Henri Leconte En Plein Doute
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LES DÉBUTS DU STADE ROLAND-GARROS . En mai 1928, après cinq mois de travaux, le stade COUPE DAVIS Roland-Garros et son complexe sportif de quatre terrains de tennis sont terminés ! Cette coupe a été créée en 1900 par un jeune étudiant américain Dwight Filley Davis. La Coupe (un bol à es exploits des d’être à la hauteur de cette victoire et punch de 6,750 kg d’argent), à jamais Mousquetaires, Cochet, la faire fructifier. Comme le veut le surnommée « le saladier d’argent », Borotra, Brugnon et principe du Challenge Round, le vain- est donc à l’origine de la création du Lacoste, résonnent aux queur est qualifié directement pour la stade de tennis de la porte d’Auteuil. quatre coins du globe finale. La France doit donc organiser La radio, qui n’a que deux ans d’exis- cet événement et pour cela, elle doit Mais comment faire pour créer ce tence, relaie leurs performances. Au construire un stade à la hauteur de cet stade et trouver son financement : c’est point que tous les regards sont portés exploit pour accueillir la Coupe Davis la grande question ! Un véritable défi surL Paris pour savoir comment va 1928. Neuf mois, c’est le temps pour pour les organisateurs. Aucun club ne se dérouler la prochaine finale de la construire ce stade. La France du ten- peut recevoir cette finale, la plupart Coupe Davis. Ayant remporté l’édition nis a une mission difficile. Mais sont trop petits, leurs infrastructures précédente de 1927, la France se doit « Impossible n’est pas Français » ! existantes sont insuffisantes, même ème celles des prestigieux Racing Club de trouvaille anglaise. À la fin du XIX L’ensemble est inauguré les 18 et France et Stade Français. Une seule siècle, William Renshaw donne des le- 19 mai par un déjeuner de presse et solution : la création d’un grand stade çons de tennis sur des courts en herbe, une rencontre entre les équipes fémi- de tennis, le problème c’est le temps, la à Cannes. Mais, sous l’effet du soleil, nines françaises et britanniques. La finale a lieu dans neuf mois. Mais deux le gazon jaunit, devenant éblouissant. Française Sylvia Lafaurie et l’Anglaise hommes vont relever le défi, un duo Par mesure de protection, Renshaw Eileen Bennet sont les premières à opiniâtre, visionnaire et généreux : décide alors de recouvrir le court fouler le sol de Roland-Garros. Ce Emile Lesieur et Pierre Gillou. Le pre- d’une poudre rouge. Celle-ci provient match inaugural verra la victoire de mier est président du Stade Français, du broyage des pots en terre cuite mis Bennet sur le score de 6-4, 6-3. mais aussi un grand sportif, interna- au rebut qui sont fabriqués à Vallauris, tional français de rugby. Il est aussi commune du sud de la France. C’est LES PREMIERS INTERNATIO- en 1906 champion de France du 100 ainsi que la couleur de la terre battue NAUX DE FRANCE mètres. Pilote de chasse, il a pratiqué est née. également le bobsleigh, le tennis, le tir Un mois après, les internationaux de et le golf à haut niveau puisqu’il sera Mais ce revêtement unique, on le France s’y déroulent pour la première finaliste du Championnat de France doit à Charles Bouhana, le magi- fois et les Mousquetaires font parler en 1932. Le second est le capitaine de cien, le « Pape » de la terre battue. leur talent. Jean Borotra et Jacques l’équipe de France de Coupe Davis et En 1927, la Coupe Davis en poche Brugnon remportent le double face à président du Racing Club de France. et le stade Roland-Garros en voie de Cochet associé à un jeune joueur René À eux deux, ils doivent réaliser l’im- construction, messieurs Lesieur et Buzelet. possible ! Gillou tombent d’accord sur le type de revêtement et le nom de son futur Dans le simple, trois des quatre Tout d’abord, trouver un terrain. Sur concepteur. C’est ainsi, que quelque champions français se qualifient pour ce point, la chance est de leur côté. temps plus tard, Charles Bouhana le dernier carré, c’est pas mal du tout ! En effet, la concession du stade Jean- propose une solution technique qui En effet, seul Brugnon est éliminé en Bouin, situé porte d’Auteuil, prend n’a pas bougé depuis : un réseau de quart de finale. En demi-finale, Cochet fin en cette année 1927. La mairie de drains posés sur le fond de façon à ce est opposé à Borotra et Lacoste à 21 Paris, propriétaire du site, lance un qu’ils soient reliés à des collecteurs John Hawkes, un Australien. Dans un appel d’offres pour la reprise du bail. d’eau, puis une succession de couche : match très