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WHY NOT US ET EUROPACORP PRÉSENTENT

UN FILM DE JAMES DEMONACO

SORTIE LE 25 MARS 2009

DURÉE DU FILM : 1H36

www.littlenewyork-lefilm.com

DISTRIBUTION PRESSE EuropaCorp Distribution Laurence Granec / Karine Ménard 4 137, rue du Fbg St-Honoré - Paris 08 [email protected] Tél. : 01 53 83 03 03 / Fax : 01 53 83 02 04 Tél. : 01 47 20 36 66 EXE DP Little NY 30/01/09 12:01 Page 6

Sully, vidangeur de fosses septiques et futur père, est prêt à tout pour assurer l’avenir de son fils.

Jasper, modeste épicier, a une qualité primordiale aux yeux de la mafia pour qui il travaille contraint et forcé : il est sourd-muet.

Parmie Tarzo, chef de la mafia locale, se verrait bien éliminer la concurrence.

Tous trois vivent à Staten Island, sous l’ombre écrasante de Manhattan.

Leurs chemins vont se croiser, a priori pour le pire…

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IL Y A UNE VRAIE CONCENTRATION DE MAFIEUX À STATEN ISLAND, PLUS QU’AILLEURS.

Dans quelle mesure ce film est-il ges, c’est une forme de désespoir : j’ai plus personnel que vos précédents d’abord envisagé d’entrecroiser leur scénarii ? histoire respective, mais j’ai finalement J’ai grandi à Staten Island, un coin très décidé de les exposer en parallèle, particulier de , qui a toujours pour mieux les réunir à la fin du film. Il été considéré comme un « sous-quar- s’est aussi passé quelque chose d’as- tier » et qui suscite beaucoup de sez fascinant au montage : à la base, moqueries de la part des New-Yorkais. on commençait avec l’histoire de Sully, Inutile de dire qu’en grandissant là- interprété par Ethan Hawke. Nous bas, on développe un sacré sentiment avons finalement choisi de démarrer d’infériorité vis-à-vis de New York. J’ai avec le mafieux, car nous avons réa- toujours eu envie d’écrire là-dessus, lisé que son histoire influençait celle de partir du regard que j’avais, enfant, des deux autres personnages, et que sur les gratte-ciels de Manhattan, qui nous en avions besoin très tôt pour me paraissaient si proches et en même donner plus de sens à l’ensemble. temps si loin de nous – nous n’y allions C’est ce qu’il y a de fascinant avec le jamais. Quand j’avais neuf ans, dans montage : on peut réécrire le film ! mon esprit, tous les New-Yorkais étaient riches et célèbres, tous étaient Little New York s’ouvre avec une des gens « importants » par rapport présentation de Staten Island sur un aux cols bleus insignifiants de Staten ton typique des actualités Pathé : pour Island. C’est de là que m’est venue mieux introduire les différentes l’idée du film : montrer comment l’en- ambiances du film, entre humour et droit où l’on grandit influence notre film noir ? personnalité, et faire de Staten Island Oui. Je savais que le mélange de ces une métaphore de notre quête de sens. différentes tonalités – il y a aussi du drame dans le film – représenterait un Comment la construction du film a-t-elle vrai défi au montage. Du coup, il nous évolué, du scénario au montage ? paraissait essentiel de montrer très tôt Les trois personnages du film sont au spectateur que le film jouerait sur venus naturellement : Jasper est ins- ces différents genres. J’adore les films piré d’un vieil épicier qui m’a initié très qui parviennent à mêler plusieurs jeune aux paris – d’où les courses de tonalités : à mon sens, c’est un reflet chevaux. Et comme je voulais donner beaucoup plus fidèle de la vie, qui un côté « chaplinesque » à ce person- est rarement 100% dramatique ou nage, j’en ai fait un sourd-muet. J’ai 100% drôle. également grandi avec des mafieux à Scénariste, James Demonaco fait ses débuts d’auteur avec Jack, tourné en 1996 tous les coins de rue – il y a une vraie Vous flirtez même avec la science-fic- par Francis Ford Coppola. Amateur de films de genre, il se spécialise par la suite concentration de mafieux à Staten tion via la clinique fréquentée par Island, plus qu’ailleurs. J’ai choisi de Sully et sa femme pour leurs problè- dans l’écriture de thrillers d’action, notamment le remake d’Assaut sur le Central 13, faire de Parmie Tarzo un chef de mafia mes de fertilité … réalisé en 2004 par Jean-François Richet. C’est à cette occasion qu’il rencontre très archétypal pour mieux renverser Nous nous sommes d’ailleurs les producteurs français de Why Not Productions, qui lui permettent de tourner le cliché, et montrer ce qu’il y a de demandé jusqu’où il fallait pousser cet différent chez « nos » mafieux. Sully, élément. Mais en faisant des recher- 8 son premier long métrage en tant que réalisateur : Little New York. enfin, est chargé de vidanger les fos- ches sur le sujet, je me suis aperçu 9 ses septiques, un classique de l’Etat de que nous n’étions pas très loin de ce New York. Ce qui réunit ces personna- qu’imagine le film. Du coup, nous EXE DP Little NY 30/01/09 12:01 Page 10

J’AIME BEAUCOUP CETTE IDÉE DE PETITS DÉTAILS QUI INFLUENT SUR LA GRANDE HISTOIRE.

