Retour au menu 219 H ÉVÉA n Indonésie El’hévéaculture Historique a connu un important des innovations développement par les agroforêts techniques à hévéa, puis par les projets en hévéaculture en monoculture à partir et dynamiques des années 70. Les années 90 paysannes sont caractérisées en Indonésie par l’acceptation des pratiques agroforestières Penot E. et des recherches CIRAD-TERA, BP 5035, 34032 Montpellier Cedex 1, France sur les systèmes agroforestiers à base de clones qui pourraient ’hévéa a été initialement introduit en introduites en Indonésie qui ont eu un tel favoriser Asie du Sud-Est pour développer une effet économique sur la situation des pay- L activité économique dans les colonies sans que l’hévéa ». anglaises et néerlandaises sur un produit Une dynamique constante de plantation une adoption dont la demande industrielle est très forte. a été lancée et elle ne s’est pas encore arrê- A l’origine, les plantations établies à partir tée à ce jour. Une dynamique d’innovations à large échelle de matériel végétal non sélectionné concer- techniques a accompagné ce développe- ne les estates ou grandes plantations. Mais ment de l’hévéaculture. des clones. très vite, les paysans locaux vont voir dans l’hévéa une opportunité de culture très intéressante, s’intégrant bien dans les sys- Origine du matériel tèmes traditionnels basés sur l’agriculture végétal introduit en Asie itinérante. Le jungle rubber a eu un déve- du Sud-Est loppement gigantesque pour finalement supplanter en surface le secteur des estates En 1855, Thomas Hancock (Dijkman, 1951) dès le milieu des années 30. est le premier à suggérer la possibilité de Comme le rappelle déjà Van Gelder en planter de l’hévéa en Orient afin de diversi- 1950 « il n’y a pas eu d’autres cultures fier les sources de production essentielle-

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ment basées sur l’extractivisme dans les Finalement, 99 % des plantations en Asie Le développement forêts amazoniennes réalisé par les serin- du Sud-Est et en Afrique proviennent direc- des jungle rubber gueiros, collecteurs du caoutchouc qui for- tement des 22 plants asiatiques survivants ment une paysannerie très pauvre et introduits à partir de la collection Wick- En 1902, la première plantation industriel- exploitée. ham. La plupart des clones sélectionnés le en Indonésie est établie à Sumatra Nord, Il s’agit pour les anglais, à l’époque actuels proviennent de cette population et en 1904 à Java (Bogor). En raison du maîtres du commerce international, d’une génétiquement réduite mais suffisante développement de l’automobile, le prix du part de sécuriser sur le plan stratégique les pour générer un peuplement relativement caoutchouc est alors si attractif qu’entre sources de production de caoutchouc et, important et diversifié. Une quarantaine de 1909 et 1912 (Van Gelder, 1950) les plan- d’autre part, de permettre un développe- clones sont actuellement utilisés à large tations se multiplient en Indonésie, ment économique par des plantations en échelle dans les plantations. et l’hévéa devient la deuxième culture Asie du Sud et du Sud Est, à l’époque terri- C’est exclusivement le secteur capitaliste en superficie derrière la canne à sucre3 toires coloniaux. Plusieurs tentatives des grandes plantations, soutenues par (figure 1). Globalement, le prix attractif du d’envoi de graines et de transplantation de quelques grosses sociétés nationales, qui a caoutchouc se maintient jusqu’en 1922. plants en Asie échouent dans la seconde contribué à l’introduction, puis au dévelop- L’hévéa apparaît alors aussi comme une moitié du XIXe siècle. En Indonésie, des pement de l’hévéaculture pendant les 20 opportunité de culture très intéressante envois sont réalisés en 1891, 1896, 1898 premières années en Indonésie. On retrou- pour les petits planteurs locaux, car la (via Paris), 1913 (collection Cramer) et vera une situation identique au Vietnam, au plante s’insère bien dans les systèmes de 1915, mais aucun des arbres ne fut multi- Cambodge et au . plié en raison de leurs rendements très En Thaïlande, en revanche, il n’y a pas 2 Les efforts entrepris par le secteur privé (Ford entre faibles (Wysherley, 1968). de secteur « grandes plantations » et autres) dans les années 20 à 40 pour l’établissement de En 1876, Henry Wickham, aventurier l’expansion de l’hévéa a été le fait des grandes plantations au Brésil se sont soldées par des anglais installé au Brésil, affrète un navire petits planteurs uniquement, avec un déca- échecs cuisants. Les centres de recherche brésiliens ont produit des clones plus ou moins tolérants, à potentiel de pour ramener 70 000 graines en Angleterre, lage dans le temps. production limité (1 000-1 500 kg/ha/an) qui autorisent un qui seront immédiatement mises à germer Durant la même période, la présence développement limité de l’hévéaculture en zone de en pépinière. L’année suivante, 2 397 plants d’une maladie des feuilles liée à un cham- Microcyclus. Il existe également des zones « escapes » survivants de la collection Wickham, dont pignon, le Microcyclus ulei, a empêché sans Microcyclus. 3,4 % seulement des graines ont germé, tout développement de l’hévéa en grande 3 En 1905, les plantations industrielles couvrent une sont envoyés de Kew (Royaume-Uni) en plantation en Amérique du Sud car il superficie de 1 338 ha, puis 104 413 ha cinq ans plus tard, montrant ainsi le formidable développement de l’hévéa Asie (Sri Lanka, Malaisie), parmi lesquels n’existe pas de moyen de lutte pour les soutenu par une très forte demande. Jusqu’en 1913 cette 2 18 arriveront au jardin botanique de Bogor plantations adultes . Le développement de superficie va doubler (200 278 ha), mais il faudra (Indonésie) le 16 octobre 1876. En 1898, plantations en Afrique de l’Ouest (Liberia, 12 années supplémentaires pour doubler à nouveau les ces plants arrivent à maturité et produisent Côte d’Ivoire) et centrale (Nigeria, Came- superficies (415 167 ha en 1925), puis une nouvelle des graines qui sont replantées, données roun) a commencé dans les années 50. accélération avec plus de un million d’hectares, en 1928. La superficie des petits planteurs dépasse celle des estates gratuitement ou vendues. Il semblerait que L’Asie du Sud-Est concentrait l’essentiel de dès 1935. En 1997, la superficie totale cultivée en hévéa seuls deux d’entre eux aient survécu (Fer- la production hévéicole, ce qui est encore atteint 3,5 millions d’hectares (DGE, 1996), dont 84 % pour rand, 1944), et soient à l’origine de planta- vrai aujourd’hui. les petits planteurs. tions dans les environs de Bogor, sur l’île de Java, mais pas de celles situées à Suma- tra et Kalimantan. Les plantations indonésiennes de Su- matra et Kalimantan sont essentielle- ment issues de plants venus de Malaisie en 500 18821 (33 plants de la collection Wickham de Penang) et reçus dans la province de 400 Sumatra Nord où se situe originellement le « Rubber Estate Belt ». Les relations impor- tantes entre Sumatra, Singapour et la 300 Malaisie, dont les écosystèmes sont simi- Areas laires, ont également permis une introduc- 200 tion rapide de ces hévéas dans le reste de l’Indonésie coloniale. De même pour Kali- 100 mantan où les relations commerciales Superficies / (marchands chinois) et les migrations 1914 spontanées sont déjà anciennes. 0 1910 1905 1900 Indochine Inde Bornéo Sri Lanka Indonésie Malaisie Indochina India Borneo Sri Lanka Indonesia Malaysia 1 En 1891, les Hollandais reçoivent de plusieurs sources du matériel d’origine incertaine, puis un nouvel envoi a lieu du Brésil en 1896, via Paris (1898). Mais ces plants ne Figure 1. Développement des plantations d’hévéa en Asie du Sud-Est (en milliers d’hectares). seront ni multipliés, ni plantés. Rubber plantation development in Southeast Asia (in thousands of hectares).

Plantations, recherche, développement Juillet - Août 1999 Retour au menu 221 H ÉVÉA production sans modification profonde, Le même système de jungle rubber a du moins au début, des systèmes de donc été développé par les populations culture basés sur l’agriculture itinérante malayu et minangkabau, respectivement à (Dove, 1993). Jambi et Sumatra Ouest, puis par les En effet, l’adoption de l’hévéa s’est faite dayaks à Kalimantan. Un front pionnier par le biais de systèmes agroforestiers, les continu s’est développé et est toujours actif jungle rubber où l’hévéa est laissé en aux marges des bassins traditionnels de concurrence avec la repousse de la forêt développement de l’hévéa que sont les secondaire. L’exploitation des arbres et la grandes plaines autour des principaux saignée débutent 10 à 15 années après la fleuves. plantation. Parallèlement, la forêt secon- Les grandes plantations ont créé l’inno- daire a permis la repousse d’un certain vation : une nouvelle culture, l’hévéa, et un nombre d’espèces économiquement utiles : nouveau produit, le caoutchouc. Sa diffu- les fruitiers locaux — durian (Durio zibe- sion a été rapide en raison de la simplicité thinus), ramboutan (Nephelium lappa- de mise en culture et de la grande disponi- ceum), duku (Lansium domesticum), jac- bilité de matériel végétal non sélectionné, quier (Artocarpus heterophyllus)...—, les les graines ramassées dans les plantations arbres à bois de valeur, le rotin et tous les ayant un coût nul. produits non-ligneux traditionnellement Les facteurs déterminants de cette forte récoltés dans les forêts par les planteurs, expansion du secteur des petits planteurs, en particulier par les dayaks de Kaliman- relativement commune dans les zones de tan. L’agroforêt à hévéa a donc été implan- tropiques humides, sont ceux d’un front tée sans intrants, quasiment sans travail pionnier en constante évolution. Trois (pas d’entretien pendant la période imma- conditions majeures interviennent dans la ture), sans coût et surtout sans risques. Sa constitution d’un front pionnier : des terres productivité est comparable à celle des vierges en quantité illimitée (donc sans plantations en monoculture de l’époque prix), un réservoir de main-d’œuvre per- utilisant du matériel végétal non sélection- mettant l’immigration (Java) et une né (les seedlings) avec des rendements « opportunité de culture », l’hévéa, soute- compris entre 350 et 500 kilos/ha/an de nue par un marché sûr et fiable. On peut y Photos 1 et 2. caoutchouc sec. ajouter un quatrième : le facteur « rente- Pisifera élagués, station de La Mé, 1998. Pruned pisiferas, La Mé station, 1998. L‘hévéa a été introduit en 1909 à Kali- forêt » (Ruf, 1987) qui permet l’établisse- mantan Ouest par les colons hollandais ment d’une culture pérenne au meilleur (Uljee, 1925 cité par King, 1988), puis dans coût et dans les meilleures conditions. les années 20 par les missionnaires catho- Le gouvernement colonial n’a pas réa- liques à partir de l’Etat du Sarawak (partie lisé l’importance de cette dynamique des nord et malaise de l’île de Bornéo)4. En petits planteurs jusqu’à ce que les planta- revanche, l’introduction de seedlings tions paysannes entrent en production d’hévéa au Sarawak a eu lieu plus tôt, en et que le caoutchouc commence à inonder 1883, par Cantley, le directeur du jardin le marché. botanique de Singapour, pour satisfaire l’intérêt du « Rajah blanc », Sir Brooke, pour cette nouvelle culture (Coates, 1987). Les politiques agricoles Les plantations de Kalimantan proviennent en Indonésie principalement des graines de Malaisie, et leur influence sur elles aussi issues de la collection Wickham, la filière du caoutchouc introduites via le Sarawak par les mission- naires pour les petits planteurs. A Sumatra, Les effets de la politique anglaise les graines d’hévéa viennent de Bogor et de de contingentement Penang. Les sociétés de plantations se sont de la production initialement développées à Sumatra Nord, dans l’entre-deux-guerres le berceau historique de l’hévéaculture de En 1922 le prix du caoutchouc chute après grandes plantations en Indonésie. Le déve- une période de très hauts prix du fait des loppement de l’hévéaculture dans les pro- productions des premières plantations. Le vinces de Jambi et de Sumatra Sud est le gouvernement britannique vote le « Rubber fait des petits planteurs. Restriction Enactment », ou Plan Steven- son : une tentative de limitation de la pro- duction pour maintenir des cours raison- nables qui ne touchent en fait directement que les estates (plantations industrielles) dans les colonies britanniques. L’une des

