UNIVERSITE D’ ------Domaine : SCIENCES DE LA SOCIETE ------Mention : ECONOMIE Grade : Master Parcours : Economie de développement ------Mémoire de fin d’études pour l’obtention du diplôme Master Recherche ès Sciences Economiques

ENERGIE ET DEVELOPPEMENT : Etude du cas de la commune d’Ambohimasina

Par : ANDRIAMISAINAMIHARINTSOA Tsiferana

Soutenu publiquement 10 Mars 2016

Membres du jury Président : Monsieur RAMIARAMANANA Jeannot Professeur des universités Examinateur : Monsieur SALAVA Julien Maître de Conférences des universités Rapporteur : Monsieur RANDRIANALIJAONA Tiana Mahefasoa Professeur des universités

Remerciements

Je tiens à adresser mes remerciements les plus sincères et ma gratitude à :

- A Dieu tout puissant pour sa grâce - Monsieur le Président de l’Université d’Antananarivo, - Monsieur le Doyen de la Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie, - Monsieur le Chef de Département en Economie de l’Université d’Antananarivo - Tous les enseignants et le personnel du Département Economie. - Mon encadreur Professeur RANDRIANALIJAONA Tiana Mahefasoa pour ses précieux conseils, et l’admiration qu’il m’a suscité. Autant de fois il m’a inculqué le souci d’un travail bien fait et m’a prêté autant d’attention. Ma profonde reconnaissance s’adresse enfin à mes parents, à mes frères, à mes amis ainsi que toutes les personnes qui ont contribué de près ou de loin à l’élaboration du présent mémoire.

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Liste des abréviations acronymes

AEIM Agence Internationale de l’Energie Atomique

ADER Agence pour le développement de l'Electrification Rurale

CO2 Dioxyde de carbone CSB Centre de Santé de Base GES Gaz à Effet de Serre GCH Grandes Centrales Hydroélectriques

GRET Groupe de recherche et d’échanges technologiques

INSTAT Institut National de la Statistique JIRAMA JIro sy RAno Malagasy KLEM Capital – Travail – Energie – Autres matières premières OCDE Organisation de Coopération et de Développement Economiques OMH Office Malgache des Hydrocarbures OPEP Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole OPAEP Organisation des Pays Arabes Exportateurs de Pétrole

PCH Petites Centrales Hydroélectriques

PIB Produit Intérieur Brut PD Pays Développé PVD Pays en Voie de Développement MTEP Milliard de Tonnes Equivalent Pétrole RD Recherche- Développement

SMDD Stratégie Nationale de Développement Durable

STEP Stations de Transfert d’Energie par Pompage

UE Union Européenne

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Glossaire

Dioxyde de carbone : Les émissions de dioxyde de carbone ont deux origines, naturelle et anthropique, la seconde étant régulière et en forte croissance depuis quelques décennies (voir

IPCC). Le taux actuel moyen de CO2 dans l’air oscille autour de 380 ppm, soit 0,038 %, avec quelques variations jour-nuit, saisonnières (pour partie anthropique) et des pics de pollution localisés. (LAROUSSE, 2008)

Electricité : C’est une manifestation énergétique due aux différentes charges électriques de la matière. C’est au cours du XIXe siècle que les propriétés de l’électricité ont été comprises. Sa maîtrise a permis l’avènement de la seconde révolution industrielle et aujourd’hui l’énergie électrique est omniprésente. (LAROUSSE, 2008)

Energie fossile : Combustible (source d’énergie) qui provient de la transformation de la biomasse (plancton, arbres, plantes…) par de très long processus géologiques. Ce sont les hydrocarbures : charbon, pétrole, gaz avec lesquels on fabrique de nombreux produits dérivés : essence, plastique, engrais, huile…. (EDF, 2010)

Energie renouvelable : Source d’énergie naturellement renouvelée qui nous parvient en un flux continu ou intermittent. On désigne aujourd’hui par énergies renouvelables un ensemble de filières diversifiées dont la mise en œuvre n’entraîne en aucune façon l’extinction de la ressource initiale et est renouvelable à l’échelle humaine : Vent (éolienne, houlomotrice.), Soleil (thermique, photovoltaïque, thermodynamique), Chaleur terrestre (géothermie), Eau (hydroélectrique, marémotrice), Biodégradation (biomasse), Biocarburant. (GIEC, 2015)

Gaz à effet de serre : Les gaz à effet de serre (GES) sont des composants gazeux qui absorbent le rayonnement infrarouge émis par la surface terrestre, contribuant à l’effet de serre. L’augmentation de leur concentration dans l’atmosphère terrestre est un facteur soupçonné d’être à l’origine du récent réchauffement climatique. (GIEC, 2015)

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Liste des tableaux

Numéro Titre Page

Tableau 1 Consommation de combustibles fossiles de l’Afrique 14 ventilées par secteur, en 2009

Tableau 2 Répartition des sources d’Energie de cuisson 46

Tableau 3 Evolution des importations en Produits Pétroliers (m3) 49

Tableau 4 Evolution de la production globale d’Energie électrique par 51 la JIRAMA entre 2000 - 2012 (en Milliard de Kilowattheure) Tableau 5 La part des sources d’énergies dans la production 54 d’électricité à

Tableau 6 Evolution des importations en Produits Pétroliers (m3) 55

Tableau 7 Caractéristique du site d’Ambohimasina 67

Tableau 8 Besoin minimal en oxygène dissous de certaines espèces de 70 poissons

Tableau 9 Consommateurs potentiels d’électricité 77

Tableau 10 Comparaison du coût total entre bougie, lampes à pétrole et 79 un Ampoule de 50 Watt (Montants en Ariary)

Tableau 11 La rentabilité des investissements sur l’hydroélectrique 84

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Liste des figures :

Numéro Titre Page Figure 1 Prix du pétrole brut (Brent) 1

Figure 2 Consommation finale d’énergie mondiale par source 12 d’énergie en 2010

Figure 3 Part de l’approvisionnement total en énergie primaire en 13 2009

Figure 4 Prix réel du pétrole: perspective historique 16

Figure 5 La courbe environnementale de Kuznets 24

Figure 6 Principe de fonctionnement d’une centrale gravitaire 36

Figure 7 Données détaillées des besoins en produit pétrolier des 50 malagasy

Figure 8 La route d’Ambohimasina 57

Figure 9 : Chef-lieu de la commune d’Ambohimasina : 60

65 Figure 10 Les différentes localités autour de la commune d’Ambohimasina

Figure 11 Principe de régulation « vitesse débit » 66

Figure 12 Niveau de tolérance des poissons aux variations du taux 71 d’oxygène dissous dans l’eau

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Liste des graphiques :

Numero Titre Page

Graphique 1 Contribution des différentes sources sur l’offre d’Energie 45

Graphique 2 La distribution et la vente de produit pétrolier à Madagascar 48

Graphique 3 Part de la production en électricité de la JIRAMA et des 53 sociétés privées

Graphique 4 Coût d’investissement par technologie ($/kW) 82

Graphique 5 Coût du kilowattheure électrique renouvelable ($/kW) 83

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Sommaire

Introduction ……………………………………………………………………………………1

PARTIE I. Approche historique et théorique de la politique énergétique……………………..5

Chapitre 1. Le problème de l’énergie fossile et la quête de nouvelles sources d’énergie……..7

Chapitre 2. Revue de littérature sur le thème de l’énergie……………………………………18

Chapitre 3. Un état des lieux des énergies renouvelables…………………………………….30

PARTIE II. Etude du cas de la commune d’Ambohimasina………………………………….42

Chapitre 4. : Contexte énergétique malagasy………………………………………………....44

Chapitre 5. : Utilisation de l’énergie hydraulique dans la commune d’Ambohimasina….….57

Chapitre 6. Analyse des impacts socio-économiques et environnementaux du projet……….74

Conclusion……………………………………………………………………………………87

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Introduction

Les énergies fossiles occupent une place importante dans le monde actuel. Au rythme de la consommation actuelle, les stocks d'énergie fossile s’épuiseront dans les 40 années à venir pour le pétrole, dans 63 ans pour le gaz et 218 ans pour le charbon et 71 ans pour l'uranium (AIE, 2010). Les scientifiques ont su démontré que si on prend en compte l'accroissement annuel de la demande mondiale en énergie qui est égale à 3.1%/an1, dans 50 ans l'ensemble des réserves sera épuisé. Le pétrole représente 40.7% de toute la consommation mondiale énergétique2 (AIE, 2010). Cette importance résulte de son utilisation pour diverses applications.

Le prix du pétrole brut a connu un accroissement considérable lors des deux chocs pétroliers. En 1973, le prix du baril de pétrole passe de 2,45 à 9,5 dollars (AIE, 2012). De même, dans les années 1979, le prix du baril défile de 9.5 à 40 dollars (AIE, 2012). Le prix du baril de pétrole brut ne cesse d’augmenter jusqu’à ce qu’il atteigne les 118 dollars en 2008(AIE, 2012). Mais le prix diminue par la suite pour reprendre son cours normal. La cause principale de cette hausse des prix est la menace d’épuisement de cette ressource.

Figure 1 : Prix du pétrole brut (Brent)

Source: International Energy Agency (2012)

1 Rapport de l’Agence Internationale de l’Energie, 2010 p.7 2www.lefigaro.fr/conjoncture/2014/11/12/20002-20141112ARTFIG00225-la-consommation-mondiale-d- energie-bondira-de-pres-de-40-d-ici-2040.php consulté le 10 décembre 2014

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Il est à noter que le prix du pétrole représente le prix de référence pour l’économie d’un pays donné car l’accroissement du prix de pétrole aura pour effet une inflation généralisée au niveau du prix à l’intérieur des pays importateurs. En 1974, Solow avança sa théorie des progrès techniques et celle de l’effet de substitution. Ce modèle développe diverses options permettant de substituer les ressources non renouvelables comme le pétrole en ressources renouvelables. Cette théorie conduit certainement à une remise en question de l’énergie fossile considérée jusqu’ici comme très coûteuse que l’industriel substituerait volontairement.

De nos jours, l’énergie fossile est devenue indispensable dans les activités économiques comme l’industrie, le commerce, les transports, etc. d’où une croissance de la demande mondiale en énergie. L’exploitation et la consommation de ces ressources non renouvelables s’accompagnent de pollutions atmosphériques (émissions de gaz à effet de serre) qui sont en partie responsables des changements climatiques. Elles entraînent également l’épuisement des énergies fossiles, causent des problèmes de santé, ainsi que la dépendance énergétique des pays importateurs. Il est à souligner que deux tiers des émissions de CO2 proviennent du secteur énergétique3.

De ce fait, s’intéresser à la question du changement climatique basé sur la limitation de l’émission de gaz à effet de serre devient indispensable. En 1992, 173 chefs d’Etat se réunissent à Rio pour signer une convention sur l’environnement et le développement4. Ce traité engage les pays industrialisés à ramener en 2000 leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) au niveau de 19905. La Convention sur la biodiversité est basée sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique, mais aussi sur la répartition juste et équitable des avantages découlant de son exploitation. En décembre 1997, cette convention sur les changements climatiques ratifiée à Rio est complétée par le « protocole de Kyoto ».

3 L’énergie fossile est issue de l’utilisation de combustibles fossiles comme le pétrole, le gaz naturel, le charbon et la Houille. Ces ressources sont présentes en quantité limitée et non renouvelable. Leur transformation et leur usage sont générateurs des principaux gaz à effet de serre et de déchets polluants dans l'atmosphère et au niveau de l’écosystème. (www.bloc.com/article/societe/ecologie-et-environnement/l-energie-fossile-une-ressource-limitee.html consulté le 22 octobre 2014) 4 Egalement appelée « Sommet de la terre ». 5 NATIONS UNIES, 1992. Convention cadre des nations unies sur les changements Climatiques p.4

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Cette entente impose aux pays riches la réduction des émissions de dioxyde de carbone d’au moins 5% en moyenne par rapport au niveau de 1990. (Nations Unies, 1997)

L’accès à l'énergie est très inégal entre pays industrialisés et pays en développement. La quantité d'énergie consommée ainsi que le type de combustible utilisé sont différents selon les pays. En 2002, l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) a publié des données statistiques représentatives de ces inégalités :

– Un quart de la population mondiale soit 1.6 milliard d'êtres humains n'a pas accès à l'électricité. – En Afrique Subsaharienne et en Asie du Sud, 4 personnes sur 5 dans les zones rurales vivent sans électricité. Avec une croissance démographique importante, ce chiffre évoluera probablement dans les années à venir. – 2.4 milliards de personnes ont recours à la biomasse traditionnelle (bois, résidus agricoles, fumier) pour se chauffer et pour cuisiner.

Ces chiffres exposent que l’accès aux différentes formes d’énergie est devenu problématique dans les pays en développement comme Madagascar. En prenant le cas de Madagascar, la rareté de l’énergie fossile ainsi que son coût trop élevé contribuent au maintien et à l’amplification de la pauvreté du pays. En effet, la production de charbon de bois6 a un impact sur la dégradation de l’environnement et sur l’épuisement de cette ressource. Cette pratique va accélérer le processus de détérioration de l’environnement et par la même occasion accroîtra la pauvreté dominante. Les revenus disponibles des ménages malagasy ne peuvent pas couvrir le coût des services énergétiques fournis par la JIRAMA (Jiro sy Rano Malagasy) qui s’avère trop exorbitant.

Pour un pays donné, la remise en question de la politique énergétique accès sur l’énergie fossile notamment le pétrole se pose automatiquement. La transition énergétique dans le domaine de l’énergie renouvelable paraît une initiative inéluctable : le passage d’une centrale thermique (dépendante du pétrole et polluante) vers une énergie alternative.

6 Le charbon de bois est consommé par 17,1% des ménages qui se trouvent principalement en milieu urbain. Le charbon est acheté par 47% des ménages vivant en milieu urbain, de l’ordre de 431 000 ménages. Il constitue la principale source d’énergie de cuisson en ville. Une famille Malagasy en consomme de 50 à 100kg par mois, soit près de 500kg par an (INSTAT, 2010. Revue économique hebdomadaire, p.1)

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Pour Madagascar, à l’égard des objectifs du développement durable, la question est de savoir « Dans quelles mesures l’énergie hydraulique permet-elle de concilier conservation de l’environnement et amélioration des conditions de vie de la population? »

Les hypothèses émises sont les suivantes :

- La politique énergétique basée sur l’énergie fossile n’est pas viable à long terme. - Les ressources renouvelables peuvent substituer les ressources épuisables - L’utilisation de l’énergie renouvelable permet d’améliorer les conditions de vie de la population. - L’utilisation de l’énergie renouvelable permet de créer des activités au profit de la population locale.

L’Etat malagasy a pour objectif de fournir à moindre coût de l’électricité à tous les citoyens malagasy et de favoriser les activités génératrices de revenus de sa population. Cependant, le vieillissement de l’installation entraine la baisse de la productivité d’où la non satisfaction du besoin de la population malagasy. Celle-ci est due à l’accroissement permanent du prix de l’énergie fossile qui est la principale source d’énergie à Madagascar. Il sera indispensable alors d’exploiter de nouvelles sources d’énergie.

Ce mémoire s’articule autour de deux parties, lesquelles sont déclinées en six chapitres distincts.

La première partie traitera de l’approche historique et théorique de la politique énergétique.

La consommation d’énergie fossile constitue encore un facteur clé du développement des pays industrialisés (chapitre 1). Mais la substitution de ces ressources épuisables par des ressources renouvelables est envisageable (Chapitre 2). Les énergies renouvelables sont considérées comme substitut à l’utilisation du pétrole (chapitre 3).

La deuxième partie consiste à réaliser une analyse sur la retombée économique de l’utilisation d’énergie hydraulique dans la commune d’Ambohimasina.

Madagascar comme d’autres pays africains n’utilise que deux sources d’énergie (chapitre 4). Ensuite, un projet d’installation d’un barrage hydraulique dans la commune d’Ambohimasina sera présenté (chapitre 5). Enfin, l’impact du projet « AMBOHIMASINA » sur la vie de la communauté locale sera abordé (chapitre 6).

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PARTIE I. Approche historique et théorique de la politique énergétique

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Cette première partie présente notre grille de lecture. L’étude de l’énergie suscitait sa mise en relation avec la croissance et le développement. En effet, certains théoriciens annoncent qu’il existe un lien entre énergie et économie. Leur corrélation se voit à travers l’efficacité énergétique sur la communauté.

Le développement durable se définit comme « un progrès qui permet de satisfaire aux besoins du présent sans compromettre la possibilité pour les générations futures de satisfaire à leurs propres besoins. » (Rapport Brundtland, 1987)7. Cette définition met en avant l’utilité de balancer les intérêts des générations actuelles et futures parce qu’elle sollicite l’existence permanente des ressources naturelles. Cependant, l’amélioration du bien-être de chaque génération passe par l’emploi des ressources disponibles. En effet, un développement durable va de pair avec l’existence des ressources naturelles permanentes, plus particulièrement l’énergie fossile. Dans cette optique, nous nous engagerons dans une approche de « durabilité faible » qui surpasse toutes contraintes naturelles. Ce qui met de côté tout concept d’irréversibilité (Faucheux et Noël, 1995 ; Vallée, 2002)8. Ainsi, notre thèse est basée sur la substituabilité parfaite du « capital naturel » par d’autres formes de capital (capital physique, capital humain, etc.). L’approche de la « durabilité forte » et de la « durabilité faible » s’intéresse surtout à la dépendance énergétique, aux enjeux du prix du pétrole, à la préservation de l’environnement,…

Cette partie est structurée en 3 chapitres : le premier chapitre sera consacré à l’utilité de l’énergie et à l’évolution de la politique énergétique dans le monde, quant au deuxième chapitre, il se portera sur l’apparition de deux grands courants: l’approche faible et l’approche forte de la durabilité et le troisième chapitre met en relief les avantages et limites de l’énergie renouvelable.

7 www.iisd.org/sd/default_fr.aspx consulté le 22 octobre 2014 8 FAUCHEUX S., NOEL J.-F., 1995. Economie des ressources naturelles et de l'Environnement, Paris, Armand Colin, p.229

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Chapitre 1. Le problème de l’énergie fossile et la quête de nouvelles sources d’énergie

L’énergie joue un rôle important dans le domaine économique, financier et géostratégique. L’énergie fossile est indispensable au fonctionnement des activités économiques comme l’industrie, le commerce, les transports etc. Le développement d’un pays est fortement lié à la consommation d’énergie surtout le pétrole. Depuis ces trente dernières années, la hausse du prix du pétrole brut est due à la demande croissante des pays émergents comme la Chine et l’Inde. Cette augmentation de la demande brute entraîne l’épuisement et la recherche de nouvelle réserve de pétrole.

La recherche et le prélèvement de ces ressources énergétiques non renouvelables s’accompagnent du dégagement du dioxyde de carbone et de la destruction de l’environnement. Ils mènent aussi à l’épuisement des réserves, à l’apparition de diverses maladies, à des inégalités sociales et économiques, etc. Dans ce chapitre, nous allons voir la relation entre la croissance économique et la consommation d’énergie (section 1), la prévision de la consommation de l’énergie fossile dans les pays industrialisés (section 2) et les différentes crises frappant la filière pétrole (section 3).

Section1. L’énergie favorable au développement :

Les écologistes et les économistes néoclassiques ont des visions différentes sur la place qu’occupe l’énergie dans l’économie. En effet, les économistes néoclassiques considèrent le pétrole et les autres formes d’énergies comme des inputs intermédiaires dans la production des biens. D’où la dotation de l’énergie qui est considérée par les néoclassiques comme négligeable dans la production. Ils pensent que seuls les facteurs de productions comme le travail L, le capital K, et la terre T sont primordiaux. Cette approche conduit la théorie néoclassique à se centraliser sur les inputs primaires surtout sur le travail L, et le capital K (Stern D., 2004)9.

9 Stern David I. and Cleveland C. J., 2004. “Energy and Economic Growth”, March p. 4

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Stiglitz J. et Solow R. (1974)10 considérés comme des économistes écologiques « pessimistes » répondent aux néoclassiques « optimistes » en la fonction de Cobb Douglas. Stiglitz J. (1974) en avançant l’hypothèse que la croissance de la population et le progrès technique sont positifs. Ceci implique que la croissance de la consommation par habitant est tout à fait possible. Les partisans de l’écologie ou « pessimistes » considèrent la fonction de Cobb Douglas comme violation de la loi thermodynamique (Petith, H., 1999).

Dans la fonction de production appelée : « variante Solow-Stiglitz », Georgescu- Roegen (1997) affirmait que l’introduction de la ressource R ne fait que cacher le problème sans le résoudre (Daly H., 2007)11. Q = Ka1Ra2La3 (1) Ou Q est le produit, K est le stock de capital, R est le flux de ressources naturelles utilisées dans la production, L est l’offre de travail, Avec a1+a2+a3= 1 et ai > 0. Dans cette formule, on suppose que la force de travail comme constant L0, alors on obtient Q0, avec la condition que le flux de ressources naturelles satisfait : a2 a1 a3 R = Q0/ K L0 (2)

Cette équation nous montre qu’on peut poser la ressource R petite à condition que le capital K soit suffisamment grand. Donc on a comme résultat un produit annuel constant indéfiniment petit à partir d’un petit stock de ressources R> 0. Avec la décomposition de R en séries infinies ΣR = Ri, et que Ri tend vers 0, en utilisant Ri en année i, et en accroissant le stock de capital k chaque année comme l’équation (2) l’exige.

Mais dans la réalité ceci n’est pas vérifié. En effet, l’accroissement du capital entraîne l’épuisement des ressources disponibles. En supposant que le capital K tend vers l’infini, la ressource R s’épuisera très vite par la production du capital. Donc la transformation d’une matière en une autre nécessite l’utilisation des ressources naturelles R qui considérées comme la sève même du système économique (Daly H., 1997).

10 Solow R., 1974. « Review of Economic Studies symposium on exhaustible resources » p. 11 11 Daly H., 2007, cité par Touraine A., 2006. Le développement durable comme compromis, Presses de l’Université de Québec. p.28

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Selon Georgescu-Roegen (1997)12, le système économique est interdépendant au flux d’énergie et aux ressources naturelles disponibles. Ainsi, dans son modèle, il considère l’économique comme un sous ensemble ouvert au système écologique. Leur relation est marquée par des flux qui entrent dans le processus de production pour être transformés par les facteurs de production (ouvriers, machines,..). A l’inverse, l’énergie non utilisable et les rebuts sont rejetés dans l’environnement.

