Charles Brifaut
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Oeuvres de M. Charles Brifaut,.... T. 3 / [Charles Brifaut] ; publiées par M. Rives,... et M. A. Bignan,... Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France Brifaut, Charles (1781-1857). Auteur du texte. Oeuvres de M. Charles Brifaut,.... T. 3 / [Charles Brifaut] ; publiées par M. Rives,... et M. A. Bignan,.... 1858. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF. 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J'ai beau la chercher, je ne vois partout que les traces de la vieille féodalité. Qu'y a-t-il de plus gothique que vos femmes, du moins dans leur toilette? L'une se coiffe à la Médicis, l'autre porte les pèlerines d'Agnès Sorel celle-ci étale les man- ches bouffantes de Marie Stuart, celle-là promène les mille plis de la robe d'Isabeau de Bavière. Ces dames' n'ont décidément rien de jeune que leur visage, quand il est jeune. Entrons dans vos salons. Qu'y trouvons- nous ? Des meubles gothiques, des vases gothiques, des nambeaux gothiques. Ouvrons !a bibliothèque encore du gothique. Couvertures, fermoirs, jusqu'aux frontis- pices et aux culs-de-lampe des livres, tout en offre la bizarre et uniforme empreinte. Voici la salle à manger !ë couvert est mis regardez. Quelle massive argenterie quel défaut d'élégance dàns les formes Comme ces plats et ces salières grossièrement façonnés, et ces soupières tournées en guise de coffres, annoncent bien l'époque de demi-barbarie dont je parle Ne croyez-vous pas voir l'ouvrage du bon saint Eloi? Ne vous semble-t-il pas que vous allez dîner avec le siècle du roi Dagobert ? Si nous passons dans le jardin, les premiers objets qui frappent nos regards, ce sont des ruines gothiques. Allons plus loin. Qu'est-ce? Un pont gothique; plus loin encore, une chapelle gothique. Tout le moyen âge est déployé sur l'herbe. Sur vos théâtres, te moyen âge a donné rendez-vous aux spectateurs on ne voit plus que'lui. Dans vos ro- mans, on ne passe en revue que les personnages, les mœurs, les, habitudes, les guerres, les tournois, les crimes et les folies du moyen âge. Toute votre poésie, ah que c'est moyen âge Avouez-le, la vieille France vous ressaisit par tous les points. Vous revenez à elle par vos modes, vos meubles, vos ornements, vos paysages, vos coutumes, vos lois, vos institutions, et même votre langage. Je ne crois pas qu'on puisse lui appartenir plus complétement. Qu'en dites-vous, jeune France? Ce reproche ba~lin me jeta dans de sérieuses réflexions. A peine suis-je seul, que voilà ma pensée en travail. Me voilà évoquant les ombres de trois races de rois rani- mant la poussière des héros, des paladins, des cheva- liers, et celle des troubadours qui les chantaient; relevant les monuments, ressuscitant les institutions replaçant dans la main du génie des Croisades le drapeau sacré; redemandant au fantôme de la féodalité ses châteaux cré- nelés, ses tours à la fois oppressives et hospitalières, ses vaillants faits d'armes, ses entreprises aventureuses; res- saisissant au fond des bois mystérieux, sous les arcades des sombres basiliques, aux portes des palais comme au foyer des chaumières, les traces des fées, des magiciens, des esprits familiers entrelaçant la chaîne des souvenirs historiques à celle des traditions romanesques semant sur ce sol si riche du passé les fleurs poétiques nées de ma capricieuse imagination. Puis-, tout à coup, je monte moi-même, je ne sais comment, sur la vaste scène que je viens d'ouvrir, et du haut de ce théâtre où douze siècles réunis semblaient n'attendre que ma main pour lever le grand rideau dont ils s'étaient couverts aux yeux de la génération nouvelle, je fais entendre ces paroles « La reconnaissez-vous, la France de vos pères? C'estt elle, c'est la reine des nations qui se montre à vous su- perbement assise sur le plus élevé des trônes, le front sillonné de vénérables rides aussi nombreuses que ses victoires, les yeux étincelants de tous les éclairs du gé- nie, la main appuyée sur des trophées, et respirant, au milieu d'un horizon de gloire, l'encens de l'Europe tour à tour asservie par son glaive, conquise par ses arts, éclairée par ses lumières. La reconnaissez-vous? Inclinez, inclinez de vos fronts. Saluez la Frànce vos pères. D Ma vision ne touchait pas à sa fin. Il me sembla qu'en ce moment apparaissaient à leur tour devant moi tous ces petits peuples des provinces qui, grâce à nos révolutions bienheureuses, sont venus, en se confondant un beau jour dans la grande nation, perdre leur caractère primitif et leur physionomie originale pour recevoir uniformé- affaibli ment l'empreinte décolorée de ses traits'et le reflet de son génie. Et je les interrogeai, et je voulus savoir s'ils étaient contents de la transformation subie par eux, s'ils avaient gagné en perdant leur individualité; et l'un d'eux, s'avançant, me répondit a Nous ne sommes plus. Nos gloires locales, nos gran- deurs de paroisse, nos puissances d'arrondissement, se sont anéanties devant les gloires, les grandeurs, les puis- sances de la capitale. La tête absorbe le corps. Paris, Pa- ris est tout, et nous rien. D Mais n'importe nous ne voulons pas nous en dé- dire nous soutiendrons toujours que nos révolutions ont brisé nos fers que nous sommes libres, que nous sommes riches, que nous sommes grands. Et vivent les révolutions, auxquelles nous devons le bonheur de n'être plus des contribuables! que & Admirable conclusion! logique parfaite! m'écriai-je. Mais puisque le présent vous enchante, pourquoi donc vous rattacher au passé? Pourquoi cette~contrefaçon du gothique? imagination! Loin d'envisager « Pur caprice de notre la vieille France sous une face sérieuse, nous la prenons du côté poétique. Au lieu de la juger philosophiquement, nous nous contentons de l'étudier en artistes. Aussi lui empruntons-nous ses modes, et non ses mœurs; ses for- mes, et point ses doctrines. Ne voyez-vous pas qu'aujour- d'hui nous nousamusonsà toutpoétiser, même lareligion? Ne voyez-vous pas nos soi-disant chrétiens la faire poser devant eux telle qu'un mannequin magnifique, draper savamment sa robe en la délivrant de sa croix, lui donner une attitude théâtrale et se mettre à l'adorer, non pas comme une auguste envoyée des cieux, mais comme un bel objet d'art. Leurs mains profanes logent l'idole de leùr façon dans des boudoirs qu'ils appellent temples, et dépensent pour ces fragiles colifichets plus de temps et d'or qu'il n'en faudrait pour la création de monuments immortels.