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Enquête publique relative à la demande d’autorisation environnementale présentée par la société Tourrenergies sur le projet de construction et d’exploitation d’une éolienne sur la commune de Freyssenet (Ardèche) du lundi 11 janvier 2021 au lundi 15 février 2021 ***** Rapport du commissaire enquêteur (Hubert GOETZ)

sommaire

1 L’objet de l’enquête et son contexte

2- L’Organisation et le déroulement de l’enquête publique (EP)

3 Le dossier mis à disposition du public

4 L’avis de l’autorité environnementale (la MRAe ARA) et les réponses du responsable du projet

5 la Caractérisation des avis observations et propositions émis dans le cadre de l’enquête publique

6 La teneur des avis observations et propositions émis dans le cadre de l’enquête publique et les réponses apportées par le responsable du projet sur la base du PV de synthèse établi par le CE

7 considérations et appréciations du CE sur les différentes thématiques abordées dans le dossier soumis à enquête publique et les avis qu’il a suscités • La place du projet dans la politique énergétique et la production d’électricité • La qualité du dossier et la démarche ERC • La concertation et l’acceptabilité locale du projet • La dimension économique du projet • Les impacts du projet sur la biodiversité • Les impacts du projet sur les paysages • Les impacts sur la santé humaine • Le démantèlement

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Enquête publique parc éolien de Freyssenet (Ardèche) Décision TA Lyon n°E20000098/69 Rapport du commissaire enquêteur version du 12 mars 2021

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1 L’objet de l’enquête et son contexte

 Le contexte géographique,

La commune de Freyssinet est située à environ 13 kms au sud du centre-ville de (tout en étant limitrophe du territoire de cette ville) dans le département de l’Ardèche. Elle est implantée sur le plateau du Coiron qui est une extension isolée du massif central. Reliée au plateau ardéchois par le col de l’Escrinet et la crête qui rejoint Mézhila, son altitude moyenne est de 795m . Balayé par le vent son paysage rural accueille quelques habitations, des bâtiments agricoles et des éoliennes. Freyssenet compte 49 habitants (soit une densité de 5 habitants au km²), e lle est rattachée à la Communauté d’agglomération Privas centre Ardèche.

 L’enquête publique dans la procédure d’autorisation environnementale

Au sens de l’arrêté du 26 août 2011 (modifié le 22 juin. 2020) relatif aux installations de production d’électricité́ utilisant l’énergie mécanique du vent au sein d’une installation soumise à autorisation au titre de la rubrique 2980 de la législation des ICPE, les éoliennes sont définies comme un dispositif mécanique destiné à convertir l’énergie du vent en électricité́, composé de trois éléments principaux :

• Le rotor qui est composé de trois pales (pour la grande majorité́ des éoliennes actuelles) construites en matériaux composites et réunies au niveau du moyeu. Il se prolonge dans la nacelle pour constituer l’arbre lent. • Le mât est généralement composé de plusieurs tronçons en acier ou d’anneaux de béton surmontés d’un ou plusieurs tronçons en acier. Dans la plupart des éoliennes, il abrite le transformateur qui permet d’élever la tension électrique de l’éolienne au niveau de celle du réseau électrique (ce transformateur peut aussi être localisé au pied du mât, à l’extérieur, de l’éolienne ou dans un local séparé́ de la nacelle). • la nacelle abrite plusieurs éléments fonctionnels : le générateur transforme l’énergie de rotation du rotor en énergie électrique ; le multiplicateur (certaines technologies n’en utilisent pas) ; le système de freinage mécanique ; le système d’orientation de la nacelle qui place le rotor face au vent pour une production optimale d’énergie ; les outils de mesure du vent (anémomètre, girouette) ; le balisage diurne et nocturne nécessaire à la sécurité́ aéronautique.

Plusieurs emprises au sol sont nécessaires pour la construction et l’exploitation des parcs éoliens : • la surface de chantier est la surface temporaire, durant la phase de construction, destinée à certaines manœuvres des engins, au stockage au sol des éléments constitutifs des éoliennes et autres fournitures, et aux bases de vie et de travaux ; • la fondation de l’éolienne : ses dimensions exactes sont calculées en fonction des caractéristiques des aérogénérateurs et des propriétés du sol après étude géotechnique ; • la zone de surplomb ou de survol correspond à la surface au sol, sur 360° autour du mât, au-dessus de laquelle les pales sont situées ; • la plateforme correspond à une surface permettant le positionnement de la grue destinée au montage et aux opérations de maintenance liées aux éoliennes ; sa taille varie en fonction des éoliennes choisies et de la configuration du site d’implantation • les chemins d'accès, qui sont parfois crées pour la construction et l'exploitation du parc éolien. . La règlementation environnementale des établissements industriels susceptibles d'engendrer des risques, des pollutions, des nuisances ou tout autre problème d'environnement est encadrée par la loi du 19 juillet 1976 sur les Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE). Cette règlementation est contrôlée par la DREAL (Direction Régionale de l'Environnement, de l’Aménagement et du Logement), qui assure la police des installations classées pour le compte du Ministère de l'écologie, du développement durable et de l’énergie. L'importance des enjeux d'environnement pour un site industriel est liée au nombre et à la nature des installations qu'il accueille (ateliers, unités, machines, stockages, etc.) susceptibles eux-mêmes de générer des risques et des nuisances. Tous les types d'installations industrielles sont identifiés dans une nomenclature codifiée qui définit en fonction des seuils d'importance, trois niveaux de contraintes (classement) dont le niveau A (installations soumises à autorisation.

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La rubrique 2980 de cette nomenclature stipule que les « Installation terrestre de production d’électricité à partir de l’énergie mécanique du vent et regroupant un ou plusieurs aérogénérateurs comprenant au moins un aérogénérateur dont le mât a une hauteur supérieure ou égale à 50 m » relève du niveau A et font donc l’objet d’une procédure d’autorisation au titre des Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE).Tel est le cas du projet d’éolienne à Freysssenet

La procédure d’autorisation au titre des ICPE est intégrée à celle d’’autorisation environnementale. Cette dernière inclut l’ensemble des prescriptions des différentes législations applicables et relevant des différents codes :

• Code de l’environnement : autorisation au titre des installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE) ou des installations, ouvrages, travaux et activités (IOTA), autorisation spéciale au titre de la législation des réserves naturelles nationales ou des réserves naturelles de Corse, autorisation spéciale au titre de la législation des sites classés, dérogations à l’interdiction d’atteinte aux espèces et habitats protégés, agrément pour l’utilisation d'organismes génétiquement modifiés (OGM), agrément des installations de traitement des déchets ; déclaration IOTA ; enregistrement et déclaration ICPE. • Code forestier : autorisation de défrichement. • Code de l’énergie : autorisation d’exploiter les installations de production d'électricité. • Code des transports, code de la défense et code du patrimoine : autorisation pour l’établissement d’éoliennes.

L'autorisation est demandée en une seule fois par le maître d'ouvrage. Il dispose d’un interlocuteur unique qui pour les projets qui relèvent principalement du régime des installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE) est la DREAL . Tel est le cas du projet d’éolienne à Freyssenet

L'instruction de la demande d'autorisation environnementale se déroule en trois phases • La phase d’examen • La phase d’enquête publique (qui fait l’objet du présent rapport) • La phase de décision

Le dépôt du dossier sous format électronique et papier lance la phase d'examen qui comprend : • L'instruction interservices • Les consultations obligatoires des instances et commissions concernées • L'avis de l' autorité environnementale en cas d' étude d'impact (ce qui est le cas pour Le projet au titre de l’article R122.2 du code de l’environnement est soumis à une étude d’impact et cette étude doit être soumise à l’Avis de l’Autorité́ Environnementale . L'étude d’impact doit analyser tout autant l’éolienne elle-même que son fonctionnement

A l'issue de cette phase, soit le dossier est déclaré complet et régulier et il passe en phase d'enquête publique (ce qui est le cas du présent dossier) soit la demande peut directement être rejetée par le Préfet, dans certains cas particuliers prévus par le code de l'environnement

L’ article L.123-1 du code de l’environnement stipule : « L’enquête publique a pour objet d’assurer l’information et la participation du public ainsi que la prise en compte des intérêts des tiers lors de l’élaboration des décisions susceptibles d’affecter l’environnement mentionnées à l’article L.123-2. Les observations et propositions parvenues pendant le délai de l’enquête sont prises en considération par le maître d’ouvrage et par l’autorité ́ compétente pour prendre la décision »

La phase d'enquête publique comprend l'ouverture d'une enquête publique de 30 jours minimum avec, en parallèle, la consultation des collectivités locales et de leurs groupements concernés.

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Cette phase, qui s'étend sur environ 3 mois, aboutit à la rédaction d'un rapport par le commissaire enquêteur , avec des conclusions motivées, et s'achève avec la mise à disposition du public de ce document. La phase de décision (qui s’enclenchera donc à l’issue de l’enquête publique qui fait l’objet du présent rapport) comprendra :

• La consultation facultative du conseil départemental de l'environnement et des risques sanitaires et technologiques (CODERST) ou de la commission départementale de la nature des sites et des paysages (CDNPS). La pratique en Ardèche est de consulter systématiquement la CDNPS pour les proejts éoliens. • L'élaboration du projet de décision. • La signature de l'arrêté préfectoral et la réalisation des mesures de publicité. Cette phase durera 3 mois en cas de consultation du CODERST ou de la CDNPS. A noter que le silence de l'administration vaut rejet de la demande.

L’Arrêté du 26 août 2011 relatif aux installations de production d'électricité utilisant l'énergie mécanique du vent au sein d'une installation soumise à autorisation au titre de la rubrique 2980 de la législation des installations classées pour la protection de l'environnement a été actualisé en 2020. Il fixe des règles à appliquer sur la construction l’exploitatin et le démantèlement des éolienens

 Le SRADDET le SCoT et le PCAET

Le SRADDET vient se substituer à compter de son approbation aux schémas préexistants suivants : schéma régional climat air énergie (SRCAE), schéma régional de l’intermodalité́, plan régional de prévention et de gestion des déchets (PRPGD), schéma régional de cohérence écologique (SRCE). Les SCoT (à défaut PLU(i), cartes communales ou les documents en tenant lieu), ainsi que les PDU, PCAET et chartes de PNR doivent prendre en compte les objectifs du SRADDET et être compatibles avec les règles du SRADDET

Le Schéma Régional d’Aménagement de Développement Durable et d’Égalité des Territoires (SRADDET) Auvergne-Rhône-Alpes a été adopté par le Conseil régional les 19 et 20 décembre 2019 et a été approuvé par arrêté́ du préfet de région le 10 avril 2020. Le SRADDET ARA fixe des objectifs de moyen et long termes sur le territoire de la région pour 11 thématiques dont la maîtrise et valorisation de l’énergie, la lutte contre le changement climatique, laprotection et restauration de la biodiversité,….). Il est composé d’un rapport d’objectifs (61 objectifs opérationnels), d’un fascicule de règles avec un tome de règles générales (43 règles) et un tome de règles spécifiques pour le volet déchets, et de plusieurs annexes. La règle 28 concerne la prductin d’énergie renouvelable dans les zones d’activité. La règle 30 développement maitrisé de l’énergie éolienne stipule

« au regard des impacts paysagers et sur la biodiversité, il convient de mieux maitriser le développement des parcs éoliens. Pour ce faire, les documents de planification et d’urbanisme, devront définir des stratégies de développement de l’éolien qui prendront en compte les enjeux liés à la protection des paysages et du patrimoine bâti, du foncier et de la biodiversité (notamment au sein de ses composantes de la trame verte et bleue) qui distingueront les installations industrielles et domestiques et qui inciteront au recours à des financements participatifs. En termes de bonne pratique, ces stratégies pourraient utilement être élargies à tous types d’énergie renouvelable. Par ailleurs afin de favorise une meilleure acceptation sociale des projets les demandes d’implantation seront transmises au Préfet après sollicitation de l’avis de toutes les collectivités impactée au titre de la réglementation en vigueur pour les projets éoliens. Une attention particulière devra être apportée à la concertation et à la pédagogie sur ces projets »

Le SRADDET n’a donc de portée pour l’instruction des projets éoliens que via les documents de planification et d’urbanisme, or la commune de Freynesset est incluse dans le périmètre du futur SCoT Ardèche centre mais celui est en cours d’élaboration et donc non opposable et elle ne dispose pas de PLU(i).

Le PCAET (Plan Climat Air Enegie) est un projet territorial de développement durable. A la fois stratégique et opérationnel, il prend en compte l’ensemble de la problématique climat-air-énergie autour de plusieurs axes d’action concernant la réduction

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des émissions de GES, l’adaptation au changement climatique, la sobriété énergétique, la qualité de l’air, le développement des énergies renouvelables

La mise en place des PCAET est confiée aux EPCI à fiscalité propre de plus de 20 000h et la Communauté d'Agglomération Privas Centre Ardèche a engagé cette démarche. Sur son site internet elle indique : « Afin de jouer un rôle majeur dans la lutte contre le changement climatique, la Communauté d’Agglomération Privas Centre Ardèche s’est engagée dans une démarche Territoire à Energie POSitive (TEPOS) et dans l’élaboration d’un « Plan Climat Air Energie territorial » (PCAET) ». Contactés par le CE les services de la communauté d’agglomération ont précisé « nous avons réalisé le diagnostic territorial, l'évaluation environnementale stratégique et le plan d'action. Ces documents devraient être approuvé au conseil communautaire de mars puis il sera soumis à avis de la mission régionale d’autorité environnementale, du Préfet de région, du Président du conseil régional et à nouveau à consultation publique. Une fois les avis pris en compte il sera approuvé par le conseil communautaire entre juin et septembre

Enfin on notera que si la commune de Freyssennet est rattachée à la Communauté d’agglomération Privas centre Ardèche, elle a gardé la compétence urbanisme. Elle n’est pas dotée d’une carte communale ou d’un PLU et c’est le RNU qui s’y applique.

 l’éolien

La Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) » (PPE) est un document stratégique de pilotage de la transition énergétique en qui a été instituée par la loi de transition énergétique (TECV) ; elle fixe une trajectoire pour le mix énergétique ainsi que « les priorités d'action pour la gestion de l’ensemble des formes d'énergie sur le territoire métropolitain continental, afin d’atteindre les objectifs nationaux fixés par la loi ». Elle prévoit d’une part de poursuivre et accélérer la dynamique de baisse des consommations pour assurer la neutralité carbone, car les gisements d’énergie décarbonée, notamment de biomasse, ne suffiront pas pour substituer la consommation actuelle d’énergies fossiles et d’autre part d’accélérer le rythme de développement des énergies renouvelable .

Ainsi , la PPE d’avril 2020 prévoit une neutralité́ carbone en 2050 et une augmentation de capacité́ de production de l’éolien passant de à 24,1GW en 2023 puis 33,2 à 34,7 GW en 2028 . A fin 2020 le parc éolien terrestre installé est de 17,6GW (source RTE) et sa croissance tendancielle ne laisse pas espérer une atteinte facile de l’objectif pour 2023 (1,1GW créés en 2020 alors que 2,2 annuels seraient nécessaire) . Le projet éolien s’inscrit dans le cadre du développement projeté par la PPE

 Le projet

L’éolienne est projetée sur une parcelle agricole à proximité du col de Benas (sur la RD7) et situé à 535 mètres du bourg et 530 mètres du hameau le plus proche. Le projet (plateforme, chemin prolongeant l’accès existant depuis la RD 224, post de livraison) occupera une surface de 4539 m2. L’éolienne de type Enercon E82présente les caractéristiques suivantes : hauteur totale de 119,33 mètres, hauteur au moyeu de 78,33 mètres, rotor de 82 mètres de diamètre, puissance de 2,3 MW, production annuelle 6.8882 MWh (durée de fonctionnement moyenne de 2.992 heures par an), fondations circulaires (20 mètres de diamètre maximal, base entre 3 et 5 mètres de profondeur en fonction des études géotechniques). Le raccordement au réseau n’est pas arrêté de façon définitive mais est actuellement prévu via une extension souterraine jusqu’à la RD 124 puis en empruntant les réseaux électriques existants et le poste source de Privas sur la RD224 qui dispose à priori d’une capacité encore disponible suffisante. La durée de vie estimée est de 20 ans minimum.

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Le secteur est concerné par plusieurs parcs éoliens existants ou projetés

• Le parc éolien du Serre des Fourches, également situé sur la commune de Freyssenet, comportant une éolienne et situé à l’ouest du terrain d’assiette du projet. Il a été mis en service en 2003 et est exploité par la société le Cercle des Amis du Vent. • Le parc éolien de Freyssenet (également dénommé de Malescot) , comportant cinq éoliennes, et situé immédiatement à l’Est du terrain d’assiette du projet. Il a été mis en service en 2006 et est exploité par la société EDF Énergies Nouvelles. • Le parc éolien de Niolans, situé à proximité de celui du Serre des Fourches, également sur la commune de Freyssenet, comportant une éolienne et situé à l’ouest du terrain d’assie:e du projet. Il a été mis en service en 2016 et est exploité par la SARL Niolans . • Le parc éolien de , commune située à l’est de Freyssenet, autorisé et devant comporter trois éoliennes. Il n’a pas encore été mis en service et sera exploité par la société EDF Énergies Nouvelles.

2- L’Organisation et le déroulement de l’enquête publique (EP)

La désignation du commissaire enquêteur

Suite à la demande du Préfet de l’Ardèche, le président du Tribunal Administratif (TA) de Lyon a par arrêté N°E20000098/69 du 17 septembre 2020 désigné Monsieur Hubert GOETZ en qualité de de commissaire enquêteur (ci-après désigné CE) pour l’enquête publique relative à l’autorisation environnementale sollicitée par la SARL Tourrenergies en vue de la création d’un parc éolien sur le territoire de la commune de Freyssenet. Cette décision a été notifiée le 17 septembre 2020 au Préfet de l’Ardèche et au CE. Ce dernier en a accusé réception le 25 septembre 2020 et a retourné au TA la déclaration sur l’honneur attestant ne pas avoir été amené à connaitre, soit à titre personnel soit à titre professionnel quelconque, du projet soumis à enquête publique et pouvoir ainsi être désigné en qualité de commissaire enquêteur sans que soient méconnues les dispositions des articles L123-5 et R123-4 du Code de l’environnement.

Les contacts et réunions préalables à l’enquête et les modalités retenues

Dès octobre 2020 j’ai pris l’attache des services de la préfecture de l’Ardèche, de l’inspecteur de installations classées en charge du dossier au sein de la DREAL ARA, du responsable du projet et du maire de Freyssenet pour de premiers échanges oraux. Je suis ensuite resté en contact régulier avec ces interlocuteurs (par messagerie électronique ou par téléphone). Une rencontre en mairie de Freyssenet le 7 décembre 2021 avec M. le Maire et le responsable du projet a été suivie d’un déplacement sur le terrain (notamment sur le lieu d’implantation de l’éolienne). Ces contacts ont permis d’évoquer le contexte juridique et local du projet, les modalités de l’enquête, l’historique et les caractéristiques du projet. Le lancement effectif de l’enquête était conditionné au bon avancement de l’instruction du dossier d’autorisation environnementale et plus particulièrement à la prise en compte des observations de la DDT et de l’autorité environnementale appelée à donner son avis. Dans ce cadre, divers compléments ont été apportés au dossier et ce n’est que mi-décembre 2020 que celui-ci a été considéré comme suffisamment complet et stabilisé pour lancer l’enquête publique (EP). Les dates de l’EP ont les dates ont été fixées afin de tenir compte de la période des fêtes de fin d’année et des délais nécessaires pour mener à bien es procédures de publication et de diffusion du dossier aux mairies des communes concernées.

Le préfet de l’Ardèche a, par arrêté n°SGAD-07-2020-350-001 du 15 décembre 2020, retenu les modalités suivantes :

• L’enquête se déroulant du 11 janvier 2021 au lundi 15 février 2021 (soit pendant 36 jours consécutifs) • Le siège de l’enquête publique est fixé en mairie de la commune de Freyssinet où sont mis à disposition du public un dossier d’enquête et un registre d’enquête 10

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• Le dossier est consultable aux heures d’ouverture de la mairie et en version électronique du le site internet des services de l’État http://www.ardeche.gouv.fr/societe-tourrenergies-a-freyssenet-a10173.html • L’avis d’enquête sera publié au moins 15 jours avant l’ouverture de l’enquête et pendant toute la durée de celle-ci par les maires des communes situées dans rayon de 6 kilomètres à partir de l’installation projetée (, Berzème, Darbes, Goudon, , Mirabel, Privas, Pourchères, Rochessauve, Saint-Etienne de Boulogne, Saint-Gineys-En- Coirons, ; Saint-Laurent-Sous-Coiron, Saint-Pierre-La Roche, Saint-Priest, , , Veyras) et sur les lieux du projet par son responsable • Dans un délai de huit jours communication par le CE au responsable du projet d’un procès-verbal de synthèse consignant les observations du public, le responsable du projet disposant alors d’un délai de 15 jours pour produire ses observations éventuelles au dans un procès-verbal de synthèse • Dans un délai de trente jours à compter de la clôture de l’enquête transmission par le CE au préfet de l’Ardèche de son rapport, ses conclusions motivées, le dossier d’enquête déposé au siège de l’enquête, le registre et l’ensemble des pièces annexées (le CE adressant simultanément et au président du TA copie de son rapport et de ses conclusions motivées).

Le déroulement de l’enquête publique (ci-après EP)

 L’information du public et la publicité

Le Préfet de l’Ardèche a par courrier du 15 décembre 2020 transmis aux maires du périmètre concerné l’avis d’information du public pour affichage du 24 décembre au plus tard jusqu’à la fin de l’enquête et s’est ensuite assuré de l’effectivité de cet affichage. ; ce même courrier demandait aux maires de faire connaître leur avis le 2 mars 2021 au plus tard. La publication dans la presse agréée a été assurée en respectant les délais et formes réglementaires (l’article R. 123-11.-I. du code de l’environnement précisant « Un avis portant les indications mentionnées à l'article R. 123-9 à la connaissance du public est publié en caractères apparents quinze jours au moins avant le début de l'enquête et rappelé dans les huit premiers jours de celle-ci » • Première publication de l’avis dans le Dauphiné Libéré du mardi 22 décembre 2020. • Première publication de l’avis dans l’Avenir agricole du jeudi 24 décembre 2021 • Seconde publication de l’avis dans le Dauphiné Libéré vendredi 15 janvier 2021 • Seconde publication de l’avis dans l’Avenir agricole du jeudi 14 janvier 2021

Le dossier d’enquête a été mis en ligne sur le site internet des services de l’Etat de l’Ardèche http://www.ardeche.gouv.fr/societe-tourrenergies-a-freyssenet-a10173.html. J’ai constaté que ce site internet était opérationnel et ergonome.

L’affichage de l’avis d’EP sur le terrain a été assuré.

 Le déroulement des permanences, la collecte des avis émis par courrier papier ou par courrier électronique (« courriel »)

Les permanences se sont déroulées conformément aux stipulations de l’arrêté du 15 décembre 2020 et m’ont permis de recevoir 14 personnes (dont 3 couples ou duos)

Permanence Personnes reçues Observations Lundi 11 janvier 2021 de 10h00 à 12h30 M. Perrinet Guy Est favorable au projet (la Chapelle sous A remis un courrier annexé au présent rapport )

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Lundi 18 janvier. 2021 de 14h00 à 16h00 Néant

Lundi 25 janvier 2021 de 14h00 à 16h00 M.Charousset Est favorable au projet () A remis un courrier

Lundi 15 février 2021 de 14h00 à 16h00 M de Segonzac Est défavorable au projet (impact sur le paysage, (Beautheac) réticences locales, multiplication des projets,..) N’a pas transmis son avis par écrit

M.Tessier Est favorable (énergie renouvelable, impact (Berzème) économique positif, tous les gens favorables n’osent pas s’exprimer,.)

M. et Mme Breysse Sont favorables au projet (la Bégude) Ont remis un courrier

Mme Rancin et son fils Sont favorables au projet et ont remis un courrier Mathieu manuscrit

M.Vidal Pierre et Mme L’association est défavorable au projet et a Drouard Dominique commenté un courrier déjà transmis sur le site représentants internet de la préfecture et qui développe en l’association « Coiron à détail diverses considérations relatives au venir » paysage, à l’impact économique et social aux nuisances …. (un article du Dauphiné Libéré faisant état de la position de l’association m’a été communiqué )

M.Magnan Jacques S’inquiétait du projet dont il pensait après avoir (Sceautres) vu cette information sur internet que le projet portait sur 70 éoliennes (il est finalement rassuré qu’il n’y ait qu’une seule éolienne); N’a pas remis de courrier et n’a finalement pas exprimé d’avis tranché

M.Arnaud Jacques Est défavorable (pour de nombreux motifs, (Freyssenet) développe celui relatif aux impacts sur la population et le manque de concertation A remis un courrier

Mme Robin Mireille Est venue se renseigner plus précisément sur le (Freyssenet) projet. La ferme encore occupée par son père (ancien maire de Freyssenet) est proche d’une éolienne existante et exposée au bruits et vibrations (surtout par vent du nord) et impactée 12

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par les effets stroboscopiques. Elle s’inquiète de l’impact sur des terres plus proches du centre qu’elle possède.. Nous avons consulté ensemble le dossier notamment les photos montage et elle le consultera sur internet.

Est défavorable au projet. (impact sur le paysage M.Coing Florent et l’attractivité, cela compromet les efforts (Freyssenet) d’embellissement, avait refusé d’accueillir eun éolienne sur ses terrains, les éoliennes trouveraient mieux leur place à d’autres endroits) A exprimé verbalement son avis (pas de confirmation écrite)

Les autres avis ont été reçus par voie électronique (sur le sie de la préfecture ou en mairie) et par courrier reçu en mairies (voiir le détail ci-après)

 Le climat dans lequel s’est déroulé l’enquête

L’enquête s’est déroulée dans un bon climat et n’a donné lieu à aucun incident. Les avis sont souvent très tranchés, ils sont exprimés dans des termes mesurés essentiellement lorsque les avis sont favorables alors que des expressions radicales sont très fréquentes dans les avis défavorables (« prétexte hypocrite et mensonger » « mépris le plus cynique » « Ce chiffre est totalement délirant » « c'est uniquement l'appât du gain ») Plusieurs avis exprimés verbalement et/pour par écrit ont fait état des tensions générées par des projets antérieurs qui seraient restées encore présentes même si elles se sont apaisées et que le projet risque de réactiver. Mes consultations sur internet m’ont permis de constater que le projet est mentionné sur le site de l’association Eole07(avec un lien vers le site de la préfecture). Un article de presse (le Dauphiné Libéré) paru en février relaie la position de l’association « Coiron à venir » sous le titre « Privas : Pierre Vidal ne veut pas du projet d’éoliennes du col du Bens » Les échanges avec le public ont été conditionnés notamment par le contexte particulier de mesures et recommandations sanitaires liées à la pandémie du COVID19. Si les contraintes qui en découlent (couvre-feu, distanciation physique,) n’ont pas empêché la tenue des permanences elles ont vraisemblablement eu un impact sur leur fréquentation des permanences. Ainsi j’ai reçu seulement 14 personnes en mairie, essentiellement lors de la dernière permanence tenue le 15 février (jour de clôture de l’enquête). Ces entretiens ont eu lieu dans un climat serein. J’ai le sentiment que le public rencontré percevait bien les enjeux et particularités de la procédure ainsi que le rôle des intervenants. Les avis ont essentiellement été émis par voie électronique ou par courrier papier (voir ci-après)

 L’absence de réunion d’information et d’échange avec le public

Il ne m’est pas apparu utile d’organiser une réunion d’information du public (qui a pu largement s’exprimer et avait accès aux informations relatives au projet) d’autant plus que le contexte de pandémie ne s’y prêtait pas ; personne n’en a d’ailleurs exprimé ce besoin (la thématique de la concertation préalable à l’enquête publique est abordée dans la suite du rapport, alors que de nombreux avis ont critiqué l’absence d’une telle concertation)

 Les échanges avec le responsable du projet, la municipalité et les services de l’Etat pendant l’enquête Les contacts avec les services de l’Etat (préfecture, DREAL,DDT), la municipalité, le responsable du projet et ses bureaux d’étude ont été fluides et constructifs ; mes interlocuteurs ont fait preuve d’une grande disponibilité et réactivité en répondant à mes diverses interrogations et en me transmettant les éléments que j’ai eu l’occasion de leur demander.