Ce modèle peut être résumé comme suit (Keil T., 1999) Q = f (K°, L) (1) Avec K° : montant du capital Q : quantité maximum qu’un site produit pour une période donnée et qui est dépendant de la quantité de travail utilisé. En vue de produire un output, la matière M et l’énergie E sont aussi nécessaires. Selon la loi sur la conservation de la matière et de l’énergie, les matières M et les énergies E considérées comme inputs ne peuvent dépasser l’output, ainsi ils déterminent la quantité de production. Q, W = g (M, E) (2) avec W : déchet Ces deux équations qui sont la représentation du système de production nous montrent que c’est l’input (énergies E et matières M) qui détermine l’output ou la quantité produite. Une production efficace sollicite que les deux fonctions soient égales (f = g), autrement des ressources ne seraient pas utilisées.

Selon Stern D. (1993), il existe une relation de causalité entre le PIB, la consommation d’énergie, le capital et le travail. En faisant une étude sur le cas des Etats Unis entre 1947-1990, il en tire deux conclusions :

- L’approche qui considère le capital K et le travail L comme un simple intermédiaire et que seule la quantité d’énergie E consommée est très importante dans la croissance économique s’avère totalement fausse. - Il rejette aussi le modèle néoclassique qui ignore le rôle de l’énergie E comme input dans le processus de production. Ainsi, il en déduit que l’utilisation de l’énergie E (input) entraine une croissance économique mais c’est un facteur limitatif.

12 Georgescu-Roegen., 1997, cité par Touraine A., 2006. Op. Cit. p.28

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Selon Brown et al. (2011)13, la croissance économique va de pair avec l’utilisation de l’énergie E et d’autres ressources. La fabrication des biens et la création du capital nécessitent l’extraction des ressources naturelles. En réalisant une étude sur 220 nations traitant des relations existant entre utilisation d'énergie et activité économique, il a trouvé que les pays industrialisés consomment 10.000 watts d’énergie avec 50.000$ de PIB tandis que les pays en développement ne consomment que 100 watts d’énergie et 500$ de PIB. Dans les pays émergents comme la Chine et l’Inde, une tendance similaire s’est produite. Les données statistiques montrent une hausse continue de la consommation d'énergie.

Entre 1955-1956 au Pakistan, une étude a montré qu’il existe une relation de causalité de la croissance économique vers la consommation d’énergie et non l’inverse. En effet, c’est la croissance économique qui entraîne l’accroissement de la consommation d’énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon,..) et non l’inverse. Par contre, c’est la consommation en électricité qui entraîne la croissance économique et non l’inverse. Et dans le domaine de l’emploi, une relation de causalité s’établissait partant de l’utilisation de l’énergie vers l’emploi et non l’inverse (Aqeel A. et al ; 2001).

Mahadevan R. (2000)14, en étudiant la relation entre la consommation d’énergie et l’augmentation du Produit Intérieur Brut (PIB) plus le prix des produits en Inde, Indonésie, Philippines et en Thaïlande durant la période 1973-1995, il en déduit qu’il existe une relation de causalité qui va de l’énergie vers le PIB. Mais le prix a des effets moindres sur cette relation.

Jancovici J. M. (2012)15 propose une équation qui montre qu’il existe une relation entre le PIB et l’utilisation d’énergie. Ceci part d’une égalité comme quoi :

PIB = PIB PIB * Énergie = PIB Énergie

13 http://www.revues.msh-paris.fr/vernumpub/02-SACHS.pdf consulté le 22 octobre 2014 14 Mahadevan R., 2000, cité par Gbaguidi O., 2008. Communication : Les déterminants de la demande d’énergie dans l’espace CEDEAO p.4 15 Jancovici J. M., 2012, cité par Caminel T., 2011. L’impossible découplage entre énergie et croissance, momentum institut, p. 3

10

PIB/ Énergie : désigne le PIB que l’on peut obtenir avec 1 kilowattheure d’énergie que l’on appelle efficacité énergétique du PIB

PIB * Énergie = PIB Énergie Personne Personne

Dans cette équation, il s’agit d’un calcul que l’on effectue pour une période donnée. Mais l’essentiel est de trouver la variation dans le temps c’est-à-dire de quel pourcentage ces valeurs ont diminué ou augmenté entre une période donnée. Ceci implique :

%(PIB/ Énergie) +% (Énergie/Personne) = %(PIB/Personne)

 %(PIB/Personne) : ce rapport explique pourquoi le PIB/ pers en moyenne mondiale varie dans une période donnée, soit le PIB/ personne augmente soit il diminue.  % (Énergie/Personne) : ce rapport montre si l’énergie disponible est de plus en plus restreinte en particulier le pétrole, ceci va devenir négatif et la récession économique s’en suivra. Cette équation montre qu’il existe une relation de causalité entre consommation d’énergie par personne vers le PIB par personne.

Section2. La place de l’énergie fossile dans l’économie mondiale

Le développement d'un pays peut se traduire par la satisfaction croissante d'un éventail de besoins de la population : alimentation, santé, logement, habillement, loisirs, facilités de déplacement, qualité de l'environnement naturel,… Presque toutes ces activités demandent, à des degrés divers, l’utilisation d’énergie de façon directe ou indirecte. L’énergie aussi entre dans le processus de production des biens et des services. Par conséquent, l’accès à l’énergie est indispensable au développement économique et social d’un pays.

Pendant au moins un siècle, l'énergie joue un grand rôle et occupe une place stratégique au niveau de l’économie mondiale. Elle est considérée comme symbole et mesure du succès du développement aussi bien dans les pays riches que dans les pays en développement. Le progrès économique d’un pays peut se mesurer par l’accroissement régulier de sa consommation et de sa production en charbon, en pétrole, en gaz, en électricité…

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En 2010, la population mondiale consomme 12 717 milliards de tonnes d'équivalent de pétrole (Mtep) d'énergie « primaire »16 ( AIE,2012) dont environ 10 555.11 Mtep comme sources dites " commerciales" (énergies fossiles, hydraulique, nucléaire) et 2 161.89 Mtep de sources dites "traditionnelles", consommées sur place (bois de chauffage, biomasse, déchets animaux et végétaux…) ( AIE,2012). L’énergie nucléaire et hydroélectrique et, avec une très faible proportion de 5%, et d'autres sources d'énergie renouvelables (éolien, solaire) avec comme taux d’environ 4% produisent de l'énergie primaire (AIE, 2012). La gestion de cette production d'électricité primaire est faite en "équivalence de substitution". C’est dans le central à cycle combiné au gaz naturel qu’on détermine la quantité de fossile combustible nécessaire pour la production de la même quantité d'électricité que celles fabriquées dans les centrales hydrauliques ou nucléaires. Cette centrale produit environ 19% d’énergie primaire (AIE, 2012). La source d'énergie dominante est le pétrole (42 %), suivi du charbon (17 %), du gaz naturel (19 %), de la biomasse (13 %), de l'hydraulique (3 %) et du nucléaire (2 %) (AIE, 2012).

Figure 2 : Consommation finale d’énergie mondiale par source d’énergie en 2010

Source : International Energy Agency (2012)

16 L’énergie primaire correspond aux formes sous lesquelles la nature livre l’énergie : énergie chimique contenue dans une ressource fossile ou dans la biomasse) ; énergie mécanique de l’eau ou du vent (hydraulique, éolien) ; énergie thermique de l’eau chaude du sous-sol (géothermie) ou du rayonnement solaire ; énergie photovoltaïque solaire ; énergie nucléaire du noyau de l’atome d’uranium…(http://www.institut-numerique.org/12-deficite-en- energie-electrique-facteur-limitant-la-croissance-economique-51fba1b21d7c6 consulté le 10 décembre 2014)

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Les pays de l'OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economiques) et la Russie consomment 8.2 Mtep d'énergies dites : « commerciales » (AIE, 2012). La consommation d'énergie primaire par habitant est, en moyenne : 4.6 tep pour les pays de l'OCDE ; 3.2 tep pour la Russie et 1.2 Mtep pour le reste du monde (AIE, 2012).

Les pays en développement consomment le reste soit 2,3 Mtep environ d'énergies commerciales et 1 Mtep d'énergies traditionnelles (AIE, 2012).

En Afrique, les biocarburants, les combustibles fossiles, et les déchets sont les principales sources d’énergie. En 2009, les combustibles fossiles représentaient environ 54 % de l’approvisionnement total en énergie primaire en Afrique (AIE, 2012). Le pétrole occupe toujours la première place avec 22 %, après le charbon estimé à 16 % et le gaz naturel 12 % environ. En 2010, 80 % de l’électricité fournie en Afrique étaient produites à partir de combustibles fossiles (AIE, 2012). Cette proportion devrait s’accroitre dans les trente prochaines années. Les autres sources importantes d’énergie sont les biocarburants et les déchets, qui sont estimés à 48% de l’approvisionnement en énergie (AIE, 2012).

Figure 3 : Part de l’approvisionnement total en énergie primaire en 2009

Source : International Energy Agency (2012)

Le rapport de l’Agence Internationale de l’Energie en 2012 a montré que le bois et le charbon étaient de loin les principaux combustibles de chauffage et de cuisson dans le continent. La majorité de la population africaine n’a pas accès à l’électricité, et elles sont toujours tributaires de la biomasse traditionnelle.

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Concernant l’accès aux énergies modernes, le continent africain est en retard par rapport au reste du monde surtout sur les capacités institutionnelles et techniques. Or, l’amélioration des conditions économiques et sociales de la population africaine dépend largement de l’accès aux sources d’énergie modernes.

En 2009, le secteur industrie et les transports (transport routier, en particulier) occupent la première place en Afrique en consommant plus d’énergies fossiles, avec respectivement 21.8 % et 46.6 % de la consommation totale d’énergie (AIE, 2012). Le secteur des transports utilise principalement du pétrole et ses produits dérivés.

Le secteur industriel consomme plus de charbon et de gaz naturel comparé aux autres secteurs (Industries, Agriculture et Forêts,…). La consommation d’énergie dans le secteur résidentiel est de 14.7 % de la consommation totale de combustibles fossiles (AIE, 2012). Seules, 16.9% de la consommation totale de combustibles fossiles sont utilisées dans les autres secteurs (services commerciaux/publiques, Autres utilisations…) (AIE, 2012).

Tableau 1 : Consommation de combustibles fossiles de l’Afrique ventilées par secteur, en 2009

Source : International Energy Agency (2012)

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Section3. La crise énergétique :

Un « choc pétrolier » est un phénomène de hausse brutale du prix du pétrole ayant une incidence négative sur la croissance économique mondiale17. Deux chocs pétroliers de 1973 et 1979 ont bouleversé l’économie mondiale.

Deux facteurs ont provoqué cette crise:

Un « choc de la demande » est dû plus particulièrement à l’augmentation non anticipée de la demande des pays exportateurs ou consommateurs. En prenant l’exemple de 2008 pendant laquelle il y a eu augmentation du cours du pétrole provoqué par l’accroissement de la demande.

Un « choc de l’offre » peut être provoqué par une crise politique ou un conflit armé présente dans les pays producteurs. La guerre israélo-arabe de 1967 mais surtout celle de 1973 en est un exemple où il y diminution de la production de pétrole. D’où l’offre n’arrive pas à satisfaire la demande et entraîne automatiquement l’augmentation du prix.

Au début des années 70, les pays membres de l’OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole) essaient de réagir face à la diminution sans cesse du prix du brut du pétrole qui a baissé de 40% (AIE, 2004).

Dans les années cinquante, le pétrole est encore considéré comme une énergie à bon marché. Les pays producteurs de pétrole ou l’OPEP, qui exploitent les ressources premières nationales et les transforment en produits finis sur place, prônent la fixation du prix des combustibles fossiles. La tension monte entre d’une part l’OPEP et les pays consommateurs, et d’autre part, l’OPEP et les grandes compagnies pétrolières occidentales. Ceci pour tenter de rééquilibrer le marché en faveur des pays producteurs.

La guerre israélo-arabe de 1973 est l’élément déclencheur de ce rapport de force entre pays de l’OPEP et pays importateurs. En 1967, les Etats Unis ainsi que la Grande-Bretagne, accusés de soutenir Israël, étaient victimes de sanctions par les États arabes qui décrètent une suspension de la livraison de pétrole. En 1973, lors de la guerre du Kippour, les deux pays traversent la même épreuve mais d’une façon plus dure (AIE, 2004).

17 OCDE,. 2004, Évolution des prix du pétrole : moteurs, conséquences économiques et ajustement des politiques », Perspectives économiques de l'OCDE 2004/2 (no 76), p. 149

15

Durant cette même période, les dix pays membres d’OPAEP18 décident d’arrêter l’exportation de pétrole vers les pays considérés trop pro-israéliens (États-Unis, les Pays-Bas, l'Afrique du Sud...). Cette sanction se traduit par la réduction de la production de pétrole brut de 5% tous les mois. Celle-ci n’est arrêtée que lors du retrait des Israéliens du territoire. De plus, le prix du baril s’élève à 3 à 5,12 dollars (AIE, 2004).

La réduction de la production de pétrole en 1973 est estimée à 25% (AIE, 2004). Celle-ci a entrainé la hausse du prix du pétrole brut que les pays occidentaux doivent supporter. Les pays de l’OPEP, avec son pouvoir de contrôle, fixent le prix à 11,65 dollars le baril. En seulement trois mois, le prix du baril à quadrupler (AIE, 2004). Avec cette augmentation brutale du prix du baril, les pays exportateurs réalisent que le pétrole est en fait un produit stratégique qui s’épuise dans le temps. En effet, la demande des pays occidentaux ainsi que celle des États-Unis ne cesse de croître et tend à dépasser l'offre et ceci met les pays de l’OPEP dans une position de force.

Cette hausse du prix du pétrole affecte l’économie occidentale qui est touchée par la stagnation. Elle participe à l'amplification des inflations contaminant le continent Européen qui passe de 3 à 4% l'an en 1973 à plus de 10% jusqu'à la fin des années soixante-dix (AIE, 2004). De nombreux économistes affirment que le choc pétrolier de 1973 est le premier responsable de la récession qui a frappé l’Europe occidentale. Ainsi, le choc pétrolier a eu un effet amplificateur sur les déséquilibres préexistants.

Figure 4 : Prix réel du pétrole: perspective historique

Source : International Energy Agency (2004)

18 Organisation des Pays Arabes Exportateurs de Pétrole 16

En 1978, le prix du pétrole brut n’a cessé d’augmenter, passant de 12,70 dollars à 32 dollars à la fin de l’année 1980. En une année, le prix du baril a triplé (AIE, 2004). Ce second choc pétrolier a des conséquences plus importantes qui touchent directement l'économie mondiale. En effet, alors que les changements de la politique énergétique basée sur la variation de sources d’énergies entamées après le premier choc n'ont pas encore montré de résultat concret, le deuxième choc vient perturber la reprise économique qui s'annonçait. Entre 1917 à 1980, la croissance économique mondiale chute de 3,4% à 1 % et le commerce international de 6,1 % à 3,2 % (AIE, 2004). Dans le même temps, l'inflation passe de 8,9% à 11,5% et dans les pays développés le nombre de chômeur augmente de plus en plus jusqu’à atteindre 23 millions en 1980 (AIE, 2004).

Mais, après ces deux chocs les pays industrialisés réagissent en optant pour la réduction de la demande en pétrole et en choisissant la diversification des sources d’énergie. Ils exploitent d’autres réserves de gisements en Alaska, en Sibérie, en mer du Nord. Tous ces différents facteurs contribuent au retournement rapide du marché pétrolier. Face à la surproduction de pétrole, les pays membres de l’OPEP ne ravitaillant plus que 20% de la production mondiale en 1986, contre 50% en 1973, sont obligés de baisser le prix du baril à partir de 1983 (AIE, 2004).

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Chapitre 2. Revue de littérature sur le thème de l’énergie

Le modèle de développement des pays développés a fonctionné, avant le choc de 1973, avec la surestimation des ressources naturelles. Lorsque ce modèle a trouvé ces limites, l’école néoclassique a cherché à intégrer l'environnement dans le modèle d'équilibre général Walrasien. D’où la prise en considération du capital naturel19 par les économistes qui prônent le développement durable. A présent, les économistes prennent en considération les biens et les services écologiques comme dérivés des stocks du capital naturel.

La soutenabilité de ces ressources, avec la préoccupation des générations futures, est l’une des conditions préalables au développement durable. Ceci implique le maintien à un niveau constant des stocks des ressources naturelles. Pour assurer un rendement durable, le stock de capital naturel fini doit être géré de façon efficace afin d’éviter le gaspillage.

Dans ce chapitre, nous allons voir deux approches axés sur le capital naturel dont l’une est basée sur la possibilité de substitution entre les stocks de capitaux, et prônant le rôle de la technologie dans le développement durable ; et l’autre est basé sur la complémentarité des capitaux. En d'autres termes, nous allons expliquer les différentes conceptions du capital naturel relevant des différents objectifs du développement durable.

Dans la section 1, nous abordons le rôle du capital naturel dans l’économie après la crise pétrolière de 1973. Cette dernière a amené différents auteurs à réfléchir sur le caractère épuisable des ressources, la rente de rareté et la possibilité de substituer le capital naturel. Et dans la section 2, nous allons analyser deux points de vue : la soutenabilité faible et la soutenabilité forte. La "soutenabilité faible" qui fait l'hypothèse d'une forte substituabilité entre capital naturel et capital productif et la "soutenabilité forte" qui prône la soutenabilité économique et écologique c’est-à-dire la complémentarité entre les stocks de capitaux.

19 Selon Daly H. (1994), le capital naturel est défini comme : « le stock qui produit le flux de ressources naturelles : la population de poissons dans l’océan qui génère le flux de pêche allant sur le marché ; la forêt sur pied à l’origine du flux d’arbres coupés ; les réserves de pétrole dans le sol dont l’exploitation fournit le flux de pétrole à la pompe», cité par Douguet j. M.et Schembri P., 2000, QUALITÉ DE L'EAU ET AGRICULTURES DURABLES : Une approche structurelle de l’évaluation des politiques publiques d’environnement appliquée à la région Bretagne, Cahier C3ED, p.6

18

Et enfin la section 3 traite de l’évolution de la politique énergétique des Etats Unis qui occupent la deuxième place de consommateur mondial d’énergie après la Chine. La politique énergétique américaine doit être surveillée de près parce qu’elle peut avoir d’énormes impacts sur le marché mondial de l’énergie fossile.

Section1. La place des ressources naturelles dans l’économie :

Selon Hotelling H. (1931)20, les capitalistes c’est-à-dire les détenteurs de capitaux devraient faire des placements dans des valeurs sûres. Ceci implique qu’avec le temps, la rente unitaire ôtée de l’exploitation de ressources s’accroit au même taux que le taux d’intérêt. Ainsi, les prix des ressources rares extraites devraient dominer l’économie sur le long terme. Un investisseur a deux options pour faire un placement :

- Soit il acquiert des titres sur le marché boursier qui lui rapporteront le taux d’intérêt du marché,

- Soit il mise sur des gisements de ressources épuisables.

En choisissant l’option un, avec le temps, son capital initial K0 avec le taux d’intérêt i devient K0 (1+i) En choisissant l’option deux, l’investisseur n’acquiert aucun revenu qu’avec la vente de la ressource. D’où l’intérêt pour lui de revendre le gisement une fois extraite pour en tirer des profits.

Supposant que : K0 = r0 .q

Avec q : la quantité du gisement et r0 le prix d’achat unitaire de la ressource extraite Au temps t = t1, pour avoir le maximum de profit, l’investisseur a intérêt à vendre la totalité de ressource extraite pour un prix p1 ou de revendre le gisement. C’est le coût d’extraction qui fait la différence entre prix p1 et la r1

La valeur de revente de la ressource est : K1 = p1q or p1=r1+c1

Donc on a : K1= (r1 + c1) q= r1 q + c1 q r1 q est le gain maximum que le capitaliste en tire.

20 Hotelling H., 1931, cité par Godard O., 2004, La pensée ´économique face à la question de l’environnement, HAL, p. 7

19

À l’équilibre, les détenteurs de capitaux sont considérés comme indifférents parce qu’au cas où l’un des placements est plus rentable que l’autre alors ils modifieraient leur allocation, d’où y a plus d’équilibre.

Donc on a: K0 (1+i) = K0 + K0i = r0q (1+i) = r1q

En conséquence : r1 = r0 (1+i) Ce résultat peut être traduit de deux manières :

. Le prix d’un bien augmente en fonction de la raréfaction de ce bien (Or, pétrole,..) sur le marché. Ceci implique l’accroissement régulier de la rente de rareté, du prix du gisement et assure l’utilisation efficace de la ressource. . La raréfaction des ressources attire les investisseurs à faire des placements afin d’en tirer une rente aussi avantageux que d’autres formes de placement.

Selon Solow R. (1974), le problème du monde moderne est de trouver l’équilibre qui permet d’assurer une consommation permanente. C’est à dire une consommation constante dans un temps infini, et dont la faisabilité est assurée par l’intervention des technologies. Mais tout cela, même avec d'énormes investissements, n’entraîne ni l’épuisement des ressources disponibles, ni de profit négatifs pour le capital reproductible. Pour Solow R. (1974), la ressource extraite de la terre ne dégage de profit pour l’investisseur que s’il est vendu sur le marché. Mais en la laissant sous terre, la valeur de ce dépôt de ressource s’apprécie avec le temps. L’équilibre sur le marché de placement n’est atteint qu’à condition que tous les capitaux investis gagnent le même taux de rendement. Le taux de rendement est ici considéré comme le taux d'intérêt parce que les dépôts de ressource ne dégagent aucun dividende aux investisseurs à condition soit sous terre. Pour avoir l’équilibre, la valeur du dépôt de ressource doit s’accroître au même taux que le taux d'intérêt (Solow R ; 1974).

« La rente de rareté représente simplement la valeur économique du pétrole encore enfoui, indépendamment des coûts qui devront être subis pour l’extraire » (Artus et al. 2010). La rareté de cette ressource lui procure de la valeur et dégage un maximum de dividende pour l’investisseur. Mais cette tendance du marché participe à l’optimalité sociale. Selon Artus (2010), le meilleur moyen de conserver le pétrole au profit des générations futures est de maintenir le prix plus élevé sur le marché.

20

Le modèle Hartwick M., (1977)21 est basé sur l’équation suivante : K = Km + Kh + Kn Avec Kn : le capital naturel c'est-à-dire ressources épuisables ou renouvelables, services environnementaux, Km : capital manufacturé ou productible, Kh : capital humain ou stock de connaissances et de savoir-faire, Et supposant que ces trois types de capitaux sont commensurables et équivalents.

Cette hypothèse nous permet d’appliquer les concepts de la théorie du capital mais elle nous mène aussi à l'identification d'une règle à caractère normatif. Ce modèle est censé garantir la soutenabilité de la consommation de toutes les générations avec le contrôle continu de la répartition des capitaux. Cette soutenabilité ne sera assurée que lorsque le stock total de capital K augmente ou reste constant (Hartwick M.; 1977).