avons choisi de le présenter de façon était de faire en sorte que les gens très réaliste, sans émettre de doute prêtent attention à chacun de ces sur la crédibilité de cette avancée détails la première fois qu’ils les voient médicale. Je dirais que le film n’a dans le film. Pour être sûr qu’ils en qu’une dizaine d’années d’avance sur mesurent toute la signification par la la réalité. suite. Du coup, je me suis beaucoup demandé au montage combien de fois Vous jouez beaucoup avec le specta- il fallait montrer les chaussettes rou- teur à travers de petits détails qui ges, par exemple, pour que cela fasse prennent, après coup, une réelle signi- « tilt » chez le spectateur. fication dans l’histoire : les boutons de chemise ou les chaussettes rouges… Beaucoup d’informations passent Effectivement, j’aime beaucoup cette également par la composition du idée de petits détails qui influent sur la cadre, très travaillée… grande histoire. J’ai donc cherché J’ai passé des mois à en parler avec pour chacun des personnages un mon chef-opérateur, et nous avons « indice » qui prendrait peu à peu de décidé d’adapter le cadre à chacun l’ampleur dans le film. Il me semble des personnages : nous pouvions qu’on néglige trop souvent l’impor- d’ailleurs jouer avec les silhouettes tance de ces petites choses qui en des acteurs, très différentes les unes disent long : par exemple, le fait que des autres. Pour Parmie, nous avons Mary passe son temps à sentir la peau renforcé le côté imposant du person- de son mari contribue à construire son nage, tandis que l’esprit « chaplines- personnage. La difficulté, pour moi, que » de Jasper supposait des plans fixes, un peu comme si l’on regardait Revenons au personnage de Parmie, un film muet. De façon générale, l’idée mafieux type : quelles étaient vos réfé- était de limiter les mouvements de rences au moment d’écrire le rôle ? caméra : je ne suis pas vraiment fan de Je me suis énormément inspiré des la tendance actuelle du cinéma améri- mafieux avec qui j’ai grandi… cain, qui consiste à bouger la caméra qui empruntent eux-mêmes beaucoup dans tous les sens, sans que cela se au cinéma, notamment Les Affranchis justifie, simplement pour faire « cool ». de Scorsese. Ce sont de vrais fans du L’autre idée maîtresse était de compo- film, il y a donc un aller et retour per- ser des univers au sein desquels les manent entre la réalité et la fiction. J’ai personnages auraient l’air un peu per- moi aussi mêlé les deux, en imaginant dus, pour exprimer, via le cadre, leur que Parmie adorait Le Parrain et qu’il sentiment « d’insignifiance ». s’en inspirait. Mais l’idée de base a toujours été de mettre en place un vrai Vous jouez aussi beaucoup avec les cliché pour mieux le faire exploser : couleurs dans le film… parce qu’ils partagent le désespoir Je ne voulais pas que le film soit trop des habitants de Staten Island, les déprimant. L’idée était donc de partir mafieux du quartier ne sont pas sem- d’une palette naturaliste, à laquelle blables aux autres. D’où l’idée du nous avons ajouté des touches de « tree-seating », l’une des premières couleurs éclatantes, notamment du que j’ai eues pour le personnage, jaune et du rouge, via la cravate de après avoir lu un article consacré à Parmie ou les chaussettes de Jasper. une jeune femme qui était restée per- Je suis un grand amoureux de Fellini et chée dans un arbre pendant 50 jours 11 c’était une façon d’apporter un peu de – et qui était d’ailleurs parvenue à sau- son univers au film. ver « sa » forêt. EXE DP Little NY 30/01/09 12:01 Page 12

J’AIMERAIS QUE LA MÉTAPHORE DE STATEN ISLAND VS NEW YORK PARLE AU PUBLIC

choisir ses prises au montage : elles Qu’aimeriez-vous que le public sont toutes parfaites ! retienne de votre film ? J’espère que les gens se reconnaî- Que recherchiez-vous du côté des tront dans le désespoir de ces trois personnages féminins ? personnages, et dans leur quête de J’ai toujours souhaité accorder autant sens. J’aimerais que la métaphore de d’importance à Mary, la femme de Staten Island vs New York parle au Sully, qu’aux trois personnages princi- public, et qu’elle les amène à se paux : c’est elle la plus sensée, elle demander ce qu’est leur idée d’une vie sait ce qu’elle veut – contrairement accomplie : avoir un enfant, marquer aux hommes du film, qui se cherchent l’histoire de son nom, ou gagner beau- en permanence – elle a trouvé son coup d’argent... C’est différent pour bonheur et elle sait le vivre pleine- chacun. Ce qui est ironique, c’est que ment. C’est un personnage pivot, qui je ne suis même pas sûr que le film représente aussi le point de vue du sera projeté à Staten Island : on n’y public, et c’est la raison pour laquelle joue pas souvent des films indépen- je tenais à finir le film avec elle. dants, il faudra donc probablement aller à New York pour le voir !

Vincent d’Onofrio, qui incarne Parmie, Sully est un ouvrier sujet à l’introspec- est connu pour des rôles relativement tion, ce que l’on n’a pas forcément inquiétants : est-ce ce qui a motivé l’habitude de voir au cinéma. J’ai votre choix ? beaucoup sympathisé avec Ethan sur C’est d’abord un Italo-Américain qui le tournage d’Assaut, et je savais qu’il n’a encore jamais joué de rôle de serait capable d’incarner les deux mafieux, et ça, c’est extrêmement rare facettes de ce personnage : il y a une dans le cinéma américain ! Comme vraie vulnérabilité chez lui. Il est aussi nous voulions apporter de l’originalité capable de jouer la simplicité, un au personnage, il n’était pas question registre dans lequel on ne l’a pas de refaire Les Soprano ou Les encore forcément vu. Affranchis. Vincent est un type impo- sant, mais en même temps, il dégage Qu’en est-il pour Seymour Cassel ? quelque chose d’étrange – il adorerait Je dois avouer que l’idée de Seymour m’entendre dire ça ! – ce qui est jus- vient de mes producteurs français qui tement le cas du personnage de avaient travaillé avec lui il y a une Parmie. Il avait en lui tout ce qu’il nous vingtaine d’années. Mais je l’ai trouvé fallait : le gabarit très intimidant, mais parfait pour le rôle : même si son aussi la petite lueur dans le regard qui visage est familier, on peut tout à fait rend crédible que ce type se retrouve imaginer qu’il travaille dans une petite perché dans un arbre ! épicerie. Il a apporté beaucoup au personnage, qui ne devait pas être Ethan Hawke jouait dans le remake trop « mignon », ni inspirer trop de 12 d’Assaut sur le Central 13, que vous pitié, et Seymour lui a donné toute sa avez écrit : que vous a-t-il inspiré à complexité. C’est un pro – il a com- l’époque qui vous motive à lui offrir le mencé avec Cassavetes – à tel point rôle de Sully ? que cela a été un vrai casse-tête de EXE DP Little NY 30/01/09 12:01 Page 14

De Scarface et Lucky Luciano à Sammy “The Bull” et Big Paul, Staten Island n’a jamais cessé d’héberger la Mafia et ses victimes. Longtemps, l’île a d’ailleurs été connue comme une sorte de cité dortoir de la Mafia…