J’ai notamment eu divers échanges ou en mairie avec le responsable du projet et M.le Maire que ce soit lors de mes permanences, par téléphone, ou lors de réunions et rencontres. Ainsi une réunion tenue en mairie le lundi 7 décembre 2020 après-midi, à laquelle participaient M. Tourre, le propriétaire du terrain concerné (Emmanuel Mommée) et M. le Maire de

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Freyssenet a été consacrée à une présentation du projet, de son contexte, de la procédure (et de ses suites), à une visite du site d’implantation de l’éolienne et des environs. Je le suis rendu sur le site et ses environs à plusieurs reprises public et de moi-même.

 La clôture de l’enquête, et les modalités de transfert des données et du registre

J’ai récupéré le registre d’enquête (qui ne comportait aucune observation manuscrite) et les derniers courriers le lundi 15 février en mairie et ai prononcé la clôture du registre le même jour). A la date du 15 février 2021 je disposai donc de l’ensemble des observations et propositions du public formulées sous diverses formes:

• 194 avis par courrier électronique reçus en préfecture puis mis en ligne sur le site ad-hoc (et que la préfecture me transmettait régulièrement par courriel) • 65 avis par courrier papier ou électronique reçus au siège de l’enquête (en marie de Freyssenet) • 5 propositions ou observations exprimées uniquement sous forme verbale sans confirmation écrite

Par ailleurs j’ai pris connaissance des avis (20 favorables, défavorable qui a aussi été exprimé sur le site internet de la préfecture) que le porteur du projet a annexé en réponse à l’avis de la MRAe après avoir contacté les habitants des hameaux proches du projet.

L’ensemble de ces éléments sont analysés dans la suite du présent rapport.

Par ailleurs 6 avis sont parvenus par courrier électronique à la préfecture hors délais.

 L’établissement du procès-verbal de synthèse et la collecte des observations du responsable du projet

Après clôture du registre d'enquête intervenue le 15 février 2021, j’ai rédigé un procès-verbal de synthèse (ci-après PV) , résumant l’objet de l’enquête son déroulement et présentant l’ensemble des observations émises sur le projet (par moi-même et le public). J’ai présenté et commenté ce PV au porteur de projet le mardi 23 février lors d’une réunion à laquelle a participé M. le maire (donc en respectant le délai maximum de huit jours fixé par l’article R123-18 du Code de l’environnement), en commentant ce document. Ce PV était présenté de façon à permettre à d’y insérer ses réponses à la suite de chacune des observations et demandes qui avaient été regroupées par thème par mes soins.

Le responsable du projet m’a retourné ses réponses et observations le 26 février et les a complétées le 2 mars (le tout donc en respectant le délai maximum de 15 jours fixé par l’article R123-18 du Code de l’environnement). L’ensemble de ces éléments sont présentés dans la suite du présent rapport (voir §5 ci-après).

 Les avis des conseils municipaux et des communautés de commune

Seules 3 délibérations sont parvenus dans les délais fixés (avant le 2mars) communes : Avis défavorable du CM d’Alissas, d Avis défavorable du CM de Sont-Pierre La Roche, Avis favorable du CM de Veyras. Le CM de Bezéme s’est prononcé défavorablement dans une délibération parvenue hors délais.

3 Le dossier mis à disposition du public

Le dossier est constitué essentiellement de pièces correspondant au dossier de demande d’autorisation environnementale déposée en janvier 2019 auprès du préfet de l’Ardèche dossier qui a depuis fait l’objet de divers compléments et modifications. 14

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L’instruction de ce dossier a en effet donné lieu à des échanges entre le service instructeur (la DREAL ARA Auvergne-Rhône- Alpes) les services consultés et le responsable du projet. Il intègre les modifications découlant de ces échanges et de l’avis de l’autorité environnementale (la MRAe ARA). Je considère que ce dossier d’un volume important (ce qui n’est pas propre à cette opération mais est dû à la sensibilité du projet et aux exigences du cadre réglementaire qui s’applique à lui) est présenté de façon à le rendre aisément consultable et compréhensible.

Il comporte les pièces suivantes

• Description de la demande • Plans réglementaires • Note de présentation non technique • résumé non technique de l’étude d’impact • Étude d’impact • annexes à l’étude l’impact • résumé non technique de l’étude de dangers • Demandes de compléments • Réponses aux demandes de complément • Avis des services • Avis de l’autorité environnementale • Réponse du pétitionnaire à l’autorité environnementale

 La description de la demande (46 pages en version papier) présente • le cadre règlementaire au titre de la réglementation sur les installations classées et de l’enquête publique, • le demandeur et ses capacités techniques et financières, • le projet architectural • les activités exercées sur le site • les modalités de démantèlement et de remise en état • la constitution des garanties financières • une bibliographie et des annexes

Je retiens de ces éléments que : • Le porteur du projet est une petite société mais qui présente depuis sa création en 2011 une certaine expérience dans les activités en lien avec les énergies renouvelables en tant qu’actionnaire unique ou minoritaire de 3 installations photovoltaïques et de 2 éolienne.s • La fourniture la mise en place puis la maintenance de l’installation sera assurée par la société Enercon • Le projet correspond à un investissement de 3M€, les garanties financières nécessaires sont estimées à 53 .925€ • L’éolienne est projetée sur un des parcelles agricoles à proximité du col de Benas (sur la RD7) et situé à 535 mètres du bourg et 530 mètres du hameau le plus proche. • Le projet (plateforme, chemin prolongeant l’accès existant depuis la RD 224, post de livraison) occupera une surface de 4539 m2. • L’éolienne de type Enercon E82 présente les caractéristiques suivantes : hauteur totale de 119,33 mètres, hauteur au moyeu de 78,33 mètres, rotor de 82 mètres de diamètre, puissance de 2,3 MW, production annuelle 6.8882 MWh (durée de fonctionnement moyenne de 2.992 heures par an) , fondations circulaires (20 mètes de diamètre maximal, base entre 3 et 5 mètres de profondeur en fonction des études géotechniques). • Le raccordement n’est pas arrêté de façon définitive mais est actuellement prévu via l’extension souterraine jusqu’à la RD 124 puis en empruntant les réseaux électriques existants e poste source de Priva sur la RD224 qui dispose à priori d’une capacité encore disponible suffisante. • La durée de vie estimée est de 20 minimum

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 les plans réglementaires ; Il s’agit en fait du plan de situation et d’un plan masse (de nombreux autres plans sont intégrés aux autres pièces du dossier)

 la Note de présentation non technique (47 pages en version papier) Ce document reprend en grande part les éléments de la pièce « description de la demande » et comporte la présentation succincte du projet de son environnement et de ses acteurs, des garanties financières, et précise la constitution du dossier

 Le résumé non technique de l’étude d’impact sur l’environnement et la santé (46 pages en version papier) Il s’agit d’un résumé de l’étude d’impact qui elle -même est développée en 2 fascicules très volumineux (pièce 4a et 4b) et permet d’appréhender l’essentiel des impacts du projet. A ce titre il présente :

• Le contexte • La justification du choix du projet • L’analyse du milieu physique • L’analyse du milieu naturel • L’analyse du milieu humain.

Appréciation du commissaire enquêteur Ce résumé me paraît résumer de façon fidèle et pédagogique l’étude d’impact environnementale qui appelle elle-même des observations qui sont présentées dans la suite du présent rapport

 l’étude d’impact (449 pages) et ses annexes

Rappel du cadre juridique

L’étude d’impact sur l’environnement et la santé constitue une pièce essentielle du dossier. L’article L122-1 du Code de l’Environnement, modifié par l’Ordonnance n°2017-80 du 26 janvier 2017, relatif à l’évaluation environnementale rappelle notamment que : « Les projets qui, par leur nature, leur dimension ou leur localisation, sont susceptibles d'avoir des incidences notables sur l'environnement ou la santé humaine font l'objet d'une évaluation environnementale en fonction de critères et de seuils définis par voie règlementaire et, pour certains d'entre eux, après un examen au cas par cas effectué par l'autorité ́ environnementale. [...] L'évaluation environnementale est un processus constitué de l'élaboration, par le maître d'ouvrage, d'un rapport d'évaluation des incidences sur l'environnement, dénommé ́ ci-après " étude d'impact " ». Selon l’annexe II de la directive 2011/92/UE du 13 décembre 2011, les installations destinées à l’exploitation de l’énergie éolienne pour la production d’énergie (parcs éoliens) sont de manière systématique soumises à évaluation environnementale. L’étude d’impact a pour objectif de situer le projet au regard des préoccupations environnementales. Conçue comme un outil d’aménagement et d’aide à la décision, elle permet d’éclairer le Maître d’Ouvrage sur la nature des contraintes à prendre en compte en lui assurant le contrôle continu de la qualité́ environnementale du projet. L’étude d’impact sur l’environnement et la santé des populations est un instrument essentiel pour la protection de la nature et de l’environnement. Elle consiste en une analyse scientifique et technique des effets positifs et négatifs d’un projet sur l’environnement. Cet instrument doit servir à la protection de l’environnement, à l’information des services de l’Etat et du public, et au Maître d’ouvrage en vue de l’amélioration de son projet En application de l’article R.122-5 du Code de l’Environnement, modifié par le décret n°2017-626 du 25 avril 2017, l'étude d'impact présente successivement : Une description du projet comportant notamment : Une description de la localisation du projet ; Une description des caractéristiques physiques de l'ensemble du projet ; une description des principales caractéristiques de la phase opérationnelle du projet, une estimation des types et des quantités de résidus et d'émissions attendus

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Un « scenario de référence » qui décrit les aspects pertinents de l’état actuel de l’environnement et de leur évolution en cas de mise en œuvre du projet ainsi qu’un aperçu de l’évolution probable de l’environnement en l’absence de mise en œuvre du projet ; Une description des facteurs mentionnés au III de l'article L.122-1 du Code de l’Environnement susceptibles d'être affectés de manière notable par le projet que leurs interactions correspondant à l’analyse de l’état initial de la zone et des milieux susceptibles d’être affectés par le projet ; Une description des incidences notables que le projet est susceptible d'avoir sur l'environnement résultant, entre autres : de la construction et de l'existence du projet, y compris, le cas échéant, des travaux de démolition ; de l'utilisation des ressources naturelles, en particulier les terres, le sol, l'eau et la biodiversité́, en tenant compte, dans la mesure du possible, de la disponibilité́ durable de ces ressources ; de l'émission de polluants, du bruit, de la vibration, de la lumière, la chaleur et la radiation, de la création de nuisances et de l'élimination et la valorisation des déchets ; des risques pour la santé humaine, pour le patrimoine culturel ou pour l'environnement ; du cumul des incidences avec d'autres projets existants ou approuvés, en tenant compte le cas échéant des problèmes environnementaux relatifs à l'utilisation des ressources naturelles et des zones revêtant une importance particulière pour l'environnement susceptibles d'être touchées. Ces projets sont ceux qui, lors du dépôt de l'étude d'impact ont fait l'objet d'une étude d'incidence environnementale au titre de l'article R.181-14 et d'une enquête publique ou l'objet d'une évaluation environnementale et pour lesquels un avis de l'autorité́ environnementale a été́ rendu public ; des incidences du projet sur le climat et de la vulnérabilité́ du projet au changement climatique ; Une description des incidences négatives notables attendues du projet sur l'environnement qui résultent de la vulnérabilité́ du projet à des risques d'accidents ou de catastrophes majeurs en rapport avec le projet concerné. Cette description comprend le cas échéant les mesures envisagées pour éviter ou réduire les incidences négatives notables de ces évènements sur l'environnement et le détail de la préparation et de la réponse envisagée à ces situations d'urgence ; Une description des solutions de substitution raisonnables qui ont été́ examinées par le maître d'ouvrage, en fonction du projet proposé et de ses caractéristiques spécifiques, et une indication des principales raisons du choix effectué, notamment une comparaison des incidences sur l'environnement et la santé humaine ; Les mesures prévues par le maître de l'ouvrage pour : Éviter les effets négatifs notables du projet sur l'environnement ou la santé humaine ; Réduire les effets n'ayant pu être évités ; Compenser , lorsque cela est possible, les effets négatifs notables du projet sur l'environnement ou la santé humaine qui n'ont pu être ni évites ni suffisamment réduits. S'il n'est pas possible de compenser ces effets, le maître d'ouvrage justifie cette impossibilité́. Le cas échéant, les modalités de suivi des mesures d'évitement, de réduction et de compensation proposées ; Une description des méthodes de prévision ou des éléments probants utilisés pour identifier et évaluer les incidences notables sur l'environnement ; Les noms, qualités et qualifications du ou des experts qui ont préparé́ l’étude d’impact et les études ayant contribué́ à sa réalisation ;

L’étude d’impact présente • L’état initial de l’environnement • Le scénario de référence et l’évolution de l’environnement • Les variantes et justifications du projet • La description du projet • Les impacts et mesures • L’analyse des méthodes utilisées et difficultés rencontrées

Les études environnementales ont été conduites au sein d’une aire d’étude immédiate d’un rayon d’un kilomètre autour de la zone d’implantation potentielle du projet (ZIP), d’une aire d’étude rapprochée d’un rayon 1 à 10 kilomètres autour de la ZIP, et d’une aire d’étude éloignée d’un rayon de 10 à 20 kilomètres.

Les inventaires naturalistes les plus détaillés ont été réalisés à proximité du projet. , et l’évaluation de l’incidence du cumul des parcs éoliens existants a été réalisée à une échelle plus large. Pour les paysages les aires d’étude ont été définies notamment en fonction du relief et des possibilités de vue sur la future éolienne et ne correspondent pas à des cercles

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La zone d’implantation potentielle (ZIP) a été définie à partir de cercles d’évitement des zones habitées de 500 m. Toutes les parcelles concernées par l’implantation de l’éolienne, du poste de livraison et du raccordement électrique souterrain sont situées sur le territoire de la commune de Freyssenet. Ces parcelles sont des terrains agricoles occupés aujourd’hui par de l’élevage extensif et des herbages. Ces parcelles sont longées par des chemins ruraux utilisés presque exclusivement par les éleveurs pour l’accès aux parcelles

La zone d’implantation potentielle du projet est située au sein de la ZNIEFF 11 de type II : « Plateau et contreforts du Coiron. « Au sein de l’aire d’étude immédiate, on relève la présence de deux ZNIEFF de type I 12 , le « Bois de Prévieux » 13 et la « Pare centrale du plateau du Coiron » 14 présentant notamment des sensibilités concernant l’avifaune. Un site Natura 2000 « -Ouvèze- Payre » se situe à 200 m de la ZIP avec la présence de nombreuses cavités à chiroptères qui regroupent des effectifs importants. Des sites sensibles du point de vue de la biodiversité sont présents au sein de l’aire étude rapprochée dont la zone pour la conservaon des oiseaux (ZICO) du « Col de l’Escrinet » qui constitue un lieu de passage important pour les oiseaux migrateurs. En matière d’habitats naturels, l’étude identifie au droit de la ZIP une surface de 0,19 hectares de fourrés de buis, et de 0,95 hectares de pelouses sur basaltes, habitat d’intérêt communautaire. `

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Concernant l’avifaune, les études bibliographiques ont permis de relever 92 espèces observées au moins une fois sur la commune, 36 espèces potentiellement nicheuses, dont 7 ayant un statut de patrimonialité. Le porteur de projet s’est également appuyé sur le suivi ornithologique du parc éolien voisin de Freyssenet ainsi que sur des inventaires ayant permis de mettre en évidence 26 espèces sur la ZIP et sa périphérie. Des rapaces ont également été observés dans l’aire d’étude immédiate Au printemps, 36 espèces d’oiseaux migrateurs ont été recensées en transit dans la zone avec des pics allant jusqu’à 805 oiseaux/jour à la fin mars. Un total de huit espèces de rapaces migrateurs observés20 dont l’une inscrite en annexe 1 de la direcve « oiseaux » : le milan noir. En migration post-nupale d’automne, les comptages réalisés ont idenfié 45 espèces, mais un effecf moindre. De manière générale, l’étude esme que 30 à 40 % de la migration passe par la ZIP, le complément passant au niveau du col du Benas. Enfin, 17 espèces hivernantes ont été identifiées sur le site dont le Faucon émerillon Concernant les chiroptères, l’étude bibliographique menée dans le cadre de l’étude d’impact, et comprenant le suivi de mortalité du parc éolien du Serre des Fourches, révèle que 18 espèces ont été identifiées sur la commune de Freyssenet.

En conclusion de l’étude il est affirmé

« Le site choisi pour l’implantation de l’éolienne est situé sur la commune de Freyssenet. Il s’agit d’un espace à vocation agricole axée sur le pâturage, dont les caractéristiques sont très propices à l’implantation d’éoliennes, aussi bien d’un point de vue technique que réglementaire. En effet, il s’agit d’un site très bien venté, suffisamment éloigné des habitations et des voies de communication principales. L’implantation répond à l’ensemble des préconisations des servitudes rencontrées et n’impactera aucune d’entre-elles (canalisation de gaz, infrastructures de transport, faisceaux hertziens, lignes électriques, etc.). Des mesures seront éventuellement mises en place pour palier à d’éventuels effets. Les impacts du projet ont été identifiés au travers de cette étude et des mesures d’évitement et de réduction ont été proposées lorsque cela s’avérait utile. Des mesures de compensation, d’accompagnement et de suivi seront également mises en place afin de s’assurer de la bonne intégration de l’éolienne. Concernant les études d’expertises, l’étude écologique a montré que le projet du parc éolien de Freyssenet présente un risque environnemental résiduel faible et maîtrisé, dont on doit constater que les effets négatifs sont « évités ou suffisamment réduits » suivant les termes de l’article R-122.5 du Code de l’environnement. Ainsi, suivant les termes du Guide sur l’application de la réglementation relative aux espèces protégées pour les parcs éoliens terrestres, en l’absence d’effet susceptible de remettre en cause le bon accomplissement et la permanence des cycles biologiques des populations d’espèces protégées et leur maintien ou leur restauration dans un état de conservation favorable, il n’y pas de nécessité à solliciter l’octroi d’une dérogation à l’interdiction d’atteinte aux espèces protégées au titre des articles L-411.1 et suivants du Code de l’environnement. L’étude acoustique a montré que le projet respectera la réglementation française sur les bruits de voisinage, après application d’un plan de gestion réduit en période nocturne pour un vent du Nord. L’étude paysagère a quant à elle montré que les impacts du projet sur le paysage sont globalement faibles. Depuis les aires d’études éloignée et rapprochée, la distance et la topographie rendent la présence du projet presque anecdotique depuis les axes de communication, les bourgs ou encore les monuments historiques. En effet, ces derniers sont quasiment systématiquement logés dans les creux de vallée et les perceptions en direction du projet sont nulles à faibles. Pour les villages installés sur les versants orientés en direction de la future éolienne, les sensibilités sont également réduites. C’est lorsque l’observateur marquera l’arrêt, lorsqu’un belvédère remarquable se présente à lui ou en effectuant un repos lors d’une randonnée en sommet de crête, que le projet se manifestera de manière plus lisible. Dans ces circonstances, l’observateur pourra apprécier la continuité entre les verticalités discrètes qui s’érigent sur le plateau. Depuis l’aire d’étude immédiate, les sensibilités pourront se montrer ponctuellement plus élevées, notamment depuis la route départementale D7 qui jouxte le site d’implantation. L’itinéraire touristique et sportif de l’Ardéchoise, qui emprunte cet axe, est soumis aux mêmes effets, de manière succincte. Les impacts restent globalement modérés à faibles, du fait de la richesse paysagère qui s’exprime au niveau du plateau du Coiron : prairies, garigues, aspérités du relief et boisements épars se conjuguent en isolant visuellement le patrimoine, le tissu bâti ou les dessertes locales du projet éolien de Freyssenet. Par son gabarit et sa situation, le projet s’intègre de manière cohérente au sein de son territoire. Enfin, il est important de souligner que, outre les bénéfices environnementaux liés au développement d’une énergie exempte d’émissions polluantes, ce projet, conçu dans une démarche de développement durable mais aussi d’aménagement des territoires, aura également un impact positif sur le milieu humain. Il contribuera au développement économique de la commune de Freyssenet, mais également et plus largement de l’intercommunalité qu’elle intègre, du département de l’Ardèche et de la région Auvergne-Rhône-Alpes. »

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La synthèse des impacts et des mesures de réduction d’accompagnement et de compensation est présetée dans des tableaux

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Appréciation du commissaire enquêteur Je relève le volume important de cette étude d’impact. Mes appréciations sur ce document sont formulées ci-après dans le cadre de l’analyse des réponses apportées par le responsable du projet à l’avis de la MRAe ARA et dans l’analyse des observations du public et des réponses apportées par le responsable du projet au PV de synthèse de l’enquête.

 l’étude de dangers (73 pages) et son résumé non technique (21 pages) L'étude de dangers expose les dangers que peut présenter le parc éolien en cas d'accident et justifie les mesures propres à réduire la probabilité́ et les effets d'un accident. Elle prend en considération les risques suivants : chute d’éléments de l’éolienne, chute de glace de l’éolienne effondrement de l’éolienne, projection de glace de l’éolienne, projection de pales ou de fragments de pales de l’éolienne. L’étude précise « Les scénarios relatifs à l’incendie ou concernant les fuites ont été ́ écartés en raison de leur faible intensité ́ et des barrières de sécurité ́ mises en place ». Elle analyse ces risques comme suit :

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Puis leur « criticité » dans le tableau ci-dessous

Au regard de la matrice l’étude conclut : . aucun accident n’apparait dans les cases rouges de la matrice ; . certains accidents figurent en case jaune (pour ces accidents, il convient des fonctions de sécurité détaillées sont mises en place).

Commentaire du commissaire enquêteur : Un des cinq aérogénérateurs du parc éolien de Chabanet, à Freyssenet, a été détruit par les flammes le 31 octobre 2009 ce qui constituait le premier évènement de ce type en France. Le risque d’incendie est donc resté dans les mémoires locales 24

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 les demandes de compléments et les réponses du responsable du projet (46 pages en version papier)

Ces échanges comportent 3 séquences : • Demande de compléments du 4 février réponse du 11 février 2020 • Demande de compléments du 11 février (avis de la DDT) et réponse non datée • Demande du 24 avril 2020 de compléments avis de la DDT ) réponse du16 juin. • Ainsi qu’un avis de la DDT du 27 juillet La DDT et la DREAL ARA se sont également exprimées à diverses reprises sur le dossier et leurs observations ont fait l’objet d’échanges avec le responsable du projet. On relève que le denier avis de la DDT en date du 27 juillet reste très critique, les points qu’il aborde (avifaune, habitats naturels, démarche ERC, sont traités dans la suite du rapport notamment dans le cadre des analyses de l’avis de la MRAe et des avis, observations et propositions du public.

 les avis de la DSAE et de la DGAC

• La DSAE Direction de la sécurité aéronautique d’État du 11 avril 2019 qui donne son autorisation à l’exploitation de l’’éolienne

• La DGAC Direction Générale de l’Aviation civile du 17mai 2019 qui donne son accord sur la réalisation et l’exploitation de l’éolienne

Cet échange fait l’objet d’une présentation détaillée dans la suite du présent rapport

4 L’avis de l’autorité environnementale (la MRAe ARA) et les réponses du responsable du projet

Rappel sur le cadre juridique

En application des Articles L. 122-1 et suivants et R. 122-1 et suivants du code de l’environnement issus de la transposition de la directive 2011/92/UE du Parlement européen et du Conseil du 13 décembre 2011 modifiée concernant l’évaluation des incidences de certains projets publics et privés sur l’environnement. Ainsi, l’Autorité́ environnementale doit donner son avis sur chaque projet soumis à évaluation environnementale et le mettre à disposition du maître d’ouvrage, de l’autorité́ décisionnaire et du public. Au cas d’espèce l’autorité environnementale compétente est la MRAe ARA (Mission Régionale d’Autorité environnementale Auvergne-Rhône-Alpes) Cet avis porte sur la qualité́ de l’étude d’impact présentée par le maître d’ouvrage et sur la prise en compte de l’environnement par le projet. L’avis n’est donc ni favorable, ni défavorable et ne porte pas sur l’opportunité́ du projet. Il vise à permettre d’améliorer sa conception, ainsi que l’information du public et sa participation à l’élaboration des décisions qui s’y rapportent. Il est publié́ sur le site internet de la MRAe http://www.mrae.developpement-durable.gouv.fr/auvergne-rhone- alpes-r7.html . Conformément à l’article R. 123-8 du code de l’environnement, il doit être inséré́ dans le dossier du projet soumis à enquête publique et doit (conformément à l’article L. 122-1 du code de l’environnement) faire l’objet d’une réponse écrite de la part du maître d’ouvrage qui est également inséré dans le dossier d’enquête publique.

Les avis de L’Autorité environnementale sont des éléments très intéressants (que ce soit pour le public , le commissaire enquêteur, et l’autorité administrative devant se prononcer sur l’autorisation sollicitée) pour apprécier la qualité du dossier soumis à enquête publique car ils découlent d’ une analyse détaillée conduite par des personnes disposant de compétences multi-disciplinaires connaissant le territoire et expérimentés (à titre personnel et au travers de l’étude de dossiers similaires

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par la MRAe) et sont produits à l’issue d’un processus contradictoire et itératif entre les membres de la MRAe qui sont indépendants de l’autorité administrative qui aura à se prononcer sur le projet

Dans ce cadre, la MRAe ARA a rendu son avis sur le dossier le 27 octobre 2020 . Cet avis sera dans la suite du présent rapport pris en considération en s’intéressant non seulement aux observations de la MRAe mais aussi à la façon dont le porteur du projet y a répondu et les a prises en compte dans le dossier soumis à E.P.

On relève tout d’abord que l’avis de la MRAe comporte la conclusion suivante qui synthétise ses appréciations

« Le dossier d’étude d’impact du projet de construction d’une éolienne sur la commune de Freyssenet identifie toutes les thématiques environnementales pertinentes et comprend des mesures destinées à éviter, réduire ou compenser les impacts du projet sur l’environnement. De manière générale, le dossier complété ́ et présenté ́ est de qualité ́ sur la forme, de par les nombreuses illustrations qu’il comporte et qui doivent permettre de faciliter son appropriation par le public. Cependant, bien que le projet soit de nature à contribuer à l’impérieuse nécessité ́ de la limitation des émissions de gaz à effet de serre et d’accroissement de la part des énergies renouvelables dans la production et la consommation globale, pour l’Autorité ́ environnementale, les enjeux concernés par le projet sont traités de manière inégale. En effet, de nombreuses interrogations demeurent quant à l’impact cumulé de cette éolienne avec les parcs existants sur les oiseaux migrateurs, ainsi que sur les rapaces. Aucun retour d’expérience des parcs éoliens voisins n’est présenté,́ analysé et pris en compte. Par ailleurs, le dossier conclut globalement à un faible impact paysager, mais l’argumentation développée peine à convaincre, en particulier pour le bourg de Freyssenet et le hameau de Monteillet. Par conséquent, concernant l’avifaune et le paysage, le dossier ne met pas en évidence la réalisation d’une démarche ERC suffisante, et ne démontre pas une prise en compte suffisante de ces enjeux dans la détermination de la localisation du projet. Ces éléments méritent d’être apportés dans le dossier avant que celui-ci soit présenté ́ à l’enquête publique ».

Appréciation du Commissaire enquêteur Cet avis apparaît donc réservé mais est d’une tonalité relativement fréquente (à en juger par la consultation des avis des MRAe sur les projets qui lui sont soumis notamment ceux portant sur des éoliennes) et il importe de s’intéresser plus en détail au développement des observations qu’il comporte et aux réponses qui leur ont été apportées. Tel est l’objet du développement qui suit et qui porte d’une part sur la qualité du dossier (cf 4-1-1) et sur les incidences notables potentielles du projet sur l’environnement et le les mesures prévues pour compenser les impacts (cf 4-1-

4-1- Observation générale de la MRAe sur la qualité du dossier

Le dossier d’étude d’impact joint à la demande d’autorisation environnementale unique aborde globalement toutes les thématiques prévues au code de l’environnement. Le rapport est facilement lisible et compréhensible du fait notamment des nombreux plans, graphiques, photographies et tableaux de synthèse qui l’illustrent. Il est par ailleurs complété́ par un résumé́ non technique, ainsi que par les études ayant permis sa réalisation : étude concernant la biodiversité́, étude paysagère et étude acoustique. L’Autorité́ environnementale relève dans l’ensemble la bonne qualité́ du dossier (l’étude d’impact s’appuie sur la méthodologie proposée par le « guide d’élaboration des études d’impact des projets éoliens terrestres » établi par le ministère de la transition écologique) qui a toutefois été́ complété́ à plusieurs reprises dans le cadre de la procédure d’instruction de sa demande d’autorisation environnementale. L’ensemble des phases du projet a été́ étudié́, de la construction jusqu’au démantèlement. En revanche, des incertitudes demeurent quant à la solution finale retenue pour le raccordement du poste de livraison de l’éolienne au réseau électrique. Selon les chapitres, le dossier évoque en effet un raccordement soit au niveau du réseau électrique longeant immédiatement le site, soit au poste source de Privas dont le tracé resterait à déterminer. Bien que l’étude d’impact semble s’orienter vers un raccordement au réseau jouxtant immédiatement le site au niveau de la route départementale, puisqu’elle étudie spécifiquement les incidences de cette solution de raccordement, l’Autorité́ environnementale recommande de compléter l’étude d’impact sur ce sujet dans le cas où un autre tracé de raccordement entre poste de livraison et poste source devrait finalement être choisi.

