Monsieur GASCOIN William Le 09 Août 2020 Chez Mérigoux 16490 ALLOUE

Concerne : Projet éolien de « La croix de Pauvet » Availles Limouzine Monsieur BELLIER Jean-Yves Commissaire enquêteur Mairie 86460 AVAILLES - LIMOUZINE

Monsieur le commissaire,

Préambule En 2005, l'environnement est placé au plus haut niveau du droit français avec l'adoption d'une charte de l'environnement adossée à la Constitution. Avec cette charte, l'environnement se place au même niveau que les Droits de l'Homme de 1789 et les droits économiques et sociaux de 1946.

En vertu de l'article 2 de cette charte de l'environnement adoptée le 28 février 2005 par le parlement qui précise que : « toute personne a le devoir de prendre part à la préservation et à l'amélioration de l'environnement », et de l'article 6 de la même charte qui stipule que : « les politiques publiques doivent promouvoir un développement durable. A cet effet, elles concilient la protection et la mise en valeur de l'environnement, le développement économique et le progrès social », j’exerce donc ce devoir durant cette enquête publique.

Concernant le projet dont il est question ici, et après lecture des documents afférents, je considère que celui-ci est incompatible avec la mise en valeur de l’environnement et avec le progrès social

SUR LES INCOMPATIBILITES AVEC LA MISE EN VALEUR DE L ENVIRONNEMENT :

A a page 14 du R.N.T – E.I.E, il est mentionné que : « Le site a été retenu par le maître d'ouvrage notamment car il se trouve au sein d'une zone déterminée comme étant favorable par le SRE. » Le porteur du projet insère à cet endroit une carte régionale du Poitou- avec les zones favorables.Cependant, il se dispense de donner des détails d’une importance capitale à ce sujet. Il est bon de rappeler ici que si les communes listées comme favorables à l’éolien selon le SRE, elles le sont d’un point de vue global, au niveau de la région, et doivent être soumises ensuite à une analyse plus fine à l’échelle locale des secteurs contraints, ou peu contraints, lorsqu’un projet éolien s’y inscrit…

Extraits de la page 78 du SRE Poitou-Charentes de Septembre 2012 : 7.2.5 – Limites de la méthode de détermination des zones favorables Il apparaît clairement que vu les opérations 2. et 3.de prise de moyenne et de lissage, des secteurs très contraints identifiés à l'échelle 1/50 000 dans la première étape restent au sein des zones favorables. Ainsi par exemple, les incompatibilités réglementaires liées à la proximité du bâti ne sont pas visibles à l'échelle de la représentation des zones favorables, même si les prescriptions liées s'appliquent. Il convient donc de souligner les limites de cette représentation des zones favorables au 1/ 500 000 : il s'agit d'une analyse à l'échelle régionale qui ne saurait servir de support strict à l'instruction des projets de ZDE. Il n'est ainsi pas possible d'effectuer de zoom sur cette carte pour y effectuer des analyses locales. Cette représentation des zones favorables au 1/ 500 000 n'est donc utile qu'à la définition de la liste des communes dans lesquelles un projet de ZDE peut être déposé. Ces projets seront ensuite instruits notamment en fonction des enjeux identifiés dans la carte des typologies de contraintes, décrits en partie 6, et des recommandations de la partie 8. Schéma régional éolien Poitou-Charentes septembre 2012 page 78 Extraits de la partie 6 : Il convient de noter que la présence de haies, a fortiori dans un contexte bocager, peut interférer avec le développement de ZDE et de parcs éoliens : voir pour cela les Recommandations à destination des développeurs pour la prise en compte du patrimoine naturel et du paysage dans le cadre de projets éoliens en Poitou-Charentes disponibles sur le site Internet de la DREAL Poitou-Charentes. Pour mémoire, ces recommandations visent à éloigner les éoliennes de 200 m des haies et lisières. - Prise en compte dans le SRE La détermination des ZDE et, ensuite, des parcs éoliens, seront contraints par la prise en compte de la spécificité des milieux bocagers. La démonstration de la compatibilité du développement éolien avec ces enjeux sera un préalable indispensable à tout projet éolien, pouvant nécessiter des études particulièrement approfondies.

Schéma régional éolien Poitou-Charentes septembre 2012 page 62

7.2. - Détermination des zones favorables 7.2.1 – Première étape : établissement de la carte des niveaux de contrainte au 1/50 000 À chaque élément de la typologie, est attribué un niveau de contrainte en cohérence avec les analyses produites dans la partie 6 : cette correspondance est décrite dans le tableau ci-dessous. Trois niveaux de contrainte ont ainsi été retenus: secteurs très contraints dont les secteurs faisant l'objet d'incompatibilités réglementaires), contraints et peu contraints.

