Le dijonnais : territoire viticole

EXPOSITION PROPOSÉE PAR LE JARDIN DES SCIENCES ET LA CHAIRE UNESCO CULTURE ET TRADITIONS DU VIN, UNIVERSITÉ DE BOURGOGNE Le dijonnais : territoire viticole

Époque e e e e e gallo-romaine 6 siècle et suivants 14 siècle 15 siècle 17 siècle 18 siècle

La vigne est Grégoire La vigne est La culture 1441 Les Le gamay cul ivée de Tours une ressource de la vigne Le duc parlementaires se développe sur la Côte, a teste la pour les s’étend tout Philippe le Bon dijonnais et remplace probablement présence évêques, autour exige l’arrachage « inventent » quasiment jusqu’à . de vignes les abbayes, de Dijon. des vignes dans la no ion de le pinot. à Dijon. les ducs, la les « ché ifs lieux » climat en Les vins commune 1395 (Est-Sud-Est valorisant dijonnais de Dijon... Le duc de Dijon). surtout les perdent Philippe vins de la leur pres ige. le Hardi Côte de Nuits interdit le (Gevrey, gamay et Vosne, etc.). recommande le pinot sur ses propres domaines.

Dijon assiégé par les Suisses en 1513, inv CA 1445. © Musée des Beaux-Arts de Dijon. Iniale E de Saint-Grégoire le Grand. Photo François Jay (détail). Moralia in Job (Cîteaux, 1111), MS 170, f.32. © Bibliothèque municipale de Dijon. Du Moyen Âge à nos jours, le territoire de la métropole dijonnaise a été façonné par une longue histoire vi icole. La ville a été tour à tour lieu de culture de la vigne et de fabrica ion, de commerce et de consomma ion du vin, d’élabora ion des normes, des goûts, des hiérarchies, de contrôle, ou encore d’expressions culturelles diverses. Des liens ont été issés, déliés, re issés par diférents acteurs : maires ou échevins, vignerons, parlementaires, négociants, consommateurs, savants, intellectuels... Aujourd’hui, les Climats de Bourgogne ont été classés au patrimoine mondial de l’humanité (2015) et la métropole dijonnaise encourage la culture de la vigne sur son territoire. SOMMES-NOUS À L’AUBE D’UNE NOUVELLE ÈRE ?

18e siècle 19e siècle 20e siècle 21e siècle

Le gamay 1830 1875 1919-1935 Vers Depuis 2019 se développe Extension Début de Les syndicats 1945-1965 les années Ouverture et remplace maximale la crise du de vignerons Dispari ion 1980 de la Cité quasiment de la vigne phylloxera. valorisent les quasi-complète Replanta ions interna ionale le pinot. à Dijon vins de crus à de la vigne à de vignes de la Les vins en surfaces. travers la mise Dijon (sauf (Marc d’Or, gastronomie dijonnais Le vin de en place des Marsannay, , La Cras, et du vin. perdent marque et de Appella ions Chenôve, Daix), secteur de la leur pres ige. consomma ion d’origine tandis que Rente Giron, ...) courante fait contrôlée. l’urbanisa ion la fortune des gagne du négociants terrain. dijonnais. 2015 Classement des Climats du vignoble de Bourgogne au Années Patrimoine Mondial 1920-1980 de l’Humanité. Le souvenir de la vigne est entretenu par le folklore et la gastronomie (ban bourguignon, foire Panneau signaléque Route des Grands Crus. Carte postale Maison Paul Court - Carte postale gastronomique, © Ville de Dijon. Caisses prêtes pour l’expédion, « retour de vendanges ». fêtes de la vigne...). maison Paul Court, © Bibliothèque municipale de Dijon. Plaque installée sur l’hôtel Musée de la vie bourguignonne de Ville de Dijon en 2015. Perrin de Puycousin, Dijon. © L. Charron, Ville de Dijon. © Photo François Perrodin. 2 LA VIGN E SE DÉVELOPPE TOUT AU TOUR DE DIJON Période : du Moyen  ge au 17e siècle

La culture de la vigne s’est répandue à l’époque gallo-romaine en Bourgogne dans les plaines, puis le long des pentes. Elle est a testée par PERRIÈRES des fouilles archéologiques notamment le TALANT long de la côte à Gevrey-Chamber in au FONTAINE 1er siècle après J-C et dès le 6e siècle à Dijon (Grégoire de Tours). Autour de la POUILLY ville, elle connaît un développement La vigne est a testée à Talant et important aux 14e et 15e siècle. La Fontaine au 13e siècle, aux Perrières ville est en connexion directe avec depuis le 14e siècle, avec l’installa ion des Chartreux. la campagne environnante, Les vignes sont plantées le long de même si les remparts marquent pentes parfois fortes, à une al itude une sépara ion entre l’espace plus importante que le long de la urbanisé et l’espace cul ivé. côte (350-400 m) et exposées Est-Sud-Ouest. Le sol est cons itué d’éboulis marneux et calcaires apparentés à ceux des Hautes-Côtes de Nuits. Pouilly connait des condi ions similaires à la plaine de Vosne. PLOMBIÈRES Sur le territoire de Plombières, des vignes ont été plantées proche du lit de l’Ouche (marnes et alluvions). MARCS D'OR À la charnière entre l’extrémité de la Côte et l’embouchure de la vallée de l'Ouche, les Marcs d’Or se dis inguent par une exposi ion Nord-Est MARSANNAY originale. CHENÔVE LARREY Prolongement naturel de la Côte, les données naturelles sont assez proches de celles observées à Nuits : exposé Est-Sud-Est, le relief a été formé par le climat (glaciaire) et il y a 25-35 millions d’années par Plan de Bredin (1574) - Plan géométral une faille (fracture de l’écorce terrestre qui court de de la ville de Dijon. l’Alsace jusqu’à la vallée du Rhône). Le sol est © Archives municipales de Dijon, 4fI 956. cons itué d’éboulis de pente disposés en couches (appelés grèzes litées, calcaires mêlés à des limons riches en fer descendus des plateaux) puis en par ie basse de marnes et d’alluvions (ancien lit de l’Ouche). LA VIGN E SE DÉVELOPPE TOUT AU TOUR DE DIJON Période : du Moyen  ge au 17e siècle

BUTTE DE MONTMUZARD MIRANDE POUSSOTS LENTILLÈRES À l’Est-Sud-Est, au 14e siècle, des vignes plantées en cépages produc ifs (gamay) produisent de vins de consomma ion populaire locale. Orientées à l’Ouest, les vignes sont installées sur des pentes plus douces et en plaine, sur des marnes et alluvions. Au 15e siècle, l’arrachage de ces vignes est exigé par les autorités ducales puis royales, mais sans succès. 3 LA VIGN E EST UNE RESSOUR CE POUR LA VILLE Période : du Moyen  ge au 17e siècle

La vigne est une source de revenus commerciaux et iscaux qui a joué un grand rôle dans le développement de la ville : sous les ducs Valois de Bourgogne, les vignes situées à l’Ouest et au Nord de la ville produisent un vin de qualité dont 15 à 50% pouvaient être exportés. À par ir du 14e siècle, l’augmenta ion de la popula ion de la ville (5000 habitants) favorise l’ouverture de nombreux débits de boissons. Les vignerons vivent en ville (surtout dans le quar ier Saint-Philibert), le vin y est conservé dans les celliers.