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conséquences importantes indirectes du Malaisie britannique (Thaïlande, Indoné- et avant la Seconde Guerre mondiale leur Plan Stevenson est de favoriser le dévelop- sie, Cambodge et Vietnam). production annuelle est de 400 000 à pement des petites plantations paysannes 500 000 t5. En 1997, la superficie est de qui ne sont pas contrôlées ni visées par le La politique hévéicole 3,5 millions d’hectares et la production de plan, en particulier en dehors de la zone de gouvernementale indonésienne 1,6 million de tonnes. Jusqu’à cette date production anglaise. Les petits planteurs Les politiques de ce secteur durant la l’Indonésie est le second pays producteur apparaissent pour les estates comme des période 1920-1950 en Indonésie sont para- de caoutchouc derrière la Thaïlande et concurrents qui tentent de leur appliquer doxales : d’un côté, les petits producteurs ce produit reste la seconde exportation non un quota d’exportation limité. apparaissent comme concurrents d’une pétrolière du pays après les produits du En réalité, les estimations des produc- industrie coloniale, de l’autre, le courant bois. tions et surfaces des petits planteurs sem- dit « humaniste », à connotation plutôt Les prix sont sujets à de grandes fluctua- blent avoir été sérieusement sous-estimées anti-coloniale, implique le gouvernement tions, mais la production et les surfaces à cette époque (Bauer, 1948). La dyna- dans la distribution de plants ou d’intrants plantées augmentent inexorablement mique de plantation paysanne ne semble aux planteurs à travers des actions très depuis l’introduction de l’hévéa en Asie aucunement affectée par les restrictions de localisées et à petite échelle (Gouyon, (figure 2). production du plan. Les prix vont ensuite 1995). Dove (1983) a développé une hypo- remonter, exprimant une très forte deman- thèse séduisante sur la « politique de L’apparition du caoutchouc de due à la croissance du secteur automo- l’ignorance » où finalement un pan entier synthétique pendant bile et des transports. de l’économie hévéicole — le secteur des la Seconde Guerre mondiale Mais, dans le même temps, les planta- petits planteurs — est laissé à lui-même et La Seconde Guerre mondiale coupe l’Euro- tions paysannes se développent rapidement se développe sans aucune aide extérieure, pe et les Etats-Unis de leurs approvisionne- en Asie du Sud-Est ainsi que d’autres plan- en particulier gouvernementale. ments en Asie, ce qui contribue à dévelop- tations industrielles qui sont établies en Les actions des gouvernements, tant colo- per l’industrie du caoutchouc synthétique. Asie du Sud (Inde, Sri Lanka), en Indochi- niaux qu’après l’Indépendance, effective en De par son utilisation dans les transports, ne et en Afrique au Liberia (Firestone). Le 1949, sont alors extrêmement limités et et en particulier pour l’aviation qui devient Plan Stevenson est considéré comme ineffi- non significatifs jusqu’au début des années la nouvelle « force de frappe » des belligé- cace et est finalement abandonné en 1928. 70. rants, le caoutchouc devient un produit Il aura toutefois réussi à assurer indirecte- En 1925, le caoutchouc représente le hautement stratégique. Les Etats-Unis ten- ment la multiplication des petites planta- tiers des exportations indonésiennes. En tent de remédier à la pénurie de caout- tions et à favoriser le développement de 1936, la superficie des plantations d’hévéa chouc par le développement de plantations l’hévéaculture dans les pays voisins de la en Indonésie est de 1 357 427 hectares, de guayule6 au Mexique et dans les Etats du

6 Le guayule est une plante à latex, Parthenium 8 Durant les années 50, puis 60, ces deux pays ont subi une argentatum, qui pousse en climat aride ou de type 5 En 1940, on compte 642 803 ha pour le secteur des estates importante guérilla de type communiste (où la diaspora sahélien. et 714 624 ha pour le secteur des petits planteurs (53 %). chinoise a joué un rôle non négligeable, surtout en En considérant une force de travail de 0,7 homme/ha dans 7 Le caoutchouc naturel possède des caractéristiques Malaisie). Il était donc primordial pour ces Etats d’avoir les estates, et 0,5 homme/ha pour les petits planteurs, plus technologiques de résistance à l’échauffement que n’a pas une politique de développement qui permette une de un million de personnes travaillent dans les plantations son homologue synthétique. Par conséquent le marché des augmentation importante des revenus pour déconnecter d’hévéa. Si chaque travailleur nourrit une famille de cinq pneumatiques, qui nécessite des caoutchoucs résistants à les populations locales des guérillas. personnes, plus de cinq millions de personnes dépendent la chaleur et aux chocs, absorbe près de 70 % de la 9 Projet ORRAF (Office of the Rubber Replanting Aid alors directement de la culture de l’hévéa. On considère production. Le développement continu des transports Fund) en Thaïlande, RISDA (Rubber Industries que la filière fait vivre plus de 10 millions de personnes en depuis les années 50 a donc permis une demande soutenue Smallholder Development Authority), FELDA (Federal 1995. et continue. Land Development Authority) et FELCRA (Federal Land Rehabilitation Authority) en Malaisie. 10 Une exception notable, cependant, avec le problème de la guerre larvée entre la Malaisie et l’Indonésie, la 6 000 « Konfrontasi », entre 1963 et 1966, dont la majorité des combats a eu lieu dans la province de Kalimantan Ouest. 5 000 Cette situation a abouti au départ forcé de tous les indonésiens d’origine chinoise de l’intérieur des terres vers 4 000 la côte. Elle n’a cependant pas créé de tensions sociales entre ethnies puisque les malais (et maintenant les 3 000 chinois) sont sur la côte, et les dayaks, habitants originels de l’ile, sont dans l’intérieur des terres. 2 000 Production 11 Cette taxe est de 1,25 % sur le prix export en supplément 1 000 d’une taxe générale de 5 %, dont 60 % seulement vont au fonds de replantation. En 1953, une association (yayasan 0 karet rakyat) est créée pour coordonner la gestion des 1900 1920 1940 1960 1980 2000 fonds. Cette fondation fonctionne sur une base de prêt remboursable dans les trois premières années (pour une Année / Year superficie minimale de 3 ha) et ce fonds ne permet de replanter que 6 000 ha. Il est donc anecdoctique par rapport aux besoins, qui s’élévent à plus de 2 millions Figure 2. Production de caoutchouc naturel de 1967 à 1995 (en milliers de tonnes). d’hectares, et son utilisation a été douteuse (nombreuses production from 1967 to 1995 (in thousands of tonnes) fraudes et corruption).

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Sud (plus de 40 000 hectares seront plantés L’après-guerre : priorité cependant sur une guérilla. La période à partir de 1942). Mais cet effort restera à l’auto-suffisance alimentaire 1945-1949 est celle d’une guerre limitée vain devant les immenses besoins indus- Il est important de noter que l’après-guerre pour l’indépendance. Puis la période 1949- triels. en Indonésie, tant pendant la période 1965, la « période Sukarno », est celle d’une Cette nouvelle industrie reste la princi- Sukarno (1949-1966) que pendant la pre- lente décomposition de l‘économie indoné- pale menace pour le caoutchouc naturel mière partie de la période Suharto (1965- sienne. En effet, en 1965 plus de 50 % de la après la fin de la guerre, et plusieurs 1970), ne voit pas de grande politique de population est en dessous du seuil de pau- années sont nécessaires pour relancer la développement national de réhabilitation vreté et l’isolement de l’Indonésie, voulu production de caoutchouc naturel. La pro- ou de replantation de l’hévéa en Indonésie, par Sukarno, a asséché l’apport net de capi- duction des estates rattrape son niveau comme cela est le cas en Malaisie et en taux des pays de l’Ouest, nécessaire à toute d’avant-guerre en 1952-1954. La production Thaïlande. En effet, pour des raisons de expansion industrielle et économique. paysanne indonésienne va alors connaître politique interne8, ces deux pays ont proté- Les actions du gouvernement indonésien un formidable élan du fait d’une demande gé les droits fonciers des planteurs et four- sur la filière durant les années 50 sont la structurelle soutenue7. Dans le même ni une assistance technique à une très mise en place d’un fonds de replantation à temps, des crises conjoncturelles amènent grande échelle, en particulier par la fourni- base para-fiscale11, fondé en 1948 mais des fluctuations de prix souvent impor- ture de matériel végétal clonal. effectif en 1951, et la création d’un dépar- tantes qui n’auront visiblement pas La Malaisie et la Thaïlande ont lancé des tement des plantations paysannes pour la d’influence sur le rythme des plantations projets nationaux de replantation9 quasi vulgarisation en 1953 (Jawatan Karet sur le long terme. totale des jungle rubber initiaux en mono- Rayat) qui remplace le bureau du caout- culture clonale (avec plus de 80 % des plan- chouc (Kantor Karet), créé en 1950 avec tations villageoises). Rien de tout cela en des moyens dérisoires12. Indonésie puisque aucune guérilla ne vient L’échec d’une telle politique a semble-t- 12 Un cadre pour 5 000 planteurs soit 570 employés, dont menacer l’équilibre social local10, à l’excep- il marqué durablement les esprits (Gouyon, 170 de terrain, pour 800 000 exploitations. Le budget pour le matériel est de 3 à 6 roupies, soit 2 plants greffés, par tion d’un tentative de guerre avec la Malai- 1995) et ce type de pratique, utilisant une planteur (Gouyon, 1995). sie (la Konfrontasi) qui ne débouche pas taxe à l’exportation, a été pratiquement

Tableau 1. Relations historiques entre l’Etat indonésien et les petits planteurs. Historical relations between the Indonesian government and smallholders.

Date Action GOI / GOI intervention Résultats / Results 1870 Agrarian Act : les jachères sont considérées comme terre d’Etat Augmentation des plantations pérennes : l’arbre donne un droit Fallow is considered as state-owned land d’usufruit sur le long terme / Increase in tree crop planting: trees give long-term land ownership rights

1910-1943 Le GOI décide de limiter la collecte de latex par extractivisme Augmentation très rapide et soutenue des plantations d’hévéa : (gutta percha) par les petits planteurs pour protéger les grandes d’abord des grandes plantations, puis, très vite, des plantations plantations / The GOI decides to limit latex collection by extraction paysannes / Very rapid, rubber plantation expansion: firstly estates, (gutta percha) by smallholders to safeguard estates then, very rapidly, smallholdings

1935-1944 Le GOI taxe les exportations de caoutchouc des petits planteurs Augmentation de la production pour compenser le surcoût The GOI taxes smallholder rubber exports. Increase in production to compensate for increased cost.

