10/02/2017

SOMMAIRE « Jeanne au bûcher » ou la manifestation de l’extrême droite radicale devant l’Opéra de Lyon ...... 2 Salut nazi, «extermination» des Arabes: à Lyon, identitaires et frontistes font la fête ensemble ...... 3 Le projet du FN : tuer l’Europe ...... 6 Aulnay-sous-Bois: «Avec la police il n’y a pas discussion, pas de dialogue» ... 8 refuse de voir une « bavure » dans l’interpellation de Théo L. à Aulnay-sous-Bois ...... 10 Aulnay: les associations antiracistes dénoncent des faits à "caractère sexuel et raciste" ...... 12 Nous avons encore une chance de sauver le football de la haine, du racisme et de l'homophobie ...... 13 Florian Philippot raconte n'importe quoi sur la taxe du FN sur les travailleurs étrangers ...... 16 On a appris à un porte-parole du FN qu'il était un «immigré» ...... 18 La grosse manip’des élus FN pour embaucher leurs conjoints au parlement européen ...... 20 Aulnay-sous-Bois: oui, Théo est un type bien. Mais ce n’est pas la question .. 22 Occitanie: Menacée de mort après l'incident avec le FN, la présidente PS Carole Delga porte plainte ...... 23 Critiquer le Front national s’avère complexe mais essentiel ...... 24 Vers la fin de la prescription pénale ? ...... 26 Jean Messiha, l'étonnant «monsieur programme» de Marine Le Pen ...... 29 Hollande envisage une Journée nationale de commémoration de tous les génocides ...... 31 Marine Le Pen cherche à adoucir le ton sans toucher à ses fondamentaux ..... 32 La peur du loup Front national ...... 34 Le délit de consultation de sites terroristes censuré par le Conseil constitutionnel ...... 35 Voyage au cœur de l'armée des trolls d'extrême droite ...... 37

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10/02/2017

Rue89.fr 03/02/2017

« Jeanne au bûcher » ou la manifestation de l’extrême droite radicale devant l’Opéra de Lyon Article par Dalya Daoud

« Jeanne au bûcher » ou la manifestation de l’extrême droite radicale devant l’Opéra de Lyon « Castellucci, franc-maçon ». Et les francs-maçons, où veulent-ils les mettre ? « En prison ». Une cinquantaine de manifestants au look total black, sweats Lonsdale et foulards sur le nez, se sont massés ce jeudi soir devant l’Opéra de Lyon, avec fumigènes et banderole (« Hommage à Jeanne »).

Ils protestaient contre la pièce « Jeanne au bûcher » qui se jouait jusqu’au 4 février à Lyon, mise en scène par Romeo Castellucci.

Derrière cette action qui a mobilisé plusieurs CRS, on trouve des membres du GUD et de l‘Action française qui avaient utilisé cette même banderole, en mai dernier, pour « honorer Jeanne d’Arc ».

On serait prêt à parier qu’aucun de ces manifestants n’avait vu la pièce et que le seul fait que l’artiste italien se saisisse de la figure de Jeanne d’Arc, confisquée de longue date par l’extrême droite, leur a donné l’occasion d’organiser leur petite sortie. e metteur en scène n’aura sans doute pas été surpris d’avoir suscité l’indignation à Lyon, lui qui est régulièrement qualifié de « blasphémateur scatophile » par des intégristes catholiques facilement choquables.

Cette fois, Romeo Castellucci a décidé de faire de Jeanne d’Arc une forcenée mystique, dans ces derniers instants de vie. Il triture ce poème dramatique et un peu lourdingue de Paul Claudel, où l’Eglise est exonérée de la condamnation au bûcher de Jeanne d’Arc.

Spectacle « ignoble » selon un élu FN

Au Front national aussi, la pièce choque. Antoine Melliès, conseiller régional FN en Auvergne-Rhône- Alpes, s’est fendu d’un tweet ce vendredi matin :

"Le nouveau spectacle "Jeanne au bûcher" présenté à l'Opéra de Lyon, est ignoble et dénature gravement l'œuvre originale de Claudel..."

La partition (par Arthur Honegger) est belle et les tableaux graphiques et parfaitement découpés, spécialités de Castellucci, s’enchaînent en prenant le contre-pied d’un texte relativement réac. Où l’on trouve un cheval vivant mais mort, une comédienne survoltée et sublime, qui finit nue, un Denis Podalydès qui reste coincé dans un couloir et dans un texte étriqué.

Bon.

Assez époustouflante du fait de la performance scénique, il ne s’agit pour autant pas de la pièce la plus subversive de l’année. Pas de quoi s’enflammer, les petits.

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10/02/2017

Buzzfeed 05/02/2017

Salut nazi, «extermination» des Arabes: à Lyon, identitaires et frontistes font la fête ensemble Article par Paul Aveline

Axel Loustau, Damien Rieu, Frédéric Chatillon. Tous étaient présents à la «soirée des patriotes» du bar identitaire lyonnais La Traboule, en parallèle des Assises du FN. Vendredi 4 et samedi 5 février au soir, la fine fleur des identitaires lyonnais s’était donné rendez-vous à La Traboule, bar du vieux Lyon connu pour accueillir la jeunesse d’extrême-droite de la ville, sous l’égide de Génération Identitaire (GI). Plusieurs figures du Front National s’y sont montrées. On y a passé la soirée de samedi incognito. Récit.

«Je suis parti dératiser l’Afrique»

Le bar La Traboule est situé en haut d’un escalier, où fument et dissertent une trentaine de jeunes. Devant la porte, trois militants de GI, reconnaissables à leur ciré jaune caractéristique, montent la garde et ouvrent la porte aux arrivants. Il est 23 heures, la soirée commence à peine mais le lieu, ouvert en avril 2011 par , est déjà bien rempli. Au fond du bar, une salle voûtée avec baby-foot et stand de goodies. Au milieu des t-shirt siglés Génération Identitaire, une figure bien connue de la fachosphère trône sur les vêtements: Pepe la grenouille.

Près du stand de vêtements, trois sexagénaires discutent. Ils viennent de Paris et ont fait le voyage à Lyon pour assister aux Assises du Front National, comme en témoignent les badges qu’ils portent fièrement autour du cou. Ensemble, ils se remémorent leur jeunesse au GUD, groupe étudiant d’ultra- droite par lequel sont passés plusieurs parlementaires des Républicains notamment. Dans le groupe de trois, un seul n’était pas au GUD –«à cette époque, je suis parti dératiser l’Afrique!», dit-il à ses compagnons. Le trio rigole, puis s’en va se coucher tôt pour ne pas rater la deuxième journée des Assises, et le meeting de Marine Le Pen.

«On ose pas parler d’extermination, alors on dit remigration!»

Parmi les quelque 200 personnes qu’on a dénombrées samedi soir, une vingtaine de femmes au maximum. La moyenne d’âge tourne autour de 25 ans, et les plus jeunes ne dépassent pas les 18 ans. Nous engageons la discussion avec Thomas* et Finn*. Le premier est agent des impôts dans la région lyonnaise, et adhérent du Front national. Le deuxième est Irlandais, mais vit dans le Rhône et étudie en BTS. Entre les deux, le courant passe immédiatement, Thomas en profite pour raconter son quotidien d’inspecteur des impôts:

«Moi je le vois tous les jours. Parmi ceux qui paient le moins d’impôts, il y a des Français bien sûr. Mais bon, la grande majorité, ils ont des noms arabes. C’est pas Emmanuel «Macrouille» qui va nous en débarrasser!»

Finn acquiesce, selon lui la situation «est la même» en Irlande. Il se plaint des «10.000 musulmans qui vivent en Irlande» et engage le dialogue avec Thomas:

–Tout le monde déteste les Arabes. Aujourd’hui, on ose pas parler d’extermination, alors on dit remigration! –Ah bah pour le coup, Staline n’avait pas que des mauvaises méthodes!

Thomas ponctue sa phrase d’un bref salut nazi. Le geste est furtif, personne ne l’a remarqué. Mais le bras et la main sont bien tendus en l’air. Une heure plus tard, l’inspecteur des impôts fait une révélation à trois camarades qui l’écoutent en fumant une cigarette:

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10/02/2017

- À la sixième génération j’ai une Juive!

- Ah ouais?

- Putain!

- Il va te demander cinq centimes!

(…)

- Juif européen hein!

- Oui mais du côté de la mère?

- Euh oui c’est du côté maternel.

- Mais tout le temps maternel?

- Tout le temps.

- Ah putain t’es malade alors!

- Au four!

La bande est hilare. Dans son fou rire, Thomas renverse un peu de sa bière. L’un de ses amis réplique du tac au tac:

«Faites gaffe, il va vous demander de l’argent!»

Loustau, Chatillon et Rieu à la fête

C’est aux alentours de minuit que débarquent Frédéric Chatillon et Axel Loustau, tous deux membres de la garde rapprochée de Marine Le Pen mis en examen dans le cadre du financement de la campagne FN de 2012. Ils sont accompagnés de Nicolas Crochet, proche de Chatillon et mis en cause dans le scandale des Panama Papers via la société Riwal, fournisseuse de matériel électoral pour le FN. Ils serrent des mains, discutent, rigolent et boivent des coups. «Ah, ils sont venus!» lance une jeune militante, bière à la main. Ils sont rejoints un peu plus tard par Damien Rieu, ancien leader de GI et aujourd’hui membre de l’équipe de Marion Maréchal-Le Pen. Il sont ici chez eux, à en juger par les poignées de main qui s’enchaînent.

Dans un coin, l’actuel président du mouvement raconte, très excité, que la date de son procès devrait bientôt tomber. Arnaud Delrieux, dont les amis s’étaient juchés sur le toit de la mosquée de Poitiers en 2012, est mis en examen pour «complicité de vols, dégradations et incitation à la haine raciale». Il explique à l’assistance: «Les parties civiles c’est l’UOIF (Union des Organisations Islamiques de France, ndlr) et le CCIF (Collectif Contre l’Islamophobie en France, ndlr) de Marwan je sais plus quoi! C’est parfait, c’est les fils de France contre les Frères musulmans! C’est une super tribune pour nous!»

Dans le bar, les enceintes diffusent de la musique française. Renaud résonne sur les pierres des murs. L’agent des impôts Thomas, pourtant farouchement «anti-gauchiste», écoute Renaud avec plaisir: «Renaud, c’est comme Ferrat. Politiquement, c’est impardonnable, mais musicalement c’est magnifique. Comme il y en a qui détestent Céline. Sauf que Céline, il n’y a rien à pardonner.»

Lui et ses amis ne comprennent pas «l’obsession des gauchistes pour le multiculturalisme». L’un des amis de Thomas explique sa pensée, comme une évidence:

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10/02/2017

«Pour manger un couscous y a pas besoin de cinq millions d’Arabes! T’achètes du poulet, de la semoule et voilà! Comme t’as pas besoin de cinq millions de Japonais chez toi pour manger des sushis. Encore qu’à choisir, je préfère des millions de Japonais. Au moins c’est un grand peuple.»

Contacté par BuzzFeed News, Damien Rieu nous a simplement indiqué ne plus avoir de responsabilités à Génération Identitaire. Sous couvert d’anonymat, une source proche du groupe affirme que de tels comportements ne sont habituellement pas tolérés par GI et qu’ils sont le faits d’éléments extérieurs au groupe. Axel Loustau et Génération Identitaire n’ont pour le moment pas donné suite à nos sollicitations.

Dimanche soir, la direction de la Traboule nous a finalement répondu par écrit: «Nous condamnons les éventuels comportements provocateurs qui ne font pas partie de la culture des maisons de l’identité et du mouvement identitaire.»

