PERCEPTIONS PAYSANNES DES FACTEURS DE RISQUES CLIMATIQUES SUR LA PRODUCTION DE L’ANANAS A AU ()

YABI IBOURAÏMA Laboratoire Pierre Pagney ‘’Climat, Eau, Ecosystème et Développement ‘’ (LACEEDE) Département de Géographie et Aménagement du Territoire (DGAT) Université d’Abomey-Calavi (UAC) E-mail : [email protected]

RÉSUMÉ ABSTRACT

La commune de Toffo constitue un des grands milieux This paper aims to understand especially farmers’ où cette spéculation mobilise de plus en plus les produc- perceptions on climate risks on the production of pineapple teurs. Le présent article vise à appréhender les perceptions in the district of Toffo, one of majors sectors where this paysannes relatives aux facteurs de risques climatiques sur speculation mobilizes more producers. la production de l’ananas dans cette commune. , The data and information on climate risks perceived by Les données et informations relatives aux différents different producers, their direct or indirect impact on the facteurs de risques climatiques perçus par les producteurs, culture of pineapple and adaptive measures implemented leurs incidences directes ou indirectes sur la culture de are used. For this purpose, 133 people, including 130 pi- l’ananas sont utilisées. De plus les informations relatives neapple producers were selected from 10. The technique aux mesures adaptatives ont été collectées. A cet effet, 133 of individual interviews and group interviews (focus groups) personnes dont 130 producteurs d’ananas ont été choisis was used for collecting data and information. Some tools dans 10 localités réparties sur l’étendue de la commune. of descriptive statistics have been involved in the proces- Les entretiens individuels à l’aide de questionnaire et des sing and analysis of data about farmer’s perceptions and entretiens de groupes (focus groups) au moyen d’un guide adaptation strategies. d’entretien ont été utilisés. L’utilisation de la statistique The results show that 9 climate’s episodes were cited descriptive (moyenne, fréquence, tableaux et graphes, (quoted) as risk factors for the production of pineapple, but analyse factorielle des composantes) a permis le traite- 5 (breaking rains, floods, heavy rains, early cessation of ment et l’analyse des données relatives aux perceptions rains and inadequate rainfall) were classified as the most et mesures d’adaptation. harmful. These uncertainties affect both the quantity and Un total de neuf épisodes climatiques a été retenu à quality of production according the producers. In response, des proportions différentes comme des facteurs de risques their implement several adaptive measures based on em- pour la production de l’ananas. Cinq d’entre eux (rupture pirical knowledge and advice from experts. These multiple des pluies, inondations, pluies violentes, fin précoce des seedlings (73%), the use of agricultural wage labor (63%), pluies et pluies insuffisantes) ont été classés comme les plus the use of chemical fertilizers (56%), increase the area nuisibles. Ces différents événements affectent à la fois la planted (45%) and phytosanitary treatments (41%). Multi- quantité et la qualité des productions selon les déclarations disciplinary scientific investigations therefore deserve to be des producteurs. Face aux impacts de ces événements, les conducted to compare the perceptions with scientific facts, producteurs mettent en œuvre plusieurs mesures adaptati- assess the adequacy of farmer’s adaptive implemented. ves sur la base des savoirs empiriques et des conseils des The results of these investigations may help to integrate techniciens agricoles. Ces mesures portent sur les semis climate risks in planning the pineapple production in the multiples ou répétés (73 %), l’utilisation de la main-d’œuvre district of Toffo and elsewhere in Benin. agricole salariée (63 %), l’utilisation des engrais chimiques Key words: Toffo, Pineapple production, Climate (56 %), l’augmentation des superficies emblavées (45 %) et les traitements phytosanitaires (41 %). risks, Farmers’ perceptions, Adaptive measures Mots-clés : Toffo, Production de l’ananas, Risques climatiques, Perceptions paysannes, Mesures adaptatives