Réponse du porteur de projet La procédure de réalisation d’un raccordement externe dans le cadre d’un parc éolien implique que ce n’est qu’après l’obtention de l’arrêté préfectoral autorisant la construction d’un parc éolien, le développeur du projet réalise une demande de raccordement auprès des gestionnaires de réseau ENEDIS et RTE, qui proposent alors un modèle de Proposition Technique et 26

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Financière (PTF). En effet, les gestionnaires de réseaux sont les seules habilités à décider d’un tracé de raccordement électrique et en sont entièrement responsables (décret n°2015-1823 du 30 décembre 2015 relatif à la codification de la partie réglementaire du Code de l’Energie fixant les conditions de raccordement aux réseaux publics d’électricité des installations de production d’électricité à partir de sources d’énergies renouvelables). Une fois le modèle validé par les différentes parties (développeur, Préfet, maires des communes concernées par le raccordement et gestionnaires des domaines publics), et un acompte déposé, une convention est élaborée entre le développeur et le gestionnaire de réseau pour la réalisation des travaux. Il est à noter que les travaux seront financés par le développeur éolien, toutefois, la totalité des travaux est sous la responsabilité du gestionnaire de réseau. Ainsi, à ce stade de développement du projet, la décision de raccordement externe n’est pas arrêtée de manière définitive. Cependant, comme détaillé dans l’étude d’impact pages 155 et 205, le poste source de Privas est le plus proche et dispose d’une capacité restante a priori suffisante pour accueillir le projet. Cela a été confirmé par la réalisation d’une pré-étude simple de raccordement : une extension souterraine entre le poste de livraison du parc éolien et l’antenne du poste source de Privas située au bord de la route départementale 224 permettrait de raccorder le projet au poste source de Privas. C’est pour cette raison que le dossier indique un raccordement possible au poste source de Privas, sous-entendu via l’extension souterraine jusqu’à la route départementale 124, puis empruntant les réseaux électriques existants. Ainsi l’étude déposée présente cette solution et le tracé associé. Dans le cas où un autre tracé devrait être choisi par le gestionnaire de réseau, les impacts de celui-ci pourraient être étudiés à réception de leur tracé par ENEDIS.

Appréciations du Commissaire Enquêteur Je partage l’appréciation positive de la MRAe sur la qualité générale du dossier et souligne notamment l’application du guide méthodologique établi par le ministère de la transition écologique. L’appréciation selon laquelle le dossier a toutefois a été complété́ à plusieurs reprises dans le cadre de la procédure d’instruction de sa demande d’autorisation environnemental e s’apparente à une critique. Je ne partage pas pleinement cette réserve. En effet j’ai bien noté que le dossier de demande d’autorisation environnementale a été déposé il a 2 ans de cela et a connu diverses étapes et prolongements. Cet enchainement peut certes s’expliquer par des insuffisances dans le dossier initial et dans les réponses apportées par le porteur de projet aux demandes de complément mais il trouve aussi son origine dans la nature même su processus d’instruction des dossiers d’autorisation environnementale, et dans les délais inhérents à la réalisation d’études complémentaires, ainsi qu’à l’impact des mesures sanitaires liées à la COVID. L’important est que le dossier finalement soumis à enquête publique fasse maintenant l’objet d’une appréciation globalement positive. Par ailleurs on ne peut manquer d’être frappé par le volume considérable de données constituant le dossier (que celui soit considéré dans sa version papier ou dans sa version électronique). Il y a là l’illustration -du difficile équilibre entre la volonté de simplification administrative et la nécessité d’apprécier précisément les impacts d’un projet et les conditions dans lesquelles il peut être autorisé ou doit être refusé dans une grande transparence notamment vis-à- vis du public. ` -d’un phénomène général d’accroissement marqué du volume de données produites et stockées par les société modernes On doit aussi relever qu’en dépit de ce volume considérable de données (ou peut-être à cause de lui) des points de divergence d’appréciation subsistent encore su La situation concernant le raccordement est classique pour ce type de projet et n’appelle pas de réserve de ma part

4-2 Observation de l’Autorité environnementale sur les milieux naturels et la biodiversité : En matière d’habitats naturels, l’étude identifie au droit de la ZIP une surface de 0,19 hectares de fourrés de buis, et de 0,95 hectares de pelouses sur basaltes, habitat d’intérêt communautaire mais dont le dossier indique que ces pelouses sont marquées par le pâturage ovin qui les menace et conduit à une banalisation de la flore, le porteur de projet retenant un enjeu modéré les concernant. Néanmoins, la qualification de cet enjeu mériterait d’être argumentée par une analyse de la fréquentation des troupeaux.

Réponse du porteur de projet les observations du développement de la végétation par les experts botanistes qui se sont rendus sur le terrain dans le cadre des relevés de l’étude d’impact sont suffisantes pour qualifier l’enjeu.

Appréciation du Commissaire Enquêteur

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Une réponse plus factuelle à la question posée aurait pu être apportée sans difficulté en précisant la nature et la fréquence du pâturage (d’autant que le propriétaire et exploitant du terrain est partie prenante au projet ; mais on verra dans la suite de ce rapport que des éléments complémentaires sont fournis dans la réponse que le responsable du projet a apporté au PV de synthèse de l’enquête publique

4-2 Observation de l’Autorité environnementale sur les rapaces Des rapaces ont été observés dans l’aire d’étude immédiate. Il s’agit du Faucon crécerelle, dont l’étude indique sans plus de détails qu’il est probablement nicheur aux abords de la ZIP, et du Vautour fauve. En revanche, les inventaires n’ont pas relevé la présence du Busard cendré ou du busard Saint-Martin (hormis des migrateurs en transit) ni du Circaète Jean-le-Blanc, qui sont pourtant évoqués dans les fiches descriptives des différents sites d’intérêt écologique alentours. L’étude justifie l’absence d’observation de ces espèces par l’ancienneté des inventaires ayant été menés dans le cadre de la définition des ZNIEFF. Les auteurs de l’étude ont également échangé avec la fédération régionale des associations de protection de la nature de l’Ardèche (FRAPNA) ainsi qu’avec la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) qui leur auraient confirmé que « les busards sont en déclin sur le plateau du Coiron depuis une vingtaine d’années. » Il aurait été éclairant que le dossier cherche à déterminer les facteurs de ce déclin des populations de Busards dans la zone. En particulier, il aurait été utile d’évaluer si le développement de l’éolien sur le plateau du Coiron, qui s’est amorcé il y a justement une vingtaine d’années est l’une des causes, d’autant que l’étude indique par ailleurs que ≪ d’une manière assez générale, les espèces à grands territoires (tels les rapaces), modifient fréquemment leur utilisation de l’espace en fonction de la construction d’éoliennes ». Une évolution des pratiques agricoles pourrait aussi être à rechercher. L’Autorité environnementale recommande que ce point soit précisé dans le dossier.

Réponse du porteur de projet Même s’il est vrai que certains rapaces peuvent abandonner leurs sites de reproduction après l’installation d’éolienne(s), c’est moins vrai pour les espèces de busards qui ont plutôt tendance à rester sur place. Selon la distance entre les nids et les éoliennes, des cas de mortalité peuvent alors être observés. Sur le plateau du Coiron, les busards nichent préférentiellement dans les prairies de fauche et les prairies humides. Dès 2018, la LPO Ardèche relevait que la principale menace pesant sur la conservation de cette espèce dans le secteur est la destruction des nichées par les activités agricoles (fauche et pâturage). Dans un contexte, il est difficile d’associer le développement de l’éolien au sein du territoire à la diminution générale des populations. A défaut d’études approfondies concernant le Busard Cendré et le Busard Saint Martin , il reste effectivement des incertitudes sur l’impact global de l’éolien sur le plateau du Coiron par rapport aux busards. Ceci est dû à plusieurs facteurs : • Une pression d’inventaires forte sur le plateau Ardéchois et les projets éoliens dans ce secteur : la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) est fortement mobilisée par les acteurs locaux et ses effectifs ne permettent pas un investissement dans tous les secteurs de l’Ardèche. • Pour preuve de cette affirmation on se reportera à la revue de la LPO 07 « Les potins de la chèvre » dans laquelle, on retrouve les bilans de nidification du Busard cendré de chaque année (2017, 2018, etc.).

Il est souligné dans ces bilans annuels (bilan 2018 page 15) : « Faute de temps et d’observateurs disponibles, certains sites n’ont pu être suivis sur toute la saison et la réussite précise de la reproduction n’est pas connue. Comme chaque année, il est probable que quelques couples se reproduisent dans des zones moins prospectées (Coiron, Boutières, Nord du département) ; le nombre de 24 jeunes à l’envol doit donc bien être considéré comme un minimum. La zone de prédilection du Busard cendré reste centrée sur le secteur , mais des sites importants existent également plus au nord (Sainte-Eulalie, Sagnes-et-Goudoulet, « route des crêtes » et Bourières). Comme chaque année des observations sont mentionnées sur le Coiron, le plateau de , le Nord Ardèche, mais les sites de nidification restent inconnus ». Enfin la mise en place de cages-traineaux de protection permet la protection des jeunes et de fait pérennise l’espèce aux endroits où sont disposées les cages. Dans ces conditions, la SARL TOURRENERGIES s’engage en partenariat avec la LPO 07 à financer des inventaires de Busards sur la commune de Freyssenet et aux abords immédiats. Ces inventaires, réalisés sur plusieurs années permettront : • de mieux localiser les zones de reproduction potentielles des Busards aux abords du site ; 28

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• d’installer une ou 2 cages-traineaux sur les sites de reproduction les plus adaptés ; • de mobiliser le monde agricole, les élus, le monde associatif à la protection de ces espèces sur le plateau du Coiron.

Commentaire du Commissaire Enquêteur L’engagement du responsable du projet à financer des inventaires du busards pourront utilement être repris dans l’autorisation environnementale si celle-ci est accordée. La thématique des rapaces est par ailleurs également abordée dans le cadre des échanges entre le CE et le responsable du projet sur la base du PV de synthèse de l’enquête qui concernent notamment l’avis de la FRAPNA.

4-3 Observation de l’Autorité environnementale sur l’avifaune migratrice

L’étude tend à minimiser l’enjeu représenté par l’avifaune migratrice en indiquant notamment qu’en cas de vent du nord, les oiseaux voleraient majoritairement en dessous des pales, et qu’en cas de vent du sud ou d’absence de vent, ils voleraient à plus haute altitude, donc au-dessus de l’éolienne. Sur ce sujet, l’étude conclut ainsi que « malgré les apparences, l’enjeu relatif au phénomène migratoire apparaît relativement modeste, tout particulièrement dans le cas d’un projet pour une seule éolienne, qui plus est, située quelque peu à l’écart du couloir principal axé sur le Col du Bénas. ». L’étude indique à ce sujet que l’effet barrière serait faible à nul pour toutes les espèces d’oiseaux, mais n’indique pas si elle considère ici la seule éolienne objet du projet ou si elle prend en compte également les autres parcs existants ou autorisés. Il conviendrait au minimum que le porteur de projet justifie ces affirmations. Par ailleurs, on ne peut se satisfaire d’affirmer que l’éolienne sera située à l’écart du col du Bénas quand il est indiqué par ailleurs que 30 à 40 % du flux migratoire observé au niveau de ce col transite par la ZIP. Enfin, il apparaît évident que l’impact de l’éolien sur la migration transitant par le plateau du Coiron ne saurait être étudiée sous l’angle de ce seul projet d’une éolienne, mais doit être évalué au regard de l’ensemble des éoliennes existantes ou en projet, réparties de manière générale d’est en ouest le long du versant nord du plateau du Coiron, et donc perpendiculairement à l’axe des migrations. L’Autorité environnementale recommande donc de revoir l’évaluation de l’enjeu représenté par l’avifaune migratrice qui ne saurait être sous-estimé.

Réponse du porteur de projet L’objectif n’est pas de sous-estimer les enjeux relatifs à l’avifaune migratrice, qui plus est au regard de la situation géographique du projet. Néanmoins, les observations retranscrites dans le document visent à décrire au plus près une situation particulière. Tout d’abord, les effectifs des espèces patrimoniales en période de migration sont faibles considérant l’effectif total des oiseaux transitant à l’échelle du territoire (nb : un tableau détaille cette appréciation) En tout état de cause, il convient de garder à l’esprit que la valeur quantitative du flux migratoire est classée en trois classes : • Flux localisé (couloir de migration) et atteignant un effectif important ou remarquable pour la région considérée, • Flux diffus et atteignant un effectif important ou remarquable pour la région considérée, • Flux aléatoire (localisé ou diffus), avec des effectifs modérés et peu remarquables pour la région considérée.

Ainsi, près des trois quarts des effectifs recensés ne traversent pas la ZIP. En outre, en dépit d’effectifs non négligeables obtenus sur le site d’étude, le gros des oiseaux migrateurs en transit local au printemps choisit le Col de l’Escrinet plutôt que le secteur de Freyssenet où le flux horaire du flux migratoire est deux fois plus faible qu’à l’Escrinet. Il est vrai que les effectifs de Milans noirs sont notables, sans être importants, et peuvent être considérés comme classiques. Ainsi, dans la mesure où cette espèce n’est pas considérée comme vulnérable sur les listes rouges, l’enjeu demeure faible. Evidement la prise en compte des autres dispositifs de production éolienne installés est nécessaire mais il ne pourrait être envisagé qu’une éolienne isolée change de manière significative l’effet barrière sur le plateau. Les espaces de respiration existants entre les parcs dont la construction a été autorisée demeureront.

Commentaire du Commissaire Enquêteur Les éléments d’appréciation fournis par le responsable restent contestés par la FRAPNA et ce point sera de nouveau abordé dans la suite du rapport

4-4 Observation de l’Autorité environnementale sur l’avifaune hivernante 29

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L’étude d’impact indique également que le projet n’implique pas d’enjeu pour l’avifaune hivernante, sans pour autant que cela soit justifié. Elle ne précise pas non plus les raisons conduisant à retenir des sensibilités différentes en fonction des espèces. Par exemple, le fait de retenir une sensibilité moyenne concernant la collision pour le milan noir, et une sensibilité forte pour le milan royal et le vautour fauve n’est pas expliqué, de même que le fait d’attribuer une sensibilité faible concernant le dérangement du milan noir, et moyenne concernant celui du milan royal. L’Autorité environnementale recommande donc de compléter l’étude d’impact en explicitant davantage les différences de sensibilités retenues, en particulier pour les espèces de rapaces. Par ailleurs, elle recommande de préciser les raisons pour lesquelles le Faucon émerillon, identifié comme hivernant sur le site, ne constitue pas un enjeu.

Réponse du porteur de projet La méthodologie d’analyse des sensibilités repose sur des données issues de la bibliographie scientifique disponibles au moment de la rédaction des études, répertoriées dans la partie « 2.1.Synthèse des connaissances des effets de l’éolien sur l’avifaune » de l’étude d’expertise écologique (volume 4c). La sensibilité de chaque espèce est précisée dans des sous-chapitres propres. Pour les cas particuliers exprimés ci-dessus, les rapaces ont différentes sensibilités concernant les dérangements ou les collisions. Sur ce dernier point, la différence dans le nombre de collisions rapportées entre les milans noirs et les milans royaux ou les vautours fauves est importante. Ceci s’explique par leur façon de voler et leur technique d’approvisionnement en nourriture. La sensibilité à la collision du milan noir est plus faible que pour le milan royal. Le Faucon émerillon est un hivernant commun (plus de 1 000 individus) en France qui ne revêt donc pas d’enjeu particulier. Même si l’objet est ici l’enjeu de cette espèce, il est important de savoir que les cas de collision sont nuls en France et les impacts de l’éolien sur cette espèce sont admis comme faibles.

Commentaire du Commissaire Enquêteur Les éléments d’appréciation fournis par le responsable restent contestés par la FRAPNA et ce point sera de nouveau abordé dans la suite du rapport

4-5 Observation de l’Autorité environnementale sur le cadre de vie

L’Autorité environnementale recommande de compléter l’étude d’impact en précisant la population potentiellement impactée par l’éolienne, en termes de bruit notamment, dans le village de Freyssenet, dans les hameaux de la commune les plus proches de la ZIP comme Monteillet, Prévieux ou Lichemaille, ainsi que dans les villages et hameaux des communes voisines. L’Autorité environnementale recommande de compléter l’étude d’impact par des éléments indiquant le rapport actuel de la population locale et des acteurs économiques locaux aux différents parcs éoliens existants .

Réponse du responsable du projet

La répartition de population de Freyssenet et des hameaux aux alentours du projet en 2020 est indiquée dans le tableau suivant. Est également indiquée la distance de chaque lieu-dit à l’éolienne.

Distance à Lieu-dit Familles Maisons secondaires Total l’éolienne Hameau de 1 famille : 1 personne - 1 personne 530 m Monteillet 2 maisons Centre village de 7 familles : 13 secondaires : 4 17 personnes 535 m Freyssenet personnes personnes Hameau de 2 familles : 7 personnes - 7 personnes 865 m Lichemaille

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2 maisons Hameau de Pey- secondaires : 4 - 4 personnes 910 m Laurent personnes

Hameau de Barras 1 famille : 1 personne - 1 personne 1 075 m

Hameau de Prévieux 1 famille : 1 personne - 1 personne 1 305 m

Hameau de Malescot 2 familles : 4 personnes - 4 personnes 1 440 m

Hameau du Masel 1 famille : 3 personnes - 3 personnes 2 090 m Hameau de 1 famille : 3 personnes - 3 personnes 2 170 m Montargues 4 familles : 12 Hameau de la Prade - 12 personnes 2 610 m personnes FREYSSENET 53 personnes Hameau de Senouillet commune 3 familles : 6 personnes - 6 personnes 1 660 m de Hameau du Bosc 3 familles : 10 commune de - 10 personnes 2 280 m personnes Darbres ESTIMATION POPULATION TOTALE DANS LES HAMEAUX ALENTOURS 69 personnes

Ainsi la population locale dans un rayon immédiat d’un kilomètre autour du projet est de 29 personnes, soit un peu plus de la moitié des habitants du village de Freyssenet, mais incluant 8 résidents saisonniers (résidences secondaires). La population totale recensée dans les hameaux alentours reste très faible, notamment à l’échelle de la communauté de communes Privas Centre Ardèche (40 148 habitants en 2014). Enfin, cette population est très dispersée entre de nombreux petits hameaux. L’environnement sonore de chaque habitation sera ainsi très différent, et de nombreux éléments pourront atténuer les émergences sonores du projet (distance au projet éolien, la présence de végétation aux alentours, relief, bruit ambiant hors éolienne). Suite à cette demande de précisions de l’Autorité environnementale, une démarche de porte à porte a été entreprise en novembre 2020 auprès des riverains les plus proches du projet, dans le but d’échanger autour du projet et recueillir leur ressenti. Sur 21 riverains contactés, 20 signatures en faveur du projet ont été récoltées, et un seul refus ou opposition au projet. Les courriers d’intérêt au projet sont fournis à la fin du présent document. Il ressort de cette campagne de porte à porte que les riverains sont favorables à l’énergie éolienne et ne ressentent pas de nuisances suite à l’implantation des éoliennes déjà existantes, que ce soit en termes de bruit, de luminosité nocturne, de dégradation visuelle de leur cadre de vie ou de baisse de fréquentation touristique. Ainsi le projet s’implante dans un contexte local favorable.

Commentaires du Commissaire Enquêteur Les modalités de collecte des avis ont suscité des critiques qui seront abordées dans la suite du rapport. On peut relever que si les 20 avis positifs recueillis par le responsable du sont favorables au projet ils n’expriment pas tous le non ressenti des nuisances dues aux éoliennes existantes.

4-6 Observation de l’Autorité environnementale sur le paysage Le dossier indique un enjeu moyen concernant « l’intervisibilité avec les parcs éoliens existants ». Pour l’Autorité environnementale, cet enjeu mériterait d’être requalifié. En effet, les parcs éoliens existants et autorisés sont déjà visibles ou le seraient depuis les hauteurs de Privas et Veyras, comme l’illustrent différents photomontages du dossier . Elle recommande de revoir le niveau d’enjeu attribué au bourg de Freyssenet, et d’évaluer également l’enjeu que représente le projet vis-à-vis des hameaux les plus proches, tels que celui de Monteillet par exemple. Elle recommande de compléter l’étude d’impact par des 31

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éléments indiquant le rapport actuel de la population locale (plateau du Coiron et vallée de l’Ouvèze) au paysage actuel marqué par les parcs éoliens existants

Réponse du porteur de projet L’enjeu est modéré concernant les intervisibilités perçues depuis l’aire d’étude rapprochée. Le parcours des paysages locaux conduit à constater ce qui fait l’identité de ce territoire : le plateau du Coiron montre une richesse topographique et végétale impliquant sans cesse ces vues cadrées et rythmées par ce socle animé. La perception du motif éolien existe indéniablement à ces distances de perception intermédiaire. Toutefois, qu’il s’agisse des risques de saturation visuelle de l’horizon ou du risque d’incohérence visuelle du futur parc dans son contexte, ces derniers sont faibles à modérés. D’une part, rares sont les situations où la ZIP se confondra dans le même angle que celui des autres parcs existants, évitant ainsi tout effet de confusion. D’autre part, concernant les effets de saturations, il s’avère que le motif éolien, peu dense sur ce territoire, n’apparaît jamais dans son intégralité dans le champ visuel de l’observateur, du fait des amplitudes du relief qui s’expriment systématiquement. Ainsi, qu’il s’agisse de l’occupation de l’horizon comme de la lecture cohérente des parcs éoliens, les enjeux sont modérés à l’échelle de l’aire d’étude rapprochée, résidant principalement dans le nombre de machines envisagées sur la zone d’implantation potentielle ainsi que du gabarit futur du projet, qui doit trouver une résonnance avec celui des parcs voisins.

Pour le bourg de Freyssenet, l’enjeu est globalement nul à faible du fait de son inscription adossée au relief et tournant le dos à la ZIP. Comme l’état initial le démontre, le plateau du Coiron est animé par un relief généreux qui guide le regard de l’observateur et limite les perceptions visuelles à 360°. Les photographies de l’état initial vont dans ce sens et montrent les fermetures visuelles qui s’organisent au fur et à mesure du parcours du plateau et des villages traversés. Toutefois, depuis le Sud du bourg de Freyssenet, des vues plus marquées peuvent exister en direction du futur projet et mettre en vis-à-vis le futur parc et le bourg de Freyssenet. L’enjeu est localement modéré à fort. Comme indiqué dans l’état initial, l’enjeu global sur les hameaux étudiés résulte de la configuration des paysages du plateau, faits de creux et d’excroissances du relief, de prairies et de végétation abondante, notamment aux abords des hameaux. Plusieurs photographies dans l’état initial démontrent ces jeux d’ouvertures et de fermetures qui se créent. Le hameau de Monteillet ne fait pas exception : il se trouve en vis-à-vis du futur projet et l’enjeu y est modéré à fort. Il s’avère d’ailleurs que le parc des Fourches et celui de Niolans s’inscrivent dans la perspective offerte depuis la ferme de Monteillet. Cependant, le hameau est adossé au relief qui lui succède à l’Est des constructions, relief ponctuellement occupé de végétation. La perception du reste du parc existant de Freyssenet sera atténuée par cette configuration. L’opération de porte-à-porte décrite ci-avant a permis de recueillir le ressenti très positif de la population locale vis-à-vis des parcs éoliens existants.

4-7 Observations de l’Autorité environnementale sur la présentation des différentes alternatives possibles et la justification du projet

La MRAe recommande de compléter le dossier en précisant la façon dont a été déterminée la localisation de la ZIP au regard des enjeux en matière d’avifaune, de chiroptères, ou d’impact paysager notamment sur le village de Freyssenet.

Réponse du responsable du projet Le choix de la zone d’implantation potentielle résulte d’une combinaison de plusieurs facteurs : • Facteurs économiques et réglementaires : Potentiel de vent du plateau du Coiron très élevé ; Respect de la distance de 500 m aux habitations ; Implantation en zone compatible avec l’éolien selon les schémas de planification passés ou en vigueur (Schéma départemental de l’Ardèche de 2007, Schéma régional éolien de l’ancienne région Rhône-Alpes de 2012, Schéma de maîtrise du développement éolien du Massif du Coiron de 2006) ; soutien politique communal et avis favorable des riverains ; Proximité du raccordement électrique et absence de travaux d’envergure pénalisant l’environnement • Facteurs paysagers : Evitement du mitage par l’implantation sur la commune de Freyssenet, seule commune du plateau du Coiron accueillant des éoliennes à l’heure actuelle ; Respect d’espaces de respiration entre projets éoliens pour éviter tout effet de saturation visuelChoix d’un gabarit de projet cohérent avec les parcs voisins ; Réduction des impacts visuels en privilégiant un faible nombre de machines sur ce site ; Inscription à proximité d’un ensemble éolien existant afin de conserver une cohérence à l’échelle du grand paysage ; Eloignement du rebord du Coiron ; • Facteurs environnementaux : Evitement de tous les zonages réglementaires recensés sur la commune de Freyssenet et aux environs (parc naturel des Monts d’Ardèche, Arrêté préfectoral de biotope de la rivière de l’Ardèche, sites Natura 32

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2000, dont ZSC notamment, ZNIEFF de type I et Zone d’Importance pour la Conservation des Oiseaux), excepté une ZNIEFF (Zone d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique) de type II « Plateau et contreforts du Coiron », liée à la préservation de la faune et de la flore du Coiron et de ses alentours immédiats. Le paysage de cette ZNIEFF comprend majoritairement des pâturages et des prairies de fauches sèches à vocation d’être pâturée par des ovins et des bovins. A noter que la superposition des zonages réglementaires présents sur la commune de Freyssenet, hormis la ZNIEFF II dans laquelle s’implante le projet et qui couvre l’intégralité du plateau du Coiron, ne laisse que très peu de choix de site.

La prise en compte cumulée de tous ces facteurs ne laisse pas beaucoup de marge de manœuvre quant aux possibilités d’implantations d’éoliennes supplémentaires. C’est donc le respect d’un maximum de ces contraintes qui a conduit au choix de la zone actuelle. La carte ci-dessous reprend la plupart des contraintes identifiées et citées ci-dessus pour illustrer les zonages disponibles sur la commune. A noter que la ZNIEFF de type II, qui couvre l’intégralité de la commune, n’est pas représentée sur cette carte.

4-8 Observations de l’Autorité environnementale sur les milieux naturels et la biodiversité Concernant les impacts du projet sur l’avifaune, le dossier étudie la probabilité de mortalité du fait de la collision avec les pales de l’éolienne, ainsi que la probabilité de dérangement ou de perte d’habitat, et d’effet barrière. L’étude indique que ces risques en phase d’exploitation sont nuls à faibles sans aucune motivation. Ces éléments sont résumés dans un tableau qui s’intitule « synthèse des impacts » alors que l’intitulé de ses colonnes est « risque d’impacts ». Pour l’Autorité environnementale, l’impact et le risque d’impact sont deux notions différentes. L’étude du risque d’impact conduit forcément à indiquer que les probabilités 33

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d’impacts sont plus importantes en phase travaux qu’en phase d’exploitation, car il est évidemment plus probable de déranger voir de détruire des individus nicheurs présents dans les haies et arbustes qui seront supprimés que d’en détruire en phase de fonctionnement. Néanmoins, ce tableau pourrait laisser penser qu’il n’y aura pas d’impact en phase de fonctionnement, alors qu’il dit simplement que le risque est faible. Par ailleurs, les éléments présentés dans ce tableau étonnent dans la mesure où le risque d’impact sur les rapaces est de manière générale qualifié de faible, alors que l’étude d’impact indique par ailleurs que certains rapaces sont sensibles à l’éolien. Le risque est également qualifié de faible pour l’avifaune migratrice, pour laquelle le tableau ne conclut pas à la nécessité de mise en œuvre de mesures ERC. Là encore, les impacts du projet apparaissent sous- évalués tant en matière d’avifaune migratrice que de rapaces.

