Terres Australes
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Bernard BRUNEL TERRES AUSTRALES 1995 - 1997 1 Table des matières Chapitre I Australie et Nouvelle Zélande 95 L’isolement de l’Ouest 13 – 22 Le Centre Rouge 23 – 35 Arnhem Land : l’art le plus vieux du monde 36 – 46 Le Queensland tropical et pacifique 47 – 69 Une incursion dans l’Outback 70 – 79 Adélaïde-Melbourne : the Great Ocean road 80 – 93 De l’île fumante à l’île de Jade : voyage au pays des Kiwi 94 – 128 Sydney, une capitale de l’An 2000 129 – 143 Chapitre II Australie 97 Deuxième approche 145 – 150 Un petit saut en Tasmanie 151 – 163 Across the Nullarbor ! 164 – 175 Le pays de l’or 176 – 181 La Porte de l’Australie : rivages et karris du Cap Leeuwin 182 – 196 Sea, sand and sun : mers et plages de l’Ouest 197 – 210 Les rochers rouges du Pilbara : au pays des Compagny Towns 211 – 220 Mais où est donc passé le Grand Désert de Sable ? 221 – 225 Aux frontières de l’Australie : la magie du Kimberley 226 – 247 Victoria et Katherine : retour dans les Territoires du Nord 248 – 254 Une semaine sur la Stuart Highway : aux sources d’un mythe australien 255 – 277 Adélaïde du bout du monde 278 – 285 2 Chaque point numéroté dans l’ordre Voyagesdu voyage en avioncorrespond à une nuit passée dans le lieu indiqué Voyage du 12.7.97 au 29.8.97 Voyages en avion 3 . Chaque point numéroté dans l’ordre du voyage correspond à une nuit passée passéedans le lieu indiqué Voyage du 14.7.95 au 25.8.95 Carte 1/3 Australie Occidentale Voyages en avion 4 Voyage du 14.7.95 au 25.8.95 Carte 2/3 Australie du Centre et de l’Est Chaque point numéroté dans l’ordre Voyages en avion du voyage correspond à une nuit passée dans le lieu indiqué 5 ChaqueChaque pointpoint numéroténuméroté dansdans ll’’ordreordre dudu voyagevoyage correspondcorrespond àà uneune nuitnuit passéepassée dansdans lele lieulieu indiquéindiqué Voyage du 14.7.95 au 25.8.95 Carte 3/3 Nouvelle Zélande Voyages en avion 6 AUSTRALIE ET NOUVELLE ZELANDE 1995 7 Kings Canyon Watarka 21.7.95 L’APPROCHE C’est une grande aventure qui commence pour nous tous en cette année1995. Partie un peu sur un coup de tête, et grâce au surplus d’un emprunt contracté pour réparer les dégâts de la grêle de septembre 1994, l’idée d’une visite de la Terra Australis s’est peu à peu imposée à nous comme l’aboutissement de parcours déjà longs. Elle s’est cependant un peu noyée dans un printemps, puis un début d’été, particulièrement fertiles en événements. En un peu plus d’un mois Chirac est devenu Président de la République, le Front National s’est installé dans notre ville de Toulon, la France a perdu en demi-finale de la coupe du monde de rugby en Afrique du Sud, et surtout, nous avons vécu au rythme de la préparation du mariage de Sophie et Michel en Ardèche fin juin. Des choses bien différentes certes, mais qui ont énormément retenu notre esprit et rogné sur notre temps. Les nouveaux mariés sont partis de 10 juillet pour l’Asie. Six jours plus tôt Frédéric nous a annoncé qu’il venait avec nous, ce qui nous a beaucoup réjouit. A moins de dix jours du départ il réussit à trouver des places sur les mêmes vols, y compris les vols intérieurs, ce qui est un tour de force. Nous partons cependant dans un état d’esprit particulier. La décision du Président de la République de reprendre les essais nucléaires à Mururoa et Fangatofa, l’opposition immédiate des pays du Pacifique, au moment de la célébration du cinquantenaire d’Hiroshima, et l’arraisonnement ubuesque du Rainbow Warrior II à Mururoa par des soldats cagoulés, trois jours avant notre départ, nous ont complètement déstabilisés. Pour la première fois de notre vie nous avons eu quelques instants l’envie de renoncer à un voyage. Mais le désir de la découverte l’a encore emporté, même si notre inquiétude est grande, car avoir sacrifié autant d’argent pour ce voyage et risquer de le louper nous rend très sensibles à tout ce qui se passe. Fin juin j’exprime, dans une lettre au « Monde », mes doutes et ma colère, protestation citoyenne bien vaine et bien isolée à en juger par les réactions autour de nous, qui vont plutôt dans le sens de l'ignorance du problème ainsi posé. L’essentiel pourtant n’est pas là. Pourquoi l’Australie, ce pays si mal connu des Français, mais qui pourtant remplit les salles de conférence, lorsqu’un rare spécialiste parle de lui ? Les jeunes surtout ne le connaissent que par des clichés : les kangourous, les surfeurs, les records de consommation de bière. Ils n’étudient jamais ce grand continent en géographie, et ignorent 8 presque tout de son formidable développement, de son poids de plus