Les Femmes Artistes Au Montreux Jazz Festival : Statistiques Et Études De Cas
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Les Femmes Artistes au Montreux Jazz Festival : Statistiques et Études de Cas Brechbühl Eliane (MX), Charron-Lozeau Laurie (ENAC) Hurni Max (SIE), Kozma Sacha (IC) Projet SHS de 1ère année master Encadré par Constance Frei et Grégory Rauber, SHS Musicologie Rapport accepté le 08.05.2019 Lausanne, année académique 2018 – 2019 SHS – EPFL Musique, politique et société 2018/19 INTRODUCTION 3 STATISTIQUES MJF 5 A. Méthode 5 B. Evolution générale de la proportion femmes/hommes 7 C. Répartition des femmes par instrument 8 Evolution au cours des années 10 D. Répartition des femmes par genre musical 11 Evolution au cours des années 13 E. Discussion 14 Présence des femmes sur la scène suisse 14 Le cas du jazz 15 Le futur des festivals 16 ÉTUDES DE CAS 18 A. Introduction - études de cas 18 B. Nina Simone 19 Biographie 19 Passages au Montreux Jazz Festival 21 Témoignages 24 C. Polly Jean Harvey (PJ Harvey) 27 Biographie 27 Passages au Montreux Jazz Festival 29 Témoignages 34 D. Tori Amos 37 Biographie 37 Passages au Montreux Jazz Festival 39 Témoignages 45 E. Flèche Love 48 Biographie 48 Passages au Montreux Jazz Festival 50 Témoignages 52 F. Conclusion - études de cas 53 CONCLUSION 55 BIBLIOGRAPHIE 56 Eliane Brechbühl, Laurie Charron-Lozeau, Max Hurni, Sacha Kozma 2 SHS – EPFL Musique, politique et société 2018/19 I. INTRODUCTION Le Montreux Jazz Festival (MJF) a eu lieu pour la première fois en 1967. Sous la direction du légendaire Claude Nobs, le festival n'a cessé de grandir et a acquis une grande renommée nationale et internationale. Depuis la mort de Nobs en 2013, Mathieu Jaton a repris la direction du festival. Même si son nom ne le suggère pas, le festival contient bien plus que "seulement" du jazz. Depuis 1968, le rock et la pop sont également autorisés. Aujourd'hui, on trouve un large mélange de classiques du jazz, de grands noms du rock et de stars modernes du RnB/Soul, Pop, Hip-Hop, Electro, Blues et Latin. La musique classique et la musique folk trouvent aussi leur place. C'est grâce à l'enthousiasme de Claude Nobs pour la technologie du film et du son que plus de 5’000 heures de concert ont été enregistrées à ce jour. Ces documents sont complétés par des milliers de photos, interviews et communiqués de presse qui sont soigneusement archivés depuis 2010 par le Centre MetaMedia (CMM) de l'EPFL dans le cadre du Montreux Jazz Digital Project1. Cette collection unique de sources a rarement fait l'objet de recherches scientifiques. Dans le contexte du cours « Musique, Politique, Société » de l'EPFL, nous avons examiné le rôle des femmes artistes au MJF. D'une part, les bases de données du CMM ont été utilisées pour en extraire des statistiques pertinentes. Ces données nous permettent également de présenter une analyse ciblée des relations entre les différents instruments de musique et les différents genres musicaux en fonction du sexe des artistes. D'autre part, nous présenterons quatre femmes artistes qui ont marqué le festival de différentes manières. Ce travail donnera en particulier un aperçu de l’évolution de la carrière de Nina Simone, PJ Harvey, Tori Amos et Flèche Love pour illustrer la diversité des musiciennes et inspirer plus de femmes à poursuivre une carrière musicale. Les femmes ont toujours eu une position difficile dans la musique. La plupart des compositeurs et des chefs d'orchestre de musique classique sont des hommes. Les filles qui aspirent à une carrière musicale sont souvent empêchées de le faire par leur père. Fanny Mendelssohn, sœur du célèbre Felix Mendelssohn, en est un bon exemple. Son père l'encouragea à apprendre à 1 FREI, Constance, RAUBER, Grégory, Les Archives du Montreux Jazz Festival; cours de l’EPFL: HUM-406(a) Musique, politique, société; donné en Septembre 2018. Eliane Brechbühl, Laurie Charron-Lozeau, Max Hurni, Sacha Kozma 3 SHS – EPFL Musique, politique et société 2018/19 jouer du piano, mais ses compositions furent rarement publiées de son vivant. Ce n'est que beaucoup plus tard qu'elles acquerront une certaine notoriété. La situation est différente pour les chanteuses : que ce soit dans les opéras, les chœurs ou les ensembles, à partir du XVIIe siècle, les femmes ont eu une place plus importante dans le chant. Les musiciens d'orchestre, cependant, étaient surtout des hommes. Ces conditions se sont maintenues au XXe siècle malgré l'émergence des mouvements féministes2. Même dans les genres musicaux émergents comme le blues ou le jazz, faire de la musique était avant tout une affaire d'homme. Selon un article de la SRF, l'une des raisons qui expliquerait le manque de femmes pourrait être ce qu'on appelle la « masse critique ». Une femme célibataire dans un environnement dominé par les hommes se sent mal à l'aise. Si la relation était plus équilibrée, l'interaction mutuelle deviendrait également plus naturelle3. Une autre explication est le rôle des idoles. Il peut y avoir de grandes chanteuses comme Ella Fitzgerald, Billie Holiday ou Nina Simone. Le nombre de femmes pianistes, guitaristes, contrebassistes ou batteurs mondialement connus est cependant beaucoup plus faible4. Il n'est donc pas surprenant que la proportion actuelle de femmes dans les écoles de jazz suisses soit de 15% 5. 