Spécial 100 Ans Des Scouts De France
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Chamarande, septembre 1927 10e cours - Vue de la patrouille des Corbeaux lors d’un exercice de signaux aux sémaphores sur l’esplanade du château. Photo George Ferney. Spécial 100 ans des Scouts de France 1er semestre 2021 - n° 52 archives.essonne.fr À la mémoire de Philippe Léandri, édito Président de Présence du scoutisme en Essonne et initiateur de cette commémoration. Ce numéro du Papyvore est un numéro un peu spécial… il est entièrement consacré à une exposition l’exposition de l’année 2020, « Chamarande au temps des pour un centenaire Scouts de France », qui a été préparée par la direction des 3 Archivesactualités et du patrimoine mobilier en partenariat avec les Scouts Chamarande au temps des Scouts et Guides de France, Présence de France exposition présentée du scoutisme en Essonne, et les Sœurs de la Sainte-Croix-de- aux Archives 2020 Jérusalem. Une prouesse quand on se souvient des difficultés du 7 printemps dernier pour envisager toute manifestation culturelle Le château de Chamarande, ouverte à un large public. lieu fondateur des Scouts de France, Nous voulions garder la trace 1923-1940 par Jean-Jacques Gauthé de ce travail pour les quelque 3 200 personnes qui ont visité cette exposition, afin de s’y replonger et pour ceux qui n’ont pas pu le faire à qui nous dédions outils et méthodes particulièrement cette édition de notre revue. 2 Les habitués du Papyvore y 9 retrouveront la rubrique outils Aux sources de l’histoire et méthode pour approfondir la recherche : un état des lieux des 9/ Les archives nationales sources papiers et audiovisuelles des Scouts de France concernant les mouvements 11/ Le Pôle de conservation de jeunesse et le scoutisme notamment. des archives des associations de jeunesse et d’éducation populaire Bonne lecture à tous. (PAJEP), hier et aujourd’hui 13/ Le cinéma amateur 17 La sélection de la bibliothécaire ISSN 1620-4662 Directeur de la publication : François Durovray Directeur de la rédaction : Pierre Quernez Coordination : Nathalie Noël Rédaction : Danièle Benazzouz, Nicolas Palluau, Corinne Desmettre, Jean-Jacques Gauthé, Laurence Bazin, Marie-Catherine Delacroix, Nathalie Noël, Natacha Verduzier Aurélie Gros François Durovray Photographies : Axel Bardochan, Lisbeth Porcher, Georges Ferney Vice-présidente Président Suivi de publication : Mélanie Garcia déléguée à la du Département Création graphique et mise en page : Véronique Douliez-Sala culture, au tourisme de l’Essonne Impression : Imprimerie départementale et à l’action Email : [email protected] extérieure Téléphone : 01 69 27 14 14 « Chamarande au temps des Scouts de France » Exposition présentée aux Archives du 28 juin au 29 novembre 2020 Naissance du scoutisme en France Baden Powell Robert Baden Powell, officier britannique, construit un programme éducatif inspiré de l’entrainement des soldats, le « scouting », qu’il publie en 1898 sous le titre « Aids to scouting ». D’inspiration chrétienne, s’appuyant sur la vie dans la nature, la débrouillardise et un imaginaire d’aventures, il veut former par cette pratique le caractère des garçons et en faire des citoyens « utiles ». Dans le monde anglo-saxon le succès est fulgurant et le scoutisme s’étend vite aux filles. En 1919, s’ouvre le premier centre de formation à Gilwell Park, puis en 1920 à Londres, a lieu le premier rassemblement à l’échelle internationale : le Jamboree (grande fête, en langue zoulou). En France, journalistes, éducateurs et militaires 3 observent cette réussite ; des hommes tels que Pierre de Coubertin, fondateur des JO modernes, s’y intéressent. À partir de 1909, le scoutisme est expérimenté, par les protestants tout d’abord, à Nantes ou Paris ; néanmoins, ici ou là, quelques paroisses se lancent dans l’aventure : à Mâcon, au Creusot ou à Dijon les essais sont encourageants. À Nice, les Éclaireurs des Alpes de l’abbé d’Andreis sont un succès. À Paris, Paul Coze, un adolescent qui a pratiqué le scoutisme en Egypte, fait découvrir la méthode au chanoine Cornette, qui en comprend très vite l’intérêt éducatif et créée les Entraîneurs de Saint-Honoré d’Eylau. En Belgique, c’est un jésuite français éxilé, le Père Sevin, qui tente l’expérience à Mouscron en 1916. ce jeune mouvement. Dès lors des liens se En 1922 il organise le premier camp national tissent avec des acteurs très impliqués comme à Chamarande, où il réunit 600 garçons. En Les initiateurs Paul Coze et Edouard de Macédo. 