YABI Ibouraïma : Perceptions paysannes des facteurs de risques climatiques sur la production de l’ananas... 84 1. INTRODUCTION 1999 ; Ogouwalé et al., 2005 ; Yabi et Afouda, 2007 ; Yabi et Afouda, 2012 ; etc.). Ainsi, la durabilité de la L’ananas, de son nom scientifiqueAnanas como- production de l’ananas nécessite la prise en compte sus, est une culture très ancienne au Bénin (MAEP, des facteurs de risques climatiques. 2002). Elle était surtout cultivée de façon tradition- nelle dans les régions du Sud essentiellement pour Le présent article s’intéresse principalement aux l’autoconsommation familiale. Il a fallu attendre les perceptions paysannes qui influencent les mesures années 1970 et plus particulièrement au début des d’adaptation des producteurs (Agossou et al., 2012 années 1990, pour que cette spéculation prenne le et Guilbert et al., 2010). Dans ce texte, la notion de caractère d’une culture de rente. perception se réfère au rapport des paysans au réel qui est nécessairement subordonné à l’ensemble Depuis plus de deux décennies, dans le souci des manifestations apparentes du climat et à un d’assurer la sécurité alimentaire et l’accroissement ensemble d’instruments de portée cognitive qui des revenus des producteurs, le Bénin a opté pour leur permettent de l’appréhender (Ouédraogo et al., une politique de diversification des cultures (Yabi 2010). et al., 2012). Le renforcement du secteur agricole à travers le développement des filières porteuses 2. MILIEU D’ÉTUDE est ainsi, devenu une priorité affirmée partout dans les plans de développement (Yabi et al., 2012). La commune de Toffo (Fig. 1) est située au nord L’objectif de cette diversification est d’améliorer les du Département de l’Atlantique et s’étend sur une conditions de vie des populations en général et en superficie de 492 km2. Elle est comprise entre 6°44’ et particulier celles des populations rurales en particulier 6°58’N (latitudes) d’une part et entre 2°03’ et 2°20’E (sécurité alimentaire, accroissement des revenus). (longitudes) d’autre part. En outre, accroitre la balance commerciale par la Sur le plan géomorphologique, la commune est réduction des importations et l’augmentation des partagée entre le plateau d’ avec une altitude exportations. Cette volonté s’est concrétisée par moyenne de 100 m et la dépression de la Lama des mesures incitatives à l’endroit des producteurs où l’altitude peut chuter jusqu’à 40 voire 20 m par d’ananas (individuels ou en groupements) par la endroits (MEPN, 2010). En général, il s’agit d’un facilitation à l’accès aux intrants et l’encadrement relatif peu accidenté en dehors des secteurs situés des producteurs sur les itinéraires techniques, etc. sur le talus qui relit le plateau à la dépression où les (Hounkpè, 2012). Les différents efforts ont permis pentes atteignent 6 %. Le facteur géomorphologique d’augmenter la production nationale qui a atteint 140 est du milieu est donc favorable à l’installation des 000, 171 330 et 216 747 tonnes respectivement au champs notamment ceux d’ananas (Tossou, 2001). cours des campagnes 2008, 2009 et 2010. Cela a fait actuellement de cette spéculation, l’un des Quant aux formations pédologiques, elles corres- principaux produits d’exportations (MAEP, 2010). Par pondent aux sols ferralitiques appauvris et aux sols conséquent, la culture de l’ananas est de nos jours ferrugineux tropicaux lessivés non concrétionnés en plein essor au Bénin, principalement dans la partie situés sur plateau. Ces deux types de sols (occu- méridionale où les conditions agro-écologiques sont pant plus des 2/3 de la superficie de la commune) propices (MAEP, 2002). ont une capacité de rétention en eau acceptable et sont propices à la culture de l’ananas (CIRAD-GRET, A l’instar des autres cultures, l’ananas est 2002 et Hounkpè, 2012). A ces premiers types de influencée par les conditions climatiques surtout dans sols, s’ajoutent des sols hydromorphes le long de la un contexte où l’agriculture reste essentiellement dépression de la Lama et des cours d’eau qui ne sont pluviale (Boko, 1988 ; Afouda, 1990 ; Ogouwalé, pas relativement propices à la culture de l’ananas. 2006 ; etc.). Or, le Bénin, comme les autres pays ouest-africains, est touché par une variabilité La commune de Toffo est caractérisée par un climatique de plus en plus prononcée qui se manifeste climat de type subéquatorial avec deux saisons plu- entre autres, par une fluctuation saisonnière des vieuses d’inégale durée. La grande saison pluvieuse précipitations et des variations pluviométriques et s’étend de mi-mars à juillet alors que la petite saison thermiques (Boko, 1988 ; Afouda, 1990 ; Houndénou, pluvieuse ne dure que de septembre à octobre. La