’histoire de Staten Island est A l’époque, Staten Island était une associée à un important déve- zone rurale faiblement peuplée, un lieu loppement urbain. Son isole- idéal pour abandonner les cadavres ment favorisant l’anonymat, sa des victimes de la Mafia. Les membres forte population immigrée et la de la “Main noire”, surnom de l’organi- proximité de quartiers mal sation à ses débuts, avaient l’habitude Lfamés permettaient aux gangsters de de tasser les corps de leurs victimes se livrer tranquillement à leurs activi- dans des tonneaux et de se débarras- tés de prédilection : jeu, prostitution, ser de leur chargement macabre dans trafic d’alcool, détournement, prêts les fermes de l’île ou sur la plage de usuriers et rackets en tous genres. Bergen Beach à Brooklyn. Plus tard, Pas étonnant donc, que les gangsters d’autres syndicats du crime, tel que les plus mythiques (Al Capone, Lucky Murder Incorporated, utiliseraient le Luciano, Albert Anastasia, Paul même genre de procédé sur l’île. Castellano, et Sammy Gravano) y aient vécu et /ou appris le Avec l’expansion de l’île, les figures de métier. la Mafia y ont trouvé de nouveaux e district de Staten Island, situé S’il y a beaucoup de « kills » dans le intérêts. Extorsions, emplois fictifs, en face de l’extrémité sud de Staten Island de Little New York, ce La plus célèbre des organisations cri- trafic d’alcool, prêts usuriers, jeu, tra- Manhattan, est, depuis 1898, n’est pas pour ajouter à l’ambiance film minelles, la Cosa Nostra, est née en fic de drogue et contrebande sont l’une des cinq circonscrip- noir, mais simplement pour coller à la Sicile dans les années 1600 et s’est apparus sur les docks du nord de l’île. tions que compte la ville de réalité : les Fresh Kills de Staten Island développée aux Etats-Unis dans les Ce quartier étant devenu le site choisi New York aux côtés de abritent ainsi depuis la deuxième moitié années 1890, principalement à New pour les rencontres entre bandes riva- LManhattan, de Brooklyn, du et du XXe siècle le plus important site York et la Nouvelle-Orléans. Elle s’est les mais aussi pour les séances de jeu, du Bronx. d’enfouissement des déchets de New répandue comme une traînée de des sociétés jadis légales se lancèrent York… où sont également entreposés poudre dans les autres grandes dans des activités criminelles. Il comprend l’île même de Staten les débris du World Trade Center. Quant villes américaines à l’époque de la Island, et cinq petites îles inhabitées. au Arthur Kill – qui donne son nom à la Prohibition, dans les années 20. Tandis La Mafia a aujourd’hui perdu de son Le district est relié au continent du Arthur Kill Road – il désigne le détroit que le New-Yorkais Al Capone régnait influence à Staten Island et dans le New Jersey par trois ponts, ainsi qu’à marin qui sépare Staten Island des sur Chicago, des gangsters comme reste de la ville, mais l’île a conservé Brooklyn via le pont Verrazano. côtés du New Jersey. Le quartier des Giuseppe (alias Joe the Boss) sa réputation de fief mafieux, grâce au Great Kills (avec le Great Kills Park et Masseria et Salvatore Maranzano tournage de films comme Le Parrain, Dans les années 1980, les pressions sa superbe marina), complète enfin contrôlaient le milieu à New York. Les Affranchis ou Donnie Brasco. furent nombreuses pour obtenir la cette impressionnante série, qui s’ex- 14 sécession de Staten Island du reste de plique par une simple question d’éty- 15 la ville de New York : ce mouvement mologie : tous ces noms viennent du s’essouffla avec l’arrivée de Rudolph hollandais « kille », qui signifie tout sim- Giuliani à la tête de la mairie en 1993. plement… cours d’eau ! Article tiré du site référence de Rick Porrello : www.americanmafia.com EXE DP Little NY 30/01/09 12:01 Page 16

Eileen Farrell (1920-2002) Mary Ewing Outerbridge (1852-1886) Soprano réputée. Elle est surnommée la “Mère du tennis” David Johansen (né en 1950) pour avoir importé ce sport aux Leader du groupe punk les New York Etats-Unis. Dolls, il joue aujourd’hui sous le nom de William Page (1811-1885) David Johansen. Peintre portraitiste, ses œuvres sont Anna Harriet Leonowens (1834-1914) exposées au Metropolitan Museum de Tutrice des enfants du Roi de Siam, New York. elle inspira le roman Anna et le Roi, Elmer Horton Ripley (1891-1982) plusieurs fois porté à l’écran. Joueur de basket professionnel, Robert Loggia (né en 1930) l’un des meilleurs de son époque. On retrouve cet acteur à l’affiche, Randy Savage (né en 1952) entre autres, de Scarface, L’Honneur Lutteur professionnel, surnommé le des Prizzi ou Independance Day. “Macho Man” pour ses costumes Frank McCourt (né en 1940) incroyables. Lauréat du Prix Pulitzer, il raconte son Francesco Scavullo (né en 1929) expérience de professeur à Staten Photographe réputé, il a collaboré avec Island dans le deuxième volume de son les plus grands magazines américains : autobiographie : ‘Tis, qui fait suite au Cosmopolitan, Life, Harper’s Bazaar, best-seller Les Cendres d’Angela, Rolling Stone… Thomas Adams (1818-1905) John Merven Carrere (1858-1911) adapté au cinéma par Alan Parker. Rick Schroder (né en 1970) Fondateur de l’industrie du chewing- Célèbre architecte à qui l’on doit Galt MacDermot (né en 1928) Connu pour la série “Ricky ou la gum. notamment la New York Public Library On doit notamment à ce compositeur belle vie”, on l’a vu depuis dans ème Christina Aguilera (née en 1980) sur la 5 Avenue à New York, ainsi que la comédie musicale Hair, portée à “New York Police Blues” et la saison 6 La chanteuse pop est née sur l’île. le Staten Island Borough Hall. l’écran par Milos Forman en 1970. de “24 Heures Chrono”. Alice Austen (1866-1952) Will (1885-1981) et Ariel (1898-1981) Alyssa Milano (née en 1972) Steven Seagal (né en 1951) Pionnière de la photographie au Durant L’actrice de “Madame est servie” et Action star ! Prix Pulitzer pour leur Histoire de la féminin, elle est connue pour son travail “Charmed” a grandi dans le quartier Martin Sheen (né en 1940) Civilisation, onze volumes publiés entre sur Staten Island au début du XXe de Great Kills. L’acteur est aujourd’hui encore reconnu 1935 et 1975. siècle. Samuel I. Newhouse (né en 1927) pour son rôle dans Apocalypse Now. Jennifer Esposito (née en 1972) Albert V. Baez (né en 1912) Magnat de la presse américaine, son Gene [Klein] Simmons (né en 1949) Actrice aperçue entre autres à l’affiche On doit à ce physicien l’invention du groupe compte aujourd’hui des titres Fondateur du groupe de rock KISS. microscope à rayons X en 1950. de Son of Sam. aussi prestigieux que Vogue, Vanity Fair Henry David Thoreau (1817-1862) Emilio Estevez (né en 1962) ou le New Yorker. Joan Baez (née en 1941) Philosophe partisan de l’individualisme, Le fils de Martin Sheen a fait ses La fille d’Albert (voir ci-dessus) est Paul Newman (1925-2008) on lui doit Walden et La Désobéissance premiers pas sur grand écran dans devenue une chanteuse folk à succès. L’acteur mythique de L’Arnaque a vécu civile. Apocalypse Now avant de jouer dans à Staten Island à l’époque où il foulait Alfred Thompson Bricher (1837-1908) Outsiders, The Breakfast Club ou les planches du New York Theatre. Wu-Tang Clan Peintre dont le travail est rattaché à Mission Impossible. Groupe phare du rap des années 90, l’école d’Hudson River. Mabel Normand (1894-1930) le Wu-Tang Clan s’est formé à Staten Cette star du cinéma muet est notamment Island ! 16 Tony Canzoneri (1908-1959) connue pour sa collaboration avec 17 Boxeur à qui l’on doit le quatrième KO le Charlie Chaplin. plus rapide de l’histoire ! EXE DP Little NY 30/01/09 12:01 Page 18

