Annales Historiques De La Révolution Française
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Annales historiques de la Révolution française 344 | avril-juin 2006 La prise de parole publique des femmes Édition électronique URL : https://journals.openedition.org/ahrf/5773 DOI : 10.4000/ahrf.5773 ISSN : 1952-403X Éditeur : Armand Colin, Société des études robespierristes Édition imprimée Date de publication : 1 juin 2006 ISSN : 0003-4436 Référence électronique Annales historiques de la Révolution française, 344 | avril-juin 2006, « La prise de parole publique des femmes » [En ligne], mis en ligne le 07 novembre 2008, consulté le 01 juillet 2021. URL : https:// journals.openedition.org/ahrf/5773 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ahrf.5773 Ce document a été généré automatiquement le 1 juillet 2021. Tous droits réservés 1 SOMMAIRE Articles La prise de parole publique des femmes sous la Révolution française Christine Fauré Doléances, déclarations et pétitions, trois formes de la parole publique des femmes sous la Révolution Christine Fauré Pétitions de femmes en faveur d’une réforme révolutionnaire de la famille Suzanne Desan Parole publique des femmes et conflictualité pendant la Révolution, dans le Sud-Est de la france Martine Lapied Cercles politiques et « salons » du début de la Révolution (1789-1793) Olivier Blanc Des héroïnes vertueuses : autour des représentations de la pièce Paméla (1793-1797) Martin Nadeau Louise de keralio-robert, pionnière du républicanisme sexiste Annie Geffroy Thérésia Cabarrus, de l’instruction des filles et de la Révolution Maïté Bouyssy Pauline Léon, une républicaine révolutionnaire Claude Guillon Catharine Macaulay et Mary Wollstonecraft. Deux femmes dans le débat sur la Révolution française en Angleterre Marie-Odile Bernez Eleonora de Fonseca Pimentel, le monitore napoletano et le problème de la participation politique Anna-Maria Rao Sources La naissance d’un anachronisme : « le féminisme pendant la Révolution française » Christine Fauré Un frère de Mary Wollstonecraft en France ? Serge Aberdam Annales historiques de la Révolution française, 344 | avril-juin 2006 2 Bibliographie Choix bibliographique Christine Fauré et Annie Geffroy Hommage Morris Slavin (1913-2006) James Friguglietti Alessandro Galante Garrone, historien de la Révolution française Anna-Maria Rao Comptes rendus – Femmes et Révolution The Family on Trial in Revolutionary France Jacques Guilhaumou Femmes entre ombre et lumière. Recherches sur la visibilité sociale (XVIe-XXe siècles) Annie Duprat Cinq figures féminines méconnues du Romantisme allemand Marita Gilli British Women Writers and the French Revolution. Citizens of the World Christine Dousset Vivre libre et écrire. Anthologie des romancières de la période révolutionnaire (1789-1800) Anne Jollet Une Anglaise défend la Révolution française – Réponse à Edmund Burke Serge Aberdam Maria, ou le malheur d’être femme Serge Aberdam La lettre-mélancolie Maïté Bouyssy Correspondance (1770-1793) Michel Biard Souvenirs d’une courtisane de la Grande Armée Sylvie Steinberg Comptes rendus – Varia Genèse d’un droit administratif sous le règne de Louis XV. Les pratiques de l’intendant dans les provinces du Nord (1726-1754) Jean Bart Annales historiques de la Révolution française, 344 | avril-juin 2006 3 Les recueils d’arrêts et dictionnaires de jurisprudence (XVIe-XVIIIe siècles) Hervé Leuwers The Terror : Civil War in the French Revolution Jean-Pierre Gross 1805, la création de Don Juan à l’opéra de Paris Gérard Loubinoux Nouvelle histoire du Premier Empire. II : L’effondrement du système napoléonien, 1810-1814 Josiane Bourguet-Rouveyre Austerlitz 2 décembre 1805 Annie Crépin La bataille des Trois-Empereurs racontée par un soldat autrichien. Austerlitz. Texte intégral de La bataille d’Austerlitz (édition de 1806) Annie Crépin Lendemains d’Empire. Les soldats de Napoléon dans la France du XIXe siècle Jacques Bourdin Les officiers de marine du premier Empire Josiane Bourguet-Rouveyre Annales historiques de la Révolution française, 344 | avril-juin 2006 4 Articles Annales historiques de la Révolution française, 344 | avril-juin 2006 5 La prise de parole publique des femmes sous la Révolution française Christine Fauré 1 L’histoire des femmes pendant la Révolution française est une préoccupation à la fois ancienne et moderne. Dès le XIXe siècle, des historiens, tels Chassin, Tourneux, Aulard… ont réuni des matériaux et proposé des analyses avec des bonheurs inégaux. Ces vingt dernières années, depuis 1985, le renouveau de l’histoire des femmes a manqué son entrée politique en rejetant l’impact des situations de crise (guerres, révolutions) dans la transformation des conditions féminines pour se cantonner à l’évocation de la vie quotidienne et de la vie privée. L’histoire des mentalités et des représentations, souvent ranimée par un discours journalistique qui en a assuré le succès, a été érigée en modèle. L’histoire des formes politiques et des institutions s’en est trouvée négligée. Cette désertion du politique était implicitement justifiée par le fait que la Révolution dans ses diverses périodes n’avait pas accordé le droit de vote aux femmes ni même cherché à les intégrer comme force dans les nouvelles institutions. 