Pete bériade de Dijon de 1550. © Archives municipales de Dijon, K6 510.

Le clos du Duc 60% des vignes bourguignonnes des ducs de Bourgogne se trouvaient autour de Dijon, notamment aux Marcs d’Or, à Talant et à Chenôve. Le clos du Duc est devenu par la suite le clos du Roi.

Pressoir des ducs de Bourgogne, ville de Chenôve. © Duthu. LA VIGN E EST UNE RESSOUR CE POUR LA VILLE Période : du Moyen  ge au 17e siècle

Des grands Dijon : lieu de commerce propriétaires et de consommation du vin Les ecclésias iques, en Le marché au vins, gros et détail, est établi place Saint-Jean, par iculier les évêques, les où les tonneliers et les cou iers (jurés-gourmets oiciers chanoines (Langres, Autun à municipaux assermentés) veillent à la qualité des vins vendus. Chenôve), les abbayes (Saint-Bénigne, abbayes clunisiennes et cisterciennes, Chartreux...), des bourgeois et des aristocrates, dont les ducs de Bourgogne, se partagent les bonnes terres et installent leurs celliers en ville. Au 13e siècle, la commune de Dijon (créée en 1187), acquiert des friches sur les collines de Larrey, Plombières et Corcelles-les-Monts bientôt mises en vignes.

Huguenot La Paye, boucher, 2 juillet 1439

« Et premièrement

en la cuisine dud hostel Place Saint Jean, L Est. CF-III 28. Deux cymarres, une © Bibliothèque municipale de Dijon. coquasse, deux aiguieres, dix pintes et aue estain ouvré pesant tout IIIIxx XIII livres (...) Item une viez arche, une queue, une préssoire (…) Ou ceier dud hostel Item hu queues Lieu de vie des vignerons de vin vermeil (...) Au 15e siècle, il y avait 25% de vignerons à Dijon. Les inventaires après Item deux muis décès de vignerons intra-muros témoignent de la présence en ville de buis (...) » d'ou ils, de tonneaux, de pressoirs et de vin dans les caves. La vigne est aussi parfois un lieu de débauche : au 15e siècle, deux Archives départementales de la Côte-d’Or, hommes sont accusés de crime d'adultère pour avoir accompagné des B II 356/ 1, C 12 -5, n°7f°5 et v°. femmes qui n’étaient pas leurs épouses dans les vignes luxuriantes aux © Transcripon G. Ferrand et J.-P. Garcia. portes de Dijon (quar ier des Valendons actuel). LE PRES TIGE 4 DU VIN D U DIJONNAIS Période : du Moyen  ge au 17e siècle

Du 14e à la in du 17e siècle, le « vin de creu Le vin de la ville est du Dijonnoiz » (Dijon, Chenôve, Talant le plus prestigieux et Fontaine) ient la première place en Le « taux de gros fruits » est le prix valeur et en pres ige sur les meilleurs de vente constaté par les autorités villages actuels de la Côte de Nuits. municipales sur le marché de Dijon, L’administra ion municipale cherche des denrées produites dans à surveiller plus strictement la le baillage pour rémunérer les vignerons. qualité du vin vendu à l’intérieur Cela comprend les vins produits des enceintes, dans le but de de Gevrey-Chamber in aux plateaux conserver la coniance des du Nord et la plaine à l’Est de la ville. importateurs. Les archives témoignent de la prédominance symbolique des vins produits à proximité immédiate de la ville, jusqu’à la in du 17e siècle.

Évoluon des prix et hiérarchie des vins sur le marché de Dijon : 1558 et 1577 © Concepon Jean-Pierre Garcia et Thomas Labbé

Diplomatie ducale autour du vin Le vin est un signe extérieur d’opulence, largement u ilisé par les ducs en diploma ie : les résidences ducales en Flandres, Bourgogne et Paris en sont pourvues. Les hôtes de passage (Cardinal de Paris, Comte de Savoie, Comte d’Anjou...) se voient ofrir du vin de Dijon, à boire sur place et à emporter.

Fête champêtre à la cour de Philippe le Bon (copie d’un tableau du 16e s’inspirant d’un original du début 15e), inv 3981, musée des Beaux-Arts de Dijon. Entré dans les collecons du Musée naonal du Château de Versailles en 1844 suite à achat à M. Despaux ; Dépôt du Musée naonal du Château de Versailles, Inv. Versailles MV 4021, INV 8727, LP 5982. © Musée des Beaux-Arts de Dijon/François Jay (détail). LE PRES TIGE DU VIN D U DIJONNAIS Période : du Moyen  ge au 17e siècle

TAUX DES GROS FRUITS 1558

Dijon 6 £ 10 sols /queue

Différenciation hiérarchique Chenôve Talant Fontaine 5 £/queue

Montagne et autres pays circonvoisi ns 4 £ 10 sols/queue

Différenciation géographique

TAUX DES GROS FRUITS 1577 (MODÈLE PÉRIODE 1577-1587)

Dijon Chenôve Talant Fontaine 30 £/queue

Gevrey Fixey Mars. la Plombières 25 £/queue Côte

Vantoux Messigny Asnières Ruey Bellefond Norges Savigny Epagny Març le 20 £/queue Bois