Soit :

dK = K’ = d(Km + Kh + Kn) ≥ 0 dt dt

Autrement dit, soit : K = S(t) – βK(t),

Avec S(t) : Montant de l'épargne investi dans un fond de compensation,

et βK(t) : La dépréciation du capital.

Suivant l'idée de Solow, à partir des deux équations précédentes, on obtient l'expression suivante : S (t) – βK(t)≥ 0 Or on sait que: K(t) = Km + Kh + Kn Donc on a: S – βm (Km + Kh + Kn) ≥ 0 D’où : S – βmKm - βhKh - βnKn ≥ 0

Ce modèle garantit le maintien du stock de capital et de la consommation dans le temps. Un sentier de consommation constant ou soutenable est approprié à ce modèle.

21 Hartwick M., 1977, cité par Tichit A., 2005, Le développement durable, p.5

21

Pour Solow R. (1986), les rentes, gagnées après utilisation du capital naturel Kn doivent être réinvesties sous forme de capital reproductible Km et les générations futures profiteront de ce capital Km afin de maintenir constants les niveaux de consommation réels. Section2. Approche faible versus approche forte de durabilité

Pour que la croissance soit supportable au niveau de l’environnement, le concept de développement durable doit être élucidé. Selon la commission de Brundtland (1987)22, le développement durable se définit comme « un mode de développement répondant aux besoins des générations actuelles sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ». Cette définition met en parallèle la génération d’aujourd’hui et la génération à venir. Ce développement durable repose sur trois dimensions :

- en premier lieu la dimension économique, c’est-à-dire impliquant une transformation progressive de l’économie - ensuite la dimension sociale puisque la société elle-même doit changer c’est-à-dire être plus équitable et plus respectueuse de l’environnement - et enfin la dimension environnementale parce qu’il s’agit d’établir des règles pour que l’environnement et surtout le capital naturel soient utilisables par les générations futures pour que leur bien-être soit au moins le même que le nôtre. Par conséquent, ces trois dimensions sont très importantes et vont de pair, elles sont toutes nécessaires.

La substituabilité repose sur la conciliation entre d’une part la croissance économique et d’autre part la cohésion sociale à travers l’équité et la préservation des ressources naturelles.

Deux grandes conceptions s'opposent : la première qui considère que la croissance économique est importante et néglige totalement l’environnement (durabilité faible). Elle occupe une position dominante parce qu’elle est tirée du modèle d'équilibre général néo- classique (Beckerman W.; 1972)23. Et la deuxième intègre les contraintes environnementales dans l'économie (durabilité forte).

22 www.iisd.org/sd/default_fr.aspx consulté le 11 janvier 2015 23 Beckerman W., 1972, cité par DESTAIS G., 2001, Les théorisations économiques du développement durable Proposition de décryptage critique, EDDEN, p.3

22

Ce dernier s’appuie sur l’hypothèse que les capitaux : physiques, humains, naturels, relationnel et institutionnel, ne sont pas substituables mais complémentaires (Georgescu- Roegen 1979; Peet 1992)24.

La durabilité faible est une approche néoclassique, elle part du principe qu’il y a la possibilité de substitution entre les quatre capitaux : le capital physique, le capital naturel, le capital humain, et le capital relationnel et institutionnel. Pour les néoclassiques, il peut avoir dégradation de l’environnement et elle n’est acceptable que dans la mesure où il y a substitution de ce capital naturel que l’on est en train de réduire voire de la pollution à condition que le capital humain ou le capital productif prenne en partie une place (Godard O. et al. 1998)25. Ceci implique que les deux capitaux doivent grossir, à savoir on peut dégrader l’environnement si on est capable de produire beaucoup plus de produits qui vont donner un bien-être supplémentaire à la population ou si on est capable d’avoir des connaissances supplémentaires, avoir une bonne santé en général, une meilleure éducation … Donc le capital humain et le capital relationnel peuvent remplacer partiellement le capital naturel parce que si ce dernier diminue, alors les autres formes de capital augmentent (Faucheux et al. 1997)26. Finalement, il y a la même quantité au total. Par exemple quand le pétrole s’épuise donc son prix augmente, d’où la recherche de nouvelles techniques qui n’utilisent pas ou peu de pétrole (énergie photovoltaïque, éolienne, biomasse,…).

La « courbe environnementale de Kuznets » met en relation la dégradation de l’environnement et l’augmentation du revenu par tête. Cette courbe en forme de U inversé souligne le fait que la pollution (air, eau, atmosphère,..) diminue dès que le revenu par tête augmente. Suivant l’interprétation, elle met en relief la dichotomie entre la conservation de l’environnement et la croissance économique d’un pays.

24 Georgescu-Roegen 1979, cité par DESTAIS G., 2001, Op. Cit., p.6 25 Godard O., 1998, cité par DESTAIS G., 2001, Op. Cit., p.2 26 Faucheux et al., 1997, cité par MANCEBO F., 2009, Inscription territoriale du développement durable et responsabilité environnementale. Ecolabels et Quotas individuels transférables, VertigO, p.3

23

Figure 5 : La courbe environnementale de Kuznets

Economies pré Pays en voie Economies post industrielles d’industrialisation industrielles

Source : Sebri (2009)

Dans l’économie pré industrielle, il y a beaucoup de pollution (air, eau,..) parce que dans cette économie on s’occupe fort peu de l’environnement. A ce stade, la conservation de l’environnement n’est pas du tout le problème, la priorité est d’assurer la satisfaction du besoin fondamental de la population. Ainsi, nous entrons dans l’utilisation excessive des ressources naturelles sans aucune préoccupation des conséquences. Par contre, l’emploi des ressources naturelles ainsi que la pollution se stabilise dès que le pays s’industrialise. Lorsqu’un pays entre peu à peu dans l’industrialisation, les scientifiques cherchent à inventer des technologies de pointe qui sont intéressantes du point de vue industriel. Ainsi, on utilise moins de capital naturel, peu de dégagement de dioxyde de carbone CO2. Dans la société post industrielle, la présence des technologies de pointe permet la pollution active (air, eau, atmosphère,…). A ce stade, l’économie du pays a tellement changé et la production est beaucoup moins polluante que celle des pays en voie d’industrialisation. D’où une augmentation des revenus par tête de la population.

Les partisans de la durabilité faible disaient que la présence des technologies de pointe réduira l’utilisation des ressources naturelles. L’usage des trois capitaux : humains, physiques, relationnel et institutionnel augmente en fonction de l’accroissement du revenu par tête et remplace en partie le capital naturel qui aura été utilisé.

24

Pour les tenants de la forte durabilité, les capitaux (humains, physiques, naturels, institutionnels et relationnels) ne sont pas substituables mais complémentaires (Boulding ; 1966). Ainsi, on utilise plusieurs capitaux à la fois pour fabriquer quelque chose. De ce fait, il faut avoir cette complémentarité pour avoir réellement de la croissance. Pour eux, le capital naturel est irremplaçable. En effet, on peut avoir un stock de capital physique, humain, ou relationnel important avec l’augmentation du revenu par tête. Mais tout cela ne sert à rien s’il y a forte pollution (l’air devient irrespirable, pollution atmosphérique,…). Les partisans de la l’approche forte contestent « la courbe environnementale de Kuznets » parce que quand le revenu par tête augmente la pollution ne diminue pas (Daly H., 1994)27. Quand un pays entre dans le post industrie, l’augmentation du revenu par tête entraîne évidemment l’accroissement de la consommation mais aussi du nombre d’habitants. La pollution va augmenter ; alors il y aura plus de déchet, davantage de dioxyde de carbone, moins d’eau,…Donc plus on va aller dans la croissance économique de l’ensemble des pays et plus il y aura plus de dégagement de

CO2 et davantage de problèmes environnementaux.

Les partisans de la durabilité forte prônent l’idée de parvenir à une « croissance circulaire» c’est-à-dire une croissance qui ne produirait plus de déchets non recyclables. Ils favorisent aussi la durabilité des produits et contrent l’obsolescence programmée. Cette dernière est basée sur la programmation des produits afin que la durée de vie n’atteigne que deux à trois ans maximum et après cela tombe en panne. Or si les producteurs misaient sur la durabilité des produits et que la réparation des produits défaillants est possible, alors on utilisera moins de capital naturel (Costanza et al 1992)28.

Plusieurs auteurs avancent une solution et proposent d’inventer une forme d’économie de prospérité post-croissance. Cette conception se base sur le fait que ce n’est pas la croissance qui est importante mais le bien-être. Et que si on peut augmenter le bien-être cela sera favorable pour tout le monde ; et promouvoir le bien-être et la croissance mais non pas de manière équivalente. Les tenants de la décroissance proposent de passer de l’économie de biens à une économie de liens c’est-à-dire favoriser tous ce qui est liens sociaux entre les individus et donc arriver davantage de bien-être avec moins de consommation.

27 Daly H., 1994, cité par Harris J., 2013, Population, Ressources et Énergies dans l’Économie Mondiale: Herman Daly avait raison…, p.2 28 Costanza et al., 1992, cité par Douguet j. M.et Schembri P., 2000, Op. Cit., p.6 25

Section3. Evolution de la politique énergétique dans le monde:

« L’union européenne passe à la vitesse supérieure, aujourd’hui. La politique énergétique était un domaine capital au début du projet européen. Nous devons la remplacer à l’avant de la scène. Les défis liés au changement climatique, la dépendance croissante à l’égard des importations et la hausse des prix de l’énergie sont des problèmes qui touchent tous les membres de l’UE. Il convient de définir une réponse européenne commune pour assurer une énergie durable, sûre et concurrentielle. Les propositions que formule aujourd’hui la commission témoignent de notre engagement à jouer un rôle de chef de file et à définir une vision à long terme aux fins d’une nouvelle politique énergétique pour l’Europe, qui apporte une réponse au changement climatique. Nous devons agir maintenant, pour façonner le monde de demain » (Manuel B., 2007)29

Aujourd’hui l’utilisation des énergies renouvelables est devenue indispensable. D’un côté, les réserves d’énergie fossile se trouvent limiter et l’utilisation du pétrole entraîne la dégradation de l’environnement. Ce fait peut être expliqué par trois facteurs :

- l’explosion démographique entraînant respectivement l’accroissement de la demande - la rareté des ressources naturelles - et la cohésion sociale causée par l’inégalité de répartition des ressources30

Ces facteurs entraînent la non-maîtrise de la demande d’énergie : d’un autre côté, la fragilité de distribution d’énergie mondiale, les effets du changement climatique, la hausse des prix de l’énergie, la dépendance des pays exportateurs vis-à-vis des pays producteurs pour assurer l’approvisionnement en ressources fossiles…Face à ces divers problèmes, l’Union Européenne a décidé de développer une politique énergétique pour ces Etats membres. Lors du sommet informel de Hampton Court en 2005, l’Union Européenne s’est montrée déterminer à mettre en œuvre une politique énergétique plus ambitieuse.

La politique énergique de l’Union Européenne vise plus précisément à développer des stratégies afin de limiter la dépendance au pétrole. Grace à cette politique, la hausse du prix des ressources fossiles est anticipée ainsi que ses conséquences sur le développement économique et social des Etats membres.

29 Manuel B., 2007, cité par European commission, 2011, La Commission appelle à «une nouvelle révolution industrielle», p.1 30 20% de la population mondiale utilise 80% des sources (AIE, 2010)

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Les raisons qui poussent l’U.E à promouvoir l’utilisation des énergies renouvelables sont : assurer l’indépendance énergétique, créer une efficacité énergétique, et lutter contre les changements climatiques.

Dans la réalisation de ces objectifs, la Commission Européenne encourage l’exploitation des sources renouvelables ayant une durabilité illimitée, assurant la sécurité énergétique et la compétitivité au niveau international. L’entrée des ressources renouvelables dans la production d’électricité contribue à une croissance économique durable. La Stratégie Nationale de Développement Durable (SMDD) prône aussi l’utilisation des énergies produites par des sources renouvelables et l’éradication de la pauvreté dans les pays en développement par l’intermédiaire des technologies fonctionnant à l’aide des énergies alternatives.

Etant donné que l’installation de ces matériels nécessite beaucoup d’investissement, l’Union Européenne octroie des fonds pour faciliter la réalisation du projet. En 2007, l’U.E prend la première place en matière de technologies de l’énergie renouvelable. Les entreprises de l’U.E fabriquant de l’énergie éolienne occupent 60% de la part du marché mondial. Pour concurrencer les technologies de l’énergie conventionnelle31, l’U.E soutient la recherche- développement (RD) sur les technologies de l’énergie renouvelable. Ceci a pour but d’amortir les investissements et la gratuité des énergies renouvelables (AIE, 2012).

La politique énergétique de la Suède a le même objectif que celle de l’U.E à savoir assurer la sécurité en approvisionnement d’énergie durable. A partir de 2003, le pays est entré dans la promotion de l’utilisation de source renouvelable et les systèmes de prime environnementale. En 2004, 50 % de l’énergie consommée par la population suédoise proviennent des énergies renouvelables32. L’énergie hydraulique occupe la première place en approvisionnement dans le domaine des ressources renouvelables. La biomasse est encore sous exploitée du fait que sa part reste relativement petite. L’énergie éolienne prend la deuxième place même si elle n’est pas encore totalement exploitée. Le gouvernement suédois a installé un système obligeant les consommateurs à acquérir une certaine quantité d’électricité de source renouvelable qui a atteint 17% en 201033. Il y aussi un système d’allègement fiscal d’impôt sur les produits d’énergie.

31 Energie conventionnelle (classique) se réfère souvent aux énergies fossiles et particulièrement à l’énergie électrique et elle n’a de sens que très relatif et évolue avec le temps 32 http : //ec.europa.eu/energy/energypolicy/doc/factsheets/renewables/renewables se en.pdf, 16 décembre 2014 33 http : //ec.europa.eu/energy/energypolicy/doc/factsheets/renewables/renewables se en.pdf, 16 décembre 2014

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Ce dernier a été créé afin de favoriser l’utilisation du bio fuel ainsi que la réduction du dégagement de dioxyde de carbone. Le gouvernement suédois octroie des aides aux investissements pour faciliter l’accès de la population au chauffage solaire.

En Suisse, l’énergie hydraulique est le leader dans la production d’électricité parce qu’elle fournit à elle seule 60.122 GWh34. Mais sa production a diminué de 6.614 GWh entre 1997 et 200435. Ceci est dû à l’élargissement de la politique énergétique adoptée par le gouvernement suédois. La biomasse occupe la seconde place avec 10% de part de marché de SER-E36 en 2004. Mais elle s’est développée à un rythme plus lent entre 1997 et 2004 avec 14% seulement par rapport au bio déchet qui est de 25% de croissance. Et enfin, l’énergie éolienne fournit 492 mégawatt d’électricité à la population suédoise.

En 2002, le gouvernement français a introduit une législation favorisant la promotion de l’énergie renouvelable et ceci est fondé sur les tarifs de rachats garantis. Depuis ce temps, l’énergie hydraulique occupe une part très importante dans la production d’électricité. La France prend la deuxième place en matière de production de biocarburant en 2007. Ceci montre la volonté du gouvernement à poursuivre l’objectif fixé par l’Union Européenne. Le pays a beaucoup de potentialité en matière de source renouvelable. D’où, une augmentation de production d’énergie éolienne et d’énergie géothermique. La politique de soutien du gouvernement est basée sur les tarifs d’achats garantis37 pour l’énergie éolienne, hydraulique, géothermique, biomasse afin d’assurer un approvisionnement jusqu’à 12MW. Le ministre de l’énergie lance un appel d’offre pour les grands projets renouvelables dans le but de renforcer la compétitivité et d’assurer la sécurité énergétique. Pour stimuler l’utilisation de source renouvelable, le gouvernement français a déployé trois moyens : offre de crédit d’impôt de 50%, réduction de la TVA de 5% pour les équipements énergétiques, et enfin une aide de subvention de 40% offerte aux centrales thermiques favorisant la biomasse38. L’objectif fixé par le gouvernement est que l’énergie renouvelable ait une part importante dans la production d’électricité soit de 21% de la consommation brute39.

34 Gigawatt-hour 35 http://ec.europa.eu/energy/energy policy/doc/factsheets/country/fr/renewables fr.pdf consulté le 16 déc2014 36 Production d’électricité à partir des sources d’énergies renouvelables. 37 Les tarifs de garantis sont pour 15 à 20 ans. 38 http://ec.europa.eu/energy/energy policy/doc/factsheets/country/fr/renewables fr.pdf consulté le 16 déc 2014 39 http://ec.europa.eu/energy/energy policy/doc/factsheets/country/fr/renewable fr.pdf consulté le 16 déc2014

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Les données statistiques prouvent que la part de l’énergie renouvelable dans la production de l’électricité totale est passée de 12.64% en 1997 à 15% en 200440.

L’énergie hydraulique est la source principale d’électricité dans la source d’énergie renouvelable (SER). Elles produisent jusqu’à 64,439 GWh d’électricité au totale. Les bio déchets fournissent 1,671 GWh et elles occupent la deuxième place41. La troisième source principale est la biomasse solide avec une production de 1,371 GWH. Entre 1997 à 2004, l’énergie photovoltaïque a connu une forte progression annuelle de 90% alors que l’énergie provenant de l’éolienne n’a augmenté que de 58%42. Cette dernière représente 1,051 GWh de la production totale dans le SER. Selon l’Agence d’Expertise pour la Maîtrise de l’Energie (ADEME) française, le marché de l’énergie solaire thermique est passé à un taux de 35% à 40% en 2005. Cette croissance est due à la réduction de la TVA de 5% sur les équipements de source renouvelable (ADEME, 2005).

L’expérience de ces deux pays montre la volonté du gouvernement à développer l’utilisation de l’énergie renouvelable dans sa politique énergétique. La Suède, par exemple, a connu une progression très significative dans le domaine des renouvelables. C’est la raison pour laquelle elle sert de référence en tant que pays « verts » pour l’Union Européenne. La population française bénéficie aussi de l’avantage que procure l’énergie renouvelable. Ceci souligne aussi que les sources d’énergies renouvelables sont des sources supplémentaires et pas alternatives d’où la complémentarité entre les capitaux mais non la substituabilité des capitaux.

40 http://ec.europa.eu/energy/energy policy/doc/factsheets/country/fr/renewable fr.pdf consulté le 16 déc2014 41 http://ec.europa.eu/energy/energy policy/doc/factsheets/country/fr/renewable fr.pdf consulté le 16 déc2014 42 http://ec.europa.eu/energy/energy policy/doc/factsheets/country/fr/renewable fr.pdf consulté le 16 déc2014

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Chapitre 3. Les différentes sources renouvelables :

La demande en combustible fossile (pétrole, gaz naturel, charbon) ne cesse d’augmenter durant ces cinquante dernières années. Mais elle est surtout due à la surconsommation des pays riches et à l’expansion plus rapide des pays émergents comme la Chine et l’Inde. Cette demande est donc à l’origine des hausses continues des prix des produits pétroliers. En tant qu’importateur de pétrole, Madagascar est soumis aux prix imposés par les pays producteurs de pétrole. Et cette augmentation du prix a des répercussions sur l’économie nationale et elle se montre sous forme de déficit commercial et une élévation des prix à la consommation (INSTAT, 2007). Afin d’assurer la sécurité et l’amélioration de son approvisionnement en énergie, le gouvernement Malagasy a commencé à développer une programme à deux voies. D’une part, le pays se focalise sur l’exploration du pétrole par la compagnie Madagascar OIL dans la région du Bemolanga et Tsimiroro; et d’autre part, sa politique s’oriente vers l’accroissement des énergies renouvelables.

Madagascar est doté d’importantes ressources en énergies renouvelables mais qui restent inexploitées. Le pays dispose de potentiels d’hydraulique, de géothermie, de biomasse, de solaire et d’éoliens importants dans la région du Sud. L’utilisation de ces sources peut couvrir une partie des besoins en énergie du pays tout en préservant l’environnement. Mais elle permet aussi de réduire les coûts d’importation de combustibles fossiles. Dans la section 1, nous allons voir les différentes sources renouvelables disponibles qui restent à exploiter à Madagascar et dans la section 2 les avantages ainsi que les limites de chacune.

Section 1 : Les différentes sources renouvelables :

Une énergie renouvelable est une énergie dont les réserves ne peuvent pas s’épuiser et qui peuvent être exploitées par l’homme. En conséquence, les sources renouvelables sont disponibles en quantité illimitée et permettent de satisfaire les différents besoins en énergie de la population, sans désavantager l’environnement (GIEC, 2015).

Ces derniers temps, les énergies renouvelables ont connu un développement sans précédent dans de nombreux pays, plus particulièrement dans les pays industrialisés. Ces énergies renouvelables sont donc : l’énergie solaire (thermique et photovoltaïque), l’énergie éolienne, l’énergie hydraulique, la géothermie et la biomasse.

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1-1 Energie solaire photovoltaïque :

L’énergie solaire photovoltaïque est obtenue à partir de l’utilisation des matériaux semi- conducteurs photosensibles (une mince couche métallique ou du silicium). Elle transforme la lumière du soleil en électricité43.

Ces matériaux sont installés sur des assemblages de générateur constitué de nombreux modules solaires photovoltaïques. Sur ces modules nous retrouvons des éléments électroniques appelés cellules photovoltaïques qui sont raccordées entre elles.

L’effet photovoltaïque est obtenu lorsque les matériaux semi-conducteurs en contact avec la lumière du soleil, libèrent des électrons qui vont heurter les photons (composants de la lumière). Ceci induit à la production d’un courant électrique. Le courant continu est converti en courant alternatif par l’intermédiaire d’un onduleur. Cette électricité produite peut être utilisée sous forme d’électricité directe, ou stockée en batterie.

Il existe cinq types de modules solaires photovoltaïques :

 Les modules solaires monocristallins qui sont réservés aux espaces étroits et qui créent un meilleur rendement au m2.  Les modules solaires poly cristallins qui ont une durée de vie longue et un bon rendement. Les modules solaires amorphes possèdent un meilleur rendement et ont une faculté d’être souples. Ces modules solaires sont les plus utilisés en ce moment.

Les panneaux solaires photovoltaïques sont très utiles pour les sites isolés qui n’ont pas accès au réseau électrique car ils permettent de couvrir en partie ou en totalité les besoins en électricité de la population. Les panneaux à usage général sont formés de 38 cellules de silicium monocristallin ou poly cristallin qui sont reliées en série. Ils produisent une puissance de 1.3 W pour une surface de 100 cm2 (RANDRIANARISOA A. M.., 2013).

