Désiré Defauw, Un Chef Belge À La Tête De L'osm
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Document generated on 09/29/2021 2:06 a.m. Les Cahiers de la Société québécoise de recherche en musique Désiré Defauw, un chef belge à la tête de l’OSM Désiré Defauw: A Belgian Conducter at the Helm of the MSO Lyette Ainey Les musiques du Québec Article abstract Volume 10, Number 1, December 2008 The 75th anniversary of the Montreal Symphony Orchestra provides the opportunity to introduce, or rediscover Désiré Defauw, the first conductor to URI: https://id.erudit.org/iderudit/1054172ar hold a permanent position with the Société des Concerts Symphoniques de DOI: https://doi.org/10.7202/1054172ar Montréal, the MSO’s immediate predecessor. The twelve years (from 1941 to 1953) that the Belgian-born Defauw held the position of conductor of the See table of contents Société des Concerts were crucial to the rise and professional development of that organisation, due in large part to his musical proficiency, prestige, and experience conducting some of the great European symphony orchestras. Defauw’s care in choosing and varying concert programmes and his Publisher(s) broadening of the orchestral repertoire to give pride of place to Canadian Société québécoise de recherche en musique music were the building blocks of the orchestra. His professional connections with internationally renowned composers, soloists, and conductors were a key factor in promoting and disseminating the orchestra’s work, which led in turn ISSN to the high level of performance and enviable reputation the MSO enjoys 1480-1132 (print) today. 1929-7394 (digital) Explore this journal Cite this article Ainey, L. (2008). Désiré Defauw, un chef belge à la tête de l’OSM. Les Cahiers de la Société québécoise de recherche en musique, 10(1), 65–76. https://doi.org/10.7202/1054172ar Tous droits réservés © Société québécoise de recherche en musique, 2008 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/ This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/ l’occasion du 75e anniversaire de la fon- Àdation de l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM), il nous semble opportun de Désiré Defauw, lever le voile sur l’apport de son premier chef d’orchestre permanent, Désiré Defauw (1885- un chef belge à 1960). Fort d’une carrière de plus de 30 ans 1 et référé par Arturo Toscanini, le chef belge la tête de l’OSM Désiré Defauw dirige dès 1941 la Société des concerts symphoniques de Montréal (SCSM), Lyette Ainey connue depuis 1954 sous l’appellation OSM. (chercheure indépendante) S’amorce ainsi la lignée des grands chefs qui se poursuit jusqu’à l’embauche de maestro Kent Nagano en 2006. Ainsi, les 12 années de Defauw à la tête de cette formation musicale montréalaise constituent le plus long mandat jamais accordé à un directeur permanent avant l’arrivée de Charles Dutoit en 1977. crise économique s’implante à Montréal en À elles seules les traces écrites préservées novembre 1934, dans un contexte nationaliste 1 Je tiens à remercier par les journaux de l’époque offrent un repère incitant les Québécois à un développement l’équipe de rédaction des plus stimulants pour témoigner de l’en- culturel qui leur soit propre. Les auteurs ont pour l’aide apportée décrit le climat dans lequel s’est imposée la dans la révision de cet gouement du public et de l’impact du nouveau article. Leurs sugges- chef sur les musiciens2. Les critiques musicaux nécessité de créer un orchestre francophone tions m’ont été très crient au miracle, le comparent à Koussevitsky, afin de « faire respecter la dualité sociocul- précieuses. saluent sa finesse et sa culture, parlent de sai- turelle de la ville » (Béïque 2001, 43). Sans 2 Les dossiers de presse son brillante. Bien qu’autant d’emphase mérite vouloir réitérer leurs propos, rappelons qu’en à la base de cette étude la prudence, une étude minutieuse des pro- octobre 1930 naissait dans la métropole le sont constitués d’arti- cles et de critiques des grammes de l’OSM vient corroborer de façon Montreal Orchestra (MO). Cet ensemble, dirigé concerts tirés des jour- convaincante l’évolution musicale de l’orches- durant ses 11 années d’existence par Douglas naux Le Canada, The tre sous sa tutelle, par une programmation Clarke, alors doyen de la Faculté de musique Daily Star, Le Devoir, éclectique visant l’élargissement du répertoire de l’Université McGill, est étroitement associé The Gazette, La Patrie et La Presse publiés et favorisant le dépassement des musiciens de à la société anglophone de Montréal. En 1934, entre 1939 et 1955. la SCSM. une série de conflits et de controverses pro- 3 Parmi ces ouvrages, voque un éclatement au sein de son conseil mentionnons ceux À la fin du XIXe siècle, plusieurs musiciens d’administration et entraîne la démission de de Wilfrid