Au sujet des mesures destinées à éviter, réduire, ou à défaut à compenser les impacts générés par le projet, le porteur de projet indique que « les impacts ont été anticipés dès la conception du projet, comme le montre le chapitre ‘’Analyse des variantes’’. Si cette affirmation est peut-être juste concernant l’étude des variantes au sein de la ZIP, comme évoqué plus haut, aucun élément ne vient le démontrer concernant la détermination de la localisation de la ZIP. L’Autorité environnementale recommande donc de préciser les motivations liées au moindre impact environnemental ayant conduit à la détermination de la ZIP, laquelle doit constituer la première et la principale des mesures d’évitement dans la réflexion du porteur de projet. »

L’Autorité environnementale recommande donc de définir des mesures propres à atténuer l’impact sur l’avifaune, en particulier sur les rapaces et sur l’avifaune migratrice, en travaillant par exemple sur un dispositif de bridage de l’éolienne qui devrait être présenté dans le dossier.

Enfin, le porteur de projet définit des mesures de suivi, notamment de la mortalité et de l’activité des chiroptères, ainsi que de l’impact du projet sur la migration des oiseaux, afin notamment de revoir si nécessaire le plan de bridage en conséquence. Il prévoit, lors de la première année d’exploitation, quatre passages par mois entre avril et juillet (un par semaine), puis 8 passages par mois d’août à octobre (2 par semaine) dès la première année, et quatre passages par mois durant le mois de novembre (1 par semaine). Si aucun impact particulier n’est relevé par ces suivis, le prochain suivi est envisagé dans les 10 ans qui suivront. Pour l’Autorité environnementale, cette fourchette de 10 ans est trop large. Elle recommande donc d’effectuer un suivi annuel pendant les trois premières années, puis en n+10.

Réponse du responsable du projet

Il faut effectivement lire impact et non risque d’impact dans le tableau 73 de l’étude d’expertise écologique (tableau 65 page 315 de l’étude d’impact). Il semble qu’il s’agisse d’une question de choix des mots, dans la mesure où il est impossible de déterminer en amont de manière certaine tel ou tel impact sur une espèce ou un milieu naturel. Cela reviendrait à maitriser les degrés de résilience du monde vivant. Pour ce qui est des impacts, l’analyse proposée semble correcte et répond à l’objectif d’analyse des thématiques environnementales en prenant en compte les spécificités locales du territoire. Ainsi, l’état initial précise que lors des migrations « le régime de vent joue un rôle primordial. En effet, nos observations ont permis de constater qu’avec un vent du nord marqué (phénomène très fréquent au printemps dans la région), les oiseaux migrateurs, rapaces inclus, franchissent les crêtes en volant à très basse altitude, voire au ras du sol. Dans cette situation précise, les oiseaux volent très majoritairement en dessous de la hauteur des pales d’éolienne. A l’inverse, en l’absence de vent ou en cas de vent de sud, les migrateurs cherchent généralement à prendre l’altitude pour franchir au mieux les cols ardéchois, et passent alors au-dessus des hauteurs de pales d’éolienne, notamment les rapaces, qui en profitent pour « pomper » au niveau des ascendances thermiques et franchissent alors le site à haute altitude . » Ainsi les impacts attendus ont été considérés comme faibles.

Dans la mesure où les impacts sur l’avifaune en général et les rapaces sont faibles, la mise en place de mesures n’est pas apparue comme nécessaire conformément à la législation. Le risque de collision avec les oiseaux migrateurs est faible. Toutefois, il est important de souligner que si un signal de risque d’impacts apparaissait lors des suivis post- implantation, des mesures seraient alors à mettre en place.

Le suivi proposé répond aux exigences de la révision de 2018 du Protocole de suivi environnemental des parcs éoliens terrestres. Ainsi, « le suivi doit débuter dans les 12 mois qui suivent la mise en service du parc éolien. Il doit dans tous les cas intervenir au plus tard dans les 24 mois qui suivent la mise en service du parc éolien. A l’issue de ce premier suivi :

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• Si le suivi mis en œuvre conclut à l’absence d’impact significatif sur les chiroptères et sur les oiseaux alors le prochain suivi sera effectué dans les 10 ans, conformément à l'article 12 de l’arrêté ICPE du 26 août 2011. • si le suivi met en évidence un impact significatif sur les chiroptères ou sur les oiseaux alors des mesures correctives de réduction doivent être mises en place et un nouveau suivi doit être réalisé l’année suivante2 pour s’assurer de leur efficacité. »

Ainsi une vigilance accrue sera apportée lors des premiers suivis afin de réajuster la fréquence si nécessaire.

4-9 Observations de l’Autorité environnementale sur le bruit Pour la bonne information du public, l’Autorité environnementale recommande de préciser les émergences sonores envisageables de l’éolienne, même pour des situations de bruit ambiant inférieur à 35 dB, en indiquant la population concernée.

Réponse du responsable du projet Afin d’apporter une information optimale au public, les tableaux d’émergence acoustique ont été complétés avec les valeurs d’émergence pour des bruits ambiants inférieurs à 35 dB. Ils sont présentés dans 4 tableaux (qui repèrent en bleu ces valeurs) ; chacun d’entre eux correspondant à une situation donnée : Vent de sud période jour, vent du sud période jour, vent du nord période jour, vent du nord période nuit. Voici à titre d’exemple l’un de ces tableaux (celui « vent du nord période jour » ; étant souligné que les vents du nord sont dominants ; les 3 autres figurent dans le dossier)

Ces tableaux indiquent que la majorité des émergences lors de situations ambiantes très calmes (< 35 dB) sont comprises entre 0 et 1 dB, excepté par vent du Nord de 5 à 6 m/s, où des émergences de 1,5 à 2,5 dB pourront être perçues depuis le bourg de Freyssenet. Cependant, quelle que soit la direction et les vitesses du vent et le lieu de vie étudié, les émergences réglementaires sont respectées par faible bruit ambiant et ne nécessitent pas la mise en place d’un plan de bridage.

Par ailleurs l’étude acoustique fournie en volume 4c présente le plan de bridage permettant de ramener les dépassements d’émergence simulés à Freyssenet Nord pour des vents de 6 à 7 m/s sous les seuils réglementaires.

Commentaire du Commissaire Enquêteur

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Les modalités de calcul de l’émergence font l’objet de remarques formulées dans un avis du public et ce sujet sera abordé dans la suite du présent rapport

4-8 Observations de l’Autorité environnementale sur la luminosité (balisage lumineux et effets stroboscopiques) L’étude traite également de l’impact potentiel du projet en termes de luminosité. Elle indique que l’impact du balisage lumineux éolien est « difficilement quantifiable », mais précise à juste titre qu’il est plus important s’il est désynchronisé de celui des éoliennes des parcs voisins. Le porteur de projet propose ainsi une mesure de réduction de l’impact en la matière en prévoyant une synchronisation du clignotement du balisage « dans la mesure du possible ». L’Autorité environnementale recommande donc que le porteur de projet fasse le nécessaire pour que cette synchronisation soit effective. Par ailleurs l’Autorité environnementale recommande de compléter le dossier sur les effets stroboscopiques.

Réponse du responsable du projet Les exploitants des parcs voisins seront contactés préalablement à la mise en service afin d’assurer la synchronisation du balisage lumineux entre les différents projets. Par temps ensoleillé, une éolienne en fonctionnement va générer une ombre mouvante périodique (ombre clignotante), créée par le passage régulier des pales du rotor devant le soleil, pouvant générer un effet stroboscopique sur les personnes présentes. Plusieurs paramètres interviennent dans ce phénomène : la taille des éoliennes ; la position du soleil (ils effets varient selon le jour de l’année et l’heure de la journée) ; les caractéristiques de la façade concernée (orientation) ; la présence ou non de masques visuels (relief, végétation) ; l’orientation du rotor et son angle relatif par rapport à l’habitation concernée ; la présence ou non de vent (et donc la rotation ou non des pales).

Concernant le projet éolien de Freyssenet, les vents dominants sont très réguliers et en majorité des vents issus du Nord. Ainsi l’éolienne aura en fonctionnement une orientation quasi constante face au Nord. L’effet stroboscopique sera donc perceptible en majorité pour les habitations au Nord du site, lorsque le soleil sera plein sud.

Rose des vents sur la commune de Freyssenet

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37 Zone potentiellement sujette aux effets stroboscopiques

(zone prédominante d’ombre projetée de

Course du soleil du Course

Vents dominants

Les habitations potentiellement les plus sujettes aux effets stroboscopiques sont celles situées au Nord de l’éolienne. Or cela concerne sur le site uniquement les habitations situées au lieu-dit Pey Laurent, aucune autre habitation n’étant présente dans un rayon d’un kilomètre au Nord de l’éolienne. L’arrêté du 26 août 2011 relatif aux installations soumises à autorisation au titre des ICPE précise que la limite acceptable de cette gêne pour des bâtiments à usage de bureau situés à moins de 250 m d’une éolienne est de ne pas dépasser plus de 30 h par an et une demi-heure par jour d’exposition à l’ombre projetée. Ces valeurs sont donc considérées comme des seuils acceptables pour l’exposition aux ombres portées.

Les habitations du hameau Pey Laurent sont situées à 910 m au plus proche de l’éolienne. Etant plein Nord par rapport à l’éolienne, de potentielles ombres mouvantes ne pourraient atteindre ces habitations que pour un soleil de milieu de journée, situé plein sud. Or, quelle que soit la saison, même en hiver lorsque le soleil est bas, l’ombre produite par un objet d’une 37

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centaine de mètres de haut ne peut pas atteindre une taille 9 fois supérieure à l’objet en question avec un soleil à son apogée. De plus l’habitation en question est située dans un ravin, donc un creux de relief, et séparée de l’éolienne par une bande boisé . Ainsi, les effets stroboscopiques sont considérés comme négligeables pour cette habitation.

Pour ce qui concerne les autres habitations voisines, on considère que pour les autres directions de vent, leur faible occurrence dans l’année (moins de 40% du temps) ne suffit pas à générer des effets stroboscopiques réguliers sur les habitations alentour. En effet, la combinaison des facteurs suivants de nature à générer des effets stroboscopiques sur les habitations sera atteinte très peu de temps voire pas du tout sur l’année : orientation de l’éolienne face ou dos à l’habitation considérée, présence de vent donc éolienne en rotation, présence de soleil, position du soleil derrière l’éolienne par rapport à l’habitation considérée (sur un axe soleil – éolienne – habitation considérée), absence de masque végétal entre l’habitation considérée et l’éolienne et de relief arrêtant l’ombre portée avant l’habitation, soleil suffisamment bas pour que l’ombre portée soit supérieure à 530 m minimum (distance de l’habitation la plus proche), présence effective d’ouvertures visuelles dans la façade de l’habitation vers l’éolienne. Ainsi, aucun effet stroboscopique n’est anticipé sur ces habitations ; c’est pourquoi une étude détaillée des ombres portées n’a pas été réalisée .

Commentaire du Commissaire Enquêteur Les explications avancées par le responsable du projet sur ce thème n’appellent pas de réserve de ma part (alors que je suis conscient que les effets stroboscopiques sont particulièrement sensibles lorsqu’ils impactent des riverains)

4-9 Observations de l’Autorité environnementale sur le paysage

L’Autorité environnementale recommande donc de revoir la qualification de l’impact paysager envisagé pour le bourg de Freyssenet notamment depuis les points d’observation situés immédiatement au sud, ainsi que de compléter le dossier par une étude de l’impact paysager cumulé des différents parcs éoliens sur les hameaux de la commune de Freyssenet, et notamment celui de Monteillet. L’Autorité environnementale recommande donc de préciser les motivations liées au moindre impact paysager ayant conduit à la détermination du lieu d’implantation de l’éolienne.

Réponse du responsable du projet Depuis l’entrée de bourg Sud de Freyssenet, l’éolienne du projet apparaît lisiblement dans le champ visuel de l’observateur au- dessus du village. Sans que les rapports d’échelles soient disproportionnés du fait du gabarit réduit de l’éolienne, sa présence en covisibilité avec le clocher de l’église modifie la silhouette du bourg perçue depuis cette entrée de bourg Sud. L’impact est modéré depuis ce point localisé où la perspective met en scène le village et l’éolienne en arrière-plan. La silhouette du clocher se distingue toujours aisément et les rapports d’échelles montrent une cohérence entre la portion de l’éolienne visible et les formes qui organisent et structurent le paysage : qu’il s’agisse de l’amplitude des courbes du relief ou des bosquets boisés qui dominent le second plan, la portion apparente de l’aérogénérateur reste en cohérence vis-à-vis de ces éléments structurant la vue. Les impacts cumulés restent globalement faibles à modérés à l’échelle des hameaux de l’aire d’étude immédiate, notamment pour le cas particulier de Monteillet. Comme évoqué précédemment, les jeux visuels permis par les reliefs et la végétation empêchent à l’observateur de percevoir l’ensemble du motif éolien d’un seul regard. Les covisibilités entre les parcs ne sont pas systématiques et lorsqu’elles existent, il n’y a pas de confusion entre les différents parcs. Pour le cas de Monteillet, il s’avère que les reliefs et la végétation sur lesquels s’adossent le hameau limitent les perceptions du contexte éolien alentour. Les effets d’encerclement peuvent difficilement se traduire dans la réalité, même s’ils s’expriment d’un point de vue cartographique. Ci- dessous, on peut distinguer que le projet de Freyssenet ajoute à peine 3° d’occupation supplémentaire depuis les abords de la ferme de Monteillet, car s’inscrivant dans la direction des parcs construits de Serre des Fourches et Niolans. Ce résultat sera d’autant plus faible depuis la ferme elle-même où la perspective refermera cet angle supplémentaire.

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Eolienne en projet

Serre des Fourches

Niolans Eoliennes Vestas

Cartographie analytique de la saturation visuelle depuis le hameau de Monteillet

Vue panoramique avec projet depuis le hameau de Monteillet (indication de l’angle ajouté)

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Photographie panoramique de l’état initial depuis le hameau de Monteillet (en bleu : éoliennes construites de Freyssenet sur la gauche de la vue, éoliennes construites de Serre de Fourches et Niolans à droite de la vue / en orange : localisation de l’éolienne en projet – non simulée)

Photographie panoramique 360° non photomontée depuis le hameau de Monteillet ©An Avel)

Les documents ci-avant montrent le faible impact cumulé du projet et des parcs riverains. La topographie et la végétation jouent un rôle majeur dans la perception du motif éolien dans son ensemble. L’exemple de la ferme de Monteillet est significatif : deux des éoliennes de Freyssenet à proximité de la ferme ne sont perceptibles que très partiellement (sur la gauche de la vue), celles de Niolans et de Serre de Fourches apparaissent également partiellement en arrière-plan (sur la droite de la vue). Les autres éoliennes (dans le dos de l’observateur) ne peuvent pas être perçues conjointement avec les autres qui se présentent dans le champ visuel en regardant en direction du futur projet de Freyssenet. En sus, celles-ci ne sont pas perceptibles du fait de la présence du relief et de la végétation qui enveloppe le hameau La contribution du projet à l’occupation visuelle est faible à modérée depuis le hameau de Monteillet. D’autres photomontages permettent d’observer les effets cumulés pour les hameaux voisins de Freyssenet. Ainsi, les photomontages 13, 11, 10, 8 ou 6 du volet paysager (volume 4c) par exemple montrent des covisibilités peu impactantes : des dialogues se créent entre les parcs sans saturer le paysage, sans addition confuse dans l’espace. Le choix d’implanter une seule éolienne, a fortiori de gabarit modéré, contribue à cette contribution aux effets cumulés de manière réduite.

La demande sur les motivations liées au moindre impact paysager ayant conduit à la détermination du lieu d’implantation de l’éolienne demande a déjà été formulée par le service Mobilité, Aménagement et Paysage de la DREAL début 2019. Un chapitre dédié avait ainsi été ajouté à l’étude paysagère (volume 4c chapitre 5 pages 305 à 309). Que ce soit à échelle éloignée, rapprochée ou immédiate, le choix de localisation du projet a été réfléchi afin de minimiser les impacts sur le paysage. Plusieurs contraintes ont guidé ce choix : préconisations réglementaires à l’échelle départementale ; préconisations des sensibilités évoquées dans le schéma de maîtrise du développement éolien sur le massif du Coiron ; importance d’éviter le mitage à l’échelle du massif tout en évitant les effets de saturation ; importance de privilégier un gabarit de projet cohérent avec les parcs voisins ; importance de privilégier un faible nombre de machines sur ce site ; importance de s’inscrire à proximité d’un ensemble éolien existant afin de conserver une cohérence à l’échelle du grand paysage.

Ces lignes directrices ont été respectées afin de renforcer la cohérence du projet à l’échelle locale comme à une échelle plus large. Des variantes ont été également analysées afin de choisir l’implantation la plus adaptée à la configuration du territoire et aux densités pré-existantes.

Voici à titre d’exemple les photographies présentées pour le hameau de Monteillet (d’autres photographies figurent dans le dossier)

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Etudes des variantes d’implantations des machines depuis le hameau de Monteillet

4-1-2 b Observations et recommandations de l’Autorité environnementale sur les effets cumulés

L’Autorité environnementale recommande de revoir l’enjeu représenté par l’avifaune migratrice et l’impact du projet sur celle- ci. Elle ne peut se satisfaire d’une absence de mesures ERC propres à cette thématique.

L’Autorité environnementale recommande donc de prendre en compte les données de suivis des parcs voisins dont les résultats apparaissent essentiels à l’évaluation des impacts du nouveau projet. Ces résultats sont disponibles auprès des autorités décisionnaires.

Réponse du responsable du projet Le sujet de l’avifaune migratrice a été traité par ailleurs. Les effets cumulés ont été étudiés à partir des niveaux d’impact résiduels du projet éolien de Freyssenet. Ceux-ci étant nuls à faibles sur la quasi-intégralité des espèces étudiées suite à l’application de la séquence ERC, il n’a pas été jugé utile de prendre en compte les données de suivis des parcs voisins .

5 La Caractérisation des avis observations et propositions émis dans le cadre de l’enquête publique

A la clôture de l’enquête publique étaient disponibles • 194 (après élimination des doublons) avis par courrier électronique reçus en préfecture puis mis en ligne sur le site ad- hoc (et que la préfecture me transmettait régulièrement par courriel) • 65 avis par courrier papier ou électronique reçus au siège de l’enquête (en marie de Freyssenet) • 5 propositions ou observations exprimées uniquement sous forme verbale sans confirmation écrite

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Par ailleurs, j’ai pris connaissance des avis (20 favorables et 1 défavorable, ce dernier ayant été formulé également par courriel sur le site de la préfecture e) que le porteur du projet a annexé en réponse à l’avis de la MRAe après avoir contacté les habitants des hameaux proches du projet.

Ces 264 avis ou expressions (donc non compris les avis annexés à la réponse à la MRAe) sont • Défavorables pour 192 d’entre eux • Favorables pour 71 (donc non compris les 20 avis favorables annexés à la réponse à la MRAe) • Neutre dans un cas

Les personnes s’exprimant déclarent les domiciles suivants • 188 en Ardèche • 58 dans d’autres départements (dont 12 dans le Gard et 5 dans le Rhône) parfois lointains (50,92,75..) • Aucun pour les autres cas .

46 avis ( non compris les 20 avis annexés à la réponse à la MRAe) sont émis par des habitants des communes figurant dans le périmètre rapproché de 6kms 41 sont défavorables et 5 favorables (non compris les 20 avis favorables annexés à la réponse à la MRAe Parmi ces avis 17 sont exprimés par des habitants de Berzème (dont 1 seul favorable), 9 sont originaires de Privas

On notera, tant pour les avis favorables que pour les avis défavorables, la reprise répétitive des mêmes arguments et formulations (dans le cadre de ce qui s’apparente à des pétitions pour les avis favorables et des copier/coller pour les avis défavorables émis par courriel). Ces avis expriment des considérations générales sur l’éolien et des appréciations « territorialisés). Les thèmes les plus fréquents sont les paysages, les nuisances, les aspects économiques au sens large.

Les avis sont émis par des particulier et par 3 associations • La FRAPNA (fédération Régionale des Associations de Protection de la Nature) • Coiron à Venir • ADEBAC (Association pour la défense du Barres et du Coiron)

Seules 3 délibérations de collectivités territoriales ont parvenus dans les délais fixés (avant le 2mars) : Avis défavorable du CM d’Alissas, Avis défavorable du CM de Saint-Pierre La Roche, Avis favorable du CM de Veyras. Le CM de Berzéme s’est prononcé défavorablement dans une délibération parvenue hors délais. On relève que les délibérations ne sont pas motivées.

Enfin on notera que le site internet de la préfecture a donné lieu entre le 11 janvier et le 15 février à • 490 visites • 421 visiteurs (NB : Si un visiteur visite une page plusieurs fois par jour , avec des interruptions de plus de 30 minutes, l'outil statistique le considère comme un visiteur unique ayant généré plusieurs visites. Si un visiteur visite le site web sur deux jours différents, il sera compté comme deux visiteurs) • 958 téléchargements

6 La teneur des avis observations et propositions émis dans le cadre de l’enquête publique et les réponses apportées par le responsable du projet sur la base du PV de synthèse établi par le CE

Cette présentation est faite en regroupant les observations par thématique

 Observations et propositions relatives à la forme du dossier

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Les observations sont formulées dans le cadre d’avis défavorables et sont donc critiques ; elles portent sur le respect des principes de la démarche ERC et plus fréquemment mettent en cause la sincérité de l’étude plus particulièrement sur le volet paysager, la dimension économique et financière

Voici des extraits représentatifs des observations relatives à cette thématique

« globalement le dossier ne démontre pas une prise en compte suffisante de la démarche ERC (Éviter, Réduire, Compenser), doctrine exprimée par le ministère de l’Écologie, du Développement Durable et de l’Énergie afin que la conception des projets éoliens s’attache tout d’abord à éviter les impacts sur l’environnement, y compris au niveau des choix fondamentaux liés au projet (nature du projet, localisation, voire opportunité »

« la photo-montage n’a évidemment rien à voir avec la réalité d’une éolienne de 160M à cet endroit…il suffit de comparer à les photos d’éoliennes construites sont passés maitres dans l’art de travestir la réalité (éoliennes sur fond de nuages blancs, ange de vue rapetissant artificiellement les mats, etc…) » (NB : l’avis mentionne bien 160m par erreur) »

« La présentation la plus scandaleuse concerne les pales ….(avec une photo d’enfants a alors que les pales sont enfouies par milliers…) »

« Il n’y aucun photomontage de nuit avec le balisage lumineux très visible à des dizaines de kilomètres dans des régions peu urbanisées »

« Le tableau des frais financiers est faux …et c’est une opération à la rentabilité indécente »

Commentaire du CE et demandes au responsable du projet Ces observations sont exprimées dans la quasi-totalité des cas dans le cadre d’avis défavorables et portent sur la démarche suivie, l’insertion dans le paysage analysée via des photos-montage et la dimension économique. Pour ma part je relève que le dossier comporte diverses données obsolètes relatives au contexte énergétique et que la réponse à la MRAe sur les impacts cumulés est incomplète. Je demande au responsable du projet de fournir des éléments de réponse sur les points abordés. Notamment de préciser comment a été conduite la démarche ERC et de compléter l’analyse des effets cumulés

Réponses du responsable du projet Concernant l’application de la démarche ERC Lors des réponses à la DDT du 16 juin 2020, la démarche ERC a été re-détaillée spécifiquement aux thématiques écologiques (pages 10 à 12 du mémoire spécifique en réponse). De la même manière pour toutes les thématiques, c’est une démarche d’évitement qui a été privilégiée, notamment et prioritairement par le choix de l’implantation de l’éolienne.

Le choix de la zone d’implantation potentielle résulte d’une combinaison de plusieurs facteurs : • Facteurs économiques et réglementaires : o Potentiel de vent du plateau du Coiron très élevé ; o Respect de la distance de 500 m aux habitations ; o Implantation en zone compatible avec l’éolien selon les schémas de planification passés ou en vigueur (Schéma départemental de l’Ardèche de 2007, Schéma régional éolien de l’ancienne région Rhône-Alpes de 2012, Schéma de maîtrise du développement éolien du Massif du Coiron de 2006) ; o Soutien politique communal et avis favorable des riverains ; o Proximité du raccordement électrique et absence de travaux d’envergure pénalisant l’environnement • Facteurs paysagers : o Evitement du mitage par l’implantation sur la commune de Freyssenet, seule commune du plateau du Coiron accueillant des éoliennes à l’heure actuelle ; o Respect d’espaces de respiration entre projets éoliens pour éviter tout effet de saturation visuelle ; o Choix d’un gabarit de projet cohérent avec les parcs voisins ;

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o Réduction des impacts visuels en privilégiant un faible nombre de machines sur ce site ; o Inscription à proximité d’un ensemble éolien existant afin de conserver une cohérence à l’échelle du grand paysage ; o Eloignement du rebord du Coiron ; • Facteurs environnementaux : o Evitement de tous les zonages réglementaires recensés sur la commune de Freyssenet et aux environs (parc naturel des Monts d’Ardèche, Arrêté préfectoral de biotope de la rivière de l’Ardèche, sites Natura 2000, dont ZSC notamment, ZNIEFF de type I et Zone d’Importance pour la Conservation des Oiseaux), excepté une ZNIEFF (Zone d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique) de type II « Plateau et contreforts du Coiron », liée à la préservation de la faune et de la flore du Coiron et de ses alentours immédiats. Le paysage de cette ZNIEFF comprend majoritairement des pâturages et des prairies de fauches sèches à vocation d’être pâturée par des ovins et des bovins. A noter que la superposition des zonages réglementaires présents sur la commune de Freyssenet, hormis la ZNIEFF II dans laquelle s’implante le projet et qui couvre l’intégralité du plateau du Coiron, ne laisse que très peu de choix de site.

La prise en compte cumulée de tous ces facteurs ne laisse pas beaucoup de marge de manœuvre quant aux possibilités d’implantations d’éoliennes supplémentaires. C’est donc le respect d’un maximum de ces contraintes qui a conduit au choix de la zone actuelle. La carte ci-dessous reprend la plupart des contraintes identifiées et citées ci-dessus pour illustrer les zonages disponibles sur la commune. A noter que la ZNIEFF de type II, qui couvre l’intégralité de la commune, n’est pas représentée sur cette carte.

A l’issue de cette sélection de la zone la plus appropriée, l’étude d’impact a permis de mettre en évidence les impacts résiduels n’ayant pu être évités. Ceux-ci ont été réduits au maximum par de nombreuses mesures visant diverses thématiques. Le tableau récapitulatif page 395 et suivantes de l’étude d’impact les résument, ainsi que les niveaux d’impact résiduels.

Concernant la véracité des photomontages Les simulations d’implantation de l’éolienne sur photomontages servant de base à l’analyse des impacts paysagers sont réalisées à partir d’un logiciel professionnel : WinPro. Les informations précises techniques spécifiques au projet servent de données d’entrée : coordonnées exactes d’implantation, hauteur totale en bout de pale à la verticale, diamètre du rotor, largeur de base du mât, largeur maximale des pales, couleur exacte de l’éolienne (RAL 7035). Cela permet de simuler l’implantation, sans aucun écart à la réalité et sans biais subjectif d’interprétation du photomonteur. L’interprétation des photomontages pour qualifier et quantifier les impacts est ensuite réalisée par un expert paysagiste indépendant, ayant lui-même réalisé une campagne de terrain exhaustive afin de se forger son opinion professionnelle des paysages et enjeux, et des impacts de l’introduction d’une éolienne. Cela lui permet d’analyser le plus finement et objectivement possible les effets du projet et les mesures qui s’imposent. A noter qu’il s’agit ici d’une éolienne de 119 m de hauteur et non pas 160 m.