Et ajoute:

«Il est possible que les deux dérapages relevés par votre faux-participant aient échappés à la vigilance l’équipe d’animation de La Traboule, qui n’est malheureusement pas équipée d’un sytème orwellien de surveillance des conversations. Lorsque de tels faits sont relevés, l’exclusion définitive des lieux est systématique. Cela a d’ailleurs été malheureusement le cas pour trois visiteurs extérieurs ce week-end, soit une infime minorité, qui ne saurait donc représenter l’ensemble des participants de la soirée ou de ses organisateurs.»

*Nous avons modifié les prénoms des deux interlocuteurs. Les sons présentés dans la vidéo ont été recueillis grâce à un micro discret.

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10/02/2017

Le Monde 06/02/2017

Le projet du FN : tuer l’Europe Article par La rédaction

Editorial. En lieu et place de réformes sérieuses et difficiles, le FN vend une recette miracle et entend détruire ce qui a été construit, pas à pas, depuis soixante-dix ans.

Editorial du « Monde ». Oubliez les propos sur la préférence nationale, les taxes à l’importation, les baisses d’impôts miraculeuses, l’insupportable rhétorique des « élites » et du « peuple ». Marine Le Pen, la candidate du Front national à l’élection présidentielle, n’a qu’un programme : sortir de l’Union européenne (UE) et de l’euro. Ou faire exploser l’UE en quittant la monnaie unique. Ou décréter d’abord la « mort » de l’UE avant celle de l’euro. C’est comme on voudra, dans l’ordre ou dans le désordre, car à entendre la patronne de l’extrême droite française, il n’y a qu’une seule source aux maux dont souffre le pays, et elle s’appelle l’Europe.

Au lendemain d’un week-end politique, samedi 4 et dimanche 5 février, où Mme Le Pen a réaffirmé les grandes lignes de son programme, il faut regarder les choses en face. Le Front national veut casser l’Europe. Il entend détruire ce qui a été construit, pas à pas, depuis soixante-dix ans, une œuvre qui n’a pas peu contribué à cette réalité qu’on tient, à tort, pour garantie : un Vieux Continent enfin apaisé et libéré de nombre des démons qui l’ont maintes fois ravagé. La France a été l’un des maîtres d’œuvre de cet immense succès. Mais cela ne compte pas pour Mme Le Pen.

Elle s’est efforcée, non sans talent, de « banaliser » un parti qui, puisant dans un vieux fonds vichyste, ne s’est développé que dans un anti-gaullisme acharné, aujourd’hui remplacé par sa détestation de l’Europe –le FN a toujours un bouc émissaire. La chef du FN ne veut plus revenir sur l’abolition de la peine de mort (à moins que l’extension du domaine du référendum, qu’elle programme, ne vise à proposer le retour de la guillotine) et elle se range volontiers aux us et coutumes de l’époque concernant le mariage homosexuel.

Simplisme démagogique

Mais toute la radicalité négative dont le FN est porteur se concentre sur le couple diabolique Europe/immigration qui expliquerait tout : chômage de masse, faible compétitivité dans nombre de secteurs de pointe, absence de dialogue social, modèle agricole inadapté, école sous-performante, etc. Le FN a le coupable. Le FN a la recette : « y a qu’à » sortir de l’UE.

Au-delà de la stupidité de ce simplisme démagogique, examinons les choses de plus près. Le retour à un franc dévalué ? Passons sur le krach bancaire qui s’ensuivrait : on imagine déjà la ruée des épargnants –ménages et entreprises –paniqués à l’idée de voir la valeur de leurs économies s’effondrer avec le franc. Passons sur l’explosion d’une dette publique qui, libellée en francs dévalués, supposerait d’être financée avec des taux d’intérêt à la grecque.

Cette idée que la souveraineté monétaire en 2017 –dans une France dont l’économie est l’une des plus mondialisées –passe par le retour joyeux à un franc dévalué est inepte. Quelle serait la réaction de nos voisins européens, avec lesquels nous réalisons près de 70 % de notre commerce extérieur ? Ils dévalueraient à leur tour ? Nous reviendrions ainsi à la belle époque des dévaluations compétitives en Europe qui fit la joie des fonds spéculatifs américains jouant telle devise contre l’autre. Nous abaisserions la valeur monétaire de nos PME et fleurons industriels, là encore au profit des fonds qataris ou des géants chinois se ruant pour racheter les entreprises tricolores. Le « patriotisme économique » de Mme Le Pen, c’est bon pour Wall Street, désastreux pour la France.

En lieu et place de réformes sérieuses et difficiles, le FN vend une recette miracle : tuer l’Europe. Ce n’est pas un programme. C’est un renoncement.

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10/02/2017

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10/02/2017

20 Minutes 07/02/2017

Aulnay-sous-Bois: «Avec la police il n’y a pas discussion, pas de dialogue» Article par Clémence Apetogbor

REPORTAGE Secoués par trois nuits de heurts, les habitants de la cité des 3.000 racontent la fracture entre la population et les forces de l’ordre… « On ne rentre pas là-dedans », prévient ce mardi matin le chauffeur du bus 617 au départ de la gare d’Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis. « Là-dedans », c’est la cité des 3.000, secouée depuis trois nuits par des heurts, après des violences policières contre Théo, un jeune homme de 22 ans.

Les itinéraires des bus ont depuis été modifiés pour contourner le secteur, où la tension est toujours palpable.

« Un acte de barbarie »

Christiane, ancienne voisine de la famille de Théo, descend donc du bus un peu plus tôt qu’à l’accoutumée et poursuit son chemin à pied, sous une pluie fine, pour regagner le cœur de la cité. « J’habite depuis huit mois à Montigny-le-Bretonneux, explique celle qui connaît Théo depuis qu’il est tout petit. Mon fils, qui est ami avec Théo, m’a dit que c’était très grave. Ce qui lui est arrivé m’a beaucoup touché », confie-t-elle au bord des larmes.

Cette aide soignante, mère de six enfants, est venue rendre visite à la famille de Théo et dénonce « un acte de barbarie ». « Théo est un enfant très gentil, qui ne cherche pas les histoires. A Aulnay, les enfants se protègent entre eux, les plus grands veillent sur les plus petits. Aulnay ce n’est pas un endroit où on viole les enfants, c’est un endroit vivable ! »

« Si je n’avais pas la même couleur de peau, dans ce quartier, ma vie serait meilleure » Slimane, 25 ans, dont les parents sont d'origine algérienne, décrit lui un climat plus difficile, plus tendu. Cet ami de Théo explique que pour certains jeunes de la cité, à la recherche d’un emploi, les journées se ressemblent parfois un peu. « On fait nos démarches au Pôle emploi ou à la mission locale, on dépose quelques CV, avant de se retrouver entre nous. » Il estime qu’aux yeux des policiers, ces regroupements de jeunes sont suspects, et entraînent de trop nombreux contrôles d’identité. « Tu peux ne pas te faire contrôler pendant deux ou trois semaines, mais ça peut aussi être deux fois par jour. Une fois ils ont fouillé ma voiture, n’ont rien trouvé et sont repartis sans un "bonjour" ni un "merci". Avec la police il n’y a pas discussion, pas de dialogue. »

Il dénonce aussi des situations paradoxales, lui, qui, lors de missions d’intérim en tant qu’agent de sûreté à l’aéroport de Roissy, collabore avec la police aux frontières (PAF).

« Quand je suis en uniforme, je ne suis pas face à la police municipale ou la police nationale. Les agents de la PAF, eux, disent bonjour, avec le sourire. Quand tu reviens ici (à la cité), tu te fais contrôler. Ce qui me fait de la peine, c’est qu’ils sont en train de déghettoïser le quartier, de créer des résidences partout, de faire tomber les tours, mais ils nous considèrent toujours comme des bandits. Si je n’avais pas cette couleur de peau, dans ce quartier, ma vie serait meilleure. » Défiance et méfiance

Oussouf, habitant de la cité de l’Europe, parle également de rupture entre les jeunes et la police. Il estime que « la suppression de la police de proximité (en 2002) à été dévastatrice. On est passé d’une police de terrain à une police d'intervention, qui débarque quand ça chauffe dans les quartiers ».

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10/02/2017

Cette proximité est pourtant vitale selon lui. « Nous avons besoin de policiers, d’éducateurs proches de la population, qui connaissent la ville, la population, les familles, bref, qui font de la prévention. Quand vous avez des jeunes qui se font contrôler deux à trois fois dans la même journée et parfois par les mêmes policiers le vivre ensemble est mis à mal. Et cette défiance entraîne mécaniquement de la méfiance. »

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10/02/2017

Le Monde 08/02/2017

Marine Le Pen refuse de voir une « bavure » dans l’interpellation de Théo L. à Aulnay- sous-Bois Article par Olivier Faye

La candidate du Front national à l’élection présidentielle a visité trois commissariats de l’Essonne mardi pour afficher son soutien aux forces de l’ordre.

Scène de campagne ordinaire à Juvisy-sur-Orge (Essonne), mardi 7 février. Une trentaine de journalistes attendent Marine Le Pen devant le commissariat de la ville, que la présidente du Front national doit visiter. Plus tôt dans l’après-midi, elle s’est rendue, sans la presse, dans ceux des cités voisines de Savigny-sur-Orge et d’Athis-Mons. La journée de la candidate à l’élection présidentielle est consacrée à la « sécurité » et au « soutien aux forces de l’ordre ».

Elle intervient alors que le président de la République, François Hollande, s’est rendu, le même jour, au chevet de Théo L., un jeune homme de 22 ans victime de violences lors de son interpellation par la police à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), jeudi 2 février. Il est gravement blessé au niveau de la zone rectale, et s’est vu prescrire soixante jours d’incapacité de travail. Les quatre officiers qui l’ont interpellé ont été suspendus de leurs fonctions, trois d’entre eux sont mis en examen pour violences volontaires, et le quatrième pour viol.

Au commissariat de Juvisy, des policiers pointent le nez à la fenêtre pour voir arriver Marine Le Pen. Sur un des carreaux est scotchée la photo de Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider, ce couple de policiers tués à leur domicile de Magnanville (Yvelines) par Larossi Abballa, dans la nuit du 13 au 14 juin 2016.

« Au chevet des racailles »

La voiture de la députée européenne déboule, accompagnée de celle des officiers assurant sa sécurité. La présidente du FN se poste face à la presse et explique les raisons de sa venue lors d’une courte allocution liminaire. Elle veut « voir comment les policiers travaillent, dans quelles conditions », et se désole que « dans un certain nombre d’endroits en France, les commissariats sont lépreux ». Elle promet aux policiers de les « réarmer », en termes de matériels, d’effectifs, mais aussi « moralement », en mettant, par exemple, en place la « présomption de légitime défense ». Elle déplore, de plus, un « drame épouvantable » : celui qui a vu deux policiers de Savigny et d’Athis-Mons être grièvement brûlés par des cocktails Molotov lors d’une mission dans le quartier de La Grande- Borne, à Viry-Châtillon, en octobre 2016.

Interrogée au sujet de l’interpellation violente à Aulnay-sous-Bois, Marine Le Pen refuse de parler de « bavure ». « Je ne vois pas comment on peut faire autrement, dans un Etat de droit, que d’attendre que la justice se prononce. Je trouve inadmissible de clouer au pilori des policiers avant même que l’enquête ait débuté. » Le matin même, sur LCI, elle avait déclaré : « Mon principe de base c’est, d’abord, je soutiens les forces de police et de gendarmerie, voilà. Sauf démonstration par la justice qu’ils ont commis un délit ou un crime. »

Sur le parvis du commissariat, la responsable départementale du FN Audrey Guibert répète le propos de la patronne. « Il ne faut pas utiliser ce qu’il s’est passé pour jeter le trouble sur toutes les forces de l’ordre. » Un mot de compassion n’aurait-il pas été le bienvenu pour Théo L., visiblement inconnu des services de police ? « Ce n’est pas ce que j’ai entendu », répond-elle à ce propos. Mme Guibert dispose donc d’éléments sur le passé judiciaire du jeune homme qui n’auraient pas été révélés ? Elle rétropédale : « Je n’ai pas d’informations. »

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10/02/2017

Plus tard dans la soirée, Jérôme Cochet, responsable de la communication du directeur de campagne frontiste David Rachline, écrit sur Twitter, photos à l’appui : « L’une [Marine Le Pen] est au chevet des boucliers de la nation. L’autre [François Hollande] est au chevet des racailles. » Scènes de campagne ordinaires au Front national.

