Le Père Jacques Sevin. Fondateur. Scouts De France
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Jacques Sevin de la Compagnie de Jésus DU MÊME AUTEUR A LA MÊME LIBRAIRIE * SILENCES ET RÉFLEXIONS DU SCOUTMESTRE. Préface du Père SEVIN. ♦ ÉQUILIBRE - SANTÉ, MAÎTRE - MOT DU SCOUTISME. * EN COURS DE ROUTE (épuisé). * LE SERVICE DU SOLDAT (épuisé). GEORGES TISSERAND Préface de S.E. Mgr LALLIER Le Père Jacques Sevin Fondateur Scouts de France... © by Spes, Paris - 1965 In memoriam - In spem. A la Mémoire du R.P. Jacques SEVIN s. j., en hommage de fidèle et profonde reconnaissance, malgré les ans. Aux Dames de la Sainte-Croix de Jérusalem, en ce grand jour de l'érection canonique de leur Congrégation, 15 septembre 1963, et à tous ceux qui ont passé par Chamarande. G. T. ...Sainte-Croix de Jérusalem PRÉFACE Si Georges Tisserand m'a demandé de préfacer son livre, ce n'est pas seulement à cause de l'amitié qui nous unit depuis près de quarante ans. Voulait-il que le témoignage d'un Evêque vînt accréditer le sien? Sans doute. Mais, soucieux de précision, désireux d'être fidèle à l'historicité des faits et de ne trahir en rien le visage spirituel du Père Jacques Sevin, je pense qu'il a voulu, surtout, faire appel aux souvenirs d'un autre témoin. Le lecteur me pardonnera donc de me pencher, en sa présence, sur mon passé... Comme tant d'autres, je ne peux oublier le pre- mier accueil et le regard du Père Sevin, au début du 5e Cours de Chamarande, le 12 juillet 1924. Quand l'Evangile me devint fami- lier, je compris pourquoi cette rencontre s'est inscrite, profondé- ment, dans notre mémoire et notre coeur : « Alors, Jésus fixa sur lui son regard et se prit à l'aimer... » Nous avons eu conscience d'être reçus, chacun, par un Autre que le Père, ce Christ-Jésus qui l'avait lui-même « saisi » (cf. Phil., III, 12) et dont, pas un jour, le service ne l'a déçu. Eut-il déjà l'intuition que je pensais moi-même au sacerdoce? je ne sais. Mais ce camp fut à l'origine d'une amitié qui ne se démentit jamais. Pas plus que celle du Seigneur et des siens, elle ne se départit, chez le Père, de cette autorité dont parle l'Evangile et, chez moi, d'un respect tout naturel. Mais elle s'exprima très vile en une confiance qui me révéla les difficultés de sa tâche et le renoncement qu'imposait aux fondateurs l'impérieux devoir de travailler ensemble. Je m'en aperçus mieux encore l'année suivante, lorsque le Père Sevin me demanda d'être son assistant à Chamarande et que j'eus le bonheur de faire avec lui le pèlerinage de Rome. Sans nul doute, la personnalité sensible et forte du Père, l'influence qu'il exerçait, la ténacité de ses résolutions déconcertaient le Chanoine Cornette et bon nombre de chefs... Tandis que lui-même avait humblement conscience de connaître mieux que personne la méthode et les exigences du scoutisme. Il en résulta des affrontements, dont je fus témoin pendant des années puisque, avant même mon ordination et jusqu'au jour où il quitta Chamarande, je fus à nouveau l'assistant du Père, pour les camps d'aumôniers. De ces difficultés, dont Georges Tisserand n'a pas eu tort de parler, je n'ai jamais été « scandalisé ». Parce que le caractère même des deux fondateurs les rendait inévitables, elles n'ont jamais altéré leur mutuelle estime et il fallait sans doute ces souffrances, cachées au cœur de deux prêtres comme il y en a peu, pour faire de la petite semence des débuts le grand arbre du scou- tisme catholique : « Si le grain ne tombe en terre »... Aurais-je pansé, si imparfaitement que ce soit, la blessure du Père en refusant de prendre sa relève, comme aumônier du camp- école? Ou bien, au contraire, éprouva-t-il quelque joie à la pensée qu'avec Pierre Delsuc et Pierre de lYJontjamont je n'aurais, à Chamarande, d'autre « source d'inspiration » que lui? Il avait bien trop la pudeur de ses sentiments profonds pour jamais me le dire. Mais, comme il avait été présent à toutes les épreuves et à toutes les joies de ma vie depuis 1924, son amitié, discrète et fervente, m'a suivi jusqu'à la fin : vous lirez plus loin que, croyant me reconnaître sous les traits du religieux qui lui apportait le viatique, il prononça plusieurs fois mon nom... Ainsi fut-il admirablement fidèle à cette lettre qu'il m'adressa le jour même de mon entrée au Séminaire: « Quoique tu n'en aies pas besoin et que notre Seigneur te suffise — à toi qui vas tout donner — je veux qu'à côté de cette présence divine qui t'environne tu sentes encore une pauvre présence humaine, paternelle et fraternelle à la