- John Gotti prit du galon dans un bar du West Shore Expressway. Pitera, qui de West Brighton en 1973. Se faisant purge aujourd’hui une peine de perpé- passer pour des policiers, Gotti et tuité pour ses meurtres, fut également deux acolytes tuèrent le caïd local, inculpé pour trafic d’héroïne, de James McBratney, dans l’ancienne cocaïne et de marijuana. taverne Snoope’s de Castleton Avenue. Il s’agissait, apparemment, de - James (Jimmy Brown) Failla, chauf- représailles après l’enlèvement et le feur et garde du corps de Carlo meurtre du neveu du parrain Carlo Gambino, vit à Ocean Breeze. Failla a Gambino. Gotti plaida coupable d’ho- participé au vol d’obligations d’une micide et, après avoir purgé deux valeur d’un million de dollars auprès années sur sa peine de quatre ans, il d’une société de courtage. C’est un fut accueilli à bras ouverts dans la homme très puissant dans l’univers du famille Gambino. Gotti se rendait sou- ramassage d’ordures privé. vent sur l’île pour s’entretenir avec ses amis gangsters et dîner dans des res- - Gennaro (Jerry Lang) Langella, chef de taurants du coin (comme l’attestent la famille Colombo par intérim – pendant - Charles (Lucky) Luciano, pionnier Par la suite, Vincenzo changea de nom les photos de surveillance du FBI). Le que le titulaire Carmine Persico purgeait arriviste de la Mafia peu apprécié des pour devenir Richard Hart, en hom- “Teflon Don” fut arrêté et condamné à une peine de prison – est un résident gangsters de la vieille école, les mage au célèbre cow-boy des films nouveau le 11 novembre 1984 pour de longue date d’Eltingville. “Mustache Petes,” y fut emmené le muets, William S. Hart et devint shérif conduite en état d’ivresse. 17 octobre 1929. Ses tentatives d’amé- adjoint à Homer, dans le Nebraska. - Thomas (The Old Man) DiBella, ricanisation de la Mafia avait mis en Agent de la Prohibition et garde du - Salvatore (dit Sammy the Bull) conseiller de la famille Colombo, en colère ses aînés. Il fut donc battu corps du Président Calvin Coolidge, Gravano, sous-chef et confident de devint le chef en 1971, lorsque Joseph jusqu’au sang et laissé pour mort dans c’était un homme de loi très fier, qui ne Gotti, devint le plus gros mouchard de Colombo fut sévèrement blessé dans Hylan Boulevard, apparemment par parlait jamais de son frère à la sinistre l’histoire. Résident de Bulls Head une fusillade lors d’un rassemblement Salvatore Maranzano et ses acolytes. renommée. avant d’être pris en charge par le pro- italo-américain à Manhattan. Résident Mais Luciano eut de la chance. Il fut gramme de protection des témoins, il de Staten Island, DiBella fit de la pri- retrouvé par un patrouilleur vers 1 h du - Paul (alias Big Paul) Castellano, avoua avoir joué un rôle dans 19 meur- son en 1974 et 1975 pour avoir refusé matin et soigné au commissariat de la chef de la Commission (réunion natio- tres avant de fournir le témoignage qui de témoigner devant les grands jurys 123e circonscription à Tottenville, puis nale des chefs de la Cosa Nostra) et vaudrait la perpétuité à Gotti. fédéraux qui enquêtaient sur le crime à l’ancien hôpital Richmond Memorial parrain de la famille Gambino, avait organisé. de Prince’s Bay pour des lacérations un manoir surnommé “La Maison - Thomas (alias Tommy Karate) Pitera, au cou et à la gorge. Il garda de blanche”, dans Benedict Road à résident de Brooklyn et « soldat » - Peter (alias Fat Pete) Chiodo, de l’agression un œil droit abîmé et un Dongan Hills. Plus businessman que Bonanno, fut l’un des tueurs les plus Grasmere, fut un capo de Luchese. surnom célèbre. gangster, Castellano était considéré productifs de l’histoire de la Mafia : il Gros gaillard de plus de 140 kg, il sur- comme un gourmand éloigné des réa- se plaisait tout particulièrement à vécut à une dizaine de blessures par - Al Capone, pour sa part, y fit un lités de la vie selon certains de ses abandonner les corps de ses victimes balle lors d’une fusillade à la station- voyage d’un tout autre genre : une hommes de main, principalement le à Staten Island. En 1990, six cadavres service de Fort Wadsworth en 1991. balade en poney dans les étables de capitaine de l’époque, John Gotti, démembrés furent ainsi retrouvés Après l’incident, il témoigna pour le gouvernement et plaida coupable pour 18 Clove Lake. Il avait 8 ans à l’époque. qui orchestra son meurtre devant le dans des valises et des sacs en plasti- 19 C’est son frère aîné, Vincenzo, féru restaurant Sparks Steak House à que dans une zone boisée et maréca- cinq meurtres et quatre tentatives de d’équitation et de l’île, qui l’y emmena. Manhattan en 1985. geuse à l’écart de Chelsea Road près meurtre. EXE DP Little NY 30/01/09 12:01 Page 20

A 38 ans, Ethan Hawke compte déjà plus de vingt ans de carrière au cinéma : il fait ses débuts en 1985 à l’affiche d’Explorers de Joe Dante avant d’exploser quatre ans plus tard dans Le Cercle des poètes disparus de Peter Weir. Entre films d’auteur, science-fiction, thriller et drame, il n’a jamais cessé d’enchaîner les rôles, jusqu’à réaliser son propre long métrage en 2000 : Chelsea Walls. Avec Little New York, il retrouve le scénariste d’Assaut sur le Central 13, James Demonaco.