1951-1983 Pas d’actions significatives sur les petits planteurs. Aide aux grandes Passage des petites plantations de 64 à 84 % plantations par le secteur de la recherche Smallholdings increase from 64 to 84%. No significant intervention in the smallholder sector. The research sector supports estates

1980-1990 Promotion des projets de développement NES (pour les Les producteurs essaient de limiter leur perte d’autonomie transmigrants), puis des projets SRDP et TCSDP pour les paysans dans ces projets, en particulier les NES / Smallholders try to limit locaux / Promotion of NES projects (for transmigrants) and their loss of autonomy in projects, in particular for NES SRDP/TCSDP projects for local smallholders

1990-1998 Le GOI promeut les cultures à marché plus restrictif : orange, café, Les producteurs abandonnent les cultures dont les prix baissent girofle / The GOI promotes crops with a more limited market: trop (girofles, oranges...) / Producers abandon crops oranges, coffee, cloves for which prices are too low (cloves, oranges, etc)

1998 Le directorat des plantations passe sous contrôle du ministère Expérimentation en milieu paysan des techniques RAS. de la forêt. Reconnaissance implicite des agroforêts comme système Développement des approches partielles / Trials of RAS techniques de culture viable / The Directorate of Estates is transferred in the smallholder sector. Development of partial approaches to Ministry of Forestry control. Implicit recognition of agroforests as a viable cropping system

Sources : Barlow (1996) et Penot (com. pers.). GOI : Government of Indonesia (Gouvernement indonésien) NES : Nucleus Estate Scheme (Modèle de développement pour petits planteurs autour d’une grande plantation) RAS : Rubber Agroforestry Systems (Systèmes agroforestiers à base d’hévéa) SRDP : Smallholder Rubber Development Project (Projet de développement hévéicole pour petits planteurs) TCSDP : Tree Crop Smallholder Development Project (Projet de développement de petits planteurs de cultures pérennes)

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banni des actions envisageables en Indoné- loppées progressivement entre les années peut être considérée une innovation sie. La dernière expérience en date, locali- 40 et les années 70, sont les suivantes : endogène. sée sur la province de Kalimantan Ouest en • utilisation des graines clonales, par rap- On a également constaté que, à partir des 1993, par le projet PKR-GK, lancé par le port aux graines traditionnelles non années 80, parmi les planteurs ayant eu GAPKINDO (association des professionnels sélectionnées, en fonction du développe- accès par le biais de projets à la technique du caoutchouc) et réalisée par le DISBUN ment des plantations clonales à partir de la monoculture, certains ont réintro- (service de vulgarisation des plantations), des années 30 (en particulier les graines duit les arbres associés — entre 150 et a été un échec cuisant. de GT 1, le clone le plus répandu dans 300 arbres à bois et à fruits par hectare, Finalement, c’est la politique de crédit les plantations privées ou gouverne- comme dans le village de Sanjan à Kaliman- total qui sera utilisée dans les projets des mentales). Les rendements passent de tan Ouest (Schueller et al., 1997) — années 80, financés par la Banque mondia- 300-350 kg/ha/an à 500 kg/ha/an ; recréant ainsi, à terme, des agroforêts com- le ou l’Asian Development Bank. • plantation de semenceaux (plants de plexes. L’innovation n’est donc pas le Depuis 1966, la priorité a clairement été 12 ou 18 mois non racinés) et de jeunes propre des planteurs de jungle rubber mais centrée sur l’autosuffisance alimentaire. plants issus de repousses en agroforêt aussi celui des planteurs en projet, en parti- On peut estimer que la révolution verte en pour limiter les pertes et optimiser le culier pour les projets SRDP (Smallholder Indonésie a été un succès. Elle a cependant nombre de plants à l’hectare ; Rubber Development Project) et TCSDP concentré tous les moyens sur la riziculture • plantation en ligne avec des densités (Tree Crop Smallholder Development Pro- irriguée jusqu’en 1984. de plantation comprises entre 500 et ject) avec les planteurs locaux, en nombre Le tableau 1 résume les actions du gou- 1 000 arbres/ha pour optimiser la col- limité cependant. En effet on n’observe pas vernement indonésien sur la filière hévéa lecte du latex, à partir du début des cette tendance avec les paysans javanais en et les réactions des planteurs. années 70. Au fur et à mesure que la transmigration (Nucleus Estate Scheme, plantation se fait en lignes et avec des NES) (Chambon, comm. pers.). semenceaux et non plus des graines, le Les stratégies paysannes différenciées L’optimisation du jungle nombre de plants par hectare diminue peuvent s’expliquer par l’hypothèse sui- rubber : les limites également pour atteindre des densités vante : de l’innovation endogène de 500 et 750 arbres/ha ; • les populations locales sont plus enclines • passage à un nettoyage partiel par an en aux techniques agroforestières ; Les jungle rubber ou « forêts à hévéa » période immature pour éliminer une par- • les populations javanaises qui ont trans- (traduction littérale de l’indonésien Hutan tie de la compétition forestière, afin de migré sont plus enclines à l’intensifica- Karet) sont des systèmes agroforestiers limiter la durée de cette période imma- tion et à la monoculture. complexes (De Foresta, 1992b) où l’hévéa ture, et sélection améliorée des arbres Il n’est pas assuré que cette hypothèse constitue la principale source de revenu. économiquement intéressants, à partir soit vérifiée. Dans tous les cas, les pra- Une agroforêt complexe est une plantation de 1970-1980 par la coupe partielle des tiques agroforestières ont été adoptées par d’espèces multiples (par exemple, hévéa, espèces non productives ; des populations aussi différentes que géo- fruitiers, arbres à bois, rotin, palmiers...) • développement des cultures intercalaires graphiquement éloignées, à partir du de type multistrate, possédant un faciès et pendant les 2 ou 3 premières années moment où ces pratiques permettaient une un comportement écologique proche de pour mieux valoriser le travail de la implantation de systèmes culturaux de type celui de la forêt secondaire. Une agroforêt période immature, obtenir une produc- pérenne à moindre risque et avec moins est généralement constituée par une espè- tion vivrière pour l’autoconsommation ou d’intrants et de travail. ce principale (hévéa, damar ou Shorea valoriser un foncier limité. De plus, une La « production d’innovations techniques javanica, tengkawang ou Illipe-nut...). conséquence indirecte intéressante des endogènes » par les populations locales La durée de vie de l’agroforêt à hévéa est cultures intercalaires est la bonne crois- dans les jungle rubber a atteint un point de 30 à 40 ans. Les autres arbres associés sance des hévéas. Enfin, les cultures optimal dans les années 80. A partir de sont essentiellement des espèces à fruits et intercalaires permettent de limiter les cette date, une introduction d’innovations à bois, et le rotin. L’établissement des cultures sur brûlis et le travail tradition- exogènes est devenue nécessaire pour obte- jungle rubber a pu progressivement s’inté- nellement investi dans la défriche. Cette nir une meilleure productivité (rendement grer dans des systèmes traditionnels fondés technique est peut-être très ancienne, et productivité du travail), plus compéti- sur la collecte, l’agroforêt ou l’agriculture iti- mais son développement n’est visible que tive, en particulier face aux nouvelles nérante (riz pluvial sur brûlis) sans pertur- depuis la fin des années 80 ; cultures telles que le palmier à huile. ber brutalement les systèmes de production. • utilisation du glyphosate (Roundup), Ces innovations exogènes sont issues du L’origine de l’agroforêt à hévéa est un herbicide très efficace contre Imperata système technique de type « monoculture » enrichissement d’une jachère arborée en cyclindrica, la première année et, quel- et concernent : hévéa. A travers un processus d’optimisa- quefois, parcimonieusement le long des • l’emploi de matériel végétal amélioré, les tion du système par une série d’innovations lignes d’hévéas, pour limiter cette clones, avec un potentiel de production endogènes, la jachère améliorée a donné adventice et réduire la durée de la pério- triple de celui du matériel local utilisé naissance à un véritable système de culture de immature, depuis le début des en jungle rubber, et aussi l’emploi de fondé principalement sur l’hévéa. Un cer- années 90. Si l’innovation technique en matériel végétal à potentiel de croissan- tain nombre d’innovations techniques ont elle-même est exogène, son utilisation ce forte, sélectionné en pépinière pour permis de mieux valoriser la composante spontanée, hors projet, sur une large sa vigueur ; hévéa de l’agroforêt. Ces innovations, déve- échelle, sans information technique • l’usage de fertilisants pendant les trois préalable des services de vulgarisation, premières années pour favoriser la crois-

Plantations, recherche, développement Juillet - Août 1999 Retour au menu 225 H ÉVÉA