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10/02/2017

Le Point 08/02/2017

Aulnay: les associations antiracistes dénoncent des faits à "caractère sexuel et raciste" Article par AFP

Les associations antiracistes ont dénoncé mercredi des faits "graves" de violence policière à "caractère sexuel et raciste", dans un communiqué commun, près d'une semaine après le viol présumé de Théo lors d'une arrestation brutale à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).

"Les faits qui se sont produits à Aulnay-sous-Bois sont graves. En cette circonstance, la violence policière a pris un caractère sexuel et raciste", ont dénoncé le Conseil représentatif des associations noires (Cran), la Ligue des droits de l'Homme (LDH), la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap) et SOS Racisme.

Le 2 février, Théo, 22 ans, a été victime d'un viol présumé lors d'une arrestation brutale par des policiers à Aulnay-sous-Bois, provoquant une série de violences, avec notamment des affrontements entre jeunes et forces de police, en Seine-Saint-Denis. Selon le récit de Théo, qui a fait état de "coups", de crachats et d'insultes lors de son interpellation, un des fonctionnaires lui a "enfoncé volontairement" une matraque dans les fesses. Dimanche, un des policiers a été mis en examen pour viol et ses trois collègues pour violences volontaires en réunion. Les quatre hommes ont été suspendus.

"Des insultes comme +salope+, +négro+, +bamboula+ auraient été proférées", ont ajouté les associations antiracistes dans leur communiqué, demandant à être reçues par le président de la République, le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur "pour mettre fin à ces abus et rétablir la confiance entre les citoyens et les forces de l'ordre".

"Depuis des années, la question des violences policières est posée", ont-elles rappelé, estimant que "ce quinquennat ne peut s'achever sans qu'on mette en oeuvre un véritable plan contre ce fléau".

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10/02/2017

Huffington Post 08/02/2017

Nous avons encore une chance de sauver le football de la haine, du racisme et de l'homophobie Tribune par Bruno Godard

Je travaille dans le milieu du football depuis presque 20 ans. Je connais tout ou presque de ses parts d’ombres. Mais quand je vois le racisme ou l’homophobie continuer à envahir les tribunes, j’ai souvent honte.

Contribution de Bruno Godard pour le Collectif Rouge Direct

Comme journaliste et auteur, je travaille dans le milieu du football depuis presque 20 ans. J'ai vu l'envers du décor, je n'ai plus aucune illusion sur ce monde. Je connais tout ou presque de ses parts d'ombres, de ses misères et de ses renoncements. Mais j'aime toujours ce sport, plus que tout, car il a fait de moi l'homme que je suis. Alors quand je vois le racisme ou l'homophobie continuer à envahir les tribunes, j'ai souvent honte. Mais je veux me battre car je sais que nous avons encore une chance de sauver le football de la haine. De toutes les haines.

Je suis de cette génération qui allait voir des matchs dans des stades gangrenés par les skinheads et le racisme. Au début, on se sentait un peu seuls à faire le coup de poing contre ces décérébrés car les clubs ne prenaient aucune sanction. Les hooligans formaient le noyau dur des supporters, ils étaient de tous les déplacements et certains dirigeants ou entraîneurs n'hésitaient pas à les manipuler pour asseoir leur pouvoir. Et puis, à force de dérapages de plus en plus violents qui ont fini par aboutir à des morts, les dirigeants du foot ont nettoyé les stades de ces dégénérés. Pas seulement par conscience politique ou sociale mais parce qu'ils n'avaient plus le choix. Le business était en danger, il fallait réagir.

Les skinheads ont été interdits de stade, ils ont vieilli, ont pris de la bedaine et ont lâché l'affaire. Aujourd'hui, on peut se rendre au stade sans voir de saluts nazis, on n'assiste plus à des lynchages de supporters un peu trop basanés au goût des hooligans.

Malheureusement la violence verbale, elle, n'a pas disparu des stades. À Bastia, on entend encore des cris de singes quand Mario Balotelli entre sur le terrain. Heureusement, aujourd'hui, ce racisme n'est plus toléré et les sanctions tombent très vite. Et c'est heureux. Mais il y a une autre forme de violence verbale qui elle, continue de plomber le plaisir simple de regarder un match de foot. Car pour les insultes homophobes, rien ne change.

Depuis toujours, on entend dans les stades des "arbitre enculé" ou des "ho hisse enculé" et personne ne s'en offusque. Le samedi après-midi ou le dimanche matin, sur les terrains amateurs, on se traite de "tafioles" de "tarlouzes" ou de "pédales" sans qu'aucune sanction ne tombe. Des présidents de clubs, des entraîneurs, des joueurs de haut niveau balancent des insultes homophobes sans qu'ils ne soient suspendus. Un petit tweet d'excuse et tout rentre dans l'ordre.

Aujourd'hui, le business tourne, les euros coulent à flots, on ne va pas tout remettre en cause pour quelques pleureuses. Alors, on ferme les yeux. De temps en temps, on signe une charte, on fait une photo pour montrer que l'on s'engage pour lutter contre l'homophobie. On donne un peu d'argent, on prête des enceintes sportives pour organiser les Gays Games à Paris en 2018 afin de s'acheter une bonne conscience.

Sauf que ce type d'événement, même s'il est censé être ouvert à tous, est avant tout une manifestation communautariste. Pour moi, qui suis hétéro, il n'y a pas de sport hétéro ou de sport homo. Il y a du sport, c'est tout. Dans le football, comme dans tous les autres sports, il n'y a aucune raison d'organiser des compétitions pour telle ou telle communauté. Le mélange, la mixité et surtout le

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10/02/2017

"je m'en fous d'où tu viens, de qui tu es tant que tu sais courir, sauter, nager ou taper dans une balle" doivent être la règle. Du coup, il me semble plus urgent d'agir dans les stades de campagne, de quartier ou de Ligue 1. Aux JO, à la coupe du Monde, dans tous les stades de football ou presque, on entend des insultes homophobes qui tombent sous le coup de la loi et qui ne sont jamais sanctionnées. L'urgence est là et pas ailleurs.

Car dans les tribunes de ces Gay Games, il n'y aura bien évidemment pas d'homophobie. Alors que dans les stades de Ligue 1, chaque week-end, c'est de pire en pire. Pire, car le silence de plomb semble être devenu la norme sur les derniers dérapages, comme ceux de certains supporters de l'OM qui ont scandé "Ces Pédés de Toulousains, il faut les tuer" lors d'un match en janvier dernier. Certains slogans haineux qui s'étalaient dans les manifs contre le Mariage pour Tous ont distillé, lentement, mais sûrement, leur poison dans l'opinion. La parole s'est comme libérée. Certains groupes de supporters surfent sur ces relents pour éviter de sanctionner les dérapages de leurs membres et les dirigeants de clubs sont aux abonnés absents. J'ai entendu plusieurs fois, dans la bouche d'acteurs influents du monde professionnel: "les gays peuvent se marier maintenant, ils ont eu ce qu'ils voulaient, qu'ils nous foutent la paix!". Comme si obtenir un droit pouvait en anéantir d'autres...

Il faut quoi pour cela bouge enfin? Un blessé grave? Un mort?

Pour que tout change, il ne faut que deux choses: dire oui et dire non.

Dire oui, c'est créer un climat qui permettra à un joueur de football professionnel de faire son coming out sans avoir peur d'être mis à l'écart. Car oui, il y a des joueurs qui sont gays. J'en ai rencontré, des obscurs et des stars, des vraies. J'en ai parlé avec eux et ils m'ont convaincu qu'il n'était pas possible de sortir du placard, du moins du temps de leur carrière. Alors ils se cachent, se terrent, eux qui pourraient tout changer. Il ne faut pas leur en vouloir car tout le monde n'a pas le courage de dire "Oui, je suis homo et alors?". La pression de leurs agents, de leur famille qui se gavent sur leur dos est bien trop forte. Mais il est évident que le jour où un International fera son coming out une veille de match, tout changera. Ce sera long, difficile, mais tout changera.

En attendant de dire oui, il y a une chose bien plus simple à faire: dire non.

Il y a 30 ans, je jouais dans une équipe de foot en banlieue parisienne. Un club où des blancs, des blacks, des beurs se mélangeaient sans en faire toute une histoire. On appartenait à la même équipe, on portait le même maillot, on ne se voyait jamais en dehors des matchs mais sur le terrain, chacun était prêt à se sacrifier pour l'autre. C'était un autre temps, un temps où les insultes n'étaient pas du langage courant. Car on savait tous que si une insulte partait, la boîte à gifles allait s'ouvrir. Aujourd'hui, la violence physique est moins présente, mais elle a été remplacée par une violence verbale qui fait, à coup sûr, bien plus mal qu'un coup de poing maladroit de mes années d'ados. Dans mon club de jeunesse, un jour de match des années 80, notre buteur, le meilleur joueur de l'équipe a pris un vilain coup et, en se relevant, a traité le défenseur adverse de "gros pédé". Sur le banc de touche, notre entraîneur s'est levé et l'a fait immédiatement sortir avant de l'envoyer directement au vestiaire. Et on a perdu le match. De retour au vestiaire, on l'avait vraiment mauvaise et, assis sur les bancs, on maudissait notre coach d'avoir sorti notre meilleur joueur. Il a attendu quelques minutes et nous a dit (je cite les mots de mémoire): "Je sais que vous m'en voulez. Je sais que vous pensez que c'est à cause de moi qu'on a perdu. Mais je m'en fous car il y a des choses plus importantes qu'une victoire. Si votre pote avait insulté l'autre en disant "gros négro" ou "sale arabe", ça vous aurait rien fait non plus? Je ne suis pas là pour vous apprendre à jouer au foot, je suis là pour faire de vous des hommes. Et un homme, ça doit savoir dire non. Alors j'ai dit non car je n'accepterai jamais ce genre de choses. Et tant pis si on perd tous les matchs, la porte est ouverte, ceux qui ne sont pas d'accord peuvent aller voir ailleurs..." Personne n'est sorti et je n'ai plus entendu "gros pédé" dans ce club. Comme quoi, dire non, ça marche...

Le racisme, l'antisémitisme, le sexisme et l'homophobie ne disparaîtront jamais totalement de la société. Et donc des stades. Il y a aura toujours des hommes et des femmes qui se nourriront de haine. La nature humaine est ainsi faite. Mais si pour une personne qui dérape, 1, 2, 5, 10 ou 100

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10/02/2017

autres se dressent pour dire "non, ce n'est pas acceptable", alors notre société a encore de l'avenir. Voilà ce que nous devons demander aux décideurs, aux politiques, mais aussi aux parents des enfants qui, demain, feront notre monde: dire non...

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10/02/2017

Libération.fr 08/02/2017

Florian Philippot raconte n'importe quoi sur la taxe du FN sur les travailleurs étrangers Article par Pauline Moullot

Le Front national affirme que la taxe sur les emplois d'étrangers est identique à ce que prévoit de faire le Royaume-Uni. C'est faux. A plusieurs titres. INTOX. Le Front national souhaite mettre en place une priorité nationale, qui serait constitutionnalisée. Le parti souhaite décliner cette politique dans le domaine du logement mais aussi de l'emploi. Pour cela, Marine Le Pen promet (engagement présidentiel numéro 38) de «mettre en place une taxe additionnelle sur l’embauche de salariés étrangers afin d’assurer effectivement la priorité nationale à l’emploi des Français». Interrogé sur le sujet, Florian Philippot a tenté de banaliser la proposition, en affirmant non seulement qu'il existait déjà une taxe en France sur les emplois d'étrangers et qu'il ne comptait que l'«élargir», mais aussi que le gouvernement britannique avait exactement le même projet. Voilà ce qu'il déclarait sur BFM hier matin : «si une entreprise veut se payer un salarié étranger, elle y mettra les moyens. Ce sera pas interdit, elle y mettra les moyens. Je vous signale que le gouvernement britannique a ce projet également dans les tiroirs, exactement le même projet.»

