La Haute-Vienne Aujourd'hui. Étude Géographique
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La Haute-Vienne aujourd'hui CHEZ LE MÊME ÉDITEUR : Collection « Géographie des départements français » Sous la direction de MM. Roger BÉTEILLE, professeur à l'université de Poitiers, Jean COMBES et Michel LUC, inspecteurs de l'Education nationale. les Deux-Sèvres aujourd'hui Collection « Histoire des départements français » Sous la direction de MM. Jean BRIGNON, Jean COMBES et Michel LUC. la Charente-Maritime des origines à nos jours l'Indre-et-Loire des origines à nos jours la Vendée des origines à nos jours la Sarthe des origines à nos jours Document de couverture Vue aérienne du lac de Vassivière où l'on peut voir, au premier plan, le village d'Auphelle et les aménagements touristiques. On reconnaîtra au centre l'ne aux Serpents puis l'ne de Vassivière, recouverte de prairies. A l'arrière-plan s'étend le plateau de Millevaches, c'est-à-dire aux mille sources. (Photo Clara). Document page 7 Le plan des Trésoriers. La Haute-Vienne aujourd'hui Etude géographique Olivier Balabanian Maître assistant, docteur ès lettres, université de Limoges Guy Bouet Docteur ès lettres, professeur, université de Limoges Editions Bordessoules S aint-Je an-d'Angély — 1983 — @ Editions Bordessoules, 1983. ISBN 2-903504-14-8 Introduction Le département de la Haute-Vienne, situé à l'ouest du Massif Central et du Limousin, est un carrefour naturel au contact de régions variées : le Berry au nord, le Haut-Poitou et les Charentes à l'ouest, le Périgord au sud-ouest, les plateaux corréziens et creusois au sud et à l'est. Zone de transition, la Haute-Vienne permet le passage progressif des plaines et plateaux du nord et de l'ouest vers la montagne. Les origines du département de la Haute-Vienne La création du département de la Haute-Vienne n'a guère posé de problèmes. Pour- tant, la situation administrative antérieure était localement aussi compliquée qu'ailleurs. En effet, quand commencèrent les travaux de leur Assemblée pour clarifier la situa- tion administrative de la France, les Constituants durent débrouiller un imbroglio local. En particulier la généralité de Limoges, créée en 1558, était beaucoup plus grande que le gou- vernement du Limousin et comprenait, avec les 13.664 km2 de ses cinq élections de Limo- ges, Angoulême, Bourganeuf, Brive et Tulle, l'Angoumois et le gouvernement de la Marche. La province de la Marche était elle-même écartelée entre les généralités de Limoges et de Moulins. En d'autres termes, la généralité de Limoges ne coïncidait ni avec la pro- vince du Limousin, ni avec l'ensemble Marche-Limousin, et la présence d'enclaves poitevi- nes compliquait encore cette situation administrative déjà assez confuse. La rupture avec la situation antérieure qu'a été la création des départements a pour- tant été facile en Limousin. Déjà, lors de la création des Assemblées provinciales, chaque province avait revendiqué son autonomie et l'Angoumois avait vigoureusement manifesté sa volonté de se séparer du Limousin. De même, la Marche, dans les cahiers des Etats généraux, voulait reprendre forme entre le Limousin et le Bourbonnais. Cette dernière doléance fut rejetée et l'on décida (comme l'indique le « Rapport sommaire sur la nouvelle division du Royaume », rapport dont la lecture fut faite le 8 janvier 1790 à l'Assemblée constituante par Bureaux de Pussy) que Marche et Limousin devaient former trois dépar- tements dont l'un, la future Haute-Vienne, serait constitué, pour moitié, par des pays de la Marche et, pour l'autre moitié, par des pays du Limousin. C'est donc dans l'ensemble Limousin-Marche qu'ont été dessinées les divisions admi- nistratives limousines et le département de la Haute-Vienne en particulier. Ceci place le Limousin-Marche dans une situation assez proche de la Bretagne, de la Lorraine ou de l'Alsace dont les cadres territoriaux ont constitué la coquille exacte d'un groupe de dépar- tements. L'établissement des frontières de la Haute-Vienne A l'intérieur de l'ensemble Marche-Limousin, la délimitation des trois départements ne posa guère de problèmes sérieux dans la mesure où les principales villes de cet ensemble étaient éloignées les unes des autres et très distantes des grandes cités environnantes comme Angoulême et Poitiers. Dès le 25 janvier 1790, Gossin (qui avait déjà, le 22 janvier, été rapporteur pour la « constitution du département de Guéret de 288 lieues carrées ») présentait son rapport sur le département du « Haut-Limousin » qui devait devenir celui de la Haute-Vienne. La brièveté du procès-verbal montre que l'accord fut aisé entre les députés des provinces devant former les trois départements limousins et ceux des territoires à y rattacher. De fait, les difficultés furent bien peu nombreuses. Le principal obstacle vint des représentants de la Basse-Marche qui insistèrent long- temps pour obtenir la création d'un département, avec Le Dorat pour chef-lieu, regrou- pant les sénéchaussées de