fois, présence du prêtre auprès du futur prêtre et du mestre de camp auprès de son cher assistant, avec qui Vêpres et Complies étaient si douces à dire, sous la tente, à Chamarande. « Oui, toutes les épreuves que tu connais et dont ton affection a voulu prendre sa part, tout cela s'accepte avec joie pour avoir le bonheur de se dire; aujourd'hui 6 novembre, Marc est tout à Dieu et, dans quatre ans et demi, Dieu sera tout à lui. » Le lecteur comprendra maintenant pourquoi le travail auquel vient de se livrer Georges Tisserand m'a si vivement intéressé. Tout au long de ces pages, j'ai reconnu l'application du scout qui « ne fait rien à moitié », la rigueur du technicien et la ferveur du disciple. Remarquable officier de chars, l'auteur de ce livre a gardé l'habitude de ne pas s'avancer à la légère. Ce qu'il affirme, il l'a, plutôt dix fois qu'une, vérifié! Ainsi l'ampleur de ses informations, sa connaissance des « temps héroïques » et les citations mêmes qui émaillent son texte apportent-elles à l'histoire du scoutisme une con- tribution de qualité. Cet ouvrage prouve à l'évidence qu'à l'égal du Chanoine Cornette et, d'une certaine manière, plus que lui, le Père Sevin mérite d'être considéré comme le fondateur du scou- tisme catholique. Nul n'a étudié comme le Père la méthode de Baden-Powell. Nul n'a saisi mieux que lui la richesse qu'elle constitue pour les garçons de France. Nul, sans doute, n'a compris, aimé, servi, davantage que lui, chefs et cheftaines. Nul, certainement, n'a tant souffert pour les Scouts de France... A ce titre, nous devons affectueusement remercier Georges Tisserand d'avoir consacré de longues heures à la rédaction de ce livre. De sa lecture attentive, même les plus proches du Père Sevin apprendront beaucoup. Par exemple, tout ce qui a trait à l'enfance et à la jeunesse du Père, qui parlait si peu de lui; ce lent travail de la grâce et ces chemins détournés qui, à son insu, le préparaient à la grande tâche de sa vie ; le temps qu'il a donné, dans sa « retraite », à l'Ordre de la Sainte-Croix ! Mais, surtout, à travers ces pages et tous les mystères, joyeux et douloureux, qu'elles évoquent, les scouts des premiers temps pénétreront plus avant dans l'intimité du Père Sevin, dans sa vie intérieure et son âme. Dois-je le dire? Si son style a vieilli, comme ses poésies et ses chansons, quand il traite des réalités de ce monde qui passe, il reste étonnamment jeune, fort et vigoureux, quand il évoque les réalités surnaturelles qui demeurent ! A cet égard, la règle des Dames de la Sainte-Croix me semble significative de la spiritualité du Père Sevin, si référée à la parole de Dieu et si proche de toutes les contin- gences humaines. Quelle remarquable « définition », entre autres, de deux vertus théologales : l'Espérance, « c'est l'attente joyeuse de l'ave- nir divin (le ciel) et l'entrain à le conquérir, c'est la confiance certaine que Dieu nous aide, en tout »; et la Charité, « c'est la chance immense, que seul l'homme partage avec les anges, de pouvoir aimer Dieu ». En ces derniers textes spirituels du Père Sevin, nous retrouvons les meilleurs de ses messages, que les chefs et les scouts de mainte- nant auraient tant d'intérêt à lire et méditer. Nous croyons l'entendre nous dire encore : « En alignant vos tentes et leurs piquets et leurs tendeurs, c'est votre âme elle-même que vous mettez à l'ordonnance et que vous rectifiez. » Nous nous rappelons ces exhortations, si viriles et si pressantes, à ne pas tricher avec les exigences de la rude vie des camps. Parce qu'il faut que le scout, dans son corps et son âme, soit vraiment équipé à la légère... De ce détachement, le Père nous a donné l'exemple, ce qui vaut mieux que tous les sermons. Lorsque, pour des raisons qui n'étaient pas toutes sans fondement, il dut quitter Chamarande et ne plus assumer aucune responsabilité dans l'Association qui lui devait la vie, le Père ne s'est pas plaint, il n'a pas critiqué, il est resté silencieux. A la différence de certains qui, devant renoncer à ce qu'ils croient être leur « vocation particulière », ne savent plus que faire, il lui suffit de demeurer fils de saint Ignace et prêtre de Jésus-Christ pour garder la joie et travailler encore. Jusqu'à la fin ! C'est au temps de l'épreuve que Dieu juge un homme. L'un des mérites du livre de Georges Tisserand est, sans nul doute, de nous le rappeler et de nous donner la certitude qu'au seuil de la tente éternelle le Seigneur était là pour accueillir son prêtre : « Servir et sauver », ce fut vraiment toute sa vie.