Type E : Autres espaces terrestres présentant une sensibilité écologique ou paysagère Sous-type E1 : Espaces culturels et paysagers emblématiques >>>>>>Très contraint Sous type E2 : Massifs forestiers >>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>> Très contraint Sous-type E3 : Vallées >>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>> Très contraint Sous-type E4 : ZNIEFF I et II sans enjeux identifiés « chiroptères » ou« oiseaux »>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>> Très contraint Sous-type E5 : Bocages >>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>> Contraint

Schéma régional éolien Poitou-Charentes septembre 2012 page 72

Or, la MRAe à la page 4/7 de son avis et suivant les pièces du dossier analysées, précise : « Les principales sensibilités environnementales sont clairement identifiées dans le dossier au regard de ces éléments de contexte : • secteur bocager présentant des enjeux de préservation ; • habitat dispersé présent à proximité du projet, sensibilité renforcée par les parcs éoliens réalisés ou en projet aux alentours ; • vallées de la et de la Clouère, marquant le paysage et le relief à l’est et à l’ouest du projet ; • ruines du château de Saint-Germain-de- (en belvédère sur la vallée de la Vienne) et château de serre (positionné sur le haut-versant est de la vallée de la Vienne). »

Ce projet s’inscrit donc dans un secteur très contraint (vallées = incompatibilités réglementaires – espaces paysagers emblématiques) et dans un secteur contraint ( bocages présentant des enjeux de préservation). Ainsi en interprétant correctement et plus localement le schéma régional éolien il s’avère que ce projet n’est pas dans une zone favorable à l’éolien. De plus, l’impact sur le site de St-Germain de Confolens et sur les rebords de vallées, sur le château de Serre, sur le village de et sur le bourg d’Availles-Limouzine, tout comme celui induit sur l’habitat dispersé autour de la zone du projet (plus de 40 hameaux dans l’aire d’étude immédiate) et qui sera démultiplié par les autres projets en prévision aux alentours , rend ce projet incompatible avec la mise en valeur de l’environnement. Il participerait de plus à renforcer l’effet de saturation et le mitage des paysages. De plus à la page 37 du RNT – EIE, il est indiqué que les perceptions visuelles globales du projet met en évidence que le projet sera perceptible depuis une grande partie du territoire (voir carte des zones d’influences visuelles page 38)

SUR LES INCOMPATIBILITES AVEC LE PROGRES SOCIAL

Page 15 du RNT – EIE, le porteur du projet indique : « Cette approche par zooms successifs permet de sélectionner dans un premier temps les territoires les plus intéressants, ensuite un site sur ce territoire, puis la zone la plus adaptée à l’implantation d’éoliennes sur ce site, etc. » En fait, personne n’est dupe… La seule manière pour les promoteurs de sélectionner les zones possibles pour implanter leur projet éolien consiste à survoler en hélicoptère le secteur afin de déterminer où sont les zones habitées, et de tracer ensuite des cercles de 500m autour de chaque habitations afin de voir si des secteurs possibles se dégagent. Bon nombre de résidents ont vu plusieurs fois les hélicoptères tourner depuis des années autour de leur maison. Les contraintes environnementales ont donc peu d’intérêt à leurs yeux. Le seul « challenge » pour les bureaux d’études consiste à faire « passer » les projets malgré les contraintes en question, en s’arrangeant comme ils peuvent avec les obligations dont les porteurs de projets doivent s’acquitter pour les rendre acceptable. Et cela parfois, au prix de manipulations linguistiques, de photomontages non réalistes, de manque de précision, voire d’erreurs manifestes, etc. Les variantes proposées sont donc : « de la poudre aux yeux », et une façon de : « noyer le poisson »…

Autre exemple de duperie : sur la concertation à la page 19 du RNT – EIE Bilan : Au total, 23 messages de la part du public ont été reçu. La majorité d’entre eux réside sur la commune d’Availles-Limouzine. 15 sont favorables au projet, 7 sont défavorables, et 1 était une question. Qu’est-ce que sont 15 personnes sur un village de 1300 habitants ! De qui se moque t-on ici ? Il est certain que la majorité des contributeurs à cette enquête publique seront opposés à ce projet. D’un point de vue général, les français ruraux sont de plus en plus réticents à l’implantation d’éoliennes autour de chez eux. Ce qui paraît concevable dans la mesure ou chaque village est maintenant sollicité par les promoteurs. Et avec la P.P.E que vient de signer Élisabeth BORNE, cela ne fera qu’accentuer la pression des promoteurs sur les communes rurales, et les tensions en résultant. Pour attester mes propos vous trouverez ci-dessous les résultats d’un tout récent sondage effectué par le journal Le Figaro, sur plus de 70 000 personnes.

