Compte rendu – Réunion du 2 juillet 2018 à 14h –

Salle du Conseil de l’hôtel de ville

Invitations : l’ensemble des maires de la circonscription

Présents : Christian Portier, Maire de Nesle Hodeng ; Laurence Desreumaux, Maire de ; Gérard Thuilliez, Maire de Neuville Ferrières ; Dany Minel, Maire de Mesnières en Bray ; Michel Maisonneuve, Maire de Bracquemont ; Denis Maret, Maire de Cuverville sur Yères ; Martial Fromentin, Saint Martin le Gaillard ; Gilles Cobert, Maire de Bouelles ; Achille Lenormand, 1er Adjoint de Bouelles ; Chantal Benoit, Maire de Le Caule Sainte Beuve ; Norbert Letellier, Maire d’ ; Didier Ledrait, Maire de Longueil ; Marie-Laure Dufour, Maire de Colmesnil-Manneville ; Annie Pimont, Maire de ; Bernard Bazille, Maire de Saint Aubin sur Scie ; Maurice Rouland, Maire de Wanchy Capval, Nicolas Langlois, Maire de Dieppe.

Excusés : Maryse Bovin, Maire de Ponts et Marais ; Blandine Lefebvre, Maire de Saint Nicolas d’Aliermont ; Imelda Vandecandelaere, Maire d’ ; Anny Boudet, Maire de Saint Aubin le Cauf ; Isabelle Dubufresnil, Maire d’Aubermesnil Beaumais ; Michel Lejeune, Maire de Forges les Eaux ; Dany Delabouglise, Maire d’ ; Patrick Martin, Maire du Petit Caux ; Lionel Lemasson, Maire de Le Fossé ; Virginie Lucot-Avril, Maire d’ ; Bruno Saintyves, Maire de Le Mesnil Réaume ; Gérard Picard, Maire d’ ; Francis Bourguignon, Maire de Le Thil Riberpré.

En présence de Céline Brulin, Sénatrice de Seine-Maritime.

Introduction de Sébastien Jumel :

Sébastien expose son attachement à la commune et propose des réunions en circonscription par petits périmètres sur des thématiques particulières.

On constate une remise en cause du fait communal à travers une baisse de l’autonomie fiscale et financière avec la suppression de la taxe d’habitation, les compétences obligatoirement transférées aux communautés de communes par La Loi NOTRE… Il ne reste aux communes que les pouvoirs régaliens ce qui se traduit par des moyens contraints et par l’affaiblissement du pouvoir des Maires.

Ce qui pourrait être une chance pour certains projets communs, se transforme par une prise en compte moins importante de l’avis des maires au sein de l’intercommunalité, la force de décision des élus locaux est amoindrie. Le phénomène est le même au sein des communes nouvelles, où l’accompagnement des maires devient inexistant, où l’éloignement des préoccupations du territoire crée de nombreuses incompréhensions.

Il a pu prendre la mesure, en visitant les communes de la circonscription, à travers leurs projets et leurs initiatives, de l’engagement des maires du territoire, de la place du bénévolat dans leurs réalisations et leurs réussites.

L’Etat invite fortement à la réduction du nombre de communes en portant atteinte au principe de libre administration : au lieu d’un aménagement équilibré du territoire, il tend vers l’éloignement des services publics et le déménagement des emplois qualifiés correspondants.

La relation dématérialisée avec les communes que l’Etat vise à mettre en place ne va pas dans le sens de la préservation des communes tout comme l’évolution de la carte scolaire en notant que le Département n’est pas éligible au regroupement scolaire rural, la suppression des services publics et des commerces de proximité, l’accessibilité….

Il informe qu’il a saisi le 1er ministre sur la question des bornes incendies : les communes manquent de moyens et de terrain pour la création des bassins de rétention nécessaires. La Préfète lui a assuré qu’une étude des cas spécifiques serait possible.

Suite à son intervention les travaux de la RN 27 redémarrent malgré un manque de crédit pour les 7kms restant et la crainte de délais d’obtention très longs ; la ligne Abbeville-Le Tréport devrait également être rétablie et une autre mobilisation est en cours pour obtenir le rétablissement de la liaison directe Dieppe-Paris du vendredi samedi et dimanche. Ces avancées vont contribuer au désenclavement du territoire, même si, a contrario, la mise en place des 80km/h est un élément conjoncturel qui aura un effet inverse.

Il a l’intention d’inviter les maires de la circonscription à Paris vers la fin du mois de septembre pour un moment convivial et une découverte de l’Assemblée nationale en espérant que la date convienne…

A travers sa découverte du milieu rural, il a été touché par le fort sentiment d’abandon dont les maires lui ont fait part dans bien des domaines.

