25 Films D'animation
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Document generated on 09/26/2021 8:07 p.m. 24 images 25 films d’animation Sous le signe de la diversité Marco de Blois Les 200 films québécois qu’il faut avoir vus Number 156, March–April 2012 URI: https://id.erudit.org/iderudit/66740ac See table of contents Publisher(s) 24/30 I/S ISSN 0707-9389 (print) 1923-5097 (digital) Explore this journal Cite this article de Blois, M. (2012). 25 films d’animation : sous le signe de la diversité. 24 images, (156), 36–40. Tous droits réservés © 24/30 I/S, 2012 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/ This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/ 25 FILMS D’ANIMATION SOUS LE SIGNE DE LA DIVERSITÉ par Marco de Blois Établir la liste des 25 films d’animation québécois qu’il faut avoir vus, c’est d’abord s’assurer qu’elle reflète la diversité des techniques faisant la marque de l’animation québécoise. D’où l’éclectisme (apparent seulement) de notre sélection. En effet, si, par exemple, les Tchèques se prêtaient à l’exercice, il y a fort à parier que l’animation de marionnettes dominerait la liste, et si les Américains faisaient la même chose, on pourrait s’attendre à ce que le cartoon occupe le haut du pavé. Or, chez nous, les techniques les plus variées (de la gravure sur pellicule à l’animation par ordinateur, en passant par le dessin sur papier, l’écran d’épingles et les marionnettes) s’insèrent avec cohérence dans un corpus modelé par les explorations mclareniennes. Il fallait donc que toutes les possibilités de l’animation soient considérées dans notre classement. Office national du film du Canada ©1999 Office national du film du Canada © Souvenirs de guerre de Pierre Hébert Le chapeau de Michèle Cournoyer ous avons retenu comme critère principal la pérennité de d’aveuglement des comités de sélection. Si, par exemple, Souvenirs l’œuvre de même que la persistance de son influence sur de guerre de Pierre Hébert a été peu choyé par les attributions de prix, N la production contemporaine. En ce sens, certains films nous constatons aujourd’hui que l’œuvre a traversé les ans grâce à son qui sont encore aujourd’hui montrés dans les écoles d’animation à souffle narratif et à ses ambitions esthétiques et qu’elle a été depuis travers le monde et cités en exemple dans bon nombre d’anthologies abondamment commentée. nous apparaissaient incontournables : Il était une chaise (Norman Dans le vaste répertoire de l’ONF, il nous fallait distinguer les McLaren et Claude Jutra), Walking (Ryan Larkin), Le paysagiste (Jacques œuvres québécoises de celles ayant été réalisées ou produites hors Drouin), L’homme qui plantait des arbres (Frédéric Back) sont de ceux- Québec. Ainsi, nous avons omis les films datant d’avant le démé- là. D’autres films ayant eu un rayonnement un peu plus confidentiel nagement de l’ONF d’Ottawa à Montréal en 1956. De même, nous (Notes sur un triangle de René Jodoin, Premiers jours de Clorinda avons évacué certains courts métrages pourtant majeurs quand il nous Warny) ont été retenus pour des raisons similaires et aussi parce que apparaissait clairement qu’ils n’avaient pas été conçus au Québec, nous avions le désir de les remettre sous le feu des projecteurs. comme Ryan, Madame Tutli-Putli (deux productions ontariennes), Ce critère peut aussi tenir compte des prix et distinctions récoltés The Big Snit et The Cat Came Back (réalisés à Winnipeg). par les films à leur sortie. Toutefois, l’obtention d’un Oscar n’est pas Établir cette liste, c’est aussi prendre acte du rôle fondamental un gage absolu de qualité, et une avalanche de prix n’est pas néces- qu’a joué l’ONF dans la production de l’animation d’auteur au pays. sairement synonyme de pertinence. Pourtant, dans certains cas, un Deux films de notre liste ne sont pas produits par l’Office: il s’agit grand nombre de prix importants peut être le signe d’un retentissement de L’homme qui plantait des arbres, de la Société Radio-Canada, et réel, surtout s’il s’accompagne d’une réception critique forte. C’est le de Tony de Peltrie, une œuvre indépendante. Nous nous sommes cas, notamment, du Château de sable (Co Hoedeman), du Chapeau questionnés sur le cinéma d’animation indépendant récent, qui connaît (Michèle Cournoyer), d’Isabelle au bois dormant (Claude Cloutier) et d’ailleurs une certaine vigueur, et ce, notamment dans le domaine des Journaux de Lipsett (Theodore Ushev). À l’inverse, certains films du film expérimental. C’est ainsi que deux titres en provenant ont été ont été snobés par les festivals, parfois pour des raisons de mode ou classés dans la catégorie Art et expérimentation. 