43 RANDRIANARISOA A. M.., 2013, ENERGIES DURABLES POUR TOUS : les ménages, les collectivités et les entreprise, Friedrich-Ebert-Stiftung, p. 22

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Les différents types d’installations photovoltaïques : - Pour les bâtiments isolés, l’électricité produite par les panneaux solaires doit être stockée dans des batteries d’accumulateur pour que l’intensité soit régulière et qu’ils fournissent de l’électricité durant la période où il y a peu de soleil. La capacité de stockage des batteries dépend du nombre de jours d’autonomie.

Le courant produit n’est utilisable que s’il n’est pas transformé deux fois de suite. La première transformation se fait par la conversion du courant alternatif en courant continu afin de le stocker dans des batteries, ensuite il passe dans l’onduleur pour être retransformé en courant alternatif pour satisfaire les besoins en électricité des ménages.

- L’installation raccordée au réseau est basée sur la production d’électricité « verte » et revendre le surplus d’électricité non consommé sur le réseau électrique. Mais il est plus intéressant de marchander la totalité de la production d’électricité au réseau. Pour stimuler la production en électricité verte, il faut que le tarif d’achat soit motivant et que le contrat de revente avec le réseau soit à durée déterminée.

1-2 L’énergie éolienne

L’énergie éolienne est obtenue à partir de l’utilisation d’une machine composée de pâles, d’une hélice, et des systèmes mécaniques tels que le pylône. La force du vent fait tourner les hélices de l’éolienne qui actionnent un système produisant de l’électricité. C’est l’aérogénérateur de l’éolienne qui sert à fournir de l’électricité et non à lancer une pompe.

Les éoliennes comprennent trois parties :

. Le mât qui peut atteindre 100m de hauteur, maintient l’ensemble des équipements qui permettent de produire de l’électricité (RANDRIANARISOA A. M.., 2013) . Le rotor qui comporte le nez et l’hélice appelée aussi pales de l’éolienne. Généralement, une hélice est composée de 3 pales légères faites de matériaux résistants et rigides. Mais avant tout, le rôle du rotor est de transformer l’énergie cinétique du vent en énergie mécanique44. . La nacelle qui contient les équipements produisant de l’électricité à partir de la rotation du rotor.

44 RANDRIANARISOA A. M.., 2013, Op. Cit. p. 27 32

L’énergie éolienne est produite à partir de la force exercée par le vent sur les pales du rotor des aérogénérateurs et ceci fait virer le générateur électrique pour convertir l’énergie mécanique du vent en électricité. Cette énergie électrique produite peut être stockée dans des batteries ou redirigée vers un réseau électrique.

En général, le rotor des aérogénérateurs est formé de 3 pales fixées à un axe tournant à une vitesse de 30 tours par minute. Une éolienne peut développer une puissance de 2 millions de watts capable de satisfaire le besoin en électricité de près de 2.000 foyers45. Mais cette puissance varie en fonction de la vitesse du vent. Pour avoir un meilleur rendement, il faut que l’éolienne soit perchée haut ainsi elle captera un vent fort avec moins d’obstacles.

1-3 La biomasse La composition des matériaux biologiques forme ce que l’on appelle la biomasse. La biomasse est utilisée comme un combustible pour créer des sources d’énergie : la chaleur, l’électricité, ou les carburants. Par l’intermédiaire de la photosynthèse, la biomasse peut former du biogaz par la méthanisation qui sera convertie en une vraie réserve d’énergie. L’énergie de la biomasse provient de la dégradation des matières organiques. Nous pouvons classer :

 L’énergie de la biomasse est formée par la combustion du bois et des déchets organiques. La production d’électricité peut être fournie par l’utilisation directe de l’énergie du bois. A l’aide de la combustion, la libération du gaz de bois ou de la chaleur assure la production d’énergie. Le bois a la particularité de ne dégager aucun carbone car durant la combustion, le

CO2 qu’il dégage pendant sa croissance est emprisonné. Il reste aussi l’un des meilleures sources d’énergie pour se chauffer.

Le bois comme combustible pour produire de la chaleur se montre sous trois formes : le bois déchiqueté en plaquettes, le granulé et la bûche traditionnelle.

 L’énergie de la biomasse sous forme de biogaz

45 RANDRIANARISOA A. M.., 2013, Op. Cit. p. 28 33

Le biogaz peut être défini comme des effluents46 gazeux provenant de la fermentation de matières organiques. La combustion du biogaz peut créer de l’électricité car elle est généralement formée de méthane qui est considéré comme une ressource énergétique.

 L’énergie de la biomasse sous forme de biocarburant Le biocarburant ou l’agrocarburant, est un carburant issu de la transformation en énergie des matériaux organiques renouvelables. Les principaux biocarburants sont l’éthanol et le biodiesel. Nous pouvons distinguer plusieurs générations d’agrocarburants : la première génération provient de produits alimentaires (colza, betteraves, maïs, blé…) convertis en énergie biomasse par de simples processus techniques ; la deuxième génération provient de source lignocellulosique (paille, feuilles, bois…) convertie en énergie biomasse via des processus techniques avancées ; et la troisième génération qui consiste en la production d’hydrogène avec des microorganismes.

1-4 L’énergie géothermique

L’énergie géothermique est produite à partir de la chaleur accumulée sous la croûte de la Terre. La chaleur stockée à l’intérieur de la terre est maintenue à une température très élevée et c’est cette chaleur produite qui s’échappe à la surface de la terre par l’intermédiaire d’une éruption volcanique ou d’un geyser. La proximité du magma et la radioactivité des roches assurent le réapprovisionnement en permanence de cette énergie géothermique.

La production d’électricité à partir de la chaleur captée n’est possible que si la température à l’intérieur de la croûte est de l’ordre de 90° à 150°celsius. Si la température est inférieure à 90°c, la chaleur captée est utilisée dans la production de chauffage47.

L’énergie géothermique est utilisée généralement pour chauffer les habitations. Le système du chauffage géothermique ou chauffage thermodynamique consiste à capter l’énergie géothermique dans le sol ou dans l’eau afin de la redistribuer sous forme de chauffage dans les foyers.

46 Selon le dictionnaire Larousse : c’est une fraction liquide rejetée à la suite d'un traitement qui l'a débarrassée de tout produit de valeur

47https://portail.umons.ac.be/FR/universite/facultes/fpms/la_faculte/conseils_et_commissions/PolytechNews/Doc uments/PN46-Fiche_pedagogique_1.pdf consulté le 16 déc 2014

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L’avantage de la géothermie est qu’elle est une source renouvelable. Mais elle se différencie de l’énergie éolienne et photovoltaïque par rapport à l’importance de la puissance électrique qu’elle produit. Par ailleurs, cette ressource peut assurer une production permanente parce qu’elle n’est pas touchée par les variations météorologiques.

Généralement, un forage est nécessaire pour avoir accès à l’énergie géothermique, mais cette énergie peut varier en fonction de l’épaisseur de la lithosphère ainsi que de la profondeur de mesure du sol. Le ruissellement de l’eau, de la chaleur du soleil ainsi que la faculté d’inertie thermique peuvent créer aussi de l’énergie géothermique.48

1-5 Energie hydraulique :

L’énergie hydroélectrique est une énergie électrique permanente produite par la conversion de l’énergie hydraulique49de différentes chutes d’eaux naturelles en électricité. L’hydroélectricité est obtenue à partir d’un courant d’eau qui crée une énergie cinétique50 qui se transforme à l’aide d’une turbine en énergie mécanique. Cette dernière est convertie en énergie électrique par un alternateur. Les barrages à chute d’eau et les barrages au fil d’eau sont généralement les moyens les plus utilisés pour obtenir cette énergie cinétique. La quantité disponible d’énergie dans les barrages à chute d’eau dépend largement du volume de la réserve, des pertes naturelles et de la hauteur de chute. Par contre, les barrages au fil d’eau fonctionnent sans retenue d’eau donc la quantité d’énergie produite est directement liée au débit du fil.

48https://portail.umons.ac.be/FR/universite/facultes/fpms/la_faculte/conseils_et_commissions/PolytechNews/Doc uments/PN46-Fiche_pedagogique_1.pdf consulté le 16 déc 2014 49 Energie hydraulique : énergie fournie par le mouvement de l’eau, sous toutes ses formes : chute, courant d’eau, courant marin, vagues. 50 Energie cinétique : énergie que possède un corps du fait de son mouvement. Elle s’exprime en Joule (J) 35

Figure 6 : Principe de fonctionnement d’une centrale gravitaire

Source : http://blog.unventdechangement.ch/wp-content/uploads/2011/03/hydro.gif consulté le 16 déc 2014

Les centrales hydroélectriques sont souvent classées en fonction de leur mode de production, mais aussi selon leurs dimensions et puissances.

 Suivant le mode de production, on a :  Les centrales gravitaires, dont les apports en eau sont effectués par simple gravité ;  Les Stations de Transfert d’Energie par Pompage (STEP), dont la réserve d’eau est pompée électriquement ;  Les centrales marémotrices, qui utilisent les courants induits par les marées.  Suivant la dimension et puissance, nous avons le classement suivant :  Les Grandes Centrales Hydroélectriques (GCH), d’une puissance de plus de 10 MW ;  Les Petites Centrales Hydroélectriques (PCH), subdivisées en :  Petites centrales (de 20 MW à 10 MW) ;  Mini-centrales (de 500kW à 2 MW) ;  Microcentrales (de 50 kW à 500 kW) ;  Pico-centrales (Moins de 50 kW)51.

51 RANDRIANARISOA A. M.., 2013, Op. Cit. p. 24 36

Section 2 : Avantages et limites des énergies renouvelables

L’énergie renouvelable a l’avantage de répondre à la sauvegarde de l’environnement mais aussi au besoin de diversifier les sources d’énergie. Même si les énergies renouvelables sont théoriquement inépuisables, leurs potentiels dépendent largement du climat, de la caractéristique de la région et des possibilités de stockage. Ainsi voici les avantages et les inconvénients des différentes sources renouvelables.

a. L’énergie solaire

Avantages : Même si l’énergie solaire ne peut remplacer l’énergie fossile, elle a l’avantage de faire une importante économie d’énergie. D'un point de vue écologique, c’est une énergie propre qui ne dégage de dioxyde de carbone CO2 ou gaz à effet de serre et qui ne crée pas de déchets toxiques. Par ailleurs, les technologies de l’énergie solaire domestique sont aujourd’hui accessibles aux différentes classes sociales. Les panneaux solaires installés ne demandent que très peu de temps pour leur entretien. Elle est spécialement conçue pour les sites isolés ou les sites qui ne sont pas reliés à un réseau électrique important.

Concernant le paysage, les panneaux solaires ne dérangent pas la vue et ne produisent aucun bruit pour les riverains voisins.

Inconvénients : Les panneaux solaires sont encore très coûteux. Ainsi, les subventions de l’Etat sont encore indispensables pour lancer l’utilisation de cette énergie par la population. L'énergie solaire n'est pas encore performante face aux autres sources renouvelables quand il s’agit de produire une énergie importante. En effet, par rapport aux énergies nucléaires, elles sont moins rentables financièrement. Donc l’énergie solaire ne peut pas satisfaire la totalité des besoins énergétiques mondiaux.

Le rendement dégagé par les panneaux solaires diminue très rapidement quand il atteint 25 ans environ. De plus, il faut 3 ans aux panneaux pour produire l'énergie qui a été utilisée pour sa construction. Concernant les installations : pour produire de l’énergie les panneaux solaires doivent être placés dans de grandes superficies (RANDRIANARISOA A M.., 2013).

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b. La biomasse

Avantages : la biomasse dégage peu de gaz à effet de serre et elle peut être stockée. Elle se décompose plus rapidement par rapport aux autres matières organiques et les produits issus de cette transformation sont généralement non toxiques, non-allergéniques et sans risque pour la santé de l’utilisateur. Les résidus issus de la biodégradation sont très peu polluants pour le sol, pour l’eau et ils sont recyclables.

La biomasse est l’une des sources d’énergies les plus rentables parce qu’elle est créée plus particulièrement à partir du bois. Donc il y a une large variété de ressource et le prix du bois de chauffage reste stable par rapport au cours du pétrole.

La biomasse a l’avantage de fournir de manière régulière une centrale contrairement à d’autres sources renouvelables comme l’éolien ou le solaire (RANDRIANARISOA A ., 2013)

Une centrale biomasse bien entretenue peut produire de façon régulière de l’électricité et de la chaleur dont a besoin l’utilisateur.

Inconvénients : L’énergie de la biomasse coûte très chère par rapport au prix de l’énergie fossile parce que la recherche est vraiment coûteuse. Mais avec l’avancée de la technologie, le prix de l’énergie devrait être plus accessible. La production de l’énergie biomasse nécessite des terres arables et donc elle a pour conséquence la baisse de la production agricole. Les bois produisent beaucoup de CO2 quand ils entrent dans la phase de combustion donc ils sont aussi nocifs que les énergies fossiles. Une surutilisation de la biomasse peut accélérer une déforestation croissante, l’érosion des sols, la pollution des sols et des eaux (en cas de production intensive de biocarburant) et elle peut être nuisible à l’équilibre environnemental naturel.

c. L’énergie éolienne Avantages : C’est une énergie propre et renouvelable qui ne nécessite aucun carburant, et son exploitation n’engendre pas de gaz à effet de serre, ne produit aucun déchet toxique. Elle assure le maintien de la biodiversité des milieux naturels sur le long terme car son utilisation n’entraîne aucune pollution de l’atmosphère. Son coût d’installation est moins cher par rapport aux autres sources d’énergie renouvelable.

38

L’installation des parcs d'éoliennes n’occupe que 2 % du sol environ des terres. D’où la surface restante peut être utilisée pour une exploitation agricole, élevage, etc. Donc toutes les activités agricoles et industrielles peuvent continuer autour d'un parc éolien. Les propriétaires du terrain où il y a un parc éolien reçoivent souvent une rente. Ainsi le revenu du propriétaire foncier augmente avec la valeur du terrain. Elle garantit une sécurité d'approvisionnement en énergie face à la fluctuation des prix du pétrole et elle tend aussi vers la possibilité de réduction des factures d'électricité.

Inconvénients : Le rendement d’une éolienne dépend largement du vent, or le vent ne souffle pas de façon continue et varie en fonction de la saison. D’un point de vue touristique, les éoliennes ne cadrent pas aux paysages car elles sont inesthétiques, elles engendrent des nuisances sonores et des problèmes d’interférences électromagnétiques pour les éoliennes bas de gammes. Son entretien nécessite beaucoup de temps car il faut nettoyer les pales, le graissage, …

L’énergie éolienne varie en fonction du temps, donc pour avoir de l’électricité en permanence il faut acheter des batteries sous forme d’accumulateurs qui est plutôt coûteuse. Lors des périodes où il n’y a pas de vent, il est plus avantageux de se relier au réseau électrique pour avoir accès à d’autres sources d’énergie. Elle est considérée comme une énergie intermittente.

d. L’énergie géothermique

Avantages : Tant que la chaleur captée est inférieure à celui du centre de la Terre, l’énergie ne produit aucun déchet, très peu d’émissions de CO2 et sa ressource reste inépuisable. Elle n’est pas difficile à trouver parce qu’elle est disponible dans tous les sous- sols de la planète. Elle dégage un meilleur rendement parce qu’elle couvre une grosse part des dépenses énergétiques et n’a pas besoin d’être stockée.

Le prix du kilowattheure de cette énergie propre produit est compétitif. L’utilisation de la géothermie assure une réduction d’un tiers de sa facture énergétique. Et elle ne dépend pas des conditions atmosphériques.

Inconvénients : La surexploitation d’un gisement entraîne une baisse progressive de la qualité du gisement et l’épuisement complète de la réserve. Concernant le rendement, le coût des forages est élevé parce que l’accessibilité à certains gisements est très difficile.

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Et il faut creuser au plus profond pour pouvoir obtenir de très haute température indispensable à la production d’électricité. L’extraction trop abusive de l’énergie géothermique entraîne le caractère inexploitable et l’improductivité de la terre

e. L’énergie hydraulique

Avantages : L’énergie hydroélectrique est disponible tout au long de l’année car elle est renouvelable et elle peut être stockée dans les retenues d’eau. De plus, elle fournit de fortes puissances en quelques minutes car sa façon d'emmagasiner l’énergie potentielle est tellement efficace. Or une centrale thermique nécessite une dizaine d’heures pour atteindre sa pleine puissance.

Elle reste également inexploitée car seule 20% des sites font l’objet d’une production dans le monde52.

Du côté du rendement, l’hydroélectricité est très efficace parce que 90 % de l’énergie hydraulique se convertit en électricité. De plus, elle ne crée pas de gaz à effet de serre ou CO2 et ne produit pas de déchets ni de pollution. Par rapport aux autres énergies renouvelables, l’énergie hydroélectrique a une durée de vie exceptionnelle et une technologie très fiable53.

Inconvénients : L’exploitation de cette énergie a des impacts sur l’écologie car les barrages hydrauliques nuisent aux espèces terrestres et aquatiques. Par ailleurs, la construction de gros barrages exige généralement le déplacement des riverains.

52https://portail.umons.ac.be/FR/universite/facultes/fpms/la_faculte/conseils_et_commissions/PolytechNews/Doc uments/PN46-Fiche_pedagogique_1.pdf consulté le 16 déc 2014 53https://portail.umons.ac.be/FR/universite/facultes/fpms/la_faculte/conseils_et_commissions/PolytechNews/Doc uments/PN46-Fiche_pedagogique_1.pdf consulté le 16 déc 2014

40

Cette première partie a pour objet d’étudier et de mobiliser les différents concepts qui assemblent notre grille de lecture. Nous avons particulièrement abordé le concept d’approche forte et d’approche faible du développement. L’approche faible sous-entend la possibilité de substitution des différentes capitales (Capital K, travail L, énergie E, matières premières autres que l’énergie). En outre, les questions fondamentales dans le domaine de l’énergie résident: au niveau de l’indépendance face au pétrole, la crise de l’énergie, l’offre et la demande d’énergie et les effets environnementaux. Ces concepts nous ont été nécessaires afin d’établir les bases théoriques du modèle KLEM54.

L’accès à l’énergie est une préoccupation centrale des qu’il est question de développement. En ce moment, la majorité de la population malagasy surtout dans le milieu rural n’a pas toujours accès à l’électricité ou aux énergies renouvelables. La demande est généralement basée sur des combustibles traditionnels, qui, en plus d’être peu efficaces causent des problèmes de santé et de pollution atmosphérique. La politique énergétique Malagasy tend de plus en plus vers la promotion de l’énergie renouvelable surtout le centrale hydraulique afin de satisfaire les besoins en énergie des malagasy et de préserver l’environnement.

54 K comme capital, L comme travail, E comme énergie et M comme matière 41

PARTIE II Etude du cas de la Commune d’Ambohimasina

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L’économie de Madagascar dépend énormément de l’énergie. Même si à l’heure actuelle, la principale source d’énergie malgache reste le pétrole et le bois, la politique énergétique du Ministère de l'énergie tend vers l’exploitation et l’utilisation des énergies renouvelables à Madagascar. Ces dix dernières années ont été marquées par des études de faisabilité, des sollicitations des investisseurs privés ainsi que par des élaborations de divers projets de construction de parc d’énergie renouvelable. Pour assurer la croissance économique, la protection de l’environnement, est-il propice pour un pays comme Madagascar d’investir dans ces différentes sources d’énergie telle que l’énergie hydraulique? Dans cette deuxième partie nous allons apporter plus d’éclaircissements à cette question.

Cette partie est structurée en 3 chapitres : le chapitre quatre met en relief le contexte énergétique à Madagascar, quant au chapitre cinq, elle se portera sur la mise en place et l’utilisation de l’énergie hydraulique dans la Commune d’Ambohimasina et le chapitre six étudie des impacts socio-économiques et environnementaux du projet.

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Chapitre 4. Contexte énergétique malgache

Ces derniers temps, le délestage est devenu le lot quotidien de la population Tananariviene ainsi que la plupart des localités desservies par la Jirama (Jiro sy Rano Malagasy), soit environ 90 localités (Ministère de l’Energie ,2012). Le vieillissement de l’installation ainsi que la hausse du prix des huiles lourdes sont les causes principales du délestage. Ce dernier entraîne la baisse de productivité, les dégâts matériels et le mécontentement des usagers. Une politique énergétique inefficace, une mauvaise gestion, l’indifférence des responsables, et la succession des crises ont mis la compagnie nationale d’eau et d’électricité dans cet état. Mais la source de ce problème actuel vient principalement de l’absence de volonté politique - celle de donner au secteur énergétique une ouverture vers de nouvelles sources d’énergie.

D’après le rapport de l’Institut National de la Statistique (INSTAT) sur le secteur Énergie effectué en 2012, les sources renouvelables ne représentent que 1% de la totalité de l’énergie utilisée à Madagascar. Et 99% des ménages malagasy utilisent encore le bois pour la cuisson (INSTAT, 2012). Vu la croissance démographique actuelle, l’utilisation du charbon de bois ne fait qu’accélérer le phénomène de déboisement. Pour l’éclairage domestique, seuls 39% des ménages urbains et 4,8% des ménages ruraux ont accès à l’électricité. 81% des ménages ont encore recourt au pétrole lampant et 7% vivent encore à la lueur de la bougie (INSTAT, 2012). Madagascar est l’un des pays qui a le taux le plus faible en électrification parce que son taux est estimé à 15% (INSTAT, 2012). Dans ce contexte, le développement durable à Madagascar reste encore très utopique. Cette situation ne permet pas aux usagers d’améliorer leurs conditions de vie et aux entreprises d’être compétitives.

Section1. Les principales sources d’énergie à Madagascar :

L’offre énergétique présente à Madagascar est dominée par le bois - énergie qui constitue 92% et par les produits pétroliers 7%. Et le 1% restant de cette offre constitue la part des énergies renouvelables qui restent encore marginalisées (INSTAT, 2012).

La consommation d'énergie des ménages malgaches répond à deux utilités :

- Le besoin d’énergie pour la cuisson est assuré par le bois. Ce dernier est actuellement l’énergie la moins chère et la plus accessible pour les ménages. - Le besoin d’énergie pour l’éclairage est satisfait par des pétroles lampant et l’Electricité.

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Ces énergies sont utilisées de manière discontinue dans la journée parce que la cuisson se fait uniquement trois fois par jour et l’éclairage durant la partie de la soirée.