Le vin est un signe extérieur d’opulence, largement u ilisé par les ducs en diploma ie : Pinte au Vin de 1692, inv. 22 les résidences ducales en © Archives municipales de Dijon. Flandres, Bourgogne et Paris en sont pourvues. Les hôtes de passage La commune Ordonnance de Philippe le Hardi, 1395, Archives municipales de , (Cardinal de Paris, de Dijon © cliché O. Jacquet. Comte de Savoie, Comte d’Anjou...) se contrôle le vin voient ofrir du vin de grâce à l'Octroi Pinot contre gamay Dijon, à boire sur place et à emporter. La commune de Dijon met en place À la demande des bourgeois et des grands propriétaires, les ducs un octroi, droit de passage aux de Bourgogne imposent, pour leurs vignes, la culture du pinot et entrées de la ville portant notamment l'interdic ion du gamay, qualiié de « déloyal » (ordonnance de sur les vins « estrangers » Philippe le Hardi en 1395). (dont vins de Beaune, de Morey...). En 1441 et à plusieurs reprises par la suite, les autorités ducales, Des oiciers municipaux assurent royales et municipales tentent, avec peu de succès, de contenir ainsi un contrôle sur les quan ités la progression de vignes « en ché ifs lieux », à l'Est et au Sud de Dijon. des vins transitant par la ville. 5 LA VIGN E DES PARLEMENTAIRES OU L'INV ENTION DES CLIMATS Période : fin du 17e - 18e siècle

Progressivement, l'ensemble de la Côte de La marque et Nuits gagne en pres ige, aux dépends des les équivalences vins du dijonnais, hormis quelques climats, La valeur du vin, à ce te époque, est fondée sur le comme comme le « Mardor » ou le Clos du savoir-faire, la marque et ses « équivalences », plutôt que Roi à Chenôve. Le système de hiérarchie sur l'origine géographique (norme de la ville). Les vins des vins qui va se construire à par ir de provenant de lieux proches sont tolérés s’ils sont ce moment là est largement inluencé « presque semblables en bonté des vins de cru de ladite ville ». C’est une référence de qualité déinie par la ville par les parlementaires dijonnais, qui que l’on trouve également autour de la plupart des grandes inves issent dans les vignes plus cités du Royaume : Bordeaux, Paris, Beaune, etc. éloignées de Dijon, en par iculier le long de la côte. Le vin du Dijonnais perd son prestige Jusqu’à présent les vins les plus pres igieux avaient été ceux de la ville et les prix des vins diminuaient en s’éloignant de la ville. Pour la première fois en 1676, deux climats de Gevrey ; clos de Bèze et Chamber in, sont vendus comme supérieurs aux vins du dijonnais.

TAUX DES GROS FRUITS 1668 (MODÈLE PÉRIODE 1668-1675)

Dijon Chenôve Talant Fontaine 60 £/queue

Dijon Chenôve Talant Fontaine 52 £/queue moyens moyens moyens moyens

Gevrey Fixin Fixey Brochon Couchey Mars. la Plombières Daix Ahuy 48 £/queue Côte

Gevrey Fixin Fixey Brochon Couchey Mars. la C. moyens moyens moyens moyens moyens moyens

Perrigny Vantoux Messigny Asnières Bellefond Bregny Lantenay Norges Savigny Epagny Març. le 36 £/queue Bois

TAUX DES GROS FRUITS 1711 (MODÈLE PÉRIODE 1676-1712)

Bèze Chamber- 120 £/queu e n

Dijon Chenôve Talant Fontaine 50 £/queu e

Dijon Chenôve Talant Fontaine 43 £/queu e Saint-Romain moyens moyens moyens moyens Auxey-Duresses Gevrey Fixin Fixey Brochon Couchey Mars. la Perrigny 40 £/queu e Côte

Gevrey Fixin Fixey Brochon Couchey Mars. la C. 33 £/queu e moyens moyens moyens moyens moyens moyens

Plombières Daix Ahuy Saint 30 £/queu e Apollinaire

Vantoux Messigny Asnières Norges 27 £/queu e

Bellefond Bregny Lantenay Savigny Epagny Març. le Ancey Fleurey 20 £/queu e Bois

Évoluon des prix et hiérarchie des des vins sur le marché de Dijon : 1668 et 1711. © Concepon Jean-Pierre Garcia et Thomas Labbé. LA VIGN E DES PARLEMENTAIRES OU L'INV ENTION DES CLIMATS Période : fin du 17e - 18e siècle

Pouilly Plombières Talant Les parlementaires

Lantenay investissent dans le DIJON vin de la Côte

le S uz on Les parlementaires et les oiciers du Roi et des États de l’O uche Chenôve Bourgogne, enrichis par les charges qu’ils possèdent, exposent leur réussite sociale et économique dans les nombreux hôtels par iculiers de Dijon. Marsannay-la-Côte Ils inves issent beaucoup dans la vigne, plus volon iers en Côte de Nuits qui est plus proche de la ville et dont Couchey le pres ige grandit.

Fixin Clos de la Perrière Vignoble Brochon

des Côtes et Gevrey-Chambern Chamber n Hautes-Côtes - Clos de Bèze de Nuits

Morey-Saint-Denis Les Bonnes Mares Chambolle- Reulle-Vergy Le Musigny L’Étang- Bévy Vergy Corboin Les Véroilles Concoeur Vosne -Romanée La Romanée Messanges Villars-Fontaine La Tâche NUITS-SAINT-GEORGES Vaucrains Chaux Saint-Georges

Premeaux-Prissey Vignoble Villers-la-Faye des Côtes et

Hautes-Côtes

de Beaune Buisson Pernand-Vergelesses

Aloxe-Corton Ladoix Corton Clos du Roi Savigny-lès-Beaune Chorey-lès-Beaune

Jean-Bapste Lallemand, Dijon vu de Daix, inv D 1954-3, Musée des Beaux-Arts, BEAUNE © Photo François Jay.

Pommard invesssements importants dans le vignoble peri-urbain Volnay et les villages limitrophes L'invention des climats de Dijon Saint-Romain possession de vignes Auxey-Duresses importante d’un parlementaire La no ion de climat, liée au terroir, aux condi ions dans le village considéré naturelles du lieu, commence à se dessiner à la in e Le Musigny climat renommé du 17 siècle : les parlementaires inversent la façon

Vignobles AOC actuels d'aborder le vin et « inventent » les climats. (Notamment Chamber in, innova ion du 17e siècle, 0 10 km type du vin « inventé » par les parlementaires). La qualité de ces terroirs villageois devient plus pres igieuse que la proximité de la ville. Carte des invesssements de Parlementaires au 18e siècle © Concepon Jean-Pierre Garcia. 6 VERS U NE VITICULTURE DE CONSOM MATION POPULAIRE Période : fin du 17e - 19e siècle

