JEAN-JOSEPH CASSANÉA DE MONDONVILLE

GRANDS

Jean-Joseph Cassanéa de MONDONVILLE (1711 - 1772)

GRANDS MOTETS

In Exitu Israel

Magnus Dominus

De Profundis

Dominus regnavit

DISTRIBUTION

Dessus Sophie Daneman Maryseult Wieczorek Haute-contre. Paul Agnew Taille, François Piolino Basse taille. Maarten Koningsberger Basse, François Bazola

JUIN 1996

ATHENES Megaron les 4 et 5 juin à 20h30 CAEN Église Notre-Dame de la Gloriette le 7 juin à 20h30 VERSAILLES Chapelle Royale le 8 juin à 21 hOO

Avec la participation du Ministère de la Culture, de la ville de Caen, et du Conseil Régional de Basse-Normandie PECHINEY parraine Les Arts Florissants depuis 1990

LPRO 1996/61 CHŒUR

Dessus : Solange Aiïorga Bettina Arias Marie-Louise Duthoit Patricia Forbes Sophie Jolis Violaine Lucas Rebecca Ockenden Brigitte Pelote Anne Pichard

Haute-contre : Richard Duguay Gilles Guénard Didier Rebuffet Bruno Renhold Giuseppe Sella Zambon

Taille : Christophe Le Paludier François Piolino Jean-Marie Puissant Jean-Yves Ravoux

Basse-taille : Laurent Collobert Jean-Marc Mory Christophe Olive Frits Vanhulle

Basse : François Bazola Bertrand Bontoux Fabrice Chomienne Jean-François Gay

Assistant musical chargé du chœur : François Bazola ORCHESTRE

Violon I : Myriam Gevers Bernadette Charbonnier Sophie Gevers-Demoures Catherine Girard Dario Luisi Michèle Sauvé Ruth Weber

Violon II : Simon Heyerick Roberto Crisafulli Guya Martinini Valérie Mascia Martha Moore George Wulms

Haute-contre et taille : Galina Zinchenko Pierre Lemarchand Jacques Maillard Marciai Moreiras Michel Renard Anne Weber

Basse : David Simpson (continuo) Emmanuel Baissa Paul Carlioz Brigitte Crépin Dominique Dujardin Alix Verzier

Contrebasse : Jonathan Cable Richard Myron

Flûte : Serge Sa'itta Charles Zebley

Hautbois : Kristin Linde Machiko Ueno

Basson : Nicolas Pouyanne Paolo Tognon

Orgue & clavecin : Shayne Doty (continuo)

Direction : William Christie Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville (1711-1772) Portrait de Maurice-Quentin de La Tour (1704-1788) Musée Antoine Lécuyer, Saint-Quentin (Aisne) LES DE JEAN-JOSEPH CASSANÉA DE MONDONVILLE

Le Grand au XVIIIè siècle Les derniers Grands Motets de Michel-Richard Delalande (composés ou révisés après 1700) constituent le modèle de référence des motets de Versailles du XVIIIè siècle. En général, les motets de Delalande sont construits en sections autonomes d'airs pour soliste (appelés récits), duos ou trios vocaux, chœurs, ritournelles et symphonies pour orchestre. Ce modèle a inspiré les compositeurs de la fin du XVIIIè siècle tout en faisant obstacle à tout changement. Le Grand Motet, qui n'avait plus de fonction liturgique à la Chapelle Royale et n'était pas en phase avec le monde frivole de la Régence, n'aurait jamais dû survivre à l'époque du Roi Soleil. Et pourtant il subsista, inchangé dans sa structure et inscrit de manière permanente au répertoire de la Chapelle Royale, puis, après 1725, demeura l'un des morceaux de concert du Concert Spirituel et du Concert Français à . Plus tard au cours de ce même siècle, Marmontel eut l'idée d'extraire certains versets des grands motets pour les exécuter séparément, mais il comprit que l'«auctoritas» du Grand Motet au Concert Spirituel était si puissante qu'aucune suppression n'y serait admise («la difficulté se réduit à l'habitude et peut-être à l'opinion»). Bien que la structure générale du Grand Motet reste immuable tout au long du XVIIIè siècle, des modifications purement musicales s'y introduisent. L'orchestre, et surtout les instruments à vent, prennent une place plus importante. L'Exaudiat te Dominus de Boismortier (1730), par exemple, comporte des parties pour piccolo, deux hautbois, trompette et timbales ; et le Benedicam Dominum de Blanchard (1757) est mis en musique pour flûte, deux hautbois, deux clarinettes, deux bassons et cor. Toutes les ressources de l'orchestre de motet viennent souvent illustrer le texte de psaumes particuliers. La source de ces passages découle certainement de la musique de scène de Lully et de ses successeurs. Notus in Judœa Deus de Campra, par exemple, comporte un «sommeil». Dans Lauda Jérusalem (1727) l'orchestre de Campra s'introduit dans le chœur par des contrepoints rapides de violon, tout à fait à la manière des grandes fresques chorales de son Idoménée. Le Dominus regnavit de Mondonville (1734) comporte une «tempête» empruntée aux scènes d'orage des opéras qui remontent à Thétis et Pelée (1689) de Collasse. Le Grand Motet du XVIIIè siècle est aussi redevable à l'Italie. La principale source stylistique de son «récit» est souvent l'aria da capo plutôt que l'air à la française. Ses pulsations rythmiques mécaniques et une écriture plus audacieuse pour les cordes proviennent du concerto italien. Un des premiers exemples en est «et lux perpétua», dans le De Profundis de Delalande. Il n'est pas étonnant que la majorité des grands motets de la première moitié du XVIIIè siècle soit due à des «sous-maîtres» de la Chapelle Royale : André Campra, Nicolas Bernier, Charles-Hubert Gervais et Henri Madin. Quatre Grands Motets composés en exil par Henri Desmarets étaient destinés à la Chapelle Royale. En revanche, les Grands Motets de Jean-Philippe Rameau (tous, œuvres précoces) étaient probablement composés pour être exécutés en concert. La composition de Grands Motets était déjà sur le déclin au milieu du siècle mais reste à l'honneur (surtout pour une exécution en concert) chez Esprit-Joseph-Antoine Blanchard, Mondonville et François Giroust. Cependant, les Grands Motets des compositeurs de la première moitié du siècle dominent le répertoire de la Chapelle Royale jusqu'à l'époque de la Révolution. Preuve en est une publication de Ballard pour les années 1787-1792 (Livre de motets pour la chapelle du roy). La liste des titres et des textes de motets exécutés à la Chapelle Royale entre janvier et juin 1792 en comporte quatorze de Delalande, treize de Campra, quatre de Bernier, cinq de Gervais et vingt-cinq de Madin.