Graphique 1: Contribution des différentes sources sur l’offre d’Energie

1% 7% Bois énergie énergies renouvelables 92% Produits pétroliers

Source : INSTAT (2012)

Dans les milieux ruraux, 77,7 % des ménages s’approvisionnent des bois ramassés et collectent des bois morts tombés par terre pour satisfaire leur besoin en cuisson (INSTAT, 2012). Parfois l’approvisionnement en bois énergie s’effectue par voie marchande. Généralement, c’est dans le milieu urbain que le charbon de bois est le plus utilisé car 17,1% des ménages la consomment. En 2012, l’Institut National de la Statistique a sorti un rapport officiel indiquant que 431 000 ménages vivant dans le milieu urbain achètent encore du charbon (en moyenne 60 à 70 kilos de charbon chaque mois) soit 47% des ménages car c’est la principale source d’énergie pour la cuisson. Un sac de charbon de 30 kg coûte aux alentours de 12 500 Ariary (INSTAT, 2012). La consommation annuelle en charbon de bois à Antananarivo est estimée à 110 000 tonnes avec une population autour 2 millions (INSTAT, 2012).

La production de charbon de bois constitue un revenu important pour les paysans. Or, pour produire 1 Kg de charbon il faut 10kg de bois pour un rendement de 10% (INSTAT, 2012). Par conséquent, pour assurer une production durable de charbon, le reboisement devient incontournable.

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Tableau 2 : Répartition des sources d’Energie de cuisson :

Bois Bois achetés Charbon Autres Total ramassés Nombre 412 813 56 026 431 455 16 726 917 020 Ménages urbains % 45,00% 6,10% 47,10% 1,80% 100%

Nombre 2 831 663 133 488 283 571 10 618 3 259340 Ménages ruraux % 86,90% 4,10% 8,70% 0,30% 100%

Nombre 3 244 476 189 514 715 026 27 344 4 176360 Ménages totaux % 77,70% 4,50% 17,10% 0,70% 100%

Source : INSTAT (2010)

Le plus grand consommateur de charbon de bois est la région Analamanga avec les régions et Haute Matsiatra. La consommation en charbon de ces trois régions représente 77% de la demande totale et elles sont approvisionnées principalement par des charbons en Eucalyptus (INSTAT, 2012). Le charbon présent dans la région Boeny ainsi que dans les huit autres régions est tiré à partir de l’exploitation de forêts naturelles. Elles représentent 12% de la demande totale des consommateurs malagasy (INSTAT, 2012). Le 11% de la demande restant est constitué de charbons issus d’exploitations, plantations et de forêts naturelles.

Le charbon de bois est l’énergie la plus utilisée par les ménages malgaches surtout en milieu urbain à cause de son prix compétitif allant de 250 à 500 Ar le kilo et une consommation journalière estimée entre 1 à 2 kg (INSTAT, 2012). Le charbon de bois est abordable pour les différentes classes sociales car c’est une énergie à moindre coût. C’est une énergie de proximité puisqu’il est relativement facile d’accès avec des points de vente présents à chaque coin de quartiers.

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En ce qui concerne le secteur pétrolier, Madagascar est parmi l’un des pays le plus gros importateur d’énergie pétrolière pour satisfaire à ses besoins en énergie. Le gasoil55 représente 53% de l’importation d’hydrocarbure à Madagascar étant donné que c’est l’énergie fossile le plus utilisé dans le secteur économique (OMH, 2012). Le secteur tertiaire, surtout le transport, consomme plus de 80% de la totalité du gasoil importé (OMH, 2012). L’accroissement du nombre de voitures mises en circulation au cours de ces dix dernières années a entraîné la croissance rapide de la consommation en gasoil. Mais le gasoil est aussi utilisé par la société nationale d’électricité (JIRAMA) pour ravitailler les groupes électrogènes afin de créer de l’Electricité. L’utilisation du gasoil pour produire de l’énergie électrique représente 13 % de la consommation totale.

L’utilisation du pétrole lampant a connu une hausse progressive durant ces quatre dernières années pour atteindre 51 622 m3 (OMH, 2010). En effet, le pétrole lampant est très utilisé par les ménages malgaches surtout en milieu rural car 80% des usagers s’en servent comme source d’éclairage. Cependant, une partie des ménages ruraux l’utilise pour assurer la cuisson. Les zones suburbaines d’Antananarivo ainsi que les zones rurales (Itasy, Bongolava,…) desservies par le JIRAMA constituent les principales zones utilisant le pétrole lampant et elles représentent 20 % du volume de la demande totale (OMH, 2012). La consommation totale des zones (, Toamasina, Fianarantsoa, Mahajanga) desservies par le service de la JIRAMA a une tendance à augmenter car elle représente chacun entre 6 % à 12 % (OMH, 2012).

L’Office Malgache de l’Hydrocarbure (OMH) a sorti un rapport, en 2011, stipulant que la vente des produits pétroliers à Madagascar a atteint 792 863 m3. Les Produits Pétroliers occupent une grande place dans la fourniture d’énergie parce qu’ils représentent 7,3 % des offres énergétiques à Madagascar. Depuis 2011, le pays a varié son importation de produits pétroliers en sept types différents : le Gasoil qui représente 54 % du volume, le Fuel oïl avec 13 % du volume, le Gaz, l’Essence super (sans plomb), l’Essence aviation,... (OMH, 2012)

55 Selon l’INSTAT (2011), le gasoil constitue le Produit Pétrolier le plus consommé à Madagascar avec 430 000 m3

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Graphique 2 : La distribution et la vente de produit pétrolier à Madagascar :

1% 13% GAZ 15% Fuel Oil 54% Super Carburant 17% JET/DPK Gasoil

Source : OMH (2012)

La hausse du prix des produits pétroliers peut entraîner la réduction de la compétitivité et de la rentabilité du secteur tertiaire et secondaire. Et elle a pour conséquence de ralentir la croissance économique du pays parce que le produit pétrolier a pris de l’importance dans le coût des activités économiques. La charge réservée au produit pétrolier dans le secteur secondaire représente 50% de sa consommation totale. La hausse du prix du gasoil importé se répercute sur le transport, l’électricité et sur le prix des produits de première nécessité.

L’office malgache des hydrocarbures (OMH) a sorti un rapport officiel en 2014 révélant que la quantité de carburant importé a connu une légère baisse. L’importation de gasoil en 2014 est de 10 7028 tonnes métriques et ceci a connu une réduction de 78% par rapport à la période précédente, soit une baisse de 369 384 tonnes métriques (OMH, 2014). Tous les secteurs d’activité ont diminué leur consommation en pétrole sauf le transport.

En 2013, l’importation totale de produit fini s’établit à 779 282 m3 et celle-ci a connu une forte diminution de 10,4% par rapport à l’année 2012 qui est de 791 362. Durant ces trois dernières années, une baisse de l’importation des produits pétroliers a été enregistrée auprès de l’office malgache des hydrocarbures (OMH) qui varie de 791 362 à 174 897 m3.

Entre 2009 à 2012, l’importation de pétrole fini s’inscrit dans une tendance haussière à l’exception de l’essence tourisme qui varie de 71747 à 0 m3 OMH (2014). La chute de l’importation du pétrole fini en 2013 pourrait être interprétée par la baisse de la demande de tous les produits pétroliers à l’exception du Gaz. La demande du fuel oïl a légèrement baissé à cause de la diminution de l’approvisionnement de la Jirama.

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Pour le super carburant, l’augmentation de l’importation se poursuit. Le recul de l’approvisionnement en gasoil peut s’expliquer par la diminution de la demande des secteurs secondaires et secteurs tertiaires ainsi que les ménages malgaches. La crise qui a frappé la compagnie nationale Air Madagascar a énormément contribué à la baisse des commandes en essence aviation.

Tableau 3 : Evolution des importations en Produits Pétroliers (m3)

2009 2010 2011 2012 2013 2014

GAZ 6721 6990 6969 9648 12301 2915

Essence 622 533 625 602 496 80 Aviation JET/DPK* 53343 57472 70291 75782 67915 13610

Super 32827 40351 50600 108890 122626 27615 Carburant Essence 71747 67296 62318 11504 - - Tourisme Gasoil 391302 383889 415764 458333 476412 107028

Fuel Oil 60761 89349 99346 115099 109532 23649

Produits 42621 49017 62318 11504 - - Brute Pétrole Finis 659344 694897 768231 791362 779282 174897

TOTAL 659344 694897 768231 791362 779282 174897

Source : OMH (2014)

Le gouvernement malgache cherche à accélérer sa politique vers la transition énergétique. De fait, la subvention sur les prix des produits pétroliers à la pompe a atteint en 2014 une hausse de 150 milliards d’Ariary (Ministère de l’Energie, 2014). Ces subventions ont un impact considérable sur l’activité économique malgache.

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Madagascar a des besoins très importants en pétrole fini soit 174.897 m3 l’année dernière: le gasoil représente 61.2% de la consommation énergétique, en faisant le calcul cela représente 4,55 litres/jours/habitants de produits pétroliers, soit 276,79 millions de litres par jour (OMH, 2014). Selon l’OMH, le pays est dépendant à 92 % des importations pour sa consommation d’énergie fossile. Les subventions accordées par le Trésor public s’élèvent à 47.799 milliards d’Ariary d’importation en 2011 pour le pétrole56. La consommation malgache en super carburant de l'année 2014 a été de 27.615 m3, en baisse de 0,248 % par rapport à celle de l'année 2013 qui est de 122.626 m3. Durant cette période, la consommation de fuel oïl a baissé de 0.172% et 0.165% pour le gasoil (OMH ; 2014).

La consommation de produit brut a décru de 0.308 % à Madagascar en 2014 après trois années de consommation stable (OMH ; 2014). L’importation d’essence a baissé de 0.172% contre 0,165% pour le gasoil reflétant sans aucun doute la préférence des diesels.

Figure 7 : Données détaillées des besoins en produits pétroliers des Malgaches:

Source : OMH (2014)

Selon l’Office Malagasy des Hydrocarbures (OMH), la consommation d’essence à Madagascar a baissé de 6% en février 2013 par rapport à l’année qui la précède, alors que l'essence enchaîne une 4ème année de prix record57. Les livraisons d’essence sur le marché malgache se sont élevées à 13.000 m3 en mars 2013, une hausse de 2.3,% par rapport à mars 2012 (OMH, 2014).

56 www.matin-mada.com édition du Lundi 09 Mars 2015 vers 10h10 57 Selon le journal La Tribune, en 2012, le prix moyen du baril de Brent s'est établi à 111,65 dollars 50

Cette augmentation est due surtout à une hausse de 7% des livraisons d'essence sans plomb, alors que les livraisons de gasoil n'ont augmenté que de 2.1% (OMH, 2014).

Section2. Limite des infrastructures déjà en place

La société nationale JIRAMA, créée en 1975, assure l’approvisionnement de l’énergie électrique à Madagascar surtout dans les grandes villes. Un autre département a été créé par le ministère de l’Energie en 2002, connu sous le nom de l’Agence pour le Développement de l’Electrification Rurale (ADER), afin de garantir la promotion et le développement de l’énergie électrique en milieu rural.

Deux principales sources assurant la production de l’énergie électrique à Madagascar sont:

 Les centrales thermiques  Et les centrales hydroélectriques

Mais avec le temps, l’ADER s’ouvre de plus en plus vers l’utilisation des sources renouvelables comme l’énergie solaire, éolienne et la biomasse ; ceci afin d’accélérer l’électrification dans le monde rurale.

Jusqu’à maintenant, la société d’Etat JIRAMA monopolise le marché de l’électricité si l’on se réfère à la puissance installée et le nombre de groupes utilisés.

Tableau 4 : Evolution de la production globale d’Energie électrique par la JIRAMA entre 2000 - 2012 (en Milliard de Kilowattheure)

Année 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012

Production 0.75 0.81 0.82 0.83 0.83 0.84 0.83 0.98 1.05 1.05 1.05 1.05 1.11 totale

Source: Ministère de l’Énergie et des Mines (2012)

L’ouverture du marché de l’électricité aux autres opérateurs a assuré une nette amélioration de la production d’électricité.

51

L’augmentation de la production totale fournie par la JIRAMA entre l’année 2002 à 2005 est due à une coopération avec trois opérateurs privés58. L’introduction des centrales thermiques dans la production est la première cause de ce net accroissement59. Durant ces périodes, l’importation du gasoil s’accroît de plus en plus et ceci rend le domaine de l’énergie fragile à la variation des prix de pétrole. En 2006, avec le manque des moyens financiers de la compagnie, la production n’arrive plus à suivre l’accroissement de la demande en énergie. Tout en tenant compte de la situation, la restructuration et la réhabilitation de la JIRAMA par l’autorité en place ont permis à cette société d’éviter la privatisation et d’améliorer sa productivité en 200760.

La politique d’ouverture du marché de l’énergie aux opérateurs privés, adoptée par le ministère de l’énergie, a permis d’augmenter la production d’électricité et d’accélérer l’électrification dans le milieu rural entre 2007 et 200861. Entre 2008 à 2011, la production d’électricité est restée à un certain stade et n’arrive plus à répondre au besoin de la population malgache. Cela est dû à la faiblesse de la puissance électrique installée et à la réduction des fonds d’aide accordés pour le développement des infrastructures.

En 2012, La production s’est améliorée62 avec l’amplification des puissances électriques déjà installées. C’est le résultat d’une introduction :

 de 50 MW sur le réseau à Fort-Dauphin par la société multinationale QMM  et de 15 MW au site minier d’Ambatovy par la société Sherritt.

L’incapacité de la JIRAMA à répondre au besoin de la population malgache est le résultat du vieillissement des équipements, du manque de financement pour rénover l’installation ou l’exploitation d’autres sources énergétiques, ainsi que l’augmentation des dépenses consacrées à l’entretien et aux combustibles63. La société nationale JIRAMA n’arrive pas à surmonter tous ces problèmes entravant ainsi ses productions.

58 HYDELEC BPA, Henri Fraise Fils & Cie (HFF) et EGEDEC 59 Ministère de l’énergie et des Mines., 2012, Diagnostic du secteur énergie à Madagascar, Panda WWF, p. H 60 Ministère de l’énergie et des Mines., 2012, Op. Cit. p. A 61 Ministère de l’énergie et des Mines., 2012, Op. Cit. p. A 62 La production devient 1.11 milliard de kilowattheure (Ministère de l’énergie et Mines; 2012) 63 Ministère de l’énergie et des Mines., 2012, Op. Cit. p. I

52

Son offre devient insuffisante même avec l’intervention des producteurs indépendants d’électricité comme l’HYDELEC et bien d’autres.

Graphique 3 : Part de la production en électricité de la JIRAMA et des sociétés privées

Source : Ministère de l’énergie et Mines (2012)

En 10 ans, 95% des ménages abonnés aux réseaux de la JIRAMA ont augmenté leurs consommations qui sont passées de 46% à 55% (Ministère de l’énergie et des Mines; 2012).

L’analyse de la vente d’électricité faite par le Ministère de l’énergie a montré que le volume consommé d’électricité en 2001 est de 644 236 MWh pour un nombre d’abonnés de 320 817. La demande n’a cessé d’augmenter jusqu’à atteindre 882 910 MWh en 2011 avec un nombre d’abonnés de 444 575 (Ministère de l’énergie et des Mines; 2012). Avec le plan de redressement qui s’est déroulé entre 2006 et 2008, le nombre des clients de la compagnie JIRAMA a très peu augmenté.

Pour maintenir le taux d’électrification de l’année dernière qui est de 12%, avec un taux de croissance démographique évalué à 3%, la JIRAMA est obligé d’augmenter sa production à 1 million MWh soit estimée à 1,5 millions MWh en 203064.

64 Ministère de l’énergie et des Mines., 2012, Op. Cit. p. I 53

Tableau 5 : La part des sources d’énergies dans la production d’électricité à Madagascar

RÉSEAU JIRAMA RÉSEAU ADER Source d’énergie Puissance Groupe Puissance Groupe

KW % Nombre % KW % Nombre % Thermique diesel 345 540 73 517 94 3 159 76.2 59 68

Hydraulique 127 646 27 35 6 788 18.8 14 16 Eolienne 145 3.5 4 5 Thermique 94 2.2 2 2 biomasse

Solaire 14 0.3 8 9 Total 473 186 100 552 100 4 200 100 87 100

Source : ADER (2012)

L’utilisation des carburants pour faire fonctionner les centrales thermiques est source d’importantes dépenses en devises pour le Trésor Public malgache. La consommation en carburant représente 60% de la production totale en 2008 allant maintenant jusqu’à 70% (Ministère de l’Énergie et Mines; 2012).

Les énergies renouvelables restent peu exploiter à Madagascar car elles n’assurent que 30% de la production totale. Le potentiel de l’énergie hydroélectrique à Madagascar est estimé à qui 7.800 MW par les chercheurs65.

L’énergie provenant des barrages hydrauliques est peu exploitée par la société d’Etat. Elle ne représente que 27% de la puissance du réseau de la JIRAMA en 2012. L’énergie hydroélectrique reste encore la seule source renouvelable utilisée par la compagnie JIRAMA. Cette ressource hydroélectrique fournie une puissance atteignant 127 646 KW. Ceci est assuré par 35 groupes soit 6% des nombres de groupes. L’agence ADER est en avance par rapport à la JIRAMA concernant l’utilisation des sources hydroélectriques.

65 Ministère de l’énergie et des Mines., 2012, Op. Cit. p. I

54

Les installations de l’ADER comptent 68 groupes mais elles sont dispersées dans les zones isolées. Mais sa puissance est extrêmement faible par rapport à celle de la compagnie nationale avec 788 KW66.

Les concessionnaires ainsi que les sous-traitants de l’ADER se tournent de plus en plus vers l’exploitation d’autres sources d’énergies renouvelables comme l’énergie éolienne, la biomasse et le solaire. Mais la production de l’ADER n’est pas encore de taille à fournir les grandes installations (Ministère de l’énergie et des Mines ; 2012).

La présence des concessionnaires de l’ADER dans ces zones enclavées justifie encore l’utilisation des petites exploitations d’énergies renouvelables. L’exploitation de cette dernière permet d’augmenter l’accès à l’électricité dans le milieu rural. Elle permet aussi une meilleure adaptation aux zones à exploiter. L’amélioration du taux d’accès à l’électricité ne peut se faire qu’à condition que les opérateurs privés ne soient libre d’investir et de pénétrer dans les zones non électrisées.

Tableau 6: Taux d’accès des ménages à l’électricité (en %) :

2007 2008 2009 2010 2011 201 2

45 45 55.72 42.98 44.38 47.41 Au milieu urbain

5 5 7.59 4.07 4.96 4.82 Au milieu rural

Source: INSTAT (2012)

Due à l’insuffisance des infrastructures, la majorité de la population malagasy n’a pas accès à l’électricité. Fin 2008, le nombre de ménages abonnés aux réseaux de la JIRAMA est estimé inférieur à 400 00067. Ce dernier représente un abonné pour 47 habitants si on se réfère au nombre de la population. Au total, en incluant les ménages ruraux, le taux d’accès à l’électricité à Madagascar avait été estimé à 47.05% pour l’année 2010.

66 Ministère de l’énergie et des Mines., 2012, Op. Cit. p. I 67 Ministère de l’énergie et des Mines., 2012, Op. Cit. p. O 55

Ce taux d’électrification a atteint le sommet en 2009 avec 63.31% (Ministère de l’énergie et des Mines ; 2012). Compte tenu des renforcements des installations électriques faites par le ministère de l’Énergie depuis 2004, le taux d’accès à l’électricité à Madagascar a décliné depuis à cause d’une forte croissance de la population. De nos jours, le taux d’accès à l’électricité à Madagascar s’estime aux environs de 15% (INSTAT, 2014). La faiblesse du taux d’accès à l’électricité peut être considéré comme une anomalie - cause la pauvreté de la population malgache.

56

Chapitre 5. Utilisation de l’énergie hydraulique dans la Commune d’Ambohimasina

Actuellement, l’accès à électricité en milieu rural reste encore faible. Si une communauté a l’avantage d’être desservi, c’est grâce au raccordement au réseau ou par l’existence des compagnies d’électricités privées dans la localité. L’utilisation des sources renouvelables est encore rare à Madagascar. Avec comme objectif d’améliorer l’accès à l’électricité dans le monde rural, le projet rHYviere (Réseaux Hydroélectriques Villageois Energie et Respect de l’Environnement) opte pour une installation d’une centrale hydroélectrique dans le chef-lieu de la Commune d’Ambohimasina. Ceci pour la promotion de l’utilisation des sources renouvelables mais également en vue de limiter la déforestation et la dépendance aux énergies fossiles. L’objet de ce chapitre est de présenter la localité où se trouve le projet rHYviere ainsi que la démarche et l’étude effectuées par les spécialistes en hydrologie dans la rivière Kinkony. Vers la fin de ce chapitre, nous allons voir que l’implantation du projet dans la Commune d’Ambohimasina aura de nombreux impacts sur la vie économique de lz communauté.

Figure 8 : La route d’Ambohimasina

Source : Google earth (2015)

57

La méthodologie adoptée comporte trois étapes : Premièrement, une synthèse bibliographique, deuxièmement une étude empirique de la politique énergétique malagasy et enfin une descente sur terrain. Dans un premier temps, nous avons axé notre grille de lecture sur l’approche faible du développement durable parce que notre étude se base sur l’économie environnementale visant la soutenabilité relative à la substituabilité énergétique (cette approche prône la possibilité de substitution entre le capital physique et le capital naturel). Après une longue recherche et une vaste étendue de lecture, nous avons retenu les concepts clés, les hypothèses scientifiques qui stipulent que les ressources non-renouvelables peuvent parfaitement être substituées par celles renouvelables, etc.

Dans un deuxième temps, une lecture basée sur le rôle de l’énergie dans le cadre du développement durable a été nécessaire afin d’arriver à des résultats concrets. Cette étape a été vraiment capitale dans l’élaboration de ce mémoire car elle a consisté en la collecte, à la lecture et à la synthèse des documents d’informations. Les collectes ont permis d’obtenir des données secondaires auprès des différentes institutions, elles ont été recueillies dans les centres de documentations telles que l’IRD (Institut de Recherche et de Développement), l’Office Nationale pour l’Environnement (ONE), et le CREAM (Centre de Recherches, d'Etudes et d'Appui à l'Analyse Economique à Madagascar). Par ailleurs, nous avons procédé à des recherches sur des sites internet pour clarifier certaines notions et approfondir l’approche théorique de la durabilité et de l’économie d’énergie.

L’approche documentaire obtenue auprès de l’IRD et du CREAM nous a permis de voir le recours à la branche de l’énergie permettant ainsi de bien situer notre domaine d’étude sur les différentes sortes d’énergies renouvelables. Ces écrits illustrent l’opposition entre les économistes considérés comme écologiques « pessimistes » et néoclassiques « optimistes », l’efficacité énergétique, la durabilité faible et forte, les avantages et les inconvénients des différentes sortes d’énergies renouvelables et surtout la substituabilité entre les différents facteurs (capital, travail, énergie). Nous avons approfondi cette étude par la consultation de différents rapports effectués par les chercheurs du CREAM.