La vigne est toujours très présente et cul ivée, Les surfaces plantées notamment à Dijon, elle s’étend même en s’étendent autour de la ville surfaces cul ivées jusqu’en 1830. Partout, les vignes sont plus volon iers plantées Des défrichements de parcelles ont lieu dans la seconde moi ié du 18e siècle : à l’Est et au Sud, Les Perrières : en cépages produc ifs non ins (gamay), les planta ions gagnent du terrain sur les des inés à une consomma ion populaire, pentes et en plaine de part et d'autre de la route entre vignes aux dépends du pinot. Au 19e siècle, menant à Beaune. À Plombières, plus de 150 et pierres hectares de vignes ont été plantées jusqu’à la une nouvelle hiérarchie des vins de in du 19e siècle. Au Nord, la vigne s'étend des La surface plantée Bourgogne ne cite que quelques passe remparts à Talant et Fontaine, et progresse de 4,5 hectares climats résiduels parmi les crus autour du château de Pouilly. Il en va de même en 1860 dignes d’intérêt. à l’Est et au Sud-Est le long de la côte de à 10 hectares en Montmuzard 1880, et augmente et en plaine (Poussots, Len illères). à plus de 20 ha entre 1800 et 1850.

COMMUNE D'ASNIÈRES COMMUNE DE BELLEFOND

COMMUNE en Valmy Aux Charmes D'AHUY d'Asnières

la Combe COMMUNE DE au Cerf RUFFEY-LES-ECHIREY Carte de présence de la vigne sur

aux Champs Cognieaux la commune de Dijon vers 1830.

aux Pailloes Aux Ferrières À gauche, À droite, aux Cray de Pouilly aux Bouteillères Noms et localisaon Zones plantées de Vignes Clos des aux Chartreux de Pouilly des climats d'après le d’après le registre Blaisières en Maupas registre napoléonien. des propriétés foncières. le Bas des aux Tre mblois Champs Regnaud aux Friandes en Champs Regnaud

en la Fontaine de Chavance Source : Registres des propriétés foncières Fond de carte : cadastre napoléonien. © Concepon Sylvain Fry. COMMUNE DE FONTAINE

sur la voie d'Epirey

Les Génois les Mazières le Dessus des COMMUNE Roses COMMUNE DE les Queues DE TALANT en Montchapet les Grésilles Froides SAINT-APOLLINAIRE les Saunières en Poil Moulin Vaisson de Foin les Roses au Dessus le Montant des Grésilles les Désarts des Roses au Riboée le Devant de Bussy Faubourg sur les Saint-Nicolas COMMUNE DE en Bussy Perrières PLOMBIÈRES les Plantes les Perrières -Mères le Jardin de Sol les Grands en Pied la Retraite sur Reine Combe au Serpent de Mont Champs de Porte Neuve Combe Champagnoe les Marcs d'Or Porte-Neuve le Bas des Clos des Chartreux de Champmol au dessus Dessus des Marcs d'Or les au Moulin à Vent des Ebasoires Marcs d'Or Gorgets au Dessus du les Champs Moulin à Vent les Ebasoires perdrix En Tire-pesseaux en Vieille les sur l'Argenère Fourche le Clos Combe au Serpent Sur la Fontaine d'Ouche Hameau de Petes en Groche en Bligny Larrey Derepas Roches le Dessus des petes Roches les Girouees Combe Persil Derrière Larrey Faubourg Saint-Pierre les Gremeaux la Corvée Faubourg d’ouche en Trepey les Sots les Bourroches en Carioe les Longennes En Pisse Vin la Sablière les la Goue Arots les Planchoes COMMUNE DE le Coteau Chaud les Echaillons les Champs Batrants d'Or les Champs les pets Saules Creux Gobin les Barbons en l'Isle les Grands Prévois les Molidors les Grands Saules le Pet Champs Combe Berthaux les Eaux Pré le Castel en Mande Hameau les les Pets Monts de Mirande Roussotes de vignes les Lenllères les Péjoces la Quénitrée en Peyvet en Tête le Frétoie en Montre-Cul les Grands les Penoes de Loup sur le Chemin Monts de Vignes des Vaches COMMUNE DE les Champs à les la Ronce les Poussots CORCELLES Violees les Pendants de Bray Billetotes en Beauvoy en Saint-Jacques les Valendons le Pegny ou Valendon les Creusots les Prés du Batoir le Pont Barreau

COMMUNE DE COMMUNE DE SENNECEY CHENOVE COMMUNE DE

0 1 km 2 km Au 15e siècle, il y avait 25% de vignerons à Dijon. Les inventaires après décès de vignerons intra-muros témoignent de la présence en ville d'ou ils, de tonneaux, de pressoirs et de vin dans les caves. La vigne est aussi parfois un lieu de débauche : au 15e siècle, deux hommes sont accusés de crime d'adultère pour avoir accompagné des femmes qui n’étaient pas leurs épouses dans les vignes luxuriantes aux portes de Dijon (quar ier des Valendons actuel).

VERS U NE VITICULTURE DE CONSOM MATION POPULAIRE Période : fin du 17e - 19e siècle

Demande populaire Le gamay de vins de les Perrières Plantaon de consommaon cépages plus producfs VIGNOBLE VERS 1860 progresse courante. comme le gamay. Sources : registres des propriétés foncières. 1 2 La qualité baisse, mais la producon 47.328359 N partout 5.013628 E alt 289 m augmente en même Les ventes de vignes temps que la Les Perrières : L'historien Roger Dion, dans sont en hausse, acquises consommaon. les Désarts par des vignerons plus son Histoire de la vigne et modestes, pour des entre vignes 190 du vin en , a décrit le plantaons de vins de 5 consommaon courante. 3 Le vin, et pierres cercle vicieux d’avilissement déprécié, se vend Commune 246 272 47.326076 N de la qualité de vin 5.022117 E moins cher de Talant alt 278 m (remplacement progressif 4 212 bis 273 des vignes produisant des vins 5 Dépréciée également, 244 Les terres à vignes moins chère, la vigne sur les ins par des vignes de vins sont vendues pour se vend moins cher Perrières étendre l’emprise (baisse des prix de consomma ion populaire) de la ville. du foncier). à Dijon, mais aussi dans 263 292 sur Reine d’autres villes comme 262 Orléans, Paris, Bordeaux. 261 300 Cercle d’avilissement des vins 47.322629 N 249 47.322469 N 5.011590 E ème Chemin de fer 5.020666 E D'après Roger Dion, Histoire de la vigne et du vin en France, des origines au XIX alt 244 m alt 244 m 252 siècle. In: Revue de géographie de Lyon, vol. 35, n°3, 1960. route de Dijon à Plombières

Clos des Chartreux

légende vigne

pente 0 100 m 200 m Une nouvelle hiérarchie du vin : © DAO Sylvain Fry 2016. le classement des crus de la Côte En 1855, Jules Lavalle, directeur du Jardin botanique, signale qu’il ne reste plus que quelques hectares plantés en plants ins, « 10 à 12 hectares dans les climats dits le Clos du Roy, les Chenevary, en Seloncourt, le Chapitre, le Basion du chapitre, les Valandons ». Il déplore la faible qualité de ces vins délaissés par les acheteurs. En 1860, le Plan sta is ique des vignobles produisant les grands vins de Bourgogne s’inspire de ses travaux pour le dijonnais.