Les Grands Motets de Mondonville Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville est né le 25 décembre 1711 ; il est mort à Belleville le 8 octobre 1772. Il s'installe à Paris en 1738, année où il fait ses débuts de violoniste au Concert Spirituel. Il entre au service du roi en qualité de «violon de la chambre et de la chapelle» le 1er avril 1739. En 1744, il succède à Gervais comme «sous- maître» à la Chapelle Royale et occupe ce poste jusqu'en 1758. Après la mort de Royer en 1755, Mondonville dirige où ses Grands Motets sont hautement appréciés. Mondonville compose dix-sept Grands Motets entre 1734 et 1758. Neuf existent encore. Dans l'ordre chronologique, il s'agit de Dominus regnavit decorem (Ps. 92), 1734 ; Juhilate Deo (Ps. 99), 1734 ; Magnus Dominus (Ps. 47), 1734 ; Cantate Domino (Ps. 149), 1743 ; Venite exultemus Domino (Ps. 94), 1743 ; Nisi Dominus œdificaverit (Ps. 126), 1743 ; De Profundis (Ps. 129), 1748 ; Cceli enarrant gloria (Ps. 18), 1750 et In exitu Isrœl (Ps. 113), 1755.

Dominus regnavit decorem (Psaume 92) Dominus regnavit decorem est l'un des trois Grands Motets composés par Mondonville pour être joués en concert à Lille — les deux autres sont Magnus Dominus et Juhilate Deo, servite. Ces trois motets, dits Motets de Lille étaient particulièrement populaires au Concert Spirituel à Paris. Entre 1735 et 1758, Dominus regnavit a été donné de deux à quatre fois par an. Il n'existe pas de texte autographe de ces motets. La représentation de ce soir se fonde sur la source principale : une «partition générale» découverte à la Bibliothèque Nationale. D'autres «partitions générales», certaines comportant de nombreuses variantes, se trouvent dans les bibliothèques de Carpentras, Lille et Avignon. Les cinq versets du psaume sont interprétés en musique par un chœur suivi d'un trio (verset 1), un duo (verset 2), un chœur (versets 3 et 4) et un air da capo encadré par un récitatif (verset 5). Le motet a pour introduction une «symphonie» et se conclut, comme le voulait la coutume, sur le « Gloria Patri». Respectant une tradition de longue date, le chœur qui suit la «symphonie» (en ré mineur) se fonde sur le même matériel. La partition d'orchestre fait appel aux premiers et deuxièmes violons, altos et basse — l'écriture à 4 couramment employée dans les années 1730. Le chœur est à cinq voix (soprano, haute-contre, ténor, baryton et basse), ce qui est conforme à la distribution des parties que l'on retrouve dans les motets de Versailles depuis l'origine. Le chœur prolonge le caractère solennel de la «symphonie». Plutôt que de doubler servilement les lignes vocales d'un bout à l'autre, l'orchestre développe son propre motif indépendant (un levé sur un intervalle de seize degrés). La texture vocale est extrêmement polyphonique, écriture assez rare dans le Grand Motet à la française. Les voix internes assurent direction et tension. Le trio «Et enim firmavit» qui vient ensuite est également en ré mineur et porte l'indication d'exécution «Lent et Mesuré». Il fait appel à des intervalles mélodiques de base tels que l'unisson, les octaves, les quartes et les quintes, qui, associés à un puissant dessin rythmique en notes pointées, dépeignent la création du monde au moyen de couleurs fondamentales. Le verset 2 («Parata sedes») offre un effet de contraste ; c'est un duo en ré majeur marqué «Gracieusement». Il est mis en musique pour deux sopranos accompagnées de deux hautbois et d'un violon et représente une utilisation fort originale d'une sonorité française très appréciée, constituée entièrement de voix et d'instruments dans la tessiture du soprano. La musique de scène contemporaine en offre de nombreux exemples (entre autres, «Hippolyte amoureux», dans l'Acte I d'Hippolyte et Aride de Rameau. Dans les versets 3 et 4, en la mineur, la montée des eaux décrite dans le texte devient une «tempête» d'opéra. Des passages de gammes rapides et des arpèges se propagent dans le chœur et dans l'orchestre. En passant à un tempo «Lent» et d'une mesure à 6/8 à au verset 4, Mondonville exprime le pouvoir du Seigneur sur les vagues de l'océan. Comme le montrent des insertions de deux mesures de la musique de tempête au milieu du passage «Lent», l'océan ne se soumet pas sans résistantce. Les deux idées fondamentales du dernier verset («Vos témoignages, Seigneur, sont très dignes de créance» et «la sainteté doit être Vornement de votre maison, dans toute la suite des siècles») sont exprimées par un récitatif marqué «Grave» et un air da capo, tous deux en fa majeur, et tous deux avec violon obligé. Pour l'air, Mondonville reprend les tessitures de soprano du verset 2. Il souligne le caractère éternel du témoignage de Dieu en répétant le récitatif à la suite de l'air. Le «Gloria Patri» revient au ton original de ré mineur. Il est mis en musique pour l'ensemble du chœur et de l'orchestre. Des rythmes de parole rigoureux alliés à des blocs d'homophonie expriment le véritable esprit du Grand Motet de Versailles. À partir de «sicut erat», la texture devient de plus en plus polyphonique. Dans cette section, et jusqu'à Y « Amen» final, l'orchestre, qui au début du mouvement avait sa propre voix indépendante, vient désormais soutenir des lignes vocales horizontales complexes. De Profundis (Psaume 129) De Profundis est l'un des trois motets de Mondonville pour lesquels l'unique source connue est un manuscrit déposé à la British Library. Composé pour les obsèques, le 17 février 1748, d'Henri Madin, collègue de Mondonville à la Chapelle Royale, il a été donné quarante fois par le Concert Spirituel entre 1748 et 1762. Le texte est celui des versets 1 à 8 du Psaume 129. Pour transformer ce psaume en motet funèbre chrétien, les compositeurs des XVIIè et XVIIIè siècles remplaçaient le «Gloria Patri» qui conclut normalement la mise en musique d'un psaume par les deux premiers versets de la Messe pour les morts (Requiem JEternam). Dans la tradition de la plupart des Grands Motets créés par la génération postérieure à Delalande, les paires de versets du psaume sont traités comme morceaux autonomes pour chœur ou voix de solistes accompagnés de tout l'orchestre ou d'instruments obligés. Malheureusement le manuscrit n'identifie les instruments obligés (violons et flûtes) que pour le verset 2 («fiant aures»). L'orchestre est essentiellement à 4, parfois étoffé à 5 (cf De Profundis) et réduit à 3 (cf «A custodia matutina»). Les voix de solistes sont les suivantes : soprano, haute-contre, ténor, baryton et basse. En raison de ses chœurs d'ouverture et de conclusion, on peut dire que le De Profundis est écrit dans la tonalité de do mineur. Mondonville a introduit des tonalités contrastantes dans les versets 4 et 5 qui sont respectivement en fa mineur et en fa majeur, et dans les versets 7 et 8, respectivement en si bémol mineur et en si bémol majeur. Le chœur d'ouverture («De Profundis clamavi ad te, Domine») fut hautement apprécié. Le Mercure de d'avril 1748 loue ses «beautés sublimes» et ajoute qu'il s'agit là «d'un des plus beaux morceaux d'harmonie que Mondonville ait jamais composés». Pour Lionel de la Laurencie, ce chœur «dépeint toutes les horreurs du tombeau». Un saut d'une octave vers le bas dépeint les «profondeurs», contraignant le «clamavi» à s'élancer vers le haut sur un intervalle de trois mesures. Mondonville connaissait peut-être les De Profundis de Delalande ou de Madin, car l'on retrouve dans ces deux compositions le même renversement de la direction mélodique. Les versets 2 et 3 («Fiant aures» et «Si iniquitatis») constituent à eux deux le texte d'un bref air pour solo, construit sur une basse en forme de chaconne et chanté par un baryton accompagné de flûtes, violons et bassons. Mondonville traite les versets 4 («Quia apud te») et 5 («Sustinuit anima mea») sous forme d'un seul air da capo d'une grande ampleur (agrémenté de ritournelles) pour haute-contre, qui exige la répétition du verset 4 après le verset 5. Les phrases brèves et gracieuses de l'accompagnement instrumental (deux violons) soutiennent des lignes vocales longuement filées et ornées de mélismes à l'italienne. Le verset 6 («A custodia matutina») est chanté par le chœur sur un mode qui rappelle de De Profundis de Delalande. Mondonville utilise des voix légères, hautes (sopranos et hautes-contre) pour évoquer «matutina» (le matin) et des voix basses sur des valeurs de notes lentes pour représenter «nocte» (la nuit). Les versets 7 («Quia apud Dominum») et 8 («Et ipse redimet») sont mis en musique sous forme de deux airs en solo pour soprano. Le premier air («Très lent») en si bémol mineur, exprime une résignation tranquille. Dans le second air, des réponses subites du chœur aux mots les plus importants («redimet Israël») viennent dramatiser le texte. Basses et barytons entonnent un solennel «Requiem œternam» à l'unisson. Le reste du chœur répond «dona eis Domine». Après une pause prolongée le motet s'achève sur une fugue d'une écriture serrée. Les cinq voix qu'elle comporte s'alignent verticalement sur les trois dernières mesures pour conclure sur la «luxperpétua» d'un accord en do majeur.