36 24 images 156 ANIMATION IL ÉTAIT UNE CHAISE NOTES SUR UN TOUT ÉCARTILLÉ DE CLAUDE JUTRA TRIANGLE D’ANDRÉ LEDUC ET NORMAN MCLAREN (1972) (1957) DE RENÉ JODOIN 1966) ©1957 Office national du film du Canada Office national du film du Canada © Il était une chaise fait écho au célèbre Le film se présente comme un élégant Voisins de McLaren, produit cinq années ballet de triangles équilatéraux se dérou- ANIMATION plus tôt alors que l’ONF était encore à lant au rythme d’une valse de Maurice Ottawa. Ainsi, les deux courts métrages Blackburn. Ce ludisme charmant, cette appartiennent à la veine des œuvres simplicité désarmante cachent pourtant « avec acteurs » du réalisateur d’origine une approche rigoureuse et méthodique. écossaise ; de même, l’un et l’autre sont Animation de papiers découpés à voca- Office national du film du Canada des films pacifistes, dépeignant un com- tion pédagogique, Notes sur un triangle © bat à deux, quoique le second se termine est un véritable tour de force qui repose Lorsqu’il fonde le studio d’animation sur une note optimiste (on y trouve un ter- sur un savoir-faire technique et des du Programme français de l’ONF, René rain d’entente), contrairement au premier, calculs complexes et précis. À l’époque, Jodoin fait face au double défi de devoir qui est plutôt sombre. Énergique et plein l’ordinateur n’avait pas encore fait son travailler avec des cinéastes sans expé- d’humour, Il était une chaise est porté entrée comme outil d’appoint à la créa- rience, tout en étant limité à un budget par le sommet de l’inventivité de Norman tion. Ce qui frappe ici, c’est d’abord ce anémique. Il se souvient alors qu’au McLaren et de la fantaisie de Claude Jutra. mouvement régulier et constant qui nous moment de mettre à l’ouvrage la première Réalisé à l’époque où le cinéma direct se mène sans coup férir du triangle initial équipe d’animation de l’ONF en 1942, montrait le bout du nez, il constitue un au triangle final à travers les fragmenta- peu l’antithèse de ce mouvement, faisant McLaren avait initié la production d’une tions successives de la figure géométri- LES 200 FILMS QUÉBÉCOIS QU’IL VUS AVOIR FAUT série de films inspirés de chansons tradi- usage des multiples possibilités de tru- que. Ensuite, et c’est peut-être le signe tionnelles. Autres temps, autres mœurs, cage offertes par la caméra, annonçant de sa qualité, le film donne à contempler ce sont les chansons contemporaines comme une prophétie la dissolution très un monde dont l’organisation est harmo- (Claude Gauthier, Jean-Pierre Ferland, actuelle de la prise de vues réelles dans nieuse et parfaite, un monde idéal – on Claude Léveillée, Robert Charlebois) qui l’animation. – Marco de Blois serait tenté de dire « utopique » – qui inspireront les jeunes cinéastes. invite à la méditation. – Marco de Blois WHAT ON EARTH ? Tout écartillé est l’un des courts métra- ges les plus réussis de cette série (avec DE LES DREW, KAJ PINDAL WALKING Tête en fleurs de Bernard Longpré) et (1966) # 129 DE RYAN LARKIN aussi l’un des films les plus fous et les La terre, du point de vue des Martiens… (1968) plus libres jamais réalisés à l’ONF : dans L’un des classiques du cartoon à l’ONF, Le film qui a inscrit Ryan Larkin dans une suite frénétique d’images nerveuses au style inspiré de la United Productions l’histoire du cinéma d’animation : le chef- et sautillantes – c’est de la pixillation –, of America, abordant un sujet social (la d’œuvre animé de la génération hippie. un policier, un magicien, la fée des étoi- prolifération des automobiles) avec un les, le Père Noël et toute une collection humour exquis. de personnages loufoques se succè- dent, accompagnant à l’image le délire verbal et musical de Charlebois. Jouissif ! – Marcel Jean 24 images 156 37 LA FAIM THE STREET EVERY CHILD DE PETER FOLDÈS DE CAROLINE LEAF D’EUGENE FEDORENKO (1973) # 129 (1976) (1979) Foldès, Français d’origine hongroise, a Le chef-d’œuvre de la grande Caroline C’est d’abord une trame sonore géniale, réalisé ce film pionnier de l’animation Leaf, qui utilise avec brio la peinture sur signée Normand Roger et les Mimes assistée par ordinateur grâce au soutien verre et multiplie les transitions génia- électriques. C’est ensuite un thème – les du légendaire producteur René Jodoin. les pour adapter un texte de Mordecai droits de l’enfant – que l’ONF exploitera Presque 40 ans après sa réalisation, le Richler.