20cm). [O. sphegodes subsp. sphego- des var. garganicoides Balayer, Bull. Soc. Bot. , Lett. Bot. 133(3): 282. 1986.] PAULUS & GACK (1992: 120) citent brièvement un taxon présent en Catalogne sous l’appellation ‘Ophrys garganica (Nelson) O. & E. Danesch’ et ils attribuent la découverte du pollinisateur, carbonaria, à AR- NOLD (1981). Ils ne citent à aucun moment Ophrys pas- sionis comme insinué par DEVILLERS-TERSCHUREN & DEVILLERS (1994). Plus tard, DEVILLERS-TERSCHUREN & DEVILLERS Fig. 1. Étiquette imprimée présente sur les feuilles d'herbier (1994) ne retiennent qu’une citation du taxon dans «La distribuées par Sennen. 1926- Plantes d'Espagne, n ° 5881. flore du Tibidabo» (SENNEN, 1931: 35). Ce qui est éton- Cette étiquette comporte deux erreurs d'impression: 1) C au lieu nant, car déjà ARNOLD (1981) avait mis l’accent sur la de O ; 2) accedens avec un e à l'envers. première description valide de ce taxon. Ces deux auteurs déclarent que le binôme qu’ils citent est nomen nudum et Par la suite, SENNEN (1929, 1931) ne citera que deux décrivent le même taxon en prenant un spécimen à plus fois et très brièvement O. passionis. de 300 kms de distance ; apparemment, sans avoir vérifié NELSON (1962: 195-197, planches XXIX, XLVII, LVII, par eux-mêmes que le taxon existe toujours dans la zone carte n° 5) identifie les plantes d’Espagne (Catalogne) et de Barcelone. Ils le décrivent faisant partie du ‘groupe’ des Pouilles (sud de l’Italie), ainsi que du sud de la Fran- d’O. incubacea, « Ophrys passionis ressemble fort à Oph. ce (Provence) et de Sicile comme étant semblables mal- incubacea […] Nous avons examiné et photographié sur le gré quelques légères différences: "Artmäßig auftretend fin- terrain des populations des Bouches-du-Rhône, du Gard, des det sich Oph. sphecodes ssp. garganica in Apulien und Spanien. Grands Causses, d'Oléron, du Morbihan et comparé les docu- En Südfrankreich und auf Sizilien begegnet man jedoch hier ments photographiques obtenus avec ceux qui ont été recueillis und da Einzelindividuen, die ihr weitgehend gleichen" (« On en Catalogne par Pierre DELFORGE. Toutes ces populations trouve Oph. sphecodes ssp. garganica dans les Pouilles et en représentent une même entité » et «Ophrys garganica est très Espagne. Dans le sud de la France et en Sicile, on rencontre ici semblable à Oph. passionis, et peut-être conspécifique, comme et là des individus qui lui ressemblent dans une large mesure »). retenu par Paulus et Gack». Et donc ils créent un homo- Il les décrit sous l’appellation, non valide, d’O. sphe- nyme postérieur hétérotypique. godes Mill. subsp. garganica. [O. sphegodes subsp. garga- SANZ & NUET (1995: 176) considèrent que la descrip- nica E. Nelson, Monogr. Ophrys: 195-197. 1962. (‘sphecodes’) tion de Sennen in schedulis est valide et proposent la nom. inval. pro hyb.] combinaison: Oph. sphegodes subsp. passionis (Sennen) ARNOLD (1981: 23-27) traite le taxon sous l’appella- Sanz et Nuet. tion ‘O. sphegodes ssp. garganica Nelson’ et insiste sur le ARNOLD (1996) traite alors le taxon sous l’appellation fait qu’il ne peut s’agir d’un hybride avec O. incubacea O. garganica (Nelson) O. & E. Danesch, avec pour syno- comme l’avait présumé Nelson, car ce dernier n’existe en nyme, entre autres, O. passionis Sennen ainsi que la Catalogne que dans le sud de la province de Tarragona, combinaison effectuée par Sanz & Nuet l’année précé- et non dans la partie où a été décrit passionis. Arnold dente. assujettit donc les citations d’O. incubacea de Catalogne Quelques années plus tard, LEWIN & SOCA (2001) à O. sphegodes ssp. Garganica : « Il est possible que pour mettre un terme au flux inutile et incohérent des beaucoup, sinon toutes, les citations d'O. atrata de Catalogne et synonymes ont proposé la typification du taxon à partir d'autres points du Nord de la péninsule ibérique correspondent à O. garganica, classifié comme atrata principalement par la des planches conservées dans l’herbier de Barcelone couleur foncée du labelle ». Arnold est le premier à citer la (BC). Lectotypification effectuée le 12.II.2000, in Herb. description de Sennen, mais ne la considère pas comme Sennen, H-1108-11-(24) (Institut Botànic de Barcelona, Herb. BC): 1926-Plantes d'Espagne-F. Sennen. N° 5881 Ophrys valide : « Sennen a décrit une nouvelle espèce d'Ophrys avec passionis Sennen (fig. 2). le n° 5881 de ses exsiccata Plantes d'Espagne : O. passionis Sennen, ad O. arachnitiformis Gren. et Philip, accedens sec. Dr. Malgré ces mises au point, de la part de Sanz & Nuet A. Camus (Barcelona : Sant Cugat, coteaux caillouteux et de Lewin & Soca, ce sera ensuite une avalanche de incultes, 29. III.1926). La description imprimée sur l'étiquette combinaisons pour la plupart illégitimes de différents

93 Flora Montiberica 78: 92-103 (XI-2020) ISSN 1138-5952 – eISSN 1988-799X Ophrys passionis et Ophrys marzuola en Catalogne auteurs: DELFORGE (2004: 252), GALESI & al. (2004: 505), BÈJAR & al. (2009) pour leur part ne font aucune diffé- BAUMANN & LORENZ (2005: 727), KREUTZ (2005: 109), rence et tous les représentants de la section Araniferae DEVILLERS-TERSCHUREN & DEVILLERS (2006: 251), sont classés sous le binôme O. sphegodes. DELFORGE (2006: 260) et KREUTZ (2007: 170). Et même Seuls DEVILLERS & DEVILLERS-TERSCHUREN la mise de ‘passionis’ en sous-espèce de garganica par (2006) pensent que les populations de la série exaltata en PAULUS & GACK (1999: 378). Selon DELFORGE (2004: Languedoc et en Catalogne - « taxon catalo-languedocien 252) ‘garganica’ est une variété d’O. passionis. Puis du groupe d'Oph. Exaltata » - sont différentes de celles selon DELFORGE (2006: 260) ‘passionis’ est une variété de Provence - « Ophrys arachnitiformis » - et les d’O. arachnitiformis. nomment « subsp. marzuola Geniez, Melki & Soca » (sic), nom. nud. (DEVILLERS & DEVILLERS-TERSCHUREN, 2006: 241 et 247).

Fig. 3. Ophrys marzuola. Montagnac (F-34). 31.III.2018.