Concernant les effets cumulés Les impacts cumulés ont été étudiés dans un chapitre dédié (Etude d’impact page 369 et suivantes). Pour rappel, l’étude des effets cumulés prend en compte les 3 parcs éoliens construits de Freyssenet (5 éoliennes de Freyssenet à 715 m au plus proche, 1 éolienne de Serre des Fourches à 1,8 km et 1 éolienne de Niolans à 1,9 km), les 2 éoliennes sur la commune du Pouzin (plus de 17 km) et les 3 éoliennes accordées de la commune de Rochessauve (4,5 km). Les éoliennes les plus proches sont privilégiées, soit 10 éoliennes dans un rayon de 6 km (les éoliennes du Pouzin étant situées à plus de 17 km, elles sont négligées dans l’analyse des effets cumulés). Pour rappel également, l’étude des impacts écologique démarre par un inventaire bibliographique des espèces présentes dans les aires d’étude, afin d’adapter les inventaires de terrain aux espèces faune et flore pressenties sur site. Cette étude bibliographique a inclus plusieurs rapports de synthèse des suivis ornithologiques des parcs éoliens voisins en fonctionnement, comme rappelé page 73 de l’étude d’expertise écologique. L’analyse de ces effets est ici complétée avec le suivi ornithologique du parc éolien du Serre des Fourches riverain, selon le bilan le plus récent de la FRAPPNA daté de 2020 et suivant la migration. Au cours des journées de prospection de printemps en migration prénuptiale, 1524 oiseaux migrateurs ont été comptabilisés, appartenant à 27 espèces. Les rapaces totalisent 80 individus (5,2 % de l’effectif de l’ensemble des migrateurs) répartis en 8 espèces. Les rapaces migrateurs les plus abondants sont le milan noir avec 22 individus, le milan royal avec 20 et la buse variable avec 15 individus. Ils cumulent 71 % des rapaces migrateurs observés. Les passereaux sont représentés par 12 espèces pour un effectif global de 912 individus, représentant 60% de l’effectif de l’ensemble des migrateurs. Par rapport au suivi des périodes

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2005-2009 et 2017-2019, le nombre total de migrateurs est moyen alors que le nombre d’espèces est parmi les plus faibles (29 espèces en 2005, 21 en 2019). Au cours des journées de prospection postnuptiale, 1937 oiseaux migrateurs ont été comptabilisés, appartenant à 29 espèces. Le flux de migrateurs est dominé par les passereaux qui totalisent près de 1200 individus (1171) de 19 espèces différentes, soit plus de la moitié des migrateurs dénombrés (60 %). Le Pinson des arbres est le plus abondant avec 850 migrateurs. Cet oiseau cumule 44 % des effectifs de migrateurs et 73 % du flux de passereaux. Les pigeons sont également bien représentés avec 587 individus soit près de 30 % du nombre total des migrateurs. En revanche, les rapaces totalisent seulement 29 individus (soit 1,5 % de l’effectif de l’ensemble des migrateurs) répartis en 4 espèces (Milan royal, Busard des roseaux, Epervier d’Europe et Buse variable). Quelques tendances ressortent en comparaison avec les suivis de la période précédente (2005 à 2009) : le nombre d’espèces contactées est plutôt faible, tout comme celui de migrateurs ; les effectifs de grand cormoran sont assez élevés (3e meilleure année après 2005 et 2018) ; les effectifs de rapaces migrateurs sont moyens ; le nombre de pigeons est dans la moyenne basse ; pour les passereaux, les effectifs sont plutôt faibles tout comme la richesse. L’utilisation du site par les rapaces locaux a été étudiée de manière spécifique. Globalement, 4 espèces de rapaces « rares » (figurant en annexe 1 de la directive européenne « oiseaux ») ont été observées : le Milan royal (1 trajet), le Vautour fauve (12 trajets), le Circaète Jean-le-Blanc (22 trajets) et l’Aigle royal (2 trajets). Trois espèces de rapaces « communs » ont été vues sur le site (ou proche) en déplacement local. Il s’agit de l’Épervier d’Europe (3 trajets), la Buse variable (36 trajets), le Faucon crécerelle (4 trajets). Par rapport au suivi de la période 2005 à 2009, le fait le plus remarquable est le nombre d’observations de vautours. Ainsi, le vautour fauve a été noté à 12 reprises à l’occasion du suivi de l’année 2020, et 41 fois de 2017 à 2020, alors qu’il avait été signalé une seule fois (en 2008), sur 5 années de suivi sur la période 2005-2009. En conclusion, ces données confirment les inventaires réalisés dans le cadre de l’étude d’impact de l’éolienne. Il n’y a aucune espèce nouvelle relevée, et les effectifs relevés par espèce correspondent à ceux relevés par le bureau d’études Calidris, hormis peut-être une proportion légèrement supérieure pour les Vautours fauve.

 Observations et propositions relatives à la démarche d’élaboration du projet

Les observations critiquent l’absence de concertation préalable en se référant à des principes généraux, parfois aux obligations qui sont censées découler du SRADETT (ce point sera spécifiquement abordé dans la suite du présent document), et aux recommandations formulées par l’académie de médecine

Voici des extraits représentatifs des observations relatives à cette thématique « La population locale n’a pas été avertie directement du projet et n’en connaît ni les contours techniques ni les enjeux et limites la société Tourrenergies n’ayant pas souhaité informer la population par voie de réunion publique »

« Ce projet a été élaboré dans le secret et le mépris de la population, aucune réunion publique n’ayant été organisée en amont pour permettre un débat démocratique, en contradiction avec les directives édictées par l’État en matière de concertation pour ce type de projet «

« L ’académie de médecine rappelle l’importance de la recherche de consensus dans la population concernant ce type de projet et formule de nombreuses recommandations »

Commentaire du CE et demandes au responsable du projet Pourquoi le responsable du projet a-t-il fait le choix de ne pas engager une concertation préalable auprès des habitants du secteur concerné par le projet ?

Réponses du responsable du projet Le projet a été développé en toute transparence. A de nombreuses reprises lors du développement du projet, le porteur de projet, le propriétaire du terrain et la maire ont eu l’occasion de discuter avec les villageois de manière informelle. Le porteur de projet n’a ainsi pas jugé nécessaire de réaliser une concertation préalable formelle sous forme de réunion publique, au vu de l’accueil très favorable de ce projet, que ce soit par les habitants ou les élus.

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Une réunion publique était prévue suite au dépôt de l’autorisation environnementale, basée sur la version consolidée du dossier après réponse aux compléments. Cependant les conditions sanitaires depuis le début 2020 n’ont pas permis la tenue de cette réunion.

 Observations et propositions relatives aux modalités de collecte des avis dans le cadre de l’EP et de la préparation de la réponse du porteur du projet à l’avis de la MRAe

Les observations sont des critiques de la méthode utilisée par le responsable pour projet pour collecter des avis et expriment le souhait ou la nécessité d’un débat public

Voici des extraits représentatifs des observations relatives à cette thématique

« Le promoteur prétend avoir reçu des « courriers d’intérêt au projet » alors qu’il a démarché à domicile les riverains avec un tract qu’il leur a demandé de signer. Une telle démarche valeur compte-tenu de l’effet d’intimidation qui s(‘apparente à de la vente forcée, et est limite en termes d’éthique. Cette démarche a été effectuée en période hivernale et n’a visiblement touché aucun des résidents secondaires comptabilisés dans le cercle proche »

« Comment se fait-il qu’une communauté locale (les vrais habitants et propriétaires du plateau) ne soit pas autorisée au 21 ème siècle à s’exprimer via un référendum local par exemple ? »

« Le projet ne doit pas être mis en œuvre en l’état une certaine exigence du débat public étant le préalable à une décision d’intérêt prive face à l’intérêt public »

Commentaire et demandes du CE Comment avez-vous conduit la collecte des avis joints à réponse à la MRAe et selon quels critères.

Réponses du responsable du projet Le porte à porte a été réalisé par le propriétaire du terrain et non par le porteur de projet, afin justement d’éviter tout sentiment de pression ou d’intimidation. Celui-ci, en tant qu’habitant d’une commune voisine et éleveur sur la commune de Freyssenet, est en effet connu et impliqué dans la vie du village. Il a rendu visite à la quasi intégralité des maisons du bourg, sans sélection préalable des riverains visés selon leur opposition ou non au projet. Les retours ont été très positifs et ont été l’occasion d’échanger sur le projet. Cela confirme d’ailleurs la concertation informelle réalisée sur le projet.

 Observations et propositions relatives à l’impact sur le climat social

Les observations expriment -souvent dans des termes virulents- la crainte que des tensions déjà constatées dans le passé ne se réveillent et qualifient le comportement du responsable du projet de méprisant

Voici des extraits représentatifs des observations relatives à cette thématique

« Ce nouveau projet attisera le feu de la discorde ! »

« De sévères divisions voire des déchirements, déjà installées y compris au sein des familles, seront attisée par ce projet de trop en renforçant le vent de la discorde

« Personne n'a oublié le climat de discorde crée par les projets éoliens précédents. Il faut éviter de raviver ce climat délétère »

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« un propriétaire qui s’apercevra de la baisse de valeur de son patrimoine à cause du voisin qui aura laissé implanté des éoliennes, pourra se retourner contre celui-ci et lui demander des indemnités. Le climat social de l’ensemble de la région continuera de se dégrader. Déjà̀, suite aux implantations des parcs existant, nous en percevons tous les effets négatifs : de sévères divisions, voire des déchirements se sont installées, y compris au sein des familles »

« Avec ce projet d'une nouvelle éolienne, on constate bien la technique du "pied dans la porte". Des parcs éoliens existent déjà alors pourquoi pas quelques éoliennes supplémentaires ! Cet argument est utilisé par la société Enercon GmbH, potentiel fournisseur de l'éolienne pour le projet (cf. courrier du 11/02 écrit au nom de la dite société ) : "le plateau du Coiron offre une ressource naturelle qu'il est intéressant d'exploiter [...] sans multiplier les nuisances ni surprendre le touriste car il y a déjà des éoliennes". Cela en dit long sur le mépris des industriels et des promoteurs vis-à-vis de la population locale ! Seul "le touriste", qu'il est si facile de faire parler à son avantage, est pris en compte dans l'équation. Voilà comment grignoter peu à peu le plateau, impacter les terres agricoles et la préservation du foncier, détruire les couloirs migratoires ».

« A chaque fois qu’il y a eu un projet éolien sur le Coiron l’unité villageoise a été mise à mal »

Commentaire du CE et demandes au responsable du projet Les craintes exprimées semblent s’inscrire en grande part dans le prolongement des tensions connues lors de l’émergence de projets à Berzème. Comment le porteur a-t-il intégré ce ressenti dans la conduite du projet et comment compte-t-il le faire par la suite ?

Réponses du responsable du projet Le débat ne porte pas sur l’introduction d’un élément totalement novateur et singulier sur le plateau du Coiron, mais sur un confortement de ce qui existe déjà, et fait aujourd’hui partie des paysages de manière familière. Les retours des habitants de Freyssenet sont en majorité favorables au projet. Ainsi le porteur de projet, le propriétaire du terrain et le maire de Freyssenet, connaisseurs légitimes des habitants riverains et plus lointains, n’estiment absolument pas que l’introduction d’une éolienne supplémentaire soit de nature à renouveler un tel niveau de tension. Le centre de la commune de Berzème est situé en contrebas par rapport à l’éolienne, qui ne sera visible de manière faible que depuis la route départementale 7 en sortie de bourg en direction de Freyssenet. Elle s’intègrera depuis ce point de vue dans la continuité du parc de Freyssenet, dans des rapports d’échelle en termes d’implantation et de hauteurs cohérents laissant croire à une appartenance au même ensemble éolien.

 Observations relatives à la compatibilité avec le SRADDET et autres documents de cadrage

Les observations mettent en cause la compatibilité de l’opération avec le SRADETT et lorsqu’elles sont favorables se réfèrent à un schéma local

Voici des extraits représentatifs des avis abordant ce thème

« Dans la forme et le respect de la loi : Enfin, pour maîtriser le développement anarchique de l’éolien, le Schéma Régional d’Aménagement de Développement Durable et d’Égalité des Territoires ( SRADDET) prévoit depuis 2019 deux principes qui ne sont pas respectés par ce projet: 1. L’acceptabilité des habitants et l’accord formel des collectivités impactées 2. La prise en compte des contraintes liées à la protection des paysages et de la biodiversité »

« l’inscription de deux principes au SRADDET de 2 principes : l’acceptabilité des habitants et des élus du territoires , la préservation des paysages ..est importante et permettent d’éviter l’envahissement spéculatif de le l’éolien notamment dans les départements ruraux »

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« un schéma d'organisation du développement de l'éolien sur le plateau du Coiron a été réalisé par les communes et les communautés de communes dans les années 2000 qui fixait un certain nombre de principes. Les prescriptions de ce document cadre informatif ont fait l'objet d'échanges nombreux et d'une concertation avancée lors de sa réalisation. Le présent projet doit être examiné au regard des préconisations de ce document ; pour autant qu'un examen plus attentif le confirme, le projet porté par la société Tourrenergies paraît conforme aux attentes de ce document, et ne me semble personnellement pas poser de problème. A ce titre, et sous réserve d'un examen de conformité audit document plus poussé, il me semble que le projet considéré répond à des enjeux d'intérêt général, qu'il s'agisse des questions énergétiques, ou des questions de développement local, sans pour autant créer de nuisances environnementales significatives. »

Commentaire et demande du CE Les avis ne citent pas le SRADDET de la même façon. Quelle analyse faite vous de la prise en compte du SRADDET ?

Réponses du responsable du projet L’enquête publique dans le cadre d’une autorisation environnementale a pour but d’informer le grand public et recueillir les avis, pour y répondre. Cela concerne également toutes les communes dans un rayon de 6 km. Ainsi par ce biais les collectivités et les habitants sont informés du projet. L’étude d’impact permet quant à elle d’étudier les effets du projet sur l’écologie et les paysages, entre autres nombreuses thématiques pour lesquelles les impacts du projet sont étudiés. Des experts sont ainsi mandatés par le porteur de projet (paysagiste, botaniste, spécialiste des chauves-souris, ornithologue, etc.) et étudient les enjeux à préserver, et les impacts du projet. L’étude concluant à l’acceptabilité des impacts sur ces thématiques, ces dernières ont été prises en compte conformément aux préconisations du SRADDET. La dernière remarque formulée fait référence au Schéma de maîtrise du développement éolien du Massif du Coiron de 2006 et non au SRADDET. La compatibilité du projet a été étudiée spécifiquement avec ce document en page 308 de l’étude d’expertise paysagère. Il en ressort que l’implantation retenue se situe en zone favorable sous conditions que des études approfondies démontrent que des dispositions de préservation de l’environnement, à hauteur de l’importance des enjeux environnementaux et sociaux, rendent le projet acceptable et que le constructeur apporte la garantie de leur mise en œuvre effective dans la durée. Le porteur de projet a travaillé conformément à ces dispositions.

 Observations et propositions relatives au paysage

Les observations favorables considèrent que les éoliennes ont trouvé leur place dans les paysages ardéchois alors que les avis défavorables mettent en avant les spécificités remarquables du plateau du Coiron et l’impact négatif de l’éolienne projetée

Voici des extraits représentatifs des observations relatives à cette thématique

« Je suis personnellement favorable pour que notre département accueille encore de nouveaux projets de production d'énergie renouvelable, tant qu'ils respectent les contraintes environnementales. Bien sûr les opposants sont nombreux, principalement pour des problématiques liées au paysage, et je comprends leurs craintes. Cependant, il y a aujourd'hui une centaine d'éoliennes en Ardèche je pense, dont un parc à quelques kilomètres de mon habitation, il me semble qu'elles sont parfaitement intégrées et ne gênent ni de près, ni de loin »

« Les éoliennes font aujourd’hui partie du paysage, comme les moulins à vent autre fois (qui sont d’ailleurs devenus des atouts touristiques) »,

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« Il s’agit d’une curiosité paysagère et technique très instructive pour nos enfants »

« Le Coiron est un ensemble remarquable qui doit être préservé alors que l’éolienne va l’altérer »

« Le massif du Coiron est le plus vaste relief inversé de France, et il présent une grande unité territoriale préservée et des villages remarquables implantés en lisière de plateau. Ces caractéristiques en font un paysage emblématique et remarquable à l'echelle du département; »

« Les 3 villages emblématiques du Coiron : Berzème, Saint-Gineis et Freyssenet donnent une partie de son identité à ce plateau.Freyssenet sera écrasé et dénaturé par cette éolienne implantée si près du village le Coiron n’est pas un espace banal. C’est une part de notre patrimoine régional voire national »

-le Coiron a été clairement identifié comme un ensemble paysager remarquable ayant une identité forte.Il va de soi que l'implantation d'un pylone gigantesque de plus dans un tel paysage, ne peut que avoir un impact visuel considérable;

-« Les paysages font partie du patrimoine commun de la Nation c 'est pourquoi je veux préserver intacte ce massif du Coiron considéré comme paysage remarquable et unique. Cette région naturelle et exceptionnelle d’Ardèche mériterait bien mieux que de voir fleurir à tout vent ces pylônes blancs et disgracieux qui ne font qu’amoindrir son attrait. Il suffit d’apercevoir les plateaux drômois voisins de Roussas ou Montjoyer pour constater l’impact sur l’environnement visuel et sans s’attarder sur l’impact désastreux sur la faune ».

Commentaires et demandes du CE La thématique du paysage est très sensible Le responsable du projet a-t-il des éléments d’appréciation complémentaires à ceux figurant dans son dossier ?

Réponses du responsable du projet L’étude d’impact a permis d’analyser précisément les sensibilités paysagères existantes, et l’impact de l’introduction d’une nouvelle éolienne sur de nombreuses thématiques (lieux d’habitation, axes de communication, sites touristiques, sites patrimoniaux, etc.). Cette analyse des impacts a été réalisée au travers de photomontages, qui permettent de simuler précisément l’emplacement de l’éolienne dans les paysages, et sa visibilité depuis des points de vue soigneusement sélectionnés pour représenter des points emblématiques des thématiques étudiées. L’étude des photomontages a conclu à des niveaux d’impact nuls à faibles sur la plupart des thématiques, voire modérés localement pour quelques points de vue plus proches. Depuis les points de vue éloignés, la distance et la topographie rendent la présence du projet presque anecdotique depuis les axes de communication, les bourgs ou encore les monuments historiques. En effet, ces derniers sont quasiment systématiquement logés dans les creux de vallée et les perceptions en direction du projet sont nulles à faibles. Pour les villages installés sur les versants orientés en direction de la future éolienne, les sensibilités sont également réduites. C’est lorsque l’observateur marquera l’arrêt, lorsqu’un belvédère remarquable se présente à lui ou en effectuant un repos lors d’une randonnée en sommet de crête, que le projet se manifestera de manière plus lisible. Dans ces circonstances, l’observateur pourra apprécier la continuité entre les verticalités discrètes qui s’érigent sur le plateau. Au fur et à mesure de la progression vers Freyssenet, les sensibilités pourront se montrer ponctuellement plus élevées, notamment depuis la route départementale D7 qui jouxte le site d’implantation. L’itinéraire touristique et sportif de l’Ardéchoise, qui emprunte cet axe, est soumis aux mêmes effets, de manière succincte. Les impacts restent globalement modérés à faibles, du fait de la richesse paysagère qui s’exprime au niveau du plateau du Coiron : prairies, garigues, aspérités du relief et boisements épars se conjuguent en isolant visuellement le patrimoine, le tissu bâti ou les dessertes locales du projet éolien de Freyssenet. Par son gabarit et sa situation, le projet s’intègre de manière cohérente au sein de son territoire. Il serait illusoire par des mesures paysagères de faire croire que le projet peut être dissimulé. Aussi les mesures d’évitement et de réduction se sont concentrées sur le choix de la meilleure implantation possible pour favoriser l’intégration paysagère, ainsi que les choix de couleurs de matériaux pour le poste de livraison (pierre) notamment afin d’intégrer au mieux le projet dans le cadre de vie.

 Observations et propositions relatives à la biodiversité

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Les craintes exprimées se le plus souvent sur des considérations générales sur l’impact -négatif- des éoliennes sur l’avifaune et les chauves-souris. Quelques avis sont plus détaillés et comportent des éléments d’appréciation sur les spécificités du site (tel est tout particulièrement le cas de l’avis de la FRAPNA)

Voici des extraits représentatifs des observations relatives à cette thématique

« les travaux risquent de troubler et mettre en péril la survie de races sensibles, telles que celle des chauves-souris, dont les études faites sont contestées, car incomplètes d'après les spécialistes »

« Le col de l'Escrinet est le site le plus démonstratif pour ce phénomène, d'où les suivis ornithologiques que les associations naturalistes mènent depuis plus de 30 ans chaque printemps et y ont accumulés des milliers de données montrant l'évolution numérique, variable selon les espèces de l'avifaune migratrice. Tous les cols proches ont montré leur importance quantitative par rapport aux oiseaux migrateurs et en particulier le coulet de la Soulière et le col du Benas. Les données recueillies lors de comptages simultanés et comparatifs y ont montré dans certaines conditions météorologiques des chiffres du même ordre que ceux obtenus a Les suivis de mortalités sous les lignes d'éoliennes ont montré en France la réalité de ce problème, concernant les oiseaux et les chauves-souris, vérifié aussi sous les éoliennes existantes sur le Coiron, comme sous celles implantées sur le Plateau ardéchois (Cros-de-Géorand, St-Cirgues-en-Montagne). La biodiversité, son érosion due aux activités humaines et sa protection sont devenues aujourd'hui des enjeux très importants pour l'humanité et ce projet d'éolienne sur ce site va à l'encontre de cette prise de conscience»

« Les prospections « flore et habitats » ont été menées le 12 avril et le 25 mai soit sur une période favorable à la détection d’une partie des espèces mais insuffisante pour avoir une vision d’ensemble. Les espèces précoces (floraison de février à mars) et tardives (de juin à septembre) n’ont pas pu être détectées. Ainsi, l’étude d’impact indique sur la Zone d’Implantation Potentielle {ZIP} (annexes, partie 5, p 62 et suivantes) la présence de « pelouses sur basalte » (code CORINE Biotopes 34.34) susceptibles d’abriter la Gagée de Bohème (Gagea bohemica). Cette espèce protégée, classée « en danger » sur la liste rouge de la région Rhône- Alpes fleurit de janvier à mars selon les années et l’altitude. Elle n’est pas citée dans les espèces recherchées dans le cadre de l’étude d’impact (voir page 66), ce qui constitue une La sensibilité du site pour la flore est par conséquent peut-être sous-estimée ».

« Pour les oiseaux migrateurs, le dossier d’étude d’impact estime (page 117 du dossier) que le « col du Benas) constitue le principal enjeu relatif au phénomène migratoire sur le site ». Nous estimons que cette vision est très restrictive et que la ZIP doit être considérée comme dans le même ensemble que le col. Les résultats du suivi de la migration, prénuptiale comme postnuptiale montrent que ce secteur est très fréquenté par les migrateurs, avec en particulier de nombreux rapaces au printemps et des effectifs conséquents de pigeon ramier à l’automne. Ces résultats sont confirmés par les suivis réalisés par la FRAPNA 07 sur les parcs éoliens de Malescot (de 2006 à 2009) à l’est du col du Benas, et du Serre des Fourches à l’ouest (de 2005 à 2009 puis depuis 2017). Ces suivis ont permis de contacter d’autres espèces patrimoniales de migrateurs comme la Cigogne noire, le Balbuzard pêcheur, la Grue cendrée... Nous estimons que le col du Benas constitue un axe important pour les migrateurs et que, par conséquent, ce site n’est pas adapté à l’implantation d’une éolienne. Le rapport sur le « suivi ornithologique du parc éolien du Serre des Fourches » indiquait en conclusion : « En revanche, en fonction des impacts connus sur les oiseaux migrateurs, et de l’existence du parc éolien de Malescot, à environ 2 km à l’est du Serre des Fourches, il nous semble indispensable que, par la suite aucune éolienne ne soit implantée dans le secteur situé entre les 2 parcs éoliens, afin de conserver des « corridors sans éoliennes » suffisamment large pour garantir le passage des migrateurs.L’implantation d’une éolienne au col du Benas viendrait réduire la largeur de ce corridor d’environ 550 mètres et par conséquent augmenter les impacts sur les migrateurs (réactions de type bifurcation, demi-tour... induisant par effet cumulé un affaiblissement des oiseaux). Par ailleurs, l’étude d’impact sous-estime largement la fréquentation du site par le Vautour fauve (espèce à sensibilité forte aux collisions). Depuis une dizaine d’années, la crête nord du Coiron est devenue un axe ouest-est très fréquenté par les vautours lors de leurs déplacements en erratisme. Ainsi, le Vautour fauve n’est pas occasionnel sur le site (comme indiqué en page 259 du dossier) mais très régulier. L’impact potentiel sur cette espèce est donc sous-évalué ».

« Le projet qui se situe au plus mauvais endroit, au col de Bénas, en plein couloir migratoire majeur de la région, où sont constatés des pics de passage de 805 oiseaux migrateurs par jour, correspondant à 50 % du flux du col de l’Escrinet, entraînera des risques majeurs de collision des oiseaux migrateurs et des rapaces en vol de chasse ,avec les pales de l’éolienne qui se comportera comme un « hachoir » On note que 92 espèces ont été observées sur la commune, 36 relevant d’espèces nicheuses 50

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dont 6 sont inscrites sur les listes rouge nationales ou régionales, classée comme « en danger » ou« menacées .L’étude ne relève pas la présence du busard caché, busard de saint Martin et du circaète Jean le Blanc, et malgré la confirmation par la LPO du déclin des busards sur le plateau depuis 20 ans, l’étude n’a pas cherché à déterminer ces facteurs de déclin et notamment si le développement de l’éolien amorcé depuis 20 ans est l’une des causes ! 36 espèces d’oiseaux migrateurs, dont 6 espèces de rapaces, sont recensées dans la zone avec des pics de passage de 805 oiseaux par jour fin mars.Les rapaces utilisent les rebords du plateau du Coiron pour y pratiquer le vol stationnaire de chasse ce qui les expose particulièrement au risque de collision par les pales de l’éolienne. L’étude retient un enjeu fort pour le milan royal et le vautour fauve qui en période de chasse risquent d’être percutés par les pales de l’éolienne mais fait silence sur les autres espèces ! De la même façon, l’impact sur les oiseaux nicheurs ne saurait se limiter aux seuls passereaux en période de travaux L’étude d’impact ne prend pas correctement la mesure de la sensibilité du cortège des oiseaux nicheurs pourtant bien connu et révélé par les inventaires ZNIEFF. L’impact sur les oiseaux nicheurs est exagérément minoré ! L’ensemble formé par les cols s’échelonnant entre le col de la paille et le col de Bénas constitue un site migratoire majeur à l’échelle du massif central, le plus connu étant le col de l'Escrinet. Le col de Bénas n’est pas marqué dans le relief, le passage des oiseaux n’y est pas parfaitement concentré ; ce passage s’effectue plutôt sur une bande de plusieurs centaines de mètres . Lors des pics de migration, le flux en journée représente près du col de Bénas 50 % du flux du col

Commentaires et demandes du CE Le responsable du projet a-t-il des éléments d’appréciation complémentaires à ceux figurant dans son dossier ? notamment sur l’effet barrière pour l’avifaune dont le vautour fauve, et sur la « pelouse de basalte »

Réponses du responsable du projet Concernant les enjeux relatifs à l’avifaune migratrice, les effectifs d’espèces patrimoniales observés en période de migration sont très faibles au regard des populations migratrices de ces espèces transitant à l’échelle du département et encore plus de la région. Pour rappel, les effectifs de rapaces et migrateurs patrimoniaux (inscrits en annexe I de la directive oiseaux) observés sur site sont :

Par ailleurs il apparait que les ¾ des individus, toutes espèces confondues, évitent la zone d'implantation potentielle (située sur les contreforts du col de Benas) pour traverser la crête au niveau du col de Benas. Cette stratégie migratoire est similaire dans toutes les régions montagneuses. Les oiseaux traversent les crêtes au point le plus bas pour économiser leur énergie. La prise d’altitude est de loin l’investissement énergétique le plus important, c’est pourquoi les migrateurs passent au niveau des cols, là où les lignes de crête sont les plus basses.