Quant à la bibliothèque de l’ONE, l’ouvrage de BELLEVILLE C. M. intitulé « Madagascar : Mines et Energie » et le « Guide de l’énergie » nous ont été d’une aide précieuse. La recherche auprès de celle-ci nous a permis de voir des articles consacrés aux opérations des énergies renouvelables à Madagascar et d’avoir des données sur l’activité de la JIRAMA et de l’ADER.

58

Et enfin dans la dernière étape, une descente a été faite dans la commune concernée pour y recueillir des informations et pour observer les retombées économiques du projet sur les villageois.

La descente dans la commune d’Ambohimasina a confirmé l’existence du projet rHYviere et de l’agence ADER (Agence pour le développement de l'Electrification Rurale). Par ailleurs, la collaboration avec les villageois a été très utile et fructueuse pour bien mener notre étude.

Les données obtenues auprès du projet rHYviere comprennent le nombre de villageois abonnés et le coût des installations ainsi que les technologies employées et les puissances déjà installées. L’interview mené auprès des villageois nous a permis de dégager le problème concernant le frais de l’électricité fournie par le projet; ainsi que l’incapacité du projet à satisfaire les besoins du villageois en matière d’électricité à cause de la variation du débit de la chute d’eau.

Toutes ces recherches étaient indispensables afin de bien cerner l’importance de la transition vers la promotion de l’énergie renouvelable pour un développement durable.

Section1. Les traits caractéristiques de la Commune

Ambohimasina est une Commune rurale située au centre de la région de Vakinankaratra – une région parmi les vingt-deux régions de Madagascar. Elle est située dans la province d'Antananarivo qui est le capital de Madagascar. Cette région se trouve entre le massif de l’Ankaratra au Sud et la rivière Mania. Ce dernier sert de frontière délimitant le pays merina et le pays betsileo.

La population de la région est estimée à 7,8 % de la population nationale sur une superficie de 16 599 km² (INSTAT, 2010). Cette région est connue pour la fraicheur de son climat et la qualité de ses eaux thermales comme celle d’Andraikiba. La région de Vakinankaratra est composée de six districts68 et quatre-vingt-six Communes.

La Commune d’Ambohimasina est rattachée au district de avec une population à majorité paysanne. Le district de Betafo se trouve au sud du massif volcanique de l’Ankaratra, et se situe à 25 km à l’ouest de la ville d’Antsirabe69.

68 , , Antsirabe I, Antsirabe II, Betafo, farantsiho 69 http://ccivakinankaratra.jimdo.com/betafo consulté le 13 janvier 2015

59

Il se compose de 18 Communes rurales70. Le district de Betafo est délimité par les districts de Tsiroanomandidy, de et de Soavinandriana au Nord, par les districts d’Antsirabe I et d’Antsirabe II à l’Est ; par les districts d’Ambositra et d’Ambatofinandrahana au Sud ; par le district de Miandrivazo à l’Ouest.

La Commune a une superficie égale à 284 km² avec un nombre de population égal à 20174. Le village est composé d’une population jeune parce que 51,23 % de la population sont âgées de moins de 17 ans71. La Commune d’Ambohimasina est située entre le Fokontany Antsomanga au Nord et Amboanjobe au Sud. La population de la région a un caractère mélangé soit 50% rural et 50% urbain.

Figure 9 : Chef-lieu de la commune d’Ambohimasina :

Source : Google earth (2016)

70 Alakamisy, Antivato , , Ambatonikonilahy, , Ambohimasina, , , , Antsotso, Betafo, , Inanantona, , , , , , 71 http://ccivakinankaratra.jimdo.com/betafo consulté le 13 janvier 2015

60

La rivière Kinkony se trouve à 6 km de la Commune d’Ambohimasina. La rivière Mahajilo et le Bas Mangoro se situent pas loin de la ville. Ainsi, on peut dire que le réseau hydrographique dans la région est assez dense.

La Région où se trouve Ambohimasina est caractérisée par une faible présence de forêt primaire72. On découvre deux types de forêts dans la région :

 les forêts claires sclérophylles qui s’étendent sur les montagnes;

 et les forêts denses humides qui se trouvent dans la moyenne altitude.

Concernant la climatologie, elle est caractérisée par la présence de trois saisons bien distinctes :

. De novembre à mars, une saison pluvieuse et moyennement chaude ;

. De mai à septembre, une saison fraîche et relativement sèche;

. D’avril en octobre, une saison fraîche et relativement froide.

La température dans la Région de Vakinankaratra, qui renferme la Commune d’Ambohimasina, est la plus fraiche dans tout le pays. Dans le Centre et la partie Est de la région, le climat est qualifié de « tropical d’altitude ».

Entre le mois d’octobre et novembre, la température moyenne varie de 17 °C à 25 °C. En mois de juin, la température descend jusqu’à atteindre 5 °C. Dans le district de Betafo, les météorologues enregistrent une température moyenne de 21 °C. La température peut atteindre un maxima de 30,8 °C et minima de 10,2 °C. Par conséquent, la température ne présente pas de risque de sècheresse des rivières dans la région73.

72 La superficie de la forêt existante est de 54 506 ha représentant une proportion de couverture forestière d’un peu moins de 4 % par rapport à la superficie de la région (http://ccivakinankaratra.jimdo.com/betafo consulté le 13 janvier 2015).

73 http://ccivakinankaratra.jimdo.com/betafo consulté le 13 janvier 2015 61

La pluviométrie de la région est selon l’emplacement des Communes. La quantité de pluie décroit d’Est en Ouest. En 109 jours, la précipitation moyenne est de 1 505,9 mm et elle peut atteindre un maximum de 1 952 mm en 122 jours. La précipitation minimum dans le moyen Ouest est de 1 335,3 mm74.

Pendant la saison sèche, une irrigation est vraiment nécessaire pour entretenir les plantations. Durant la saison humide, le risque d’inondation est plus élevé surtout pendant la période cyclonique à cause de l’abondance des eaux de pluie.

Les météorologues estiment que la quantité excessive et la précipitation annuelle ne changent pas sur les 20 à 30 ans à venir. Le problème se présente sur la répartition des pluies pendant la saison humide. Ceci se manifeste par des mois secs trop longs en début de saison et ne permettant pas aux agriculteurs de débuter la campagne agricole. Les principales activités économiques de la Commune sont :  L’agriculture et l’élevage  Le commerce,  Et l’artisanat,

L’agriculture et la riziculture constituent l’activité principale de la Commune rurale. Environ 90% de la population active pratique l’agriculture et 80 % des terrains sont cultivés (rHYviere, 2010). La population d’Ambohimasina vit principalement de l’agriculture. La production agricole dans le village est orientée surtout vers l’autoconsommation - c’est-à-dire une production basée essentiellement à la satisfaction des besoins de la famille. La poursuite de cette activité productive constitue le principal frein à la scolarisation des enfants dans le village, ajouté à cela les frais de scolarité au-dessus des moyens des paysans.

Les habitants d’Ambohimasina, estimant qu’ils ont atteint un niveau d’éducation raisonnable, ne voient pas l’intérêt d’élargir leur connaissance. De ce fait, le niveau d’instruction et de scolarisation reste relativement médiocre. Avec ce manque de culture générale, le taux de connaissance au niveau de la population reste faible. Par conséquent, ils ont un champ de vision restreint.

En deuxième position parmi les activités adoptées par la population se trouve l’élevage. Viennent ensuite l’exploitation forestière, le commerce, et l’artisanat.

74 http://ccivakinankaratra.jimdo.com/betafo consulté le 13 janvier 2015

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Les perspectives de développement restent négligeables, néanmoins la diversification des plantations et l’ouverture du marché peuvent être considérées comme l’une des voies vers le développement de la Commune. Mais cela nécessite une réorganisation au niveau de l’assainissement des réseaux d’irrigation et accroissement des canaux.

L’agriculture est l’activité principale de la population de la Commune d’Ambohimasina parce que plus de 90% des autochtones s’adonnent principalement à la production des cultures vivrières comme le riz, maïs, manioc, patate douce, carotte, pomme de terre,… (rHYviere, 2010). Les paysans se consacrent aussi aux cultures fruitières : orange, fraise, pomme,… La production de maïs dans le Fokontany d’Ambohibary représente, en poids, plus de 55% de la totalité de la production vivrière du chef-lieu de la Commune. Par contre, la production est beaucoup plus équilibrée dans la Commune d’Ambohimasina étant donné que la culture du riz domine presque le tiers de la totalité de la production vivrière. L’élevage de vaches laitières européennes est devenu très tendance dans la région. Le commerce de lait est une activité très prisée dans la Commune.

Il n’y a pas d’installations industrielles dans le chef-lieu de la Commune d’Ambohimasina à l’exception de deux petites usines décortiqueuses. L’artisanat y est peu développé parce que seuls trois ateliers de fabrication de sobika, panier en osier, porte- monnaie en raphia s’y trouvent. Aucun site de valeur culturelle telle qu'une musée d’archéologie ni de site historique … ne s’y trouve ni dans les alentours immédiats des sites du projet.

Dans la Commune d’Ambohimasina, la situation sanitaire est loin d’être satisfaisant parce qu’un seul Centre de Santé de Base (CSB 2) est à la disposition de toute une population. Cette situation est marquée par la prédominance du paludisme et de la grippe.

Selon le rapport publié par le Ministère de la santé en 2010; le paludisme est la cause principale de morbidité et de mortalité dans la région. D’autres maladies telles que les maladies diarrhéiques, les infections respiratoires, la malnutrition et la tuberculose, etc … ont été décelées au sein de la Commune.

La biodiversité végétale est très pauvre dans la Commune où est implanté le projet rHYviere parce que 92 % des terres sont consacrées à des cultures vivrières et le reste est laissé en jachère.

63

La végétation dominante se constitue de buissons, d’arbustes mais surtout de sapins. Il n’y a pas de forêt primaire dans la région mais des arbres souvent isolés notamment des pins destinés au bois de chauffage.

Section2. Etude de cas du projet : « AMBOHIMASINA »

La Commune rurale d’Ambohimasina est située à 57,8 km de la ville d’Antsirabe soit un trajet d’environ 1h 04 min en voiture. Le taxi-brousse est le seul moyen de transport utilisé par les habitants à partir du chef-lieu de district de Betafo. Ce dernier se trouve à 32 km de la Commune (rHYviere, 2010). Le village n’a pas accès au réseau électrique de la JIRAMA car ceci n’est accessible que dans le district de Betafo. Les foyers d’Ambohimasina sont très peu desservis en électricité et si c’est le cas, les habitants utilisent généralement leurs propres sources d’électricité à savoir les groupes électrogènes.

La population d’Ambohimasina compte au environ de 20.174 répartie sur 320 toits et possédant leurs propres activités. A l’Est du chef-lieu de la Commune se trouve le Fokontany d’Ambohibary constitué de 50 maisons et le Fokontany Antsomangana avec 90 foyers qui se situe au Nord (rHYviere, 2010).

Face à cette difficulté pour les ménages d’accéder à l’électricité, le programme rHYviere75 qui a pour objectif d’alimenter en électricité les zones enclavées s’associe avec l’ADER76 et décide d’installer une turbine hydraulique sur la rivière de Kinkony. Le projet rHYviere a sélectionné la Commune rurale d’Ambohimasina pour lui permettre d’avoir de l’électricité et de développer ses activités.

Cependant, une étude a été faite par les chercheurs afin d’assurer la rentabilité du projet et que la localité trouve un véritable intérêt à l’électrification.

Elle a suivi de nombreuses étapes avant de débuter l’installation et de réaliser le projet. Le nombre de population de la localité potentiellement visée par le projet rHYviere est estimé à 3200.

La chute de Kinkony a été choisie parce qu’elle se trouve à 6km de la Commune d'Ambohimasina et sa largeur correspond bien au profil recherché. La piste d’Ikembana s’avère moins intéressante dû à sa petite taille même si elle se situe à 3km de la localité.

75 Réseaux Hydroélectriques Villageois Energie et Respect de l’Environnement 76 Agence pour le développement de l'Electrification Rurale 64

La rivière Kinkony est vraiment exploitable pace que sa largeur moyenne est de 15m et le GPS utilisé indique que la hauteur brute est de 15m. Le débit du cours d’eau peut atteindre jusqu’à 400 l/s, ce qui donne une puissance évaluée à 50kW à l’étiage. La construction du barrage peut être facile parce qu’elle peut être bâtie sur un seuil rocheux naturel. Par contre, la rivière d’Ikembana est considérablement de petite envergure car sa largeur moyenne n’est que de 3m. Le GPS indique une hauteur de 18m et un débit à 160 l/s (rHYviere, 2010). Donc, sa puissance estimée à 20kW est largement inférieure à celle de la chute de Kinkony (rHYviere , 2010).

Figure 10 : Les différentes localités autour de la commune d’Ambohimasina :

Source : rHYviere (2010)

Une somme de 28,5 millions d’euros a été prévue par la Société rHYviere associée au Groupe de recherche et d’échanges technologiques (GRET), pour la construction de cette microcentrale hydroélectrique d’Ambohimasina sur la rivière Kinkony.

La microcentrale de 50 kW alimentera le réseau interconnecté de la Commune d’Ambohimasina. Elle assurera aussi l’approvisionnement en électricité des trois Fokontany d’Antsomangana, d’Ambohibary et d’Amboanjobe qui sont aux alentours de la ligne du réseau. Mais les principaux bénéficiaires de cette installation seront le chef-lieu de la Commune d’Ambohimasina (320 toits) et le Fokontany d’Antsomangana. Cette quantité d’électricité est largement suffisante pour la localité même si la demande électrique est estimée à 84 kW car la chute de Kinkony ne garantit que 50kW durant les différentes saisons rHYviere (2010).

65

Afin d’assurer la continuité du service et d’éviter le délestage, une étude a été menée sur la potentialité du barrage. La construction du barrage de retenue ne cause pas beaucoup de difficulté parce que la présence de roches naturelles sur le site facilite les travaux des ingénieurs. L’installation de ce barrage assurera la continuité de la production en période sèche ou d’étiage. La présence du barrage n’entraîne pas la montée des eaux pendant la saison de pluie. En période d’étiage, la centrale fournira 20 kW à 25 kW à ces quatre localités. Elle s’en sortira mieux que le site de Sahanivotry dans la ville d’Antsirabe qui ne dégage que 1,5 MW durant la saison sèche (rHYviere, 2010).

Le barrage de la chute Kinkony est utilisé pour produire de l’électricité mais aussi pour arroser les plaines rizicoles de la localité. Le président du rHYviere et le responsable de l’ADER77 prônent la nécessité de la conservation de l’environnement qui va de pair avec l’efficacité de la centrale hydroélectricité. En effet, la pratique des feux de brousse et de la déforestation contribue à l’assèchement des rivières et à l’ensablement des cours d’eaux. Cela comporte un grand risque pour les barrages hydroélectriques les empêchant de dégager la puissance nécessaire et satisfaisante. La construction de ce barrage répond bien à la nouvelle politique de l’énergie prônée par le Ministre de l’énergie qui soutient l’orientation vers les énergies renouvelables. En effet, l’objectif posé par le Ministère de l’Énergie est d’atteindre un taux d’électrification de 30% en 2020 mais qui est évalué à 15% à l’heure actuelle. Pour les zones rurales, l’objectif est de dépasser le taux actuel (5%) afin d’arriver à un taux de 10% (rHYviere, 2010). Figure 11 : Principe de régulation « vitesse débit » :

Source : Agence pour le développement de l'Electrification Rurale (ADER) (2007)

77 Agence pour le développement de l'Electrification Rurale 66

La présence de cette énergie propre et renouvelable garantit la prospérité du chef-lieu de la Commune.

La centrale d’Ambohimasina aura une puissance installée estimée à 50kW. Il s’agit de l’aménagement d’un barrage de retenue caractérisé par une chute brute de 15 m et un débit évalué à 0.400 m3 (rHYviere, 2010).

Tableau 7 : Caractéristique du site d’Ambohimasina:

Nom du projet Ambohimasina

Nom de la rivière Kinkony

Commune Ambohimasina

District Betafo

Région Vakinankaratra

Hauteur de chute brute 15m Technique utilisée GPS

Débit évalué 0,400 m3/s Méthode de mesure Dilution de sel

Date de la mesure 22 août 2008

Puissance brute estimée le 22/08/2008 50 kW

Distance entre le site et le village potentiel 6 à 7 km

Nombre de maisons à électrifier 420

Population potentiellement concernée 3200

Source : rHyviere (2010)

Le barrage Hydroélectrique d’Ambohimasina est destiné à accompagner le parc de production d’énergie de la ville d’Antsirabe qui dégage une puissance électrique estimée à 15MW. La distance entre le chef-lieu de la Commune et les autres localités pose des problèmes sur la mise en place des réseaux de connexion.

67

La plupart des Fokontany sont loin de la Commune d’Ambohimasina et les routes sont presque inaccessibles. Malgré tout le désir d’avoir de l’électricité chez soi, les villageois sont obligés de rester dans l’obscurité.

La progression du nombre d’abonnés dans la Commune d’Ambohimasina ainsi que dans les autres Fokontany dépend fortement du tarif de branchement. En effet, si la localité est éloignée du site ou du réseau existant, alors cela nécessite l’implantation de nombreux poteaux, augmentant ainsi le coût de branchement.

L’installation d’une nouvelle ligne entraîne un surcoût que la population n’est pas en mesure de payer. Même si le réseau existant n’est pas loin de la localité, le coût reste assez élevé pour les villageois.

Section3. Les impacts liés à la poursuite du projet :

La construction du barrage sur la rivière Kinkony ne sera possible qu’après la création d’un canal de dérivation. La méthode adoptée par les ingénieurs du projet rHYviere est de bâtir le barrage en deux étapes. La première étape est de construire sur la rive droite les ouvrages de purge, la prise d’eau et le dessableur. Pour une bonne réalisation des travauax, les eaux doivent être déviées vers la gauche de la rivière à l’aide de batardeaux. La seconde étape consiste à construire le déversoir en béton sur la partie gauche du barrage. La construction de la partie restante de l’ouvrage ne se fera qu’après la déviation de l’eau par les pertuis de purge vers la rive droite.

La poursuite de la construction du projet rHYviere n’entraîne pas que des avantages pour la société parce qu’elle a un impact considérable sur l’environnement. La qualité de l’eau ainsi que la faune et la flore sont susceptibles d’être affectées par l’installation de ce projet. En effet, même s’il n’y a pas de création de réservoir, la construction de petits projets hydroélectriques sur la même rivière risque de créer des impacts négatifs sur l’environnement. Le principal élément touché par le projet rHYviere est l’eau. Lors du début de la construction de la microcentrale, le cours d’eau doit être dévié par des batardeaux afin que l’installation des turbines, du barrage de dérivation et des différents canaux se fasse sur la rivière. Durant le temps de l’installation des ouvrages, la déviation du cours d’eau est vraiment indispensable. Cependant, cette déviation nécessite la réduction du débit de l’eau et quelquefois le séchage complet des sections de la rivière. Durant cette étape, de lourds travaux de construction doivent être effectués sur le lit de la rivière Kinkony.

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Les impacts engendrés par la réduction du débit du cours d’eau ainsi que la charge sédimentaire se répercuteront sur l’ensemble de la faune et de la flore.

Lors de l’installation de la microcentrale, les déchets jetés par les employés ainsi que les pertes liquides ou solides liés à l’activité risque de polluer la rivière. Les débris de métaux ou d’autres solides issus des travaux de chantiers comme les activités d’excavation dans la rivière de Kinkony peuvent provoquer l’érosion et augmenter la charge sédimentaire. Et cette dernière provoque l’augmentation de la turbidité entraînant ainsi la transformation de la couleur de l’eau et une hausse de température.

Cependant, lorsque la température de l’eau augmente, son taux d’oxygène dissous diminue. Le manque d’oxygène aura des effets néfastes sur les poissons et les végétaux aquatiques. La mauvaise gestion des eaux us ées issues des campements des ouvriers peut souiller le cours d’eau.

En cas de fuites ou de déversements d’huiles, de graisses ou de produits chimiques, le sol est le premier à être contaminé. Ces déchets toxiques sont ensuite transportés par les eaux de ruissellement jusqu’à atteindre la rivière de Kinkony et parviennent à détériorer l’écosystème aquatique. L’accroissement de la température et la réduction du taux d’oxygène dissous durant la phase de construction sont aussi nuisible pour la faune aquatique.

Un poisson ne peut survivre longtemps dans l’eau avec un niveau d’oxygène dissous inférieur à 5 mg/L (Institut de Recherche Scientifique, 1996). Mais aucune espèce de poisson ne peut vivre en dessous de la barre du 3 mg/L. En effet, les larves et les œufs d’un poisson requièrent un plus haut niveau d’oxygène dissous ; donc si un poisson survit dans des conditions pas très favorables, il n’y a aucune garantie de survie de l’espèce. Lorsque le niveau d’oxygène est faible, les poissons sont remplacés par des vers et des larves de mouches parce que ces derniers ne requièrent que peu d’oxygène. Ainsi, l’espèce des poissions disparaisse peu à peu à cause de la réduction du débit du cours d’eau.

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Tableau 8 : Besoin minimal en oxygène dissous de certaines espèces de poissons

Espèces de poissons Niveau d’oxygène dissous

Tilapia 4,0 mg/L

Carpe 0.3-0.4mg/L

Truite 11 mg/L

Anguille 7 mg/L

Fibata (Channa) 7 à 8mg/L (7.4 mg/L)

Bar noir 4.11- 4.88mg/L

Source : Institut de Recherche Scientifique (1996)

Durant la phase d’installation de la centrale d’Ambohimasina, le changement du régime d’eau effectué par les ingénieurs malgaches a provoqué un changement de la qualité d’eau. Cependant, cela a eu des impacts sur la survie des animaux et des plantes aquatiques. La déviation de la cours d’eau faite par les ingénieurs est devenue un frein à la migration des poissons d’eau douce et empêche la connectivité pour les animaux aquatiques.

Lors de la construction du barrage, le déplacement de rochers a constitué un impact négatif pour les poissons car cela a perturbé les cycles de pondaison qui exigent un emplacement calme. Enfin, la présence des ouvriers sur le champ de construction a entraîné l’accroissement du nombre des pêcheurs et la diminution du nombre des poissons pondeurs.