DÉSINTOX. Sauf qu'à bien y regarder, la proposition du FN marquerait une rupture nette avec ce qui se pratique en France, et n'a rien à voir avec ce que prévoit le Royaume-Uni.

En fait, il existait déjà au Royaume-Uni des frais acquittés par l’employeur pour une personne demandant un visa. Tout comme ce qui existe en France, où les employeurs doivent déjà s’acquitter d’une taxe auprès de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii). Cette taxe concernait 36 000 travailleurs en 2015 (pour 31 millions d'euros).

Au printemps dernier, le parlement britannique a adopté une loi sur l'immigration. Celle-ci prévoit notamment une «immigration skills charge», c'est-à-dire une taxe annuelle de 1000 £ sur les emplois qualifiés venant de l'étranger. Celle-ci entrera en vigueur en avril 2017, et sera payée en une fois par l'employeur lors de la demande de visa. Mais affirmer que cette mesure est «exactement» la même que celle du FN est faux pour quatre raisons.

La taxe britannique ne s'applique qu'aux emplois qualifiés, celle du FN à tous les emplois

Première différence, comme son nom l'indique, le projet britannique auquel se réfère Philippot ne concerne que les travailleurs qualifiés, à savoir les visas de type 2 alors que 5 types de visas de travail (sans compter les sous-catégories) peuvent être accordés au Royaume-Uni. La taxe qu'évoque le FN concerne, elle, tous les emplois.

Les salariés européens ne sont pas concernés par la taxe britannique

Deuxième différence, le FN souhaite mettre en place une taxe sur tous les travailleurs étrangers, quelle que soit leur nationalité. Alors que celle en vigueur outre-manche ne porte que sur les extra- européens. «Nous allons appliquer la méthode Theresa May puisque Theresa May, la Premier ministre du Royaume-Uni, souhaite mettre en place exactement cette mesure là. Alors c’est vrai que elle, elle peut maintenant totalement le faire juridiquement même vis-à-vis des Européens, des intra- communautaires parce que il y a eu le Brexit…», expliquait Philippot la semaine dernière sur Radio Classique. Or, contrairement à ce qu'il affirme, le dispositif britannique, voté au printemps dernier, ne concerne que les salariés étrangers qui ne sont PAS originaires de l'espace économique européen. Florian Philippot a en fait dû lire beaucoup trop vite une info de la mi-janvier. Le ministre de l'Immigration, Robert Goodwill, a annoncé au début du mois que la taxe sur l'immigration qualifiée pourrait aussi s'appliquer aux immigrants européens une fois le Royaume-Uni sorti de l'UE. Mais il a

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10/02/2017

très vite été recadré par Downing Street. «Ce n'est pas au programme du gouvernement», a expliqué la porte-parole de Theresa May. Ce que confirme le ministère de l'Intérieur à Désintox aujourd'hui : le gouvernement britannique ne prévoit absolument pas de taxer les travailleurs européens.

De fait, l'idée d'étendre cette taxe aux ressortissants européens avait été vertement critiquée à l'époque. L'Institute of Directors, une organisation patronale britannique, avait affirmé que celle-ci risquait de provoquer plus de dommages que de créations d'emplois dans certains secteurs. Guy Verhofstadt, qui représente le Parlement européen pour les négociations sur le Brexit, avait même trouvé la proposition «choquante». «Imaginez un instant ce que seraient les gros titres britanniques si l'UE proposait la même chose pour les ressortissants britanniques ?», avait-il avancé.

La taxe britannique n'est pas due chaque mois

Troisième différence, la taxe britannique n'est pas due chaque mois, à la différence de ce que veut mettre en place le FN. Vendredi dernier sur RTL, le vice-président du FN a fourni quelques éléments supplémentaires : le FN compte «mettre en place cette taxe qui pourrait être de 10% du salaire brut par mois, chaque mois 10% du salaire brut payé par l'employeur». Au Royaume-Uni, la taxe annuelle de 1000 £ sera payée par l'employeur lors de la demande de visa du salarié. En une seule fois. Si le visa demandé est de trois ans par exemple, l'employeur s'acquittera de 3000 £, mais il n'est pas prévu de prélever une part du salaire brut chaque mois. Cette différence a un impact évident sur les montants payés par l'employeur. Pour un salaire de 2500 euros bruts, l'employeur français devrait donc payer 250 euros par mois, soit 3000 euros annuels.

La taxe du FN ne s'applique pas seulement aux étrangers qui arrivent pour travailler Quatrième et dernière différence : la taxe britannique n'est applicable qu'aux travailleurs étrangers qui entrent sur le territoire à des fins professionnelles. Ce n'est pas le cas de la taxe frontiste. Contactés par Désintox, les économistes du Front national affirment que la mesure s'appliquera pour «toutes les embauches» et «tous les étrangers». Si l'employeur d'un étranger en CDI ne devra pas payer de taxe rétroactive (pour un étranger déjà en poste), tout employeur embauchant un étranger (qu'il vienne d'arriver ou qu'il soit déjà résidant en France) s'acquittera donc de la taxe du FN selon le parti. Ce qui change évidemment tout. Le projet du FN concerne donc potentiellement les quelque 1,7 million d'étrangers actifs en France, quand il prendront un emploi ou en changeront. Bien au delà de la taxe actuelle versée à l'OFII qui a donc concerné 36 000 immigrés en 2015…

En fait, cette proposition n'a donc rien à voir avec ce qui se pratiquait en France jusqu'à présent, ni avec ce qui a été récemment voté au Royaume Uni. Etant donné les montants et le périmètre, nous n'avons trouvé aucun dispositif équivalent à l'étranger.

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10/02/2017

Libération.fr 08/02/2017

On a appris à un porte-parole du FN qu'il était un «immigré» Article par Cédric Mathiot

Jean Messiha, coordinateur du projet de Marine Le Pen affirme qu'«immigré» et «étranger» signifient la même chose. C'est faux. Et ça rend la discussion compliquée quand on parle de politique migratoire. Nous avons eu, hier, un échange téléphonique cocasse avec Jean Messiha, coordinateur du projet présidentiel de Marine Le Pen. Nous lui avons appris, à son grand étonnement, qu'il était un immigré, au sens de la statistique publique, c'est-à-dire selon la définition de l'Insee. Il s'est dit «choqué».

Il était donc question d'immigration. Nous parlions de l'objectif du FN de limiter à 10 000 le solde migratoire. Nous lui avons demandé : «De quel solde parlez vous ? S'agit-il des immigrés ou des étrangers ?» Il a répondu : «On parle d'étrangers, mais c'est la même chose. Je ne comprends pas votre question». S'en est suivi cet échange que nous avons raconté hier dans une série de tweets.

Après nos tweets, Jean Messiha a répondu par un tweet ironique, où il a confirmé qu'il ne comprenait effectivement pas du tout de quoi il retournait :

Il vient de se passer une chose étonnante. Je viens de faire découvrir à Libé la différence entre immigré & Français

Or, comme on essayait de lui expliquer, il n'y a pas d'opposition entre immigré et Français. On peut être les deux. Un immigré est une personne née étrangère à l'étranger et résidant en France. Il le demeure dans la statistique publique même s'il devient français. Les immigrés ne se confondent donc pas avec les étrangers, qui eux peuvent être nés en France.

Bien sûr, on comprend ce qu'a voulu dire Jean Messiha. Il se sent français et pas immigré. Son profil Twitter le résume assez bien, où il se décrit comme «Français de souche par naturalisation». Cette perception est ni plus ni moins estimable qu'une autre, elle est la sienne. A vrai dire, ce n'est pas le sujet.

Le problème est que Jean Messiha est coordinateur du projet du FN, et que sa conception aussi personnelle que fausse de ce qu'est un immigré au sens statistique pose des problèmes quand on parle de la politique migratoire... et donc, inévitablement, de statistiques. Car voilà, si le FN veut compter jusqu'à 10 000, il serait bien de savoir qui compter.

Par exemple, il n'existe pas de statistique en France sur le solde migratoire des étrangers. Ce qui est embêtant pour le FN, qui affiche donc en la matière un objectif très précis (quoique parfaitement arbitraire, et uniquement accessible au prix de coups de sabre dans la Constitution et les textes internationaux) de 10 000. Sans savoir de quel niveau on part.

La statistique la plus approchante, que l'Insee calcule (depuis peu) sur la base des enquêtes annuelles du recensement, est le solde migratoire des immigrés (qui peuvent donc être devenus Français, n'en déplaise à Monsieur Messiha).

Nous avons demandé à Jean Messiha s'il avait une idée de ce solde. Voici ce qu'il nous a répondu : «Etant donné qu’il ya très peu de départs, le solde est très proche du nombre d’entrées annuelles, c’est à dire entre 200 000 et 250 000».

Voilà qui est faux également.

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10/02/2017

Depuis plusieurs années, le solde migratoire annuel des immigrés estimé par l'Insee est de +140 000 environ.

Voici des graphiques publiés en 2015, pour les années comprises entre 2006 et 2013. Il faut regarder les lignes vertes.

On le voit, le solde migratoire des immigrés est nettement positif et assez constant, même si cette stabilité masque depuis quelques années une hausse des arrivées mais aussi des départs. Ainsi, selon l'Insee, le nombre d'arrivées d'immigrés est passé entre 2006 et 2013 de 193 000 à 235 000, alors que le nombre de départs sur la même période passait de 29 000 à 95 000. D'où une légère baisse du solde des immigrés, de 164 000 à 140 000. Les départs sont essentiellement le fait d'étudiants qui repartent ou de retraités, explique l'Insee.

On ajoutera que ces statistiques, reconstituées a posteriori lors des enquêtes annuelles du recensement, ne sauraient constituer un outil de pilotage pour le FN pour contrôler le solde migratoire, s'il devait arriver au pouvoir. Car aussi curieux que cela paraisse, on ne sait pas aujourd'hui comptabiliser en direct les gens qui quittent la France. Qu'ils soient immigrés ou nés en France.

On est ressorti de cet échange avec le coordinateur du projet de Marine Le Pen en se disant que tout ça n'était guère sérieux. Mais sans être vraiment étonné non plus. Il suffit de se remémorer la manière dont le FN est passé d'un objectif de 10 000 entrées légales en 2012 à l'objectif d'un solde migratoire de 10 000 en 2017. C'était là une autre blague que l'on avait racontée.

La vérité est que le FN promet à propos d'immigration des choses qui seraient effectivement des ruptures totales avec la pratique républicaine, tout en étant incroyablement approximatif sur le sujet. Et au total, c'est moins drôle qu'une conversation avec Jean Messiha.

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10/02/2017

BuzzFeed 08/02/2017

La grosse manip’des élus FN pour embaucher leurs conjoints au parlement européen Article par David Perrotin et Theo Englebert

À la différence de l’Assemblée nationale ou du Sénat, en France, le parlement européen interdit formellement à un député d’embaucher un «parent proche» (femme, enfant, frère, sœur…) en tant qu’assistant parlementaire. «Les députés ne peuvent pas engager de parents proches comme assistants», rappelle notamment le site de l’administration dans la section «dispositions relatives au personnel»: [Image https://img.buzzfeed.com/buzzfeed-static/static/2017-02/8/11/asset/buzzfeed-prod-fastlane- 03/sub-buzz-7666-1486571696-3.png?no-auto]

Pour contourner cette règle —tout en restant dans les clous de la légalité—le Front national a donc trouvé une astuce: faire embaucher un proche par un autre député européen du même groupe.