en plus grand en Asie, mais aussi dans le monde. Même dans notre milieu enseignant il n’apparaît pas à sa juste place, et l’on croit discerner parfois une sorte de refus critique de cette société des Antipodes et de sa réalité, assimilées, selon les sensibilités, soit sans nuances au monde britannique, soit à la conquérante civilisation américaine. Pourquoi l’Australie ? Peut-être à cause de tout ce qui précède, afin d’effacer en nous toute cette méconnaissance et ces lieux communs, un peu gênants pour nous qui vouons, par les choix de nos voyages, une certaine admiration au vaste monde anglo-saxon. Peut-être aussi pour son gigantesque espace, pour ces centaines de photos, observées à droite et à gauche, et qui sont loin d’évoquer la monotonie, pour la description, souvent très intimiste, des paysages et de la vie australiens par des écrivains de ce pays. Mais dans chaque géographe sommeille un historien, qui souvent prend le dessus, et c’est paradoxalement là, au moins avant le départ, que réside l’attirance la plus forte. Pour la minorité aborigène d’abord, la plus ancienne, la plus complexe, la moins technique de toutes les sociétés humaines. Pour la spectaculaire réussite de la colonisation britannique ensuite, qui en deux siècles, avec une extraordinaire vitalité, peuple, organise, met en valeur un espace presque inconnu du monde, et lui fait atteindre un niveau de vie remarquable. A ce stade de la présentation de ce voyage, il faudrait aussi corriger une grossière erreur, à laquelle nous n’avons pas échappé au début : faire de la Nouvelle Zélande une simple annexe de l’Australie. Même si la découverte, puis la mise en valeur correspondent au même mouvement colonisateur, il est impossible d’imaginer deux univers aussi différents sur le plan physique, et par voie de conséquence sur le plan humain. Mondes européens de l’Hémisphère Sud ils méritent une approche lente, laissant de côté les clichés simplistes, donc forcément incomplets et même partiaux. Australiens et Néo-Zélandais sont certes cousins, mais la nature des choses les entraîne à se différencier davantage avec le temps. Ce voyage vers les Antipodes commence par une longue mise en place, il faut tout fermer et calfeutrer ici, prévoir dans tous les domaines une longue absence. A 15 heures, le 13 juillet, nous nous faisons transporter vers la gare, pour prendre, une heure plus tard, un bus qui, en deux heures, va nous transporter à l’aéroport de Nice. Nous n’avions pas d’autres solutions, le départ étant trop matinal le lendemain. A pied nous rejoignons l’hôtel Campanile, de l’autre côté de la voie rapide, avec des valises bien lourdes car nous nous sommes chargés aussi des affaires d’hiver. A 19 heures nous sommes dans nos deux chambres, bien fonctionnelles, bien petites et bien chères. Aussi le repas est-il constitué de tous les restes récoltés dans nos frigidaires au moment du départ. Nous regardons, par-dessus l’autoroute, les avions qui arrivent et partent au-delà de quelques palmiers. Le premier soir du voyage, encore en terre française, se termine tôt, par quelques images de télévision et un air conditionné impossible à régler. Il n’est pas étonnant, dans ces conditions, que la nuit ait été mauvaise. A 6h 30, après douches et café dans les chambres, nous quittons l’hôtel cette fois-ci par le petit bus-navette, qui en quelques centaines de mètres nous mène à l’aérogare. C’est tôt, il fait grand jour et très chaud, et déjà une petite file d’attente s’est formée devant les guichets de British Airways. Lorsque nous demandons à l’employée si elle peut enregistrer tous les bagages jusqu’à Perth, en Australie Occidentale, à l’autre bout du monde, elle le fait comme s’il s’agissait de Marseille ou de Milan. Nous sommes très impressionnés. Nous ne nous ferons jamais à la banalisation de ces grands déplacements, ils ne peuvent être pour nous que quelque chose d’exceptionnel, qui se mérite dans l’attente et le choix financier. A 9h décollage de Nice, en ce jour de fête nationale qui, à cause des « french testing », n’a été honorée dans aucun des pays du Pacifique vers lesquels nous allons. 9 Une heure et demi plus tard l’avion, complet, se pose à Heathrow après avoir tourné un long moment au-dessus de Londres. Nous retrouvons une autre dimension de la vie, celle des nœuds et des rencontres fortuites : ici convergent pour quelques heures des milliers de personnes, venues de tous les points du monde, ils traversent, tels des fourmis, ces grands couloirs, ces tunnels où avancent des centaines de mètres de tapis roulants, ces halls vivement éclairés par les boutiques de duty free.