La construction de bâtiments pour les employés ainsi que pour le stockage des matériels de l’équipement78 peut dénuder le sol et la rendre compacte. La déforestation associée à cette activité de construction cause l’assèchement du sol et l’exposition du terrain aux risques d’érosion par le vent et la pluie. De plus, le déboisement provoque l’instabilité du sol et en modifie ses caractéristiques. Il dénaturalise la zone en augmentant les risques d’érosion et de glissement de terrain.

78 La plupart des équipements et des matériaux de construction ne pourront être fournis à Madagascar et devront être importés de l’étranger par voie maritime.

70

Ces modifications peuvent entraîner des variations de l’assainissement en fonction de la saison. En effet, le glissement de terrain peut être provoqué par une forte pluie qui entraînera ensuite l’augmentation du sédiment dans la rivière de Kinkony. Or, cela peut causer un mauvais fonctionnement de la turbine qui risque d’être bloquée par le sable. Donc la présence de sable dans la rivière n’est pas du tout souhaitable pour les prestataires.

Durant la phase d’exploitation du centrale micro hydroélectrique, les impacts environnementaux sont considérés par les experts environnementaux comme minimes, mais restent néanmoins présents. Le problème se pose au niveau des modifications apportées au débit du cours d’eau car celui-ci représente un danger pour la faune aquatique. En effet, le débit naturel du cours d’eau est le meilleur moyen de maintenir l’équilibre du milieu aquatique. Tout changement apporté sur le débit du cours d’eau entraîne des perturbations à la faune et la flore aquatiques. La seule solution pour assurer la survie des végétaux aquatiques et sauvegarder l’habitat des espèces aquatiques est de maintenir le débit minimal.

De plus, la construction des différents canaux artificiels sur le lit de la rivière peut avoir des effets directs sur les eaux de ruissellement et d’infiltration. Ainsi, il y a possibilité d’inondation pendant la saison humide car les eaux souterraines ont des difficultés à se recharger.

Figure 12 : Niveau de tolérance des poissons aux variations du taux d’oxygène dissous dans l’eau

Source : Institut de Recherche Scientifique (1996)

71

Une construction mal supervisée peut constituer un danger pour la population locale parce qu’une simple erreur peut entraîner de multiples conséquences sur la biodiversité ou sur l’environnement. Par conséquent, pour réduire au maximum le risque, c’est-à-dire le rendre à un niveau tout à fait acceptable, le responsable du projet doit renforcer son équipe par des personnes hautement qualifiées et appliquer les bonnes pratiques environnementales dans la poursuite des constructions.

L’aménagement du micro hydroélectrique à Ambohimasina sera une installation au fil de l’eau. Le système d’adduction aide la turbine à transformer l’eau qui entre directement dans la retenue en production énergétique. L’installation a été programmée pour assurer une petite régulation de production de trois heures. Les débits de la chute d’eau ne peuvent dépasser le seuil permis car l’excès est émigré vers l’ouvrage d’évacuation des crues.

Pour l’aménagement du centrale hydroélectrique du projet rHYviere, le débit est estimé à 0,400 m3/s, soit, après abstraction du débit écologique de 400 l/s. Ce dernier doit constituer le débit minimum acceptable sur le lit de la rivière Kinkony en aval. La centrale d’Ambohimasina doit assurer une production de 32,236 GWh/an (rHYviere, 2010).

Le projet rHYviere n’aura pas d’impact significatif sur les ressources forestières de la Commune d’Ambohimasina car il n’y a pas de forêt là à l’emplacement du projet. Seuls quelques arbustes, des arbres isolés ainsi que des buissons seront coupés. Les propriétaires des arbres de taille ou de ces arbres fruitiers aux alentours de la rivière Kinkony seront indemnisés par le responsable du projet et la compensation se fera selon des barèmes établis et acceptés.

L’aménagement de la centrale d’Ambohimasina vise à réduire au minimum les activités érosives. Sur le site, on peut observer qu’il y a très peu de signes d’érosion tels que les glissements ou les ravinements du sol. Même s’il y a des glissements de terrain, ils ne sont que de petite taille car seulement une petite étendue de quelques dizaines de mètres est touchée. Cette déstabilisation du sol est souvent occasionnée par la création de routes ou pistes sur des pentes. L’érosion dominante sur le site d’installation est donc associée à une érosion de fortes à très fortes pentes. Les environnementalistes dans le projet rHYviere ont estimé que 90% des terres au tour de la centrale sont encore cultivables.

Le chef-lieu de la Commune d’Ambohimasina présente une forte pression humaine d’où l’extrême pauvreté de la biodiversité animale terrestre dans la région.

72

L’utilisation de la quasi-totalité des terres en vue de la culture et du brûlage des résidus de cultures desséchées par les paysans est une des causes principales de cette absence de diversification de la faune terrestre sur le site. Concernant la faune aquatique, la rivière Kinkony ne renferme que quelques espèces de poissons mais à grands gabarits. Ainsi, la rivière peut être considérée comme pauvre en diversité en terme de faune aquatique. Le cours d’eau ne dégage que peu d’intérêt commercial car seul 2% de la communauté locale pratique la pêche (rHYviere, 2010). Le rapport effectué par le ministère de la pêche a révélé qu’aucun poisson à caractère migrateur n’a été observé sur le lieu au cours de la pêche scientifique et lors des examens des espèces rapportées par les paysans. Par conséquent, la construction de la centrale sur la rivière n’a que peu d’effets sur la faune et la flore environnante.

73

Chapitre 6. Analyse des impacts socio-économiques et environnementaux du projet

La présence du projet rHYviere dans le chef-lieu de la Commune d’Ambohimasina est vraiment souhaitable pour sa population et pour les villages voisins. Même si cette source d’énergie alternative nécessite beaucoup d’argent pour son premier investissement, elle est source de revenu pour les villageois et même pour le projet rHyviere. Ce dernier crée aussi des opportunités aux jeunes en leur offrant des emplois et des formations pour l’entretien des équipements. Le prix de l’électricité reste stable grâce à l’utilisation de l’eau comme source d’énergie car l’eau est gratuite et renouvelable ; le projet ne dépend pas de la fluctuation du prix du pétrole. L’utilisation de l’énergie hydroélectrique ne crée pas de dioxyde de carbone donc elle ne présente aucun risque pour la localité.

Section1. Le projet « AMBOHIMASINA » bénéfique pour l’économie locale

Le projet Ambohimasina concerne l'électrification rurale de quatre Fokontany du district de Betafo de la région Vakinankaratra. Ce projet a été mis en œuvre par l’association rHYviere en partenariat avec l’ADER. Ce programme consiste à construire un barrage et à installer une microcentrale hydroélectrique de puissance maximale de 50Kw dans la rivière Kinkony (rHYviere, 2010). Ce projet permet de fournir une électricité abordable et durable pour 320 toits dans le chef-lieu de la Commune Ambohimasina, 90 maisons dans le Fokontany d’Antsomanga, 50 pour Ambohibary, et 40 maisons pour Amboanjobe, incluant 2 établissements scolaires. Les bénéficiaires du projet « Ambohimasina » sont les 500 ménages, les producteurs agricoles locaux, les entrepreneurs ruraux et les services publics. Ce projet a également renforcé le développement de la localité par la création de nouvelles activités génératrices de revenus par l’intermédiaire de l'électricité (rHYviere, 2010).

Le projet crée de l’emploi pour la population locale parce que les travaux d’entretien ainsi que la construction des locaux techniques de la rHYviere nécessitent une main-d’œuvre non négligeable. Une sélection a été faite auprès des riverains par le projet rHYviere afin que ces personnes choisies puissent bénéficier d’une formation et d’un offre d’emploi. Les futurs employés sont formés pour être des électriciens de maintenance ou des facturières.

74

Le projet « Ambohimasina » priorise la satisfaction de la population parce qu’avant de débuter le programme le responsable du projet négocie les tarifs avec les riverains. Après cette démarche, l’Office Régulation de l’Energie (ORE) vise et autorise l’exploitation du site.

Un ménage moyen qui utilise quatre lampes de 50 watts, une télévision, un radio et un lecteur de Divix dépense environ 12 500 Ar par mois en termes d’électricité. Ce montant ne couvre pas totalement l’investissement réalisé mais permet d’assurer la maintenance et l’amortissement d’une partie des équipements. En effet, le coût de la construction du barrage ainsi que la mise en place des poteaux électriques sont estimés à 370 millions d’Ariary pour la Commune toute entière (rHYviere, 2010).

Cette électrification de la Commune a modifié profondément le style de vie de la communauté ainsi que sa vie économique. D’une part, le projet favorise une meilleure gestion d’électricité des ménages car ces derniers rééquilibrent leurs consommations quotidiennes ou hebdomadaires en fonction de leurs revenus disponibles. D’autre part, le programme permet de limité l’exode rural car la présence d’électrification à permis aux villageois de se doter de réfrigérateurs pour conserver les fruits et légumes. Par ailleurs, des salles de projection vidéo ou des salles de spectacle ont été ouvertes pour le divertissement de la population.

Le seul moyen de maîtriser le circuit du commerce des fruits et légumes pour les villageois est de fréquenter le marché local. Le marché permet d’acquérir les renseignements nécessaires sur le prix et la nature des produits les plus recherchés ainsi que toutes les informations sur ce qui se passe dans la ville. La présence de l’électricité facilite l’accès aux informations par les paysans à travers la radio et évite l’achat récurrent de piles nocives pour l’environnement. En plus, elle permet aussi de faire quelques économies sur ce qui était auparavant destiné à l’achat des piles.

En termes de coût, la microcentrale hydroélectrique est très concurrentielle par rapport à d’autres technologies de source renouvelable. En effet, grâce à la microcentrale et à condition d’utiliser deux lampes économiques plus un poste radio, un foyer qui n’utilise qu’une lampe pétrole ou une bougie réduira ses mensuelles dépenses d’au moins 10% (rHYviere, 2010). De plus l’utilisation de l’électricité réduira la pollution de l’air et les risques d’incendie. Elle ne crée pas de fumée qui est à l’origine de différentes maladies des yeux et de la respiration.

75

La présence de l’électricité dans la Commune d’Ambohimasina contribue aussi à l'amélioration de la qualité de vie des villageois abonnés en leur donnant la possibilité de s’ouvrir à l’utilisation des technologies modernes telles que l’informatique. Elle favorise l’éducation à travers la télévision, et développe des activités économiques lucratives pour la localité.

Le projet a permis d’augmenter le taux de couverture en électricité des Communes de plus de 23% dans le district de Betafo contre 17% en 2007 (rHYviere, 2010). L’utilisation de la rivière Kinkony comme source d’électricité est bénéfique pour la communauté parce que l’eau est renouvelable et stockable. Cela permet d’éviter l’absence d’électricité et elle peut être réutilisée aussi lors du pic de consommation. En quelques minutes, une centrale hydroélectrique peut atteindre sa puissance maximale - ceci grâce à la manière dont la machine conserve l’énergie potentielle. Une centrale thermique a besoin d’une dizaine d’heures pour atteindre sa pleine puissance contrairement à la centrale hydroélectrique et un délai multiplié par quatre pour un réacteur nucléaire.

Le micro hydroélectrique dégage un bon rendement pour le fournisseur parce que 90% de l’eau sera convertie en électricité (rHYviere, 2010). Les villageois profite de l’externalité positive due à l’utilisation de la centrale hydroélectrique car ce dernier n’émet ni de gaz à effet de serre ni ne produit des déchets ou de la pollution.

Bien que la construction du barrage et l’achat des matériels nécessitent beaucoup d’argent, les frais d’exploitation et d’entretien lors de la mise en marche de la centrale sont moindres ; ainsi, il n’y a aucun risque que la facture des abonnés augmente. La durée de vie d’une centrale hydroélectrique est exceptionnelle car elle peut atteindre jusqu’à 25 à 30 ans79. La présence de cette centrale micro hydroélectrique est une base essentielle pour le développement social et économique de la localité. L’exploitation au maximum de cette énergie hydroélectrique assure la réduction de la pauvreté dans le chef-lieu de la Commune dans la mesure où :

 L’accessibilité à l’éclairage incite les écolières à faire leurs révisions à la maison, et à employer des matériels informatiques pour approfondir leurs connaissances et pour se communiquer ;

79 RANDRIANARISOA A. M.., 2013, Op. Cit. p. 27

76

 Elle réduit aussi l’érosion du sol et la déforestation dans le village et aux alentours

À partir de la centrale hydroélectrique d’Ambohimasina, le barrage alimente les épiceries qui peuvent transformer leurs produits laitiers en yaourt maison ou en fromage artisanal. Cela permet de faire plus de profits pour les paysans au lieu de vendre le produit brut. L’électricité produite sert aussi à produire de la farine de maïs et facilite la décortication du riz par l’utilisation des machines. L’ouverture de deux usines décortiqueuses dans la Commune d’Ambohimasina crée de l’emploi à plus de cinq personnes. La fabrication de ces nouveaux produits engendre des revenus supplémentaires pour les paysans et pour d’autres membres de la communauté couvrant en partie les frais d’abonnement au service de la rHYviere.

Tableau 9 : Consommateurs potentiels d’électricité :

Catégorie Nombre d’abonnés

Ménage 123

Vidéo 5

Epicerie/ Bar 17

Epi-bar 3

Administration 6

Eglise 2

Dépailleur 1

Menuiserie 3

Eclairage public 1

TOTAL 161

Source : rHYviere (2010)

L’absence d’électricité dans la Commune d’Ambohimasina avant 2008 a fait que la majeure partie de la production des agriculteurs destinée au marché local ait été transformée dans le district de Betafo ou dans la ville d’Antsirabe.

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Ce manque d’infrastructure a entraîné un surcoût et les agriculteurs ne font que peu de profit. L’existence du projet rHYviere dans la Commune d’Ambohimasina a permis aux communautés agricoles d’augmenter leur productivité, leur revenu et de réduire jusqu’à 10% l’exode rural (rHYviere, 2010).

La présence d’électricité crée aussi des activités telles que le service de recharge des téléphones portables, permettant aux agriculteurs de rester en contact avec les clients et de mettre à jour l’évolution du prix sur le marché.

Les villageois ont trouvé une autre activité consistant à louer un espace pour des services de recharge de téléphone. Les prestataires de services ne paient que l’électricité utilisée par rapport au relevé du compteur.

La recharge d’un portable coûte 200 Ar soit 0.07 dollar ; or un locataire peut recharger son téléphone deux fois par semaine en moyenne ; alors le prestataire de service fait un chiffre d’affaires d’environ 55000 Ar soit 20.37 dollars par mois (rHYviere, 2010).

En produisant leur propre électricité à partir d’énergie hydroélectrique, le chef-lieu de la Commune réduit sa dépendance vis- à- vis de l’utilisation du pétrole pour l’éclairage. Un foyer utilise des lampes à pétrole en moyenne trois heures par soir, soit elle consomme environ un quart de litre de pétrole par jour. En faisant le calcul, cela équivaut à plus de 18450 Ar soit 6,833 dollars par mois, sans prendre en compte le prix d’achat des mèches de rechange et de la lampe. L’utilisation de ces lampes est très dangereuse car elles peuvent provoquer des incendies et la fumée créée par le pétrole pollue l’air à l’intérieur de la maison. Elles peuvent également entraîner divers maladies respiratoires et oculaires.

La Commune pourrait aussi commencer à chercher d’autres investisseurs désirant investir dans des projets d’électrification en exploitant le fait que le monde rural est un vaste marché qui reste à être percé.

Le projet rHYviere soutient aussi de nombreuses activités dont il tire des avantages tels que les services liés à l’initiation à l’informatique, à l’internet et au courrier électronique. Il prend également en main des activités diverses telles que : des ateliers de menuiserie, des salons de coiffure,….

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Tableau 10 : Comparaison du coût total entre bougie, lampes à pétrole et une Ampoule de 50 Watt (Montant en Ariary)

TYPE COÛT COÛT ANNUEL COÛT COÛT D’ACHAT DES ANNUEL EN TOTAL CONSOMMABLES COMBUSTIBLE (MÊCHE OU OU PILES) RECHARGE

Bougies (3) 900 109.500 - 329.400

Ampoules (3) 1.500 - 30.000 90.000

Lampe à pétrole (3) 1.500 - 221.400 665.700 Source : Auteur

La présence de l’électricité dans la localité permet aux médecins et sages-femmes présents dans le CSB 2 de travailler dans de meilleures conditions. A présent le CSB 2 d’Ambohimasina peut effectuer des soins ou accouchements sans souci d’éclairage durant la nuit. La conservation de vaccins et de médicament est rendue possible par l’utilisation de réfrigérateur.

Dans le domaine de l’éducation, l’éclairage dans un foyer permet aux élèves de travailler la nuit et de faire leurs devoirs. Ainsi, l’élève peut mieux arranger ses heures d’étude et peut aider ses parents dans le travail d’agriculture. Donc, on peut dire que le personnel médical et éducatif bénéficie d'un certain avantage à la venue de l’électricité dans le chef-lieu de la Commune.

Dans la vie quotidienne des paysans, la présence d'éclairage public diminue l'insécurité et réduit le développement des activités nocturnes. Ces dernières peuvent favoriser le développement de grossesses non-désirées, de viol,… La présence de la centrale de rHyviere permet aussi de réduire les dépenses pour les services énergétiques comme l’utilisation du fuel pour les groupes électrogènes.

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Grace au projet rHYviere, les commerçants peuvent prolonger la durée d'ouverture de leurs épiceries en soirée. Cela permet aux paysans d’élargir leurs activités génératrices de revenu telles que la recharge de batteries de téléphone, la vente de produits laitiers comme les yaourts, les glaces,… L'arrivée de l'énergie favorise l’extension des activités ainsi que la création de nouveaux métiers pour les jeunes. La centrale hydroélectrique d’Ambohimasina ne produit pas de gaz à effet de serre ou pollue l’air avec du dioxyde de carbone. Ainsi, les riverains ne se soucient pas des différents problèmes liés à la pollution de l’air. Elle contribue aussi à la réduction de la déforestation en limitant le recours au bois de chauffe.

Section2. Le Coût et la rentabilité comme limites associées au projet « AMBOHIMASINA »

En faisant le ratio entre les ventes et la production brute du projet, c’est-à-dire le rendement électrique du réseau rHYviere, on a obtenu une valeur de 96%. En effet, le rendement normal que le projet rHYviere devrait dégager est de 98 à 100%. Ceci pourrait venir du fait que la majorité des ménages ne sont pas encore convaincues de l’utilité de l’électricité dans leurs foyers. Au niveau de la distribution, à part les vols des lignes électriques effectués par les bandits, la première cause de déficit est le fonctionnement en surcharge de quelques lignes de distribution et des transformateurs présentes dans la centrale. Par le manque d’équipement de détection, les ingénieurs n’ont pas pu résoudre cette perte et ignorent s’il s’agit d’un déficit technique ou pas.

L’éloignement de la Commune d’Ambohimasina et des autres villages par rapport au système de production centralisé de Kinkony entraîne aussi une perte due à la longueur des lignes de distribution/transport80 ou de répartition. D’ailleurs, la distance entre les poteaux porteurs de ligne de transport et de distribution n’est pas bien respectée. Au niveau de la centrale, le manque de suivi des agents de maintenance entraîne aussi des consommations spécifiques. Cela se manifeste par la mauvaise utilisation des équipements, des problèmes de vols ou de détournement des matériels par des agents indélicats.

De nombreux poteaux sont érigés dans des endroits peu fréquentés ; ce qui facilite le vol de fils par les braconniers. L’existence des branchements clandestins entraîne aussi des pertes pour la compagnie. C’est la raison pour laquelle il est très difficile pour les responsables de mesurer les pertes techniques causées par les vols et les fraudes.

80 Seules les lignes 20 kV ou 35 kV sont utilisées pour alimenter les villages éloignés (ADER, 2007)

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Le manque ou l’absence de contrôle d’efficacité énergétique faite au niveau des consommateurs rend difficile le redressement du rendement à 100%.

Le dirigeant de la centrale rHYviere se soucie de la capacité de l’usine à fournir de l’électricité vingt-quatre heures sur vingt-quatre. En effet, le projet affronte un problème d’approvisionnement durant la journée surtout vers neuf heures du matin parce qu’à ce moment-là les besoins des ménages en énergie sont très élevés. Ce dernier est dû à la mise en marche des machines à bois et des appareils électroniques (Radio, télévisions, ordinateur,…) des ménages. Ceci ne dure que quelques minutes mais la consommation d’électricité est très élevée et provoque parfois des coupures d’approvisionnement. Par contre, les besoins en électricité durant la nuit est largement plus faible. De ce fait, les ingénieurs de rHyviere essayent de stocker de l’eau durant la nuit afin d’augmenter le débit du cours d’eau et de pousser très rapidement la production au maximum pendant le jour.

L’avantage de la centrale hydroélectrique du projet rHYviere est qu’elle est vraiment rentable sur le long terme même si elle demande un investissement plutôt élevé. Cette rentabilité est due à la non-utilisation du pétrole et au faible coût d’exploitation - par exemple la faible somme consacrée à la maintenance des machines. La centrale de Kinkony a une durée de vie très longue allant de 40 à 50 ans et cela peut être doublée grâce à une bonne maintenance et à une remise à niveau de l’installation (ADER, 2008). Donc, les investissements seront amortis grâce à cette longévité et à la réduction des coûts de production au fil du temps qui n’intègrent plus que les coûts de maintenance.

Le coût d’investissement du projet rHYviere est difficile à évaluer parce que la présence des coûts imputés empêche de connaitre vraiment la valeur de la somme investie. Mais le rapport annuel du projet a révélé que 60 à 70% de la somme investie a été consacrée aux travaux de génie civil ; ensuite les 25 à 35% représentent le coût de la centrale hydroélectrique de Kinkony et le reste c’est-à-dire les 5 à 10% ont été employés dans l’ensemble des études nécessaires à la réalisation du projet (rHYviere, 2010).

Selon l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), en 2003, le coût d’investissement pour une centrale hydroélectrique est plus élevé par rapport aux autres sources d’énergie parce que son coût est estimé entre 1900 et 2600 $ par kW. En effet, pour une centrale de basse chute comme celle du projet rHYviere d’une puissance de 50 kW, son coût d’investissement est compris entre 1620 €/kW et 4500 €/kW (AIE, 2003).

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Graphique 4 : Coût d’investissement par technologie ($/kW) :

Source : AIE (2003)

Le graphique ci-dessus montre que l’énergie solaire photovoltaïque a un coût d’investissement très coûteux par rapport aux autres sources d’énergies renouvelables comprises entre 4120 à 4700 $/kW. L’énergie tirée à partir du vent c’est-à-dire l’énergie éolienne se trouve, selon le rapport de l’AIE, dans une position intermédiaire, avec des coûts estimés entre 920 $ à 1550 $/kW. Enfin, le gaz et le charbon se trouvent à la dernière place avec a un coût d’investissement plus faible par rapport à la biomasse et l’énergie géothermique estimée entre 880 à 1645$/kW. Mais il y a des exceptions telles que la biomasse individuelle, la méthanisation, l’hydroélectricité dont l’installation ne nécessite que peu d’investissement avec une énergie de faible puissance destinée à une utilisation personnelle.