Sennen a été professeur dans des écoles chrétiennes Fig. 2. Ophrys passionis. San Cugat del Vallès (B). 22.IV.2018. de Béziers, Montpellier, La Nouvelle et Prades (SENNEN

Ophrys exaltata subsp. marzuola en Catalogne & COSTE 1894a, 1894b ; SENNEN 1895, 1897, 1899, 1900, 1902, 1904), jusqu’à son expulsion de France en 1904, et à CADEVALL (1933: 335): cite O. aranifera subsp. partir de 1905 en Catalogne à Figueras et Barcelone arachnitiformis Camus et mentionne «a Terrassa, al bosc de Can Molló = La Cellera, a Sant Marti de Cantallops (Cod.!)» jusqu’à sa mort. Il devait bien connaître les Ophrys de la section Araniferae en général et ce que nous appelons ARNOLD (1981: 30) considère O. arachnitiformis Gren. et Philippe comme une variation qui peut affecter, en Ca- aujourd’hui l’ophrys de mars en particulier, plante com- talogne, O. sphegodes, O. garganica ou O. litigiosa. [« mune en ces zones. Dans l’œuvre de Sennen on trouve En Catalogne, presque toutes les formes désignées par cette peu de mentions des représentants du genre Ophrys. Il espèce peuvent être considérées comme des variétés des ssp. existe dans l’herbier Albaille (MPU) un dépôt de Sennen sphegodes, garganica ou litigiosa »]. SANZ & NUET (1995: sous ‘Ophrys aranifera var. australis Lt. et Bar’, récolté 172-174) pensent, eux aussi, que les formes à Caunelle (Montpellier, Hérault) le 2 mai 1898. LORET arachnitiformes sont à inclure dans O. sphegodes. & BARRANDON (1888) ont donné ce trinome dans la deu- À l’inverse, VIDAL & HEREU (1992: 146-149) considè- xième édition de leur flore. D’autres legs de Sennen dans rent O. sphegodes ssp. arachnitiformis (Gren. et Philippe) les ‘Plantes d’Espagne’ concerne ce genre : n° 380 Sund. comme entité à prendre en compte pour la région ‘Ophrys aranifera Huds. forma parviflora’, ‘Catalogne: Llers, étudiée (l'Empordà), et en établissent une cartographie. pelouses’, récolté le 2 mai 1907. n.° 381 ‘Ophrys atrata’ BOLÒS & VIGO (2001) citent O. sphegodes ssp. Cabanas, pelouses, récolté le 28 avril 1907. Bien avant de arachnitiformis en donnant le texte d’ARNOLD (1981). m’intéresser à la problématique étudiée ici, en octobre

94 Flora Montiberica 78: 92-103 (XI-2020) ISSN 1138-5952 – eISSN 1988-799X R. SOCA

1996 dans l’herbier de Firenze (FI), j’avais noté (notulae norme UTMWGS84 et sont basées sur les observations de criticae) à propos de ce dernier dépôt : « passionis? ». l'auteur et la littérature étudiée considérée comme fiable. O. passionis est présent dans les carrés suivants: Barcelo- CARTOGRAPHIE na: (31T)CG60, CG70, CG80, CG90, CG92, DF16, DF18, DF28, DF29, DG00, DG01, DG02, DG03, DG10, DG11, Prèsence de Ophrys passionis en Catalogne DG12, DG13, DG22, DG24, DG43, DG44, DG45. Girona: CADEVALL (1933), ami de Sennen, ne fait aucune (31T)DG94, DG98, EG04, EG05, EG06. Lleida: (31T)CF17. mention ni aucune allusion à O. passionis. Tarragona: CF48, CF57, CF58, CF59, CF68, CF69, CF76. ARNOLD (1981: 24) : « Dans l'ensemble, Oph. garganica Rousillon: DG69, DH62, DH71, DH81, DH83, DH84, EH03. semble plus abondant aux latitudes moyennes de la Catalogne et à l'intérieur des terres, et diminue sa présence au nord ». ARNOLD (1996) : « Oph. garganica est abondant dans de nombreuses localités du territoire sicorique, et entre également dans les Pré-Pyrénées. Vers l’ouest, l'espèce continue à travers la vallée de l'Èbre jusqu'au Pays Basque. Dans notre région, la limite sud-ouest coïncide avec l'extrémité sud de la comarque des Garrigues, tandis que plus loin vers l'est, elle atteint la partie nord de la comarque du Baix Camp ». BOLÒS & VIGO (2001) citent : « Oph. sphegodes Mill. ssp. garganica Nelson, Oph. garganica (Nelson) O. et E. Da- nesch. Les plantes catalanes, avec des pétales moins larges, ont été distinguées comme la subsp. passionis (Sennen) Sanz et Nuet, Oph. passionis Sennen ». ARNOLD (2008) : « Dans la comarque du Vallès Occidental se trouve Oph. passionis dans de nombreuses localités, formant parfois des populations d'un nombre relativement remarquable d'individus ». De nombreuses années d’observations personnelles en pays catalan ont révélé l’abondance d’O. passionis dans l’agglomération barcelonaise. Malgré la forte urba- nisation de cette zone, il reste encore de vastes espaces Carte 1 . Présence d´Ophrys passionis en Catalogne. non aedificandi dans la commune de Sant Cugat del Vallès ainsi que dans les communes limitrophes : Barce- Prèsence de Ophrys exaltata subsp. marzuola en lone, Cerdanyola del Vallès, El Papiol, Molins de Rei, Catalogne Montcada i Reixac, Rubí, Sant Feliu de Llobregat, Sant Les auteurs catalans ne reconnaissent pas l’existence Just Desvern et Sant Quirze del Vallès. Et dans Castell- de ce taxon et le transcrivent sous une multitude de bi- bisbal, commune voisine, ESCAYOL FERNANDEZ & nômes: O. arachnitiformis (CANALS & al., 2016; FERRAN- KESSELS (2008) écrivent : « C'est l'orchidée la plus DIZ, 1990; ARNOLD, 1996, 2008; MAYMÒ, 2005), O. sphe- abondante trouvée à Castellbisbal, à la fois en nombre de lieux godes subsp. arachnitiformis (NUET, 2011), O. sphegodes qu’en densité d'individus ». J’ai trouvé de nombreuses (BÈJAR & al., 2009; COLLMALIVERN, 2008; MAYMÒ, populations bien fournies, par exemple, sur les talus et 2005; ROSELL & NUET, 1979; SANZ, 2014) ou O. sphegodes les pelouses de l’université autonome de Barcelone - subsp. sphegodes (SANZ & NUET, 1995). commune de Cerdanyola del Vallès - à quelques mètres ARNOLD (1981) ne donne aucun lieu dans son étude de la commune de Sant Cugat del Vallès (sur indication exhaustive sur les ophrys de Catalogne. de Luis Martinez Salvador). VIDAL & HEREU (1992: 146-149) sont les premiers à La présence en Catalogne à Sant Cugat del Vallès établir une liste de lieux et y incluent des lieux mention- d’O. passionis confirme l’hypothèse qu’il s’agit bien du nés par Arnold. Leur cartographie sera reprise par NUET taxon considéré ici comme tel. La présence d’O. exaltata (2011). subsp. marzuola dans cette zone n’a, pour l’instant, ja- ARNOLD (1996) cite Vidal & Hereu: « Oph. arachnitifor- mais été attestée. mis présente un maximum d’abondance dans l’Empordá, mais Par la suite, les auteurs qui ont su distinguer O. pas- se trouve également occasionnellement dans d’autres comar- ques plus au Sud. Nous ne l’avons pas localisé dans la Segarra, sionis et O. exaltata subsp. marzuola, sous divers bi- l’Urgell et la Conca de Barbera, ni dans les autres comarques de nômes, n’ont pas mentionné ce dernier dans la zone bar- la moitié sud de Catalogne ». celonaise. ARNOLD (2008) : « Oph. arachnitiformis n'atteint pas la O. passionis est présent dans les cinq provinces de la région du Vallès Occidental, où se trouve Sant Cugat. Cette Catalogne: Barcelona, Girona, Lleida, Tarragona et Rou- espèce se trouve, avec une certaine fréquence mais sans former sillon (ARNOLD, 1981, 1996; BLANCH & al., 2015; CA- des populations très importantes [contrairement à ce qui se NALS & al., 2016; CAÑELLAS, 1997; COLLMALIVERN, passe dans certaines parties de l'Empordà (Gérone)], vers la 2008; ESCAYOL & KESSELS, 2008; FERRÀNDIZ, 1990; zone côtière de la province de Barcelone, ne dépassant pas au LEWIN, 1998; MAYMÒ, 2005; NELSON, 1962; NUET, 2011; sud la rivière Llobregat ni n’entrant dans les terres à la latitude ROSELL & NUET, 197; SÁEZ & al., 2004 ; SÁEZ & al., de la capitale Barcelone. Vers le centre de la Catalogne (co- 2017; SANZ & NUET, 1995; SANZ, 2014; SOLÀ & NA- marques de Bages et d'Anoia), on le trouve, mais sans former VARRO, 2015; SOUCHE, 2009), du niveau de la mer de très grandes populations, pour continuer le long de la limite jusqu’à 1300 m d’altitude. Les cartes de répartition pré- Sud des Pré-Pyrénées, touchant la Dépression Centrale (AR- sentent les carrés de dix kilomètres de côté basés sur la NOLD, 1996). D'autre part, Oph. passionis a une distribution