Pelletier canadiens-français doivent émigrer aux États- trois francophones qui joueront par la suite (1972), Une sym- Unis pour gagner convenablement leur vie. phonie inachevée, un rôle important dans la création de la SCSM Comment et pourquoi avoir choisi un chef Montréal, Leméac ; en novembre de la même année : le secrétaire belge comme homme de la situation dans les Pierre Béïque (2001), Ils ont été la musique années 1940, alors que Montréal comptait de la province de Québec et député libéral de Terrebonne, Athanase David, son épouse du siècle, Québec, plusieurs musiciens de qualité, dont Wilfrid à compte d’auteur ; Pelletier (1896-1982), connu et estimé du Antonia, ainsi que le journaliste au quotidien Gilles Potvin (1984), public montréalais, alors en poste à New Le Canada, Henri Letondal. Dans son mémoire Les cinquante premiè- York ? Un survol des circonstances entourant intitulé « The Montreal Orchestra and Les CS res années de l’OSM, de Montréal (1930-41)4 », Guylaine Flamand Montréal, Éditions la création et les premières années de la SCSM Stanké ; Guylaine nous aidera à répondre à cette question. peint un tableau réaliste de la situation des Flamand (1999), « The deux orchestres de l’époque et permet d’en Montreal Orchestra saisir les nuances. Avec la fin des activités du and Les CS de Montréal La création de l’OSM MO, en 1941, la SCSM devient le seul orches- (1930–41) », mémoire de maîtrise, The City tre symphonique permanent à Montréal. Elle LA FONDATION DE LA SOCIÉTÉ DES University of New doit mettre à profit les progrès accomplis et CONCERTS SYMPHONIQUES DE MONTRÉAL York ; Lyette Ainey continuer son expansion pour relever non seu- (2004), « Désiré Plusieurs travaux de recherches et monogra- lement le défi d’être représentative de l’évolu- Defauw et La Société des CS de Montréal phies sont consacrés à la genèse et à l’évolu- tion de la culture musicale, mais aussi celui de (1940–1955) », tion de l’OSM3. Leur lecture permet de consta- se placer aux côtés des meilleurs orchestres mémoire de maîtrise, ter que cette formation musicale née en pleine américains et européens. Université de Montréal. LES CAHIERS DE LA SOCIÉTÉ QUÉBÉCOISE DE RECHERCHE EN MUSIQUE, VOL. 10, NO 1 65 LES BUTS DE LA SOCIÉTÉ DES CONCERTS mis en place par Antonia David et ses collabo- SYMPHONIQUES DE MONTRÉAL ratrices. C’est d’ailleurs chez Lallemand que Retenons trois des principaux mandats de la Pierre Béïque recevra des musiciens cé lèbres SCSM : 1) contribuer à la formation des musi- dont Vladimir Horowitz, Rudolf Serkin, Pierre ciens ; 2) participer à l’éducation des clientèles Monteux et Charles Münch. Son appui finan- po pu laires et étudiantes et 3) assouplir les cier restera constant ; il épongera même de ses programmes. Plus important encore, le conseil propres deniers les déficits occasionnels de d’administration souhaite que la direction de l’organisme. ces concerts soit attribuée, « en rotation », à des chefs d’orchestre canadiens, et que les Associée étroitement à la mise sur pied de programmes mettent en valeur les œuvres et l’orchestre, Antonia David en constitue un les interprètes récipiendaires du Prix d’Europe autre pilier important. Par son implication au (ce prix est offert par le gouvernement du sein du conseil d’administration de la SCSM et Québec sous l’égide de l’Académie de musique son rôle dans l’implantation des Festivals de du Québec). Ces buts sont clairement définis Montréal aux côtés du chef montréalais Wilfrid dans une allocution faite à la radio par le minis- Pelletier, elle contribue au développement de tre Athanase David : la musique à Montréal. C’est à elle que Wilfrid L’Association des CS de Montréal, dans Pelletier confie les Matinées symphoniques son projet, veut fournir aux musiciens fort pour lesquelles elle met sur pied le Comité nombreux dans la métropole, qui n’ont pas féminin de propagande, lequel sollicite des suffisamment d’engagements, l’occasion de gagner un peu d’argent qui leur per- dons auprès de bienfaiteurs et organise des mette de vivre les années dures que nous collectes de fonds. Lui est également confié le traversons. Deuxièmement, prouver à ceux Comité des Matinées, voué au recrutement de qui nous entourent, que nous avons parmi la clientèle scolaire. Ses initiatives ont permis nous ou à l’étranger, de nos compatrio- un succès qui perdure encore aujourd’hui avec tes parfaitement capables de conduire un orchestre symphonique. Et, troisièmement, les Matinées jeunesse de l’OSM. encourager ceux-là qui, par des é tudes spé- Enfin, Wilfrid Pelletier, « travailleur infatiga- ciales ici et à l’étranger, ont acquis une réputation de virtuose, de manifester leur ble et catalyseur de la musique au Québec » talent et de le faire mieux connaître et (Béïque 2001, 51), constitue la pierre angulaire mieux comprendre.