sance et réduire la période immature à d’investissement. De plus, elle nécessite tion des plantations) sur fonds provinciaux cinq ou six ans selon les clones — au une information technique préalable. ou nationaux du gouvernement indonésien. lieu de 10 ou 15 ans en jungle rubber —, Historiquement, les principales re- L’ensemble des projets touche 13 % des pay- mais cette durée est essentiellement due cherches techniques menées sur l’hévéa sans. Probablement moins de la moitié de à des problèmes de compétition avec la par les instituts ou les grandes compagnies leurs plantations sont viables ou produc- repousse forestière ; privées l’ont été en vue d’améliorer la pro- trices. On peut parler de succès relatif pour • l’usage d’herbicide (glyphosate) pour ductivité de l’hévéa en monoculture. Avant les projets SRDP/TCSDP — pour les popu- améliorer la productivité du travail et les années 80, peu ou pas de recherches lations locales — et les NES — adaptés l’efficacité des désherbages de façon rai- ont été véritablement orientées sur les pro- aux javanais en transmigration. Les condi- sonnée et régulière, pendant les trois blèmes spécifiques de la production par les tions d’échec ou de succès ont été décrites premières années, sur la ligne de planta- petits planteurs et sur l’agroforesterie, par Gouyon (1995) et Levang (1997). Le tion, en remplacement ou en complé- excepté peut-être au Sri Lanka. tableau 2 propose un historique des projets. ment des désherbages manuels, peu effi- La tendance de l’évolution des systèmes caces contre Imperata cylindrica ; de production observée à Sud Sumatra est • des méthodes de plantation dans les- Introduction des clones l’investissement dans les plantations clo- quelles on utilise des plants en sacs par la monoculture : nales, puis l’arrêt des cultures pluviales de (polybags), avec un étage de végétation les années 70-80 défriche et l’achat, à terme, de la totalité du (trois à quatre mois), et où la plantation riz nécessaire à la famille13. La plus forte a lieu en début de saison des pluies pour Depuis le milieu des années 70, l’Etat a productivité du travail pour l’hévéa, la raré- favoriser au maximum la croissance pen- tenté de développer diverses formes de pro- faction de la terre, la spécialisation en dant les six premiers mois, en particulier jets de développement sectoriel de l’hévéa hévéaculture, et les risques importants des pour les systèmes agroforestiers. avec des formules adaptées pour les popula- cultures annuelles sèches induisent un Dans l’histoire de l’agriculture, l’usage tions locales ou pour celles en transmigra- changement de stratégie à terme. de variétés améliorées occupe une place tion. Tous ces projets s’appuient sur des prépondérante et constitue souvent un paquets technologiques complets (intrants, préalable dans la révolution des tech- crédit, information) strictement fondés sur Introduction des clones niques. La variété améliorée implique la monoculture (hévéa et plantes de couver- dans les systèmes l’adoption d’innovations techniques asso- ture). L’élément essentiel de ce paquet est agroforestiers ciées : la fertilisation, le travail du sol, le clone et toutes les innovations associées l’entretien, les traitements phytosani- consistent à optimiser sa croissance et sa Les Rubber Agroforestry Systems taires... L’amélioration des jungle rubber production. L’identification de systèmes hévéicoles passe par l’adoption de matériel végétal Plus récemment, depuis 1990, certains pro- performants, requérant des niveaux amélioré, les clones, qui génère une jets régionaux en approche partielle moyens de travail et d’intrants, et durables meilleure productivité (du travail et du (P2WK, PKT...), ne fournissant que les sur le plan écologique, est une priorité. sol). Cette innovation reste très contrai- intrants pour la première année, ont pris le Depuis la caractérisation des systèmes de gnante en terme de besoin en capital relais sur des superficies très limitées avec production basés sur les jungle rubber autorisation de cultures intercalaires. Cela (Gouyon, 1995) cette priorité porte sur les a été aussi le cas du projet TCSDP en 1994. possibilités d’améliorer la productivité des 13 Le riz est produit sur les iles de Java et Bali à un coût moindre profitant nettement d’avantages comparatifs pour Ces projets sont généralement réalisés par jungle rubber tout en maintenant leurs le riz irrigué à Java (révolution verte réussie) et l’hévéa à le Dinas Perkebunan (service de vulgarisa- principaux avantages en termes d’environ- Sumatra et Kalimantan. nement, de biodiversité et d’optimisation des facteurs capital et travail. Les Rubber Agroforestry Systems (RAS) sont des Les projets de développement de l’hévéa sont les suivants : ARP (Assisted Replanting pro- gramme) et CGC (Group Coagulating Center) en 1974, regroupés sous le sigle PRPTE (Projet systèmes de culture agroforestiers à base de réhabilitation des cultures d’exportation, ou Proyek Rehabilitasi dan Perluasan tanaman d’hévéa développés par le Smallholder Elspor). Ce projet est basé sur le concept des PMU (Project Management Unit). Ce concept Rubber Agroforestry Project (SRAP) fondé sera repris pour les SRDP (Smallholder Rubber Development Project), puis, à partir de 1979, sur l’introduction des clones améliorés les NES (Nucleus Estate Sheme, ou PIR en indonésien) en transmigration et les SRDP/TCSDP au sein de systèmes à faibles intrants (Tree Crop Smallholder Development Project), les deux principaux projets financés par la (Penot, 1994). Banque mondiale, pour la paysannerie locale. Les principales innovations des RAS En fait, le SRDP 1 (1980-1984), puis le SRDP 2 (1985-1989) seront directement gérés par le pendant la période de croissance, dite DGE (Directorate General of Estates), qui gére aussi les PTP (Perkebunan Tanaman Pemerin- immature, sont les suivantes : tah : plantations gouvernementales). A partir de 1990, le TCSDP sera géré par le DISBUN • l’utilisation de matériel végétal amélio- (Disbun Perkebunan : service de vulgarisation) , qui dépend aussi du DGE. Le TCSDP s’arrête en 1999. ré, les clones, dans un contexte agrofo- En 1975, deux projets précurseurs des PMU, le WSSDP (West Sumatra Smallholder Develop- restier ; ment Project) et le NSSDP (North Sumatra Smallholder Development Project), sont lancés à • la reconstitution d’un système agrofores- Sumatra Ouest et Sumatra Nord. Leur analyse (Dillon, 1985) a servi en partie a établir le tier complexe par l’introduction d’un concept des NES. A la suite de ces deux projets indépendants, il fut décidé de confier les certain nombre d’arbres associés à PMU à deux structures gouvernementales : les PTP pour les NES en transmigration et le DIS- l’hévéa, comprenant des fruitiers et des BUN pour les SRDP/TCSDP. arbres à bois à croissance lente ou rapi- de. Les recherches portent sur les types

Juillet - Août 1999 Plantations, recherche, développement 226 Retour au menu H ÉVÉA

Tableau 2. Historique des projets. / Project history.

Projets 1970 1980 1990 1994 1996 1997-1998 Projets initiaux WSSDP et / and Fin WSSDP et Fin des PIR Initial projects NSSDP NSSDP / End of End of PIR ARP et / and WSSDP and GCC NSSDP PRPTE Fin PRPTE / End PIR of PRPTE Projets banque mondiale NES SRDP (PMU) Fin SRDP / End Fin des NES Fin TCSDP / End World Bank projects of SRDP End of NES of TCSDP TCSDP (PMU) Crise économique / Economic crisis Approche partielle P2WK Partial approach APBD PKR-GK (1993) Projet de recherche Début du SRAP Research project Start of SRAP Projets palmier à huile NES PIR/Privés Oil palm projects PIR/Private entrepreneurs Etudes socio-économiques Etude filière Etude Choix des planteurs Etude des systèmes et enquêtes sur les Sectorial study des systèmes et des sites SRAP de production exploitations agricoles (Barlow de production Choice of SRAP à Kalimantan, Socioeconomic studies and Dillon) à Sumatra Sud growers and sites Jambi et West and farming systems Study of Enquête ASB Sumatra, Projet surveys farming systems ASB survey SRAP / Study of in South farming systems in Sumatra Kalimantan, Jambi (Gouyon) and West Sumatra, SRAP project Projet SRAP Première série : Seconde série Début des essais SRAP project essais d’observation d’essais revus de mise Essais RAS et de mise au point et négociés, en exploitation RAS trials des concepts RAS 1, plus opérationnels des parcelles RAS RAS 2, RAS 3 / First Second set à Kalimantan set: trials for of revised, Start of RAS observation and negotiated, tapping trials development of RAS 1, more operational in Kalimantan RAS 2 and RAS 3 trials concepts

Vision gouvernementale • NES liés aux SRDP pour les Premiers projets du développement projets de paysans locaux : d’approche Government view transmigration projets avec partielle pour of development NES linked to crédit complet les paysans transmigration basé sur la locaux projects monoculture Initial partial • Approche partielle SRDP for approach Partial approach local farmers: projects for (ARP, GCC) projects local farmers • Début des PMU. with total Approche très credit, directive. Echec based on relatif des premiers monoculture projets / Start of PMU. Highly directive approach. Relative failure of first projects

APDB : Local fund partial approach project (Projets de développement locaux) ARP : Assisted Replanting Programme (Programme d’assistance à la replantation) ASB : Alternatives Slash or Burn (Alternatives à l’agriculture itinérante) GAPKINDO : Association indonésienne des professionnels du caoutchouc/Indonesian rubber professionals’ organization GCC : Coagulating Group Centre (Projets autour de « Groupes de coagulation », groupes paysans) NES : Nucleus Estate Scheme (Modèle de développement pour petits planteurs autour d’une grande plantation) NSSDP : North Sumatra Smallholders Development Project (Projet de développement des petits planteurs de Sumatra Nord) P2WK : Pengambangan Prekebunan di Wila yah Khusus (Projets régionaux de développement/Regional development projects) PIR : Proyek Inti Rayat (équivalent à NES/Equivalent of NES) PKR-GK : Proyek Karet Replantasi-GAPKINDO (Projet de replantation hévéicole GAPKINDO/GAPKINDO rubber replanting project) PRPTE : Proyek Rehabilitasi Perkebunan Tanam Expor (Projet de réhabilitation des cultures d’export/Export crop rehabilitation project) SRAP : Smallholder Rubber Agroforestry Project (Projet de recherche sur l’amélioration des agroforêts à hévéa pour les petits planteurs) SRDP : Smallholder Rubber Development Project (Projet de développement hévéicole pour petits planteurs) TCSDP : Tree Crop Smallholder Development Project (Projet de développement de petits planteurs de cultures pérennes) WSSDP : West Sumatra Smallholder Development Project (Projet de développement des petits planteurs de Sumatra Ouest)

Plantations, recherche, développement Juillet - Août 1999 Retour au menu 227 H ÉVÉA