95 Flora Montiberica 78: 92-103 (XI-2020) ISSN 1138-5952 – eISSN 1988-799X Ophrys passionis et Ophrys marzuola en Catalogne beaucoup plus large en Catalogne, qui suit la côte (sauf dans la 1- La planche de l’herbier Camus in P (P02118810) plupart des zones siliceuses) de l'extrémité nord de la Catalogne présentée page 244 provient bien de la récolte effectuée au milieu de la province de Tarragone, et pénètre à l'intérieur par Sennen le 29 mars 1926, mais l’inscription «Ophrys des terres, à la fois dans les comarques à climat méditerranéen arachnitiformis Gr.» sur une étiquette séparée est de la maritime et méditerranéen continental, jusqu'à la limite ouest main d’Aimée Camus. En outre cette planche ne com- du pays (bien qu'il ne s'élève que peu par les zones monta- gneuses les plus élevées et éloignées des côtes) ». porte pas l’étiquette descriptive. Il s’agit très certaine- Je ne l’ai pas trouvé dans la zone barcelonaise lors de ment des plantes que Sennen a envoyées à Aimée Camus mes nombreuses recherches au cours des quarante der- avant d’en faire la description, d’où l’inscription sur nières années. O. marzuola est présent dans trois des cinq l’étiquette descriptive: «ad Ophrys arachnitiformis GREN. et provinces de la Catalogne : Barcelona, Girona et Roussil- PHIL. accedens, sec. Dr. A. CAMUS». Une autre planche, lon (LEWIN, 1998; SOUCHE, 2004; SOUCHE, 2009), du que ces auteurs ne mentionnent pas, in P (P02101498) est niveau de la mer jusqu’à 600 m d’altitude. celle que Sennen a envoyée avec l’étiquette descriptive. Les cartes de répartition présentent les carrés de dix 2- «Oph. passionis passait à l'époque [1994, note de l'au- teur] pour un nomen nudum, n'ayant pas fait l'objet d'une des- kilomètres de côté basés sur la norme UTMWGS84 et sont basées sur les observations de l'auteur et la littérature cription validement publiée». Alors que le taxon a été décrit étudiée considérée comme fiable. O. marzuola est pré- en 1926. 3- DEVILLERS & DEVILLERS-TERSCHUREN (2006: sent dans les carrés suivants : Barcelona: (31T)CG70, CG92, CG94, DG03, DG11, DG12, DG13, DG24. Girona: 242) affirment à propos d’Ophrys passionis : « Le lieu de DG77, DG78, DG87, DG88, DG94, DG95, DG97, DG98, récolte se situe dans une région où au moins deux espèces du EG04, EG05, EG06, EG07, EG08, EG14, EG15, EG16. complexe d'Ophrys sphegodes paraissent pouvoir être abon- Tarragona: (31T)CF59. Rousillon: (31T)DH70, DH71, DH72, dantes, le taxon catalo-languedocien du groupe d'O. exaltata, DH73, DH83, DH84, DH91, DH93, DH94, EH03. appelé par ARNOLD (1981) O. sphegodes s. str. et O. passionis Sennen ex Devillers-Terschuren & Devillers, alloué par lui à O. sphegodes subsp. Garganica ». Or nous venons de voir que la répartition d’ O. exaltata subsp. marzuola n’atteignait pas la région barcelonaise et que, selon la cartographie des auteurs catalans, aucun autre taxon de la section Ara- niferae (O. aranifera et O. litigiosa) ne se trouve dans la zone de San Cugat. 4- « Nous nous sommes rendus à la localité type, San Cugat, et dans les régions avoisinantes au début d'avril 2005. Dans le massif du Montgris, et plus au sud dans la région d'Ul- lastret, nous avons vu de vastes populations de l'ophrys catalo- languedocien du groupe d'Ophrys exaltata ». Ces deux phra- ses juxtaposées apportent de la confusion et sont suscep- tibles d’engendrer une méprise, car il semblerait que les auteurs aient vu des O. exaltata subsp. marzuola à San Cugat, or il n’en ait rien c’est à 100 km au nord-est qu’ils les ont vus. 5- « Autour du monastère de San Cugat, d'où opérait Sen- nen, les ‘‘coteaux caillouteux incultes’’ ont hélas disparu sous le béton des développements immobiliers ». 1) Sennen n’était pas à San Cugat mais au collège La Salle Bonanova à Barcelona (ANONYME, 1937; FONT QUER, 1938; LLEN- Carte 2 : Présence d'Ophrys marzuola en Catalogne. SA DE GELCEN, 1937; MAIRE, 1937; VALLÈS, 1986): 2) il existe encore beaucoup de lieux où O. passionis est pré- DISCUSSION sent dans la commune de San Cugat del Vallès et dans Mon analyse distinctive de la séparation ‘marzuola’ les communes limitrophes: Barcelone, Cerdanyola del vs ‘passionis’ est la même que celle de la plupart des au- Vallès, El Papiol, Molins de Rei, Montcada i Reixac, teurs. ARNOLD (2008) résume cette opinion ainsi : « Nous Rubí, Sant Feliu de Llobregat, Sant Just Desvern et Sant considérons qu'il est tout à fait certain que la correspondance Quirze del Vallès. Et dans Castellbisbal, commune voi- entre le binôme Oph. passionis et les plantes auxquelles il a été sine, ESCAYOL & KESSELS (2008) écrivent que c’est appliqué jusqu'ici est l'original de Sennen, et qu'elle doit donc l’orchidée la plus abondante tant en nombre de lieux être maintenue appliquée aux plantes elles-mêmes. Par consé- qu’en densité d’individus. quent, O. caloptera Devillers-Terschuren & Devillers doit être 6- « Ophrys arachnitiformis s.l. se distingue par sa traité comme un synonyme superflu d’O. passionis Sennen ». floraison précoce, toujours antérieure en sympatrie à celle Les seuls auteurs qui affirment le contraire sont DE- d'Oph. sphegodes ou des espèces du groupe d'Oph. VILLERS & DEVILLERS-TERSCHUREN (2006). Leur ana- incubacea ». Cette phrase très ambiguë, car on ne sait pas lyse selon laquelle Sennen aurait décrit un taxon de la sé- de quels taxons il s’agit que ce soit celui appartenant à la rie exaltata lorsqu’il a décrit O. passionis ne tient pas série de l’O. exaltata ou celui appartenant à la série de compte de la réalité du terrain. Les arguments qu’ils an- l’O. incubacea, n’a donc aucune valeur de comparaison. noncent sont biaisés, déformés ou fallacieux, quand ils ne Toujours selon eux O. exaltata marzuola serait le taxon sont pas mensongers : précoce et O. passionis serait le taxon tardif. Alors que