Revue de Géographie Tropicale et d’Environnement, n°1, 2013 85 © (EDUCI), 2013 hauteur moyenne annuelle des pluies est comprise moyenne est de 25°C (CIRAD-GRET, 2002). S’agis- entre 1100 et 1300 mm. Cette hauteur pluviométrique sant de la durée d’insolation, elle est de 2150 heures permet à l’ananas de satisfaire son besoin hydrique. en moyenne par an, ce qui est largement suffisant En effet, selon MAEP (2002), les besoins en eau de la pour couvrir les besoins de la plante estimée à 1100 plante varient entre 1200 et 1500 mm/an à raison de heures par an au moins (CIRAD-GRET, 2002). En 3 à 4 mm/jour. Les températures quant elles oscillent définitive, les conditions climatiques moyennes de la entre 25 et 28°C en moyenne. Elles correspondent commune de Toffo sont favorables à la production aux exigences thermiques de cette variété cultu- de l’ananas. rale qui se développe mieux lorsque la température

Figure 1. Situation géographique de la commune de Toffo

YABI Ibouraïma : Perceptions paysannes des facteurs de risques climatiques sur la production de l’ananas... 86 Le milieu physique de la commune étudiée consti- ou en groupement (8 groupements de producteurs tue une potentialité pour la culture de l’ananas. Ce d’ananas sont enregistrés au Centre Communal potentiel naturel est valorisé par la population dont pour la Promotion Agricole (CeCPA), les paysans la première occupation est l’agriculture. En effet, les s’organisent pour produire de l’ananas (Photo 1) sur actifs agricoles de la commune font environ 50 % des superficies variables (0,5 à 10 ha). de l’effectif total de la population. Individuellement

Photographie 1. Vue d’un champ d’ananas à Agbotagon Cliché : Yabi, mai 2013

Deux variétés d’ananas sont cultivées dans la 3. DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE commune de Toffo : la Cayenne lisse (juteuse) et le Pain de sucre (sucrée). La culture conventionnelle est Les données utilisées se rapportent essentielle- le mode traditionnel de production, mais depuis 2005 ment aux différents facteurs de risques climatiques et sous l’impulsion de Helvetas-Bénin (une organisa- perçus par les producteurs. Elles intègrent aussi tion non gouvernementale), la culture biologique est les incidences directes ou indirectes sur la culture en cours d’expérimentation dans la commune. de l’ananas et les mesures adaptatives mises en œuvre ou souhaitées. A cet effet un échantillon de 130 producteurs a été constitué de façon raisonnée (Tableau 1).

Revue de Géographie Tropicale et d’Environnement, n°1, 2013 87 © (EDUCI), 2013 Tableau 1. Répartition des acteurs de l’échantillon Personnes Communes Producteurs enquêtées ressources Arrondissements Localités Ananas Ananas conventionnel biologique

Houègbo Gare 20 5 Houègbo Zohounga 20 3 Houngo-Covè 5 - Djanglanmè Togoudo 5 - Akpè 25 - Koussi Ahogbèmè 10 3 Agbamè 5 9 Colli-Agbamè Toffo Bossouvi 10 - Damè centre 5 - Damè 4 Agbotagon 5 - Total 110 20 4 NB : Les localités désignent ici les villages ou les chefs lieu d’arrondissement

L’effectif des producteurs par localité a été choisi En outre, les outils d’analyse diagnostique du avec l’aide des techniciens du CeCPA. Ce choix climat (moyenne mobile, indices pluviométriques, prend en compte l’importance de la production, l’âge fréquence, valeurs extrêmes) ont permis de traiter ou l’ancienneté des producteurs. Ainsi, les produc- les données climatiques. teurs âgés d’au moins 50 ans ou ayant au moins 25 années d’ancienneté dans la culture de l’ananas 4. RÉSULTATS ont été privilégiés. Dans les localités situées sur le plateau (arrondissements de Houègbo, et de Koussi) 4.1. PERCEPTIONS PAYSANNES SUR LES où les conditions naturelles sont plus favorables, les RISQUES CLIMATIQUES effectifs sont élevés par rapport aux localités situées dans la dépression ou les plaines (arrondissements La quasi-totalité des producteurs interrogés (95%) de Djanglamè et de Damè). En plus des producteurs, tout comme les personnes ressources ont reconnu deux techniciens du CeCPA et deux membres du que les paramètres climatiques influencent directe- Groupement d’Appui et de la Recherche en Milieu ment ou indirectement la culture de l’ananas dans Rural (GERM) ont fait l’objet d’investigations. Les la commune de Toffo. Plusieurs épisodes ont été entretiens individuels à l’aide de questionnaires et ainsi cités comme facteurs perturbateurs de cette des entretiens de groupes (focus groups) au moyen activité (Fig. 2). d’un guide d’entretien ont été les deux techniques de collecte de données utilisées. La statistique descriptive (moyenne, fréquence, tableaux et graphes, analyse factorielle des compo- santes) a été mise à contribution pour le traitement et l’analyse des données relatives aux perceptions paysannes des facteurs de risques climatiques et mesures d’adaptation. Le test de concordance de Mann Kendall au seuil de signification de 5 % a été également utilisé pour la concordance des réponses fournies.