serré, Cochet élimine son Que de tractations, de négociations, pierres, graviers, mâchefer (véritable ami Borotra et Lacoste, vainqueur en d’efforts ! La candidature commune éponge et cœur d’un revêtement vi- trois sets, ne fait pas de dentelle face Stade-Racing est validée le 8 décembre vant), craon (poudre de pierre calcaire à son adversaire. Malheureusement 1927. L’accord prévoit un bail sur vingt compactée), et enfin épandage d’une pour lui en finale c’est plutôt l’inverse ans en échange d’un loyer annuel de couche d’un millimètre de briques pi- qui se produit dans cette rencontre vingt mille francs (soit 3.050 euros) et lées (le fameux « rouge ») (deux tonnes franco-française. Henri Cochet do- d’une redevance de 6 % sur les recettes de brique pilée sont nécessaires pour mine son compatriote et devient le des entrées. Des travaux qui ont un recouvrir un court en terre battue !) premier vainqueur de Roland-Garros. coût. Le projet nécessite évidemment Du côté des dames, c’est l’Américaine une importante levée de capitaux. Le stade de la porte d’Auteuil peut Helen Wills qui bat la Britannique Emile Lesieur et Pierre Gillou de- sortir de terre avec comme patronyme Eileen Bennet. La saga du tournoi de viennent alors les principaux investis- Roland-Garros. Roland-Garros inscrit ses premiers seurs, portant le projet à bout de bras. champions sur le tableau des légendes. Ils n’hésitent pas à garantir le coût des travaux sur leurs biens personnels. COMPOSITION DE LA TERRE BATTUE Mais cette première édition n’est pas Quel travail de titan, notamment pour DE ROLand-GarROS : un réel succès. Il faut dire que le temps assembler les croisillons de bois sou- n’est pas au rendez-vous. Il est capri- tenant des gradins pouvant accueillir Brique pilée : 1 à 2 mm cieux, la chaleur pouvant alterner avec dix mille spectateurs ! Craon (calcaire pilé) : 6 à 7 cm un froid de canard, et des orages ef- Mâchefer : 7 à 8 cm froyables se mêlent à ce rendez-vous. Le La terre battue sera la marque de fa- public attend surtout le 27 juillet 1928, brique du stade, une terre battue dont Cailloux concassés : 30 cm date de la première finale de la Coupe la coloration ocre serait due à une Drain Davis organisée sur le sol national. Un évènement de poids va se pro- duire lors de cette édition 1932 de Roland-Garros. René Lehmann, re- porter au journal « Match L’Intran » le raconte : « Il s’est produit, samedi après-midi, un bien vif mouvement de curiosité lorsque René Lacoste parut sur le court n° 2. » C’est un mo- ment unique, le « crocro » refait surface sur sa terre battue préférée, qu’il a quittée en mettant un terme à sa car- rière en 1929 après ses titres en simple et double messieurs. Cette apparition est l’attraction de Roland-Garros. À tel point que le pu- blic du Central qui assiste au match en double des deux autres Mousquetaires encore actifs, Cochet et Brugnon, en route pour un nouveau sacre, se rue vers les petites tribunes du court an- 1931. Jean Borotra et Fred Perry avant leur match de Coupe Davis à Roland-Garros. nexe. Les gens sont ravis de revoir leur champion et chouchou, lui, le capi- attire les projecteurs et un jeune nor- bouchée du chouchou de la presse taine de l’équipe de France de Coupe diste, nommé Marcel Bernard et âgé et lui infliger une humiliation sur le Davis depuis 1931. de dix-huit ans, que la presse annonce score de 6-1, 6-0, 6-4. Il s’envole pour comme la relève du tennis français, la finale qu’il va remporter au terme 26 Dans ce match il est opposé au Henri est légèrement agacé. Lors de d’un match en cinq sets face à l’italien Tchèque Krasny. Les spectateurs sont la demi-finale, où les deux hommes Giorgio de Stefani. Cette victoire sera aux anges et lui réservent une ovation sont opposés, le magicien va mettre les le dernier titre d’un français à Roland qu’il reçoit avec son modeste sourire. points sur les « i ». Il ne va faire qu’une Garros. Le prochain vainqueur fran- C’est le sujet de discussion dans les Marlène Dietrich, la divine, l’une des premières people à Roland-Garros. tribunes lors des premiers échanges entre les deux joueurs, raconte tou- jours René Lehmann : « Il est toujours pareil, mais il se déplace moins », dit l’un des spectateurs. « Il se ménage, voyons ! » En tous cas, c’est bien la passion de jouer qui lui fait faire son retour. Il gagnera son match et ira jusqu’en huitième de finale. À vingt- sept ans, c’est le dernier match officiel qu’il jouera. Malheureusement, vic- time d’ampoules, il s’inclinera contre le Britannique Harry Lee.