Plan stasque des Vignobles produisant les grands vins de Bourgogne de 1860, Musée de la vie Bourguignonne. © Cliché Olivier Jacquet. 7 LE VIN DE S NÉGOCIANTS Période : 19e siècle - début 20e

Du 19e siècle au seuil du 20e siècle, une large L'âge d'or du négoce par ie de la prospérité vi icole de la ville de dijonnais Dijon est portée par quelques maisons au pres ige immense, exploitant, notamment, Avec la Révolu ion française s’opère un transfert des domaines illustres, le long de les plus célèbres vignes de la Côte. la côte, à une riche bourgeoisie d’afaires. Cependant, le commerce des vins de Dijon ne survivra pas au triomphe des vins de crus, portés par les vignerons propriétaires au début du 20e siècle.

Équee L’Hérier-Guyot, après 1936. © cliché O. Jacquet.

Carte postale Maison Paul Court - Caisses prêtes pour l’expédion, maison Paul Court, 95.62.4, Musée de la vie bourguignonne Perrin de Puycousin, Dijon. © Photo François Perrodin. LE VIN DE S NÉGOCIANTS Période : 19e siècle - début 20e

Vins fins, vins courants, liqueurs... un commerce diversifié

De 12 négociants en 1881, 37 en 1902, 61 en 1913, la ville igure parmi les 3 centres de négoce des vins de Côte-d’Or, avec Beaune et Nuits. Le nombre reste supérieur à 50 professionnels jusqu’à la in des années 1930. Beaucoup vendent des vins courants, au détail, à la popula ion locale. Quelques maisons (Paul Court, Rouvière ils, Frédéric Mugnier, Delavelle-Coulet, Octave Paris, Jules Regnier, Louis Charpen ier et ils, L’Héri ier-Guyot, Lejay-Lagoute...) sont propriétaires de vignes de pres ige et exportent les vins ins et leurs liqueurs de fruits, comme la crème de cassis.

Vue des établissements Rouvière Fils, dans R. Danguy et Ch Aubern, Les grands vins de Bourgogne (la Côte-d’Or), Dijon, Lib. H. Armand, 1892. © Cliché C. Lucand.

Un vin technique de marque La plupart des grands négociants pra ique une viniica ion technologique : le vin est obtenu à l’issue d’un processus technique complexe et d’assemblages de plusieurs origines (principe des équivalences). Les vins de Bourgogne vendus en France et à l’étranger sont des vins assemblés conduits par les négociants, et non pas des vins d’origine précise : les raisins sont récoltés dans des aires de qualités équivalentes sous des noms de crus collec ifs. DIJON AU CŒUR DE LA CONSTRUCTION 8 D’UN MOD ÈLE VITICOLE BOURGUIGNON Période : fin du 19e s iècle - début 20e siècle

Capitale administra ive, mais aussi culturelle et Dijon, ville syndicale Des savants académique de la Bourgogne, Dijon jouera un La ville abrite au début de 20e siècle le et des rôle décisif dans la construc ion du modèle syndicat vi icole de la Côte dijonnaise, universitaires vi icole Bourguignon, voire du système plus grande organisa ion vigneronne défenseurs français des AOC. de la région qui regroupe des adhérents sur une bonne par ie des crus de la Côte. Ce syndicat ainsi qu’un nombre important de ceux des Le juriste et universitaire villages vi icoles Adolphe Savot (1852-1928) réputés de Côte-d’Or, sont très a joué un rôle crucial dans proches des réseaux savants et l’élabora ion, avant guerre, universitaires de la ville, réseaux ayant de la loi de 1919 sur les joué un grand rôle dans la Appella ions d’Origine. mise en place des Appella ions Il dirige le syndicat vi icole d’origine de la Côte Dijonnaise et et des classements de crus. préside la toute puissante Confédéra ion des Associa ions Vi icoles de Bourgogne (1908-1926).

Portrait Adolphe Savot - Bullen du Syndicat Vicole de la Côte Dijonnaise de Mai 1928, p. 111, Bibliothèque municipale de Dijon. © Cliché O. Jacquet.

Réparon des 2900 adhérents du syndicat vicole de la Côte Dijonnaise en 1907. © Olivier Jacquet. DIJON AU CŒUR DE LA CONSTRUCTION D’UN MOD ÈLE VITICOLE BOURGUIGNON Période : fin du 19e s iècle - début 20e siècle

Le juriste et universitaire Adolphe Savot (1852-1928) a joué un rôle crucial dans l’élabora ion, avant guerre, de la loi de 1919 sur les Appella ions d’Origine. Il dirige le syndicat vi icole de la Côte Dijonnaise et préside la toute puissante Extrait du premier relevé des diplômes en œnologie de la Faculté de Dijon - Confédéra ion des 1909 (Archives IUVV). Associa ions Vi icoles de Exemples de 4 ronéotypes reprenant des extraits d’ouvrages anciens issus © Cliché O. Jacquet. Bourgogne (1908-1926). de la bibliothèque municipale de Dijon (Archives domaine Henri Gouges). © Cliché O. Jacquet. Un lieu de savoir et de Dijon, lieu de ressources formation pour le vignoble pour l'instruction des dossiers Depuis le 18e siècle, avec son Académie des sciences, arts et belles-le tres puis, au 19e siècle avec son Suite aux réglementa ions de 1919 et 1935, environ 150 université, Dijon rayonne fortement sur les mondes documents, dont la majeure par ie provenaient de vi ivinicoles en terme de forma ion et de recherche. centres documentaires dijonnais, furent u ilisés par le La proximité de l’université avec les mondes vi icoles syndicat vi icole des propriétaires de crus de la Côte-d’Or fut ainsi un facteur d’innova ions techniques pour prouver l’existence d’usages vi ivinicoles lors du et réglementaires décisives dans le vignoble de jugement de délimita ion de la Bourgogne (avril 1930). Bourgogne. Ils permirent, en par iculier, d’imposer réglementairement le chardonnay et le pinot comme cépages historiques et ins de la région face au gamay et à l’aligoté.