In exitu Israël (Psaume 113) In exitu Israël a été composé vers 1753 et exécuté pour la première fois lors de la messe royale les 15 et 17 juillet 1753. L'œuvre fut donnée à huit reprises au Concert Spirituel en 1755. Elle a pour source principale une «partition générale» conservée à la Bibliothèque Nationale «de la propre main de Mondonville». Ce motet ouvre sur une marche altière en sol mineur de forme ABA contenant des rythmes fortement pointés. Elle est suivie du verset 1 («In exitu Israël»), chanté à l'unisson par les basses et les barytons sur un rythme lent qui rappelle la sarabande. Comme s'il chantait une litanie, l'ensemble du chœur répond par le verset 2 («Facta est Judœa») sous forme syllabique, avec des accords répétés et comme psalmodiés. Cette section se conclut par une reprise abrégée de la marche de l'ouverture. Le verset 3 a incité Mondonville à atteindre des sommets d'imagination pour décrire la mer qui observe l'exode des Israélites, la mer qui fuit à leur approche et le Jourdain qui remonte son cours devant eux. Il a traité ce verset en trois sections discrètes dont il a clairement marqué les limites par des pauses d'une mesure entière. La première section («Mare vidit») est en mi majeur. Là, flûtes et cordes décrivent une mer calme. Le tempo passe subitement à «Vite». Des gammes descendantes précipitées et des pulsations rythmiques mécaniques évoquent la fuite des eaux. Le chœur répète des notes rapides tirées du fameux «Choeur des tremhleurs» de l'Isis de Lully. La dernière section reprend en sol mineur la description du retrait du Jourdain. Accords brisés, entrecroisement de cordes et gammes précipitées, cette fois ascendantes, rappellent Vivaldi. Un larghetto suave en mi bémol majeur pour voix de haute-contre expose le verset 4 («Montes exultaverunt» : les monts sautèrent comme des béliers et les collines comme les agneaux des brebis). Sa structure est celle d'un air de rondeau à la française (ABACA). Il contient une partie pour basson obligé et quoique la partition ne l'indique pas, les parties instrumentales supérieures sont probablement écrites pour deux violons (ou deux flûtes). Les versets 6 et 7 sont mis en musique sous forme de récitatifs d'accompagnement pour baryton et orchestre à cordes en fa mineur et si bémol majeur respectivement. Les trémolos des cordes et des mélismes vocaux très élaborés dépeignent la terre qui tremble devant le Dieu de Jacob. L'apogée est atteint dans les dernières mesures où tout le chœur se joint au baryton soliste. C'est aussi un solo de baryton avec chœur qui interprète le verset 8 de ce psaume, où le rocher se change en eau tranquille. Une pause dramatique, suivie d'un changement abrupt de tempo («Lent») introduit le verset 9. Des dix-sept autres versets du psaume 113, Mondonville choisit les versets 19 («Qui timent Dominum»), 25 («Non mortui laudabunt») et le verset final («Sed nos qui vivimus»). Le verset 19 en si bémol majeur est mis en musique sous forme libre de rondeau pour soprano. Deux violons obligés tissent un élégant contrepoint autour de la ligne vocale. Hormis le sentiment général de chaleureux optimisme qu'engendre cette composition, elle n'a guère à voir avec le texte du psaume («Ceux qui craignent le Seigneur ont mis au Seigneur leur espérance»). La musique ressemble au «style galant» de la fin du XVIIIè siècle et pourrait être un extrait d'une cantate ou d'une cantatille de l'époque. C'est à un choral qu'il revient de combiner les deux derniers versets du psaume et de retrouver la tonalité de départ de sol mineur/majeur. L'orchestre fait appel aux flûtes et cordes avec une ligne mélodique indépendante pour les bassons. Un tempo lent, l'utilisation de suspensions et une dissonance marquante dans l'accord de mediante 9 à la sixième mesure, le tout associé à une 7/#5, ligne mélodique descendante, crée une atmosphère glaçante pour le début du verset 25 («Non mortui laudabunt te Domine ; neque omnes qui descendunt in infernum»). Le premier mot «non» est répété doucement et ajoute une note dramatique saisissante. Le brusque changement de tempo («Vif») et de mode (sol majeur), l'accompagnement orchestral très actif et la polyphonie légère qui coexiste avec des accords pondéreux traduisent en musique le message du psaume : louons le Seigneur pour l'éternité.