C’est du fait de cette stratégie de vol que, dans les Pyrénées, les chasseurs d’oiseaux migrateurs chassent dans les cols au fusil ou au filet pour capturer les oiseaux là où le transit migratoire et le plus fort. Les postes de chasse ne sont jamais positionnés sur les contreforts des cols, car s’il reste possible que quelque passage soit observé, celui-ci est peu fréquent et très peu abondant.

Ainsi sur le site et ses marges, les flux migratoires apparaissant faibles (notamment en comparaison de ceux observés en région, au col de l’Escrinet par exemple) et localisés au niveau du col en marge de la zone d’implantation de l’éolienne proposée. Dans ces conditions, les enjeux sont réduits et les impacts attendus faibles.

Concernant les risques liés à l’effet barrière, l’impact supposé serait lié à « l’épuisement des oiseaux qui contourneraient l’éolienne » ou plus généralement à la dépense énergétique supplémentaire imposée aux oiseaux pour contourner l’éolienne et qui serait susceptible de remettre en cause leur capacité à migrer et à réaliser leur cycle écologique. 51

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On notera tout d’abord que le facteur limitant à l’autonomie des oiseaux en migration n’est pas lié aux réserves énergétiques, mais à la capacité des oiseaux à ne pas dépenser inutilement de l’eau. Ainsi il existe plusieurs stratégies de migration : - Espèces qui migrent d’une traite sur de longue distance et qui volent à haute, voire très haute, altitude pour bénéficier de courants porteurs et de flux d’air frais ; - Espèces qui migrent par sauts de puces de quelques dizaines de kilomètres par jour.

On comprend bien que, pour les oiseaux migrant à plusieurs centaines de mètres d’altitude, la présence d’une éolienne n’est pas un obstacle en soit puisque les oiseaux la survolent très largement. La question de la dépense énergétique et du contournement ne se pose ainsi pas. En revanche pour les oiseaux qui volent à basse altitude, celle-ci mérite d’être étudiée. On notera que, quelle que soit l’espèce considérée, l’autonomie en vol est très largement supérieure à celle estimée. Par exemple, de récentes études ont montré que des Barges rousses étaient capables de migrer sans halte sur des distance de plus de 10 000 km. D’autre études ont montré que, chez une même espèce, des individus pouvaient effectuer des migrations 2 fois plus importantes que d’autres (6 000 vs 14 000 km), tout en conservant un succès de reproduction suffisamment bon pour que ce caractère perdure dans la population. On se reportera enfin aux travaux présentés par Calidris lors de la CWW de Stockholm (2012) ou lors de la conférence EWEA (2015). On comprend ainsi donc bien, à la lumière de ces exemples, que la crainte d’un impact d’une dépense énergétique supplémentaire sur la survie des migrateurs apparait être un faux problème.

Pour ce qui est du Vautour fauve, de sa sensibilité et de la manière dont il fréquente ou non la zone du projet, on notera tout d’abord qu’il ne fait aucun doute que cette espèce est sensible au risque de collision. Nonobstant, on remarquera que, d’une part, les observations réalisées in situ par Calidris mentionnent la présence ponctuelle de l’espèce en transit à des hauteurs supérieures à 250-300 m d’altitude. D’autre part, le suivi de mortalité réalisé par la FRAPNA au cours des 5 années sur le site voisin n’a permis de trouver qu’un seul cadavre de Martinet à ventre blanc. Dans le cas présent, l’absence de preuve quant à la mortalité du Vautour fauve vaut preuve de l’absence. En effet le Vautour fauve, d’environ 5-7 kg, présente un taux de détection de 100 % et un taux de persistance de plusieurs semaines du fait de sa taille. De ce fait s’il y avait eu une collision au cours des 5 années de suivi, il est certain que celle-ci aurait été détectée. Par conséquent, même si le Vautour fauve est une espèce potentiellement sensible au risque de collision, la manière dont elle est présente localement (individus ponctuels volant à plus de 250-300 m de haut) limite de manière extrêmement forte les risques de collision. Le suivi de 5 années réalisé par la FRAPNA sur le parc voisin corroborant cette conclusion.

Concernant les enjeux relatifs aux pelouses sur basalte, les inventaires ont permis de mettre en évidence que les habitats présents sont dégradés du fait de la pression de pâturage ovin sur le site. De ce fait les conditions écologiques de la zone du projet apparaissent très peu favorables à la présence de Gagea bohemica. Par conséquent les expertises réalisées sont suffisantes au regard des enjeux identifiés.

 Observations et propositions relatives à la place de l’éolien dans la production d’énergie électrique

Les observations couvrent un large éventail de considérations : appel à la décroissance, alternative au nucléaire, inutilité dans une région excédentaire, intérêts financiers en jeu,….. (ces thème sont parfois traités dans d’autres paragraphes du présent rapport)

Voici des extraits représentatifs des observations relatives à cette thématique

« L’éolien est aujourd’hui l’alternative idéale en termes d’énergie, face au nucléaire. Construction simple avec peu d’impact environnemental (surface plus petite qu’une maison) permettant une remise en état du milieu naturel rapide. Pas d’effet gaz de serre, une énergie garantie. Un démantèlement avec un risque écologique nul ».

« À l’heure de l’urgence climatique, où le nucléaire questionne et inquiète plus que jamais, il est fondamental de mettre en place une relation plus sobre, moins prédatrice et plus solidaire au paysage et à la production d’énergie : augmenter la production

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d’électricité à partir d’énergies renouvelables, on le sait, est aussi nécessaire qu’inéluctable pour accroître la diversification des ressources. Produit grâce au souffle du vent, l’éolien ne connaît aucun risque de pénurie et ne génère aucune pollution. Toujours plus silencieuses, les éoliennes sont de plus en plus puissantes, ce qui leur permet de couvrir les besoins en consommation d’électricité d’un nombre croissant de personnes. Si d’ici 2028 la France doit tripler la puissance éolienne installée et atteindre la neutralité carbone en 2050, il me semble que tout projet local visant à contribuer à cette avancée doit être encouragé et soutenu ».

« La seule solution pour sauver nos vies et notre planète est de diminuer la consommation, ce que les gouvernements et les capitalistes tentent de dissimuler derrière de fausses belles promesses d'énergie renouvelable. Jusqu'à quand les citoyens, leurs droits, leurs biens, leurs avis et la nature seront-ils piétinés au profit du capital? »

« le projet qui consiste à ajouter sur le plateau du Coiron d'une éolienne supplémentaire est une insulte au concept même d'écologie .Sous ce prétexte hypocrite et mensonger qui ne trompe personne se cache une opération dépourvue du moindre intérêt énergétique, qui au mépris le plus cynique de toute démocratie, de la géologie, du patrimoine, des strates de temps passé, de la faune, de la flore , de l'identité de l'Ardèche, de sa beauté intrinsèque, du visage unique de ce plateau du Coiron, de la concorde entre les habitants, sert inutilement, coupablement, honteusement , les intérêts de financiers sans scrupules

« Comme tout territoire, le Coiron doit apporter sa contribution à la transition écologique tout en préservant ses caractéristiques environnementales et paysagères. Cela ne passe pas par l’implantation anarchique d’éolienne générant des fractures sociales profondes, une perte de biodiversité et une banalisation de son patrimoine »

« Aucune énergie, même renouvelable n'est totalement propre. Nous avons cependant besoin d'énergie et devons rechercher les meilleures solutions pour en produire où l'économiser de la façon la moins pénalisante pour nos activités et pour notre environnement et analyser toutes les contraintes qui surgissent à chaque implantation d'un moyen de production »

Réponses du responsable du projet Le dossier d’autorisation environnementale a pour vocation d’étudier l’acceptabilité de l’implantation d’une éolienne dans l’environnement local particulier retenu, ici le plateau du Coiron et en particulier la commune de Freyssenet, au travers notamment de l’étude d’impact et de l’étude de dangers. De nombreuses thématiques sont étudiées, de l’écologie au paysage, en passant par la santé et les risques pour les personnes aux alentours. Pour chacune des thématiques, les enjeux présents ont été qualifiés et quantifiés (état initial), puis les impacts du projet ont été évalués. Lorsqu’ils ont été jugés significatifs, des mesures ont été proposées. La démarche privilégie l’évitement, notamment par les choix d’implantation et d’aménagements. Pour les impacts résiduels significatifs n’ayant pu être évités, des mesures de réduction sont proposées afin de ramener ces impacts à des niveaux non significatifs. Pour les éventuels impacts n’ayant pu être évités ni réduits, des mesures de compensation et d’accompagnement sont proposées.

Ainsi le projet et l’implantation retenue n’ont rien d’anarchique, ils sont le fruit d’une réflexion globale sur l’énergie éolienne et les effets de l’implantation de l’éolienne à cet endroit précis. Les niveaux d’impacts résiduels ont conclu à une acceptabilité du projet sur chacune des thématiques identifiées, c’est pourquoi le porteur de projet a fait le choix de défendre ce projet et de porter la demande d’autorisation environnementale devant les services de l’Etat.

 Observations et propositions relatives à l’impact des éoliennes sur le climat et le CO2

On retrouve dans les observations les appréciations divergentes sur l’impact des éoliennes sur les émissions de CO2

Voici des extraits représentatifs des observations relatives à cette thématique

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« Ce projet lutte contre le réchauffement climatique et contribue au développement de l’énergie renouvelable. C’est une énergie d’avenir »

« ce dossier argue d'une économie potentielle de 4 620 tonnes de CO2, ce qui représenterait 844 grammes CO2 par Kwh produit ! Ce chiffre est totalement délirant, lorsqu' on note dans les publications de RTE une émission moyenne de 50 g/CO2/Kwh pour notre mix électrique. Le Président de la CRE a admis lui-même devant la Commission AUBERT - MEYNIER- MILLEFERT à l' A.N. que les EnR aléatoires n' avaient pas vocation à réduire les émissions de GES : alors cessons de véhiculer des bobards dans tous les dossiers éoliens ! Par ailleurs on peut mettre en doute la production escomptée de cette éolienne, 5470 Mwh/an correspondrait à un taux de charge moyen de 27%, bien supérieur à la moyenne nationale ou régionale, qui est de 22 à 24% ces dernières années. En exemple, l’Allemagne qui a fortement développé l'éolien, se retrouve aujourd’hui avec des Kw/h qui produisent 7 fois plus de CO2 que nous suivant la période « Sur un plan technique, cet investissement ne se justifie pas. Le facteur de charge d’une éolienne est de l’ordre de 27% (équivalent de production à la puissance nominale sur un an). Cela veut dire que pour l’équivalent de près des ¾ du temps, l’absence de production doit être compensée par d’autres sources d’énergies, nucléaires, dont le maintien à l’arrêt des installations durant la production de l’éolienne coute quasiment aussi cher qu’en production, ou encore en période de tension sur le réseau par des moyens de production carbonés, fuel, gaz voire même charbon, ce qui va à l’encontre de la réduction des rejets en CO2 pour limiter le réchauffement climatique. Il ne faut pas compter sur le photo-voltaïque qui a pour particularité d’être absent la nuit et lorsque le temps est couvert. De plus une éolienne est une source d’énergie dite fatale, complètement subi par le réseau pour lequel aucun service n’est rendu, en termes de maitrise de la fréquence ou de la tension qui doivent être assurés par des moyens pilotables (nucléaires, hydrauliques ou à combustion). »

« en utilisant la puissance du vent qui passe, c’est aussi commencer à modifier la circulation des vents dont sa puissance : et donc en y modifiant le climat progressivement. Et en particulier si on laisse installer un grand nombre d’éoliennes sur des hauts plateaux, des sommets ou des cols ».

Réponses du responsable du projet La production indiquée à 5470 MWh correspond au P90, c’est-à-dire au productible ayant 90% de chance d’être atteint. Ce productible, relativement sous-estimé, correspond au productible garanti demandé par les banques et assurant la solidité financière du dossier. Avec ce productible conservateur, l’éolienne fonctionnera effectivement en équivalent pleine charge 27% du temps, mais en pratique à puissance nominale ou non nominale elle fonctionnera 90% du temps.

Le productible P50, c’est-à-dire moins conservateur mais ayant tout de même 50% de chance d’être atteint est de 6882 MWh, ce qui représente 2992 h de fonctionnement à plein régime, soit 34% du temps en équivalent nominal. Ceci est effectivement un très bon résultat comparé à d’autres lieux en France où le P50 n’atteint souvent que 2000 heures.

L’éolienne produit 90% du temps, mais pas toujours à plein régime. D’autres moyens de production (variés) existants permettent, grâce aux interconnexions du réseau électrique, d’alimenter les endroits où il y a de la demande d’électricité.

Une éolienne n’est pas un obstacle de nature à modifier les régimes de vent ni leur puissance. Elles n’ont aucun impact sur le climat local, sinon quel serait l’impact d’un gratte-ciel de plusieurs centaines de mètres de hauteur, et beaucoup plus large d’un mât d’éolienne, sur les régimes de vent ? Elles génèrent des micro-turbulences des flux d’air dans leur sillage, négligeables dès quelques dizaines de mètres.

 Observations relatives aux solutions d’énergies renouvelables constituant une alternative à l’éolien

Les observations mettent en avant l’existence et l’intérêt de solutions alternatives (micro-barrage, solaire,)

Voici des extraits représentatifs des avis exprimés sur ce thème 54

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« L’électricité ne pouvant se stocker, le seul moyen est par la création de micro barrage,s et je pense que plutôt que de subventionner scandaleusement les éoliennes, l’Etat devrait s’engager dans cette voie-là.. les micro barrage offrent plusieurs avantages ….. une durée de vie plus longue..La possibilité de stocker l’électricité. (Pas besoin d’électricité on ne produit pas. Un besoin de produire pour faire face à la demande, on ouvre les vannes) »

« La quasi-totalité des agriculteurs et propriétaires du coiron pourraient obtenir un complément de revenu avec cela. Donc maintien de la solidarité paysanne. Alors qu’avec les éoliennes il y aura ceux qui en ont eu et les autres , ce qui par le futur va créer a discorde. Avec les pluies cévenoles de plus en plus fréquentes, cela permettrait de retenir une partie de l’eau , évitant ainsi qu’il n’en arrive trop d’un coup dans les vallées, créant de véritables catastrophes avec les inondations. Ceci permettrait peut-être d’éviter la perte de vies , la destruction de biens. Et profiterait à tout le monde en évitant une augmentation des assurances via la solidarité.Avec le réchauffement climatique, tout le monde sait que l’eau attire l’eau , et que donc il pleut plus dans les zones où il y a des Lacs ou des cours d’eau. Ce qui permettrait au Coiron de conserver son rôle des réservoirs d’eau des vallées environnantes. Ces micro lac , permettraient également de maintenir un fil d’eau dans les ruisseaux, de préserver la biodiversité, et d’abreuver une partie des animaux dans cette région d’élevage.Tout cela sans saccager les paysages » . « Pourquoi ne pas développer d’autres modes de production alternatifs: solaire thermique, photovoltaïque sur les bâtiments publics et industriels, géothermie, biomasse, énergie hydraulique marémotrice... Mais surtout le plus urgent pour les générations à venir serait d’apprendre et de donner les moyens à tous de faire des économies d’énergie ce qui hélas n’est pas le cas dans notre pays »

« Ces dernières années, la modernisation des bâtiments agricoles s’est traduit par la construction de bâtiments d’élevage équipés de panneaux photovoltaïques, autant de possibilité de produire de l’énergie « propre ». Contrairement aux éoliennes, cette production d’énergie renouvelable générée par ce besoin d’équipement agricole préserve l’avenir du plateau. Sur nos exploitations, d’autres techniques de production d’énergie renouvelable (méthanisation, bois énergie...) verront le jour dans les prochaines années ».

« il serait plus judicieux de faire équiper chaque foyer de capteurs solaires sur son toit. Ainsi, vous épargnerez la faune et vous diminuerez fortement les coûts liés à l'acheminement de l'électricité

Réponses du responsable du projet Le plateau du Coiron comporte aujourd’hui plusieurs énergies propres (éolien, photovoltaïque) proportionnées aux capacités d’accueil du réseau électrique et dans le respect de l’environnement local. Ces énergies ne produisent pas à leur maximum simultanément et permettent d’assurer une production électrique durable et conséquente. Le photovoltaïque seul, tout comme l’éolien, ne peut répondre à la demande d’électricité de manière fiable, les pics de demande n’étant pas systématiquement corrélés aux heures de production.

La décision d’équiper les toitures de panneaux solaires est du ressort de la prise de conscience individuelle du changement climatique et de l’urgence d’y apporter des solutions.

La multiplication des micros-barrages pose de nombreux problèmes écologiques, par la rupture des trames bleues que constituent les cours d’eau, la modification des débits et écoulements naturels, etc.

Le porteur de projet s’intéresse au sujet de la méthanisation, sans pour autant avoir de projet abouti aujourd’hui. Cette solution pourrait être à première vue adaptée au plateau du Coiron, riche en substrats agricoles, mais poserait également de nombreuses problématiques autres (transport des matières premières et évacuation du digestat, valorisation de la chaleur, etc.). Elle n’a pas été envisagée pour le moment par le porteur de projet.

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 Observations relatives à l’intérêt de produire de l’électricité dans la région, à la pertinence d’autres localisations, au risque de multiplication des éoliennes

Les observations pointent l’inutilité d’une production locale d’électricité ayant un impact défavorable dans une région qui n’est pas en manque d’électricité

Voici des extraits représentatifs des observations relatives à cette thématique

« L’installation des éoliennes constitue une rupture d’égalité entre le citoyens des ville et ceux des zones rurales en contravention avec la déclaration des droits de l’homme »

« la production électrique, aléatoire, que pourrait fournir cette éolienne n'est pas vitale pour une région qui n'est pas déficitaire en cette énergie. Il n'y a donc pas de justifications aux risques et nuisances à faire subir aux populations et, au milieu naturel du plateau du Coiron, lequel pourrait subir des destructions irréversibles pour des raisons financières juteuses ne bénéficiant qu 'aux capitaux de certains ».

« la production électrique, aléatoire, que pourrait fournir cette éolienne n'est pas vitale pour un territoire qui n'est pas déficitaire en cette énergie d'autant plus qu'il y a une centrale nucléaire pas loin. Pourquoi produire de l’électricité sur le Coiron alors que l’accès est si compliqué et que son exportation entraine un surcoût et des pertes énormes ? Pourquoi produire de l’électricité sur le Coiron alors qu’il y a très peu de consommation localement ? Il me semble que la production doit être au plus près de la consommation. Peut-être dans les zones industrielles où la nature n’existe plus . »

« Nous avons une centrale nucléaire très proche qui produit de l’énergie électrique et comme on le sait celle-ci a une déperdition énorme lors du déplacement. »

« Ne serait-il pas plus judicieux de chercher les « zones blanches énergétiques » et de leur donner les moyens d’avoir de l’énergie plutôt que d’accumuler les productions sur les mêmes lieux ? »

« N’ y a -t-il pas d'autres endroits, comme le long des autoroutes par exemple ? Il y a déjà le goudron, la pollution, le bruit . Cette énergie est essentiellement destinée à être exportée »

« D'autres alternatives sont possibles pour une transition écologique durable ».

« Il faudrait plutôt réfléchir à installer la production d'énergie renouvelable dans les zones d'activités économiques et commerciales, sur les friches industrielles et aux abords des villes, où se situe l'essentiel de la consommation »

« La menace permanent de l’arrivé de plusieurs dizaines d’éoliennes «

Réponses du responsable du projet L’éolien offre la possibilité de produire de l’électricité de manière décentralisée, au plus près des foyers de consommation. Le but des schémas directeurs nationaux, tant spécifiques à l’éolien que spécifiques aux réseaux électriques, est d’éviter l’implantation anarchique d’éoliennes sur la totalité du territoire français, de favoriser leur regroupement tout en restant dans un nombre de mâts cohérents avec les enjeux locaux humains et naturels. Le tout dans le respect des capacités d’évacuation de cette énergie intermittente par les réseaux électriques sans mettre en péril la stabilité de la fourniture d’électricité. Ainsi, l’implantation d’une éolienne sur une commune qui en compte déjà 7 apparaît en cohérence avec l’évitement du mitage de tout le territoire français par les éoliennes.

A noter que les éoliennes ENERCON permettent une régulation de tension du réseau grâce une électronique de puissance spécifique à Enercon. Cet avantage est apprécié par le gestionnaire du réseau électrique.

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De plus, la proximité des centrales nucléaires ne devrait en rien défavoriser l’implantation des énergies renouvelables. L’énergie éolienne seule ne peut suffire à supplanter l’énergie nucléaire en termes de quantité d’électricité et de constance, cependant les efforts locaux de diversification du mix énergétique vers des moyens de production plus verts contribuent à réduire la dépendance globale aux énergies fossiles.

Le plateau du Coiron comporte aujourd’hui plusieurs énergies propres (éolien, photovoltaïque) proportionnées aux capacités d’accueil du réseau électrique et dans le respect de l’environnement local. Ces énergies ne produisent pas à leur maximum simultanément et permettent d’assurer une production électrique durable et conséquente.

Le porteur de projet n’a aucune intention de développer de l’éolien à grande échelle sur le plateau du Coiron, et n’est pas au fait de tels projets, n’étant pas associé ou partie prenante de développeurs éoliens privés.

 Observations et propositions relatives au rendement de l’éolienne

Le rendement de l’éolienne affiché par le porteur du projet est parfois contesté

Voici des extraits représentatifs des observations relatives à cette thématique

« Sur un plan technique, cet investissement ne se justifie pas. Le facteur de charge d’une éolienne est de l’ordre de 27% (équivalent de production à la puissance nominale sur un an) ».

. Commentaires et demandes du CE Quelles justifications au rendement annoncé ? (autres références, …)

Réponses du responsable du projet La production indiquée dans le dossier d’étude d’impact à 5470 MWh correspond au P90, c’est-à-dire au productible ayant 90% de chance d’être atteint. Ce productible, relativement sous-estimé, correspond au productible garanti demandé par les banques et assurant la solidité financière du dossier. Avec ce productible conservateur, l’éolienne fonctionnera effectivement en équivalent pleine charge 27% du temps, mais en pratique à puissance nominale ou non nominale elle fonctionnera 90% du temps.

Le productible P50, c’est-à-dire moins conservateur mais ayant tout de même 50% de chance d’être atteint est de 6882 MWh, ce qui représente 2992 h de fonctionnement à plein régime, soit 34% du temps en équivalent nominal. Ceci est un très bon résultat comparé à d’autres lieux en France où le P50 n’atteint souvent que 2000 heures.

L’éolienne produit 90% du temps, mais pas toujours à plein régime. Ainsi l’investissement est pleinement justifié, d’autant plus sur le plateau du Coiron, où le régime des vents stable et fort permet d’assurer une production largement supérieure à la moyenne nationale.

M Observations relatives à la solidité financière du responsable et à sa compétence dans l’éolien

La solidité financière et la compétence dans l’éolien du responsable du projet sont parfois mis en cause

Voici des extraits représentatifs des observations relatives à cette thématique

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« Pourquoi le bilan 2019 de la société Tourrenergies n’a-t-il pas été intégré au dossier Qu’on nous donne le nom de la « banque spécialisée » qui prêterait 2,4 M€ à une société au capital de 27.000€…la réalité est que le promoteur revendra tout ou partie du dossier à une société importante »

« Le promoteur se présente comme un grand spécialiste de l’éolien annonçant avoir contribué à 3750KW d’énergie renouvelable alors que ses participations minoritaires représentent un équivalent de 353KW et non de 3750KW »

Commentaires et demandes du CE Le responsable du projet peut-il justifier d’avantage sa solidité financière et ses compétences dans l’éolien ?

Réponses du responsable du projet Le porteur de projet s’est investi dans ce projet par conviction environnementale avant tout, fort du développement dans la région de plusieurs projets éoliens et photovoltaïques. Ses participations financières majoritaires ou minoritaires n’enlèvent rien à son implication active au développement et suivi des projets, depuis leur conception jusqu’au suivi d’exploitation, et donc à son expérience. La qualité d’un porteur de projets ne se mesure pas au nombre de projets menés à terme, mais à la qualité individuelle de chacun de ces projets, notamment en termes de respect de l’humain et de l’environnement. L’objectif du porteur de projets n’est pas de développer des projets à la chaîne dans un but lucratif. Ainsi il s’engage à ne pas revendre ce projet, dont le propriétaire ardéchois du terrain sera d’ailleurs actionnaire, à un quelconque grand groupe investisseur international.

Enfin pour solidifier ses compétences dans l’éolien en particulier, le porteur de projet s’est entouré de bureaux d’études reconnus et compétents, ayant porté plusieurs GW éolien et photovoltaïque au terme de leurs procédures d’autorisation, ainsi que d’Enercon, constructeur reconnu d’éoliennes à l’échelle nationale, connaisseur de plus des problématiques spécifiques au Coiron et implanté localement (Valence).

observations relatives à la consommation de terres agricoles et l’impact sur la production agricole

Il est craint que l’éolien ait un impact défavorable sur l’agriculture (cette crainte n’étant pas partagée par tous)

Voici des extraits représentatifs des observations relatives à cette thématique

« L’éolienne n’empêche pas de cultiver le terrain ou d’y installer des animaux en pâturage »

« La préservation de 2 ha de terre agricole est absolument indispensable à cette région. Laissons cette terre agricole aux agriculteurs qui essaient de vivre sur ces terres magnifiques » « Ce coin d'Ardèche produit des bovins et ovins de grandes qualitées,les éoliennes vont être une gène importante pour les éleveurs du Coiron bruit,ombres portées par les palles,flachs.Dans cette période ou les consommateurs sont à la recherche de produits de qualitées c'est un non sens des éoliennes sur le plateau du Coiron!

« Ne faut-il pas aussi faire passer au premier plan les éleveurs qui nous proposent des produits de qualité et dont les bêtes vont subir une gêne qu'attestent de nombreux fermiers partout en France? »

« Le plateau du Coiron est essentiellement une zone d'élevage. Ayant moi-même des bovins et des ovins, je connais leur sensibilité et leur fragilité. A l'heure actuelle de nombreux problèmes liés à la proximité de parcs éoliens sont dénoncés (pertes d'animaux, troubles du comportement, etc...). Des éleveurs, favorables aux éoliennes, sont aujourd'hui désemparés devant les dégâts occasionnés et les problèmes rencontrés dans leur élevage ».

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Réponses du responsable du projet Aucun retour d’expérience sur le plateau du Coiron ne met en évidence de surmortalité ou troubles divers des animaux dans les pâtures au pied des éoliennes en exploitation. De plus, l’implantation d’éoliennes ne nuit en rien aux critères de qualité des élevages et produits, et participe au contraire à l’apport d’un complément de rémunération aux exploitants agricoles concernés par l’implantation d’éoliennes, leur permettant d’apporter de la modernisation à leur exploitation en vue du bien-être animal et respect de la qualité. Les phénomènes de courants vagabonds en particulier à l’origine de troubles sur les élevages n’ont à ce jour pas pu être imputés de manière scientifique et certaine aux parcs éoliens riverains. De plus, ces phénomènes se rencontrent principalement dans l’Ouest de la France, sur des terrains géologiques bien particuliers riches en failles et de nature géologique toute autre que le plateau volcanique du Coiron. Après réalisation du projet, le mode d’exploitation du terrain sera similaire et une attention particulière sera portée au fait que le prélèvement d’une surface de pâtures en faveur du projet n’augmente pas la pression pastorale sur les terrains, par l’ouverture de terrains complémentaires au pastoralisme (comme expliqué dans les réponses à la DDT du 16 juin 2020 : compensation d’environ 3 pour 1 : retrait de 0,35 ha d’habitat environ par le projet, compensé par une augmentation de 1 ha de la surface en pâture).

 Observations et propositions relatives au financement du projet et à ses retombées financières

Des avis contestent l’intérêt financier de l’éolienne pour l’économie locale et considèrent qu’elle profiterait à des intérêts privés (grands groupes, étranger,..) alors que le citoyen est lésé vis la CSPE. D’autres avis mettent en avant les retombées locales favorables

Voici des extraits représentatifs des observations relatives à cette thématique

Comment ne pas soutenir un projet porté par une entreprise Ardéchoise qui a déjà fait ses preuves dans le domaine de l’énergie renouvelable et dont on sait que les éventuelles plus-values seront réinvesties dans l’économie locale, là aussi gagnant- gagnant.