Vous connaissiez James Demonaco genres et de références connus, mais depuis le tournage d’Assaut, dont il le talent avec lequel il brasse ces avait écrit le scénario : qu’appréciez- influences donne un résultat très origi- vous le plus chez lui ? nal : sa connaissance et son amour du Il arrive parfois que, professionnelle- cinéma débordaient du scénario. ment, on fasse la rencontre de quelqu’un pour qui on éprouve une Qu’est-ce qui vous a séduit dans le immédiate sympathie, et c’est ce qui personnage de Sully ? s’est passé avec James. Il y avait beau- Il y a quelque chose de fondamental coup de monde impliqué dans ce dans son profond désir de devenir meil- remake, mais il m’est apparu comme le leur qu’il n’est, de ne pas être satisfait jeune mec génial de l’affaire : son de la personne qu’il est, même si c’est amour du cinéma, et plus particulière- évidemment largement suffisant. Ce ment du cinéma de genre, s’est révélé personnage m’a beaucoup touché. très contagieux. Nous sommes devenus amis, il m’a fait lire certains des projets Il y a un vrai lien entre Sully et le per- qu’il avait écrits, et je me suis aperçu sonnage que vous interprétiez dans que James faisait partie des rares scé- 7H58 ce matin-là, de Sidney Lumet : en naristes à avoir une vraie « voix ». étiez-vous conscient ? Ce sont effectivement des personna- Qu’avez-vous plus particulièrement ges proches l’un de l’autre, qui vont pensé du scénario de Little New York, mal tous les deux – on pourrait presque très personnel ? parler de frères. J’ai tourné les deux Le scénario était très original, je films l’un après l’autre, et je disais à n’avais encore jamais lu quoi que ce l’époque qu’on aurait pu imaginer de soit qui lui ressemble, c’est une sorte les projeter dans le cadre d’un « double de fenêtre ouverte sur son âme. En fait, feature », un double programme d’un on retrouve dans ce film beaucoup de genre nouveau : le loser-thriller ! 20 21 EXE DP Little NY 30/01/09 12:01 Page 22

Vous aviez déjà tourné avec Seymour Cassel dans Croc-Blanc, en 1990. Comment avez-vous vécu vos retrou- vailles, plus de quinze ans après ce 2009 film ? LITTLE NEW YORK de James Demonaco C’était évidemment formidable. La pre- mière fois que j’ai travaillé avec lui, je 2007 ne connaissais même pas les films de 7H58 CE SAMEDI-LÀ de Sidney Lumet Cassavetes – je n’étais qu’un gosse de 2006 dix-huit ans – mais j’ai vite appris ! Lui FAST FOOD NATION de Richard Linklater s’en fichait complètement, mais j’ai LORD OF WAR de Andrew Niccol voulu en savoir plus sur les anecdotes 2005 qu’il racontait. Et cela a été très exci- BEFORE SUNSET de Richard Linklater tant pour moi de découvrir les films de ASSAUT SUR LE CENTRAL 13 de Jean-Francois Richet Cassavetes et d’avoir la chance de pouvoir en parler avec un acteur qui 2004 les avait vécus et qui pouvait m’ap- TAKING LIVES, DESTINS VIOLÉS de D.J. Caruso Costa prendre autant…C’est un vrai coup de BILMY DEAD de Keith Gordon génie d’avoir pensé à Seymour pour le 2001 rôle de Jasper, il est bouleversant. TRAINING DAY d’Antoine Fuqua C’est aussi un vrai personnage de THE JIMMY SHOW de Frank Whaley Comment êtes-vous entré dans la J’ai rencontré James en tant que scé- roman, il ne donne pas l’impression WAKING LIFE de Richard Linklater peau de Sully ? nariste, mais il a toujours été d’une d’évoluer dans le même monde que TAPE de Richard Linklater J’ai rencontré des hommes qui lui res- précision extrême : je savais qu’il ferait nous, mais plutôt dans le monde de semblent, et c’est habituellement la un excellent réalisateur, raison pour Jack Kerouac et Miles Davis : l’univers 2000 façon dont je travaille : je me concen- laquelle je voulais participer à ce film. des mythes ! HAMLET de Michael Almereyda tre sur quelqu’un que je connais, j’es- Même si les gens devaient ne pas LA NEIGE TOMBAIT SUR LES CÈDRES de Scott Hicks saye d’imaginer à quoi peut ressem- aimer Little New York, je suis sûr à Vincent d’Onofrio et vous êtes amis TELL ME de Julie Delpy bler la vie vue à travers ses yeux, et je 100% que James est un « vrai », un bon, depuis longtemps… 1998 l’associe au scénario, aux situations et que si on en lui donne l’opportunité, … et je trouve que c’est l’un des meil- DE GRANDES ESPÉRANCES d’Alfonso Cuarón vécues par le personnage. il fera des choses passionnantes. C’est leurs acteurs de sa génération. J’étais BIENVENUE À GATTACA d’Andrew Niccol quelqu’un qui prend les choses très au ravi, non seulement de travailler avec LE GANG DES NEWTON de Richard Linklater sérieux, et l’on sent cette méticulosité Seymour et Vincent, mais aussi de leur A quel point vous sentez-vous proche 1995 de lui ? dans le film. A l’époque où j’ai tourné donner la réplique dans des rôles BEFORE SUNRISE de Richard Linklater C’est difficile à dire aujourd’hui. Au Little New York, je sortais du film de aussi intéressants que ceux du film. GÉNÉRATION 90 de Ben Stiller moment où je tourne, je me sens tou- Sidney Lumet : il y a évidemment une QUIZ SHOW de Robert Redford jours incroyablement proche des per- grosse différence à se retrouver sur le On a d’ailleurs le sentiment qu’il y sonnages que j’interprète, de même plateau d’un réalisateur âgé de plus de avait une ambiance très familiale sur 1993 que je passe mon temps à me deman- 80 ans et comptant une cinquantaine le plateau ? LES SURVIVANTS de Frank Marshall der si je les interprète correctement. de films à son actif, et celui d’un réali- James et les producteurs n’ont engagé LES NOUVELLES AVENTURES DE CROC-BLANC de Ken Olin J’adore ce film, et j’avais vraiment envie sateur débutant. Et il y a des avantages que des gens avec qui ils étaient liés 1992 de renvoyer la balle à James, à qui l’on aux deux situations : d’un côté l’expé- au-delà du film, et nous étions tous très WATERLAND de Stephen Gyllenhaal doit ce scénario intime, centré sur les rience, de l’autre l’énergie et la pas- excités à l’idée de contribuer au pre- personnages, et tellement en dehors sion de la première fois. mier long de James, de transmettre sa 1991 des modes du cinéma « populaire » où « vision ». Cela devient aussi un plaisir CROC-BLANC de Randal Kleiser tout est réglé, lissé… Ce n’est pas si En tant que New-Yorkais, que rare de faire un film qui ne soit pas seu- 1990 courant, et c’est tout ce que j’aime ! connaissiez-vous de Staten Island ? lement à visée commerciale, mais qui LE CERCLE DES POÈTES DISPARUS de Peter Weir Comme c’est dit au début du film, je n’y considère le cinéma comme une forme 22 1998 James Demonaco donne l’impression avais jamais vraiment pensé : je crois d’expression à part entière. Nous LION’S DEN de Bryan Singer d’avoir une idée très précise de ce que je ne connaissais de Staten Island n’avions aucune autre pression que qu’il voulait. Est-ce le sentiment qu’il que son ferry, pour la vue sur celle de faire un film original : c’est 1985 dégageait sur le plateau ? Manhattan ! assez unique ! EXPLORERS de Joe Dante EXE DP Little NY 30/01/09 12:01 Page 24