Au FN, un organigramme familial

Lorsqu’on regarde de près l’organigramme frontiste du parlement européen, on s’aperçoit que cette manip’a été répétée à plusieurs reprises pour les élus membres du groupe Europe des nations et des libertés (ENL).

La députée FN Mylene Troszczynski a fait embaucher son époux Laurent Guiniot en tant qu’assistant parlementaire de la députée FN Joëlle Mélin. En échange, Mylene Troszcynski emploie Grégoire Faugeron qui vient de PACA selon l’Oise Hebdo…la même région où est élue Joëlle Mélin.

La députée FN Marie-Christine Arnautu a fait embaucher son époux Philippe Chevrier comme assistant parlementaire de la députée FN Marie-Christine Boutonnet. La députée FN Dominique Bilde a fait embaucher son fils Bruno Bilde par la députée Sophie Montel. Bruno Bilde a démissionné depuis.

Sollicité par BuzzFeed News, le parlement européen, après avoir «lancé des vérifications», admet que ce procédé «est conforme au règlement». «La règle en vigueur depuis 2009 ne vaut que pour les proches d’un député. Je ne sais pas si c’est un vide réglementaire, mais tant qu’il n’y a pas de conflit d’intérêts, les eurodéputés qui embauchent un membre de la famille d’un autre député sont dans les clous», ajoute une source au sein du parlement.

«La vie au Front est faite de gens qui se sont rapprochés»

Contactée pour qu’elle s’explique sur cette combine, la députée FN Joëlle Mélin, qui a embauché l’époux de sa collègue, s’agace: «Je n’ai pas à vous répondre. Si vous voulez que votre profession de journaliste trouve de la hauteur, ne vous lancez pas dans ce genre d’investigation.»

Et de finalement expliquer:

«Tout est validé par le parlement. Et c’est parfaitement justifié, car mon assistant parlementaire a toutes les compétences requises. Il faut savoir que c’est très dur de travailler pour le FN, après votre réputation est détruite. Alors quand on a des gens de talent au FN, on les garde, et parfois ce sont des membres de la même famille. La vie au Front est faite de gens qui se sont entraidés, rapprochés…»

Bruno Bilde, qui a été l’assistant parlementaire d’une collègue de sa propre mère, assume aussi:

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10/02/2017

«J’étais au Front national avant ma mère. Je n’ai pas été embauché pour ça et d’ailleurs, cela n’a pas posé de problème pour le parlement.»

Il précise en outre n’avoir travaillé que quelques mois comme assistant parlementaire avant de démissionner.

Les Le Pen, spécialistes du genre

Et cette pratique ne s’est pas limitée à trois eurodéputés frontistes. Comme l’a révélé Le Canard enchaîné ce mercredi, à la demande de Jean-Marie Le Pen, avait recruté sa fille Yann Le Pen, la mère de Marion Maréchal-Le Pen, comme assistante parlementaire entre 2009 et 2014. Et ce pour la modique somme de 7000 euros brut par mois.

En 2013, Mediapart avait révélé une autre combine du FN pour faire embaucher un proche. Marine Le Pen avait embauché son compagnon comme assistant local à temps partiel. Grassement payé, le vice-président du Front national pouvait compter sur un salaire mensuel de 5006,95 euros brut par mois pour une activité à temps partiel de 17,5 heures par semaine.

Gérard Onesta, ex-vice-président du parlement européen et l’un des principaux rédacteurs du statut des assistants aujourd’hui en vigueur, est bien conscient de cette manipulation. «On y a pensé lors de la rédaction des règlements et nous avons fait évoluer les textes en exigeant de rendre public le nom des assistants parlementaires», explique-t-il à BuzzFeed News, avant de préciser:

«Pourquoi? Tout simplement parce que si un député dit à un autre député, j’embauche ta fille, tu embauches mon fils, cela se verra. Nous avons essayé de border au mieux les textes, mais on ne pouvait pas vraiment faire plus.»

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10/02/2017

Libération 08/02/2017

Aulnay-sous-Bois: oui, Théo est un type bien. Mais ce n’est pas la question Article par Frantz Durupt et Balla Fofana

Un homme noir a été grièvement blessé lors de son interpellation par quatre policiers, jeudi dernier à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Un policier est mis en examen pour «viol». Il aurait enfoncé sa matraque dans l’anus de la victime, provoquant d’importantes lésions. Les trois autres sont poursuivis pour violences volontaires en réunion. L’Aulnaysien de 22 ans, également blessé au crâne et au visage, dit avoir subi des insultes racistes.

Les faits sont limpides, attestés par une vidéo, reconnus par le principal suspect, même si celui-ci parle d’un «accident». Ils sont si graves que n’importe qui devrait ressentir un profond sentiment de colère et de révolte en en prenant connaissance. Et pourtant, dans cette «affaire Théo», du prénom de la victime, on a parfois l’impression, à lire des articles et des commentaires politiques, que ce qui rend tout cela vraiment scandaleux, c’est que Théo est un «type bien», qui «ne méritait pas ça». C’est ce qui ressort de plusieurs reportages à Aulnay-sous-Bois, où des médias ont recueilli les propos d’habitants, qui ont tous témoigné des multiples qualités du jeune homme. Le maire (LR) de la commune, Bruno Beschizza, a régulièrement insisté sur le fait que Théo est «un jeune homme connu en bien», issu d’«une famille respectée dans un quartier en difficulté». Le prestigieux club de foot italien l’Inter Milan l’a même invité, une fois rétabli, à revêtir son maillot avec «un sourire» dans le stade San Siro.

On se pose des questions : s’il avait le casier judiciaire d’un dealer ou d’un voleur, cet homme aurait-il mérité d’être violé ? S’il avait fait de la prison, aurait-il reçu la visite du président de la République ? Lequel, dans sa grande bonté, a souligné que «Théo a réagi avec dignité et responsabilité». Et s’il avait été au contraire envahi par la colère et la rage, ce qui serait parfaitement compréhensible, serait- il moins digne d'être entendu ?

A trop souligner les «qualités» de Théo, on prend le risque de le faire passer pour une exception, le gentil noir, et de présenter son cas comme un acte isolé. Insister sur sa «gentillesse», c’est mettre du mascara sur le coquard d’une réalité française : celle des violences policières. Ces agressions aveugles, basées sur des préjugés racistes, ne s’embarrassent pas de savoir si un individu est digne d’un prix Nobel de la paix ou pas. Théo n’a pas besoin de circonstance atténuante et encore moins qu’on l’enferme dans le cliché colonial du bon noir sage, seulement coupable de n’être pas né sous la bonne étoile.

Oui, Théo est un type bien. Mais ce n’est pas la question !

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10/02/2017

20 Minutes 09/02/2017

Occitanie: Menacée de mort après l'incident avec le FN, la présidente PS Carole Delga porte plainte Article par N.B. avec H.M

JUSTICE Un message virulent à son encontre a été posté dernièrement sur le site de la collectivité… La présidente PS de la région Occitanie, Carole Delga, a porté plainte après avoir reçu des menaces de mort : un individu a posté dernièrement un message très virulent, sur le site du conseil régional, à l’encontre de l’ancienne ministre. La plainte pour « outrage à une personne chargée d’une mission de service public et menaces de mort » a été déposée au commissariat du Mirail, à Toulouse.

Des menaces qui font suite à l’incident qui s’est déroulé jeudi, lors de l’assemblée plénière de la collectivité, à Montpellier. Carole Delga avait tenté d’enlever le micro à un élu du FN, alors qu’il était en pleine intervention. La séance avait été interrompue.

Le FN condamne

Dans le message qui fait l’objet d’une plainte, l’individu, désormais activement recherché, écrit notamment qu'« un jour on massacrera tous les socialos de merde. En espérant que la famille Delga se fasse égorger prochainement dans un attentat ». Dans les rangs du FN, on condamne ces menaces. Pour Emmanuel Crenne, l’élu avec qui Carole Delga a eu un accrochage, « l’auteur de ces menaces ignobles doit être recherché et condamné à la peine maximale ». France Jamet, la présidente du groupe FN note également que « les élus du groupe condamnent sans réserve, toutes les violences, d’où qu’elles viennent et à l’égard de qui que ce soit ».

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10/02/2017

Le Monde 09/02/2017

Critiquer le Front national s’avère complexe mais essentiel Article par Audrey Tonnelier

Chronique. Combattre la rhétorique du FN consiste à expliquer, avec pédagogie et clarté, pourquoi les promesses de ses dirigeants n’ont que l’apparence de la vérité.

Le refrain est connu. Difficile de dire exactement quand il a commencé à s’installer. Certainement quelque part entre ce 21 avril 2002 où Jean-Marie Le Pen a accédé pour la première fois au second tour d’un scrutin présidentiel, et les victoires successives du Front national (FN) aux élections municipales et européennes de 2014, puis aux régionales de 2015. A moins que ce ne soit en 2011, quand l’arrivée de Marine Le Pen à sa tête a sonné le début de la « dédiabolisation » du parti.

Toujours est-il que la petite musique est désormais bien établie : analyser les idées et le programme du FN pour en faire ressortir les incohérences, notamment en matière économique, serait au mieux inutile, au pire contre-productif. Face à une candidate qui a érigé en mantra la lutte contre le « système » et le complot permanent à l’encontre de sa personne, toute tentative de mise en perspective serait vouée à l’échec. A quoi bon pointer du doigt une formation dont les sympathisants ne liront jamais ces lignes ? A quoi bon agiter des menaces qui volent en éclats au seul argument de la souveraineté nationale ? A quoi bon tenter de convaincre un électorat persuadé que toute remise en cause de sa championne ne vise qu’à la faire taire ?

Résultat : les affaires glissent sur le FN comme l’eau sur les plumes d’un canard. Mme Le Pen refuse de rembourser les 300 000 euros que lui réclame le Parlement européen pour l’emploi présumé fictif d’une assistante ? Curée politique ! Le FN est soupçonné d’avoir mis en place un système de financement frauduleux pour ses campagnes électorales depuis 2011 ? Acharnement médiatique !

Aucun cadrage budgétaire

Mais il y a pire. On finit aujourd’hui par se demander comment souligner les inepties de la candidate FN, lorsque ses principaux adversaires mènent une campagne présidentielle désolante de vacuité. Le réquisitoire contre le « système » est devenu le passage obligé des candidats à l’Elysée, mêmes les plus établis. Le 6 février, lors de sa conférence de presse, François Fillon dénonçait à son tour le « tribunal médiatique » dont il s’estime victime. Aucun candidat n’a, à ce jour, produit de cadrage budgétaire de son programme digne de ce nom, à même de proposer une alternative crédible. Aucun n’est capable de fournir des réponses valables aux démons qu’agitent sans relâche les frontistes : immigration, déclassement social, ravages supposés de l’euro.

C’est pour cela que les propos de Mme Le Pen touchent juste. Ils séduisent des Français si persuadés de l’incompétence de la classe politique qu’ils ne se demandent même plus si les solutions avancées ne sont pas un peu trop belles pour ne pas avoir été essayées par d’autres. Si désespérés de leur situation actuelle, si déçus de la mondialisation telle qu’ils la vivent, si inquiets des menaces qu’ils imaginent peser sur notre pays, qu’ils sont prêts à se jeter aveuglément dans les bras de ceux qui leur promettent sécurité et mieux-être.

C’est une force qu’il faut reconnaître au FN : une capacité rare à mobiliser. Comme pour cette convention économique, qui a réuni, début janvier à Paris, des dizaines de sympathisants pour écouter, trois heures durant, économistes et chefs d’entreprise discourir sur la politique monétaire ou la réindustrialisation. La rhétorique est truffée de sophismes, mais ô combien séduisante. Le repli sur nos frontières et le retour au franc seraient des formules magiques en mesure d’effacer tous les maux de notre temps. Fabriquer en France, ce serait engranger davantage de recettes fiscales, donc réduire le déficit pour baisser les impôts, et en finir avec le chômage de masse.