96 Flora Montiberica 78: 92-103 (XI-2020) ISSN 1138-5952 – eISSN 1988-799X R. SOCA leur floraison est concomitante à des altitudes similaires = Ophrys passionis Sennen ex Devillers-Tersch. & Devillers, avec un léger avantage à O. passionis comme dans toute Naturalistes Belges 75(Orchid. 7, Suppl.): 379. 1994. nom. l’aire géographique où ces deux taxons sont présents et illeg. Homonyme postérieur hétérotypique. Type: Gallia, Pro- sympatriques, ce qui n’est pas très courant. vence-Alpes-Côte d’Azur, Bouches-du-Rhône Martigues, chaî- 7- « La confusion qui existait certainement entre ces taxons ne de l’Estaque (Vallon de Valtrède). 20.IV.1993. = Ophrys sphegodes Mill. subsp. passionis (Sennen) Sanz & est illustrée par une feuille de l'Herbarium du Muséum d'His- Nuet, Guia Camp Orquíd. Catalunya: 176. 1995. nom. inval. toire naturelle de Vienne (W), provenant elle aussi des exsicca- = Ophrys garganica E. Nelson ex O. Danesch & E. Danesch ta des Plantes d'Espagne de Sennen, étiquetée par lui « Oph. subsp. passionis (Sennen ex Devillers-Tersch. & Devillers) Arachnitiformis », et portant des spécimens récoltés les 20 et 28 Paulus & Gack, J. Eur. Orch. 31(2): 378. 1999. nom. illeg. mai 1925, à 450-500 m au-dessus du niveau de la mer et qui = Ophrys arachnitiformis Gren. & M. Philippe var. passionis eux représentent indubitablement le taxon du groupe d'Oph. (Sennen) P. Delforge, Naturalistes Belges 87(Orchid. 19): 260. incubacea. Ces plantes ont été récoltées par le frère Gon- 2006. zalo entre le 20 et le 28 mai 1925 lors d’une campagne = Ophrys sphegodes Mill. subsp. garganica E. Nelson, Mo- botanique dans les environs des villages cités. Donc un nogr. Ophrys: 195-197. 1962 (‘sphecodes’). nom. inval., pro an avant les récoltes de San Cugat et à plus de 60 km au hyb. Type: Apulien (am Mte Gargano, weiter südwärts bei Fa- nord-est. Un examen, même non approfondi avec une sano), Spanien (u. a. Pineta von Can Molló bei Barcelona); Ru- loupe ou un microscope, par une personne habituée à pia (Emporda) 100 m, NordostCatalonien. voir des spécimens d’herbier permet de voir qu’il s’agit = Ophrys garganica (E. Nelson) O. Danesch & E. Danesch, d’O. catalaunica O. Danesch & E. Danesch. Les mêmes Orchid. Eur. Ophrys-Hybr.: 43. 1972. nom. inval. récoltes se trouvent aussi, bien sûr, in BC (ARNOLD 1981, = Ophrys garganica E. Nelson ex O. Danesch & E. Danesch, Pl. Syst. Evol. 124(2): 94. 1975. in notis. 2008), dans l’herbier des Camus à Paris (CAMUS & CA- = Ophrys incubacea Bianca subsp. garganica (E. Nelson ex O. MUS, 1929: 318) et dans l’herbier de Montpellier (MPU). Danesch & E. Danesch) Galesi, Cristaudo & Maugeri, J. Eur. Les plantes sont présentées avec étiquettes imprimées qui Orch. 36(2): 505. 2004. nom. inval. (‘incubacea Bianca ex Tod.’) portent deux textes différents : Plantes d’Espagne 1925 = Ophrys passionis Sennen ex Devillers-Tersch. & Devillers n° 5548. Torello, Manlleu, Granollers de la Plana, 20- subsp. garganica E. Nelson ex H. Baumann & R. Lorenz, J. 28.V.1925. Ainsi que : Plantas de la Plana de Vic (sin Eur. Orch. 37(3): 727(-728). 2005. nom. inval.; O. passionis n°). Torelló, Manlleu, Granollers de la Plana, 20- var. garganica (E. Nelson ex O. Danesch & E. Danesch) P. 28.V.1925. Il aurait été peu probable que fin mai entre Delforge, Naturalistes Belges 85(Orchid. 17): 252. 2004. nom. 450 et 500 m d’altitude dans la plaine de Vic soit récolté inval.; O. passionis subsp. garganica (E. Nelson ex O. Danesch & E. Danesch) Kreutz, Eurorchis 17: 109. 2005. nom. inval. O. arachnitiformis au sens actuel. Homonyme. 8- « Les caractères qui permettent de séparer, en herbier, = Ophrys caloptera Devillers-Tersch. & Devillers, Naturalis- les deux taxons, sont ténus, puisque les caractères les plus tes Belges 87(Orchid. 19): 251. 2006. Nom de remplacement importants, qui concernent la cavité stigmatique et la couleur du pour Ophrys passionis Sennen ex Devillers-Tersch. & Devil- labelle se conservent mal. Alors pourquoi ne pas noter d’autres lers, Naturalistes Belges 75(Orchid. 7, Suppl.): 379. 1994. nom. caractéristiques qui se conservent très bien en herbier comme la illeg. Homonyme postérieur hétérotypique. Type: Gallia, Pro- présence des poils, leur emplacement, leur longueur, la con- vence-Alpes-Côte d’Azur, Bouches-du-Rhône, Martigues, chaî- vexité du labelle, l’inclinaison du gynostème, ce dernier carac- ne de l’Estaque (Vallon de Valtrède). 20.IV.1993; O. garganica tère qu’ils utilisent pour Oph. catalaunica? E. Nelson ex O. Danesch & E. Danesch subsp. caloptera (De- Leur argumentaire va donc à l’encontre de leur affir- villers-Tersch. & Devillers) Kreutz, Ber. Arbeitskreis. Heimis- mation : « Il nous paraît incontestable que l'ensemble du maté- che Orchid. 24(1): 170. 2007. nom. inval. riel type d'Ophrys passionis Sennen appartient au taxon précoce = (?) Ophrys sphegodes subsp. sphegodes var. garganicoides catalo-languedocien du groupe d'Oph. exaltata. Le binôme ne Balayer, Bull. Soc. Bot. France, Lett. Bot. 133(3): 282. 1986. peut dès lors pas être appliqué à l'espèce du groupe d'Oph. Type: Leucate (11), avril 1982. incubacea à laquelle nous l'avions associé […] nous ne pensons = Ophrys sphegodes subsp. marzuola sensu Devillers & De- pas qu'il soit conspécifique avec Oph. garganica » et donc de la villers-Tersch., Naturalistes Belges 87(Orchid. 19) : 241, 247, description d’O. caloptera (DEVILLERS & DEVILLERS- non Geniez, Melki & Soca 2002 nom. nud. TERSCHUREN, 2006: 251). En effet les huit arguments utilisés pour justifier de sa description sont inexacts. Il Discussion systématique d’Ophrys exaltata n’est pas possible de construire un discours crédible sur de subsp. marzuola telles contrevérités. Ce qui est aussi contraire à leurs affirmations de 1994 (page 359) : « Ophrys passionis res- Le rang subspécifique a été trop souvent galvaudé par semble fort à Oph. incubacea […] Ophrys garganica est très une utilisation intempestive, voire inopportune, au sein semblable à Oph. passionis ». Par ailleurs aucun auteur n’a des Orchidaceae, comme c’est le cas des taxons euro- mentionné la présence d'O. marzuola dans la zone géo- péens subdivisés, par exemple, par BIAGIOLI & al. (2015), graphique d’où ils ont prélevé le type d'O. caloptera. HENNECKE (2017, 2018) ou KREUTZ (2004, 2005, 2007). Cette approche de l’entité taxinomique peut aller à l’en- TAXONOMIE contre de certains principes de la biologie en s’affran- chissant de l’idée de variabilité ; elle peut également tra- État actuel de la systématique d’Ophrys passionis duire une méconnaissance de la structuration de cette fa- mille botanique. Je considère que l’utilisation du rang de Ophrys passionis Sennen in BC: Pl. Espagne [Exsicc.], n° 5881. 1926. ‘sous-espèce’ doit être pratiquée avec une grande parci- Type: Barcelone, S. Cugat, coteaux caillouteux incultes. 29. monie pour différencier des plantes proches ayant beau- III.1926. coup de caractères en commun, mais se différenciant par un ou plusieurs caractères comme la phénologie ou l’aire