Magnus Dominus (Psaume 47) Magnus Dominus, comme Dominus regnavit et Jubílate Deo, a été composé par Mondonville vers 1734, probablement pour être joué en concert à Lille. Il est étonnant que le Concert Spirituel de Paris ne l'ait pas donné avant 1745. La principale source pour ce motet est une «partition générale» conservée à la Bibliothèque Nationale. Cette partition donne sur l'instrumentation des indications plus précises que de coutume. Mondonville a extrait huit des quatorze versets du Psaume 47 pour les mettre en musique (versets 2, 4, 5, 6, 7, 11, 12 et 15). Comme le veut la tradition, le «Gloria Patri» a été ajouté après le dernier verset du psaume. Magnus Dominus se caractérise par des récits vocaux riches et variés et par l'exploitation de sonorités contrastantes. Comme l'on pouvait s'y attendre, le chœur est à 5, parfois étoffé à 6 lorsque les sopranos se divisent. L'orchestre à cordes est essentiellement en forme de trio (premiers et deuxièmes violons et basse) avec parfois des double barrés (cf verset 6 «Ipse videntes») ; la partition indique l'instrumentation sans ambiguïté possible. Comme dans beaucoup de Grands Motets de Delalande, le premier verset est mis en musique sous forme de symphonie d'ouverture suivie d'un récit en solo (haute-contre), à son tour suivi d'un petit chœur et du chœur au complet. La symphonie fournit le matériel thématique et la tonalité (do mineur) du reste de ce verset. Les versets 4 («Deus in domibus») et 5 («Quoniam ecce») sont composés de deux airs courts, contrastants, pour soprano et hautbois obligé, en do majeur. Malgré de longs mélismes décoratifs, cette musique est française dans l'âme. La ligne vocale soutient une grande diversité d'ornementation. Le premier air est sous forme binaire simple (AABB) ; le deuxième, qui porte une indication de tempo («Gai») présente une structure tripartite (ABC). Avec une rare économie, Mondonville met en musique la première moitié du verset 5 («Ipse videntes») pour chœur et orchestre, sur dix mesures. Des blocs sonores massifs, alliés à des harmonies simples, culminent sur un accord en do majeur qui s'étend sur trois octaves et demi, pour dépeindre la stupéfaction des rois assemblés lorsqu'ils voient la cité de Dieu. La deuxième partie du verset 6 («Conturbati sunt») et la totalité du verset 7 («Tremor appréhenda») décrivent les rois, saisis de tremblements et secoués de frissons. Leur état est incarné par l'entraînant mouvement en avant du concerto italien exécuté par les premiers et deuxièmes violons, accompagnant tous les barytons et basses qui chantent à l'unisson. Le texte est alors repris par l'ensemble du chœur, qui, comme le «concerto», est en fa majeur. Les versets 11 («Secundum nomen») et 12 («Lœtetur mons Sion») sont une étude en sonorités contrastées. Us sont introduits par un bref récit pour soprano et violon obligé. Deux flûtes viennent bientôt prendre la place des violons, maintenant relégués au rôle d'accompagnement en continuo ; nous nous trouvons de nouveau plongés dans la sonorité française favorite produite par les instruments et les voix dans la tessiture du soprano. Cette sonorité est renforcée par le «petit chœur» (deux sopranos et haute-contre) qui représente les «filles de Juda» évoquées au verset 12. Comme s'il avait des réticences à abandonner la sonorité de voix et d'instruments hauts, Mondonville compose le verset 15 («Quoniam hic est Deus») pour deux sopranos et violons obligés. Ce duo en do majeur est marqué «Tendrement» et c'est le seul aria da capo de tout le psaume. C'est une pièce séduisante, avec des groupements asymétriques des phrases et une utilisation judicieuse des entrecroisements de voix et des suspensions. On peut imaginer que Mondonville a mis en musique le «Gloria Patri» pour le chœur tout entier et n'y a autorisé aucune incursion de solo vocal pour contrebalancer le manque de grands mouvements choraux de ce motet. Le «Gloria Patri» s'ouvre sur une série d'accords et de rythmes pointés soigneusement placés, qui lui confèrent un peu de la grandeur de Handel. La puissante fugue qui introduit «Sicut erat in principio» évoque également Handel. Toutes sortes de structures de fugue sont utilisées, dont des exposés libres et inversés du sujet, de puissantes strettes et de nouveaux contre-sujets — imposante conclusion de l'une des œuvres les plus originales de Mondonville.

James R. ANTHONY Traduction Sylviane RUE V7Ra i'1С71£>.

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1. V. 1 In exitu Israel de Azgypto, Lorsque Israël sortit de l'Egypte, Domus Jacob de populo barbaro, Et la maison de Jacob du milieu d'un peuple [barbare, V. 2 Facta est Juda?a sanctificatio ejus, Dieu consacra le peuple juif à son service, Israel potestas ejus. Et établit son empire dans Israël.

2. La mer le vit et s'enfuit ; W. 3 Mare vidit, et fugit;

3. Le Jourdain retourna en arrière ; Jordanis conversus est retrorsum. 4. W. 4 Montes exsultaverunt ut arietes, Les monts sautèrent comme des béliers, Et cobles sicut agni ovium. Et les collines commes les agneaux des [brebis.

5. V. 5 Quid est tibi, mare, quod fugisti ? Pourquoi, ô mer, vous êtes-vous enfuie ? Et tu, Jordanis, quia conversus es Et vous, ô Jourdain, pourquoi êtes-vous [retrorsum ? [retourné en arrière ?

6. YI .7 A facie Domini mota est terra, La terre a été ébranlée à la présence du [Seigneur, A facie Dei Jacob ; A la présence du Dieu de Jacob ; Kl. 8 Qui convertit petram in stagna aquarum, Qui changea la pierre en des torrents d'eaux, Et rupem in fontes aquarum. Et la roche en des fontaines.

7. W. 19 Qui timent Dominum speraverunt in Ceux qui craignent le Seigneur ont mis au [Domino; [Seigneur leur espérance ; Adjutor eorum et protector eorum est. Il est leur soutien et leur protecteur. V. 20 Dominus memor fuit nostri, Le Seigneur s'est souvenu de nous, Et benedixit nobis. Et nous a bénis.