Le graphique ci-après montre que l’énergie hydroélectrique a un grand avantage en termes de coûts de production. Une grande centrale hydroélectrique apparait plus intéressante que la microcentrale parce que son coût est compris entre 0,22 à 0,75$/kW (AIE, 2003). Ceci est dû à la longévité de l’hydroélectricité estimée entre 40 à 50 ans mais surtout à son coût de maintenance moindre par rapport à celui de l’énergie centrale thermique. Le coût de production d’une centrale solaire photovoltaïque apparait plus cher par rapport aux sources d’énergies avec un coût compris entre 0,20$/kW et plus (AIE, 2003). Quant à l’énergie géothermique, son coût peut être très faible avec 0,25$/kW mais peut augmenter jusqu’à 0,1$/kW selon son mode d’exploitation (AIE, 2003).

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Graphique 5 : Coût du kilowattheure électrique renouvelable ($/kW) :

Source : AIE (2003)

Investir dans un projet comme celui de rHyviere entraîne de nombreuses dépenses durant son exploitation. Les dépenses se répartissent en deux catégories bien distinctes : - les coûts fixes incluant : les taxes sur les bénéfices, assurances, coût d’investissement, … - les coûts variables : le coût de maintenance et le frais de fonctionnement Concernant la rentabilité, une centrale hydroélectrique a un coût d’investissement initial plus élevé par rapport à une centrale thermique. Mais cette dernière est très dépendante du pétrole et son coût varie en fonction du prix du baril du pétrole d’où son coût d’exploitation plus élevé. Par contre, une centrale hydroélectrique a un coût de maintenance plus raisonnable parce que les installations ont une durée de vie très longue et la source renouvelable utilisée est gratuite si elle est bien gérée. Donc on peut dire que le bilan est plus que positif car il procure des revenus et n’a que peu d’effets néfastes sur l’environnement. L’hydroélectricité est donc l’une des sources d’énergie la plus rentable parmi les systèmes de production d'électricité qui existent. Le tableau ci-dessus montre que le coût d’exploitation d’une centrale hydroélectrique, comme celle d’Ambohimasina, est plus avantageux par rapport aux centrales thermiques qui sont les plus utilisées à Madagascar.

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Tableau 11 : La rentabilité des investissements sur l’hydroélectrique

Centrales Coût d’investissement au kW Coût de revient de l’énergie au kW installé (HT) (HT)

Grands centres Ruraux Grands centres Ruraux

Hydraulique - 1 900 à 2 500 $ 0,1 $ 0,15 à 0,25 $

Thermique - 650 à 850 $ 0,2 à 0,3 $ 0,65 à 0,85 $

Source : ADER (2012)

Les ménages du chef-lieu de la Commune d’Ambohimasina profitent de cet atout de la centrale parce que le projet rHYviere vend moins chèr le kWh par rapport à celle fournie par la JIRAMA. La consommation d’électricité dans la Commune d’Ambohimasina est encore très faible en 2013 car le rapport du projet rHYviere a révélé que la consommation moyenne des abonnées était de 0,844 MW/abonné/an soit 0.12 tep/abonné/an (rHYviere, 2013), alors qu’en 2006, la consommation moyenne d’énergie par habitant dans l’île de la Réunion était de 1.10 tep/habitant81. Et ce chiffre n’a cessé d’augmenter durant ces dernières années.

Concernant l’environnement, le projet rHYviere utilise la technologie refroidie à l’air afin de réduire la consommation d’eau par la centrale. L’utilisation de cette nouvelle technologie permet de réduire le risque de gaspillage d’eau. Afin de minimiser l’impact de la présence de la centrale sur la rivière Kinkony, les responsables du projet ont élaboré un programme de contrôle de qualité et contrôle de niveaux des eaux superficielles.

81http://ec.europa.eu/regional_policy/sources/docoffic/official/reports/pdf/cohesion3/cohesion3_part1_fact_fr.pdf consulté le 22 octobre 2014

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Les avantages que procure la centrale hydroélectrique vont directement dans la vie sociale de la communauté d’Ambohimasina parce que le projet rHYviere a un impact sur : le revenu des ménages grâce à l’élargissement de leurs activités, à la création d’emplois pour les jeunes qui s’accompagne de la réduction de la pauvreté, et le renforcement des capacités pour les dirigeants.

Le projet de rHyviere offre des opportunités aux paysans en leur offrant des emplois pendant la phase de construction de la centrale. En effet, durant l’installation, des emplois ont été créés, que ce soit temporaires ou permanents. Le recrutement d’ouvriers se fait au niveau de la localité pour le batelage et pour la main-d’œuvre mais se limitant tout simplement aux manœuvres car les travaux de construction nécessitent des travailleurs et techniciens hautement qualifiés. À l’apogée de la phase de construction, le projet a recruté 45 ouvriers de construction, dont 57% seulement sont venus d’Ambohimasina et des autres villages voisins (rHyviere, 2010). Mais les restes sont venus directement de la grande ville d’Antananarivo. Pendant l’exploitation, le projet rHyviere a embauché 2 techniciens et 2 agents de maintenance pour assurer le bon fonctionnement de la centrale (rHyviere, 2010).

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Le central hydraulique construit par le projet rHyviere contribue à la fourniture d’électricité dans le chef-lieu de la commune d’Ambohimasina, tout en réduisant l’émission de gaz à effet de serre. Le projet rHYviere a beaucoup aidé la commune à sortir de la pauvreté énergétique.

Le projet a permis d’assure un approvisionnement continu en électricité à des centaines de maison dans la commune. Cette installation desservent ainsi des foyers, des décortiqueuses, un centre de santé de base (CSB II) et comblent d'autres besoins communautaires. Les emplois directs issus de ce projet rHyviere sont minimes mais aident de nombreuses personnes à sortir du chômage et à augmenter leur compétence en matière de technologie.

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Conclusion

Ce mémoire a pour objet d’étudier la capacité des énergies de sources renouvelables à assurer l’indépendance des pays importateurs comme Madagascar vis-à-vis des énergies fossiles. Cette étude est axée surtout sur l’approche faible du développement durable s’appuyant sur la possibilité de substitution des facteurs de production Capital – Travail – Energie – Autres matières premières. Néanmoins, le problème se situe au niveau des choix des substituts car ces derniers doivent répondre à l’attente du pays concerné en garantissant l’efficacité et la durabilité.

L’apparition de ces crises pétrolières prouve que les énergies fossiles sont épuisables. Or le modèle énergétique actuel repose sur l’exploitation de cette énergie à quantité limitée. Dans cette optique, il est indispensable d’adopter une politique énergétique basée sur la promotion des énergies de sources renouvelables comme l’énergie hydroélectrique. En effet, sur le plan théorique, le recours à l’utilisation des énergies renouvelables répond au défi imposé par le développement durable qui est de limiter la pollution et de réduire la déforestation.

La demande en électricité à Madagascar ne cesse de s’accroître à cause de l’augmentation du nombre de population. Le besoin en électricité s’accroit presque de façon proportionnel au taux de croissance de la population malgache. Cependant, la compagnie nationale JIRAMA n’arrive plus à répondre au besoin des abonnés avec ses vieux équipements qui dépendent en grande partie du pétrole. L’arrivé des entreprises d’électricité privées, spécialisées dans l’énergie renouvelable telle que l’énergie hydroélectrique est plus qu’opportune pour les villages loin du réseau de la JIRAMA. Du point de vue technique, le chef-lieu de la Commune d’Ambohimasina, dans le district de Betafo présente les atouts nécessaires pour favoriser l’utilisation de l’énergie hydroélectrique dans la localité car la rivière Kinkony passe non loin de là. Le projet rHyviere présente tous les aspects positifs que procure l’utilisation d’une centrale hydroélectrique car cette dernière ne produit pas de dioxyde de carbone et limite la déforestation ; les frais de service fournis aux abonnés restent stables,…. En effet, la présence de la centrale améliore la condition de vie de la localité tant au niveau social qu’économique parce que le projet rHyviere a permis à quelque villageois d’avoir un emploi temporaire ou permanent et d’élargir ces activités.

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L’énergie hydroélectrique présente des atouts qui la classent comme la meilleure et la plus adéquate des alternatives pour garantir une indépendance énergétique pour les différentes régions de Madagascar affichant les même caractéristiques géo-climatiques. Ainsi, une politique énergétique qui prône le développement durable est assurée avec la limitation de la déforestation (le bois de chauffe) et l’absence de la pollution provoquée par l’utilisation du pétrole.

Cependant, l’investissement dans une centrale hydroélectrique coûte encore très cher mais sa rentabilité est plus que favorable notamment sur le long terme. L’Etat doit donc mettre en place une condition propice à la promotion de ces énergies renouvelables à Madagascar à savoir le financement des projets sur le renouvelable, la détaxation des équipements,… L’orientation de la politique énergétique vers l’utilisation de l’énergie renouvelable est conseillée parce que ceci assure l’indépendance énergétique et la conservation de l’environnement. Une politique d’accompagnement, faite par le gouvernement malgache, aux investisseurs est plus que souhaitable au développement de cette activité et à l’efficacité de la lutte contre la pauvreté.

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Bibliographie

Ouvrages :

1- CHEVALIER J.-M., 2004, Les grandes batailles de l’énergie : petit traité d’une économie violente, Paris, Gallimard, pp. 472 2- BELLEVILLE M. C., 2008, Madagascar : Mines et Energie, CERIC, pp. 120 3- CRASSOUD R., 2008, "Modéliser le long terme dans un monde de second rang : application aux politiques climatiques", Thèse de Doctorat, Agro Paris Tech, pp. 220

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13- RANDRIANALIJAONA Tiana M., 2008, Gestion Communautaire des Ressources Naturelles et Développement Durable : Dans quelles mesures les contrats de transferts de gestion à Madagascar peuvent-ils contribuer durablement à la lutte contre la pauvreté en milieu rural tout en préservant l’environnement ?, THESE DE DOCTORAT ES SCIENCES ECONOMIQUES, pp. 358 14- RANDRIANARISOA A. M.., 2013, ENERGIES DURABLES POUR TOUS : les ménages, les collectivités et les entreprise, Friedrich-Ebert-Stiftung, pp. 57

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Revues et Rapports :

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9- COSTANZA R., DALY H., 1992, "Natural Capital and Sustainable Development", Conservation Biology, 6(1), march, pp. 37–45. 10- DALY H., 2007, “Issues in ecological economics and sustainable development, Phil’s G4. Originally published in Kozo Mayumi and John Gowdy (eds). Bioeconomics and Sustainability. Essays in Honor of Nichola Georgescu-Roegen, Edward Elgar, Cheltenham, 2003, UK, 199, pp. 13-14 11- DAVIS K., 1990, L'énergie, l'environnement et l'économie, In AIEA Bulletin, vol no 1, pp.44-48 12- DITTRICK L., 2006, Pétrole : La prochaine crise économique des Pays en Voie de Développement ?, Les cahiers de GLOBAL CHANCE, No. 21, pp. 17-19 13- EUROPEAN COMMISSON., 2011, La Commission appelle à «une nouvelle révolution industrielle», p.1-2 14- FITOUSSI J.P., 2007, la stratégie environnementale de l'union européenne, In Revue de l'OFCE, vol n° 102, pp. 381-413 15- GBAGUIDI O. 2008. Communication : Les déterminants de la demande d’énergie dans l’espace CEDEAO pp. 1-26 16- GEORGESCU ROEGEN., 1997, “La Décroissance (1979)”, 2è édition, pg. 196 17- GODARD O., 2004, « La pensée ´économique face `à la question de l’environnement », HAL, pp. 1-28 18- GROSSMAN G.M. et KRUEGER A.B.? 1995, « Economic growth and the environment », The Quartely Journal of Economics”, vol. 110, n° 2, p. 353-377. 19- HARRIS J., 2013, Population, Ressources et Énergies dans l’Économie Mondiale: Herman Daly avait raison…, pp. 1-18 20- HARTWICK, J., 1977, Intergenerationnal Equity and Investing of Rents From Exhaustible Resources, In American Economie Review, vol n°5,pp. 972-974 21- HERVE L., 2003. Qu’est-ce que le développement durable ? In: Autres Temps. Cahiers d'éthique sociale et politique. N°78, pp. 81-91. 22- HOWARD P. “Georgescu-Roegen versus Solow/Stiglitz and the Convergence to the Cobb-Douglas”, January pp 2-25 23- KEIL T. (1999) “Substitution or technical progress: a production theoretic perspective on the sustainability debate”. pp.1-10 24- MANCEBO F., 2009, Inscription territoriale du développement durable et responsabilité environnementale. Ecolabels et Quotas individuels transférables, VertigO, pp. 1-9

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25- OCDE,. 2004, « Évolution des prix du pétrole : moteurs, conséquences économiques et ajustement des politiques », Perspectives économiques de l'OCDE 2004/2 (no 76), p. 147-170. 26- PERCEBOIS J., 1978, Energie, croissance et calcul économique, In Revue économique, Vol. 29, vol no 3, pp.464-493 27- SOLOW R. and WAN F.Y., 1977, “extration costs in the theory of exhaustible ressources, belle Journal of Economics, Autumn, vol. 7,n°2, pp. 359-370 28- STERN and CLEVELAND., 2004, “Energy and Economic Growth”, Rensselaer Working Papers, March pp35-51 29- STIGLITZ J., 1977, Monopoly and the Rate of Extraction of Exhaustible Resources, American Economic Review, vol.66, pp. 655-66 30- STIGLITZ, J., 1974; Growth with Exhaustible Resources: Efficient and Optimal Growth Path », dans Symposium on the Economies of Exhaustible Resources, Review of Economie Studies, vol n°41,pp. 123–137

31- TICHIT A., 2005, Le développement durable, pp. 1-20

Sitographies : www.bloc.com www.economics.rpi.edu ec.europa.eu www.iisd.org www.institut-numerique.org www.lefigaro.fr www.revues.msh-paris.fr

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Listes des Annexes :

Annexe 1 : Guide d’entretien

Annexe 2 : Les politiques et stratégies existantes, dans le développement de la filière à Madagascar

Annexe 3 : Diagrammes historiques de données par Année

Annexe 4 : Emplois estimés pour le secteur des énergies renouvelables dans le monde, par secteur

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Annexe 1 : Guide d’entretien

Cible : Les personnes qui intéressent cet entretien ce sont les ménages, et les responsables du projet

Objectifs de l’entretien :

- Valoriser l’attente des villageois - Cibler les carences du projet rHYviere

1- Engagement du projet rHYviere au sein de la communauté 2- Relation entre les acteurs (responsable, technicien, villageois) 3- Démarche à suivre pour être abonné à l’électricité 4- L’impact du projet rHYviere sur vos pratiques quotidiennes 5- Retombées économiques et sociales du projet rHYviere 6- Projection dans l'avenir

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Annexe 2 : Les politiques et stratégies existantes, dans le développement de la filière à Madagascar:

1999 Réforme du Secteur Electricité par la sécurisation des investissements et la libéralisation du secteur

1999 Décret MECIE, instituant l’étude d’impact environnemental à Madagascar pour les projets susceptibles de porter atteinte à l’environnement • Applicables aux projets publics et privés • Application au secteur Energie : installation hydroélectrique, centrale thermique, utilisation des ressources renouvelables

2000 Mise en place de la cellule environnementale au niveau du Secteur « Energie » pour assurer l’intégration de la dimension environnementale dans les politiques et stratégies sectorielles et dans une optique de développement durable • Catégorisation du type d’étude requise suivant la zone d’implantation et les caractéristiques du projet

2003 Document de stratégie de la Réduction de la Pauvreté (DSRP)

2004 Stratégie nationale de reboisement axée sur l’augmentation de la couverture forestière, la mise en place d’un système de sécurisation foncière, les reboisements durables, la protection des bassins versant et la pérennisation des actions / produits

2009 Création du Ministère de l’Energie, auparavant ce Département faisait partie du Ministère de l’Energie et des Hydrocarbures

2009 Politique sectorielle énergie de Madagascar et Programme d’actions

• Objectif : Assurer un approvisionnement d’énergie en quantité suffisante, de bonne qualité et au moindre coût

• Suivant 6 axes stratégiques :

1. Renforcer la bonne gouvernance et sécuriser les investissements privés : réforme de la politique tarifaire, mise à jour de la politique sectorielle électricité, réformes institutionnelles, etc. 2. Augmenter l’accès à l’électricité : extension de l’électrification rurale, promotion des énergies renouvelables 3. Satisfaire durablement les besoins en bois énergie : promotion des reboisements à fin énergétiques, promotion des techniques améliorées de carbonisation

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4. Promouvoir l’exploitation rationnelle des sources d’énergie locale : Promotion de l’énergie renouvelable (agrocarburants, solaire, hydroélectrique, …) et valorisation des ressources non renouvelables (charbon minéral, lignites, …) 5. Renforcer l’appui au développement du secteur : recherche de synergie entre énergie/ Environnement / Economie / Social 6. Promouvoir la maitrise de l’énergie : promotion des pratiques économes, IEC

2010 Politique nationale de lutte contre le changement climatique • Vision : Disposer les capacités requises favorables au développement durable du pays • Objectifs spécifiques entre autres sur (i) l’élaboration et la mise en œuvre des stratégies sectorielles de mise en œuvre des atténuations des émissions des GES et (ii) la promotion d’actions contribuant à la réduction des GES

2010 Formulation et mise en œuvre des Actions Nationales Appropriées d’Atténuation (NAMA) touchant 5 secteurs : Agriculture, foresterie, transport, énergie, énergie / déchet

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Annexe 3 : Diagrammes historiques de données par Année :

Source: CIA world factbook (2015)

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Annexe 4 : Emplois estimés pour le secteur des énergies renouvelables dans le monde, par secteur :

Source: Renewable Energy Network 21 (REN21)

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Tables des matières

Remerciements ...... i Liste des abréviations acronymes ...... ii Glossaire ...... iii Liste des tableaux ...... iv Liste des figures : ...... v Introduction ...... 1 PARTIE 1. Approche historique et théorique de la politique énergétique ...... 5 Chapitre 1. Le problème de l’énergie fossile et la quête de nouvelles sources d’énergie ...... 7 Section1. L’énergie favorable au développement : ...... 7 Section2. La place de l’énergie fossile dans l’économie mondiale ...... 11 Section3. La crise énergétique : ...... 15 Chapitre 2. Revue de littérature sur le thème de l’énergie ...... 18 Section1. La place des ressources naturelles dans l’économie : ...... 19 Section2. Approche faible versus approche forte de durabilité ...... 22 Section3. Evolution de la politique énergétique dans le monde: ...... 26 Chapitre 3. Les différentes sources renouvelables : ...... 30 Section 1 : Les différentes sources renouvelables : ...... 30 1-1 Energie solaire photovoltaïque : ...... 31 1-2 L’énergie éolienne ...... 32 1-3 La biomasse ...... 33 1-4 L’énergie géothermique ...... 34 1-5 Energie hydraulique : ...... 35 Section 2 : Avantages et limites des énergies renouvelables ...... 37 a. L’énergie solaire ...... 37 b. La biomasse ...... 38 d. L’énergie géothermique ...... 39 e. L’énergie hydraulique ...... 40 PARTIE 2. Etude du cas de la Commune d’Ambohimasina ...... 42 Section1. Les principales sources d’énergie à Madagascar : ...... 44 Section2. Limite des infrastructures déjà en place ...... 51 Chapitre 5. Utilisation de l’énergie hydraulique dans la Commune d’Ambohimasina ...... 57 Section1. Les traits caractéristiques de la Commune ...... 59

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Section2. Etude de cas du projet : « AMBOHIMASINA » ...... 64 Section3. Les impacts liés à la poursuite du projet : ...... 68 Chapitre 6. Analyse des impacts socio-économiques et environnementaux du projet ...... 74 Section1. Le projet « AMBOHIMASINA » bénéfique pour l’économie locale ...... 74 Section2. Le Coût et la rentabilité comme limites associées au projet « AMBOHIMASINA » ...... 80 Conclusion ...... 87 Listes des Annexes : ...... 93

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Nom : ANDRIAMISAINAMIHARINTSOA Prénom : Tsiferana Titre : ENERGIE ET DEVELOPPEMENT : étude du cas de la commune d’Ambohimasina Nombres de pages : 100 Tableaux : 11 Figures : 12 Graphiques : 05 Adresse de l’auteur : Lot II C 60 Manjakaray Contacts : +26132 67 591 59 / [email protected]

RÉSUMÉ La quête d’une énergie favorable au développement et respectueuse de l’environnement est devenue une préoccupation majeure. Cependant, l’accès sà cette énergie représente une difficulté. Ainsi, nous sommes amenés à se demander si l’énergie hydraulique permet de concilier conservation de l’environnement et amélioration du niveau de vie de la population. Il est alors utile de se pencher sur la substituabilité de l’énergie fossile par l’énergie hydraulique tout en assurant l’évolution du pouvoir d’achat de la population.

A partir des entretiens et analyse des données secondaires, nous avons constaté que l’énergie fossile, qui n’est pas viable à long terme, peut être remplacée par des ressources renouvelables. C’est pour cela que le projet rHYviere a été mis en place. Par ailleurs, ce projet contribue à l’amélioration des niveaux de vie des villageois.

Pour assurer une disponibilité continue d’énergie électrique, il est indispensable de concilier l’énergie hydraulique avec d’autres sources d’énergie dans la commune d’Ambohimasina.

Mots clés : Ambohimasina, Capital naturel, Développement durable, politique énergétique

Encadreur : Pr RANDRIANALIJAONA Tiana Mahefasoa ------ABSTRACT

The quest for energy that is conducive/favorable to development and environmentally friendly has become a major concern. However, access to this energy represents a difficulty/an issue. Thus, we are left to wonder if hydropower reconciles environmental conservation and improvement of living standards of the population. It is useful to examine the substitutability of fossil energy by hydropower, while ensuring the development of the purchasing power of the population.

From the interviews and secondary data analysis, we found that the fossil energy, which is not sustainable in the long run can be replaced by renewable resources. This is why the rHYviere project was implemented. Moreover, the project contributes to the improvement of living standards of the villagers.

To ensure continuous availability of electric power, it is essential to balance hydropower with other energy sources in the municipality of Ambohimasina.

Keywords: Ambohimasina, Critical natural capital, Ecological services, energy policy

Supervisor: Pr RANDRIANALIJAONA Tiana Mahefasoa