97 Flora Montiberica 78: 92-103 (XI-2020) ISSN 1138-5952 – eISSN 1988-799X Ophrys passionis et Ophrys marzuola en Catalogne de répartition. Reconsidérer la plupart des taxons du passionis dans ses très nombreux articles. Les deux genre Ophrys en leur attribuant le rang spécifique me taxons que nous venons d’étudier sont pourtant bien semble donc plus en conformité avec l’état d’esprit ac- présents en Catalogne. tuel. Or l’un des seuls Ophrys de la flore occitane à ne pas avoir de combinaison au rang spécifique est Ophrys Remerciements : José Enrique ARNOLD, Luis Martínez SAL- exaltata subsp. marzuola. Il me semble donc judicieux de VADOR, Francesc JONCH, Francesc LÓPEZ, Jordi VILA, proposer de l’élever au rang spécifique. Antoni CANALS GELADA, Joan CANALS TARON†, pour m’avoir accompagné lors de mes recherches. Dr. Riccardo M. Ophrys marzuola (Geniez, Melki & Soca) Soca, comb. et BALDINI (Museo Botanico dell'Università degli Studi di Fi- stat. nov. renze), Dr. Fernand JACQUEMOUD, Conservateur des her- Bas.: Ophrys exaltata Ten. subsp. marzuola Geniez, Melki & biers de Genève (G), Dr.ssa Anna MILLOZZA (Erbario, Uni- Soca, Monde Pl. 97(475): 27. 2002. versità degli Studi "La Sapienza", Roma), Dr. Ángel M. ROMO (Herbarium BC, Institut Botànic de Barcelona) et Peter A. Certains auteurs pensent qu’O. exaltata subsp. mar- SCHÄFER (Herbier MPU, Montpellier) pour l'accueil dans zuola est un synonyme d’O. arachnitiformis subsp. occi- leurs herbiers respectifs ; Javier BENITO AYUSO, Carlos dentalis Scappat. En fait, si ces deux taxons étaient syno- HERMOSILLA et Michel NICOLE pour la relecture du manus- nymes, la priorité (principe III de l’ICN, -TURLAND & al., crit. Vicent Pellicer a révisé le résumé en catalan. La cartogra- 2018-) reviendrait à marzuola. Mais ce n’est pas le cas, phie, les cartes de répartition ont été rendues possibles grâce à car le taxon occidentalis a d’abord été présenté comme la collaboration avec J.E. ARNOLD, Luis SALVADOR. Ma- rianne FABRE pour l’aquarelle. un morphe à sépales verts d’O. arachnitiformis et d’O. exaltata subsp. marzuola (SCAPPATICCI, 2002). Il a en- suite été élevé au rang spécifique (AMARDEILH et al., BIBLIOGRAPHIE 2005) pour « établir une hiérarchie cohérente pour les taxons AMARDEILH, J. P., DEMANGE, M., DUSAK, F. & SCAP- du genre Ophrys ». Et enfin proposé au rang variétal (DEL- PATICCI, G. (2005). Combinaisons nouvelles pour les Or- FORGE, 2006). D’après le descripteur les représentants de chidaceae de la flore de France. Orchidophile (Asnières) 36 la nébuleuse d’O. arachnitiformis subsp. occidentalis (165): 104-105. sont présents dans plusieurs départements de Provence et ANONYME (1937). Un savant botaniste: le Fr. Sennen. La du Languedoc où ils se trouvent dans les mêmes lieux Croix dimanche 28 février, lundi 1er mars 1937. ARNOLD, J. E. (1981). Notas para una revision del genero soit d’O. arachnitiformis soit d’O. exaltata subsp. mar- Ophrys L. (Orchidaceae) en Cataluña. Collectanea Botanica zuola, mais «La morphologie et l'écologie des deux taxons 12(1): 5-61. sont notablement différentes». Ce mode de pensée était à ARNOLD, J. E. (1996). Notas para una revisión del genero l’honneur dans la dernière moitié du XXe siècle (GÖLZ & Ophrys L. (Orchidaceae) en Cataluña 2. Fol. Bot. Misc. 10: REINHARD, 1980a, 1980b; RAYNAUD, 1970, 1971) mais ne 85-105. l’est plus aujourd’hui. Dans l’article de description d’O. ARNOLD, J. E. (2008). La problemàtica taxonòmica d’Ophrys arachnitiformis subsp. occidentalis (SCAPPATICCI, asilifera Vayr. i d’Ophrys passionis Sennen (Orchidaceae). 2002), O. exaltata subsp. marzuola est présenté comme Acta Bot. Barc. 51: 5-16. soit un hybride d’O. arachnitiformis subsp. occidentalis BALAYER, M. (1986). Diagnoses de quelques taxons infras- pécifiques d’Orchidaceae reconnus en Languedoc et Roussi- × O. arachnitiformis subsp. arachnitiformis soit un hy- llon. Bull. Soc. Bot. France, Lettres Bot. 133 (3): 279-283. bride d’Ophrys arachnitiformis subsp. occidentalis × BAUMANN, H. & LORENZ, R. (2005). Beiträge zur Taxo- Ophrys sphegodes. Malgré cela lors de la mise au rang nomie europäischer und mediterraner Orchideen. J. Eur. spécifique d’O. occidentalis (Scappat.) Scappat. & M. De- Orch. 37(3): 705-743. mange (AMARDEILH et al., 2005), O. exaltata subsp. mar- BÈJAR, X., LOCKWOOD, M., OLIVER, X., DRAKE, I. & zuola est alors présenté comme un synonyme. Pourtant WILLETT, T. (2009). Les orquídies de la Garrotxa. Institut lors de la description d’O. exaltata subsp. marzuola (SO- d'Estudis Catalans. 180 pages. CA, 2002), le spécimen choisi comme holotype possède BIAGIOLI, M., GRÜNANGER, P. & KREUTZ, K. (2015). les sépales blancs et les pétales roses et son aire de répar- Nuove combinazioni a rango sottospecifico di alcune Ophrys. GIROS Orch. Spont. Eur. 58(1): 5-8. tition n’atteint pas la Provence (SOUCHE, 2004). Seuls BLANCH, I., ESTIVILL J., PERE I ANGLÈS R., RIBAS I DEVILLERS & DEVILLERS-TERSCHUREN (2006) défen- MARTÍN R. & ROIG I ZÀRATE B. (2015). Orquídies de les dent la possibilité de l’existence d’un taxon endémique Serres de Montsant i de la Mussara. Editorial Piolet. rhodanien et de populations rhodaniennes pures, contrai- BOLÒS DE O. & VIGO, J. (2001). Flora dels Països Catalans rement à ce qui a été écrit dans le protologue d’O. arach- IV. Editorial Barcino. Barcelona. nitiformis subsp. occidentalis. CADEVALL, J. (1933). Flora de Catalunya. Institut d’Estudis Catalans V. Barcelona. Conclusion CAÑELLAS PUIGGRÒS, J. (1997). Les orquídies de la co- Les auteurs catalans, en général, ne différencient pas marque de l'Anoia. Miscellanea Aqualatensia 8: 341-397. CAMUS, E.G. & CAMUS, A. (1929). Iconographie des Orchi- les taxons de la section Araniferae qui sont en général dées d' et du Bassin Méditerranéen. tome 2: 321-480 traités tous ensemble dans le meilleur des cas, sinon non + planches 123 à 133. Éd. P. Lechevallier Paris. mentionnés (BÈJAR & al., 2009; BLACH & al., 2015; CANALS, J., GONZALEZ-PRAT, F. & HERNANDEZ, J. BOLÒS & VIGO, 2001; SANZ, 2014). Dans le volume 5 de (2016). Orquídies del Ripollès. Editorial Institució Catalana la Flora de Catalunya, CADEVALL (1933), ami de Sen- d’Història Natural. nen, ne fait aucune mention ni aucune allusion à O. pas- COLLMALIVERN, X. (2008). Guia d’Orquídies de l’Alta sionis Sennen; pas plus que CAMUS & CAMUS (1929). Garrotxa. Consorci de l’Alta Garrotxa. Sennen, lui-même, n’a presque jamais mentionné Ophrys