2 ERICSON, Margaret, KOSKOFF, Ellen, TICK, Judith, Women in music, in Grove Music Online, 21.01.2001 3 BLASER, Beat, Im Jazz geben wenige Frauen am Instrument den Ton an, in SRF, 21.03.2016 4 ibid. 5 ARAMAN, Tanja, Si peu de femmes dans le jazz, in Largeur, 25.09.2012 Eliane Brechbühl, Laurie Charron-Lozeau, Max Hurni, Sacha Kozma 4 SHS – EPFL Musique, politique et société 2018/19 II. STATISTIQUES MJF Pour analyser de manière plus rigoureuse la place que tiennent les femmes dans le cadre du Montreux Jazz Festival, nous allons présenter des statistiques réalisées sous différents angles. Nous verrons tout d’abord la répartition générale des genres dans le festival, puis conditionnée à certains instruments et à certains genres musicaux. Cela nous permettra non seulement de mettre en évidence les différences qui peuvent exister dans le monde de la scène, mais aussi d’en suivre les évolutions. Nous pourrons notamment suivre des mouvements qui apparaissent que dans certains milieux, potentiellement minoritaires, rattachés par exemple à un genre musical précis. Nous commençons donc par une description de la méthode utilisée pour créer ces statistiques, puis suivrons par la présentation des résultats et des points principaux que l’on y observe. Nous terminerons enfin par une discussion de ces chiffres, remis dans le contexte nécessaire. A. Méthode Nos statistiques ont été réalisées à l’aide des données du Centre MetaMedia de l’EPFL, qui comportent toutes les informations nécessaires telles que les artistes du Montreux Jazz Festival, leurs genres (masculin ou féminin), les concerts auxquels ils sont reliés ainsi que les genres musicaux ou les instruments utilisés sur scène. Cependant, il est nécessaire de préciser que ces données souffrent d’un certain nombre de biais, que nous allons détailler ici. Premièrement, la base de données originale ne contenait pas le genre (non musical) des artistes. Le genre de chaque artiste a donc été extrait de l'encyclopédie musicale libre MusicBrainz. Un processus automatique a été utilisé pour aller chercher chaque nom d’artiste sur cette encyclopédie et y récupérer son genre. Malheureusement, dans le cas de certains artistes, celui- ci n’a pas pu être trouvé ou est erroné puisque les noms inscrits dans la base de données du MetaMedia Center et de MusicBrainz peuvent ne pas être totalement similaires (légère différence orthographique, etc.). Ainsi, Olivier Bruchez, informaticien au Centre Metamedia qui s’est occupé de ce processus, estime que le taux d’erreur pourrait atteindre jusqu’à vingt ou trente pourcents. Eliane Brechbühl, Laurie Charron-Lozeau, Max Hurni, Sacha Kozma 5 SHS – EPFL Musique, politique et société 2018/19 Deuxièmement, il est important de noter que cette base de données est toujours en cours de consolidation. Certains artistes ne sont pas encore totalement traités (nom incomplet ou mal orthographié, etc.), de même que certains concerts qui n’ont pas encore été reliés aux artistes (il s’en suit donc que nos statistiques ne prennent pas en compte certains concerts pour une partie des artistes, ce qui peut donner l’impression qu’un artiste a été moins présent que dans les faits pour certaines années, voir même qu’il n’y a pas été invité du tout). Ce problème peut être particulièrement sensible puisqu’il touche les données de manière non homogène : les années récentes, par exemple, sont plus touchées que les premières années du festival pour lesquelles la base de données les décrivant ont déjà eu le temps d’être vérifiées par des humains. Il en résulte que ces données n'apparaissent pas dans nos statistiques et peuvent produire une différence non négligeable, en atténuant par exemple la proportion des femmes dans certaines années. Pour tenter d’effectuer des statistiques sur une base plus solide, nous avons donc décidé de regrouper les sous-genres musicaux sous leur genre principal. Par exemple, les genres « Acid jazz » ou « Bebop » que l’on peut retrouver dans la base de données du Montreux Jazz Festival sont tous les deux comptés dans le genre plus large « Jazz ». Cela a pour conséquence de réduire la diversité de genre disponible dans les données et donc la possibilité d’analyser des tendances spécifiques à certains genres de musique. Malheureusement, la quantité et la qualité des données ne nous permettent pour le moment pas de faire une analyse aussi précise. Un traitement similaire a été effectué sur la catégorisation des instruments, qui ont aussi été regroupé de manière plus large.