1- Chantal Benoit, Maire de Le Caule Sainte Beuve :

Elle expose son ressentiment face à la loi NOTRE, qui pour elle, a tué les collectivités locales. Le système actuel attaque la démocratie au mépris des habitants et des élus ruraux. Elle a choisi de prendre cet arrêté contre les radars mobiles car elle considère que ce sont des pompes à fric et que c’est une mauvaise façon de remplir les caisses de l’Etat. Il n’est pas envisageable de déléguer le pouvoir de sécurité de l’Etat à des sociétés privées. Elle souligne que son rôle de Maire est de défendre ses administrés et de combattre pour une juste cause.

La sécurité routière a utilisé les mêmes arguments que ceux de l’arrêté. Elle pense qu’il faut montrer que les Maires ruraux existent encore, qu’ils iront jusqu’au bout pour défendre leur territoire et leurs habitants. Il faut agir contre la privatisation et la combattre.

Elle rajoute qu’elle est révoltée par les propos tenus par le sous -préfet lors de la dernière réunion avec les Maires.

Sébastien Jumel précise qu’il n’a pas apprécié non plus ces propos et qu’il est le député de tout le monde sans distinction des opinions politiques. Il précise qu’il a, avec 80 autres députés de tous les horizons, porté recours pour modification de l’arrêté des 80km/h en y rajoutant une mesure permettant d’adapter la vitesse à l’état des routes.

2- Norbert Letellier, Maire d’Ambrumesnil :

Il explique que les communes rurales s’éteignent progressivement par le manque d’autonomie fiscale, ce qui pousse même certains maires à démissionner. Il précise que même si la CFE de la commune est bonne, la DGF baisse régulièrement.

3- Didier Ledrait, Maire de Longueil :

Il met en avant une véritable méconnaissance du territoire de la part des services de la Préfecture. Les documents émanant des services de l’Etat sont d’une telle complexité qu’ils en sont illisibles ; la secrétaire de Mairie n’étant présente que 2.5 jours par semaine c’est au maire d’essayer de décortiquer ces textes. De plus, il rajoute que multiplier les interlocuteurs dans les services de l’Etat complexifie la situation et participe au sentiment des maires d’être malaimés, des « emmerdeurs ». C’est une véritable atteinte à la démocratie, les maires en ont marre.

Concernant l’intercommunalité, le trop grand nombre d’élus entraine un manque de lisibilité et de transparence.

Pour l’urbanisme, par exemple, le domaine est trop complexe et les modifications régulières apportées aux règles contribuent à bloquer les projets plutôt qu’à les faire avancer comme pour la révision du PLU de la commune qui dure depuis 4 ans.

Que Faire ?

Sébastien Jumel annonce que la nouvelle loi ELAN va rechanger les règles d’urbanisme, qu’elle a été présentée alors qu’elle n’est pas votée, les modifications éventuelles vont aggraver la diminution du rôle des maires par le transfert de compétences à l’intercommunalité.

4- Norbert Letellier, Maire d’Ambrumesnil :

Il prend en exemple un commerce multi- services et un logement situé dans sa commune qui nécessitent d’être séparés. La déclaration de travaux ayant reçu un avis défavorable du SDIS sans explications, il a dû faire des pieds et des mains pour trouver un contact capable de lui expliquer les raisons, les services de la sous-préfecture n’étant pas joignables… Les coûts engendrés par ces travaux sont extrêmement lourds pour une petite commune sans parler du dentiste et de sa famille qui devaient s’y installer …

5- Martial Fromentin, Saint Martin le Gaillard :

Il expose les problèmes administratifs générés par la présence d’une église classée sur le territoire d’une commune de 300 habitants liés à la complexité des dossiers d’urbanisme et à la lenteur de traitement des services de la DRAC : conséquence directe de la réduction de personnel, de la disparition de l’assistance des services pour monter les dossiers et du surplus de dossiers ABF.

Il craint également une perte de qualité de l’enseignement dans les écoles rurales. Il n’est pas contre les regroupements à condition qu’il n’y ait pas de perte de personnel et de fermeture de classe ; plutôt une meilleure répartition dans les écoles.

Sébastien Jumel souligne les mesures de rétorsion de la DASEN au vu de son implication pour sauver des classes en milieu rural, il a été décidé de fermer une classe à Dieppe et il suggère aux maires de s’assurer que les conventions proposées par l’Education nationale sur les ZEP pour une durée de 3 ans soient un engagement ferme et écrit.

6- Martial Fromentin, Saint Martin le Gaillard :

Il rajoute qu’il n’y a plus assez d’enseignants pour assurer les absences et que les maires ont l’obligation de garder les enfants sans transfert dans une autre école du RPI.