98 Flora Montiberica 78: 92-103 (XI-2020) ISSN 1138-5952 – eISSN 1988-799X R. SOCA

DELFORGE, P. & BREUER, B. (2014). Section Orchidées besondere der Gattung Ophrys mit einer Monographie und d'Europe - Bilan des activités 2012-2013. Naturalistes belges Ikonographie der Gattung Ophrys. 95(Orchid. 27): 1-22. NUET, J. (2011). Atles d'orquídies de Catalunya. Publicacions DELFORGE, P. & DEVILLERS, P. (2013). Section Orchidées de l'Abadia de Montserrat; Éd. 1. Collection Cavall Bernat. d’Europe - Bilan des activités 2011-2012. Naturalistes Belges PAULUS, H.F. & GACK, C. (1992). Zur Pseudokopulation und 94(Orchid. 26): 1-26. Bestauberspezifitat der Gattung Ophrys in Sizilien und DELFORGE, P. (2004). Nouvelles contributions taxonomiques Süditalien. Jahresber. Naturwiss. Ver. Wuppertal 43: 119-141. et nomenclaturales aux Orchidées d’Europe. Naturalistes PAULUS, H.F. & GACK, C. (1999). Bestäubungsbiologische Belges 85(Orchid. 17): 250-252. Untersuchungen an der Gattung Ophrys in der Provence (SO- DELFORGE, P. (2006). Nouvelles contributions taxonomiques Frankreich), Ligurien und Toscana (NW-Italien) (Orchida- et nomenclaturales aux Orchidées d’Europe. Naturalistes ceae und Insecta, Apoidea). J. Eur. Orch. 31 (2): 347-422. Belges 87(Orchid. 19): 258-261. RAYNAUD, C. (1970). Über eine aussergewöhnliche Ophrys- DELFORGE, P. (2010). Section Orchidées d'Europe. Bilan des Population im französischen Mittelmeergebiet. Orchidee activités 2008-2009. Naturalistes Belges 91(Orchid. 23): 1-14. (Hamburg) 21(3): 160-162. DEVILLERS, P. & DEVILLERS-TERSCHUREN, J. (1994). RAYNAUD, C. (1971). Etude d'une population d'Ophrys dans Essai d'analyse systématique du genre Ophrys. Naturalistes les environs de Montpellier. Bull. Soc. Bot. France 118(3-4): Belges 75(Orchid. 7): 273-400. 195-202. DEVILLERS, P. & DEVILLERS-TERSCHUREN, J. (2006). ROSELL, A. & NUET, J. (1979). Notes biogeogràfiques sobre Essai de synthèse de la distribution des Ophrys du groupe les abelleres catalanes. Muntanya 87(705): 489-497. d’Ophrys exaltata dans le sud de la France et les régions limi- SÁEZ, L. & PIÈ I PAU, G. (2017). Catàleg de la flora vascular trophes. Naturalistes Belges 87(Orchid. 19): 228-251. del massís del Montseny. Tres segles d’investigació botànica ESCAYOL, A. & KESSELS, R. (2008). Guia de les Orquídies (1716-2016). Sèrie Territori i Parcs Naturals. Colꞏlecció Es- de Castellbisbal. Ajuntament de Castellbisbal. tudis. FERRÀNDIZ, J. (1990). Les orquídies del Montseny. Mono- SÁEZ, L., DEVIS, J. & SORIANO, I. in GERMAIN, J. ed. grafies del Montseny 5: 11-24. (2004). Flora vascular de la Vall d'Alinyà. Els sistemes naturals FONT QUER, P. (1936). Necrología. Etienne Marcellin Grani- de la Vall d'Alinyà. Treb. Inst. Cat. Hist. Nat. 14: 237-300. er-Blanc (frère Sennen, E. C.). Cavanillesia 8(10): 163-172. SANZ, H. & NUET, J. (1995). Guia de camp de les orquídies GALESI, R., CRISTAUDO, A. et MAUGERI, G. (2004). de Catalunya. Editorial Montblanc-Martin. Barcelona. Contributo alla conoscenza delle Orchidaceae nella provincia SANZ, H. (2014). Orquídies silvestres de Catalunya. Cos- di Caltanissetta (Sicilia). J. Eur. Orch. 36(2): 465-526. setània Edicions. GÖLZ, P. & REINHARD, H.R. (1980a). Ophrys arachnitifor- SCAPPATICCI G. (2002). Ophrys arachnitiformis Grenier & mis. Ergebnisse einer statistichen Durchmusterung. Jahres- Philippe subsp. occidentalis Scappaticci subsp. nov. Une ré- ber. Naturwiss. Ver. Wuppertal 33: 102-103. ponse complémentaire à un problème taxonomique récurrent. GÖLZ, P. & REINHARD, H.R. (1980b). Populationsstatistiche Orchidophile (Asnières) 33(152): 127-137. Analysen bestätigen die Heterogenität von Ophrys arachniti- SENNEN, Fr. & COSTE, H. (1894a). Plantes adventices obser- formis. Syst. Evol. 136: 7-39. vées dans la vallée de l'Orb à Bédarieux et à Hérépian. Bull. HENNECKE, M. (2017). What is Ophrys phryganae? GIROS Soc. Bot. France 41(2): 98-113. Orch. Spont. Eur. 60(2): 261-275. SENNEN, Fr. & COSTE, H. (1894b). Diagnoses de quelques HENNECKE, M. (2018). What is Ophrys subfusca? A synopsis nouveaux Centaurea et Teucrium hybrides découverts dans and its consequences. GIROS Orch. Spont. Eur. 61(1): 188-217. l'Hérault et dans l'Aveyron. Bull. Soc. Bot. France 41(6): KREUTZ, C.A.J. (2004). Kompendium der Europäischen Or- 573-587. chideen. Kreutz Publishers 240 pp. SENNEN, Fr. (1895). Mes herborisations aux environs de KREUTZ, C.A.J. (2005). Korrekturen und Ergänzungen zum Béziers de 1888-1892. Bull. Soc. Bot. France 41(2): 181-195. Kompendium der Europäischen Orchideen (Catalogue of Eu- SENNEN, Fr. (1897). Extraits d'une lettre du Fr. Sennen à M. ropean Orchids). Eurorchis 17: 97-128. E. Malinvaud. Bull. Soc. Bot. France 44(2): 162-164. KREUTZ, C.A.J. (2007). Neukombinationen und Ergänzungen SENNEN, Fr. (1899). Mes herborisations dans les Pyrénées zu verschiedenen europäischen Orchideentaxa. Ber. Arbeits- orientales. Bull. Soc. Bot. France 46(2): 100-116. kreis. Heimische Orchid. 24(1): 142-186. SENNEN, Fr. (1900). Comptes rendus des recherches botani- LEWIN, J.M. (1998). Atlas préliminaire des Orchidées des P ques faites par les Frères des Écoles chrétiennes de La Nou- Pyrénées-Orientales. 1993-1997. Naturalia Ruscinonensia, 8: velle (Aude). Bull. Soc. Bot. France 47(4): 424-446. 1-109. SENNEN, Fr. (1902). Herborisations à La Nouvelle (Aude). LEWIN, J.M. & SOCA, R. (2001). Ophrys passionis Sennen. Bull. Soc. Bot. France 49(5): 364-377. Validation nomenclaturale. J. Bot. Soc. Bot. France 14: 49-52. SENNEN, Fr., 1904. Note sur le Cirsium Corbariense Sennen, LLENSA DE GELCEN, S. (1937). Un grand botaniste qui sur le Coniza Naudini Bonnet et sur quelques hybrides. Bull. vient de disparaître: le Frère Sennén (1861-1937). Bull. Soc. Soc. Bot. France 51(7): 425-428. Bot. France 84: 161-176. SENNEN, Fr. (1929). Une herborisation hivernale aux alen- LORET, H. & BARRANDON, A. (1888). Flore de Montpellier tours de Barcelone, Société Botanique de France, Bull. Soc. ou analyse descriptive des plantes vasculaires de l'Hérault. Bot. France 76(1): 82-89. Montpellier, J. Calas, 2. éd., rev. et corr. par Henri Loret. SENNEN, Fr. (1931). La flore du Tibidabo. Espèces montico- MAIRE, R. (1937). Le Frère Sennen. Notice biographique. les, liguriennes... endémismes. Treb. Mus. Ci. Nat. Barcelona Bull. Soc. Hist. Nat. Afrique N. 28(7): 423-425. 15, Sèr Bot. 1: 3-53. Museu de Ciències Naturals. Imprenta MAYMÒ, M. (2004). Les orquídies del Montseny. Museu de Elzeviriana. Barcelona. 54 pages. Granollers-Ciències Naturals. 156 pages. SOCA, R. (2002). Typification d'Ophrys exaltata Tenore (Or- MAYMÒ, M. (2005). Aproximació al coneixement de les or- chidaceae). Le Monde des Plantes 97 (475): 25-29. quídies del Montseny. Ponències. Centre d'Estudis de Grano- SOLÀ, M. & NAVARRO, C. (2015). Les orquídies del Ber- llers, Associació Cultural, Granollers. 2004. guedà. Cossetània Edicions. Collection El Tinter. 160 pages. NELSON, E. (1962). Gestalwandel und Artbildung erörtet am SOUCHE, R. (2004). Les orchidées sauvages de France. Créa- Beispiel der Orchidaceen Europas und Mittelmeerländer, in tions du Pélican, Collection Grandeur Nature, Éditions Vilo. Paris. 340 pages.

