Les Nouvelles Aventures De Harry Dickson
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Les Mystères de la Tamise COLLECTION FANTASTIQUE, DIRIGEE PAR J. BISCEGLIA DU MEME AUTEUR CHEZ LE MEME EDITEUR CONTES CREPUSCULAIRES Dessin original en couleurs de Jacques Tardi en couverture Préface de Jacques Van Herp LES NOUVELLES AVENTURES LE SHERLOCK HOLMES AMÉRICAIN TOME PREMIER Les Mystères de la Tamise par Gérard Dôle Préfaces de Jacques Bisceglia & La Pieuvre Noire Dessin de couverture : Alfred Roloff Corps 9 EDITIONS TROESNES 02460 LAFERTÉ-MILON IL A ETE TIRE DE CET OUVRAGE TROIS MILLE EXEMPLAIRES, DONT DOUZE HORS-COMMERCE MARQUES H.C. DE I A XII, RESERVES A CELLES & CEUX QUI ONT PARTICIPE A LA FABRICATION, LE TOUT CONSTI- TUANT L'EDITION ORIGINALE. © Corps 9, éditions - 1984 On sait aujourd'hui que ni le nom, ni le personnage de Harry Dickson, furent créés par Jean Ray. Jean Ray a d'ailleurs précisé à Alain Resnais, le jour où ils firent connaissance qu'« il n'a pas inventé celui-ci. Il n'a jamais su où, quand, comment et par qui Harry Dickson avait été créé ! » (Francis Lacassin, Passagers Clandestins, tome I, page 356, 10/18, Paris, 1979.) En fait, l'origine de Harry Dickson n'est plus un secret. Au départ, on trouve une série allemande d'aventures apocry- phes de Sherlock Holmes, le célèbre détective créé en 1886 par Sir Arthur Conan Doyle : A us den Geheimaklen des Welt-Detektivs (ACWD/Issus des dossiers secrets du Détective de réputation mon- diale). Cette série de 230 fascicules hebdomadaires de 32 pages, aux superbes couvertures illustrées entre autres par le talentueux Alfred Roloff, fut publiée à Berlin du 16 janvier 1907 à 191 1. On est surpris de trouver déjà, dans certains textes allemands tels « Les douze cœurs morts » ou « Le meurtrier des jeunes filles de Boston », une exubérance et une folie que n'aurait pas reniées Jean Ray. Les AGWD furent traduits en diverses langues dont le néerlan- dais et le français, dès 1907. La série française, Les dossiers secrets de Sherlock Holmes, qui devint rapidement, après l'intervention de Conan Doyle, Les dossiers secrets du roi des détectives, débuta le 15 octobre 1907 avec « Le secret de la jeune veuve » qui était d'ailleurs le premier titre de la série allemande. Les Dossiers Secrets, qui n'eurent que seize numéros de 32 pages, reprenaient les couvertures originales que Roloff avait réalisées pour les AGWD. Malgré le changement de titre, le héros en était toujours Sherlock Holmes, secondé par Harry Taxon, «l'audacieux disciple du maître ». En fait, le nom de Harry Dickson apparaît pour la première fois, à Paris, en 1913. René Plaissetty, un bon metteur en scène cinématographique du moment, réalise en effet un feuilleton en six bobines intitulé Les aventures de Harry Dickson. Le rôle du détective a été confié à un jeune acteur de vingt- cinq ans, Edmond Van Daële — de son vrai nom, Edmond Mickiewick — qui s'illustrera par la suite dans de nombreux films dont le Napoléon d'Abel Gance (1927) et Le mystère de la chambre jaune de Marcel L'Herbier (1930). Plaissetty, pour tourner ses six courts métrages, s'est inspiré de quelques textes des Dossiers secrets du roi des détectives et parti- culièrement du « Secret de la jeune veuve ». Délaissant le personnage de Sherlock Holmes, il centre son film sur le jeune élève, lui donnant le rôle principal. La similitude de trait entre le portrait de Harry Taxon dessiné dans Les Dossiers Secrets et Edmond Van Daële est d'ailleurs assez surprenante. Mais, le nom Harry Taxon ne lui plaît pas ; c'est ainsi que, s'inspirant du patronyme de deux chanteurs populaires de l'époque, Henri Dickson et Harry Fraxon, ainsi que de Allan Dickson, célèbre détective australien dont les aventures étaient publiées en France, il refond le tout en Harry Dickson. La deuxième apparition de Harry Dickson a lieu aux Pays-Bas, en décembre 1927, lors de la réédition en néerlandais des A G WD, sous le titre de Harry Dickson, de amerikaansche Sherlock Holmes. Cette série hollandaise fut traduite en francais ; et, en décembre 1928 ou janvier 1929, parut le premier numéro des Aventures de Harry Dickson, le Sherlock Holmes américain. Les premiers numéros de la série française furent l'œuvre de divers traducteurs plus ou moins doués, lesquels étaient eux-mêmes « trahis » par les typographes hollandais, car les deux séries, néerlan- daise et française, étaient imprimées à Amsterdam. Jean Ray, absent de ses foyers du 6 mars 1926 au 1 février 1929, ne collabora pas immédiatement aux Aventures de Harry Dickson. Il fut d'abord un traducteur docile, puis, frustré par les textes originaux, il créa ensuite de toutes pièces des aventures, avec pour seule contrainte, l'action qui figurait sur l'illustration de la couverture originale. Les 1 78 numéros des Aventures de Harry Dickson constituent aujourd'hui la plus mythique et la plus prestigieuse collection de fascicules policiers. Les