YABI Ibouraïma : Perceptions paysannes des facteurs de risques climatiques sur la production de l’ananas... 88 100

75

50 Pourcentage

25

0

Inondations Forte chaleur Rupture de pluie Pluies violentes Pluies insuffisantes Fin précoce de pluie Harmattan précoce Début tardif des pluies Faux départs de pluieEpisodes cités Figure 2. Aléas cités comme facteurs de risques climatiques par les producteurs

La figure 2 montre qu’un total de neuf épisodes Quant aux personnes ressources interrogées, elles sont cités comme facteurs de risques climatiques ont insisté sur la sécheresse qui engendre des déficits par les producteurs. En dehors de l’harmattan hydriques et l’abondance pluviométrique qui provoque précoce qui est évoquée par une minorité (15 %), les les inondations surtout dans les secteurs situés dans autres épisodes ont été désignés par la majorité des la dépression. Elles ont également fait référence aux paysans interrogés (au moins 65 %). L’insuffisance pluies orageuses surtout lorsqu’elles interviennent des pluies caractérisant les années pluviométriques pendant la phase de floraison de l’ananas. Ainsi, à déficitaires est l’épisode le plus cité (92,3 %). plusieurs égards, les perceptions des producteurs et De même, les producteurs ont fait allusion aux des personnes ressources se rapprochent. irrégularités pluviométriques sous leurs différentes Afin de mieux comprendre le degré de nuisance formes (démarrage tardif, rupture, faux départ, fin des épisodes selon les perceptions paysannes un précoce), aux inondations, aux pluies violentes et à classement par ordre décroissant d’importance la forte chaleur comme étant des épisodes nuisibles desdits épisodes est fait. L’importance des dégâts à la culture de l’ananas. L’on peut déduire que la causés par l’avènement de l’épisode selon les pluie, la température et le vent sont trois paramètres perceptions des producteurs, a servi de base à ce climatiques qui influencent négativement la culture classement. Les cinq premiers épisodes cités ont fait de l’ananas selon les perceptions paysannes. l’objet du test de concordance (Tableau 2).

Tableau 2. Synthèse des principaux épisodes climatiques nuisibles à l’ananas Episodes Rang Test de concordance de Mann Kendall Rupture des pluies 1 Inondations 2 N = 112* Pluies violentes 3 Alpha = 0,05 Fin précoce des pluies 4 Pluies insuffisantes 5 Probabilité = 0,0410 *seules les réponses de 112 producteurs ont été exploitées dans cette analyse

Revue de Géographie Tropicale et d’Environnement, n°1, 2013 89 © (EDUCI), 2013 La rupture des pluies, les inondations, les pluies nant dans le classement fait par les producteurs. Il violentes, la fin précoce des pluies et les pluies in- convient d’analyser en détails les effets des différents suffisantes constituent par ordre décroisant les épi- épisodes selon les perceptions paysannes. sodes les plus catastrophiques selon les producteurs interrogés. La rupture des pluies durant la saison est 4.2. EFFETS DES DIFFÉRENTS ÉPISODES l’aléa climatique le plus redouté. En effet, la durée SELON LES PRODUCTEURS d’interruption est capable d’affecter quantitativement Les enquêtes de terrain ont montré que les diffé- et qualitativement les rendements et entrainer la rents épisodes évoqués sont nuisibles (à des degrés désolation chez les producteurs. Par ailleurs, les et formes divers) à la culture de l’ananas selon les inondations sont jugées très désastreuses pour les perceptions paysannes. L’analyse factorielle des cultures d’ananas surtout lorsqu’elles interviennent correspondantes réalisée sur la base des réponses pendant les phases phénologiques critiques de la fournies a permis de résumer les effets induits par plante (floraison et fructification). les différents épisodes (Fig. 3). Du reste, les expériences personnelles et la fréquence des épisodes ont joué un rôle détermi-