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10/02/2017

Complexe, mais essentiel

Le discours est construit, les arguments, nombreux. De plus en plus d’économistes n’appellent-ils pas ouvertement à réformer la monnaie unique, inadaptée au niveau de gamme des produits tricolores ? Les experts ne se félicitent-ils pas de la baisse de l’euro, qui avantage les entreprises exportatrices ?

Bien vu. Sauf que ce discours omet de préciser qu’une sortie de l’euro impliquerait une dévaluation autrement plus douloureuse que les fluctuations actuelles de la monnaie unique. Or, la dévaluation implique un renchérissement du prix des produits importés, et donc une perte de pouvoir d’achat immédiate pour la population. Quant à la reconstruction d’un appareil productif tricolore capable de fournir les produits électroménagers ou industriels de base, aujourd’hui issus de Chine ou d’Europe de l’Est, à des prix acceptables par la classe moyenne française, elle prendrait des années.

Critiquer le FN, ce n’est ni jeter l’opprobre sur ses électeurs, ni diaboliser une formation qui, quoi qu’on en pense, a réussi la performance de se hisser sur le podium de la vie politique française. Critiquer le FN, c’est expliquer, avec pédagogie et clarté, pourquoi les promesses de ses dirigeants n’ont que l’apparence de la vérité, et seraient plus dévastatrices que salvatrices. C’est, aujourd’hui plus que jamais, complexe. C’est, plus que jamais, essentiel.

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10/02/2017

Le Monde 09/02/2017

Vers la fin de la prescription pénale ? Article par Jean-Baptiste Jacquin

L’Assemblée nationale s’apprête à adopter une loi doublant les délais de prescription pour les crimes et les délits, à la satisfaction des associations de victimes.

Jusqu’où faut-il repousser les délais de prescription de l’action publique en matière pénale ? Pourquoi le faire, et avec quel risque ? Durant la semaine du 13 février, l’Assemblée nationale s’apprête à voter une réforme doublant ces délais de prescription.

Ce principe, hérité du droit romain, fixe la limite temporelle au-delà de laquelle la société estime qu’il vaut mieux passer l’éponge sur un crime plutôt que de se risquer à ouvrir un dossier trop ancien. Selon ce texte d’initiative parlementaire, le délai de prescription de l’action publique passera de trois à six ans pour les délits, de dix à vingt ans pour les crimes. Le délai pour les contraventions reste inchangé à un an. La prescription pénale est à la fois une règle de procédure –donc perçue comme technique et peu noble –et un principe central, donnant son sens à l’action de la justice dans la société. Cette loi d’airain des trois ans et des dix ans est restée gravée dans le marbre depuis deux siècles et son inscription par •Napoléon dans le code d’instruction criminelle de 1808.

Paradoxalement, y toucher ne devrait pas bouleverser tant de choses dans le fonctionnement quotidien de la justice. Mais le symbole est tellement puissant que des débats passionnés sont soulevés à la seule évocation de ce couperet du temps judiciaire.

« C’est sans doute le dernier texte que nous votons avant l’imprescriptibilité », avait affirmé Alain Tourret à la tribune de l’Assemblée nationale lors de la discussion en première lecture, en mars 2016. Rapporteur de cette proposition de loi, le député (Parti radical de gauche) du Calvados en est également le coauteur avec •Georges Fenech, député (Les Républicains) du Rhône. L’ex-avocat et l’ex-magistrat, souvent violemment opposés dans l’Hémicycle, se sont cette fois parfaitement entendus pour sauver le principe de la prescription.

Combat de mémoire

Car c’était l’enjeu. Dans une société où l’instantanéité des réseaux sociaux se conjugue avec la mémoire sans limites qu’autorise potentiellement Internet, cette « loi de l’oubli » paraît plus difficile à justifier. Le combat de mémoire mené par des associations de victimes de plus en plus puissantes rejoint les préoccupations mémorielles qui mobilisent les élus.

Dès lors, le principe de la prescription se retrouve sur la sellette. Il est présenté comme un abandon de poste de la justice –un déni de reconnaissance des victimes. « Il n’y a plus d’argument péremptoire pour imposer la prescription », reconnaît Jean Danet, membre du Conseil supérieur de la magistrature (CSM).

Fervent défenseur du principe, l’universitaire, coauteur avec Martine Herzog-Evans, Sylvie Grunvald et Yvon Le Gall de l’ouvrage de référence Prescription, amnistie et grâce en France (Dalloz, 2008), concède que « le dépérissement des preuves avec le temps n’est plus absolu ». Les progrès scientifiques permettent en effet d’identifier l’ADN (le support de l’hérédité) d’une personne à partir de vieux résidus. Le temps écoulé ne serait donc plus un facteur aggravant du risque d’erreur judiciaire. La prescription devient sujette à caution.

Un autre argument historique se fissure : celui selon lequel l’ordre social serait davantage préservé en oubliant une infraction qu’en remuant les remugles. Aujourd’hui, le trouble à l’ordre public peut aussi

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10/02/2017

naître d’une opinion choquée lorsque la justice, face à une sordide résurgence du passé, revendique son impuissance.

Dans l’affaire de pédophilie qui a éclaté à Lyon en 2016, seules sept des 72 victimes présumées du père Preynat ont pu déposer une plainte du fait de la prescription. Et la justice se livre parfois à des contorsions afin que l’opinion ait le procès qu’elle réclame. Remise à plat nécessaire Emile Louis a ainsi été condamné pour viols et assassinats en 2004, près de trente ans après la série de disparitions de sept jeunes filles handicapées dans l’Yonne. Et l’assemblée plénière de la Cour de cassation, en novembre 2014, a opéré une révolution de jurisprudence, en décidant qu’un crime prescrit pouvait être jugé dès lors qu’« un obstacle insurmontable » avait rendu jusque-là les poursuites impossibles : il fallait pouvoir juger Dominique Cottrez, qui avait reconnu avoir étouffé huit de ses nouveau-nés –des crimes vieux pour certains de plus de vingt ans.

Contrairement aux idées reçues, les magistrats ont adapté leur jurisprudence à l’évolution de la société, pour ne pas dire à l’opinion publique. En 1935, la Cour de cassation a ainsi inventé l’idée du report du point de départ du délai de prescription lorsque « la clandestinité est un élément constitutif essentiel » de l’infraction. Décidée pour un délit d’abus de confiance, cette jurisprudence s’est progressivement étendue aux abus de biens sociaux et autres faux bilans. Nombre de scandales affectant les entreprises ou les partis politiques ont ainsi pu être sanctionnés par les tribunaux contra legem, c’est-à-dire contrairement à ce que leur prescrit la loi.

Le législateur n’est pas non plus insensible à l’opinion et a multiplié les entorses à la règle. Au cours des vingt-cinq dernières années ont été votés des délais de prescription de l’action publique de trente ans pour les crimes terroristes et de trafic de stupéfiants. De même, la prescription des crimes et viols sur mineurs est portée à vingt ans, tandis que le démarrage de ce compte à rebours n’est plus la date des faits, mais l’âge de la majorité de la victime. Si la loi sur la prescription est limpide, on trouve toujours une bonne raison pour la contourner ou y introduire une dérogation. La remettre à plat était donc un impératif de sécurité juridique.

La place grandissante donnée à la victime

Mais ouvrir ce chantier, confié en 2014 à MM. Fenech et Tourret par le président de la commission des lois, Jean-Jacques Urvoas, aujourd’hui garde des sceaux, c’était prendre le risque de déplacer les curseurs du temps beaucoup plus loin. Voire de flirter avec l’imprescriptibilité.

« Qu’est-ce qui justifie qu’une société aurait le droit d’“oublier”un crime ? Qu’une société se refuse à juger l’auteur d’un crime, comme si ce crime n’avait jamais existé ? Au mépris des victimes. » Déployé par Alain Boulay, président de l’association Aide aux parents d’enfants victimes, devant la mission d’information parlementaire menée en amont de la proposition de loi, l’argumentaire porte. Car la prescription change de sens avec la place grandissante donnée à la victime dans le procès pénal. La notion de « droit au procès » apparaît. Didier Boccon-Gibod, premier avocat général à la Cour de cassation et membre du CSM, constate l’évolution d’une « justice pénale qui n’a pas pour seul objet de juger un criminel, mais aussi de rendre justice à une victime ». Tout le fonctionnement de notre machine pénale, avec un procureur de la République qui décide de l’opportunité des poursuites, reposait sur l’idée d’une justice chargée de l’intérêt de la société pour annihiler tout esprit de vengeance. C’est au nom du peuple français, et non de la victime, que la justice décide de punir, de prononcer une absence de peine ou de relaxer. Néanmoins, les juges savent qu’à l’issue du procès, aux assises comme en correctionnelle, c’est aux victimes qu’il reviendra de dire devant les micros tendus si la justice est passée ou non.

Manque de pertinence des procès tardifs

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10/02/2017

Quelques semaines après la parution, en octobre 2016, du livre de l’animatrice de télévision Flavie Flament (La Consolation, JC Lattès), racontant qu’elle avait été violée à l’âge de 13 ans, les demandes d’imprescriptibilité des crimes sexuels sur mineurs ont ainsi redoublé : la ministre des familles, Laurence Rossignol, a mis sur pied une mission de réflexion sur le sujet qu’elle a confiée à Flavie Flament et à un magistrat. De manière générale, la tentation est grande pour les victimes de voir dans les délais de prescription un indice de gravité que la société attribue à telle ou telle infraction. « Il y a désormais une concurrence entre les associations, et c’est à celle qui décrochera le pompon, c’est-à-dire l’imprescriptibilité », remarque Jean Danet, du CSM. Il n’est pas sûr, pourtant, que la justice soit le meilleur moyen de « faire le deuil » quand trop d’années ont passé.

Le remède, parfois, est même pire que le mal. « Le traumatisme pour les personnes qui se disent victimes est particulièrement important quand la poursuite de faits anciens de viol sur mineur se traduit, à l’issue de longues procédures, par des relaxes ou des acquittements », affirme Dominique Lottin, première présidente de la cour d’appel de Versailles –en précisant que « c’est souvent le cas, faute de preuves suffisantes ».

Les délais imposés par une justice débordée, les multiples actes de procédure qui permettent de « suspendre » la prescription, tout cela suffit déjà à produire des procès tardifs qui perdent de leur pertinence. Ainsi ce procès, en décembre 2016, concernant le scandale Altran, datant de 2002, qui portait sur des délits de fausse information financière prescrits au bout de trois ans mais donc jugés quatorze ans après les faits. De plus, l’imprescripti•bilité reviendrait à enfermer indéfiniment une personne dans son statut de victime. « Faire croire à une victime qu’elle ne pourra faire son deuil qu’en saisissant la justice est une profonde erreur, croyez-en mon expérience d’avocat », assure Alain Tourret.

Sauvé par la Convention européenne des droits de l’homme

Au-delà de la place croissante des victimes dans le procès, le Syndicat de la magistrature s’inquiète d’une remise en cause de la prescription par certains discours sécuritaires. Clarisse Taron, sa présidente, constate que des victimes et des associations sont « bercées par l’illusion de la sécurité que procurerait une répression étendue dans le temps ».

Face à toutes ces forces qui, comme liguées, semblent vouloir inexorablement gommer ce sablier de notre code pénal, une idée moderne vient au secours de la prescription : inscrit par Saint Louis dans la charte d’Aigues-Mortes de 1246, ce principe royal est sauvé –c’est un comble –par la Convention européenne des droits de l’homme.

Le droit à être jugé dans un délai raisonnable irrigue désormais la pratique européenne au gré des décisions de la Cour de Strasbourg. « Toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue équitablement, publiquement et dans un délai raisonnable », proclame l’article 6 de la Convention.

En doublant les délais de la prescription pénale, le •Parlement français, quant à lui, en sauve le principe. Mais il sauve aussi la seule exception reconnue par la loi française, à savoir l’imprescriptibilité des crimes contre l’humanité. Une distinction fondamentale, symbolique et historique qui a bien failli disparaître, banalisée à l’occasion de ce débat.

