Joséphine De Beauharnais - 1763-1796
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JOSÉPHINE DE BEAUHARNAIS - 1763-1796 PAR FRÉDÉRIC MASSON DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE PARIS - ALBIN MICHEL - 1909. AVANT-PROPOS DE LA QUATORZIÈME ÉDITION. INTRODUCTION. I. — LES ÎLES. II . — TASCHER ET BEAUHARNAIS. III . — MADAME RENAUDIN. IV . — LE PÈRE ET LA MÈRE DE JOSÉPHINE. V. — ENFANCE ET JEUNESSE DE JOSÉPHINE. VI . — ALEXANDRE DE BEAUHARNAIS. VII . — LE MARIAGE. VIII . — LE JEUNE MÉNAGE. IX . — LA SÉPARATION. X. — FONTAINEBLEAU. - LA MARTINIQUE. XI . — LE RETOUR. XII . — FIN DE LA CONSTITUANTE. XIII. — LE GÉNÉRAL BEAUHARNAIS. XIV . — JOSÉPHINE PENDANT LA RÉVOLUTION. XV . — LES CARMES. XVI . — LA LIBERTÉ. XVII . — L'AN III. XVIII . — L'HÔTEL CHANTEREINE. XIX . — LE GÉNÉRAL BONAPARTE. XX . — LE CARACTÈRE. AVANT-PROPOS DE LA QUATORZIÈME ÉDITION. Voici un livre pour lequel j'avoue ma complaisance, car il est de ceux qui m'ont coûté le plus de soucis. Il y a quinze ans, j'en publiais la première esquisse dans la Revue de Paris (numéros des 15 mai et 1er juin 1895) ; voici dix ans paraissait un volume où cette étude avait été entièrement reprise ; aujourd'hui, c'est presque une version nouvelle que je présente : du moins, c'est une version complétée où, sur bien des points, j'ai obtenu des confirmations et des affirmations ; où je me suis corrigé par ailleurs, où j'ai redressé des erreurs reconnues et fortifié des points discutables. Cette marche, que je me permets de relever, indique la continuité de mon travail, et aussi quel en est l'esprit. Un livre n'est jamais fait ; l'histoire n'est jamais écrite ; elle reçoit constamment des notions et des vues nouvelles. Ici surtout, où ma construction forcément fut légère, étant faite de notes prises dans des minutiers de notaires, des collections d'autographes, des mémoires judiciaires, des imprimés regardés à la loupe et passés au crible. Les archives publiques étaient presque muettes ; les archives privées m'étaient fermées, — et de ceci je me vante ; car il eût fallu solliciter, donc engager mon indépendance, et, contre des documents médiocrement sûrs, faire capituler ma conscience d'historien. Marché de dupe, auquel je ne souscris point. Donc, tout naturellement, certains étais ont cédé, des parties de l'échafaudage ont faibli, — mais non point certes sous les critiques qui, la plupart, ont porté à faux. Les poutrelles avaient de l'aubier et elles ont travaillé. Mais la construction tient. Elle a résisté à des contradictions qui, dix années durant, ont contesté ce livre en son esprit, l'ont discuté en ses détails, et surtout — oh ! surtout ! — l'ont plagié, sous couleur de le réfuter, Le plagiat est une pierre de touche ; on ne plagie que ce que l'on croit affirmé, positif et non discutable ; on s'en empare pour se donner figure d'historien, et, à défaut d'autres, crédules à mes récits, tout le moins puis-je compter mes plagiaires. Grâces leur soient rendues ! Dans l'espèce plagiaire, il y a deux genres qui méritent d'être distingués et, puisqu'ici l'occasion s'en présente, je le veux dire : Il y a le plagiaire honteux qui, bénin, bénin et timoré, prend les phrases, tire les pages, escamote le train, et se frotte les mains, disant : voilà de bonne ouvrage ! Nul ne saura que ce n'est pas moi et j'en aurai l'honneur. C'est le pickpocket qui s'attache au porte-monnaie ; mais, dans ses mains, les napoléons, s'il y en avait dans la bourse, s'argentent, et les écus se cuivrent : cela ne fait point grand tort à l'inventeur, et puis il faut bien que chacun vive. Mais il y a tout près le plagiaire agressif. Celui-ci emprunte un chapitre, réserve faite d'une ligne sur quoi il discute, pérore, invective au besoin et, s'étant ainsi posé en critique averti, s'imagine avoir détourné les soupçons et s'être créé un alibi. Celui-là, c'est le bandit ; il travaille, le tromblon dans une main, la plume dans l'autre, avec une désinvolture fripée qui vaut bien un coup d'œil. Son ignorance est au niveau de sa superbe et s'étaie de son impudence. Il opère à Paris et en province comme à l'étranger, mais la province lui est surtout favorable, étant propice aux bonnes copies et aux vastes pensées. Voilà les genres, mais il y a les sous-genres, et ils sont à l'infini, de façon qu'il faudrait des volumes et des volumes. A quoi bon, dira-t-on ? — Pourquoi pas, répondrai-je. Le plagiaire vaut autant d'être collectionné que le millepatte et, piqué sur une planche de liège, il ferait presque aussi bon effet que le Cimex lectularius de Linné (vulgo : punaise) . Selon le climat, le milieu, les croisements, il se différencie, à faire croire qu'il constitue un genre nouveau. Dans l'espèce du plagiaire matamore on a des surprises, comme de se demander qui plagia de lui ou de soi et d'être obligé de recourir aux dates. Il y a, de cette sorte, des anecdotes qui, après un petit chaud de colère, car on répugne à être volé, ne méritent que l'éclat de rire qu'on leur donne. Faire, de plus, une réclame au voleur ! Que non pas. Vas en paix, mon ami, et que le bien d'autrui te profite s'il se peut. Par toi, un peu de vérité se trouve répandu et cela t'étonne — autant, s'il se peut, que la Vérité même. Donc, mieux que par les critiques, ce livre a été honoré par les plagiaires : depuis dix ans, y a-t-on ajouté quelque chose ? Guère. Pourtant, récemment, un volume a paru qui fut destiné par son auteur à l'écraser ; à quoi il ne manqua point en le démarquant d'abord, et cela fut le pire supplice. Mais comme ce volume devait apporter des choses nouvelles ! Songez donc ! Il était composé sur les pièces originales des Archives de la Maison Tascher de la Pagerie, que le duc Tascher avait remises lui-même à l'auteur. Et, dès lors, il me fallut trembler : ce n'était point là de la besogne à la grosse, brossée sur un coin de table à la commande d'éditeur, mais un travail de longue haleine, un travail qui avait occupé dans la vie de l'auteur près de deux lustres, et les avait comblés : sinon plus ; pour parler en prose huit ans : plus que moins, car ce fut le duc Tascher qui prit cette confiance en l'auteur ; or, il n'y eut de nos temps qu'un duc Tascher, et voici huit années qu'est mort sans hoirs, à Neuhausen, près Munich, Louis-Robert-Maximilien-Charles-Auguste Tascher de la Pagerie, duc Tascher de la Pagerie, seul et unique de sa branche, seul et dernier en droit de prendre et porter ce titre ducal. Il lui venait, à travers son père, Charles-Joseph-Louis-Robert-Philippe, de son grand-oncle, le baron Emeric-Joseph-Wolfang-Heriberg de Dalberg, en faveur duquel il avait été créé par lettres patentes impériales des 14 avril, 8 juillet 1810 et 16 mai 1811, avec réversion éventuelle en faveur d'un neveu et héritier, qui fut ce Charles-Joseph-Robert-Philippe de Tascher, lequel n'eut qu'un seul fils, ce Louis-Robert-Maximilien-Charles-Auguste La réversion et l'investissement furent confirmés par décret impérial du 2 mars 1859 et par arrêté ministériel du 19 janvier 187o, en faveur de ce neveu et de ce petit-neveu du duc Dalberg, et, le second duc étant mort sans hoirs le 3 août 1901, le titre de duc Tascher fut éteint. Il l'est et le demeure. Nul n'a le droit de le prendre et de le porter, à moins que le Président de la République française ne l'ait depuis 1901 relevé et réérigé par un acte demeuré secret, non publié et dès lors inexistant. L'auteur de ce volume sur Joséphine ayant donc employé huit années de sa vie, pour le moins, à réfuter mon livre, que devait-il en rester ? — Rien ! moins que rien ! Des lambeaux dispersés et des membres affreux Que des chiens dévorants se disputaient entre eux. Spectacle affligeant pour un père que de voir un de ses enfants si proprement disséqué qu'il n'en reste pas même un tout petit morceau à porter à la sépulture de famille. Songez : j'avais affaire à un praticien dont le bistouri est redoutable. L'auteur de livres tels que : Des Abus de la castration chez la femme, De l'Extirpation totale de l'utérus par la voie vaginale, Introduction à la pratique gynécologique , est de ceux qui savent la femme, peut-être pas sous l'aspect où l'envisagent d'ordinaire les historiens ; mais tout est dans tout. Eh bien ! M. le Dr Pichevin, car tel est ce gynécologue, a passé, et mon livre demeure ; il a perdu une date à laquelle je tenais peu, il a reçu des confirmations sur des points qui étaient douteux et il a posé des questions qui demeurent irrésolues : si telles étaient les pièces demeurées aux mains des Tascher après qu'Aubenas eut publié ses excellents volumes, on comprend qu'elles aient été écartées, les unes comme oiseuses, les autres comme périlleuses. Quant aux documents que révèle ce volume, d'après la Bibliothèque nationale ou les Archives, je croyais bonnement les avoir publiés, mais il leur manquait la cote, et M. le Dr Pichevin les en a habillés ; cela en a fait des êtres nouveaux. C'est un procédé de Face massage . Il réussit parfois. En vérité, voilà les découvertes qui ont motivé dans un grand nombre de journaux l'impression d'une Prière d'insérer où le Docteur annonçait qu'il me répondait pertinemment .