Le Dijonnais, oublié des AOC « Village « Au moment de la mise en place des appella ions d’origine, le vignoble du Dijonnais a déjà amplement reculé et son syndicat vi icole, peut-être trop hétérogène, ne se posi ionne par pour efectuer une délimita ion de son vignoble. C’est en 1924 que le Tribunal Civil de Dijon a tribue aux communes de Marsannay-la Côte, Perrigny-les-Dijon, Chenôve, Dijon, Daix, Fontaine-les-Dijon et Plombière-les-Dijon, le droit à l’appella ion « bourgogne » pour leurs vins. Il faudra a tendre 1987 pour qu’un vignoble du Dijonnais ob ienne une première AOC village avec Marsannay-la-Côte.

Bouteille de Marsannay longeroies, Appellaon Marsannay. © Ville de Dijon. L'abus d'alcool est dangereux pour la santé. DIJON AU CŒUR DE LA CONSTRUCTION LA VIGN E DISPARAÎT (PRESQUE) D’UN MOD ÈLE VITICOLE BOURGUIGNON 9 DU PAYSA GE DIJONNAIS Période : fin 19e – an nées 1960

La crise du phylloxera entraîne une baisse des surfaces plantées, mais ce te baisse reste modérée jusque dans les années 1930. Peu à peu, la ville s’étend et beaucoup de terres PLOMBIÈRES-LES-DIJON autrefois plantées deviennent des quar iers e résiden iels ou ouvriers, ou encore À la in du 19 siècle, les vignes ont laissé place aux cultures d’autres cultures. C'est le temps de la maraîchères ville « hors sol » : les liens entre la de la plaine de l’Ouche et à ville et sa campagne environnante l’urbanisa ion. se délient.

MARCS D'OR Les dernières vignes sont arrachées en 1967 pour construire le quar ier de la Fontaine d’Ouche. Les premières replanta ions ont lieu en 1981.

LARREY MOTTE-GIRON Après 1920, le village de Larrey disparaît pour devenir un quar ier de Dijon. La vigne s’éloigne le long des pentes sous la Mo te-Giron avant de disparaître après la guerre de 1939-1945. Elle se main ient de manière résiduelle le long de la Côte (Montrecul, Valendons).

MARSANNAY-LA-CÔTE CHENÔVE Tandis que Marsannay-la-Côte reste un village vi icole, Chenôve connait un développement urbain progressif. La vigne se main ient le long de la Côte. LA VIGN E DISPARAÎT (PRESQUE) DU PAYSA GE DIJONNAIS Période : fin 19e – an nées 1960

DAIX Les vignes se réduisent à par ir de la in du 19e siècle, remplacées par des cultures.

PERRIÈRES TALANT FONTAINE-LES-DIJON POUILLY L’urbanisa ion gagne progressivement les pentes des Perrières, Talant et Fontaine-les-Dijon. Du côté de Pouilly, la vigne disparaît aussi, mais le quar ier de la Toison d’Or ne sera construit qu’à la in du 20e siècle.

BUTTE DE MONTMUZARD ET PLAINE (POUSSOTS, LENTILLÈRES) La vigne disparaît après la crise du phylloxera entre la in du 19e et le début du 20e siècle. Poussot et Len illères deviendront des zones de maraîchage avant d’être Plan de Dijon et ses environs vers 1930, L Est. BB-III 5. construites. © Bibliothèque municipale de Dijon. LA VIGN E ATTRACTIVE, ENTRE 10 PATRIMOI NE ET GASTRONOMIE Période : 20e siècle - début du 21e

Alors que la vigne a disparu du paysage, l’ancrage Dijon gastronomique : territorial passe par la valorisa ion de tradi ions de la Foire à la Cité internationale populaires ou de re-créa ions folkloriques. Au e Alors que Beaune acquiert le statut symbolique de capitale cours du 20 siècle, la ville s’airme comme des vins, les réseaux professionnels soutenus par le maire capitale gastronomique et le tourisme, de Dijon Gaston Gérard (de 1919 à 1935) jouent un rôle notamment vi icole, se développe de important dans la créa ion du modèle Bourguignon des vins Dijon à Beaune. Dès les années 1980, et de la gastronomie, notamment par la mise en place de la Foire gastronomique de Dijon. la restaura ion de lieux du patrimoine Ce te image gastronomique, fortement entretenue, est encore vi icole et de nouvelles planta ions vivace au début du 21e siècle : ainsi lorsque la France ob ient témoignent d’une volonté locale de l’inscrip ion du repas gastronomique des Français sur la liste renouveau de la vigne à Dijon. du patrimoine immatériel de l’Unesco, Dijon est choisie, avec Lyon, Tours et Rungis, comme ville d’accueil d’une Cité interna ionale de la gastronomie.

Carte postale de vendanges. © Bibliothèque municipale de Dijon. Après les vignes, le folklore Les Cadets de Bourgogne, groupe folklorique dijonnais, inventent le « Ban bourguignon » en 1922, tandis que de très nombreuses Ache Foire Gastronomique de Dijon, 1922, 94.87.1, cartes postales difusent des images idéalisées Musée de la vie bourguignonne Perrin de Puycousin, Dijon. du vignoble et de vendanges. © Photo François Perrodin. LA VIGN E ATTRACTIVE, ENTRE PATRIMOI NE ET GASTRONOMIE Période : 20e siècle - début du 21e

Un patrimoine viticole retrouvé Alors que Beaune acquiert le statut symbolique de capitale Quelques arpents sont plantés aux Marcs des vins, les réseaux professionnels soutenus par le maire d’Or en 1981, puis sur le plateau de la Cras de Dijon Gaston Gérard (de 1919 à 1935) jouent un rôle en 1983 et 1986. important dans la créa ion du modèle Bourguignon des vins Le patrimoine vi icole est mis en valeur par et de la gastronomie, notamment par la mise en place de la exemple à Talant (redécouverte du cellier Foire gastronomique de Dijon. en 1986, planta ions de quelques rangs Ce te image gastronomique, fortement entretenue, est encore de vigne en 1996 et construc ion d’une vivace au début du 21e siècle : ainsi lorsque la France ob ient cabo te, abri de vigneron en pierre sèche) l’inscrip ion du repas gastronomique des Français sur la liste et à Chenôve (pressoir restauré et ouvert au du patrimoine immatériel de l’Unesco, Dijon est choisie, avec public en 1987). Lyon, Tours et Rungis, comme ville d’accueil d’une Cité interna ionale de la gastronomie.