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10/02/2017

Libération 09/02/2017

Jean Messiha, l'étonnant «monsieur programme» de Marine Le Pen Article par DOMINIQUE ALBERTINI

Énarque, «Français de souche par naturalisation» comme il se présente, ce quadragénaire doit contribuer par son profil techno à crédibiliser le parti d'extrême droite. Dans l’équipe de campagne de Marine Le Pen, dominée par des proches de la candidate, il est l’une des rares surprises : Jean Messiha, un énarque de 46 ans, est en charge du projet de la candidate frontiste. Tâche stratégique qui a valu à ce fonctionnaire, encore inconnu du grand public, d’être remercié par la présidente du Front national lors du meeting de lancement de sa campagne, le 5 février à Lyon. «Le poste est compliqué, témoigne un dirigeant du FN. Dans et autour du parti, il y a plein de gens qui se croient très intéressants et qui vous envoient la somme de leurs propositions. Charge à lui de compiler tout cela et de le rendre compréhensible». Publiés à Lyon, les 144 principaux engagements de la candidate seront bientôt complétés par plusieurs «fascicules» thématiques.

Quadragénaire coquet et volubile, Messiha n’est sorti de l’ombre qu’à la fin de l’été 2016, et d’abord comme porte-parole des «Horaces», un collectif d’experts alimentant Marine Le Pen en notes et propositions. Sorti de l’Ena en 2005 avec rang d’administrateur civil, nommé en 2016 «adjoint au sous-directeur du pilotage opérationnel» au ministère de la Défense, Messiha dit cohabiter au sein des Horaces avec «des cadres supérieurs du public et du privé, des magistrats, des avocats, des préfets, d’anciens membres de cabinets ministériels de droite...». Impossible de vérifier le pedigree de ces prestigieux soutiens, pour lesquels l’anonymat est de rigueur. Leur mission : «Identifier le contenu des cent premiers jours de Marine Le Pen au pouvoir, explique Messiha. Et casser l’image d’un FN tournant autour de cinq personnes et incapable de gouverner».

«Arabe à l’extérieur, français à l’intérieur»

Une crédibilisation à laquelle doit participer l’intéressé, probable candidat aux législatives à Mulhouse, la ville de son enfance. L’homme dit avoir rencontré Marine Le Pen en 2014 après l’envoi d’un simple mail au parti, son profil ayant été jugé «intéressant» par l’entourage de la présidente du FN. Censé démontrer l’attractivité du Front pour un public hautement qualifié, Messiha incarne en outre un exemple d’assimilation : né Égyptien, ce fils d'un diplomate copte n’est arrivé en France qu’à l’âge de huit ans. «J’ai atterri à Mulhouse sans parler un mot de français, raconte-t-il. À l’école, la maîtresse m’a placé près d’elle et m’apprenait [la langue] tandis qu’elle faisait cours au reste de la classe». Suivront le choix d’un nouveau prénom, une naturalisation puis d’excellentes études. «Je suis assimilé, arabe à l’extérieur, français à l’intérieur», se targue le fonctionnaire, qui aime aussi à se présenter comme un «Français de souche par assimilation».

Lui qui a évoqué auprès de Valeurs Actuelles les «relents fascistoïdes» du «FN de Jean-Marie Le Pen» se retrouve tout à fait dans la ligne social-souverainiste de Marine Le Pen et Florian Philippot : Messiha dénonce avec vigueur les «mesures austéritaires» du gouvernement ainsi que la monnaie unique européenne. Comme il le faisait déjà en 2005 dans un discours à la fondation Res Publica, créée et présidée par Jean-Pierre Chevènement, dont il était alors un partisan. Paradoxal, alors que les Horaces ont d'abord été identifiés comme une «aile droite» du FN, appelant, par une tribune publiée en février 2016 dans Valeurs Actuelles, à un «programme plus réaliste» en matière économique. «Nous avons des sensibilités différentes, il y a des débats», élude Messiha.

Mais l'énarque ne néglige pas non plus, loin de là, la charge radicale du discours frontiste, appelant régulièrement à «cesser» une immigration dont il est lui-même issu. La question a d'ailleurs donné lieu à de houleux échanges avec des journalistes de Libération, au cours desquels Jean Messiha a semblé méconnaître, puis contester, la distinction établie par l'Insee entre «étrangers» et «immigrés» —pourtant essentielle à la bonne lecture du programme frontiste. Sur Twitter, avec l’application des nouveaux convertis, l’énarque parcourt aussi tous les registres de la rhétorique frontiste :

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10/02/2017

stigmatisation des médias, dénonciation d’un maléfique «système», de l’«oligarchie mondiale», de la «gauche moisie» ou encore de vagues cafés «interdits aux “souchiens”» (c’est-à-dire aux blancs). Une assimilation décidément réussie.

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10/02/2017

20minutes 09/02/2017

Hollande envisage une Journée nationale de commémoration de tous les génocides Article par 20 Minutes avec AFP

COMMEMORATION La ministre de l’Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem avait installé en octobre une mission de réflexion sur ces crimes... François Hollande a annoncé mercredi soir qu’il envisageait une « Journée nationale de commémoration de tous les génocides, crimes de guerre et crimes contre l’humanité », dont le génocide arménien.

Rappelant que la ministre de l’Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem avait installé en octobre une mission de réflexion sur ces crimes conduite par l’historien Vincent Duclert, le chef de l’Etat a indiqué que cette mission travaillerait également sur les « modalités » de cette journée.

« Soutenir les Arméniens »

« Une Journée nationale pourra donc être dédiée à la mémoire du génocide » arménien, a-t-il ainsi souligné lors du dîner annuel du Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF). La France, a-t-il fait valoir, « a toujours voulu soutenir les Arméniens dans leur combat pour la reconnaissance du génocide ».

« Nous sommes conscients que nous devons accueillir les pourchassés, les persécutés, les rescapés », a-t-il enchaîné, soulignant que « cette leçon […] vaut également pour les grands pays, pour les États-Unis d’Amérique qui ont vu comme la France les idées des Lumières inspirer la construction de leur nation ». Le président français qui ne cesse d’épingler depuis plusieurs semaines la politique de la nouvelle administration américaine de Donald Trump a invoqué la « responsabilité morale » des États-Unis.

Les Etats-Unis visés

« Nous ne pouvons pas accepter qu’une grande nation comme les États-Unis d’Amérique puisse imaginer qu’il faille ériger des murs pour empêcher d’entrer des populations parce qu’elles viennent de pays qui sont en plus des pays ravagés par des guerres », a-t-il insisté.

Politiquement très œcuménique, le dîner du CCAF a réuni dans un grand hôtel parisien la maire (PS) de Paris Anne Hidaldgo, la présidente (LR) de la région Ile-de-France Valérie Pécresse, le candidat du Front démocrate à la primaire élargie du PS Jean-Luc Bennahmias ainsi que des députés de tous bords.

A la table d’honneur, le président de la République faisait ainsi face au candidat du PS à la présidentielle, Benoît Hamon, avec lequel il a échangé quelques mots.

Il s’agissait de la quatrième et dernière participation de François Hollande au dîner du CCAF depuis son élection mais, a-t-il promis, « au-delà du mois de mai, je serai toujours à vos côtés ».

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10/02/2017

Le Monde 10/02/2017

Marine Le Pen cherche à adoucir le ton sans toucher à ses fondamentaux Article par Olivier Faye

Pour rassurer les électeurs, la candidate du Front national se veut plus consensuelle ; son entourage se charge des déclarations offensives.

Invoquer Donald Trump, mais sans le copier. S’inspirer de sa victoire, mais sans reproduire ses outrances. C’est la ligne de crête sur laquelle marche Marine Le Pen dans sa course à l’Elysée.

La candidate du Front national (FN) à l’élection présidentielle ne cesse de louer le nouveau président américain, qui aurait su parler au nom du « peuple » contre le « système ». Mais la députée européenne veut aussi naviguer à contre-courant de ses déclarations sur les musulmans, l’immigration ou encore les femmes.

Par ailleurs, si le milliardaire se trouvait dans la position confortable d’un candidat investi par un grand parti ; elle représente une formation qui n’a jamais exercé le pouvoir, et qui suscite un fort rejet dans la société.

« Les dérapages, c’est fini »

Depuis plus d’un an, la fille de Jean-Marie Le Pen tente donc de présenter un visage « apaisé » pour rassurer les électeurs. Elle n’a par exemple pas hésité à désavouer franchement, lors de « L’Emission politique » de France 2, jeudi 9 février, un collaborateur de son directeur de campagne David Rachline, qui a traité sur Twitter de « racaille » le jeune homme victime de violences policières à Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, le 4 février.

En théorie, il n’est plus question pour Marine Le Pen de faire de vagues. De lâcher une déclaration choc sur l’« occupation » que représenteraient les prières de rue musulmanes, comme elle l’avait fait, en 2010, à Lyon. Ou encore de publier sur Twitter des images d’otages décapités par l’organisation Etat islamique, comme après le second tour des élections régionales, en 2015. Dans cette campagne, la stratégie frontiste consiste à présenter la candidate comme une femme à même de rassembler. Et à laisser à ses lieutenants –ou assimilés –le soin de donner des gages à une base radicalisée sur les questions de l’islam ou l’immigration.

« Les dérapages, c’est fini. On ne fait pas du scandale pour faire du scandale. On fait un programme de gouvernement, affirme un dirigeant de la campagne. C’est la preuve de la maturité, d’un abandon de certaines pratiques de l’héritage lepéniste. » Plusieurs bras droits se chargent de temps en temps de rappeler à ceux qui craindraient une évolution trop consensuelle que le FN reste le FN. C’est Nicolas Bay, le secrétaire général du parti, qui plaide en septembre 2016, devant des militants réunis à Fréjus (Var), pour le « regroupement familial », mais « dans les pays d’origine ». C’est Louis Aliot, compagnon de Marine Le Pen, qui reprend une vieille antienne frontiste et appelle sur un site communautaire juif, mercredi, à « inverser les flux migratoires en France mais également dans l’Europe entière ».

C’est aussi Steeve Briois, le maire d’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), qui répond « pourquoi pas » à l’hypothèse d’une interdiction d’entrée sur le territoire de ressortissants de certains pays musulmans, comme aux Etats-Unis. Ou c’est encore Robert Ménard, le maire apparenté FN de Béziers (Hérault), qui veut organiser un référendum dans sa ville sur l’accueil des migrants. « Sur l’immigration, sur l’islam, je dis un certain nombre de choses que Marine ne dira pas, mais que son électorat pense. Ça lui est utile », estime ce dernier.

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10/02/2017

« Ce qui était scandaleux ne l’est plus »

Cette stratégie revient par moments comme un boomerang au visage de Marine Le Pen. Le 1er février, sur la chaîne d’information américaine CNN, la présidente du FN a dû répondre de propos qu’elle avait tenus elle-même à une télévision australienne, cinq ans plus tôt.

« Est-ce que vous accepteriez que douze clandestins viennent s’installer dans votre appartement ? Vous n’accepteriez pas, déclarait alors Marine Le Pen. Et que de surcroît ils changent le papier peint ! Et que même, pour certains d’entre eux, ils volent votre portefeuille, et qu’ils brutalisent votre femme ! Vous n’accepteriez pas ! Nous sommes accueillants, mais c’est nous qui décidons avec qui nous sommes accueillants. »

D’abord surprise, la députée européenne a feint de ne pas être l’auteure de ces propos. Puis elle a plaidé en faveur d’une mauvaise traduction.

Toujours est-il que cette volonté d’apaisement ne satisfait pas ceux qui croient que l’époque sourit aux apôtres du parler dru. « On pourrait être plus offensifs sur certains points. Mais le choix qui a été fait est celui de la sécurité », regrette un élu FN.