8. W. 25 Non mortui laudabunt te, Domine; Les morts, Seigneur, ne vous loueront point, Neque omnes qui descendunt in Ni tous ceux qui descendent dans l'enfer. [infernum. V. 26 Sed nos qui vivimus, benedicimus Mais nous qui vivons, nous bénissons le [Domino, [Seigneur Ex hoc nunc et usque in sazculum. Dès maintenant et dans tous les siècles. MAGNUS DOMINUS

V . 2 Magnus Dominus, et laudabilis nimis, Le Seigneur est grand et digne de louange In civitate Dei nostri, in monte sancto Dans la cité de notre Dieu, et sur sa sainte [ejus. [montagne.

2. Iff . 4 Deus in domibus eius cognoscetur. Dieu sera connu dans ses maisons lorsqu'il Cum suscipiet earn. [ prendra sa défense. W . 5 Quoniam ecce reges terra congregati sunt, Parce que les rois de la terre se sont assemblés Convenerunt in unum. Et ont conspiré unanimement contre elles.

3. L'ayant vue eux-mêmes, ils ont été tout [étonnés, V . 6 Ipsi videntes, sic admirati sunt,

Tout remplis de trouble et d'une émotion 4. [extraordinaire ; Et le tremblement les a saisis. Conturbati sunt, commoti sunt.

V . 7 Tremor apprehendit eos ; Comme la gloire de votre nom, ô Dieu, [s'étend jusqu'aux extrémités de la terre, 5. Votre louange s'y étend de même. V.ll Secundum nomem tuum, Deus, Votre droite est pleine de justice. Sic et laus tua in fines terra. Justitia plena est dexter a tua. Que le mont de Sion se réjouisse, V .12 Latetur mons Sion Et que les filles de Juda soient dans les [transports de joie Et exsultent filial Juda À cause de vos jugements, Seigneur. Propter judicia tua, Domine. Car c'est là notre Dieu, 6. Notre Dieu pour toute l'éternité, V . 15 Quoniam bic est Deus, Deus noster in teternum, et in sazculum Et il régnera sur nous dans tous les siècles. [saculi ; Ipse reget nos in sacula. 7. Gloire soit au Père et au Fils et au Saint-Esprit, Gloria Patri et Eilio et Spiritui Sancto, Aujourd'hui et toujours et dans tous les Sicut erat in principio et nunc et semper [siècles des siècles, Comme dès le commencement et dans Et in specula saculorum, [toute l'éternité, Amen. Amen. DE PROFUNDIS

W . 1 De profundis clamavi ad te, Domine : J'ai crié vers vous, Seigneur, du fond des [abîmes ; W. 2 Domine, exaudi vocem meam. Seigneur, exaucez ma voix.

2. Fiant aures tux intendentes, Que vos oreilles se rendent attentives In vocem deprecationis meoz. À la voix de mon ardente prière.

3. Si vous observez exactement, Seigneur, nos W . 3 Si iniquitates observaveris, Domine, [iniquités, Seigneur, qui subsistera devant vous ? Domine, quis sustinebit ?

4. Mais vous êtes plein de miséricorde, V . 4 Quia apud te propitiatio est; Et j'ai espéré en vous, Seigneur, à cause de Et propter legem tuam sustinui te, [votre loi. [Domine. 5. Mon âme s'est soutenue par la parole du Sustinuit anima mea in verbo eius; [Seigneur ; Mon âme a espéré au Seigneur. W. 5 Speravit anima mea in Domino.

6. Depuis la veille du matin jusqu'à la nuit, V . 6 A custodia matutina usque ad noctem, Qu'Israël espère au Seigneur. Speret Israel in Domino. 7. W. 7 Quia apud Dominum misericordia, Parce que le Seigneur est plein de miséricorde, Et copiosa apud eum redemptio. Et qu'on trouve en lui une rédemption [abondante. 8. W. 8 Et ipse redimet Israel Et lui-même rachètera Israël Ex omnibus iniquitatibus ejus. De toutes ses iniquités.

9. Requiem azternam dona eis Domine. Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel. Et lux perpetua luceat eis. Et que votre lumière luise à jamais sur eux. DOMINUS REGNAVIT

V . 1 Dominus regnava, decorem indutus est : Le Seigneur a régné et a été revêtu de gloire [et de majesté ; Indutus est Dominus fortitudinem, et Le Seigneur a été revêtu de force et s'est [prœcinxit se. [préparé pour un grand ouvrage.

2. Etenim firmava orbem terrae, Car il a affermi le vaste corps de la terre, Qui non commovebitur. En sorte qu'il ne sera point ébranlé.

3. W . 2 Parata sedes tua ex tunc ; Votre trône, ô Dieu, était établi dès lors ; A sœculo tu es. Vous êtes de toute éternité.

4. W . 3 Elevaverunt flumina, Domine, Les fleuves, Seigneur, ont élevé, Elevaverunt flumina vocem suam, Les fleuves ont élevé leur voix. Elevaverunt flumina ßuctus suos, Les fleuves ont élevé leurs flots par [l'abondance W .4 A vocibus aquarum multarum. Des eaux qui retentissaient avec grand bruit. Mirabiles elationes maris ; Les soulèvements de la mer sont admirables ; Mirabilis in altis Dominus. Mais le Seigneur qui est dans les cieux est [encore plus admirable.

5. V . 5 Testimonia tua credibilia facta sunt Vos témoignages, Seigneur, sont très dignes [nimis ; [de créance. La sainteté doit être l'ornement de votre Dornum tuam decet sanctitudo, [maison Dans toute la suite des siècles. Domine, in longitudinem dierum.

6. Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit, Gloria Patri et Eilio et Spiritui Sancto, Aujourd'hui et toujours et dans tous les Sicut erat in principio et nunc et semper [siècles des siècles, Et in saecula sœculorum. Comme dès le commencement et dans [toute l'éternité. Amen. Amen. WILLIAM CHRISTIE

é en 1944 à Buffalo, William Christie débute ses études Nmusicales avec sa mère, puis poursuit l'étude du piano, de l'orgue et du clavecin, notamment avec Ralph Kirkpatrick qui sait l'encourager dans sa prédisposition pour la musique française. Diplômé de Harvard et de Yale, il s'installe en France en 1971 et enregistre son premier disque pour l'ORTF, en collaboration avec Geneviève Thibault de Chambure. Il continue parallèlement ses études de clavecin avec Kenneth Gilbert et David Fuller et se produit dans la plupart des grands festivals européens. De 1971 à 1975, il fait partie du Five Centuries Ensemble, groupe expérimental consacré aux musiques ancienne et contemporaine, et participe ainsi à de nombreuses créations d'œuvres de compositeurs comme L. Berio, S. Bussotti, " M. Feldman, L. De Pablo. „, ..., tt.~iBZ