Panneau signaléque Route des Grands Crus, © Ville de Dijon. La première route viticole de France Au début des années 1920, le vignoble n’est pas considéré comme une des ina ion touris ique importante, contrairement aux monuments historiques. Le développement fulgurant du folklore vineux et gastronomique en Bourgogne dans les années 1930 et l’inven ion de la « route des grands crus Bourguignons » (1937), font passer le vignoble et ses vins au premier rang des des ina ions touris iques de la région. Fête de la pressée devant le cellier de Chenôve. Le « Kilomètre 0 » démarre à Dijon pour © Ville de Dijon. descendre vers le sud le long de la Côte, traversant 37 villes et villages.

En 2015, les Les « Climats » du Vignoble de Bourgogne, terme spéciiquement « Climats bourguignon qui désigne le terroir incluent vi icole, ont été inscrits sur la liste la ville du patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO, au itre des « paysages culturels». Ils sont associés aux villes de Dijon et Beaune, sièges historiques du pouvoir poli ique, économique et culturel. Plaque installée sur l'hôtel de Ville de Dijon en 2015. © LCH, Ville de Dijon. 11 LE DIJO NNAIS : AMBITION S VITICOLES Période : 21e siècle

De nos jours, la vigne et le vin sont redevenus une source de développement et de rayonne- ment interna ional pour le territoire dijonnais : la vigne progresse dans le paysage. En forma ion et recherche la théma ique s’est ne tement développée, notamment à l’université de Bourgogne, dans des disciplines variées (biologie,

œnologie, agro-écologie, histoire). Réparon de 60 établissements d’enseignement supérieur et de e recherche membres du réseau internaonal de la Chaire Unesco Depuis la in du 20 siècle, le « Culture et tradions du vin » en 2017. tourisme gastronomique et © Chaire Unesco Culture et tradions du vin. vini-vi icole (visites et vente directe de vins) connaît un développement important, Le renouveau du accéléré depuis les années 2010. vignoble dijonnais Comme dans d’autres villes européennes, depuis 2013, dans le cadre d’une stratégie de territoire visant développer l’agriculture périurbaine (dont la vigne) en vue de parvenir à l'auto-suisance alimentaire et à la préserva ion de l'environnement, la métropole dijonnaise encourage les planta ions de vignes (Talant, plateau de la Cras, Rente Giron, ...). Au-delà, la métropole aiche son ambi ion de igurer comme un territoire vi icole et de restaurer une côte vi icole (au sens géographique) dijonnaise, aux côtés de celle de Nuits et de Beaune.

Vignes plantées dans le secteur de la rente Giron. © VXI, Ville de Dijon. LE DIJO NNAIS : AMBITION S VITICOLES

Rayonnement international en recherche et formation Aujourd’hui, la présence, à l’université, de la Chaire UNESCO « Culture et Tradi ions du Vin » (2007) et de celle d’un Ins itut Universitaire de la Vigne et du Vin (1992) confèrent à Dijon une place importante au cœur de la vi ivinisphère académique de recherche régionale, na ionale et mondiale. Aux côtés de l’université, plusieurs établissements proposent des forma ions en œnologie (lycées professionnels) ou en œnotourisme (école de commerce de Dijon). Un pôle Vigne et Vin (groupement d’intérêt public), créé en 2015, vise à faciliter les liens entre la recherche/forma ion et les professionnels.

Terrains d'expériences pour les vignes du futur Sur le plateau de la Cras, un conservatoire vi icole (7 hectares), porté par l’Associa ion technique vi icole de Bourgogne (ATVB), cherche à cons ituer une sorte de « banque géné ique Le Bareuzai, Place Rude à Dijon. » des lignées de vignes en pinot noir et en chardonnay. © Ville de Dijon. Dans le secteur de la Rente Giron, des expérimenta ions portent sur la culture de vigne-mère de grefons. À moyen terme, l’ambi ion est de déinir les plants de vigne les mieux Vigne et vin : adaptés aux changements clima iques. atouts touristiques La théma ique vigne et vin a ire 20 à 30% des touristes, et ce chifre est en progression. Beaucoup sont des touristes français (+ de 60 %) et parmi les étrangers se trouvent surtout des Européens (Belges, Anglais, Allemands...), et de plus en plus des Asia iques (Chinois et Japonais). Dijon mise sur la vigne en développant la théma ique au cœur de la ville : par exemple, un parcours ampélographique au Jardin botanique, un autre historique sur le territoire... À la Cité Interna ionale de la Gastronomie... et du Vin, le projet dijonnais inclut la vigne et le vin, en projetant d’aménager, notamment, un centre d’interpréta ion des Climats de Bourgogne, une cave, etc. Conservatoire du domaine de la Cras. © Ville de Dijon. Tandis que Marsannay-la-Côte reste un village vi icole, Chenôve connait un développement urbain progressif. La vigne se main ient le long de la Côte.

12 LES VIN S DU DIJONNAIS AU 21e SIÈ CLE Période : 2017

Le territoire de la métropole dijonnaise compte PLOMBIÈRES-LES-DIJON 300 hectares de zones référencées en AOC 3,27 ha plantés Bourgogne (appella ion d’origine contrôlée CORCELLES-LES-MONTS Bourgogne), dont une par ie (environ 50 1,57 ha plantés hectares) pourrait, à l’avenir, cons ituer Une par ie des vignes de La Cras se trouvent sur ces communes de nouvelles terres vi icoles. Lorsqu’on (cf ci-dessous). y ajoute le vignoble de Marsannay- la-Côte, qui possède sa propre appella ion, la surface a teint un total de 600 hectares.

Vignes de la Cras. © PHB Ville de Dijon. DIJON 16,72 ha plantés

La Cras La surface plantée en 1983 (4 hectares) a été doublée en 2013, à la suite de l’acquisi ion du domaine de la Cras par la métropole : 3 hectares en chardonnay, 5 hectares en pinot noir. La collec ivité ambi ionne d’étendre de 50 hectares ce vignoble dans les prochaines années.

Clos des Marcs-d'Or 42 ares appartenant à la ville sont exploités par un vigneron. Ils produisent un vin blanc minéral.