1923, il fait appel à Vera Barclay, collaboratrice de Baden-Powell, puis Louise de Grangeneuve Parmi les fondateurs du mouvement, le père Le père Sevin publie dans la foulée « le pour introduire le louvetisme et former les Jacques Sevin, ancien professeur d’anglais, est scoutisme », manuel théorique et pratique du cheftaines tandis que lui forme les louvetiers. une figure emblématique. Dès 1913 il se rend scoutisme inspiré de Baden-Powell, et les revues en Angleterre pour découvrir le « scouting » et « le Chef » puis « Le Scout de France » de 1922 Pendant 10 ans le programme de Chamarande y rencontre Baden-Powell. Exilé en Belgique à 1933, qui contribuent à poser les bases des construit par le père Sevin fonctionne à plein pendant la guerre, il expérimente le scoutisme orientations pédagogiques du mouvement. et assure le succès et le développement du centenaire un pour exposition une à Mouscron en Belgique. À la fin du conflit, de mouvement jusqu’à la mise à l’écart en 1933. retour à Paris, il y rencontre différents initiateurs Parti se former à Gilwell, il revient avec le En 1944, ce dernier fonde la congrégation des du scoutisme, notamment le Chanoine Cornette titre de Chef de camp délégué lui donnant la religieuses de la Sainte Croix de Jérusalem, avec qui il va fonder le mouvement des « Scouts compétence pour diriger un camp école des famille religieuse née du scoutisme au service de France » en 1920. Le Chanoine Cornette va chefs ; dès lors les chefs scouts peuvent être des jeunes. Le père Sevin s’éteint en juillet 1951. utiliser ses nombreuses relations pour soutenir formés en France. Père Jacques Sevin et Chanoine Cornette formation des chefs. Des constructions légères en bois sont réalisées pour l’occasion : chapelle de plein air, feu de camp pour l’instruction, Kasbah, tanière, oratoire, chalets, mât sémaphore, cuisine et popote-abri. Chamarande vit au rythme du camp-école organisé pour les chefs éclaireurs : à Pâques et en été, les sessions durent 12 jours, mêlant théorie et pratique. Les futurs « scoutmestres », répartis en patrouilles de sept vivent une semaine sous la tente, aménagent leur espace de vie et s’initient aux activités scoutes : jeux de plein air, observation de la nature, cérémonial, topographie, travail du bois, etc. La méthode, venue d’Angleterre, est en rupture délibérée avec l’habitude française des cours. La nature offre des possibilités éducatives très larges, la vie de camp en plein air a des effets favorables sur la construction de la personnalité des jeunes. L’héritage de Gilwell est bien présent, tout tend à susciter la fierté et façonner l’identité « chamarandaise ». L’enseignement et l’imaginaire de Chamarande L’enseignement de « Cham » repose principa- lement sur la transmission par l’oral de l’expé- rience vécue. Le jeune doit cependant réaliser Chamarande, camp école disposition de l’association et ce jusqu’en 1951. un « cahier de Cham » personnalisé à partir de 4 Le site, proche de Paris, est facilement accessible ses activités et de ses expériences. Si l’ensemble C’est grâce aux relations du chanoine Antoine par le train en gare d’Orsay et est idéal avec ses est jugé satisfaisant, le chef reçoit son brevet, Louis Cornette que les Scouts de France entrent en rochers, son parc et ses forêts pour implanter arbore le « foulard de Cham » gris rose, noué contact avec Monsieur Amodru, député de Seine- le scoutisme. Pendant cette période les Scouts par le « woggle », nœud en cuir d’où pendent et-Oise, puis Madame Thome, propriétaires du de France vont réaliser des constructions et des les deux bûchettes du « wood badge », la badge domaine de Chamarande qu’ils mettent à la aménagements pour le transformer en camp de de bois. une exposition pour un centenaire un pour exposition une 1922, photo de groupe avec Chanoine Cornette, Père Sevin et Madame Thome, propriétaire de Chamarande - © Archives SGDF La cuisine de la patrouille des coqs Pâques 1923 - © Archives SGDF Cette formation très structurée en sections Une troupe à la toilette le 17 août 1926 ©Archives SGDF repose sur une pédagogie inspirée de cultures diverses : chevalerie, rites initiatiques zoulous de survie dans la nature, totémisation amérendienne, aventures indiennes du Livre de la jungle. Le grand jeu, la magie du feu de camp, l’expression scénique ou le mystère des cérémonies secrètes ont leur source à Cham’. Les prises de foulard, les embuscades, les alertes incendies causées par le passage du train en 5 été, les jeux de nuit ou les démontages de tente se terminent souvent par des empoignades. À Gillevoisin, tout près de Chamarande, nait le Jeu d’Escarmador, d’abord histoire de pirates dont le dessinateur Pierre Joubert est reporter. La diffusion de cet imaginaire local est étonnante et durable. L’imaginaire suscite Les cheftaines encadrées par Miss Barclay nationale Nature des Scouts de France), ainsi un jeu scénique scout truculent et fantastique suivent la méthode de Gilwell. Elles dorment que d’autres cours destinés aux aumôniers, aux avec masques, costumes colorés. Joué à Paris sous la tente et portent le sac à dos : une commissaires (cadres provinciaux), plus brefs sur une vraie scène, la presse est là ! D’autres révolution pour les familles de l’époque ! mais toujours en plein air. jeux suivront. Seule dérogation, par temps de pluie, elles sont autorisées à dormir au rez-de-chaussée de la Bergerie.