Sur un autre sujet, il informe que la subvention de l’agence de l’eau sur la création d’une mare utilisable en réserve incendie ne sera plus accordée. Concernant les mesures agro-climatiques, elles sont subventionnées à condition de respecter la nature : protéger les zones humides, ne plus recourir des produits phytosanitaires, prise en compte des sites Natura 2000… Les syndicats des bassins

versants instruisent les demandes mais les délais de paiement subissent un retard important : versement de 2015 en cours, un peu de 2016, 2017 en cours d’instruction et apparemment, l’Etat et la région ne renouvellent pas le dispositif en 2019 car les fonds FEDER sont en baisse.

Sébastien Jumel met en avant la remise en cause systématique de la politique agricole commune et confirme les retards de la région, gestionnaire des fonds FEDER, quant aux versements des subventions.

7- Gérard Thuilliez, Maire de Neuville Ferrières :

Il explique lors du non remplacement des enseignements, les enfants sont renvoyés chez eux alors que 90% viennent en bus. Il craint, avec le retour aux quatre jours, une baisse de la qualité de l’éducation. 20% des élèves de CP sont décrocheurs et le financement des RASED est en baisse, il faudrait une meilleure répartition dans les écoles et que l’Etat clarifie sa situation sur les 4 jours et demi.

Il précise qu’aucune loi ne permet le transfert des radars à des sociétés privées ; c’est une fonction régalienne qui ne peut être subdéléguée.

Sébastien Jumel répond que le nombre de ziliens disponibles pour effectuer les remplacements est passé d’environ 75 à moins de 20. Concernant l’arrêté contre les radars mobiles, il faut être plusieurs maires à le prendre.

8- Dany Minel, Maire de Mesnières en Bray :

Il met en exergue la nécessité d’une réforme de la fiscalité en profondeur car aujourd’hui toutes les communes ne sont pas traitées de la même manière. D’ailleurs, sur la suppression de la taxe d’habitation, il faudra veiller à ce que les effets ne soient pas identiques à ceux de la suppression de la taxe professionnelle.

Quant aux retards de versement des fonds FEDER, une des conséquences directes est la grande difficulté des associations à obtenir une ligne de trésorerie pour pallier le manque.

Il aborde également la disparition progressive de la médecine scolaire : totale pour les maternelles et quasi pour les primaires ; de plus, la médecine du travail pour les enseignants n’existe pas.

Il a l’impression de ne pas être entendu comme beaucoup de collègues maires et il constate que nombreux sont ceux qui ne souhaitent pas renouveler leur mandat.

9- Laurence Desreumaux, Maire de Graval :

Elle explique que les règles en matière de défense incendie posent des problèmes de développement urbain. En effet, aujourd’hui une habitation existante, détruite, qui nécessiterait le dépôt d’un nouveau permis de construire et qui se situerait à distance trop éloignée d’une borne incendie, verrait son permis refusé… Elle aimerait que des règles différentes soient prévues pour la création et l’existant ainsi qu’une aide de l’Etat sur ces dossiers.

Sur le même principe, elle souligne qu’une aide des services de l’Etat serait primordiale sur les dossiers « accessibilité » car les secrétaires de mairie n’ont pas forcément la technicité. La mise en place d’une assistance des services de la DDTM serait appropriée.

10- Gilles Cobert, Maire de Bouelles :

Il n’est pas d’accord avec le défaitisme général exprimé, il assure qu’être Maire est le plus beau des métiers et qu’il existe un potentiel de développement des communes.

Pour lui, un village rural, c’est une mairie, une église et une école. Il interpelle sur les regroupements d’écoles : il ne faut pas plus de 2 niveaux par classe. Bouelles a subi une fermeture il y a 5 ans puis une réouverture d’école qui a eu des conséquences inattendues : rajeunissement de la population, hausse de l’urbanisation, création de nouvelles associations…

Il assure qu’il faut combattre pour la conservation des écoles en milieu rurale, une école isolée n’est pas source de décrochage, on remet en cause également la sécurité des enseignants alors qu’il n’y a pas eu d’incidents majeurs. C’est un sujet d’intérêt collectif car il a un impact sur la démographie.

Quant à la défense incendie, il propose un travail commun sur le territoire en profondeur : Pour Bouelles, 10 réserves sont nécessaires au vu de l’étendue du territoire avec les hameaux.

Le coût d’un réservoir enterré clé en main + terrain est d’environ 45 000 €. Il souligne que le coût est élevé alors que c’est un enjeu majeur pour l’urbanisation.

11- Bernard Bazille, Maire de Saint Aubin sur Scie :

Il précise que pour obtenir de l’aide, l’Etat demande aux communes de se regrouper. Le combat pour la commune est essentiel. Il rajoute que le PLU est censé représenter la politique souhaitée par la municipalité applicable à son territoire.