99 Flora Montiberica 78: 92-103 (XI-2020) ISSN 1138-5952 – eISSN 1988-799X Ophrys passionis et Ophrys marzuola en Catalogne

SOUCHE, R. (2009). Orchidées de Genova à Barcelona. Édi- VERSTICHEL, C., VERSTICHEL, M.C., JEGOU, M., JE- tions Sococor. 223 pages. GOU, S. & DELFORGE, P. (2014). Relation d'un voyage de TURLAND, N.J. & al. (eds.), (2018). International Code of la Section Orchidées d'Europe en Aveyron (12, France) en Nomenclature for algae, fungi, and (Shenzhen Code) mai 2014 et remarque sur la distribution d'Ophrys aveyronen- adopted by the Nineteenth International Botanical Congress sis. Naturalistes belges 95(27): 23-64. Shenzhen, China, July 2017. Regnum Vegetabile 159. Glas- VIDAL, J.M. & HEREU, R. (1992). Notes florístiques i coro- hütten: Koeltz Botanical Books. lògiques de la familia Orchidaceae a l'Empordà i zones adja- VALLÈS, J. (1986). Frère Sennen. Un sagaç observador de la cents (Catalunya). Fol. Bot. Misc. 8: 125-158 nostra flora. Ciència. Revista Catalana de Ciència i Tecnolo- gia 51: 382-384. (Recibido el 12-VIII-2020) (Aceptado el 1-X-2020)

Fig. 4. Planche utilisée pour la lectotypification effectuée le 12.II.2000, à Herb. Sennen, H-1108-11- (24) (Institut Botànic de Barcelona, Herb. BC): 1926 - Plantes d'Espagne - F. Sennen. N ° 5881 Ophrys passionis Sennen.

100 Flora Montiberica 78: 92-103 (XI-2020) ISSN 1138-5952 – eISSN 1988-799X R. SOCA

Fig. 5. Planche de l'herbier Camus in P (P02101498) d'Ophrys passionis envoyée par Sennen avec l'étiquette descriptive.

101 Flora Montiberica 78: 92-103 (XI-2020) ISSN 1138-5952 – eISSN 1988-799X Ophrys passionis et Ophrys marzuola en Catalogne

Fig. 6. La planche d'herbier Camus in P (P02118810) provient de la récolte effectuée par Sennen le 29 mars 1926, avec l'inscription "Ophrys arachnitiformis Gr." sur une étiquette séparée de la main d'Aimée Camus.

102 Flora Montiberica 78: 92-103 (XI-2020) ISSN 1138-5952 – eISSN 1988-799X R. SOCA

Fig. 7. Aquarelle de Marianne Fabre.

103 Flora Montiberica 78: 92-103 (XI-2020) ISSN 1138-5952 – eISSN 1988-799X Catálogo editorial Jolube

Plantas de las cumbres del Pirineo. Flora del piso alpino Daniel Gómez, José Vicente Ferrández, Manuel Bernal, Antonio Campo, J. Ramón Retamero y Víctor Ezquerra Ed. Prames. Premio Félix de Azara, 2019 Encuadernación rústica cosida 18 x 24,5 cm 592 páginas en COLOR Fecha lanzamiento: agosto de 2019 ISBN: ISBN: 978-84-8321-920-1

PVP: 50€- + envío

Guía imprescindible de las flores de la Depresión del Ebro Javier Puente Cabeza Col. Guías imprescindibles de flora, nº 5 Encuadernación rústica 11 × 21,6 cm 380 páginas en COLOR Fecha lanzamiento: julio de 2018 ISBN: 978-84-947985-3-5 PVP: 24,00€ + envío

Estudio monográfico sobre los géneros Hieracium y Pilosella en España Con referencias a Portugal y los Pirineos franceses Gonzalo Mateo y Fermín del Egido Monografías de Botánica Ibérica, nº 20 Encuadernación rústica 17 × 24 cm 422 páginas en B/N y COLOR Fecha lanzamiento: enero de 2018 ISBN: 978-84-945880-8-2

PVP: 30€- + envío

Flora vascular del término municipal de Córdoba Catálogo florístico y claves de identificación Javier López Tirado Monografías de Botánica Ibérica, nº 2 Encuadernación rústica 17 × 24 cm 374 páginas en B/N y color Fecha lanzamiento: abril de 2018 ISBN: 978-84-947985-0-4 PVP: 22,50€ + envío

Haz tu pedido a Catálogo editorial Jolube

Orquídeas de Aragón Conchita MUÑOZ ORTEGA Col. Guías imprescindibles de flora, nº 2 Encuadernación rústica 10 x 21 cm 202 páginas en color con 250 fotografías Primera edición: abril de 2014 ISBN: 978-84-941996-1-5

PVP: 17,50 € + envío

Guía imprescindible de las flores del Prepirineo Javier PUENTE CABEZA & José Luis BENITO ALONSO Col. Guías imprescindibles de flora, nº 3 Encuadernación rústica 17 × 24 cm 204 páginas en color con más de 530 fotografías. Primera edición: abril de 2013 ISBN: 978-84-941996-4-6

PVP: 17,50 € + envío

Orquídeas de la provincia de Cuenca

Guía de campo Agustín Coronado Martínez y Eduardo Soto Pérez Colección Guías imprescindibles de flora, 4 Encuadernación rústica 14,8 × 21 cm 252 páginas en COLOR Fecha lanzamiento: mayo de 2017 ISBN: 978-84-945880-5-1 PVP: 25,95€ + envío

Guía imprescindible de las flores del Parque Nacional de Ordesa y Monte Perdido, 2ª edición José Luis BENITO ALONSO Col. Guías imprescindibles de flora, nº 1 Encuadernación rústica 17 × 23,5 cm 96 páginas color Primera edición: mayo de 2009. También edición en INGLÉS y FRANCÉS ISBN: 978-84-613-1776-9 PVP: 15,00 € + envío

Haz tu pedido a Catálogo editorial Jolube

Topónimos y apellidos ancestrales de los países de la hispanidad

Gonzalo MATEO SANZ Monografías de Toponimia Ibérica, nº 3 Encuadernación rústica 17 × 24 cm 298 páginas en B/N Fecha lanzamiento: junio de 2020 ISBN: 978-84-947985-9-7

PVP: 16,50€ + envío

Toponimia comparada, española e internacional, interpretable sobre raíces ibéricas Gonzalo MATEO SANZ Monografías de Toponimia Ibérica, nº 2 Encuadernación rústica 17 × 24 cm 467 páginas en B/N Fecha lanzamiento: enero de 2020 ISBN: 978-84-120620-7-6 PVP: 18,00€ + envío

Topónimos y apellidos españoles de origen ibérico o pre-latino

Gonzalo MATEO SANZ Monografías de Toponimia Ibérica, nº 1 Encuadernación rústica 17 × 24 cm 230 páginas en B/N Fecha lanzamiento: junio de 2019 ISBN: 978-84-947985-9-7 PVP: 15€ + envío

Los nombres comunes de las plantas Propuesta de unificación de los nombres comunes de la flora vascular del Sistema Ibérico y su entorno Gonzalo Mateo Sanz Monografías de Flora Montiberica, nº 7 Encuadernación rústica 17 × 24 cm 115 páginas en B/N Fecha lanzamiento: diciembre de 2016 ISBN: 978-84-945880-2-0

PVP: 9,95€ + envío

Haz tu pedido a