1,0

FruiMS RupPl 0,5 FinPrecPl FriMaig FortCharl FDPl ChFrui BaisRend ChFl 0,0 PouriFrui PlInsuf AtInsec DebT ardPl RedSup Inon 2

PlViol e

x -0,5 A

FruiMut -1,0

-1,5

-2,0 -2,0 -1,5 -1,0 -0,5 0,0 0,5 1,0 Ax e 1

Figure 3. Types d’effets suivant les aléas climatiques selon les perceptions

Dans l’axe 1 (63,92 % de l’information), les inon- des pluies (RupPl) entrainent l’amaigrissement des dations (Inon) et les pluies violentes (Plviol) entrainent fruits (FruiMaig) et rendent ceux-ci moins sucrés la chute des fruits (ChFrui), la chute des fleurs (ChFl), (FruiMs). Dans l’axe 2 (19,11 % de l’information), on la pourriture des fruits (PourFruit), l’attaque des in- constate que le début tardif des pluies (DebTardPl), sectes (AtInsc) et la mutilation des fruits (FruitMut). l’insuffisance des pluies (PlInsuf) et les faux départs Les épisodes comme la forte chaleur (FortCharl), pluviométriques (FDPl) entrainent essentiellement la fin précoce des pluies (FinPrecPl) et la rupture la réduction des superficies emblavées (RedSup).

YABI Ibouraïma : Perceptions paysannes des facteurs de risques climatiques sur la production de l’ananas... 90 La baisse des rendements (BaisRend) est commune En définitive, les différents épisodes climatiques aux deux axes, ce qui signifie que tous les épisodes affectent négativement la quantité et la qualité de l’ananas ont pour effet de réduire le rendement de la culture produit (Photo 2) selon les perceptions paysannes. selon les producteurs.

Photographie 2. Deux fruits d’ananas renversés après une manifestation orageuse à Agbotagon

Cliché : Yabi, mai 2013

La photographie 2 illustre les dégâts causés par la chute précoce de ces fruits peut intervenir à tout les vents violents sur l’ananas. Selon le producteur moment avant leur maturité selon le producteur. propriétaire de l’exploitation concernée, c’est après Les enquêtes de terrain montrent que les une manifestation orageuse intervenue au mois d’avril différents aléas climatiques nuisibles à la production que ces fruits ont été renversés. Ce renversement de l’ananas sont devenus plus récurrents au cours va entrainer certainement une réduction du poids des dernières décennies (Tableau 3). des fruits au cas où ils parviennent à maturité. Sinon

Tableau 3. Périodes de références des aléas cités Fréquence (%) Aléas climatiques 15 dernières 20 dernières 25 dernières 30 dernières Totaux années années années années Pluies insuffisantes 33 52 8 7 100 Début tardif des pluies 63 27 7 3 100 Rupture de pluie 47 38 12 3 100 Faux départs de pluie 14 18 56 12 100 Inondations 68 21 8 3 100 Pluies violentes 73 16 11 0 100 Fin précoce de pluie 65 23 8 4 100 Forte chaleur 28 58 8 6 100

Revue de Géographie Tropicale et d’Environnement, n°1, 2013 91 © (EDUCI), 2013 En dehors des pluies insuffisantes (20 dernières climatiques nuisibles à la culture de l’ananas années) et des faux départs de pluie (25 dernières remontent aux 30 dernières années et même plus. années), les producteurs pensent que les autres Face à la persistance des aléas climatiques et de aléas remontent aux 15 dernières années. Les plus leurs effets négatifs sur la production de l’ananas, âgés (les producteurs ayant au moins 50 ans) ont les producteurs développement quelques mesures reconnu que même dans les années antérieures, ces adaptatives. aléas surviennent de façon conjoncturelle. Mais les producteurs ont constaté que depuis les 15 derniè- 4.3. MESURES D’ADAPTATION DÉVELOPPÉES res années, ils sont devenus plus récurrents, et ont PAR LES PRODUCTEURS même tendance à devenir habituels. Les mesures d’adaptation se rapportent aux stra- S’agissant des pluies violentes, leur apparition tégies adoptées par les producteurs pour limiter les remonte aux 25 dernières années et leur fréquence effets négatifs de certains aléas climatiques (Fig. 4). s’accroît selon les perceptions paysannes. Pour quelques producteurs (3 à 12 %), les irrégularités