Révélé en 1987 par sa performance dans Full Metal Jacket de Stanley Kubrick, Vincent D’Onofrio tourne par la suite sous la direction d’Oliver Stone, Spike Lee, Tim Burton ou Barry Sonnenfeld. Connu pour ses rôles inquiétants, il frappe les esprits avec le psychopathe comateux de The Cell avant de rejoindre le casting de New York section criminelle, une série dans laquelle il joue toujours à l’heure actuelle.

Vous avez l’habitude de choisir vos Le ton du film est très original : est-ce rôles en fonction du défi qu’ils repré- un élément qui vous a attiré dans le sentent : quel était-il cette fois? projet ? La difficulté résidait dans la façon de En fait, j’ai toujours trouvé qu’il était trouver la manière d’aborder ce per- extrêmement difficile de s’en tirer sonnage. De trouver le juste milieu avec un scénario qui mêle plusieurs entre la peur et la sympathie qu’il histoires, plusieurs destins. Mais devait dégager : je n’avais encore j’étais en confiance, car c’est Ethan jamais joué de personnage qui ait ce – avec qui je suis très ami – qui m’a type de complexité. C’était cela le parlé du film le premier, avant de me défi : maintenir l’équilibre entre son présenter James et les producteurs de côté « attachant » et son côté intimi- Why Not, qui ont le don de vous mettre dant, lié aux activités qu’il pratique. en confiance.

Selon James Demonaco, vous aviez Au premier abord, Parmie Tarzo a tout déjà un peu de cette complexité en du mafieux type : de qui vous êtes- vous : en êtes-vous conscient ? vous inspiré pour « fabriquer » ce per- Disons que comme je suis plutôt sonnage ? baraqué, j’ai appris à faire attention à J’ai passé ma vie à rencontrer des la façon dont j’aborde les gens, car types comme lui ! J’ai grandi à j’imagine que je peux effectivement Brooklyn, dans des quartiers qui regor- paraître intimidant. Mais on ne sait gent de mafieux de ce genre. Ce n’est jamais vraiment ce que les autres pas très difficile pour un New-Yorkais pensent de vous, donc j’évite de trop de les trouver, et d’observer leur façon m’en faire de ce côté-là. de s’habiller, de se coiffer, de porter