d’arbres et sur les densités de planta- dangereuse. En effet, si la productivité du pas de technique simple ou visuelle de tions optimales pour limiter les phéno- travail peut être facilement augmentée par détection d’un clone ou de garantie clona- mènes de compétition. Ces arbres asso- la diminution de la fréquence de saignée, il le pour un matériel greffé16 ; ciés proviennent soit de la repousse serait logique pour le petit planteur de • les recommandations clonales ne sont naturelle, soit d’une plantation délibé- penser qu’il peut ainsi également augmen- pas fondées sur des expérimentations de rée avec un choix d’espèces et de densi- ter sa production par l’usage immodéré du terrain ; té de plantation ; produit stimulant. Cette hypothèse, pou- • l’information technique est de faible • l’introduction de niveaux minimaux vant aboutir à une destruction rapide des qualité pour la monoculture et quasi d’entretien : désherbages chimiques ou arbres, a empêché jusqu’à ce jour la diffu- nulle pour les autres systèmes ; manuels ou, mieux, combinés ; sion de cette technique. En Indonésie, les • en l’absence d’information précise, les • le recours à une fertilisation raisonnée services officiels considèrent traditionnel- petits planteurs hésitent à investir dans pour favoriser la croissance des hévéas lement que le petit planteur ne peut pas des innovations dont ils ne peuvent esti- pendant les trois premières années gérer correctement cette innovation. mer les risques, et surtout les besoins en (période jugée la plus critique) et main- Ces méthodes de saignée à fréquence termes de facteurs de production ; tenir la production des espèces réduite sont introduites avec succès depuis • le poids de la communauté dans le pro- annuelles en cultures intercalaires ; plusieurs années en Malaisie au FELCRA cessus de décision individuelle n’est pas • enfin, l’emploi d’un certain nombre de (Federal Land Consolidation and Rehabili- négligeable ; techniques de culture qui utilisent des tation Authority) et au RISDA (Rubber • si le capital n’est pas toujours le facteur plantes de couverture et des arbres Industry Smallholders Development Autho- primordial, il rentre en ligne de compte, d’ombrage à croissance rapide pour limi- rity), sous la pression d’un coût d’oppor- en particulier pour les planteurs qui ter la concurrence de Imperata cylin- tunité du travail devenu trop cher14 pour n’ont pas accès aux projets et dont les drica et produire de la pâte à papier. conserver la saignée classique tous les deux plantations sont vieillissantes (cas jours également pratiquée en Indonésie. des dayaks à Kalimantan Ouest). Les Une nouvelle innovation : Le projet SRAP a donc décidé d’introduire, enquêtes menées en 1997 et 1998 ont la saignée à fréquence réduite en 1999, ces techniques de fréquence rédui- clairement montré (Courbet et al., 1997) Cette innovation technique porte sur la te des saignées à Kalimantan, sur un échan- que si l’investissement est possible pour période de production et le mode d’exploi- tillon réduit de 30 planteurs ayant déjà les planteurs ayant déjà eu accès à des tation des clones. participé aux essais RAS. L’objectif est clai- plantations clonales par le biais des pro- Les plantations paysannes, clonales ou rement de montrer la possibilité d’utiliser jets, il reste très limité pour les planteurs en jungle rubber avec du matériel végétal cette méthode avec une bonne information traditionnels, surtout pour les planteurs non sélectionné, sont actuellement sai- technique à des paysans avertis et habitués dayaks. gnées en d/2, soit tous les deux jours. à une expérimentation de type participatif. L’usage d’un produit de stimulation à base Cette innovation s’inscrit dans une stratégie d’Ethrel permet de réduire cette fréquence d’économie du travail au sein des exploita- Conclusion de saignée et donc d’augmenter la produc- tions. On estime que le petit planteur est Les politiques de développement de la filiè- tivité du travail tout en conservant un capable de gérer ce type d’innovation appa- re de l’hévéa ont été soit très fragmen- niveau semblable de production. On remment complexe, voire délicate. taires, soit paradoxales, soit, à partir des obtient par exemple une baisse de 33 % en années 80, plus efficaces en raison de la travail en d/3 et de 50 % en d/4 pour des Les contraintes à l’adoption meilleure qualité des projets et de leur baisses respectives de production de 0 % et des clones mise en œuvre (SRDP/TCSDP, NES), même 10 %, avec du matériel clonal (Eschbach, Le clone reste donc l’innovation majeure, en si leur efficacité peut être jugée relative. comm. pers.). système de monoculture comme en RAS. En effet, il conviendrait de juger de ces Cette innovation technique est fréquente Dans les deux cas, les contraintes de l’adop- actions, non pas seulement sur le plan de la en plantation industrielle. Elle reste peu tion des clones par les planteurs sont mul- technique hévéicole pure, mais plutôt en utilisée par les petits planteurs en Asie du tiples : termes de systèmes d’exploitations. Levang Sud-Est. Les services officiels de vulgarisa- • la productivité du travail est primordiale. (1984) a ainsi montré que le projet NES de tion considèrent cette méthode comme Elle est nulle pendant la période immatu- Batumarta (Sumatra Sud), un projet quali- 14 Le coût de la main-d’œuvre en plantation, que l’on peut considérer comme coût d’opportunité en zone rurale, était re, d’où la nécessité de limiter le travail fié d’échec sur le plan spécifiquement en juillet 1997 (avant la crise) de 1,5 $US/jour en Indonésie pendant cette période non productive ; hévéicole, a en fait induit un certain pour 6-8 $US en Malaisie (et 4 à 6 $US en Thaïlande). En • les projets n’ont pas suffisamment touché nombre d’innovations qui ont été béné- août 1999, il est de 1 $US en Indonésie. les planteurs ; fiques au développement local sur un plan 15 Seules les provinces de Sumatra Nord et Sumatra Sud • le secteur des pépinières privées est enco- plus global. Il est clair que ces projets ont ont un réseau de pépiniéristes privés conséquent (plus de re embryonnaire dans de nombreuses pro- servi de « parcelles de démonstration » à 500 à Sumatra Sud). vinces bien que sa forte expansion soit large échelle pour un grand nombre de pro- 16 La seule technique fiable actuellement utilisée est celle 15 mise au point par le Cirad et qui consiste à vérifier la soutenue par une très forte demande ; ducteurs dans certaines provinces. Ils ont conformité clonale par l’utilisation de l’electrophorèse. • aucun suivi de la qualité et des plants directement, mais aussi indirectement, lar- Malgré une méthodologie applicable avec un laboratoire n’est mis en œuvre tant dans les services gement contribué à la diffusion d’innova- portable, cette technique lourde et relativement onéreuse de vulgarisation que dans le secteur privé. tions externes et ont montré l’intérêt de ne peut être économiquement utilisée que pour la Par conséquent, de nombreux clones ne l’emploi du matériel végétal clonal pour les vérification des jardins à bois de collection ou de premier niveau. Elle n’est pas directement utilisable par le sont pas adaptés, ou tout simplement ne nouvelles plantations. pépinièriste ou le paysan acheteur de plants. sont pas des clones. En effet, il n’existe

Juillet - Août 1999 Plantations, recherche, développement 228 Retour au menu H ÉVÉA

L’exploitation relativement extensive des taines stratégies agroforestières, en parti- c’est-à-dire pour la couverture, à terme, des jungle rubber constitue encore le modèle culier la réintroduction d’arbres associés trois millions d’hectares à replanter avec dominant, avec une stratégie de replanta- en intercalaire. La disponibilité récente et des clones. Depuis le début des années 80, tion centrée sur l’usage des clones, soit en toujours limitée des clones n’a pas permis à malgré une évidente volonté de soutenir un copiant le modèle dominant, la monocultu- un nombre suffisant de planteurs d’expéri- secteur important dégageant des devises, re, soit en l’adaptant, soit via des modèles menter avec assez de recul toutes les on peut globalement penser que la poli- plus ou moins agroforestiers — dont les options agroforestières permises avec ce tique générale est toujours celle du « lais- RAS qui s’inspirent directement de l’obser- type de matériel végétal. ser-faire » quand tout va bien. Il n’y a appa- vation de certaines pratiques chez des pay- Devant cette forte demande de clones, le remment pas de crise de production ni de sans en nombre limité mais très innovants. secteur privé des pépiniéristes a explosé replantation en hévéaculture, si ce n’est un Les enquêtes montrent que de nombreux dans certaines provinces ou est en phase taux de replantation plutôt faible par rap- planteurs manquent d’informations tech- de démarrage dans d’autres, marquant par port à celui des pays voisins. niques suffisantes sur les différents sys- là non seulement l’intérêt des petits plan- La même remarque peut s’appliquer au tèmes de culture possibles. Les services de teurs pour ce type de matériel végétal, mais récent développement du palmier à huile. vulgarisation n’ont favorisé que la mono- aussi le fait que le capital d’investissement Il n’y a pas eu de « révolution verte des culture stricte. Les petits planteurs ont nécessaire n’est pas toujours la contrainte cultures pérennes », et de l’hévéa en parti- plutôt tendance à suivre ce modèle domi- majeure. culier. La modernisation des plantations est nant de replantation — monoculture avec La révolution verte pour les cultures restée encore très limitée aux projets. Mais cultures intercalaires pendant les 2 ou vivrières, le riz principalement, a été une les conditions d’un nouveau boom sont 3 premières années — afin de limiter les réussite globale et est toujours une priorité réunies : nécessité d’augmenter la producti- risques liés au mode de culture. Quand ils nationale. L’autosuffisance alimentaire, vité dans un contexte économique global en estiment que les plants clonaux ont atteint depuis 1985, et la priorité accordée au riz évolution — y compris avec la crise écono- une taille suffisante pour ne plus mettre en irrigué n’ont pas laissé de moyens suffi- mique de 1997-1999 —, développement du danger le devenir de la plantation, il est sants pour le développement « complet » matériel végétal clonal, acceptation des sys- alors possible de voir réapparaître cer- de la filière hévéicole à partir des projets, tèmes agroforestiers par les institutions.

3000

2500 2000

Price 1500

1000 Prix / 500 In rupiah per US$

0 En roupie indonnésienne par $US Figure 3. Prix du caoutchouc naturel 1967 1969 1971 1973 1975 1977 1979 1981 1983 1985 1987 1989 1991 1993 1995 de 1900 à 1995, à Kuala Lumpur, Malaisie, Prix du caoutchouc Taux de change (en roupies indonésiennes courantes) Rubber price Exchange rate Natural rubber prices from 1900 to 1995 , in Kuala Lumpur, Malaysia (in current Indonesian rupiahs)

Plantations, recherche, développement Juillet - Août 1999 Retour au menu 229 H ÉVÉA

Bibliographie / References

La première « révolution » du système l’approche traditionelle très technocra- huile et de l’Acacia mangium...) restent à de culture qui consiste à adopter des varié- tique et hiérarchisée des services de vul- étudier. tés améliorées (les clones) n’a pas encore garisation a masqué pendant des années été faite pour plus de 85 % des plantations un fait pourtant établi et reconnu par les d’Indonésie. Elle est cependant en marche responsables locaux : l’hévéaculture indo- et suit une voie apparemment chaotique nésienne paysannale reste à 85 % une où transparaît d’une part, une volonté poli- hévéaculture agroforestière à faible pro- tique des pouvoirs publics de « contrôler » ductivité. sans en avoir les moyens, d’autre part, un Les avantages de l’agroforesterie, tant secteur privé en pleine expansion, les comme ensemble de pratiques agrono- pépiniéristes, qui compense et compléte miques que sur les plans de la conservation les efforts très limités du gouvernement. de l’environnement et de la biodiversité, Il n’y a pas eu de politique d’aide à très sont évidents et maintenant reconnus. Une large échelle comme en Malaisie ou en intégration des savoirs locaux et des inno- Thaïlande, ni de politique de subvention à vations externes restait à faire, ou du large échelle, comme les programmes moins à optimiser. C’est ce qu’a permis INMAS ou BIMAS (programmes de crédits l’expérimentation des systèmes agrofores- et de fourniture d’intrants pour la rizicul- tiers à base de clones : les RAS. Les condi- ture irriguée) de la révolution verte pour le tions d’un changement technique sont riz, ou de politique de substitution, comme favorables pour les raisons suivantes : au Brésil pour certains produits. La poli- choix entre plusieurs systèmes de culture tique des prix a été fluctuante mais reste, en fonction des stratégies, disponibilité des depuis les 30 dernières années, toujours en clones même si elle reste limité, meilleure faveur de la plantation et de la replanta- ouverture des institutions aux systèmes tion continue de l’hévéa (figure 3). autres que la monoculture, marché tou- Les différentes politiques de développe- jours demandeur de caoutchouc. Les impli- ment de la filière ont toujours été fondées cations, en termes de changement social, sur la monoculture. Le paquet technolo- pour les modes d’organisation de la pro- gique « monoculture » est efficace et facile duction, la structuration très partielle des à vulgariser à large échelle. Cependant il producteurs et la répartition des revenus ne tient pas compte des particularités en fonction des nouvelles opportunités locales et reste cher. En Indonésie, (activités extérieures, culture du palmier à

Juillet - Août 1999 Plantations, recherche, développement 230 Retour au menu H EVEA

History of technical innovations in rubber growing and farmer dynamics in Indonesia

Penot E. CIRAD-TERA, BP 5035, 34032 Montpellier Cedex 1, France

Rubber growing in Indonesia has developed substantially through rubber agroforestry systems, and through monoculture-based projects since the 1970s. The 1990s have seen the widespread adoption of agroforestry practices and research on clone-based agroforestry systems, which could favour large-scale clone use.