Il interpelle Sébastien Jumel sur un courrier au sujet du retournement des terres agricoles provoquant des écoulements de boues.

Sébastien Jumel lui précise que le dossier est en cours d’instruction.

12- Michel Maisonneuve, Maire de Bracquemont :

Il explique que sa commune appartient désormais à une commune nouvelle, regroupement de 17 communes, le fonctionnement est très différent, le pouvoir des maires est nettement réduit. Le conseil communautaire est composé de 224 membres, il est difficile d’y faire entendre sa voix, Le président n’a pas d’autorité sur les autres communes car il n’est pas légitime, de nombreux maires subissent aujourd’hui leur poste et veulent abandonner : cette fusion est largement négative….

Sébastien Jumel rajoute qu’il a été choqué par le fort taux de vote FN au sein du Petit Caux, un des plus hauts de la circonscription alors que le revenu fiscal de référence est de 10 000 euros plus élevé qu’à Dieppe. Il raconte qu’il a vu des maires pleurer quand ils réalisent qu’ils n’ont plus aucun pouvoir à part l’état civil mais selon la taille et le territoire des communes, les conséquences sont différentes.

13- Annie Pimont, Maire de Sauqueville :

Elle pense que la fonction est agréable si l’envie d’être aux services des gens existe sinon il ne faut pas se présenter, il est vrai qu’elle rencontre beaucoup de contraintes, de délais très longs et qu’elle constate des écarts de DGF très significatifs entre communes identiques.

Concernant le redémarrage des travaux de la RN 27, elle a remarqué des transports de terre en tracteur alors que l’évacuation était prévue par train, cela pose le problème des dépôts de terres sauvages et de la gestion du ruissellement.

Sébastien Jumel souhaite préciser que lors d’une demande d’état de catastrophe naturelle par une commune, celle-ci peut l’informer du dépôt du dossier afin qu’il puisse le soutenir en commission. Il ajoute que la fonction de maire est la plus belle des fonctions, la plus valorisante, qu’il ne faut pas

abandonner : il n’y a que les combats qu’on ne mène pas que l’on perd : les combats gagnés sont les combats menés ensemble.

14- Nicolas Langlois, Maire de Dieppe :

Il expose le vote d’un vœu d’opposition à la pose des compteurs Linky qu’Enedis est obligé de prendre en compte. Il met en exergue les problématiques résultant de la pose de ces compteurs : coupures à distance, transmission de données personnelles collectées sans accord, suppression des emplois sur la région, la sous-traitance sans déontologie, coût exorbitant du remplacement de compteur en bon état…. plus de contraintes et moins de moyens…

Il précise que l’intérêt de la ville centre n’est pas opposé à ceux des villes de l’agglomération et assure de son ambition d’un travail commun. Si on perd en proximité, on perd en qualité de vie à échelle rurale mais aussi urbaine.

15- Céline Brulin, Sénatrice de Seine-Maritime :

Elle commence par remercier les élus présents, cette réunion est nourrissante et pleine d’exemples parlants.

Concernant les regroupements scolaires, elle précise que lorsque le projet s’inscrit dans un projet commun, il y a un sens mais quand on pousse les communes, quand on les force comme les arguments de la DASEN, c’est illogique : Sur certaines communes, la DASEN argue pour regrouper des écoles que le nombre d’enseignements est trop important par rapport au nombre d’enfants mais c’est les caractéristiques propres des villes et des quartiers.

Elle prend l’exemple des organisations de kermesses ou de fêtes d’école en fin d’année scolaire, elles ne peuvent plus être organisées sur le temps scolaire car ces initiatives ne dépendent plus de l’Education nationale mais sont à la charge des communes.

Elle explique que l’élaboration du nouveau plan transport régional intègre la suppression des petites lignes et la fermeture des petites gares.

Les élus du groupe demandent une pause dans la réforme : ils portent l’idée qu’en face de chaque exigence de l’Etat, les moyens doivent correspondre : la décentralisation doit être contractualisée avec des moyens adéquats mis en place.

Sébastien confirme les propos de Céline Brulin : les rencontres sur le terrain et ces échanges nourrissent le travail parlementaire… Cependant, il est surpris du nombre important de sollicitations alors que lors de la réunion avec le sous-préfet, aucune question n’a été posée…

16- Norbert Letellier, Maire d’Ambrumesnil :

Il souhaite ajouter qu’il a trois éoliennes prévues sur son territoire et que d’après le rapport Lecornu, 12% de la taxe professionnelle devrait revenir aux habitants riverains en compensation de la nuisance visuelle. Si on ne peut empêcher leur implantation qu’au moins ça profite aux habitants…

Sébastien Jumel clôt cette réunion en remerciant chaleureusement les maires de leur présence et surtout de leur franchise.