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James Demonaco avait manifeste- 2009 ment une vision très précise de ce LITTLE NEW YORK de James Demonaco qu’il voulait en termes de cadrage et 2006 de jeu… AGE DIFFICILE OBSCUR de Mike Mills Effectivement, je ne l’ai jamais vu LA RUPTURE de Peyton Reed Dennis perdu, il savait exactement ce qu’il voulait. Il était très précis : pas seule- 2002 ment en termes de positionnement de SALTON SEA de D.J. Caruso la caméra, mais aussi quant au ton 2001 qu’il attendait de chacune des scènes, HAPPY ACCIDENTS de Brad Anderson il avait beaucoup réfléchi à tout cela. THE DANGEROUS LIVES OF ALTAR BOYS de Peter Care C’est aussi quelqu’un de très franc, 2000 avec qui il n’y a pas d’histoires. C’est THE CELL de Tarsem Singh comme ça que nous travaillons, Ethan, CHELSEA WALLS d’Ethan Hawke Seymour et moi, et nous étions d’au- tant plus proches qu’il y avait un extra- 1999 ordinaire climat de confiance sur le PASSÉ VIRTUEL de Josef Rusnak plateau : pas une fois je n’ai eu le sen- 1998 timent que l’on nous faisait marcher. CLAIRE DOLAN de Lodge Kerridan 1997 Y avait-il une émotion particulière à MEN IN BLACK de Barry Sonnenfeld travailler avec Seymour Cassel ? de Michael Lindsay-Hogg Bien sûr. C’est un ami, je le connais GUY des lunettes, ou de parler. Plus que jours été méprisée, je n’y suis d’ail- depuis longtemps. Outre son extraor- 1996 l’accent d’ailleurs, c’est le ton qu’ils leurs jamais allé, sauf peut-être une dinaire talent, c’est un type adorable. FEELING MINNESOTA de Steven Baigelman emploient et les inflexions qu’ils choi- fois ou deux avec mon parrain, mais J’ai de façon générale un énorme res- STRANGE DAYS de Kathryn Bigelow sissent qui sont révélateurs. Ce qu’il y a par exemple, je ne suis jamais sorti pect pour tous les acteurs qui m’ont LES FLAMBEURS d’Alex Cox d’intéressant chez les mafieux, c’est avec une fille de Staten Island, je n’ai précédé : Seymour a joué au cinéma 1995 leur côté « opaque » : qu’éprouvent-ils jamais spécialement pensé à ce quar- et au théâtre avant même que je sache ED WOOD de Tim Burton au moment où ils vous parlent ? Sont- tier. J’y pense maintenant, car on y que je voulais devenir acteur. J’ai vrai- STUART SAUVE SA FAMILLE de Harold Ramis ils sérieux ou pas ? On ne sait jamais à tourne beaucoup de films ! ment beaucoup d’amour pour lui. quoi s’en tenir avec eux. 1994 Du coup, avez-vous été surpris par Le fait que James Demonaco privilé- IMAGINARY CRIMES d’Anthony Drazan Quel souvenir gardez-vous de votre Staten Island ? gie la spontanéité de la prise aux 1993 expérience de « tree-seating », l’un C’est amusant que vous me posiez répétitions vous convenait-il ? MALCOLM X de Spike Lee des grands moments du film ? cette question car j’y ai retrouvé beau- Il y a parfois des choses que je préfère MR. WONDERFUL d’Anthony Minghella Je crois que je n’oublierai jamais cette coup de voisins d’enfance, qui sont répéter, mais si le réalisateur préfère 1992 expérience, c’était incroyable de se venus m’aborder pendant le tournage. faire sans, cela me va aussi, à condi- THE PLAYER de Robert Altman retrouver perché là-haut. D’ailleurs, je Ils avaient déménagé à Staten Island il tion que je lui fasse confiance à lui et à JFK d’Oliver Stone m’y suis trouvé tellement bien que je y a plus de trente ans, c’était assez son équipe. Cela ne m’a donc posé ne suis pas souvent descendu de mon incroyable de les retrouver à cette aucun problème sur ce film. 1991 arbre pendant le tournage. C’était occasion. J’ai en particulier revu le LE CHOIX D’AIMER de Joel Schumacher beau, calme, personne ne venait nous membre d’un groupe dont je dessinais Quel souvenir gardez-vous aujourd’hui MYSTIC PIZZA de Donald Petrie déranger … les affiches de concert à l’époque : il de ce tournage ? CRUEL DILEMME de Gillian Armstrong m’en a apporté une sur le plateau ! Quand j’y pense, c’est toujours le SIGNS OF LIFE de John David Coles En tant que New-Yorkais, quelle était Moi qui pensais ne connaître per- « tree-seating » qui me revient à l’es- 1988 votre vision de Staten Island avant de sonne à Staten Island, je me suis prit, j’étais tellement bien là-haut ! Cela NUIT DE FOLIE de Chris Columbus 26 faire le film ? retrouvé à y croiser des gens perdus peut paraître bête, mais passer toutes LE SANG DES HÉROS de David Webb Exactement celle qui est décrite dans de vue depuis plus de trente ans : ces heures sur cet arbre s’est vraiment le film (rires)… Staten Island a tou- c’était une vraie surprise. révélé une expérience unique… 1987 FULL METAL JACKET de Stanley Kubrick EXE DP Little NY 30/01/09 12:01 Page 28

C’est sous la direction de John Cassavetes que Seymour Cassel fait ses débuts au cinéma dans Shadows, avant de devenir l’un des acteurs fétiches du réalisateur aux côtés de Peter Falk et Ben Gazzara. De Faces à Meurtre d’un bookmaker chinois en passant par Minnie et Moskowitz, Seymour Cassel compte huit films avec Cassavetes, jusqu’à Love Streams, en 1984. Egalement vu chez Don Siegel, Elia Kazan, Sam Peckinpah ou Dennis Hopper, il est régulièrement sollicité par la jeune génération, notamment Steve Buscemi et Wes Anderson. Avec Little New York, il retrouve les producteurs de Why Not Productions quinze ans après In the soup, signé Alexandre Rockwell.

Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce très solitaire. Le défi consistait à ce scénario ? que son comportement devienne pro- J’ai aimé le scénario dans son ensem- che du sixième sens chez moi. J’ai ble, ainsi que les acteurs avec qui j’al- donc passé un peu de temps à ne pas lais travailler, mais j’y ai surtout vu un répondre aux gens qui me parlaient, à rôle que je n’avais encore jamais eu me contenter de les écouter. Jusqu’au l’opportunité de jouer. Le personnage moment où ils finissaient par me dire de Jasper est assez unique en son « Tu as un problème ? ». « Non ». genre… « Mais tu ne dis rien ». « Je t’écoute, je n’ai rien de particulier à dire pour le Il y a effectivement un vrai challenge moment ». J’ai agi de la sorte jusqu’à à interpréter un sourd-muet : comment ce que cela devienne une seconde vous êtes-vous préparé ? nature chez moi. Une fois sur place, En faisant quelques recherches, je me comme j’étais le seul à loger à Staten suis aperçu que le comportement de Island même, je m’amusais à sortir Jasper était très proche de la réalité : dans la rue avec mon petit carnet, il est rare que les gens soient amenés sans répondre aux gens autrement à apprendre le langage des signes, ce qu’en bougeant la tête : il était très qui explique que Jasper l’utilise si peu intéressant de voir la qualité de leur dans le film, et qu’il s’adresse aux attention à partir du moment où ils mafieux au moyen de petites notes comprenaient que je ne pouvais pas écrites. Il n’engage la conversation parler, la façon dont leur comporte- que si c’est vraiment nécessaire, il a ment changeait. Je me suis beaucoup donc peu d’amis, c’est un personnage amusé à jouer ce rôle ! 28 29 EXE DP Little NY 30/01/09 12:01 Page 30