Nouvelles aventures de Harry Dickson s'inscrivent en ligne directe dans cette longue chaîne créative qui, du Sherlock Holmes de Conan Doyle, nous entraîne à travers le Sherlock Holmes allemand, Lord Lister/Raffles, Tip Walter, Nat Pinkerton et Nick Carter avant 1914, jusqu'à Harry Dickson et ses divers auteurs de l'entre- deux guerres. On sent chez Gérard Dôle, qui a lu plusieurs fascicules allemands, l'influence de la Littérature populaire des premières décen- nies de notre siècle : Fantômas, Raffles, Gaston Leroux, Maurice Leblanc, Gustave Le Rouge, etc. Grâce à lui, Harry Dickson, phénix qui renaît de ses cendres, revit des nouvelles aventures que n'auraient pas renié ses illustres prédécesseurs. Jacques Bisceglia Bibliographie : — Le Fulmar, numéros 16, 17, 18 19, 20 & 21. — Préfaces des Aventures de Harry Dickson, tomes 1, 3 & 4, Corps 9, éditions. — Filmographie Universelle de Jean Mitry, tome XII, chapitre « Les sériais français », Paris, 1970. « Niellez vos plumes et fourbissez vos microphones ! » s'écria l'Homme au Singe, car c'était lui. Gérard Dôle a patiemment recueilli certains éléments de la biographie de Harry Dickson auprès de divers protagonistes de ses aventures. Ce fut chose aisée de joindre la brave Mrs Crown, qui tenait encore table d'hôte dans la Baker Street il y a une dizaine d'années. Et il ne lui fut pas difficile de délier la langue de cette brave femme qui révérait toujours le souvenir de ses locataires préférés. Elle lui apprit que l'ex-inspecteur Goodfield était maintenant chef de cabinet au Home office, et l'ancien superintendant prit un immense plaisir à se remémorer ces « affaires ». Gérard Dôle a même glané certains renseignements auprès du célèbre détective mondial, Harry Dickson lui-même, qu'il ne rencontra, hélas, qu'à l'article de la mort. Mais ce ne fut que récemment qu'une lettre de Georgette Cuvelier lui tomba entre les mains, le dirigeant enfin vers l'asile pour vieillards nécessiteux où Tom Wills vit désormais. Celui-ci, bien que fort atteint par les ans, put lui confier certains détails, et lui permit d'infirmer certaines des théories officielles qui embrumaient la légende du détective américain renommé. Pendant plusieurs années, Gérard Dôle se livra à un travail de bénédictin, relisant toutes ses notes, interrogeant sans relâche, dans les sinistres docks de Londres, des hommes qui avaient été mousses sur la Rum Row qui lui confiaient leurs anciennes peurs pour quelques shillings d'ale. Abandonné de tous, ne se nourrissant que de crackers et de fromage de Hollande, il fouilla les recoins pénombreux de la bibliothèque du British Museum et les archives de Scotland Yard. C'est le fruit de cette recherche passionnée qui nous récompense aujourd'hui, quelques nouvelles aventures de Harry Dickson reconsti- tuées avec soin, nous rendant enfin le génial détective. Ce premier volume, Les Mystères de la Tamise, est précédé d'une annotation de Jacques Bisceglia, hagiographe adjoint, et paraît, bien sûr, chez Corps 9, le laboratoire d'alchimie humaine, où le professeur Xalf (pour des raisons évidentes de copyright, nous ne pouvons le désigner que par son pseudonyme), prépare la résurrection d'un certain H...y D ..... n. La Pieuvre Noire Londres, 1938... Les mystères de la Tamise Prologue A houle jaune et grise du brouillard roule sur Maryle- L bone. L'heure est tardive, les rues sont vides et silen- cieuses. De loin en loin, les réverbères pleurent de rares larmes rousses qui combattent sans grande victoire la horde farouche des ombres. Au coin de York Gate et de Paddington Street, une triste bâtisse en briques rouges, ternies par l'âge et les intempé- ries, se dresse, inquiétante, dans la nuit. Officiellement, elle se pare du nom pompeux de «Madame Tussaud's Wax Museum», mais les habitants de ce quartier sans joie du North-West l'appellent craintivement «L'antre du Diable». Ses salles poussiéreuses renferment en effet toute une sta- tuaire de cire où les plus sinistres représentants de la cri- minalité londonienne occupent une place de choix. De jour, cette abominable exposition n'est fréquentée que par un quarteron de vieillards lubriques, avides de sensa- tions équivoques, viles, morbides... De nuit, elle sombre dans un désert cryptique peuplé de fantômes... Au loin, le carillon de Westminster égrène son chant d'ai- rain, puis Big Ben compte lentement, comme à regret, dix coups lourds et graves sur la ville endormie... Entrons ! Un hall lambrissé, aux multiples fenêtres masquées par de lourdes tentures en velours grenat, semble nous souhai- ter la malvenue... Au plafond tavelé de taches verdâtres, s'accroche l'unique veilleuse électrique, avare en lueurs dif- fuses et embuées... Peu à peu, à mesure que l'œil s'habitue au clair-obscur ambiant, des visages blafards surgissent à la ronde... Burke & Hare, les infâmes pourvoyeurs de cadavres de Shadwell, nous toisent avec des rictus figés.