T1 . . ,, ii^ TT i Photo MichelSZABO 11 rejoint 1 ensemble Concerto Vocale, dirigé par René Jacobs, en 1976 ; il y tient le clavecin et l'orgue jusqu'en 1980. C'est en 1979 qu'il fonde Les Arts Florissants, ensemble avec lequel il se consacre à la redécouverte du patrimoine musical français, italien et anglais des XVIIè et XVIIIè siècles ; la singularité de cet ensemble, qui se produit aussi bien en formation de chambre qu'avec des solistes, chœurs et orchestres, et qui défend le répertoire sacré comme le répertoire de théâtre, lui permet d'exprimer complètement ses goûts pour les musiques de cette époque et de participer au renouveau d'un art vocal baroque. Homme de théâtre, sa passion pour la déclamation française le conduit à aborder la Tragédie Lyrique Française et il se voit rapidement confier la direction musicale de productions d'opéras avec Les Arts Florissants ; il connaît ainsi certains de ses plus beaux succès, avec la complicité des metteurs en scène Jean- Marie Villégier, Robert Carsen, Alfredo Arias, Jorge Lavelli, Adrian Noble, Pier-Luigi Pizzi, Pierre Barrât et des chorégraphes Francine Lancelot, Béatrice Massin, Ana Yepes, Shirley Wynne, Maguy Marin, François Raffinot. En 1982, il devient le premier américain titulaire au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, et prend en charge la classe de musique ancienne ; il y enseigne jusqu'en 1995. Dans ce cadre, et avec la participation d'autres institutions pédagogiques prestigieuses (Conservatoire Royal de La Haye, Guildhall School of Music and Drama de Londres, Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon), il prend régulièrement la responsabilité de productions d'élèves. William Christie contribue largement à la redécouverte de l'œuvre de Marc-Antoine Charpentier en lui consacrant une part importante de la discographie des Arts Florissants, douze titres parmi lesquels les opéras Médée et David & Jonatbas ainsi que les intermèdes musicaux du Malade Imaginaire. Jean-Philippe Rameau est également l'un des compositeurs de prédilection de William Christie : il grave l'intégrale des Œuvres pour clavecin, Anacréon, Les Indes Galantes, Pygmalion, Nélée & Myrthis, Castor & Pollux et les Grands Motets. De très nombreux prix internationaux (France, Grande-Bretagne, Etats-Unis, Allemagne, Japon, Argentine, Hollande, Suisse...) couronnent ses enregistrements avec Les Arts Florissants, soit plus de 40 titres parus chez Harmonia Mundi. Début 1994, William Christie rejoint en exclusivité Erato/Warner Classics pour une production discographique qui comporte déjà les Grands Motets de Rameau, Dido & JEneas et King Arthur de Purcell, Médée de Charpentier, le Requiem et La Flûte Enchantée de Mozart, et La Descente d'Orphée aux Enfers de Charpentier. Sa fidélité aux Arts Florissants ne l'empêche pas de répondre occasionnellement aux invitations de grands orchestres (Paris, Lyon, Londres, Genève, Boston, San Francisco...). Au cours de l'été 1996, il dirigera Theodora de Handel au Festival de Glyndebourne dans une mise en scène de Peter Sellars. Amoureux de l'"Art de vivre à la française", William Christie se passionne pour la gastronomie de son pays d'adoption et pour les jardins. Il vient par ailleurs de publier dans la collection Découvertes/Gallimard un livre consacré à Purcell, écrit en collaboration avec Marielle D. Khoury. William Christie s'est vu décerner la Légion d'Honneur en janvier 1993 et a obtenu la nationalité française en 1995. Sophie DANEMAN, soprano

Sophie Daneman commence ses études musicales à la Guildhall School of Music avec Johanna Peters et obtient le prix de lieder. Elle se produit comme soliste en récital ou en oratorio aussi bien en Angleterre qu'en Europe, dans des œuvres allant de Monteverdi, Bach et Mozart à Britten, Schônberg ou Berio. Ses apparitions à la scène lui ont permis de chanter les rôles de Despina (Cosi fan Tutte), de la première sorcière (Dido and Aeneas), Rowan (Let's make an de Britten), Susanna (Les Noces de Figaro), Frasquita (Carmen)... À partir de 1991 commence une collaboration régulière avec William Christie et Les Arts Florissants : elle chante les rôles d'Aricie dans et la Suivante d'Hébé dans Castor et Pollux de Rameau, Iphise dans Jephté de Montéclair, la Victoire, le Premier Fantôme et l'Italienne dans Médée de Charpentier, ainsi que dans Dido and Aeneas, suivis de nombreux enregistrements chez Harmonia Mundi et Erato (notamment Les Grands Motets de Rameau). Toujours avec William Christie et Les Arts Florissants, elle a chanté fin 1994 dans Messiah de Handel et a participé à la tournée de King Arthur de Purcell en version concert. Elle a également chanté dans deux petits opéras de Charpentier, Les Plaisirs de Versailles et La Descente d'Orphée aux Enfers, enregistrés pour Erato, et a effectué une tournée en octobre/novembre 1995 au Japon, aux États-Unis et en Australie avec The Fairy Queen de Purcell. En 1995, Philippe Herreweghe l'a invitée au Festival de Saintes pour y donner un récital de lieder ; elle s'est également produite à Rome à la Villa Medicis dans un récital de lieder de Schubert, Schumann, Brahms, Wolf et Berg. Elle a également réalisé un programme Ravel avec Musique Oblique sous la direction de Philippe Herreweghe et chanté le rôle titre de Rodelinda de Handel, dans une mise en scène de Jonathan Miller, œuvre enregistrée pour Virgin Classics. Parmi ses projets à venir, notons une reprise de Rodelinda, Acis et Galatée de Handel avec Les Arts Florissants, ainsi que le Spanisches Liederhuch de Wolf au Festival de Saintes.

Maryseult WlECZOREK, mezzo-soprano Après l'étude de la flûte à bec et une formation au clavecin, Maryseult Wieczorek s'oriente à 17 ans vers le chant et reçoit les enseignements de Greta de Reyghere, Charles Brett, , William Christie, Jane Berbié ; elle se perfectionne actuellement auprès de Nicole Fallien. Elle est membre des Arts Florissants depuis 1994, et a déjà participé avec cet ensemble à de nombreuses productions : Messie de Handel, Requiem et La Flûte Enchantée de Mozart, Missa Solemnis de Beethoven. Elle se produit régulièrement en France comme à l'étranger lors de récitals de musique sacrée et profane et participe à plusieurs productions d'opéra en tant que soliste : & Enée de Purcell (sorceress), Eugène Onéguine de Tchaïkowski (Larina), L'enfant et les Sortilèges de Ravel (bergère, chatte, écureuil) en tournée en Sicile et dirigé par Gabriele Ferro, l'Amour des trois oranges de Prokofiev (Clarisse) mis en scène par Andrei Serban, Il Sant'Alessio de Landi (Religione, Roma) en tournée française dirigé par William Christie, enregistré pour Erato, Fairy Queen de Purcell et Le Malade Imaginaire de Molière/Charpentier (Daphné, Toinette et de la Troisième femme more) en tournée en Australie, au Japon et aux États-Unis, dirigé par William Christie. Parmi ses projets, citons L'Enfant et les Sortilèges avec l'Orchestre National d'Ile-de-France (Jacques Mercier), des Madrigaux de Monteverdi et d'India, et Les Fêtes d'Hébé de Rameau (William Christie).