ubber was initially introduced into from Kew () to Asia (Sri Lanka, disease in adult plantings2. Rubber devel- Southeast Asia to develop an economic Malaysia), with 18 being sent on to the Bogor opment in West Africa (Liberia, Côte d’Ivoire) Ractivity in the British and Dutch botanical garden (Indonesia), arriving on 16th and Central Africa (Nigeria, Cameroon) began colonies, centring on a product for which there October 1876. By 1898, the plants were mature in the 1950s, but Southeast Asia dominated rub- was strong industrial demand. The first and produced seeds that were replanted, given ber production then and continues to do so plantations to be set up, using non-selected away or sold. Apparently, only two of them sur- today. planting material, were estates, but local vived (Ferrand, 1944), and were the origin of farmers were quick to see the opportunities the estates set up around Bogor, on the island Jungle rubber development offered by rubber, which could easily be of Java, but not of those in Sumatra and Kali- The first estate in Indonesia was set up in North included in their traditional shifting systems. mantan, which primarily used plants imported Sumatra in 1902, followed by another in Java Jungle rubber boomed, and overtook the area from Malaysia in 18821 (33 plants from the (Bogor) in 1904. Due to the growth of the auto- represented by estates in the mid-1930s. Penang Wickham collection) and delivered to mobile industry, rubber prices were so attractive As Van Gelder pointed out as early as 1950, no North Sumatra province, the home of the origi- that between 1909 and 1912 (Van Gelder, 1950) other crops introduced into Indonesia had such nal Rubber Estate Belt. The strong links the Indonesian estate sector grew rapidly until an economic impact on farmers’ lives as rubber. between Sumatra, Singapore and Malaysia, rubber was the second largest crop in terms of An ongoing planting programme began and which have similar ecosystems, also enabled the the area planted, behind sugarcane3 (figure 1). has not stopped since. Moreover, rubber devel- rapid introduction of such trees throughout Overall, rubber prices remained high until 1922. opment has constantly been supported by tech- colonial Indonesia. The same goes for Kaliman- Rubber rapidly became a very worthwhile nical innovations. tan, which already had a long history of com- opportunity for local smallholders, as it could mercial links (Chinese traders) and sponta- easily be included, without making any major Origin of the planting material neous migration. changes, in their existing shifting farming sys- introduced into Southeast Asia Lastly, 99% of the estates in Southeast Asia tems, at least to begin with (Dove, 1993). In 1855, Thomas Hancock (Dijkman, 1951) was and Africa stem directly from the 22 surviving In fact, the adoption of rubber by small- the first to suggest planting rubber in the East Asian plants introduced from the Wickham col- holders took the form of agroforestry (jungle so as to widen the range of sources, as produc- lection. Most current selected clones come from rubber) systems, in which rubber was left to tion was centred on the tapping of trees in the this genetically limited population that was compete with secondary forest regrowth. The Amazonian forests by seringueiros, a very poor, nevertheless sufficient to generate a relatively trees were opened and tapped 10 to 15 years exploited body of rubber collectors. broad, diversified range of trees. Some forty after planting. At the same time, allowing sec- The British, who dominated world trade at clones are currently widely used in estates. ondary forest regrowth opened the way for cer- the time, were keen to secure rubber production For some 20 years, the private estate sector, tain economically worthwhile species: local fruit sources on a strategic level and to ensure eco- supported by certain large national companies, trees—durian (Durio zibethinus), rambutan nomic development in South and Southeast was solely responsible for the introduction and (Nephelium lappaceum), duku (Lansium Asia, which primarily comprised British development of rubber in Indonesia. The situa- colonies, by setting up plantations. Several tion was the same in Malaysia, Vietnam, Cambo- 2 The efforts made by the private sector (including Ford) in unsuccessful attempts were made in the second dia and Sri Lanka. the 1920s to 40s with a view to setting up large estates in half of the 19th century to send seeds to Asia In Thailand, however, there is no estate sec- were resounding failures. Brazilian research centres and to transplant seedlings. There were ship- tor, and smallholders were solely responsible have since produced more or less tolerant clones, with a ments to Indonesia in 1891, 1896, 1898 (via for rubber development, albeit somewhat later limited production potential (1 000-1 500 kg/ha/year), which can be used for limited rubber development in Paris), 1913 (Cramer collection) and 1915, but on. Microcyclus zones. There are also zones that have escaped none of the trees was propagated as production At the same time, a leaf disease caused by a Microcyclus. proved to be very poor (Wysherley, 1968). fungus, Microcyclus ulei, prevented the large 3 In 1905, estates covered 1 338 ha, rising to 104 413 ha five In 1876, Henry Wickham, a British explorer liv- scale development of estate rubber in South years later: proof of the rapid development of rubber in res- ponse to very strong demand. By 1913, the area had dou- ing in Brazil, chartered a ship to take 70 000 seeds America, as there is no way of controlling the bled (200 278 ha), but it took another 12 years for it to to Britain for germination in a nursery. In the fol- double again (415 167 ha in 1925), before a new jump to 1 lowing year, the remaining 2 397 plants In 1891, the Dutch received material of uncertain origin over a million hectares by 1928. The area covered by small- from several sources, and there was a new shipment from holdings overtook that of estates as early as 1935. By 1997, obtained from the Wickham collection, of which Brazil in 1896, via Paris (1898). However, the plants were the total area under rubber was 3.5 million hectares (DGE, only 3.4% of the seeds germinated, were sent neither propagated nor planted. 1996), of which 84% were smallholdings.

Plantations, recherche, développement Juillet - Août 1999 Retour au menu 231 H EVEA domesticum), jack fruit (Artocarpus hetero- which enables the establishment of a tree crop devices and developed without any outside phyllus), etc—, valuable timber trees, rattan at the lowest possible cost and under ideal con- help, particularly from the government. and all the non-wood products traditionally ditions. Governmental intervention, both colonial and gathered in forests by planters, particularly by The colonial authorities failed to grasp the after full independence in 1949, was extremely the Dayaks in Kalimantan. Jungle rubber was importance of the smallholder sector until the limited and had no significant effects until the set up without any inputs, with very little work smallholdings began to produce rubber and start of the 1970s. (no upkeep during the immature period), at no flood the market. In 1925, rubber represented a third of cost and above all without any risks whatsoever. Indonesian exports. By 1936, the area under It was roughly as productive as the monoculture Agricultural policies in Indonesia rubber in Indonesia was 1 357 427 ha, and by plantings of non-selected seedlings at the time, and their effect on the rubber the Second World War, the country was produc- with yields of between 350 and 500 kg/ha/year sector ing some 400 000 to 500 000 t per year5. By 1997, of dry rubber. the area was up to 3.5 Mha and production to Rubber was introduced into West Kalimantan The effects of the British production 1.6 Mt. Until then, Indonesia had been the by Dutch settlers in 1909 (Uljee, 1925 quoted by quota system between the two World world’s second largest producer of rubber after King, 1988), and then in the 1920s from Wars Thailand, and rubber is still the country’s sec- Sarawak (northern, Malaysian part of Borneo) In 1922, rubber prices fell after a boom period ond largest non-petroleum export after wood by Catholic missionaries4. However, seedlings as the first estates matured. The British govern- products. had already been introduced earlier, in 1883, by ment passed the Rubber Restriction Enactment Prices fluctuate wildly, but production and Cantley, the Director of the Singapore botanical or Stevenson Plan in an attempt to restrict pro- areas have increased steadily ever since rub- garden, to satisfy the curiosity shown by the duction so as to maintain reasonable prices, ber’s introduction into Asia (figure 2). “White Raja”, Sir James Brooke, in the new crop which in fact only directly concerned estates in (Coates, 1987). The Kalimantan plantings were British colonies. One of the main indirect con- The advent of during primarily set up with seeds from Malaysia that sequences of the Stevenson Plan was to encour- the Second World War also originated from the Wickham collection, age the development of smallholdings, which The Second World War cut off Europe and the which were introduced via Sarawak by mission- were neither regulated nor targeted by the United States from their sources of supply in aries for use by smallholders. The rubber seeds Plan, particularly outside the British produc- Asia, contributing to the development of the used in Sumatra came from Bogor and Penang. tion zone. The estates saw smallholders as synthetic rubber industry. Due to its use in the The first planting companies initially developed rivals attempting to impose a limited export transport sector and particularly in aviation, in North Sumatra, the birthplace of estate rub- quota. the new “strike force” in the war, rubber ber in Indonesia. The rubber sector in Jambi In practice, it would seem that smallholder became a highly strategic product. The United and South Sumatra provinces was instigated by production and area figures were considerably States tried to overcome the rubber shortage by smallholders. underestimated at the time (Bauer, 1948). The developing guayule6 plantations in Mexico and The same jungle rubber type system was thus smallholder planting boom was apparently the southern States (over 40 000 ha were plant- developed by the Malay and Minangkabau totally unaffected by the production restrictions ed from 1942 onwards), but this proved to be a groups in Jambi and West Sumatra respectively, imposed by the Plan. Prices subsequently rose drop in the ocean in relation to industrial and then by the Dayaks in Kalimantan. A con- as a result of strong demand from the automo- requirements. tinuous pioneer front developed and still exists bile and transport sectors. This new industry remained the main threat on the edges of the traditional rubber develop- However, at the same time, the smallholder to natural rubber after the War, and it took sev- ment basins found on the plains surrounding sector also grew rapidly in Southeast Asia, and eral years for natural rubber production to pick the major rivers. other estates were set up in Southern Asia up again. Output from estates took until 1952- Estates were innovative: rubber was both a (India, Sri Lanka), Indochina and in Africa, in 1954 to reach its pre-War level, but Indonesian new crop and a new product. It spread rapidly Liberia (Firestone). The Stevenson Plan was smallholder production rocketed due to strong as it was easy to grow and large quantities of judged a failure and was abandoned in 1928. structural demand7. At the same time, cyclical non-selected material were available, since Nevertheless, it did succeed in indirectly ensur- crises resulted in often substantial price fluctu- seeds could be collected from existing plantings ing the development of the smallholder sector ations, but apparently without any effect on free of charge. and in favouring rubber development in the long-term planting patterns. The determining factors in the strong expan- countries bordering on British Malaysia (Thai- sion of the smallholder sector, which is relative- land, Indonesia, Cambodia and Vietnam). ly common in the humid Tropics, were those associated with constantly changing pioneer Indonesian governmental rubber policy 5 By 1940, there were 642 803 ha in the estate sector and 714 624 ha of smallholdings (53%). Assuming a workforce fronts. There are three main preconditions for Indonesian rubber policy from 1920 to 1050 was of 0.7 worker/ha on estates and 0.5 worker/ha on small- the development of a pioneer front: an unlimit- paradoxical: on the one hand, smallholders holdings, over a million people work in rubber plantations. ed area of virgin land (hence no costs), a were seen as rivals for the colonial estates, and If each worker feeds a family of five, over five million peo- source of immigrant labour (Java), and a “crop- on the other, a more “humanistic”, rather anti- ple are directly dependent on rubber growing. The sector was considered to sustain over 10 million people in 1995. ping opportunity”, rubber, bolstered by a safe, colonial line of though had the government 6 Guayule is a latex-bearing plant, Parthenium argenta- reliable market. A fourth factor is also worth involved in supplying planters with seedlings or tum, which grows in arid or Sahelian type climates. mentioning: the “forest rent” factor (Ruf, 1987), inputs through very local, small-scale opera- 7 Natural rubber has heat resistance properties that its tions (Gouyon, 1995). Dove (1983) put forward synthetic rival cannot match. As a result, the tyre market, which calls for heat- and shock-resistant rubbers, con- the tempting hypothesis of a “policy of igno- sumes almost 70% of the natural rubber produced. The 4 Rubber was also introduced into Sarawak in 1882 (Tree- rance”, under which a major part of the rubber continuous development of the transport sector since the mer, 1964, quoted by Dove, 1993). sector—smallholdings—was left to its own 1950s has thus maintained strong demand.