Sm 80

60

40

Tp Mo 20

0

As Ue

Figure 4. Principales mesures d’adaptation utilisées par les producteurs Sm = Semis multiples ; Mo = Utilisation de main d’œuvre salariée ; Ue = Utilisation d’engrais ; As = Augmentation de superficie emblavée ; Tp = Traitement phytosanitaire

Le semis multiple (encore appelé semis ou répété) de plantes pourrait échapper au déficit hydrique et est le plus pratiqué par les producteurs (73 %). Cela réussir la phase de levée. Selon ces producteurs consiste à planter sur la même superficie culturale les travaux des démariages de plantes peuvent plusieurs générations (2 à 3) de plantes. Selon les intervenir au cas où la densité des cultures devient producteurs, cette mesure vise à limiter les effets trop élevée. négatifs du démarrage tardif et des faux départs des L’utilisation de la main-d’œuvre agricole salariée pluies. Ainsi, ils espèrent qu’au moins une génération citée par 63 % des producteurs est la deuxième

YABI Ibouraïma : Perceptions paysannes des facteurs de risques climatiques sur la production de l’ananas... 92 mesure d’adaptation. Elle est utilisée surtout pendant Le traitement phytosanitaire (Photo 3) est éga- les phases de préparation, de semis et d’entretien lement cité par 41 % des producteurs comme une des exploitations. Cette stratégie permet d’assurer mesure qui permet de limiter les impacts des aléas une certaine célérité des travaux. L’objectif est de climatiques. profiter au maximum de la ressource pluviométrique devenue incertaine. Par exemple après une pluie, la préparation du sol et ou le semis pourront intervenir plus rapidement avant que le sol ne s’assèche. L’utilisation des engrais chimiques est pratiquée par 56 % des producteurs interrogés. Pour les prati- quants de la culture conventionnelle, elle consiste à épandre une ou deux fois de l’engrais (mélange de NPK et d’urée) sur les sols avant la phase de matu- ration des cultures. L’objectif visé par cette mesure est d’accélérer la croissance de la plante et d’obtenir le maximum de fruits. Les producteurs pensent en effet que cette mesure permet également de limiter les effets négatifs des irrégularités pluviométriques sur la production de l’ananas. Ainsi, en provoquant l’accélération de la croissance, l’utilisation des en- grais permet de réduire d’une à deux semaines la durée du cycle cultural si bien que la maturité peut Photographie 3. Traitement phytosanitaire d’une s’achever même en cas de fin précoce de la pluie. exploitation à Akpè En outre, cette mesure permet d’améliorer le goût Cliché : Hounkpè, octobre 2011 « sucré » des fruits d’après les producteurs interro- gés. Il convient de préciser que les pratiquants de la culture biologique utilisent le sulfate de potassium Comme évoqué plus haut, les producteurs (engrais minéral) et du compost (engrais organique) pensent que les inondations (consécutives aux fortes composé de fumier de ferme, bouse de vache, fiente pluies) et les pluies violentes favorisent l’attaque des de poulets domestiques pour les mêmes raisons. insectes. L’invasion des insectes étant nuisible à la De même, face à la variabilité climatique, 45 % culture, les paysans se voient obliger de recourir aux des producteurs procèdent à l’augmentation des traitements phytosanitaires. superficies emblavées. Cette mesure vise à maintenir En somme, les producteurs d’ananas tentent de la production à un niveau acceptable même si le mettre en œuvre plusieurs mesures d’adaptation rendement venait à baisser du fait entre autres des fondées sur les connaissances empiriques et sur aléas climatiques. En outre, l’augmentation de la la base des conseils des agents des services d’en- superficie emblavée permet aux producteurs de faire cadrement rural. Mais les producteurs ont reconnu de semis étagés. Cette pratique consiste à subdiviser qu’elles présentent quelques limites et contraintes le champ en plusieurs parties (2 à 4) et à planter (Tableau 4). à des dates différentes. L’intérêt de cette pratique est qu’elle permet de limiter les effets des risques climatiques (les cultures d’une ou deux parties du champ pouvant échapper aux aléas climatiques notamment pluviométriques).