Paul AGNEW, ténor Né à Glasgow en 1964, Paul Agnew commence ses études musicales au Magdalen College d'Oxford auprès de Janet Edmonds, puis devient membre du Consort of Musicke pendant une longue période. Très demandé en tant que soliste, il a notamment chanté dans Pulcinella de Stravinsky avec Sinfonietta 21, les Cantates de Bach avec l'Orchestra of the Age of Enlightenment, Médée de Charpentier (rôle de Jason) avec Les Arts Florissants en France, au Portugal et aux États-Unis. Paul Agnew travaille régulièrement avec the English Concert (arias de Handel et Arne au King's Lynn Festival, The Fairy Queen à Lisbonne, Dioclesian, Timon of Athens, Bonducca, King Arthur en Allemagne, en Argentine et en Finlande). Il enregistre également pour BBC Radio 3 (concerts avec le Purcell Quartet, Taverner Consort, St James's Baroque Players, Orchestra of the Age of Enlightenment). Parmi ses prestations les plus récentes, notons King Arthur avec John Eliot Gardiner, les Chandos Anthems de Handel au Festival de Bruges, la Messe du Couronnement de Mozart et les Cantates de Bach enregistrées par Erato avec l'Amsterdam Baroque Orchestra dirigé par Ton Koopman, Le Messie avec le Royal Liverpool Philharmonie Orchestra et Dioclesian de Purcell avec Tafelmusik à Toronto. Avec Les Arts Florissants, Paul a enregistré La Descente d'Orphée aux Enfers de Charpentier et les Grands Motets de Rameau. Cette saison, il chantera The Fairy Queen de Purcell avec le Gabrieli Consort, Canticles and Folk Songs de Britten avec Musique Oblique au Festival de Normandie, {'Indian Queen de Purcell au Barbican Centre de Londres et à la Cité de la Musique avec the Academy of Ancient Music, la Passion selon Saint-Jean de Bach avec le Brandenburg Consort et le King's College Choir de Cambridge (qu'il enregistrera en CD et en vidéo), le rôle d'Hippolyte dans la nouvelle production A'Hippolyte et Aricie à Paris, Nice, Caen, Montpellier et à la Brooklyn Academy of Music de New York avec William Christie et Les Arts Florissants. Il enregistrera également les Cantates de Bach avec l'Amsterdam Baroque Orchestra. François PlOLINO, ténor Après avoir obtenu un Diplôme d'enseignement du Chant au Conservatoire de Musique de Lausanne, François Piolino se rend à Londres, où il étudie à la Guildhall School of Music and Drama. Revenu sur le continent, il obtient, au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, un Premier Prix d'Interprétation de la musique Vocale Ancienne. C'est lors de son séjour à Londres qu'il rencontre William Chrisitie, qui lui demande de se joindre à son ensemble, Les Arts Florissants. Avec eux, il a participé à de très nombreuses productions : on a pu l'entendre notamment dans Didon et Enée de Purcell (dans les rôles du marin et de l'esprit), les Grands Motets de M. R. Delalande, ou des œuvres de M. A. Charpentier, comme le Te Deum, Historia Esther (Assuerus) ou le Reniement de Saint-Pierre (dans le rôle-titre), Médée (un Corinthien et la Jalousie) ou La Descente d'Orphée aux Enfers (Tantale). Avec Christophe Rousset, il enregistre un disque de Motets en dialogue de H. Dumont et participe à de nombreux concerts de musique italienne ; et sous la direction d'Henri Farge, il se produit dans un répertoire allant de Monteverdi (il enregistre un disque de madrigaux) à Offenbach (Monsieur Choufleuri, dans le rôle de Babylas), en passant par J. S. Bach (nombreuses cantates, Passion selon Saint-Luc), Mozart (Thamos), Telemann ou Handel (il chante Damon dans Acis et Galatée) ou des créations contemporaines. Avec d'autres chefs, il se consacre à un répertoire plus récent : c'est ainsi qu'on a pu l'entendre dans Les Sept Dernières paroles du Christ en Croix de C. Franck, le Spanisches Liederbuch de R. Schumann ou les Liebeslieder-Walzer de J. Brahms. À l'étranger, François Piolino a travaillé avec le Tôlzer Knabenchor, sous la direction de son chef G. Schmidt-Gaden (Musikalische Exequien de H. Schùtz, Passion selon Saint-Jean et motets de J. S. Bach), ou de Nikolaus Harnoncourt (lors de l'enregistrement de l'intégrale des cantates de J. S. Bach), et il est régulièrement demandé par M. Radulescu pour interpréter des œuvres de J. S. Bach, notamment l'Evangéliste de la Passion selon Saint-Matthieu.

Maarten KONINGSBERGER, baryton Né aux Pays-Bas, Maarten Koningsberger étudie le chant avec Max van Egmond, Udo Reinemann, Elizabeth Schwarzkopf et Margreet Honig. Après ses études à Amsterdam, il intègre l'École d'Art Lyrique de l'Opéra de Paris et participe à de nombreuses productions en France et en Italie (Debussy, Monteverdi, Mozart, Offenbach, Menotti, Maderna, Poulenc, Rameau, Strauss, etc.). On le connaît également comme interprète de lieder ; avec Irwin Gage et Kelvin Grout notamment, il effectue des tournées dans toute l'Europe, au Moyen-Orient et en Amérique du Sud. Durant la saison 1994/95, il a chante dans Didon & Enée de Purcell avec le Stichting Opéra aan het Spui et le Combattimento Consort d'Amsterdam, se produit en récital au Wigmore Hall et prend part à divers concerts avec le Noordhollands Philharmonie. Il est aussi régulièrement invité par la radio et la télévision pour des récitals et des concerts d'oratorios. Parmi ses projets pour la saison 1996/97, notons la Heiligmesse de Haydn avec Ton Koopman, une tournée avec le Combattimento Consort (Apollon & Daphné de Handel), un concert avec le Radio Philharmonie Orchestra dirigé par Rozhdestvensky et le rôle-titre d'un nouvel opéra composé par le néerlandais Heppener pour la première du Holland Festival en 1997. Maarten Koningsberger a participé à de nombreux enregistrements : Schumann (Myrten Op. 25, Lieder), Schubert (Schwanengesang), Campra (Cantates pour voix seule), etc.