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The post-war period: priority to food until 1951, and of a smallholder planting depart- possible to optimize the rubber component of self-sufficiency ment aimed at extension, in 1953 (Jawatan the agroforest: It is important to recall that the post-war period Karet Rayat), which replaced the rubber bureau • the use of clonal seeds rather than the tradi- in Indonesia during both the Sukarno period (Kantor Karet) set up in 1950 with next to no tional non-selected seeds, as clonal plantings (1949-1966) and the first part of the Suharto resources12. developed from the 1930s onwards (particu- period (1965-1970), did not see any major The failure of this policy apparently had long- larly GT 1, the most widely used clone in both national development policy including rubber lasting effects (Gouyon, 1995), and this type of private and state-owned estates). Yields rehabilitation or replanting, as was the case in practice, involving an export tax, has virtually increased from 300-350 to 500 kg/ha/year; Malaysia and Thailand. In fact, for domestic pol- been ruled out of the possible solutions for • planting nursery plants (non-rooted 12 or 18- icy reasons8, the latter two countries opted to Indonesia. The most recent experiment, in West month-old plants) and young seedlings taken protect planters’ land rights and provide very Kalimantan in 1993, by the PKR-GK project from agroforest regrowth, to keep losses to a large-scale technical assistance, particularly by launched by GAPKINDO (the rubber sector pro- minimum and optimize the number of plants supplying clonal planting material. fessional organization) and implemented by per hectare; Malaysia and Thailand launched national DISBUN (plantation extension service) was a • planting in rows at planting densities of replanting projects9 to convert almost all the ini- failure. between 500 and 1 000 trees/ha to optimize tial jungle rubber to clonal monocultures (with In the end, it was a total credit policy that latex collection, from the early 1970s over 80% smallholdings). Indonesia did nothing was used in the 1980s, funded by the World onwards. As planting began to be done in of the sort, as it did not have any guerilla wars to Bank or the Asian Development Bank. rows using seedlings rather than seeds, the threaten its internal social balance10, except for Since 1966, priority has clearly been given to density gradually fell to between 500 and a halfhearted war with Malaysia (the Kon- food self-sufficiency, and the green revolution 750 trees/ha; frontasi) which did not turn into a guerilla con- can be considered to have been a success in • the adoption of partial clearing once a year flict. The period from 1945 to 1949 saw a limited Indonesia. However, it devoted all the available during the immature period to remove some fight for independence, and 1949-1965 the resources to irrigated rice until 1984. Table 1 of the competition from forest species, so as “Sukarno period”, the gradual disintegration of summarizes Indonesian government interven- to shorten the immature period, and the Indonesian economy. In effect, by 1965, over tions in the rubber sector and planter reactions. improved selection of economically worth- 50% of the population was below the poverty line while trees from the 1970s-80s onwards by and Indonesia’s isolation, which Sukarno delib- Optimization of jungle rubber: the partially eliminating unproductive species; erately set out to achieve, led to the drying up of limitations of innovation from • the development of intercropping for the first the Western investment the country needed for within two or three years to draw maximum benefit its industrial and economic expansion. Jungle rubber systems or “rubber forests” (the from the work done during the immature The Indonesian government’s intervention in literal translation of the Indonesian term Hutan period, produce food crops for family con- the sector in the 1950s amounted to the creation Karet) are complex agroforestry systems sumption or make optimum use of limited of a para-fiscal replanting fund11, which was (De Foresta, 1992b) in which rubber is the main land resources. Moreover, intercrops have founded in 1948 but did not come into effect source of income. A complex agroforest is a another interesting side-effect: they ensure multistrata type planting containing several good rubber tree growth. Although the tech- species (for instance rubber, fruit trees, timber nique is very old, it did not come into its own trees, rattan, palms, etc), similar in appearance in monoculture systems until the late 1980s; 8 In the 1950s and 60s, these two countries were involved in a major communist type guerilla war (in which the Chinese and ecological performance to secondary • the use of glyphosate (Roundup), a very diaspora played a significant part, particularly in Malaysia). forest. Agroforests generally contain a main effective herbicide against Imperata cylindri- It was thus crucial for these countries to have a develop- species (rubber, “damar” or Shorea javanica, ca, in the first year and sometimes in small ment policy enabling a significant increase in income, so as to turn the local population away from the guerilla cause. “tengkawang” or illipe nut). quantities along the rubber row to control the 9 ORRAF (Office of the Rubber Replanting Aid Fund) in Rubber agroforests have a life span of 30 to development of the weed, since the early Thailand, RISDA (Rubber Industries Smallholder Develop- 40 years. The other associated trees are primari- 1990s. Although the innovation in itself was ment Authority), FELDA (Federal Land Development ly fruit and timber species and rattan. The drawn from outside the system, its sponta- Authority) and FELCRA (Federal Land Rehabilitation Authority) in Malaysia. establishment of jungle rubber was gradually neous use on a large scale outside the project 10 There was one notable exception, however, with the ten- integrated into traditional systems based on area, without the extension services providing tative war between Malaysia and Indonesia, the “Kon- gathering, agroforestry or shifting agriculture technical information beforehand, can be frontasi”, between 1963 and 1966, during which most of the (upland rice after slashing and burning) with- seen as an innovation from within. fighting took place in West Kalimantan. This situation led to the enforced departure of all the Indonesians of Chinese out overly disrupting the existing system. It was also seen that from the 1980s onwards, origin from the centre of the province to the coast. Howev- Rubber agroforests began as tree fallow amongst planters who had access to the mono- er, it did not create any social conflict between ethnic enriched with rubber. By optimizing the system culture technique through projects, some groups, since the Malays (and now the Chinese) are on the through a series of innovations from within, the reintroduced tree intercrops—between 150 and coast, while the Dayaks, the island’s original inhabitants, are further inland. improved fallow was turned into a veritable 300 timber and fruit trees per hectare, for 11 The tax is 1.25% of the export price, in addition to a 5% cropping system centring on rubber. A certain instance in the village of Sanjan, West Kaliman- general tax, only 60% of which goes to the replanting fund. number of technical innovations implemented in tan (Schueller et al., 1997)—, eventually recre- In 1953, an association (yayasan karet rakyat) was set up to stages between the 1940s and the 1970s made it ating complex agroforests. Innovation is thus coordinate fund management. The foundation operates on the basis of loans repayable within three years (for a mini- not the exclusive preserve of jungle rubber mum area of 3 ha), and has only enabled the planting of planters, but can also come from planters work- 12 One supervisor for 5 000 planters, ie 570 employees, 170 6 000 ha. It is thus a drop in the ocean in relation to ing under projects, particularly the SRDP requirements, which total over 2 Mha, and questions have of them in the field, for 800 000 farms. The planting mater- been raised as to its use (numerous cases of fraud and cor- ial budget amounts to 3 to 6 rupiahs, ie two budded plants, (Smallholder Rubber Development Project) and ruption). per planter (Gouyon, 1995). TCSDP (Tree Crop Smallholder Development

Plantations, recherche, développement Juillet - Août 1999 Retour au menu 233 H EVEA

Project), which work with local planters, albeit ever, this innovation is highly capital-intensive, The current tendency amongst planters in only small numbers of them. In effect, such a and moreover, it calls for prior technical infor- South Sumatra is to invest in clonal plantings, trend has not been seen with transmigrant mation. stop growing upland crops on cleared land and Javanese planters (Nucleus Estate Scheme, Historically, most of the technical research on eventually buy all the rice the family needs13. NES) (Chambon, pers. comm.). rubber by research organizations or the leading The fact that the work required for rubber is The following hypothesis has been put for- private companies was conducted in order to more efficient and that land is increasingly rare, ward to explain these differences in smallholder improve the productivity of rubber grown as a combined with the increasing specialization in strategy: monoculture. Until the 1980s, little or no rubber and the risks involved in non-irrigated • the local populations are more interested in research had really been done on the specific annual crops, eventually led to a change in strat- agroforestry techniques; problems of smallholder rubber production and egy. • the Javanese transmigrants are more inter- on agroforestry, except perhaps in Sri Lanka. ested in intensification and monoculture. Introduction of clones However, this hypothesis has not been fully Clone introduction by monoculture: into agroforestry systems proved. In any event, agroforestry techniques the 1970s-80s have been adopted by populations that are both Since the mid-1970s, the government has Rubber Agroforestry Systems very different and very geographically distant, attempted to implement various sorts of rubber Identifying efficient, ecologically sustainable insofar as they enable the setting up of low-risk sector development projects, using methods rubber growing systems requiring moderate tree crop-based systems requiring few inputs adapted to suit local or transmigrant popula- amounts of labour and inputs is a priority. Since and little labour. tions. All the projects have centred on complete the characterization of jungle rubber-based pro- The “production of technical innovations from technological packages (inputs, credit, informa- duction systems (Gouyon, 1995), work has con- within” by local populations involved in jungle tion), and been strictly based on monoculture centrated on the possibilities of improving jun- rubber systems reached a peak in the 1980s. (rubber and cover crops). The prime element in gle rubber productivity whilst maintaining its From then on, innovations had to be brought in the package is clones, and all the associated main advantages in terms of the environment, from outside to ensure better productivity technical innovations are aimed at optimizing biodiversity and optimization of the capital and (yields and work efficiency) and make the crop clone growth and production. labour factors. Rubber Agroforestry Systems more competitive, particularly in relation to new More recently, since 1990, certain regional pro- (RAS) were developed by the Smallholder Rub- crops such as oil palm. jects with a partial approach (P2WK, PKT, etc) ber Agroforestry Project (SRAP) based on inte- These exogenous technical innovations were and only supplying inputs for the first year have grating improved clones into systems using few drawn from “monoculture” type systems and taken over on very limited areas, and allow the inputs (Penot, 1994). concerned: use of intercrops. This was also the case with The main innovations involved in RAS during • the use of improved planting material— the TCSDP project in 1994. These projects are the immature or growth period are as follows: clones—, with three times the production generally conducted by Dinas Perkebunan (the • the use of improved planting material— potential of the local material used previously plantation extension service), using provincial clones—in an agroforestry context; for jungle rubber, and of fast-growing planting or national funds from the Indonesian govern- • the reconstitution of a complex agroforestry material selected in the nursery for its vigour; ment. The projects as a whole concern 13% of system by intercropping a certain number of • the use of fertilizers for the first three years smallholders. In all probability, under half of trees with rubber, including slow- and fast- to encourage growth and cut the immature their plantings are viable or productive. The growing timber and fruit trees. Research is period to five or six years depending on the SRDP/TCSDP projects—for local populations— concentrating on the types of trees and opti- clone, rather than ten to 15 years for jungle and NES—adapted to Javanese transmi- rubber, although this duration is primarily grants—can be considered relatively successful. due to competition with forest regrowth; The conditions governing success or failure were 13 Rice is produced more cheaply in Java and Bali, as a result of the clear advantages for irrigated rice in Java • the use of herbicides (glyphosate) to increase described by Gouyon (1995) and Levang (1997). (successful green revolution) and for rubber in Sumatra work efficiency and the efficacy of rational, Table 2 traces the history of such projects. and Kalimantan. regular weeding along the planting row for the first three years, to replace or in addition to manual weeding, which is largely ineffec- The Indonesian rubber development projects are as follows: ARP (Assisted Replanting Programme) tive against Imperata cylindrica; and CGC (Group Coagulating Centre) in 1974, combined under the name PRPTE (Export Crops Reha- • planting methods using polybag plants with bilitation Project or Proyek Rehabilitasi dan Perluasan Tanaman Elspor). This project was based on the one whorl (three to four months old) , and PMU (Project Management Unit) concept, which was also adopted for the SRDP (Smallholder Rubber planting at the start of the rainy season to Development Project), and, from 1979 onwards, the NES (Nucleus Estate Scheme, or PIR in Indone- ensure optimum growth in the first six sian) for transmigrants and the SRDP/TCSDP (Tree Crop Smallholder Development Project), the main two World Bank funded projects, for local farmers. months, particularly in agroforest systems. In fact, SRDP 1 (1980-1984), then SRDP 2 (1985-1989) were directly managed by the DGE (Direc- In the history of agriculture, the use of torate General of Estates), which also manages the PTP (Perkebunan Tanaman Pemerintah: state- improved varieties has played a major role and owned plantations). After 1990, the TCSDP was managed by the DISBUN (Disbun Perkebunan: exten- is often a precondition for any change in tech- sion service), which is also part of the DGE. The TCSDP was due to be wound up in 1999. niques. Using improved varieties means adopt- In 1975, two precursors of PMU, the WSSDP (West Sumatra Smallholder Development Project) and ing related technical innovations: fertilizers, soil the NSSDP (North Sumatra Smallholder Development Project), were launched in West and North tilling, weeding, phytosanitary treatments, etc. Sumatra. They were analysed (Dillon, 1985) and the results partly used in establishing the NES con- Improving jungle rubber means using improved cept. Following these two independent projects, it was decided to entrust PMU management to two planting material—clones—to ensure better state structures: the PTP for transmigrant NES and the DISBUN for the SRDP/TCSDP. productivity (of both labour and the soil). How-