Revue de Géographie Tropicale et d’Environnement, n°1, 2013 93 © (EDUCI), 2013 Tableau 4. Synthèse des limites associées aux mesures d’adaptation

Mesures Limites/contraintes Semis multiples Surcroît de travail, coûts supplémentaires Utilisation de la main-d’œuvre salariée Coûts supplémentaires, disponibilité incertaine Coûts supplémentaires, surcroît de travail, risques Utilisation d’engrais d’intoxication Surcroît de travail, problèmes fonciers, dégradation Augmentation des superficies culturales des composantes environnementales Coûts supplémentaires, surcroît de travail, risques Traitements phytosanitaires d’intoxication

Le surcroît de travail et les coûts supplémentaires culturaux, la réduction du taux de sucre dans les fruits, de productions sont les limites communes à toutes constituent les principaux effets des aléas climatiques les mesures adaptatives utilisées par les producteurs sur la culture de l’ananas. Ces perceptions méritent d’ananas. A ces limites s’ajoutent le risque d’intoxication d’être vérifiées par des investigations scientifiques des producteurs du fait de la manipulation des produits avant de tirer des conclusions. Cependant, les dangereux (engrais et insecticides). Par ailleurs, les travaux de Yabi (2007), Afouda et Yabi (2007) et problèmes environnementaux sont propres à des Yabi et al., (2011), ont montré que les démarrages mesures spécifiques. tardifs ou les faux départs des pluies obligent les producteurs à abandonner une partie des superficies 5. DISCUSSIONS ET PERSPECTIVES initialement prévues pour être cultivées. De même, en cas de fortes pluies ou d’inondations, les travaux Selon les paysans, la commune de Toffo est ca- de désherbages deviennent plus difficiles, ce qui ractérisée par la survenance de plusieurs aléas qui favorise la prolifération des insectes nuisibles aux constituent des facteurs de risques climatiques nui- cultures alors que les traitements phytosanitaires sont sibles à la production de l’ananas. Cette conception peu efficaces. MAEP (2002) a reconnu que lorsque s’intègre aux facteurs de risques climatiques dans les les conditions agro-climatiques sont défavorables les différentes régions du Bénin (Ogouwalé, 2006 ; Guil- plantes d’ananas sont exposées aux affections liées bert et al., 2010 ; Agossou et al., 2012 ; Issa, 2012 ; à la colonisation des insectes nuisibles. Yabi, 2012 ; etc.) et ailleurs en Afrique de l’Ouest Les repères temporels de ces épisodes climati- (Brou et al., 2005 ; Ouédraogo et al., 2010 ; Amani, ques sont variables mais la majorité des producteurs 2012). Ces différents travaux ont montré que les les situent durant ces 20 dernières années. Les paysans perçoivent de plus des perturbations clima- expériences personnelles des producteurs semblent tiques nuisibles pour leurs activités. Ils se réfèrent être plus déterminantes (années où les dégâts ont aux conditions climatiques anciennes considérées été plus sérieux) que les évènements météorologi- comme habituelles ou normales qui leurs permet- ques réels. Dans ces conditions, des discordances taient de mener leurs activités normalement. Selon peuvent apparaître entre les perceptions et les les paysans, ces aléas affectent autant les superficies données météorologiques mesurées. Les paysans emblavées, que le rendement cultural. La nature et béninois ne disposent pas souvent d’archives écrites, l’ampleur des dégâts dépendent du moment où les ils ont souvent recours aux évènements historiques aléas interviennent.. La vulnérabilité de la production et socioéconomiques de leur milieu pour situer les agricole s’explique par le fait qu’il s’agit d’une agri- périodes où les mutations ont commencé (Boko, culture pluviale où le calendrier agricole est toujours 1988 ; Afouda, 1990 ; Ogouwalé, 2006 ; Yabi et calqué sur le climat normal (moyen). Les acteurs Afouda, 2007). peinent encore à intégrer les instabilités climatiques dans la planification des activités culturales. Les mesures adaptatives mises en œuvre par les producteurs sont relatives aux semis multiples, Les producteurs considèrent que la réduction à l’utilisation de la main-d’œuvre salariée, l’utilisation des superficies emblavées, la chute de rendements