2 On ne répétera jamais trop le scandale qu’a constitué le déni des femmes dans la République, déni combattu par quelques-unes. Pourtant, les problématiques axées sur les phénomènes d’exclusion, quel que soit leur degré de bienveillance à l’égard des femmes, ont contribué à figer les questions et par un excès de simplification radicale, à masquer ces phénomènes difficiles à identifier et à interpréter, souvent assimilés à du folklore. La nécessité d’une contextualisation toujours plus minutieuse s’impose à nous pour sortir de l’« invisibilité historique » de ces dispositifs complexes que les femmes ont empruntés pour agir et faire en sorte que leur action soit remarquée. En ce sens, ces femmes du XVIIIe siècle ne sont pas comparables aux féministes de la fin du XIXe, comme on se plaît parfois à le dire. Leur univers symbolique qui entrecroise public- privé – opposition trop souvent forcée pour l’époque – comme les brins d’une même trame, n’a rien de commun avec le productivisme démographique et économique contre lequel les associations féministes se sont organisées. 3 Prendre au sérieux les modes de leur prise de parole – discours souvent jugés trop minces –, donner sens à leur présence dans l’événement révolutionnaire et à la volonté d’y prendre part : il a fallu, pour ce faire, revisiter nos sources toujours trop rares, Annales historiques de la Révolution française, 344 | avril-juin 2006 6 réapprécier ce qui faisait problème ou cohérence à l’époque, secouer l’angélisme mythologique dont on a drapé ces femmes d’exception : légendes douteuses de Louise de Kéralio la républicaine, de la somptueuse Thérésia Cabarrus, de Pauline Léon l’enragée, de la moraliste Mary Wollstonecraft et de Eleonora Fonseca Pimentel, femme de lettres et condamnée à mort. 4 Ce volume1 se divise en trois parties : comment des femmes ont-elles investi la parole publique ? Doléances, pétitions… À partir de quel lieu, hors Assemblée, se sont-elles fait entendre : salons, théâtres. Aux cas de femmes entreprenantes ou engagées déjà citées, ajoutons Théroigne de Méricourt avec sa lettre mélancolique récemment publiée dont l’origine un peu trop mystérieuse au goût de l’historien mériterait des investigations supplémentaires et qui témoigne de la fusion existentielle et politique d’une femme avec l’événement révolutionnaire. NOTES 1.La journée sur « la prise de parole publique des femmes sous la Révolution », tenue sous la direction de Christine Fauré et Annie Geffroy, le 11 décembre 2004 à Paris I - Sorbonne, à l'initiative de la Société des études robespierristes et de l'Institut d'histoire de la Révolution française, a permis l'élaboration de ce numéro. AUTEUR CHRISTINE FAURÉ Directrice de recherche au CNRS, Sociologue, Triangle, ENS, LSH, 15 parvis René Descartes, 69342 Lyon cedex 07 Annales historiques de la Révolution française, 344 | avril-juin 2006 7 Doléances, déclarations et pétitions, trois formes de la parole publique des femmes sous la Révolution Christine Fauré 1 Les historiens ont généralement délaissé l’étude de la prise de parole publique des femmes. L’histoire des mentalités et des représentations, dominante en France en matière d’histoire des femmes, n’a pas non plus traité le sujet. Cette impasse a été justifiée par une conception de l’écriture historique qui se tient au plus loin des « fracas insurrectionnels » pour faire de l’action des femmes pendant la Révolution, une introduction aux pratiques féministes du XIXe siècle. Difficile dans cette perspective d’appréhender les discours militants des citoyennes puisqu’on les a isolés des circonstances historiques qui les ont suscités ! 2 Dans cet article, l’objectif poursuivi est de restituer le contexte politique et langagier des formes principales que cette prise de parole publique des femmes a revêtues, doléances, déclarations et pétitions et auxquelles on a accordé trop peu d’importance. Les doléances des femmes entre imitation et parodie 3 On ne peut pas dire que la Révolution française marque le commencement de la protestation féminine. Aux XVIe et XVII e siècles, des textes oubliés et portant essentiellement sur l’éducation des filles forment une littérature de combat1. En 1626, la poétesse Marie de Gournay avec son Grief des dames2 inaugure une technique de protestation en donnant à son propos le cadre d’une procédure civile. 4 Dans les premiers mois de 1789, l’écriture de petites brochures à des fins politiques, en reprenant