« c'est uniquement l'appât du gain par les subventions qui attire les promoteurs »

« A qui profite le projet, quelles sont les retombées financières ? Le promoteur annonce un chiffre d’affaire de 374 363 € alors que pour ce type de machine, les retombées sont plutôt de l’ordre de 550 à 600 000 €. Rien n’est indiqué pour les miettes distribuées au propriétaire qu’on estime à 10 000 € ni pour la commune qui recevrait 5 000 euros soit moins de 1 % du chiffre d’affaire !Ces sommes qui profitent exclusivement à des intérêts privés bénéficient de fortes subventions à la charge du consommateur, comme moi, via la taxe CSPE dont je constate qu’elle correspond à plus de 15 % de ma facture. C’est clair, ce projet est bel et bien une opération purement financière, très juteuse qui sert des intérêts privés, qui, au détriment de l’intérêt public, porte gravement atteinte à l’environnement et au cadre de vie Ce projet est une opération purement financière, très lucrative qui sert des intérêts privés, au détriment de l’intérêt public. Les sommes générées profitent exclusivement à des intérêts privés et bénéficient de fortes subventions à la charge de nous, consommateurs .

« Le promoteur annonce un chiffre d’affaire de 374 363 € alors que pour ce type de machine, les retombées sont plutôt de l’ordre de 500 000 €. Rien n’est indiqué pour les miettes distribuées au propriétaire qu’on estime à 10 000 € ni pour la commune qui recevrait 5 000 euros soit moins de 1 % du chiffre d’affaire ! Ces sommes qui profitent exclusivement à des intérêts privés bénéficient de fortes subventions à la charge du consommateur, comme moi, via la taxe CSPE dont je constate qu’elle correspond à plus de 15 % de ma facture ; quelques 2 à 4 % d'éolien pour 5 à 7 milliards € par an que nous, contribuables payons annuellement

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« Les groupes exploitants établissent leur siège hors de France dans les pays connus pour leur fiscalité plus favorable (Luxembourg, Belgique...) bénéficiant des subventions françaises (issues des taxes payées par les contribuables français, les mêmes qui voient leur environnement de vie détruit). Pour les riverains, c'est la double peine! tout cela ne profite ni à notre pays, ni aux citoyens français mais à rémunérer toujours plus le capital au détriment de la planète et des êtres humain Prenons en compte l’énergie qu’il a fallu pour construire les pales, les mâts (extraire le métal, le fondre), les engins de terrassement, pour la réalisation des fouilles, couler le béton des socles, acheminer les éoliennes, réaliser les tranchées pour réinjecter la production sur le réseau électrique. Tout cela , pour que au bout de 15 ou 20 ans , la société qui installe les éoliennes, les démonte, et touche à nouveau des subventions, pour transporter et réinstaller ,ces nouvelles éoliennes en Espagne . »

« Économiquement cette éolienne est donc une aberration qui ne sert que les intérêts pseudo idéologiques mais surtout financiers des promoteurs et des propriétaires fonciers et qui est financée au travers d’un tarif de rachat de l’énergie produite sans rapport avec les coûts de production d’autres énergies et que seules les taxes payées par les clients finaux permettent d’assurer »

Réponses du responsable du projet Le porteur de projet n’est affilié à aucun groupe exploitant privé, et encore moins domicilié à l’étranger puisqu’habitant du département et investi pour un développement durable de son territoire.

Le chiffre d’affaires fourni est basé sur un prévisionnel de production cohérent avec ce qui est observé pour les parcs riverains, et qui n’est certainement pas sous-estimé de plus de 15%.

Le propriétaire, ardéchois également, est associé à toutes les décisions financières, sujet transparent entre toutes les parties prenantes. Il sera partie prenante du projet en tant qu’actionnaire.

 La détérioration du réseau routier

La crainte est que le réseau routier soit dégradé lors des travaux et que ce soit à la charge de la collectivité comme cela s’est déjà produit

Voici des extraits représentatifs des observations relatives à cette thématique

« La mise en œuvre de l'installation d'une éolienne sur le plateau du Coiron reste une opération dangereuse dans l'acheminement du materiel et des matériaux pour les ouvriers du fait des routes étroites et sinueuses »

« L'acheminement de l’éolienne prévu via Privas par la côte du Baron va détruire une fois de plus cette voie totalement dégradée par l’acheminement des 5 éoliennes du parc de Freyssenet ce qui a généré des réparations de fortune, si on constate l’état actuel de la route, pour un coût de 240 000 € à la charge de la collectivité. Le passage d’une nouvelle machine va une nouvelle fois détruire cette voie et les travaux de réparation seront une fois de plus à la charge de la collectivité puisque rien n’est prévu dans le projet

Commentaires et demandes du CE Le coût des travaux n’est pas référencé Que savez-vous de ces dégâts passés ? que prévoyez-vous pour les dégâts susceptibles d’être causés par votre opération

Réponses du responsable du projet 60

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Un état des lieux des voiries avec constat d’huissier sera réalisé avant et après passage de l’éolienne sur les voiries menant de la zone du Lac à Privas à la parcelle d’implantation de l’éolienne. Le porteur de projet s’engage à prendre à sa charge les réparations de voirie imputables au transport des éléments du projet. Ainsi aucune charge supplémentaire n’incombera à la collectivité.

 Observations relatives au tourisme

L’impact sur le tourisme est tantôt qualifié de positif tantôt de négatif

Voici des extraits représentatifs des observations relatives à cette thématique

« N'oublions pas non plus que si les principales ressources économiques de l'Ardèche proviennent du tourisme, c'est parce qu'elle a su, en partie jusqu'à maintenant, être préservée. Le Conseil départemental a pour objectif de poursuivre le développement touristique (toujours essentiellement issue du tourisme de nature) de l'Ardèche, dont les retombées économiques sont estimées à 442M€/an. Par ailleurs, l'objectif est de faire de ce département le premier département vélo de France. Mais encore faut-il que tous, habitants comme (cyclo) touristes puissent trouver encore plaisir à sillonner les routes d'Ardèche, et plus spécifiquement du Coiron ».

« Dorénavant, il faut faire le choix entre l’économie opportuniste spéculative et l’identité forte naturelle avec ses retombées touristiques ».

« Et, si l’éolienne venait à figurer sur un parcours touristique, ce serait là l’occasion d’en faire également l’objet de démarches pédagogiques visant à promouvoir une initiative exemplaire de recours aux énergies propres ».

« elles sont implantées dans des zones faiblement peuplées et ne semblent pas être un frein au développement touristique au vu de l’intérêt suscité par notre département et notamment sur le Coiron (déjà pourvu de parc éolien). Elles permettent même de préserver des activités agricoles, de garantir des revenus aux communes bref le genre d’opération gagnant-gagnant »

Réponses du responsable du projet Peu d’éléments complémentaires objectifs sont disponibles, aucune étude scientifique fiable ne permettant aujourd’hui de conclure de manière positive ou négative quant aux effets de l’éolien sur le tourisme d’un territoire. La présence de plusieurs éoliennes sur la commune de Freyssenet n’a pas eu d’effet chiffrable sur la fréquentation touristique des gîtes de la commune, ni sur la possibilité de randonner au pied des éoliennes ou en vélo. La course cycliste l’Ardéchoise continue ainsi d’emprunter des routes à proximité d’éoliennes, sans que leur implantation n’ait eu d’impact sur le tracé ou la fréquentation.

R La perte de valeur des habitations

Les risques de dévalorisation du foncier sont mis en avant

Voici un extrait représentatif des observations relatives à cette thématique

« Le promoteur ignore le ressenti négatif des populations locales ou de passage et oublie les pertes de revenus pour les propriétaires de gîte et la dévalorisation du bâti pour les propriétaires de bien immobilier dont l’estimation par les professionnels est de l’ordre de 30 à 40 % »

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Commentaires et demandes du CE Disposez vous d’éléments d’appréciation sur l’impact de l’éolien sur la valeur du bâti ?

Réponses du responsable du projet Aucune étude scientifique fiable ne permet aujourd’hui de conclure de manière positive ou négative quant aux effets de l’éolien sur la valeur du bâti. La plus récente a été réalisée en septembre 2012 sur le canton de Fruges et ses environs (département du Pas-de-Calais), qui comptent une centaine d’éoliennes dont la mise en service a été achevée en 2009. Cette étude s’appuie sur des entretiens avec des notaires, les agences immobilières du canton de Fruges, des personnes rencontrées au hasard des déplacements, sur les riverains ainsi que les élus locaux. Il en ressort que les éoliennes n’ont pas d’impact sur la valeur des biens d’un territoire. Les rencontres entre le porteur de projet et quelques propriétaires de gîtes aux alentours n’ont pas fait ressortir de perte de revenus ou de baisse de fréquentation suite à la mise en service des 5 éoliennes Vestas.

 Observations et propositions relatives à la santé, au bruit aux nuisances sonores et autres

Les nuisances sonores et visuelles sont craintes notamment pour les hameaux les plus proches , ainsi que des effets sur le ressenti par les humains et les effets sur les animaux

Voici des extraits représentatifs des observations relatives à cette thématique

Pour mémoire la plupart des avis annexés à la réponse à la MRAe mentionnent « A Freyssenet, les éoliennes déjà implantées ne m'affectent pas que ce soit en termes de bruit, d'impact visuel, de luminosité nocturne, etc. Mon cadre de vie ne se trouve pas dégradé par ces implantations et les échos des riverains et touristes de passage sont majoritairement positifs ».

« L ’académie de médecine rappelle l’importance de la recherche de consensus dans la population concernant ce type de projet et formule de nombreuses recommandations »

« Une éolienne à 530 mètres d'une habitation est totalement impensable. De qui se moque-t-on? des habitants bien sûr . l'implantation d'une éolienne aussi proche d'habitations va entrainer des nuisances importantes sur les habitants de freyssenet et villages voisins: bruit important, ... dévalorisation du bâti, impact important sur le tourisme,... »

« la très faible distance de l' éolienne projetée par rapport aux habitations (530 mètres au hameau de Monteillet, 535 mètres au village de FREYSSENET) est INSUFFISANTE bien que légale. La réglementation précise en effet que cette distance minimale doit être appréciée au cas par cas en fonction des impacts visuels qui sont forts à d' aussi faibles distances, pour une machine de 120 mètres de haut ».

« C‘est trop de bruit, trop de lumière. Je ne veux pas vivre dans une zone industrielle. Je ne veux pas perdre le chant des oiseaux et des insectes ».

« Au niveau sonore, les nuisances de 35 dB qu’on entend à 500 m de jour comme de nuit, et qui équivaut au niveau sonore d’un bureau sont peut-être acceptables pour certains. Mais ici monsieur le commissaire enquêteur, on entend le gazouillis des oiseaux, le chant des cours d’eau, le frémissement des feuilles et le bourdonnement des insectes. Et même, quand le temps et calme comme aujourd’hui, on entend rien du tout, pas un son, pas un bruit. C’est la campagne lorsqu’elle est belle. Ce n’est pas une zone industrielle. Pour petit rappel, dans le Code de la santé publique : « Aucun bruit particulier ne doit, par sa durée, sa répétition ou son intensité, porter atteinte à la tranquillité de voisinage ou à la santé de l’homme, dans un lieu public ou privé,.... »

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« Les nuisances sonores et lumineuses sont décrites comme un enjeu faible sans le justifier ni le démontrer , alors que beaucoup de riverains de parcs éoliens, décrivent leur vie comme insupportable quand ils sont exposé aux effets acoustiques et optiques des parcs éoliens, situation reconnue par l’académie de médecine »

« Le bruit ambiant à Lichemaille et Monteillet aurait du être mesuré avec les éoliennes arrêtées, et le calcul du dépassement tenir compte du bruit cumulé de toutes les éoliennes, existantes et à l'étude, Les éoliennes existantes génèrent un dépassement bien supérieur à la norme: si avec des vitesses de vent à 4 m/s (éoliennes existantes à l'arrêt) le bruit ambiant est le même, dès 5 m/s le bruit mesuré à Monteillet et Lichemaille, proche des éoliennes existantes, devient très supérieur à celui mesuré à Freyssenet plus éloigné. Le bruit résiduel doit être mesuré pendant que le parc voisin est arrêté (ou à tout le moins repris de l’étude d’impact des projets précédents comme le suggère le MRAE), notamment à Monteillet qui va se trouver au centre d’un cercle sur lequel seront implantés 3 éoliennes dans un rayon de 500 à 600 m, rendant mathématiquement impossible le respect du seuil de 3dB L’émergence calculée (avec les réserves liées à la mesure du bruit résiduel en présence des éoliennes en service) dépasse le seuil légal, et la restriction comme quoi ce n’est « que sous vent du nord » relève de la désinformation dès lors que les vents de Nord sont dominants de manière écrasant »

« Le risque réel de détérioration de la santé des résidents. Voir les nombreux reportages sur les effets négatifs et irréversibles dégâts sur les habitants et plus particulièrement les enfants. Voir l'enquête actuellement en cours suite à la création par les parents d'un Collectif " stop aux cancers de nos enfants" depuis l'implantation d'éoliennes en pays de Retz. Alors que beaucoup de riverains de parcs éoliens, décrivent leur vie comme insupportable quand ils sont exposé aux effets acoustiques et optiques des parcs éoliens. Des rapports ont été fait sur des gens malades et incapables de travailler, un nombre croissant de plaintes sont déposées à propos de symptômes tels qu’irrégularité du pouls, état anxieux qui sont reconnus comme effets des infrasons (cf avis de l’académie de médecine)

« Il y a des Impacts kinesthésiques (NB du CE : Une personne kinesthésique fonctionne avec une prédominance du ressenti et des sentiments) ».

« A la suite de l'implantation d'un parc éolien, les parents voient leurs jeunes enfants et adolescents touchés par des cancers, en nombre anormalement élevés par rapport à celui constaté sur le reste du territoire Français. »

« Il n’y a pas d’étude épidémiologique indépendante qui montre que leur produit (éolienne) est inoffensif (Mauri Johansson, spécialiste en médecine du travail). Au contraire, il y a un nombre croissant d’études révisées par des pairs qui montrent qu’il y a une détresse humaine considérable, une privation de sommeil et des effets sur la santé et sur la qualité de la vie pour les riverains d’éolienne »s. « Les clignotements nocturnes sont très prégnants, et il y en a de plus en plus. Il suffit pour s'en convaincre d'habiter en altitude au coeur des Boutières ».

Réponses du responsable du projet L’étude acoustique a pour but d’étudier les niveaux d’émergence sonore induits par l’introduction d’une nouvelle éolienne et sa conformité avec la réglementation. Le but de cette étude n’est pas de déceler les dépassements des seuils réglementaires occasionnés par les éoliennes actuellement en service. Ainsi les émergences calculées suite à l’introduction d’une nouvelle éolienne mettent en avant des risques de dépassement par vents du nord pour certaines vitesses de vent. Un plan de bridage est prévu lors de ces occurrences, ainsi qu’un suivi acoustique dans les premiers mois suivants la mise en service. Tout dépassement des seuils réglementaires sera corrigé par ajustement du bridage. Réaliser des mesures acoustiques sans prendre en compte les parcs éoliens riverains en fonctionnement dans les mesures de bruit résiduel serait incohérent, ces parcs étant en service depuis plus de 10 ans et faisant partie de l’environnement sonore du site.

 Observations relatives au risque d’incendie

Le risque d’incendie est évoqué en référence à un incendie survenu sur une éolienne existante il y a quelques années 63

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Voici un extrait représentatifs des observations relatives à cette thématique

La destruction par le feu d'une des éoliennes dû à un court-circuit rajoute un sentiment légitime d'insécurité en plus des nuisances visuelles, lumineuses et sonores.

Commentaires et demandes du CE Quel retour d’expérience tirez-vous de ces antécédents et comment la prise en compte de ce risque a-t-elle évolué dans les projets récents ?

Réponses du responsable du projet Les technologies constructeur sont en constante évolution. Ainsi l’éolienne prévue à Freyssenet bénéficiera des dernières avancées technologiques en termes de prévention de défaillance technique : systèmes de détection et d’alarme via de nombreux capteurs (pression, température, détecteurs de fumée…), équipements avec des systèmes de lutte contre l’incendie, procédures d’urgence, suivi 24/24h à distance, système de coupure sur place et à distance, dispositifs de freinage multiples, redondance des capteurs, etc. L’ensemble du matériel sera conforme aux dernières normes en vigueur, notamment électriques.

A noter que l’accident survenu sur une des éoliennes en service à Freyssenet reste un élément isolé et exceptionnel à l’échelle du parc éolien français. Les derniers retours d’accidentologie sur l’ensemble du parc éolien français (source : base de données ARIA du Ministère de la Transition écologique / Direction générale de la prévention des risques) totalisent 104 incidents/accidents sur la totalité de la filière éolienne en fonctionnement entre 2000 et 2021, pour un total de plus de 6 500 turbines en fonctionnement. Parmi ces accidents, les incendies représentent moins de 20% des occurrences.

 Observations relatives au démantèlement et au recyclage

La garantie financière est jugée insuffisante, les conditions d’élimination des déchets sont présentées comme ayant un impact fort sur l’environnement

Voici des extraits représentatifs des observations relatives à cette thématique

« les éoliennes ne produisent pas de déchets dangereux et contaminants à la différence des centrales nucléaires dont nous dépendons aujourd'hui. »

« Une éolienne se construit rapidement et son démantèlement permet la remise en état du site original avec simplicité

« elles sont implantées sur du "bon" terrain agricole, ( beaucoup de béton sera coulé et malgré les promesses des promoteurs de tout débarrasser en cas d'arrêt de l'éolienne, bons nombres de cas en France montrent que tout cela reste à l'abandon »

« La somme de 53 925 € pour le démantèlement et la remise en état des lieux est une farce car elle ne correspond pas du tout au coût réaliste des travaux de remise en état du site de l’ordre de 200 000 € pour une éolienne de ce type. En cas de défaillance de la société, c’est au propriétaire du terrain de payer la différence ou la totalité des frais et si il est lui-même défaillant ce sera la commune ou la collectivité. C’est une bombe à retardement pour les territoires, comparable aux emprunts toxiques .. »

« les pales par nature non recyclables sont enfouies actuellement par milliers dans différents endroits générant ainsi une dramatique pollution des sous-sols (des photos -de sites aux USA- sont jointes à l’avis de l’ADEBAC)

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dans quelques dizaines années ces équipements ne seront plus utilisés et transformés en ruine, car probablement les installateurs ne viendront pas les enlever probablement. Ceci comme on peut le constater en France pour l’existence toujours dans nos villages des anciens châteaux d’eau : qui en général ne sont plus utilisés depuis bien longtemps, mais abîment toujours beaucoup de nos villages. Que deviendront les éoliennes dans une trentaine d'années, qui va les démonter ? pour en faire quoi? Cela constituera beaucoup de ruines industrielles ou alors les déchets non recyclables seront acheminés dans des pays pauvres...

Les éoliennes génèrent des pollutions aussi bien sur ce site que sur le site de prélèvement des terres rares nécessaires à leur fabrication.

Commentaires et demandes du CE Le calcul de la garantie est juridiquement encadré ; les règles applicables en cas de démantèlement ont évolué en 2020. Pouvez-vous présenter des références sur le coût du démantèlement, la nature des matériaux, les nouvelles techniques de recyclage, les garanties apportées.

Réponses du responsable du projet

Le montant des garanties financières a été estimé lors du dépôt à 50 00 €. Depuis le dépôt du dossier d’autorisation environnementale, un arrêté paru le 22 juin 2020 a modifié l’arrêté du 26 août 2011. Le projet a été déposé préalablement à la parution de cet arrêté, cependant les garanties financières seront réactualisées à la mise en service selon le dernier arrêté en vigueur . Le calcul des garanties financières selon cet arrêté prévoit la provision d’un montant de 53 000 € et non plus 50 000 €.

Peu de références existent aujourd’hui concernant le coût réel du démantèlement, étant donné le peu d’ancienneté des parcs éoliens français rapporté à la durée de vie des matériaux. Cependant le maître d’ouvrage s’engage à assurer le démantèlement avec ce montant, notamment avec l’appui d’entreprises locales maitrisant les travaux dans les conditions naturelles particulières du plateau du Coiron.

Les constructeurs d’éoliennes ont réalisé de nombreuses études sur le démantèlement, les filières de recyclage/traitement/valorisation des composants des éoliennes selon leur nature, les coûts associés. (Exemples : [Nordex : Deconstruction effort for wind turbines, 2016] ; [Environmental assessment of the turbine from a life cycle perspective, VESTAS, July 2014], etc.). La DREAL Grand Est a monté depuis 2016 une étude de faisabilité d’une plateforme de gestion de fin de vie d’une éolienne, qui permettrait le stockage de pièces, le reconditionnement et la collecte et le tri des matériaux. Ce ne sont que des exemples de toute la prise de conscience de la filière éolienne, qui se structure pour organiser le démantèlement et le recyclage des éoliennes en fin de vie, de plus en plus nombreuses en France. La Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) comporte une clause qui spécifie que le recyclage des principaux composants des éoliennes sera rendu obligatoire d’ici 2023. Cette perspective est à l’origine de la création d’une filière française pour le démantèlement des éoliennes en fin de vie. Dénommée D3R elle vise la Déconstruction des parcs éoliens, le Reconditionnement des gros composants, le Recyclage des pales et la Revente des métaux, des matériaux recyclés et des composants.

Ainsi en pratique aujourd’hui la filière du recyclage éolien n’en est qu’à ses débuts. Cependant on estime à 1500 le nombre de turbines à démonter dans les 5 ans à venir, avec obligation de recyclage pour la plupart selon la PPE. Des solutions par nature de matériau des composants d’une éolienne sont en émergence. Pour ne citer qu’un exemple : Les pales d’une éolienne sont constituées de matériaux composites à base de fibres de verre ou de carbone difficiles à recycler. Après prédécoupage, elles peuvent être broyées et valorisées comme combustible dans les cimenteries, en remplacement des carburants fossiles traditionnellement utilisés. Les cendres servent ensuite de matière première dans la fabrication du ciment. Cette technologie évite donc la production de déchets. Une autre possibilité consiste à utiliser le broyat de pales pour fabriquer de nouveaux matériaux composites. C’est notamment la solution mise au point par l’Université de Washington en collaboration avec General Electrics (GE) et Global Fiberglass Solutions Inc (GFSI) de Seattle. Le produit baptisé Ecopolycrete obtenu à partir du broyage des pales serait aussi résistant que les composites à base de bois. De très nombreux usages peuvent être envisagés comme des dalles de sol, des glissières de sécurité le long des axes routiers, des plaques d’égout, des skateboards, des meubles ou des panneaux pour le bâtiment. En moins d’un an, GFSI a recyclé 564 pales selon cette méthode, et l’entreprise estime qu’elle pourrait 65

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transformer en produits utiles plus de 20.000 tonnes de déchets de matériaux composites dans les deux années à venir.. Lors du démantèlement de l’éolienne de Freyssenet (dans 20 ans minimum), la filière du recyclage sera certainement mature. Le maître d’ouvrage s’engage à profiter des meilleures technologies et débouchés disponibles pour assurer le démantèlement, l’évacuation et le recyclage de l’éolienne en accord avec le développement durable.

7 Considérations et appréciations du CE sur les différentes thématiques abordées dans le cadre du dossier soumis à enquête publique et les avis qu’il a suscités

S’inscrivant dans le cadre de la politique énergétique de la France et soulevant des questions relatives à de nombreuses thématiques (efficacité, pertinence économique, impacts sur la biodiversité et les paysages, nuisances aux riverains,..) le développement de la filière éolienne fait l’objet d’une intention particulière des pouvoirs publics, de ses partisans et opposants. Elle fait fréquemment l’objet d’opinions très tranchées sur les avantages et inconvénients qui y sont attachés, de polémiques -parfois vives- de portée générale ou locale, et de nombreux contentieux . L’élaboration et le traitement administratif du projet d’une nouvelle éolienne à Freyssenet n’échappe pas à ce statut. Ainsi, on peut constater que le dossier a fait l’objet : • d’études détaillées par le responsable du projet s’appuyant sur des bureaux d’étude spécialisés • d’une instruction attentive des services de l’Etat (dans le cadre de la procédure dite d’autorisation unique engagée en décembre ) donnant lieu à un processus contradictoire avec le responsable du projet • d’un examen soigné par l’autorité environnementale(la MRAe ARA) et de réponses du responsable du projet • de l’expression de nombreux avis du public , d’associations et d’élus et que dans ces différentes phases des analyses, expertises, et appréciations divergentes ont été formulées parfois de façon virulente. Le Commissaire pas un expert de chacune des thématiques concernées il ne lui appartient pas de trancher formellement entre des expertises contradictoires mais de donner son avis motivé en s’appuyant sur son analyse des éléments dont il dispose. Cette analyse est présentée ci-après étant souligné que ses conclusions et son avis seront formulés par la suite dans un document distinct du présent rapport. Cette analyse se base sur l’étude du dossier, des avis qu’il a suscité et des consultations, essentiellement par mode électronique, des guides, rapports, études, articles, communiqués, et informations diverses relatives aux énergies renouvelables singulièrement aux éoliennes issues de sources diverses (services de l’Etat, associations, médias, collectivités territoriales, associations , industriels, énergéticiens), de nature et de tonalité très diverses (et constaté à l’occasion de ces recherches que les sites des services de l’Etat n’offraient pas des conditions satisfaisantes d’accès à des informations complètes et actualisées )

Par souci de cohérence et de lisibilité cette analyse est présentée en s’articulant autour de X thématiques • La place du projet dans la politique énergétique et la production d’électricité • La qualité du dossier et la démarche ERC • La concertation et l’acceptabilité locale du projet • La dimension économique du projet • Les impacts du projet sur la biodiversité • Les impacts du projet sur les paysages • Les impacts sur la santé humaine 66

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• Le démantèlement

 La place du projet dans la politique énergétique et la production d’électricité

L’affirmation formulée dans un avis que « la seule solution pour sauver les vies et notre planète est de diminuer la consommation » (qui conduit à considérer que l’éolienne projetée est inutile) relève d’une problématique qui n’entre pas dans le champ d’intervention de l’EP mais dans celui de l’élaboration des politiques publiques.

L’avis selon lequel « L’installation des éolienne constitue une rupture d’égalité entre le citoyens des ville et ceux des zones rurales en contravention avec la déclaration des droits de l’homme » car le principe d'égalité établi par l'article 6 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen ne s'oppose ni à ce que le législateur règle de façon différente des situations différentes, ni à ce qu'il déroge à l'égalité pour des raisons d'intérêt général, pourvu que, dans l'un et l'autre cas, la différence de traitement qui en résulte soit en rapport direct avec l'objet de la loi qui l'établit. De plus si était appliqué il devrait l’être de façon plus générale pour les équipements publics et moult autres projets publics ou privés ce qui se heurterait rapidement à des impossibilités insurmontables d’ordre matériel, fonctionnel, économique, social et environnemental.

La définition de la politique énergétique de la France relève de la compétence du parlement et est contrainte par les engagements internationaux se rapportant notamment à la lutte contre le changement climatique. Le CE se doit donc de considérer cette politique publique comme une donnée de base que le projet doit respecter et il ne lui appartient pas de remettre en cause ses composantes mais de s’assurer que le projet est compatible avec cette politique publique et les autres politiques qui s’y rattachent.

Le CE considère donc qu’il lui appartient uniquement de donner son avis sur la question « le projet contribue-t-il de façon équilibrée à la mise en œuvre de la politique énergétique sans porter d’atteinte significative à l’environnement (biodiversité, paysages,…) à la santé et au cadre de vie » (la réponse à cette question sera formulée dans l’avis du CE). Dans cet esprit le débat sur l’impact des éoliennes sur les émissions de CO2 (pour certains l’éolien ne contribue pas à cette réduction alors que cet aspect positif est mis en avant par d’autres) ne peut trouver de conclusion dans le cadre des procédures s’appliquant à un projet d’éolienne à Freyssenet ou ailleurs.