2009 LITTLE NEW YORK de James Demonaco 2005 LONESOME JIM de Steve Buscemi LA VIE AQUATIQUE de Wes Anderson 2004 DEUX EN UN de Bobby Farrelly Morty O’Reilly 2002 LA FAMILLE TENENBAUM de Wes Anderson SONNY de Nicolas Cage 2001 ANIMAL FACTORY de Steve Buscemi Justement, quelles étaient vos relations BARTLEBY de Jonathan Parker sur le plateau avec Ethan Hawke et THE SLEEPY TIME GAL de Christopher Münch Vincent d’Onofrio ? J’avais déjà joué avec Ethan dans 2000 THE CREW de Michael Dinner Croc-Blanc – il était très jeune à l’épo- 1999 RUSHMORE de Wes Anderson que – et je connais Vincent personnel- 1998 PARRAIN MALGRÉ LUI de Mark Malone lement. J’aime prendre du plaisir THE TREAT de Jonathan Gems quand je travaille : c’est une joie de BALLAD OF THE NIGHTINGALE de Guy Greville-Morris pouvoir faire ce que je fais, notamment 1996 HAPPY HOUR de Steve Buscemi quand j’arrive à surprendre mes parte- DES CHOSES QUE JE NE T’AI JAMAIS DITES naires et à être surpris par eux. C’est d’Isabel Coixet tout l’intérêt du métier, sinon cela peut DEAD GIRL d’Adam Coleman devenir très vite redondant : les ques- tions techniques obligent à refaire 1995 GÉNÉRATION SACRIFIÉE d’Albert Hughes souvent les prises, et on peut vite s’en- 1994 L’EXTRÊME LIMITE de James B. Harris nuyer sans cet élément de surprise. CHASERS de Dennis Hopper 1993 PROPOSITION INDÉCENTE d’Adrian Lyne A quel point la référence à Chaplin vous Votre longue collaboration avec John Que saviez-vous de Staten Island 1992 IN THE SOUP d’Alexandre Rockwell a-t-elle servi pendant le tournage ? Cassavetes influence-t-elle encore avant d’y tourner ? WHAT HAPPENED TO PETE de Steve Buscemi C’était une idée formidable, car je suis beaucoup votre jeu ? Rien, je n’y étais jamais allé, mais le un grand amoureux de Chaplin. Je me Enormément, car il n’est question que quartier s’est révélé très différent de 1991 LES INDOMPTÉS de Michael Karbelnikoff suis particulièrement inspiré du de vérité dans le cinéma de John : la l’image que j’en avais : à l’époque où 1990 DICK TRACY de Warren Beatty Dictateur pour la scène où l’on me voit vérité de l’instant, du moment présent. j’ai grandi à New York, Staten Island 1988 COLORS de Dennis Hopper gagner aux courses. Je me suis De la même façon que dans la vie, on était une décharge ! C’est l’endroit qui demandé à quoi pourrait ressembler réagit en fonction de ce qui se passe avait été choisi pour déverser toutes 1987 LES FILOUS de Barry Levinson mon bonheur si je l’exprimais à la autour de nous, il faut recréer au les ordures de Manhattan, du Bronx, 1985 LOVE STREAMS de John Cassavetes façon de Chaplin dans la séquence où cinéma cette justesse du moment. du Queens… Du coup, j’ai été très sur- 1980 LA FUREUR SAUVAGE de Richard Lang il joue avec le monde. J’ai donc fait L’objectif est de faire en sorte que les pris de voir à quel point le quartier comme si j’avais une balle imaginaire gens vous écoutent vraiment : il arrive avait été construit. On y a même édifié 1978 OPENING NIGHT de John Cassavetes entre les mains. Cela a beaucoup plu à parfois que vos interlocuteurs, dans la un hôtel doté de quatre salles de LE CONVOI de Sam Peckinpah James, et j’aime l’effet que cela pro- vie ou sur un plateau, soit plus réception, qui a accueilli 700 person- 1977 LE DERNIER NABAB d’Elia Kazan duit. J’ai appris avec John Cassavetes concentrés sur eux que sur vous. Dans nes pour un mariage ! VALENTINO de Ken Russell que si l’on utilise quelque chose que ces moments-là, je m’arrête de parler. 1976 MEURTRE D’UN BOOKMAKER CHINOIS l’on a vu chez un acteur, un passant, Non pas parce que je n’ai plus envie Comment décririez-vous la direction de John Cassavetes ou un client dans un restaurant, c’est de parler, mais parce qu’ils ne d’acteurs de James Demonaco ? 1971 MINNIE ET MOSKOWITZ (AINSI VA L’AMOUR) une forme de compliment qu’on lui m’écoutent pas. C’est une question de C’est quelqu’un qui adore les acteurs, de John Cassavetes adresse. C’est donc ce que j’ai fait, en respect. Celui que l’on attend de son qui leur témoigne beaucoup de res- imaginant que cela ferait probable- partenaire, et celui qu’on lui donne : pect et qui a très bien compris que 1968 FACES de John Cassavetes ment rire Chaplin, qu’il apprécierait même si je connais sa réplique, je vais nous sommes tous différents les uns UN SHÉRIF À NEW YORK de Don Siegel 30 que Jasper l’utilise. C’est une scène l’écouter comme si je l’entendais pour des autres. Il sait s’adapter, et il a fait 1962 A PAIR OF BOOTS de John Cassavetes dont je suis très fier. du bon boulot. la première fois. 1961 LA BALLADE DES SANS-ESPOIRS de John Cassavetes 1959 SHADOWS de John Cassavetes EXE DP Little NY 30/01/09 12:01 Page 32

ETHAN HAWKE...... SULLY

VINCENT D’ONOFRIO ...... PARMIE

SEYMOUR CASSEL...... JASPER

JULIANNE NICHOLSON ...... MARY

STEVEN RANDAZZO ...... FRANCO

DOMINIC FUMUSA...... GIAMMARINO

JOHN SHARIAN...... TARQUINO

ROSEMARY DE ANGELIS ...... GIANINA

LYNN COHEN ...... DR. LEFKOVIC

Réalisateur ...... JAMES DEMONACO

Scénariste ...... JAMES DEMONACO

Producteurs ...... LUC BESSON - PIERRE-ANGE LE POGAM PASCAL CAUCHETEUX - SEBASTIEN K. LEMERCIER

Compositeur ...... FREDERIC VERRIERES

Monteurs ...... HERVE DE LUZE - CHRYSTEL DEWYNTER

Directeur de la Photographie ...... CHRIS NORR

Chef décorateur ...... STEPHEN BEATRICE

Chef costumière ...... REBECCA HOFHERR

Casting ...... BETH BOWLING - KIM MISCIA

Directrice de Production ...... GWEN BIALIC

Producteurs exécutifs ...... JOANA VICENTE - JASON KLIOT

INTERVIEW : MATHILDE LORIT AFFICHE : DIMITRI SIMON CRÉATION : CAROLINE SERRA POUR YDÉO PHOTOS : JOJO WHILDEN IMPRESSION : GRAPHIC UNION FÉVRIER 2009 33 © 2008 WHY NOT PRODUCTIONS - EUROPACORP CE DOSSIER N'EST PAS SOUMIS AUX OBLIGATIONS PUBLICITAIRES / HORS COMMERCE EXE DP Little NY 30/01/09 12:01 Page 34