Dave Shea & Molly Holzschlag
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Dave Shea & Molly Holzschlag © Groupe Eyrolles, 2006, pour la présente édition, ISBN : 2-212-11699-3 00I-0IX debut.indd i 7/10/05 16:42:43 Code source Le web de la fi n des années 1990, c’était la jungle, un nouveau territoire à explorer. On y trouvait de tout, et tout s’y pratiquait. À cette époque, aucun de nous ne savait vraiment dans quelle direction s’orientait le Web. Comme c’est souvent le cas avec un nouveau jouet, nous étions très occupés à en tester les limites. Genèse Nous avons donc poussé les limites, toujours plus loin. Au départ, HTML était un langage simple destiné à baliser des mémoires de recherche. Il ne permettait pas de défi nir la mise en page, c’est pourquoi les graphistes et les éditeurs de navigateurs l’ont d’abord dédaigné. Pour combler ces lacunes de mise en page, des trucs et astuces furent mis au point, notam- ment par l’emploi détourné de balises <FONT> et d’éléments de tableau. Or, ces bidouillages vont à l’encontre de l’objectif premier du HTML qui est un langage structurel. Ainsi, on a utilisé des éléments de base à contre-emploi, tout en en négli- geant d’autres sous prétexte qu’ils « ne rendaient pas bien » à l’écran. Dans la pratique, les effets visuels se sont développés au détriment de la structure des pages web. Les éditeurs de navigateurs n’ont pas aidé, c’est sûr. La situation s’est améliorée ensuite, mais à cette période le développement web s’engageait 0010-04510-045 cch1.inddh1.indd 1100 66/10/05/10/05 110:32:440:32:44 sur une très mauvaise pente. Les deux principaux acteurs, Microsoft et Netscape, ajoutaient sans cesse de nouvelles extensions propriétaires pour rester en tête dans la rivalité qui les opposait. Certes, la compétition stimule l’innovation, mais elle peut aussi l’étouffer. Les auteurs web étaient obligés de produire plusieurs versions du même site parce que le code HTML rédigé pour un navigateur fonc- tionnait mal, voire pas du tout, dans un autre navigateur. En bref, c’était très confus. Malgré ces problèmes, le Web a poursuivi sa crois- sance grâce aux mannes fi nancières qui pleuvaient durant le boom de la Net économie. Il était alors facile de justifi er un budget pour deux versions du même site quand l’argent coulait à fl ot. Toutefois, au tournant du millénaire, les auteurs web et les investisseurs en ont eu assez. FIGURE 1 Le WaSP. LES PRÉMICES D’UN CHANGEMENT Au début des années 2000, les budgets web ont soudain diminué quand les Info capitaux se sont taris. Pendant la crise économique, ceux qui avaient encore Le comité W3C a pour vocation d’améliorer du travail ont vite compris que taper du code en plus pour répondre aux défi - l’état du Web. Publiant des recomman dations ciences et incompatibilités des navigateurs constituait une charge trop lourde : depuis 1996, il cherche à offrir des solutions aux divers défis technologiques que présente cela ne pouvait pas durer ainsi. le Web. Un groupe indépendant de designers web s’est formé sous le nom de WaSP (Web Standards Project : www.webstandards.org/about/mission/fr/) (FIGURE 1). Son rôle est d’inciter les éditeurs de navigateurs à respecter les recommanda- tions du World Wide Web Consortium (W3C). La normalisation à partir des spécifi cations émises par le W3C a réduit les différences de traitement d’un navigateur à l’autre, ce qui a permis d’harmoniser les techniques de création pour le Web. Peu à peu, les développeurs web ont ainsi gagné la garantie que leurs pages HTML, même complexes, s’affi cheront de manière plus ou moins uniforme sous de nombreux navigateurs et systèmes d’exploitation. Une bonne partie des spécifi cations du W3C traite d’architecture et de détails techniques très pointus qui, en général, ne concernent pas les graphistes web. Le W3C a aussi publié une série de spécifi cations décrivant le code à transmettre au navigateur, à commencer par la version standardisée du langage HTML. Ces recommandations tentent de résoudre les problèmes de compatibilité d’une manière intelligente et pratique sans négliger l’accessibilité. CODE SOURCE 11 0010-04510-045 cch1.inddh1.indd 1111 66/10/05/10/05 110:32:460:32:46 DE L’INTÉRÊT DES STANDARDS Les groupes de travail du W3C rassemblent des personnes d’origine et de formation très variées qui se réunissent pour prévenir les questions que le desi- gner web moyen ne devrait jamais se poser. L’objectif est de fournir une série de recommandations si bien conçues, qu’en les suivant à la lettre, les développeurs d’outils de navigation et de créations web disposent de directives claires. Ces recommandations garantissent aussi aux designers web que leurs sites peuvent