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mum planting densities, with a view to mini- The SRAP thus decided to introduce reduced instance the Dayaks in West Kalimantan). mizing competition. The intercropped trees frequency tapping techniques in Kalimantan in The surveys conducted in 1997 and 1998 are either forest regrowth or are planted 1999, on a limited sample of 30 planters who had clearly showed (Courbet et al., 1997) that deliberately, choosing the species and plant- already taken part in RAS trials. The aim is although investment was a possibility for ing density; clearly to demonstrate the possibility of using planters which had already had access to • the introduction of minimum upkeep levels: this method providing effective technical infor- clonal plantings through projects, it was chemical or manual weeding, or, better still, a mation is given to experienced smallholders much more difficult for traditional planters, combination of the two; used to participative type trials. This innovation particularly the Dayaks. • the use of rational fertilization to stimulate is part of an on-farm labour saving strategy, and rubber tree growth for the first three years the assumption is that smallholders are capable Conclusion (generally acknowledged to be the most criti- of handling this type of apparently complex, Rubber sector development policies have been cal stage) and maintain annual intercrop pro- even tricky, type of innovation. either very fragmentary, or paradoxical, or, from duction levels; the 1980s onwards, more effective due to the • lastly, the use of a certain number of crop Constraints on the adoption of clones higher quality of the projects and their imple- techniques involving cover crops and fast- Clones are thus the main innovation in both mentation (SRDP/TCSDP, NES), although their growing shade trees with a view to minimizing monoculture systems and RAS. In both cases, efficacy can still be seen as relative. In fact, competition from Imperata cylindrica and there are many constraints on the adoption of these operations should be judged not only in producing wood pulp. clones by growers: terms of rubber growing alone, but in terms of • the return on the labour put in is crucial. It is farming systems. Levang (1984) showed that the A new innovation: reduced-frequency nil during the immature period, hence the Batumarta NES project (South Sumatra), a pro- tapping need to minimize the amount of work over ject seen as a failure on a specifically rubber This technical innovation concerns the econom- this unproductive period; growing level, in fact resulted in a certain num- ic life span and exploitation of clones. • the projects set up have not involved enough ber of innovations that benefited local develop- Smallholdings, be they clonal plantings or planters (13%); ment in a broader sense. It is clear that the pro- jungle rubber with non-selected planting materi- • the private nursery sector is still in its infancy jects served as large-scale “demonstration plots”, al, are currently tapped in d/2, ie every other in many provinces, although it is growing fast for a large number of producers in some day. Using Ethrel-based stimulants means that in response to very strong demand15; provinces. They directly, and also indirectly, the tapping frequency can be reduced and work • plant quality is not monitored by either the substantially contributed towards the dissemi- efficiency increased whilst maintaining produc- extension services or the private sector. As a nation of external innovations and demonstrat- tion levels. For instance, there is a 33% drop in result, numerous plants supplied as clones ed the merits of using clonal planting material labour requirements with d/3 and 50% with d/4, are unsuitable, or quite simply are not clones. in new plantings. for a 0% and 10% drop in production respec- In effect, there is no simple way of detecting a Relatively extensive jungle rubber systems tively, with clonal material (Eschbach, pers. clone with the naked eye or of guaranteeing are still the norm, with a replanting strategy commm.). the clonal origin of budded material16; centring on the use of clones, either along the This technical innovation is common in • the clonal recommendations issued are not lines of the dominant model, monoculture, or an estates but is not widely used by Southeast based on clone field trials; adaptation thereof, or through more or less agro- Asian smallholders. The official extension ser- • the technical information available is of poor forestry-based models—for instance RAS, which vices consider it dangerous, since if work effi- quality for monoculture and virtually nonexis- are directly inspired from observations of cer- ciency can easily be increased by reducing tap- tent for other systems; tain practices amongst farmers: the numbers ping frequency, it would be logical for • in the absence of accurate information, small- involved are limited, but they are highly innova- smallholders to assume that they can also holders are reluctant to invest in innovations tive. Surveys have shown that many planters increase production by using larger amounts of without being able to estimate the related lack sufficient technical information on the dif- stimulant. This possibility, which can result in risks, and above all the requirements in terms ferent cropping systems open to them. The the rapid destruction of the trees, has so far pre- of production factors; extension services have only promoted strict vented the dissemination of the technique. In • the community view carries a substantial monoculture. Smallholders tend to follow this Indonesia, the official services have traditionally amount of weight in terms of individual deci- predominant replanting model—monoculture considered that smallholders are incapable of sions; with intercrops for the first two or three years— handling this innovation correctly. • although capital is not always the most impor- so as to limit the risks related to the cropping Reduced frequency tapping methods have tant factor, it does influence decisions, partic- method. When they judge that the clonal plants been introduced successfully in Malaysia in ularly amongst planters without access to pro- are sufficiently developed for there not to be a recent years, at FELCRA (Federal Land Consoli- jects and with ageing plantations (for threat to the future of the plantation, certain dation and Rehabilitation Authority) and RISDA agroforestry strategies reappear, particularly the (Rubber Industry Smallholders Development introduction of tree intercrops. The recent and Authority), since the opportunity cost of labour 15 Only the provinces of North and South Sumatra have a as yet limited availability of clones has not became too high14 to continue tapping every well developed network of private nurseries (over 500 in enabled enough planters to test all the agro- South Sumatra). other day like in Indonesia. forestry options possible with this type of mater- 16 The only reliable technique currently used is the one developed by CIRAD, consisting in checking clone confor- ial for any length of time. 14 Field labour costs, which can be seen as the opportunity mity by electrophoresis. Although it can be done using a In response to the strong demand for clones, cost in rural zones, in July 1997 (before the crisis) were portable laboratory, this relatively complex, costly tech- the private nursery sector grew dramatically in US$ 1.50/day in Indonesia, compared to US$ 6-8 in nique is only economically viable for testing collection Malaysia (and US$ 4-6 in Thailand). By August 1999, they budwood gardens. It cannot be used directly by nursery- some provinces, and is gradually becoming were US$ 1 in Indonesia. men or smallholders buying plants. established in others, proving not only the inter-

Plantations, recherche, développement Juillet - Août 1999 Retour au menu 235 H EVEA est in this type of planting material amongst ment of clonal planting material, the acceptance and is still expensive. In Indonesia, the tradi- smallholders, but also the fact that the invest- of agroforestry systems by institutions. tional, highly technocratic and hierarchical ment required is not always the main constraint. The first “revolution” in the farming system, approach taken by the extension services served The green revolution for food crops, primarily consisting in adopting improved varieties for many years to disguise a fact that was never- rice, was an overall success, and is still a nation- (clones) has not yet taken place at over 85% of theless clearly established and recognised by the al priority. The food self-sufficiency achieved the plantations in Indonesia. However, it is local authorities: 85% of Indonesian smallholder since 1985 and the priority given to irrigated under way, and is apparently making somewhat rubber is still produced in low-yielding agro- rice have meant that there have not been suffi- chaotic progress against a backdrop on the one forestry systems. cient resources to ensure “comprehensive” hand of a political will on the part of the author- The advantages of agroforestry, both as a set development of the rubber sector through pro- ities to “control” matters without having the nec- of agricultural practices and in terms of environ- jects, ie to eventually cover the three million essary resources, and on the other hand of a mental conservation and biodiversity, are now hectares to be replanted with clones. Since the rapidly expanding private sector, nursery own- clear and widely recognised. However, local start of the 1980s, despite a clear intention to ers, who bolster and complete the very limited knowledge and external innovations had not support a major currency-generating sector, the efforts made by the government. previously been integrated into such systems, or overall policy can be considered to have been There have not been any very large-scale aid at least optimized, which is what led to the trials one of “non-interference” provided things are policies like those in Malaysia or Thailand, or of clone-based agroforestry systems: RAS. The running smoothly. There have apparently not any large-scale subsidies, like the Indonesian conditions for technical change are favourable been any rubber production or replanting crises, INMAS or BIMAS programmes (credit and input for the following reasons: the choice between except that the replanting rate is rather low supply programmes for irrigated rice growing) several cropping systems depending on strate- compared with neighbouring countries. that were part of the rice green revolution, or gies, the availability of clones, albeit limited, the The same goes for the recent development of policies of substitution, like in Brazil for certain fact that institutions are now more open to sys- oil palm. There has not been a “tree crops green products. Price policy has varied, but over the tems other than monoculture, and consistently revolution”, particularly as far as rubber is con- past 30 years, has consistently favoured rubber strong market demand for rubber. The implica- cerned. Plantation modernization is still largely planting and continuous replanting (figure 3). tions in terms of social change for how produc- restricted to projects. However, all the prerequi- The different sector development policies tion is organized, the very sketchy producer sites for a new boom have now been satisfied: have always been based on monoculture. The structure and income distribution as a result of the need to increase productivity in a changing “monoculture” technology package is effective new opportunities (external activities, oil palm global economic context—including the effects and easy to implement on a large scale. Howev- and Acacia mangium growing, etc) have yet to of the 1997-1999 economic crisis—, the develop- er, it does not take account of local specificities be studied.

Résumé Abstract Un historique des innovations techniques dans l’hévéaculture indo- The history of the technical innovations seen in Indonesian rubber nésienne est présenté à partir de trois grandes périodes : au début growing is traced through three main periods: at the turn of the du siècle, l’introduction de l’hévéa et le développement des agrofo- century, the introduction of rubber and the development of rubber rêts à hévéa (jungle rubber) par les petits planteurs, à partir des agroforests (jungle rubber) by smallholders, from the 1970s années 70, la réalisation de projets de développement sur la base de onwards, the implementation of monoculture-based development la monoculture, et à partir de 1990, l’adaptation des systèmes cultu- projects, and from 1980 onwards, the adaptation of cropping sys- raux. Ces nouveaux modes de culture combinent des pratiques cul- tems. These new systems combine agroforestry practices and ele- turales agroforestières et des éléments issus de la monoculture, ments taken from monoculture, particularly the development of notamment le développement de nouvelles stratégies paysannes new smallholder strategies incorporating some of the more intensi- incorporant certains des thèmes techniques plus intensifs diffusés à ve technical packages disseminated via projects aimed at develo- partir des projets de développement des plantations en monocultu- ping monoculture plantations. Smallholder involvement in the deve- re. Les dynamiques paysannes sur l’élaboration ou l’adoption des lopment or adoption of technical innovations is also discussed. innovations techniques sont également rappelées.

Juillet - Août 1999 Plantations, recherche, développement