La Pièce du Côteau (Rente Giron) Une parcelle de 4 hectares, appartenant à la ville de Dijon, a été plantée au printemps 2017, en pinot noir et de chardonnay. Les premiers vins sont a tendus quatre ans plus tard.

Montrecul Sur la Côte dans le prolongement des vignobles de Chenôve, le vignoble est installé sur 16,11 hectares délimités par le lieu-dit Montrecul, produit des vins rouges, rosés et blancs. LES VIN S DU DIJONNAIS AU 21e SIÈ CLE

DAIX 3,19 ha plantés Le vignoble de Daix comprend environ 3 hectares plantés en pinot, chardonnay et aligoté.

Vigne de Daix. © LCH Ville de Dijon. TALANT 4,87 ha plantés Une pe ite surface (0,65 ha) a été plantée dans les années 1990 à l’ini ia ive de la commune. Depuis 2015, la ville de Talant sou ient le projet d’une planta ion de chardon- nay en vue de la produc ion de crémant de Bourgogne (premières bouteilles a tendues en 2020). Les surfaces vi icoles devraient passer de 0,65 à plus de dix Vignes de Talant. hectares. © Ville de Dijon. DIJON

VIGNES DE LA MÉTROPOLE SITUÉES HORS ZONE AOC :

FONTAINE-LES-DIJON - 0,1 ha « La vigne de Fontaine » SAINT-APOLLINAIRE - 0,1 ha « Le clos des Epleumiens » QUETIGNY - 0,1 ha « La Barre au Bois » LONGVIC - 0,2 ha « Clos de Guynemer »

CHENÔVE 33 ha plantés MARSANNAY-LA-CÔTE 192,34 ha plantés Les vignes de Marsannay-la- Côte, ainsi que le clos du Roy à Chenôve, bénéicient de l'appella ion Marsannay Village Vignes de Chenôve. (1987), produisant des vins © VXI Ville de Dijon. rouges, rosés et blancs. Les Cadets de Bourgogne, groupe folklorique dijonnais, inventent le « Ban bourguignon » en 1922, tandis que de très nombreuses cartes postales difusent des images idéalisées du vignoble et de vendanges.

BIBLIOGRAPHIE

Rudi BEAULANT, « Crimes de vin. L’apport des sources judiciaires échevinales à la connaissance des vignes et du vin de Dijon à la in du Moyen Âge », Cahiers d'histoire de la vigne et du vin, Centre d’histoire de la vigne et du vin, 2015, pp.11-29. Jean-Pierre GARCIA et Jacky RIGAUX (sous la direc ion de), Vignes et Vins du Dijonnois : oubli et renaissance, Terres en vues, 2012. Jean-Pierre GARCIA, Guilhem FERRAND, « Le vin dans la maison : ce que les inventaires après décès disent de la consomma ion du vin à Dijon de la in du Moyen Âge à l'époque moderne », Cahiers d’histoire de la vigne et du vin, Centre d’histoire de la vigne et du vin, 2015, La consomma ion des vins de Bourgogne : lieux, occasions, habitudes. Actes des cinquièmes rencontres « Aujourd’hui, l'histoire des bourgognes », Beaune - 13 avril 2013, pp.23-43. Sylvain FRY, « Les Perrières de Dijon : Un climat oublié », Bullein de l’Associaion pour le Renouveau du Vieux-Dijon, janvier 2016, pp. 27-38. Olivier JACQUET, « Le syndicat vi icole de la Côte Dijonnaise : une organisa ion urbaine fondatrice en faveur de la vi iculture bourguignonne », Vignes et vins du Dijonnois. Oubli et renaissance, J-P. Garcia et J. Rigaux [dir.], Le Chatelet, Ed. Terre en vues, 2012, pp. 91-105. Gilles LAFERTE, La Bourgogne et ses vins : image d’origine contrôlée, Paris, Belin, coll. Socio-histoire, 2006. Thomas LABBE et Jean-Pierre GARCIA, « Vers la géographie des climats actuels : processus de diférencia ion des crus vi icoles dans le baillage de Dijon du XVIe au XVIIIe siècle », Les climats du vignoble de Bourgogne comme patrimoine mondial de l’humanité, J.-P. GARCIA (dir.), Dijon, EUD, pp. 159-176. Christophe LUCAND, Les Négociants en vins de Bourgogne, Edi ions Féret, 2011.

© Ville de Dijon. Exposition Co-réalisée par le Jardin des sciences et la Chaire Unesco « Culture et Traditions du vin » de l’Université de Bourgogne- Réalisation 2017 Contributeurs : Jean-Pierre Garcia, Olivier Jacquet, Thomas Labbé, Christophe Lucand, Université de Bourgogne ; Sylvain Fry ; Cette exposition est en partie inspirée de l'ouvrage collectif sous la direction de Jean-Pierre Garcia et Jacky Rigaux, Vignes et Vins du Dijonnois, Oubli et renaissance, Terre en vue, 2012. Conception graphique : Tout feu tout flamme.

Crédits photographiques : Archives municipales de Dijon, Bibliothèque municipale de Dijon, Musée des Beaux-Arts de Dijon (François Jay), Musée de la Vie Bourguignonne Perrin de Puycousin (François Perrodin), Laboratoire Photographique de la Ville de Dijon, Ville de Chenôve, Sylvain Fry, Jean-Pierre Garcia, Olivier Jacquet, Christophe Lucand. Le dijonnais : territoire viticole

Quels sont les liens entre la ville et la vigne à Dijon ?

Du Moyen Âge à nos jours, le territoire de la métropole dijonnaise a été façonné par une longue histoire vi icole. La ville a été tour à tour lieu de culture de la vigne et de fabrica ion, de commerce et de consomma ion du vin, d’élabora ion des normes, des goûts, des hiérarchies, de contrôle, ou encore d’expressions culturelles diverses. Aujourd’hui, les Climats de Bourgogne ont été classés au patrimoine mondial de l’humanité (2015) et la métropole dijonnaise encourage la culture de la vigne sur son territoire. Sommes-nous à l’aube d’une nouvelle ère ?

Modalités de prêt : Exposi ion dossier sur panneaux - Intérieur / extérieur - I inérante 12 panneaux rigides 120 x 80 cm Prêt gratuit, assurance et transport à la charge de l’emprunteur.

Contact : Jardin des sciences : Sophie Jolivet, [email protected] Chaire unesco Culture et tradi ions du vin : Olivier Jacquet, [email protected] ma-nature.dijon.fr chaireunesco-vinetculture.u-bourgogne.fr