« Marine Le Pen est la mieux placée pour faire une campagne à la Trump, mais elle veut faire une campagne de gouvernement, propre », analyse de son côté un des représentants de la « fachosphère », cette nébuleuse disparate de sites Internet qui répand sur la Toile des messages propices à servir la cause de la candidate frontiste. « Je suis surpris quand les gens pensent que Marine n’a pas un discours assez dur.

Elle est incisive, rétorque Jean-Lin Lacapelle, chargé de la mobilisation militante de la candidate. Quand elle propose un délai de carence de deux ans avant que les étrangers profitent des prestations sociales, elle va encore plus loin que nos fondamentaux. » Une proposition que le candidat du parti Les Républicains, François Fillon, reprend lui aussi à son compte.

« Nous n’avons pas changé, avance un proche de Marine Le Pen. Mais ce qui était considéré comme scandaleux avant ne l’est plus. Sarko a mis la barre tellement haut que nous avons désormais une certaine liberté d’expression. » Une manière de rappeler l’essentiel : le verbe peut s’adoucir, mais le fond du projet, lui, reste le même.

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10/02/2017

Le Monde 10/02/2017

La peur du loup Front national Article par Françoise Fressoz

A gauche comme à droite, une possible victoire de Marine Le Pen est agitée comme un épouvantail. Une manière pour les deux camps, fragilisés, de remobiliser leurs troupes.

Ils disent que cette fois c’est possible, qu’ils ont peur. Peur du loup. Peur que la présidente du Front national (FN), Marine Le Pen, remporte l’élection présidentielle. « Je ne pense pas que ce soit une aubaine pour la démocratie ces affaires, cette manière dont on est en train de pourrir la présidentielle », a déploré, mercredi 8 février, sur LCP, le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Jean-Christophe Cambadélis. Et d’ajouter : « Nous sommes dans un climat qui ressemble à ce qui s’est passé aux Etats-Unis, avec Marine Le Pen dans le rôle de Donald Trump. »

A peu près au même moment, François Fillon, le candidat affaibli de la droite mettait lui aussi en garde contre les risques d’une possible victoire de la candidate du FN en s’exclamant : « Si je ne peux pas être candidat, vous pensez qu’Emmanuel Macron l’emportera contre Marine le Pen ? Non. Mes électeurs passeront vers Marine Le Pen. »

Sont-ils sincères l’un et l’autre ? Ont-ils vraiment peur du loup ? Oui, car ce qui se passe au niveau international –du Brexit à l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche –, contribue à valoriser le projet de Marine Le Pen. Oui, car ce qui se passe par ailleurs sur la scène nationale depuis le début de la campagne des primaires joue aussi en sa faveur : une tendance affirmée au coup de balai alors que la représentation politique est fortement dévalorisée.

Le plafond de verre

Et pourtant non, ils ne croient pas vraiment que Marine Le Pen pourra remporter l’élection présidentielle. Ils pensent que le plafond de verre jouera encore, celui-là même qui l’avait empêchée d’emporter des régions au second tour du scrutin de décembre 2015 alors que le FN était arrivé en tête au premier tour avec 27,7 % des suffrages. Ils pensent qu’ils sont encore les plus forts.

La gauche est en miettes mais Jean-Christophe Cambadélis fait tout pour qu’au lendemain du premier tour de la présidentielle, un rassemblement des progressistes se forme pour faire barrage à Marine Le Pen. Il le voit large –de Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) à Emmanuel Macron (En Marche !). C’est la raison pour laquelle, même si Benoît Hamon est le candidat socialiste, et même si Emmanuel Macron apparaît aujourd’hui comme son rival le plus sérieux, ce n’est pas vraiment la guerre entre eux.

A côté, François Fillon apparaît très seul mais pas encore coulé : l’épouvantail Le Pen lui sert à remobiliser la droite qu’il a déçue et qui veut malgré tout la victoire. S’il parvient à regagner les quelques points qu’il a perdus dans les sondages d’intention de vote, tout redeviendra possible.

Car sur un fait Jean-Christophe Cambadélis et François Fillon s’accordent : Marine Le Pen est déjà qualifiée pour le second tour. La seule question est de savoir qui arrivera derrière elle pour tenter de la battre.

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10/02/2017

Le Monde 10/02/2017

Le délit de consultation de sites terroristes censuré par le Conseil constitutionnel Article par Martin Untersinger

Les conseillers de la rue de Montpensier ont estimé que le texte limitait la liberté d’expression de manière disproportionnée.

La simple consultation d’un site Internet, fût-il terroriste, ne doit pas conduire en prison, a estimé, vendredi 10 février, le Conseil constitutionnel. Saisi par un Français poursuivi pour avoir consulté des contenus djihadistes, notamment des chants, sur l’application Telegram, ce dernier a jugé que le code pénal, qui prévoit depuis le mois de juin de punir de deux ans de prison et de 30 000 euros d’amende le fait de « consulter habituellement » des sites Internet faisant l’apologie du terrorisme ou incitant à commettre de tels actes était contraire à la Constitution.

Le Conseil a d’abord rappelé, en préambule, que « la libre communication des pensées et des opinions » garantie par la Déclaration des droits de l’homme de 1789 « implique la liberté d’accéder » à Internet. Il a ensuite expliqué que toute disposition rognant sur cette liberté se devait d’être « nécessaire, adaptée et proportionnée ».

Nécessaire, la loi contestée ne l’est nullement, a noté le Conseil, égrenant les nombreuses dispositions constituant l’arsenal répressif, judiciaire comme administratif, dont s’est dotée la France, ces dernières années, pour lutter contre le terrorisme. Les gardiens de la Constitution notent que les pouvoirs des enquêteurs et des magistrats en matière d’enquêtes antiterroristes sont nombreux et ont été accrus ces dernières années ; les capacités de surveillance des services de renseignement ont connu la même évolution, et des capacités administratives de blocage et de déréférencement des sites Internet ont été octroyées aux forces de l’ordre. Bref, résume le juge constitutionnel, les pouvoirs publics peuvent déjà « contrôler » les sites, « surveiller » leurs visiteurs et les « sanctionner » lorsqu’ils risquent de passer à l’action, et ce « avant même que ce projet soit entré dans sa phase d’exécution ».

Le Conseil constitutionnel a aussi estimé que l’atteinte à la liberté de communication portée par ce délit n’est ni adaptée, ni proportionnée, puisqu’il « n’impose pas que [son] auteur ait la volonté de commettre des actes terroristes », pas plus qu’il adhère « à l’idéologie exprimée » sur ces sites. Autrement dit, et comme l’avait noté l’avocat François Sureau lors de son intervention devant le Conseil pour la Ligue des droits de l’homme, la loi contestée punit la « simple démarche intellectuelle ».

La loi prévoyait une exception lorsque la consultation habituelle était réalisée « de bonne foi ». Le Conseil a semble-t-il entendu les arguments de M. Sureau, qui a estimé lors de l’audience que la loi attaquée empêchait « le citoyen d’une démocratie de se former une opinion justifiée sur l’une des menaces les plus graves qui pèsent sur notre société, sur sa nature et sur ses formes », jetant « un pan entier de la liberté de penser […] dans l’ombre policière et répressive ». Les conseillers ont en effet balayé cette exception, jugeant qu’elle faisait « peser une incertitude sur […] l’usage d’Internet pour rechercher des informations ».

Fin d’un serpent de mer

Cette décision du Conseil constitutionnel intervient dans un contexte particulier : la France a adopté une loi à visée antiterroriste par an depuis 2012, sans compter les dispositions relatives à l’État d’urgence. Cet édifice sécuritaire est régulièrement critiqué pour le recul qu’il fait subir aux libertés, faisant dire à M. Sureau que « la tristesse de ce temps » tenait « à l’évidente fragilité des grands principes dans notre conscience même. […] Les gouvernements ont cédé. Les parlements ont cédé. Personne je crois n’aurait pu, dans notre jeunesse nourrie des grands exemples et des drames du

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10/02/2017

passé, imaginer qu’ils céderaient aussi facilement, par lâcheté, par inconséquence ou par calcul ». Par cette décision, le Conseil constitutionnel enfonce un deuxième coin dans cet édifice, après sa décision du mois d’octobre concernant la surveillance hertzienne.

Le juge constitutionnel, dont la décision signe la fin de toutes les procédures pour consultation habituelle de sites terroristes à l’exception des affaires définitivement jugées, coupe aussi définitivement la tête d’un serpent de mer qui venait régulièrement hanter les débats parlementaires sur l’antiterrorisme. D’abord proposé en 2012 sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, après les attentats de Toulouse et Montauban, le délit de consultation habituelle de sites terroristes avait été vertement critiqué par le Conseil d’Etat, mais défendu par la droite, et finalement voté par les députés de gauche. Contre l’avis du gouvernement, il avait finalement pris place dans la loi sur la réforme pénale, promulguée en juin.

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10/02/2017

Libération 10/02/2017

Voyage au cœur de l'armée des trolls d'extrême droite Article par SERVICE DESINTOX

On s'est enrôlé dans «La Taverne des patriotes», rassemblement d'activistes numériques de la fachosphère qui réfléchissent au moyen de peser sur la présidentielle.

Dans un article publié le 24 janvier, le journaliste de BuzzFeed Ryan Broderick révélait l’existence du salon de tchat électronique «The Great Liberation of France«, hébergé par la plateforme de tchat Discord. Des trolls pro-trump y organisaient en anglais l’élection de Marine Le Pen en inondant Twitter de mèmes pro-FN. Au cours de son article, le journaliste de BuzzFeed nous apprenait l’existence de «La Taverne des patriotes», son équivalent destiné uniquement aux francophones, qui a déjà été visitée par quelques journalistes français (ici par exemple).

Une petite souris très curieuse a voulu y faire un tour et nous a raconté son escapade chez les crapauds de la Taverne. D’abord, elle a dû trouver l’adresse: pour cela rien de plus simple, le lien vers le salon de Discord a été directement envoyé hier soir par un Twittos à Pierre Sautarel, le coordinateur du site Fdesouche.

Une fois arrivé, un robot et un modérateur font les physios à l’accueil. Heureusement pour la petite souris, ces videurs n’ont rien du Sphynx et il n’y a pas besoin d’avoir fait l’ENA pour répondre à l’énigme: «Tu soutiens quel parti ?»

Maligne, la petite souris a répondu «le FN» en guise de sésame. Et voilà, la voilà entrée dans la Taverne des patriotes. Accoudé au bar, on y trouve des crapauds de la fachosphère, des profils à la gloire de pétain, des fleurs de lys et des fans de Marion Maréchal-Le Pen qui discutent au sein des différents sous-groupes: la taverne (où l’on parle de tout et de rien), les discussions sérieuses, les mèmes patriotes, les liens intéressants, la boîte à idée et les opérations.

Raids anti-Mélenchon ou Macron

C’est ce dernier groupe, où l’on prépare des attaques contre Macron et Mélenchon, qui a attiré l’oeil de notre petite souris, qui a remonté le fil des conversations. A force de remonter, la petite souris est tombée sur cette mention à propos de la rubrique Désintox de Libération.

Un certain Ludovic Marchetti, qui a tout l’air d’être ce «conseiller régional Centre Val de Loire, conseiller municipal Amilly FN» (il postera un lien vers son compte Twitter jeudi, lors du raid #LeVraiMacron) y demande alors si «un raid anti @LibeDesintox est-il prévu ou peut-il être envisagé?». Heureusement, Ernest Nord et AntoineBisco vont défendre à leur manière ce «pipi de chat» qu’est Désintox, qui ne mérite pas plus d’exposition que les 40 RT qu’il réalise d’habitude quand il corrige le FN.

En revanche, Emmanuel Macron, lui, qui n’est pas du «pipi de chat», a donc les honneurs des conseils de guerre. Si la petite souris n’est pas foutue dehors de ce sympathique endroit, on vous tiendra au courant des discussions de comptoir de la taverne.

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10/02/2017

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