De nombreuses remarques portent sur l’intérêt de l’éolien comparé à d’autres modes de production d’électricité (ENR ou non). L’éolien est parfois présenté comme une alternative au nucléaire (donc favorisant la sortie du nucléaire) et parfois comme inutile en ce lieu car une centrale nucléaire voisine fournit l’énergie nécessaire à la région. Dans le même registre plusieurs avis soutiennent que la région produit suffisamment d’électricité pour se permettre de se passer de cette nouvelle éolienne dont les impacts sont considérés comme importants et négatifs et/ou que la France n’a pas besoin de produire d’électricité si c’est pour la vendre à l’étranger. L’appréciation des impacts sera traitée par la suite mais en ce qui concerne les lieux de production d’énergie plusieurs éléments méritent d’être considérés

La Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) » (PPE) est un document stratégique de pilotage de la transition énergétique en France qui a été instituée par la loi de transition énergétique (TECV) ; elle fixe une trajectoire pour le mix énergétique ainsi que « les priorités d'action pour la gestion de l’ensemble des formes d'énergie sur le territoire métropolitain continental, afin d’atteindre les objectifs nationaux fixés par la loi ». Elle prévoit d’une part de poursuivre et accélérer la dynamique de baisse des consommations pour assurer la neutralité carbone, car les gisements d’énergie décarbonée, notamment de biomasse, ne suffiront pas pour substituer la consommation actuelle d’énergies fossiles et d’autre part d’accélérer le rythme de développement des énergies renouvelable .

Ainsi , la PPE d’avril 2020 prévoit une neutralité́ carbone en 2050 et une augmentation de capacité́ de production de l’éolien passant de à 24,1GW en 2023 puis 33,2 à 34,7 GW en 2028 . A fin 2020 le parc éolien terrestre installé est de 17,6GW (source RTE) et sa croissance tendancielle ne laisse pas espérer une atteinte facile de l’objectif pour 2023 (1,1GW créés en 2020 alors que 2,2 annuels seraient nécessaire) . Le projet éolien s’inscrit dans le cadre du développement projeté par la PPE

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Le PPE comporte de nombreuses autres actions dont le développement de l’autoconsommation et de l’autoproduction au niveau individuel et de façon collective (à des niveaux adaptés au contexte local) et la diffusion de bonnes pratiques de la transition énergétique dans les territoires, en lien avec les collectivités. Diverses démarches permettent déjà aux collectivités de s’engager dans cette dynamique dont la démarche TEPOS (Territoire à énergie positive) l’appel à initiatives Territoire à énergie positive pour la croissance verte (TEPCV) et l’élaboration de PCAET (Plan Climat Air Energie Territorial). Tel est le cas de la Communauté d’Agglomération Privas Centre Ardèche (CAPCA) qui s’est engagée dans des démarches de ce type mais dont il ressort au travers de mes recherches qu’elles ne débouchent pas à ce jour formellement sur des éléments opposables ou favorables au projet.

Plusieurs avis défendent l’idée que l’éolienne projetée est inutile au motif que la France et/ou la Région ARA sont excédentaires en production d’électricité. Il est vrai que la France est globalement exportatrice d’électricité Mais selon la saison, le moment de la journée, les conditions climatiques, la disponibilité des installations de production la France est exportatrice ou importatrice de courant et refuser de tels échanges impliquerait d’accepter des coupures de courant. La Région ARA est effectivement exportatrice de courant la quasi-totalité du temps (source site RTE qui fournit des informations très intéressantes sur la consommation et la production d’électricité au niveau national et au niveau régional) https://www.rte-france.com . Mais pour quelle raison serait-il légitime de raisonner au niveau de la région plutôt qu’a celui-d ’une intercommunalité et de se limiter à la seule énergie électrique. Or Freyssenet est dans le périmètre du SCoT Ardèche centre et dans celui de la CCPCE.

L’état initial de l’environnement (EIE) établi dans le cadre de l’élaboration du SCoT mentionne que le ratio d’indépendance énergétique du territoire ( =rapport production / consommation ) équivaut à 75%.

La CAPCA est en démarche TEPOS depuis octobre 2019 et déroule le plan d'action validé par la Région tout en le réadaptant au contexte sanitaire et aux orientations du nouvel exécutif. Elle a par ailleurs engagé l’élaboration d’un PCAET (pour lequel aucun document n’est encore disponible). En l’état actuel le dossier de candidature TEPOS fournit des informations intéressantes sur le bilan énergétique du territoire de la CAPCA

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On constate donc que le territoire est excédentaire en production d’électricité. Pour autant dans sa version actuelle le document n’affiche pas d’opposition de principe contre l’éolien avec un axe stratégique « développer l’éolien impliquant citoyens et collectivités » et une action « création d’une SEM pour porter des investissements PV et éolien » (mais cette orientation reste à confirmer dans le PCAET.

Au total la prise en compte du bilan énergétique à l’échelle de tel ou tel territoire ne saurait fonder un motif de rejet du projet.

Des critiques sont formulées sur le caractère intermittent du fonctionnement des éoliennes qui n’est pas nécessairement coordonné avec les besoins de consommation. La production d'une éolienne est en effet variable en variable en fonction de la force du vent, des bridages pour la protection des chiroptères ou limiter le bruit émis des arrêts pour entretien ou réparation. Mais les autres modes de production d’électricité y compris les ENR ne fonctionnent pas en continue et leurs cycles de fonctionnement sont différents. Ces modulations sont connues et intégrées par les gestionnaires de réseau. Ces derniers disposent des outils connaissances et compétences permettant de prévoir le volume prévisible de production et de consommation, et de moduler en conséquence le recours à tel ou tel mode de production ainsi que la gestion des imports /exports entre régions et avec l’étranger dans le cadre d’un réseau inter connecté.

 La qualité du dossier, la démarche ERC, les effets cumulés

On relève tout d’abord que le dossier très complet et volumineux a été établi par des bureaux d’étude spécialisée dont la compétence n’est pas remise en cause mais que sa qualité fait l’objet d’appréciations divergentes. L’avis de la MRAe est important car il est le fait d’une autorité indépendante et qui procède à un examen attentif des dossiers qui lui sont soumis « L’Autorité́ environnementale relève dans l’ensemble la bonne qualité́ du dossier (l’étude d’impact s’appuie sur la méthodologie proposée par le « guide d’élaboration des études d’impact des projets éoliens terrestres » établi par le ministère de la transition écologique) qui a toutefois été́ complété́ à plusieurs reprises dans le cadre de la procédure d’instruction de sa demande d’autorisation environnementale. L’ensemble des phases du projet a été́ étudié́, de la construction jusqu’au démantèlement »

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Mais on doit constater que cette appréciation est suivie de nombreuses recommandations fondées sur des critiques adressées au dossier. Ce dernier a de plus fait l’objet de diverses évolutions lors de l’instruction de la demande d’autorisation environnementale ce qui laisse entendre que sa version initiale était peu satisfaisante. Les avis du public et des associations comportent de nombreuses critiques qui portent implicitement ou explicitent sur la qualité du dossier « la photo-montage n’a évidemment rien à voir avec la réalité d’une éolienne » « Le tableau des frais financiers est faux »« globalement le dossier ne démontre pas une prise en compte suffisante de la démarche ERC (Éviter, Réduire, Compenser) » Mes visites sur le terrain ne me conduisent pas à partager les accusations relatives aux photos montages. L’étude basée sur une démarche ERC a fait l’objet de nombreux échanges entre le service instructeur et le responsable du projet notamment sur la base des avis de la DDT07 et de la DREAL ARA . Ces échanges ont donné lieu à des explications et mesures complémentaires à l’issue desquels des divergences semblent subsister. Elles concernent essentiellement les habitats naturels, l’avifaune et les effets cumulés (avec les parcs éoliens existants). Il a cependant été considéré que la demande n’avait pas vocation à être rejetée avant la phase d’enquête publique (ce que le Préfet aurait pu faire). Les points relatifs à la biodiversité au paysage at au bruit seront traités par la suite en intégrant notamment des considérations relatives aux effets Les modalités de calcul du bruit émergent et l’impact sur les paysages soulèvent également des effets cumulatifs (voir ci-après) et je considère que le traitement des thématiques biodiversité, paysage et bruit permettra de considérer que les effets cumulés sont suffisamment pris en compte. Plus généralement je considère que l’appréciation finale sur la qualité du dossier doit intégrer non seulement les composantes du dossier avant l’avis de la MRAE mais aussi les réponses apportées à cet avis et celles fournies en réponse au PV de synthèse qui reprend l’essentiel des observations du public (particuliers, associations, élus) et que la qualité du tout est satisfaisante.

 La concertation locale et l’acceptabilité du projet

Bien qu’il n’y ait pas eu, en raison notamment des contraintes sanitaires liées à la COVID19, de concertation locale préalablement à l’enquête publique (concertation dont l’organisation est recommandée mais non obligatoire) le public (particuliers, associations) a pu s’exprimer librement et en nombre et faire connaître ses observations et propositions qui pourront être prises en considération par l’autorité décisionnaire. Ainsi ont été émis : 194 (après élimination des doublons) avis émis par courrier électronique via le site internet de la préfecture, 65 avis par courrier papier ou électronique reçus au siège de l’enquête (en marie de Freyssenet) , 5 propositions ou observations exprimées uniquement sous forme verbale sans confirmation écrite). Par ailleurs j’ai pris connaissance des avis (20 -après élimination d’un doublon- sont favorables) que le porteur du projet a annexé en réponse à l’avis de la MRAe après avoir contacté les habitants des hameaux proches du projet. Au total une large majorité d’avis sont défavorables . Au-delà de ce dénombrement , l’important est de prendre en considération les arguments développés dans les avis – qu’ils soient favorables ou défavorables- et de se prononcer sur l’acceptabilité locale du projet en fonction notamment de la proximité avec le site concerné de leurs auteurs. Je relève à ce titre que si les avis défavorables sont majoritaires ils proviennent rarement d’habitants de Freyssenet et que peu des collectivités territoriales situées dans le périmètre de 6 kilomètres se sont prononcées dans le cadre de la consultation lancée par le préfet (avec 3 avis reçus dans les délais impartis : 2 défavorables, 1 favorable et 1 avis défavorable reçu hors délai) dans le cadre de délibérations non motivées.

 la dimension économique du projet

La mise en cause de la cause des compétences techniques et financières du responsable du projet ont suscité de sa part des réponses qui je considère convaincantes. À compter du 1 er janvier 2016, le dispositif de soutien à l’éolien terrestre a évolué vers le dispositif de complément de rémunération mis en place par la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte. Dans le cadre de contrats, l’électricité produite par les installations est vendue directement par le producteur sur le marché de l’électricité, la différence entre un tarif de référence fixé par arrêté et le prix moyen du marché constaté chaque mois est versée au producteur par EDF. Le surcoût occasionné pour EDF lui est compensé au titre des charges de service public de l’électricité (CSPE) qui sont effectivement supportées indirectement par l’abonné et ne concernent pas uniquement l’éolien (le

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photovoltaïque est majoritaire) . Ce dispositif vise à favoriser le développement des ENR dont l’éolien et entre dans le cadre de la politique énergétique de la France ; son éventuelle mise en cause n’entre pas dans le champ de l’enquête publique. Les impacts sur l’économie sont en grande partie locaux et des recettes fiscales complémentaires seront apportées aux collectivités territoriales. Par ailleurs on peut relever que le responsable du projet -résidant en Ardèche et y exerçant ses activités professionnelles- est déjà impliqué dans la vie locale et pilote son projet en lien avec le propriétaire du terrain (exploitant agricole) et qu’on ne ressent pas l’implication de grands groupes financiers dans le projet . On peut aussi mentionner que le développement de l’éolien peut s’appuyer sur des démarches citoyennes (voir à ce sujet le site « énergie partagée » https://energie-partagee.org/decouvrir/energie-citoyenne/tous-les-projets/ ); la démarche TEPOS de la CAPCA comporte -dans sa version actuelle- une action allant dans ce sens (voir ci-dessus). Enfin le responsable du projet s’est engagé à prendre en charge les éventules dégâts causés à la voirie.

 la biodiversité

Cette dimension du projet est particulièrement sensible et importante. Elle a fait l’objet d’échanges denses et approfondis entre le service instructeur, la MARAe et le responsable du projet, puis d’avis du public (particuliers, associations , élus) dont celui de la FRAPNA qui est plus particulièrement argumenté) auxquelles le responsable du projet a répondu (via les échanges autour du PV de synthèse de l’EP). Au final il en ressort pour ce qui concerne les habitats naturels que les mesures compensatoires affichées par le responsable du projet (dans leur version améliorée suite aux échanges avec la DDT laquelle rest cependant réservée dans son avis du 27 juillet) sont implicitement considérées comme satisfaisantes par la MRAe dans la mesure où elle ne formule pas de recommandation. Je relève que le débat a tourné autour de la question de savoir si l’état dégradé de la » pelouse sur basalte » du fait du pâturage permettait de considérer que l’impact du projet est faible ou non avec des conséquences sur les compensations à apporter. A ce sujet, je relève que le projet éolien provoque un examen attentif de ce sujet alors qu’en période courante en l’absence d’éolienne le pâturage ne semble pas soumis à des contraintes et contrôles particuliers.

Concernant les chiroptères on peut relever que les mesures compensatoires finalement retenues (bridage,.) sont considérées comme satisfaisantes.

C’est pour l’avifaune, en particulier pour les rapaces et l’avifaune migratrice, que des divergences marquées ont été exprimées sans être totalement effacées à ce stade de la vie du dossier.

Pour les Busards la discussion portait sur les raisons de leur décroissance dans ce secteur (avec un possible effet des éoliennes existantes). Le responsable du projet s’est engagé à réaliser en partenariat avec la LPO 07 des inventaires (sur plusieurs années) de Busards sur la commune de Freyssenet et aux abords immédiats. La DDT demande de son côté que soit mis en place un dispositif de détection de l’approche des oiseaux entraînant la coupure du rotor) Pour le vautour fauve tout le monde s’accorde sur le fait que ce rapace est sensible au risque de collision avec les éoliennes. ; mais les appréciation sur la présence effective du vautour fauve dans ce secteur restent divergentes singulièrement entre la LPO et le porteur qui justement se réfère aux données de la LPO « on remarquera que, d’une part, les observations réalisées in situ par Calidris mentionnent la présence ponctuelle de l’espèce en transit à des hauteurs supérieures à 250-300 m d’altitude. D’autre part, le suivi de mortalité réalisé par la FRAPNA au cours des 5 années sur le site voisin n’a permis de trouver qu’un seul cadavre de Martinet à ventre blanc. Dans le cas présent, l’absence de preuve quant à la mortalité du Vautour fauve vaut preuve de l’absence ».

De même et plus généralement l’implantions d’une éolienne entre celles déjà existantes fait l’objet d’un débat non conclusif quant à ses effets (création d’un effet barrière et augmentation du risque de collision). Ainsi la LPO se réfère à son propre rapport sur le suivi ornithologique du parc éolien du Serre des Fourches(bilan final des années 2005 à 2009) qui indiquait en conclusion : « En revanche, en fonction des impacts connus sur les oiseaux migrateurs, et de l’existence du parc éolien de Malescot, à environ 2 km à l’est du Serre des Fourches, il nous semble indispensable que, par la suite aucune éolienne ne soit implantée dans le secteur situé entre les 2 parcs éoliens, afin de conserver des « corridors sans éoliennes » suffisamment large pour garantir le passage des migrateurs.L’implantation d’une éolienne au col du Benas viendrait réduire la largeur de

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ce corridor d’environ 550 mètres et par conséquent augmenter les impacts sur les migrateurs (réactions de type bifurcation, demi-tour... induisant par effet cumulé un affaiblissement des oiseaux ».

Pour un observateur externe lui-même non ornithologue il est pour le moins délicat de trancher ces débats. Il me semble cependant légitime de formuler un avis sur le caractère équilibré et proportionné de la décision à venir (autorisation ou refus) et des mesures à prendre dans l’hypothèse où le projet serait autorisé. Il me semble que si l’appréciation de la LPO avait été partagée par le service instructeur de la demande d’autorisation environnementale elle aurait immanquablement entrainé le refus de l’autorisation sollicitée plus en amont dans la procédure, et en toute hypothèse avant le lancement de l’enquête publique. A ce stade, il me paraît donc légitime de formuler un avis sur le caractère nécessaire et suffisant des mesures à prendre dans l’hypothèse de la délivrance d’une autorisation. Dans cet esprit, outre les mesures compensatoires d’ores et déjà prévues des suivis attentifs avec au besoin un renforcement de leur fréquence, pourraient être imposés avec l’annonce que des mesures complémentaires seront imposées au besoin en fonction du résultat des suivis. La mise en place d’un dispositif d’asservissement (coûteux et donc l’efficacité reste à vérifier sur la base des résultats qu’il donne là où il est installé) pourrait figurer au nombre de ces éventuelles mesures complémentaires qui seraient jugées nécessaires-de façon contradictoire- en fonction des résultats du suivi.

 Les impacts sur le paysage

Les appréciations sur l’intérêt paysager du Coiron sont unanimes et non contestées. Les impacts du projet sur le paysage font par contre l’objet d’appréciation très contrastées Dans sa réponse au PV de synthèse le responsable du projet distingue la perception éloignée avec des impacts considérés faibles et celle qu’on en a en s’en approchant avec des impacts jugé modérés à faibles.

Mes déplacements pour rejoindre Freyssennet par divers itinéraires et mes visites du site et du secteur (environnant ou plus éligné) m’ont permis d’apprécier cet impact depuis divers points de vue. Je considère que le dossier et notamment les nombreux photomontages donnent une image représentative de la réalité. Par ailleurs je considère que l’impact doit s’apprécier en considérant que les éoliennes existantes sont d’ores et déjà des éléments structurants du paysage et que celui-ci est également marqué par la présence d’autres facteurs structurants (traitement des entrés de village, bâtiments agricoles dont des « hangars solaires »). Mon appréciation sera formule dans mes conclusions et mon avis mais je souligne d’ores et déjà avoir été marqué par la présence de nombreux « hangars solaires ». Sur ce dernier point, il est frappant de constater que le recherches sur internet d’éléments sur ce type de constructions et les questions qu’ils soulèvent aboutissent quasi-uniquement sur des publicités ou analyses sur leur intérêt financier (« constuisez gratuitement un hangar agricole grâce au solaire »).

 La santé humaine

Les craintes exprimées relèvent pour l’essentiel de considérations de portée générale s’appliquant aux éoliennes, cependant le bruit fait l’objet d’une analyse fondée sur les caractéristiques propres au projet et la méthode utilisée. Ainsi les éoliennes sont accusées d’avoir des effets négatifs non seulement sur les hommes mais aussi sur les animaux. Je considère que les impacts de l’éolienne projetée doivent s’analyser essentiellement au regard de l’étude qui en est faite en fonction de ses caractéristiques de son implantation et de son environnement et non au regard d’accusations de portée générale. Cependant il est utile en préambule de s’intéresser à ces considérations générales

Ainsi, Il est fait référence à un avis de l’académie de médecine qui souligne les effets sur l’homme. J’ai pris connaissance de ce rapport dans son intégralité (https://www.academie-medecine.fr/nuisances-sanitaires-des-eoliennes-terrestres/ ) ; adopté en mai 2017 il porte sur les nuisances sanitaires des éoliennes terrestres. Son résumé est ainsi rédigé

« L’extension programmée de la filière éolienne terrestre soulève un nombre croissant de plaintes de la part d’associations de riverains faisant état de troubles fonctionnels réalisant ce qu’il est convenu d’appeler le « syndrome de l’éolienne ». Le but de ce rapport était d’en analyser l’impact sanitaire réel et de proposer des recommandations susceptibles d’en diminuer 72

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la portée éventuelle. Si l’éolien terrestre ne semble pas induire directement des pathologies organiques, il affecte au travers de ses nuisances sonores et surtout visuelles la qualité de vie d’une partie des riverains et donc leur « état de complet bien- être physique, mental et social » lequel définit aujourd’hui le concept de santé. Dans le double souci d’améliorer l’acceptation du fait éolien et d’atténuer son retentissement sanitaire, direct ou indirect, le groupe de travail recommande : – de s’assurer que lors de la procédure d’autorisation l’enquête publique soit conduite avec le souci d’informer pleinement les populations riveraines, de faciliter la concertation entre elles et les exploitants, et de faciliter la saisine du préfet par les plaignants, – de n’autoriser l’implantation de nouvelles éoliennes que dans des zones ayant fait l’objet d’un consensus de la population concernée quant à leur impact visuel, sachant que l’augmentation de leur taille et leur extension programmée risquent d’altérer durablement le paysage du pays et de susciter de la part de la population riveraine – et générale – opposition et ressentiment avec leurs conséquences psychiques et somatiques. – de systématiser les contrôles de conformité acoustique dont la périodicité doit être précisée dans tous les arrêtés d’autorisation et non au cas par cas, – d’encourager les innovations technologiques susceptibles de restreindre et de « brider » en temps réel le bruit émis par les éoliennes et d’en équiper les éoliennes les plus anciennes, – de ramener le seuil de déclenchement des mesures d’émergence à 30 dB A à l’extérieur des habitations et à 25 à l’intérieur, (tout en laissant les éoliennes sous le régime des Installations Classées pour le Protection de l’Environnement), – d’entreprendre, comme recommandé dans le précédent rapport, une étude épidémiologique prospective sur les nuisances sanitaires. Certes l’ensemble de ces recommandations n’ont pas été respectée au cas d’espèce mais elles n’ont pas valeur de contrainte juridique et par ailleurs on peut relever ( page 14 du rapport) une appréciation qui vient complexifier l’usage qu’on peut faire de ce rapport :

« En résumé,́ les nuisances sanitaires semblent avant tout d’ordre visuel (défiguration du paysage et ses conséquences psycho-somatiques) et à un moindre degré sonore (caractère intermittent et aléatoire du bruit généré par les éoliennes d’anciennes générations). Au plan médical, le syndrome des éoliennes réalise une entité complexe et subjective dans l’expression clinique de laquelle interviennent plusieurs facteurs. Certains relèvent de l’éolienne, d’autres des plaignants, d’autres encore du contexte social, financier, politique, communicationnel »

L’impact visuel est traité notamment dans le cadre de l’impact sur le paysage et dans l’analyse des effets stroboscopiques.

Pour le bruit la méthode utilisée est contestée « Le bruit ambiant à Lichemaille et Monteillet aurait du être mesuré avec les éoliennes arrêtées, et le calcul du dépassement tenir compte du bruit cumulé de toutes les éoliennes, existantes et à l'étude , » Sur ce point, il convient de se référer à l’arrêté du 11 juin 2021 modifié en 2020 et au guide relatif à l’élaboration des études d’impact de projets de parcs éoliens terrestre du ministère de la transition écologique (mis à jour en octobre 2020) Ce corpus réglementaire et méthodologique prend en compte les connaissances scientifiques en la matière et notamment le rapport de l’ANSES de 2017 « Évaluation des effets sanitaires des basses fréquences sonores et infrasons dus aux parcs éoliens » . L’étude a bien été réalisée en respectant le cadre ainsi défini. Elle met en évidence des dépassements des seuils réglementaires dans certaines conditions de vent qui donneront lieu à un bridage. De plus suivi acoustique sera réalisé dans les premiers mois suivants la mise en service.

Je précise que j’ai eu connaissance de la situation du parc Voltalia dans l’Orne (l’Etat s’apprête à prescrire son arrêt 50% du temps en raison des nuisances sonores qu’il génère). Cette situation s’inscrit dans un contexte particulier sans qu’on puisse en tirer des conséquences opérationnelles dans la procédure en cours à Freyssenet.

Les autres kinesthésiques sont me semblent-ils évoqués implicitement dans l’extrait du rapport de l’académie de médécine cité ci-dessus (d’après la compréhension que j’en ai) mais sans qu’il soit possible d’en tirer des conclusions opérationnelles.

Les effets sur les animaux n’ont pas été établis de façon scientifique et aucun riverain des éoliennes existantes à Freyssenet ne s’est manifesté lors de l’EP pour en faire état. Je précise que j’ai pris connaissance du raport relatif à « l’état des élevages à proximité du parc éolien des quatres Seigneurs en Loire- Atlantique où « deux élevages, principalement laitiers, situés à 73

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proximité, sur les communes de Saffré et de Puceul, ont connu simultanément des troubles caractérisés par des dégradations importantes de quantité et de qualité du lait produit, des taux de mortalité et des comportements animaux déroutants ». Ce rapport recommande notamment une phase de test assoiée à un arrêt des éoliennes afin de vérifier le rôle des éoliennes dans cette situation Cette situation s’inscrit dans un contexte particulier sans qu’on puisse en tirer des conséquences opérationnelles dans la procédure en cours à Freyssenet.

 Le démantèlent de l’éolienne

Des craintes sont exprimées eu égard au risque de défaillance du responsable du projet et du caractère polluant des déchets (résiduels sur site ou évacués) issus du démantèlement de l’éolienne. Sur ce point l’arrêté de 201 a été modifié en juin 2020 et comporte des obligations qui répondent à ces craintes :

«-le démantèlement des installations de production d'électricité, des postes de livraison ainsi que les câbles dans un rayon de 10 mètres autour des aérogénérateurs et des postes de livraison;

-l'excavation de la totalité des fondations jusqu'à la base de leur semelle, à l'exception des éventuels pieux. Par dérogation, la partie inférieure des fondations peut être maintenue dans le sol sur la base d'une étude adressée au préfet démontrant que le bilan environnemental du décaissement total est défavorable, sans que la profondeur excavée ne puisse être inférieure à 2 mètres dans les terrains à usage forestier au titre du document d'urbanisme opposable et 1 m dans les autres cas. Les fondations excavées sont remplacées par des terres de caractéristiques comparables aux terres en place à proximité de l'installation ;

-la remise en état du site avec le décaissement des aires de grutage et des chemins d'accès sur une profondeur de 40 centimètres et le remplacement par des terres de caractéristiques comparables aux terres à proximité de l'installation, sauf si le propriétaire du terrain sur lequel est sise l'installation souhaite leur maintien en l'état.

Les déchets de démolition et de démantèlement sont réutilisés, recyclés, valorisés, ou à défaut éliminés dans les filières dûment autorisées à cet effet.« Au 1er juillet 2022, au minimum 90 % de la masse totale des aérogénérateurs démantelés, fondations incluses, lorsque la totalité des fondations sont excavées, ou 85 % lorsque l'excavation des fondations fait l'objet d'une dérogation prévue par le I, doivent être réutilisés ou recyclés.

Au 1er juillet 2022, au minimum, 35 % de la masse des rotors doivent être réutilisés ou recyclées.

Les aérogénérateurs dont le dossier d'autorisation complet est déposé après les dates suivantes ainsi que les aérogénérateurs mis en service après cette même date dans le cadre d'une modification notable d'une installation existante, doivent avoir au minimum : après le 1er janvier 2024, 95 % de leur masse totale, tout ou partie des fondations incluses, réutilisable ou recyclable ; après le 1er janvier 2023,45 % de la masse de leur rotor réutilisable ou recyclable ; après le 1er janvier 2025,55 % de la masse de leur rotor réutilisable ou recyclable ».

Il est vrai que « recyclable » n’implique pas « recyclé », mais le développement de l’éolien et les progrès techniques ne devraient pas manquer de favoriser la constitution d’une filière opérationnelle de recyclage (cf à ce sujet le rapport de mai 2019 sur l’ Économie circulaire dans la filière éolienne terrestre en France du Conseil général de l’environnement et. du développement durable -CGEDD- et du conseil général de l’économie de l’industrie de l’industrie de l’énergie et des technologies -CGE-) .

Les garanties financières sont à quant à elles calculées selon la méthode définie dans cet arrêté. Même si des réserves sont fréquemment exprimées (pas uniquement dans le cadre de la présente enquête publique) sur le niveau insuffisant du montant qui en découle, le respect de cette méthode ne peut pas juridiquement être contesté.

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En clôture du présent rapport, je relève que l’enquête publique s’est déroulée dans des conditions satisfaisantes en dépit des contraintes sanitaires dues à la pandémie de la COVID 19. Elle s’est déroulée sur la base d’un dossier de demande d’autorisation environnementale qui lors des premières phases de son instruction a déjà connu des évolutions positives et d’un avis de la MRAe qui a provoqué de nouvelles évolutions et clarifications. L’enquête publique a permis une bonne information du public qui a pu s’exprimer librement et faire connaître ses observations et propositions. De nombreuses critiques ou inquiétudes se sont exprimées ainsi que des avis favorables. Des considérations générales sur les avantages et inconvénients de l’éolien ont été mises en avant, elles sont complétées par des éléments se rapportant plus spécifiquement au projet et qui concernent notamment le paysage, l’avifaune et les chiroptères, les nuisances pour les riverains et le voisinage, la dimension économique du projet. Le tout ainsi que les réponses apportées par le responsable du projet au PV de synthèse que j’ai établi et les recherches et échanges que j’ai réalisés constituent le fondement à des conclusions et à un avis que j’exprime dans un document distinct du présent rapport

Rapport dressé par le Commissaire-enquêteur le 12 mars 2021

Hubert GOETZ

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