s’affi cher et fonctionner sur le plus grand nombre d’agents utilisateurs. Le terme « agent utilisateur » désigne les navigateurs web, bien sûr, mais pas uniquement. Grâce à l’expansion des appareils portables comme les téléphones mobiles, nous serons de plus en plus nombreux à pouvoir surfer sans ordina- teur. Tous les internautes ne vont pas choisir votre navigateur préféré ; certains ne le peuvent pas, d’ailleurs. Les malvoyants, par exemple, recourent à un appareil d’assistance qui synthétise le texte en voix, traduit en Braille ou grossit l’affi chage. Puisque les spécifi cations du W3C en matière de design visaient justement à éliminer les problèmes d’incompatibilité qui caractérisaient le Web des années 1990, il serait absurde de produire différentes versions du même site pour chaque type d’agent utilisateur. Le W3C a tenu compte de tous ces aspects pour la mise au point des recommandations relatives à HTML 4.0, XHTML, CSS et DOM. Il s’agit là des technologies adoptées par les designers et développeurs du WaSP. Il est logique de soutenir des spécifi cations capables de garantir l’accessibilité la plus large, tout en offrant un contrôle précis sur la présentation. Le langage CSS répond à tous ces critères, mais il implique une manière radicalement diffé- rente de construire un site web. Le challenge, en fait, fut de convaincre les autres designers de l’intérêt d’apprendre ce langage ; il restait ensuite à réfl échir sur le bon emploi des styles CSS. Voilà dans quel contexte a germé la première idée du site Zen Garden. Au départ, CSS était surtout utilisé par des développeurs et programmeurs ; ils se débrouillaient très bien pour résoudre les problèmes techniques qui apparais- saient lors de l’implémentation des styles CSS, mais ils produisaient des pages à l’esthétique minimale, jugées ternes et peu séduisantes. Les graphistes n’ont pas FIGURE 2 Exemples de feuilles de styles du site Daily accroché tout de suite à l’idée d’exploiter les CSS, car il n’existait pas d’exemples CSS Fun. de beaux designs en CSS. 12 CHAPITRE 1 0010-04510-045 cch1.inddh1.indd 1122 66/10/05/10/05 110:32:470:32:47 NAISSANCE DE ZEN GARDEN Dave Shea, le créateur du site Zen Garden, a commencé à réfl échir à ce problème Info fi n 2002. Comment les artistes capables de produire des merveilles en CSS Il importe de noter que les standards web pourraient-ils être inspirés par des exemples aussi quelconques ? Grâce à sa ne sont pas des normes ; la conformité n’est double formation artistique et technique, Dave Shea a su identifi er le potentiel d’ailleurs pas obligatoire, et le W3C les créatif des styles CSS. Parallèlement, il se rendait compte que ceux qui auraient appelle simplement des recommandations. dû travailler en CSS ne le faisaient pas. Dans la pratique, pourtant, nous sommes nombreux à leur attribuer la valeur d’une Une idée a ainsi commencé à germer : si seulement il existait une bibliothèque norme. Le WaSP publie un article à ce sujet centralisant les chefs-d’œuvre en CSS. Rassembler les pages CSS existantes ne (en anglais) sur www.webstandards.org/ ferait pas l’affaire, car il n’existait pas grand-chose digne d’intérêt. La solution buzz/archive/2004_10.html#a000463. était donc d’inciter les graphistes à produire de belles maquettes en CSS. Sur cette idée, un nouveau projet était né. Influences Info Dans un article écrit en 2002, Jeffrey Zeldman, cofondateur du WaSP, exhortait Vous pouvez consulter l’article original de ceux qui comprennent les bénéfi ces du bon emploi des standards web à mettre Zeldman sur Daily Report : www.zeldman. eux-mêmes leurs conseils en pratique au lieu de passer leur temps à en persuader com/daily/0802c.html#Evangeline. les autres. C’était là la meilleure manière de mettre en avant ces avantages ; ainsi « pratiquer au lieu de causer » devint le mot d’ordre du projet. Finalement, Zeldman a écrit un manuel complet sur le sujet, un véritable guide de référence : Design web : utiliser les standards (Eyrolles, 2005 pour la version française). Info La même année, le développeur web Chris Casciano lançait un projet nommé Retrouvez Daily CSS Fun à l’adresse Daily CSS Fun (FIGURE 2). Il se donnait pour objectif, sur une durée d’un mois, www.placenamehere.com/neuralust- de produire chaque jour une nouvelle feuille de style capable de modifi er radi- mirror/200202. calement l’effet du code HTML de la page. Chris ne se prétendait pas graphiste, mais ses résultats furent convaincants : ils offraient enfi n un aperçu des possi- bilités de mise en page en pur CSS. Netscape Navigator 4, avec ses graves défi ciences vis-à-vis des CSS, était encore très répandu, c’est pourquoi les conseils se limitaient à la théorie.