Basse-Marche et de Montmorillon. Plus facilement, les députés du Poitou renoncèrent à l'enclave de Rochechouart convoitée par l'Angoumois. En fin de compte, le département fut constitué selon le « procès-verbal » de constitu- tion et de délimitation territoriale du département de la Haute-Vienne » du 5 février 1790. Vers le sud, on a partagé à peu près également les territoires situés entre Limoges et Tulle. Au sud-ouest, les anciennes limites entre le Périgord et le Limousin ont été respectées. Vers l'ouest, Rochechouart et toute la partie enclavée du Poitou est récupérée par le départe- ment. Vers le nord, quelques paroisses du Poitou et du Berry sont intégrées. Enfin, vers l'est, les territoires entre Limoges et Guéret ont été divisés, à peu près également, en deux. En dehors du nom, d'abord Haut-Limousin, puis Haute-Vienne, et bien que des recti- fications ultérieures aient été prévues, rien ne fut modifié à l'assise territoriale du départe- ment. La surface de la Haute-Vienne est restée ce qu'elle était à l'origine, soit 288 lieues carrées, ou 5.516 km2. La population était alors un peu supérieure à 200.000 habitants. Même l'organisation interne originelle du département s'est maintenue jusqu'à nos jours sans subir de gros changements. La survie des cadres locaux Dès l'origine et sans aucune contestation, par opposition à ce qui s'est passé en Creuse où Aubusson faillit ravir à Guéret le rôle de chef-lieu, Limoges fut déclarée chef- lieu de département et, bien naturellement, l'est restée jusqu'à nos jours. Le département était divisé en 6 districts, 40 cantons et 247 communes. Ce tableau originel des divisions administratives, publié au décret du 5 février 1790, fut quelque peu altéré par la suite. C'est ce qui se passa pour les communes, circonscrip- tions de base, qui prirent d'abord leur assise sur les anciennes paroisses. A l'origine, elles furent très nombreuses ; par exemple, la ville de Limoges comprenait trois municipalités : la Ville, la Cité et Saint-Christophe. Dès le mois de juillet 1790, alors que l'on dressait un relevé numérique de la population « active » en vue des élections pour la formation des corps administratifs, certaines communes avaient déjà disparu. D'ailleurs, toute latitude avait été laissée à l'administration pour opérer des modifications. De même, les représen- tants du peuple en mission procédèrent à des regroupements. Ainsi, en septembre 1792, le conseil général rattacha à Limoges les municipalités de La Bruyère, Uzurat et Soubrevas- Sainte-Claire. Puis, le directoire du district de Limoges annexa à cette ville les communes de la Cité et de Saint-Christophe. Après la réorganisation des municipalités en l'an VIII et les réajustements opérés sous la Restauration, 42 communes disparurent sur les 247 originelles. Cependant, leur nom d'origine, à quelques exceptions près, se maintint, et ce malgré les altérations opérées sous la Convention. Cette assemblée avait, en effet, exhorté les communes à éliminer tous les noms rappelant l'Ancien Régime comme les noms en « château », « saint », etc. 25 com- munes du département se mirent en règle ; par exemple, Rilhac-Lastours devint, pour un temps, Rilhac-Chaumière. Rien, sur le plan communal, ne fut plus modifié jusqu'à nos jours, si ce n'est quelques regroupements de communes, si bien que la Haute-Vienne compte, désormais, 201 communes. Les modifications, en ce qui concerne les cantons, ont porté sur les villes et leur péri- phérie ; ainsi, récemment, les cantons de Limoges sont passés à 12 et ceux de Saint-Junien de 1 à 2. Le département de la Haute-Vienne compte aujourd'hui 38 cantons. Les modifi- cations, en ce qui concerne les arrondissements, furent importantes. Le procès-verbal d'avril 1790 prévoyait la division du département en 6 districts subégaux, en surface et en population, et ayant pour chefs-lieux Limoges, Le Dorat, Bellac, Saint-Junien, Saint- Yrieix et Saint-Léonard. Le nombre de districts, appelés désormais arrondissements, fut ramené à 4 en l'an VII (Limoges, Bellac, Rochechouart et Saint-Yrieix), puis à 3 en 1926 : Saint-Yrieix fut alors l'une des 75 sous-préfectures supprimées en France. Unité et diversité géographiques de la Haute-Vienne Comme presque tous les départements, la Haute-Vienne a des frontières artificielles. Situé à cheval sur la frontière séparant les pays de langue d'oc au sud et les pays de langue d'oïl au nord, ce département comporte, néanmoins, des facteurs d'unité qui l'emportent largement sur les facteurs de diversité. L'unité humaine La Haute-Vienne n'a rien à voir avec ce type de département humainement artificiel représenté par la Haute-Loire écartelée entre l'Auvergne et le Bas-Languedoc, tiraillée entre les influences stéphanoises et clermontoises. L'unité est ici réelle, comme dans la Creuse voisine, et par opposition à la Corrèze ; l'unité n'est pas rompue par une annexe physiquement, économiquement et humainement étrangère comme le bassin de Brive, bien plus aquitain que limousin.