Université Du Québec Mémoire Présenté À L'université Du
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UNIVERSITÉ DU QUÉBEC MÉMOIRE PRÉSENTÉ À L'UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À TROIS-RIVIÈRES COMME EXIGENCE PARTIELLE DE LA MAÎTRISE EN ÉTUDES QUÉBÉCOISES PAR ALEXANDRE DUMAS L'ABBÉ PIERRE GRAVEL : COMMENT CONCILIER LE SYNDICALISME AVEC LE NATIONALISME D'EXTRÊME DROITE (1924-1949) AOÛT 2012 Université du Québec à Trois-Rivières Service de la bibliothèque Avertissement L’auteur de ce mémoire ou de cette thèse a autorisé l’Université du Québec à Trois-Rivières à diffuser, à des fins non lucratives, une copie de son mémoire ou de sa thèse. Cette diffusion n’entraîne pas une renonciation de la part de l’auteur à ses droits de propriété intellectuelle, incluant le droit d’auteur, sur ce mémoire ou cette thèse. Notamment, la reproduction ou la publication de la totalité ou d’une partie importante de ce mémoire ou de cette thèse requiert son autorisation. 11 RÉSUMÉ L'abbé Pierre Gravel (1899-1977) est un organisateur syndical et un conférencier nationaliste dont la popularité s'étend à l'échelle de la province. Influencé par Lionel Groulx, Henri Bourassa et Charles Maurras, ce prêtre se fait connaître en présentant aux Canadiens français un projet de profonde réforme de la société. Ce projet s'inspire à la fois de la doctrine sociale de l'Église, de la droite intellectuelle française et plus tard des dictateurs européens, en particulier d'Oliveira Salazar et de Philippe Pétain. Très populaire à son époque auprès des ouvriers et de la droite nationaliste, l'abbé Gravel est aujourd'hui généralement oublié et absent de l'historiographie. L'analyse du discours de l'abbé Pierre Gravel permet de jeter un regard nouveau sur certains courants de pensée jusqu'ici étudiés de façon superficielle. Certaines mises au point semblent encore nécessaires alors que certains historiens et essayistes présentent toujours le Québec des années 30 et 40 comme ùne société profondément fasciste et antisémite. Sans nier les sympathies qu'on pouvait retrouver pour les dictateurs européens ou les attaques à l'encontre des Juifs, nous nous proposons de mettre en lumière la façon dont ces tendances pouvaient s'inscrire dans un discours plus large. Par exemple, quel intérêt un nationaliste qu'on pourrait qualifier d'extrême droite trouvait-il dans l'activité syndicale? Peut-on être à la fois syndicaliste et fasciste? Des préoccupations sociales sincères peuvent-elles mener à l'autoritarisme? La Grande Dépression et la Seconde Guerre mondiale présentent un contexte propice aux profondes remises en question. Ce qui est perçu comme l'échec de la Confédération mène à un nationalisme de plus en plus radical où s'insère parfois le séparatisme. Les conséquences de la Crise économique amènent à considérer des mesures drastiques pour y remédier. Ainsi, on passe de simples critiques à l'égard de la démocratie à de profondes sympathies pour les États autoritaires européens. Finalement, on passe d'une simple méfiance envers les Juifs à un antisémitisme de III plus en plus prononcé et hargneux. L'abbé Pierre Gravel s'inscrit parfaitement dans ces courants en pleine évolution. Ce mémoire vise donc, par l'étude d'un personnage, à jeter un regard nouveau sur la droite nationaliste québécoise. Notre travail se consacre toutefois à un seul personnage et non à un courant dans son ensemble. Il nous semble tout de même nécessaire de considérer le cas de Pierre Gravel dans le cadre de l'étude d'un « fascisme québécois », à savoir si un tel courant a existé et, dans ce cas, comment se définissait-il. lV REMERCIEMENTS Je tiens à remercier mon directeur de maîtrise, M. Pierre Lanthier, pour ses conseils toujours avisés, ses encouragements continus, le partage de son savoir encyclopédique et surtout pour avoir toujours placé la barre un peu plus haut que je ne l'aurais fait moi-même. Je lui suis particulièrement reconnaissant de m'avoir poussé à sortir du strict cadre du mémoire et à partager les résultats de mes recherches. Je remercie également mes professeurs MM. Claude Bellavance et Serge Cantin pour m'avoir habilement guidé dans les premières étapes de la réalisation de ce mémoire. J'adresse un remerciement tout spécial à M. René Hardy qui, par un mot tout simple à mon égard lors de son allocution au 17e colloque étudiant du CIEQ, m'a convaincu de la pertinence de poursuivre dans la voie que je me suis tracée. Je m'en voudrais d'oublier M. Stéphane Castonguay, qui m'a gracieusement aménagé un espace de travail à sa chaire de recherche, où j'ai rédigé l'intégralité de mon mémoire. Je remercie mes parents, Lucie et Mario, ainsi que mes grands-parents Jeannine et Benoît, pour leur soutien indéfectible et leurs