YABI Ibouraïma : Perceptions paysannes des facteurs de risques climatiques sur la production de l’ananas... 94 d’engrais chimiques, l’augmentation des superficies quoique leur marge de manœuvre soit limitée. culturales et aux traitements phytosanitaires. La C’est la preuve que les producteurs d’ananas sont marge de manœuvre des producteurs d’ananas capables d’imagination et d’initiatives fondées sur semble être plus réduite par rapport aux mesures les connaissances empiriques ou sur les innovations adaptatives. En effet, les producteurs d’autres technologiques. spéculations (maïs, riz, arachide, manioc) adoptent Le développement de la production de l’ananas des stratégies supplémentaires comme le choix de ne peut être une réalité si les facteurs de risques variétés culturales à cycle plus court (Ouédraogo, climatiques ne sont bien appréhendés et prises en 2010, Agossou et al., 2012 ; Amani, 2012 ; Yabi et compte. Les futurs programme et projets de promo- al., 2012, etc.). Selon les investigations, les variétés tion de cette culture devront donc intégrer ce facteur. d’ananas à cycle végétatif plus court seraient plus Les différentes perceptions méritent d’être vérifiées adaptées au nouveau contexte climatique, mais elles et la pertinence des mesures d’adaptation devra ne sont pas encore disponibles. être évaluée par des investigations scientifiques. Les résultats préliminaires sur les différentes Dans ce cadre, une démarche synergique est donc perceptions des producteurs d’ananas imposent de nécessaire entre plusieurs spécialistes (agronomes, nouveaux défis pour la recherche agro-climatologi- climatologues, sociologues, économistes, etc.) afin de que appliquée à la culture de l’ananas au Bénin. En produire des connaissances scientifiques qui tiennent effet, ces perceptions méritent d’être approfondies compte des savoirs empiriques en vue d’accompagner par les études portant sur les différents paramètres le développement de production de l’ananas dans la climatiques cités par les producteurs (pluie, tempéra- commune de Toffo et ailleurs au Bénin. ture, vent, harmattan) à des échelles temporelles plus fines (décadaire, mensuelle et saisonnière). De telles RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES analyses permettront de mieux décanter les parts de subjectivité et d’objectivité afin de mieux peaufiner Afouda F. (1990) : L’eau et les cultures dans le Bénin central et septentrional : étude de la variabilité des bilans de les mesures adaptatives pertinentes. Par ailleurs, la l’eau dans leurs relations avec le milieu rural de la mise au point des variétés d’ananas plus adaptées savane africaine. Thèse de Doctorat nouveau régime, aux conditions climatiques difficiles devient un enjeu Paris IV Sorbonne, 520 p. scientifique préoccupant dans un contexte où l’agri- Agossou D. S. M., Tossou C. R., Vissoh V. P. et Agbossou culture est essentiellement pluviale et où les chan- K.E. (2012) : Perception des perturbations climatiques, gements climatiques se pointent à l’horizon (IPCC, savoirs locaux et stratégies d’adaptation des producteurs 2007). En outre, la fabrication d’engrais organiques et agricoles béninois. African Crop Science Journal, Vol. les techniques intégrées de lutte contre les insectes 20, Issue Supplement s2, pp. 565-588. (utilisation de matières biologiques) constituent des Amani Y. C. (2012) : Production agricole et changement chantiers pour la recherche appliquée. climatique: vers une tragédie des comportements paysans à Tiassalé ? European Scientific Journal, vol. CONCLUSION 8, No.16, pp. 227-244. Boko M. (1988) : Climat et communautés rurales du Bénin Ce travail permet de mieux appréhender les : Rythmes climatiques et rythme de développement. perceptions paysannes par rapport aux variabilités Thèse d’Etat ès lettre, Dijon, 607p. climatiques et leurs effets sur la production d’ananas Brou Y. T., Akindès F. et Bigot S. (2005) : La variabilité dans la commune de Toffo. Sur les neuf épisodes climatique en Côte d’Ivoire : entre perceptions sociales climatiques retenus, la rupture des pluies, les et réponses agricoles. Cahiers Agricultures, vol. 14, n° inondations, les pluies violentes, la fin précoce 6, pp. 533-540. des pluies et l’insuffisance des pluies sont les CIRAD, GRET (2002) : Mémento de l’agronome. Ministère plus redoutables à cause des dégâts engendrés. des Affaires Etrangères, Paris, 1691 p. D’après les producteurs, ces épisodes portent à Guibert H., Allé U. C., Dimon R. O., Dèdèhouanou H., divers degrés des préjudices sur la quantité et la Vissoh P. V., Vodouhé S. D., Tossou R. C., Agbossou qualité des productions. En réponse, des mesures E. K (2010) : Correspondances entre savoirs locaux adaptatives sont mises en œuvre par les paysans et scientifiques : perceptions des changements clima- tiques et adaptations, étude en région cotonnière du

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