Il enseigne actuellement au Conservatoire Sweelinck d'Amsterdam et au Centre de Musique Baroque de Versailles.

François BAZOLA, basse Formé à l'Université François Rabelais et au Conservatoire National de Région de Tours, François Bazola a suivi un double cursus de musicologie et de chant. Il est titulaire de l'agrégation de musique ainsi que d'un prix d'art lyrique et de chant. Il entre ensuite au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris dans la classe de William Christie où il se voit décerner un prix d'interprétation de musique vocale baroque. Dès lors, sa carrière sera très liée aux activités de l'ensemble Les Arts Florissants. Comme chanteur, il participe à de très nombreux concerts tant en France qu'à l'étranger pour interpréter des œuvres de Lully, Charpentier, Rossi, Rameau, Handel, Mozart, Beethoven, etc. et prend part à de nombreuses productions scéniques telles qu'Atys, Les Indes Galantes, Castor & Pollux, Médée, The Fairy Queen, La Flûte Enchantée ou encore plus récemment King Arthur, qui le conduiront à New York, Lisbonne, Londres, Caen, Aix-en-Provence, Paris, Versailles, Vienne, Nice, Montreux... Depuis deux ans maintenant, il est l'assistant musical de William Christie pour la préparation du chœur des Arts Florissants, travaillant ainsi à divers projets tels que les Grands Motets de Rameau (Victoire de la Musique 1995), La Flûte Enchantée, David & Jonathas de Charpentier (Académie Européenne de Musique Baroque d'Ambronay), le Requiem de Mozart, le Messie de Handel, la Missa Solemnis de Beethoven, King Arthur de Purcell, ou encore Sant'Alessio de Landi. De même, l'opéra de Nice l'a invité à venir diriger son chœur pour deux productions d'Alceste et Armide de Gluck. La carrière de François Bazola l'a aussi conduit à travailler avec Marc Minkowski pour divers concerts (dont l'enregistrement du Teseo de Handel), ou encore Christophe Rousset et Philippe Herreweghe. Sa discographie comprend de nombreux enregistrements pour Erato et Harmonia Mundi. LES ARTS FLORISSANTS

n 1979, William Christie fonde un ensemble vocal et instrumental qui emprunte son nom à un petit opéra de Marc-Antoine Charpentier : Les Arts Florissants. Interprète d'œuvres souvent inédites des EXVIIè et XVIIIè siècles, puisées dans les collections de la Bibliothèque Nationale de France, l'ensemble contribue à la redécouverte d'un vaste répertoire (Charpentier, Campra, Montéclair, Moulinié, Lambert, Bouzignac, Rossi...) Les Arts Florissants abordent rapidement le monde de l'opéra, notamment à l'Opéra du Rhin dans des mises en scène de Pierre Barrât avec Dido and Aeneas de Purcell, II Ballo Délie Ingrate de Monteverdi (1983), Anacréon de Rameau et Actéon de Charpentier (1985). Ils connaissent la consécration avec Atys de Lully mis en scène par Jean-Marie Villégier (Grand Prix de la Critique 1987) à l'Opéra Comique, Caen, Montpellier, Versailles, Firenze, New York et Madrid en 1987, 1989 et 1992. Jean-Marie Villégier met également en scène avec succès Le Malade Imaginaire de Molière/M.-A. Charpentier (coproduction Théâtre du Châtelet, Théâtre de Caen, Opéra de Montpellier 1990), La Fée Urgèle de Duni/Favard (direction musicale Christophe Rousset, Opéra Comique 1991) et Médée de M.-A. Charpentier (coproduction Opéra Comique, Théâtre de Caen, Opéra du Rhin 1993, également présentée à Lisbonne et New York en 1994). Le Festival d'Aix-en-Provence invite régulièrement Les Arts Florissants pour des productions toujours très remarquées : The Fairy Queen de Purcell (mise en scène A. Noble, 1989, Grand Prix de la Critique), Les Indes Galantes de Rameau (mise en scène A. Arias, 1990, repris à Caen, Montpellier, Lyon et à l'Opéra Comique), Castor & Pollux également de Rameau (mise en scène P.L. Pizzi, 1991), Orlando de Handel (mise en scène R. Carsen, coproduction Théâtre des Champs-Elysées, Théâtre de Caen, Opéra de Montpellier, 1993) et en 1994 et 1995 Die Zauherflôte de Mozart (mise en scène R. Carsen). La Brooklyn Academy of Music de New York est également fidèle aux Arts Florissants depuis 1989, soit pour des spectacles (Atys en 1989 et 1992, Médée en 1994), soit pour des festivals de concerts (1991, 1993,1995). De très nombreuses distinctions françaises et internationales saluent les enregistrements discographiques des Arts Florissants, de Gesualdo à Rameau, soit plus de 40 titres édités par Harmonia Mundi. Début 1994, Les Arts Florissants rejoignent en exclusivité Erato/Warner Classics pour une production discographique dont le septième titre, La Descente d'Orphée aux Enfers de Charpentier, est sorti récemment ; lui succéderont notamment 77 Sant'Alessio de Landi et FLippolyte & Aride de Rameau. Les Arts Florissants ont remporté le Gramophone Award "Early Opéra" pour l'enregistrement de Kmg Arthur de Purcell ainsi que le Gramophone Award dans la catégorie "Baroque Vocal" pour les Grands Motets de Rameau. Réclamé dans le monde entier, l'ensemble visitera pendant la saison 1995/96 l'Australie, le Japon, les États-Unis, la Grande-Bretagne et la Grèce, avec le soutien actif du Ministère des Affaires Étrangères / Association Française d'Action Artistique. Caen et la Basse-Normandie sont associés depuis 1990 pour offrir aux Arts Florissants une résidence privilégiée, au Théâtre de Caen mais également en région. Les Arts Florissants sont subventionnés par le Ministère de la Culture, la ville de Caen, et le Conseil Régional de Basse-Normandie. PECHINEYparraine Les Arts Florissants depuis 1990.

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Grands Motets de Rameau et Mondonville - Caen, Abbatiale Saint-Étienne - 04/06/1994 - Photo Michel SZABO Les Jk.rts Florissants WILLIAM CHRISTIE

WILLIAM CHRISTIE ET LES ARTS FLORISSANTS ENREGISTRENT O EN EXCLUSIVITÉ POUR ERATO.