encouragements constants. Merci à mon oncle et parrain, Jacques Plamondon, pour sa contribution régulière et considérable à ma bibliothèque personnelle et à la bibliographie de mon mémoire. Je tiens également à remercier mes confrères et consœurs étudiants d'Études québécoises, en particulier mes collègues de la chaire d 'histoire environnementale, dont le contact quotidien s'est avéré un excellent stimulant. Merci à Geneviève Pagé d'avoir magnifiquement enjolivé mon espace de travail. Finalement, ce mémoire n'aurait jamais pu être réalisé sans l'abbé Pierre Gravel, à qui je dis merci d'avoir vécu. v TABLE DES MATIÈRES RÉSUMÉ ii REMERCIEMENTS iv TABLE DES MATIÈRES v INTRODUCTION 1 CHAPITRE 1 : Biographie 11 1. La jeunesse 11 1.1 Initiation au patriotisme Il 1.2 Un mauvais maître 13 2. Le syndicaliste à Thetford Mines 15 2.1 L'intellectuel chez les ouvriers 16 2.2 Le Syndicat national catholique de l'Amiante 19 2.3 L'ennemi des libéraux 21 3. Le "curé fasciste" de Saint-Roch 24 , 3.1 La communauté intellectuelle 24 3.2 Le projet de révolution nationale 29 3.3 La Seconde Guerre mondiale 34 4. Le curé de Boischatel 36 4.1 L'allié de l'Union nationale 37 4.2 Le réactionnaire 38 4.3 Les dernières années 41 CHAPITRE 2 : Le discours national 44 1. Les maîtres 44 1.1 Henri Bourassa, le politique le plus franc 45 1.2 Charles Maurras, maître du style et de la langue 48 1.3 Lionel Groulx, historien national 50 1.4 Louis Veuillot, lutteur intrépide 57 1.5 Louis-Adolphe Paquet, théologien national 58 2. Le discours national 59 2.1 L'antilibéralisme 59 2.2 Le nationalisme 69 2.3 L'antisémitisme 85 3. Les modèles 96 3.1 Salazar 97 3.2 Franco 101 3.3 Pétain 103 3.4 Mussolini 106 3.5 Hitler 107 4. Gravel fasciste? 109 5. Groulx et Gravel : même combat? 116 VI CHAPITRE 3 : Le discours social 122 1. Le syndicalisme: sauvegarde de l'ordre social 123 1.1 La théorie 124 1.2 L'aumônier-directeur en action 130 2. Le corporatisme et l'organisation économique 142 2.1 Corporatisme social ou autoritaire? 142 2.2 Contre le libéralisme économique 149 2.3 L'organisation de l'économie 152 CONCLUSION 163 BIBLIOGRAPHIE 172 INTRODUCTION Le 29 avril 1938, le député conservateur Thomas Langton Church de Toronto Broadview inscrit au feuilleton de la Chambre des Communes la question suivante: « Quelle mesure le Gouvernement prendra-t-il pour empêcher ou réprimer la révolution que M. l'abbé Gravel a proposée comme le moyen, pour les gens de Québec, de reconquérir leur propre province tel que rapporté par la presse de la ville de Québec dans des articles publiés le 6 avril 1938? »1 Qui est donc cet inquiétant abbé dont l'appel aux armes s'est rendu jusqu'aux oreilles des parlementaires fédéraux? Vicaire de la paroisse Saint-Alphonse de Thetford Mines de 1924 à 1935, l'abbé Pierre Gravel se fait d'abord connaître en fondant le Syndicat national catholique de l'Amiante. Détesté autant par les patrons des mines que par le Parti libéral du Québec, ce prêtre turbulent est finalement contraint par le cardinal Villeneuve de quitter ses ouvriers. Ensuite vicaire de la paroisse Saint-Roch de Québec de 1935 à 1946, il se taille une réputation à travers tout le Québec avec ses conférences à saveur nationaliste. Il y exprime ses convictions séparatistes, ses sympathies profondes pour les dictateurs européens et sa haine de la « franc-maçonnerie juive ». On l'a surnommé « le père Coughlin de Québec », le « matamore en soutane» et « le curé fasciste en liberté ». Au cours de la Seconde Guerre mondiale, il inquiète autant le cardinal Villeneuve que le gouvernement fédéral par ses sympathies vichystes et ses discours contre la conscription. Finalement curé de Boischatel de 1946 à 1974, l'abbé Gravel fait encore parler de lui par son combat sans relâche contre l'infiltration communiste au Québec, son appui inconditionnel à l'Union nationale et sa contestation bruyante de la Révolution tranquille. Pierre Gravel a malgré tout basculé dans l'oubli depuis son décès. Les historiens québécois ont fait bien peu de place à ce personnage haut en couleurs. Sans aller jusqu'à le comparer à Lionel Groulx, nous pouvons affirmer que l'abbé Gravel a eu une influence considérable auprès de ses contemporains. Il a joui d'une popularité notable auprès de groupes de jeunes nationalistes tels que les 1 Les propos du député sont rapportés infidèlement dans l'article « L'abbé Pierre Gravel inquiète T. L. Church», Le Soleil, 29 avril 1938. La question citée ici provient des Débats de la Chambre des Communes, 1938, p. 2489. 2 journalistes de La Nation ou encore les Jeunes Laurentiens. Nombreux sont les députés, maires et échevins à avoir assisté ou même participé à ses conférences. Maurice Duplessis, pour ne nommer que celui-ci, figure parmi les intimes de l'abbé Grave!.