Enfin, ce projet ferait l’objet d’émergences sonores très fortes par endroit et durant la nuit. Il apporterait donc des nuisances importantes pour certains riverains. Même si des bridages pourraient les réduire, ils ne les empêcheraient pas totalement. De plus, le site du projet est positionné sur plusieurs chemins de randonnée. Le plaisir des marcheurs en zone bocagère est de profiter du calme, des paysages, et du chant des oiseaux. Sûrement pas du bruit et du gigantisme des éoliennes industrielles.

Toutes ces informations m’amènent à penser que ce projet est également incompatible avec le progrès social SUR LA FAUNE, AVIFAUNE et CHIROPTÈRES :

Il existe sur le site une forte diversité d’ amphibiens au niveau des zones humides (crapauds calamite, grenouilles agiles ou rousses, rainette verte, tritons marbrés) Il est précisé dans les documents que la ZIP (zone d’implantation du projet) est survolée par les oiseaux migrateurs, dont entre autres, les grues cendrées, les milans, les busards. Ces espèces sont toutes protégées et certaines sont hivernantes. Ensuite l’avifaune nicheuse est très importante sur le site. Sont signalées entre autres les espèces suivantes : Alouette lulu, Pie-grièche écorcheur, Œdicnème criard...Ces espèces sont également protégées et patrimoniales. En période d’hivernage, 11 espèces patrimoniales à enjeux forts sont signalées dans l’A.E.I dont l’Alouette Lulu, la grande Aigrette, la Grue cendrée, le Martin pêcheur (de plus en plus rare)…

Sur les 21 espèces de chauves-souris répertoriées dans la Vienne, 20 ont été recensées sur le site. 11 sont reconnues patrimoniales. Les enjeux sont reconnus forts (étangs, bois, haies bocagères).

Enfin, entre les 2 centrales éoliennes autorisées sur Pressac et celle de , il subsiste un espace de respiration(un passage libre) pour les migrateurs. Les 2 projets sur Availles-Limouzine dont celui de la Croix Pauvet viendraient définitivement fermer cet espace.

Les mesures E.R.C ne me paraissent pas suffisantes pour assurer la survie et la pérennisation des espèces. Par exemple la mise en place de systèmes d’asservissement préventif des quatre éoliennes (bridages écologiques). Déjà, il aurait fallu que le bureau d’étude nous explique en quoi un bridage peut-être « écologique » ? Il faudrait qu’il nous explique aussi comment le déclenchement d’une alarme acoustique peut-elle fonctionner lorsque des cigognes, des grues cendrées ou des rapaces (Milans) se trouvent à 200m de l’éolienne. Comment des oiseaux parmi d’autres peuvent-ils être identifiés précisément à 200m ? D’ailleurs, il est clairement reconnu que le système d’effarouchement peut être inefficace puisque une deuxième solution est prévue dans ce cas. Elle consiste à arrêter les machines si ces oiseaux sont détectés à moins de 100m. Mais là encore, cela paraît techniquement difficilement concevable… En effet, une cigogne blanche ou noire, ou un Milan, volent entre 40 et 50km/h en migration. Il ne leur faut donc que 7 à 9 secondes pour parcourir 100m. Comment un rotor de plusieurs tonnes et de 130m de diamètre peut-il s’arrêter en un temps si court sachant que la vitesse en bout de pale peut atteindre près de 300km/h. ?

Ensuite, l’arrêt des machines pendant les phases migratoires ne serait effectif que si des impacts auront été constatés à posteriori lors des suivis post-implantation. Si ces suivis post-implantation ne sont pas faits sérieusement ou s’ils sont minimisés, il y a peu de chance pour que l’arrêt des machines soit effectif. De toute façon, entre la mise en fonction des machines et le premier suivi, les pertes éventuelles d’espèces protégées seront irrémédiables.

J’ai aussi relevé cette ligne à la page 31 du RNT EIE sur le scénario d’évolution de la biodiversité « Pour les espèces à faible capacité migratoire, des extinctions en nombre sont prévues. Le paysage et les milieux naturels évolueront d’ici 20 ans en raison du réchauffement climatique. » Le pétitionnaire au travers de son bureau d’étude semble influencer le lecteur par le fait qu’à cause du réchauffement climatique l’avifaune migratrice fera l’objet d’une importante extinction… Justement ! Est-il judicieux dès à présent d’accentuer cette future extinction en multipliant les centrales éoliennes dans des secteurs susceptibles de préserver la biodiversité ?

SUR LA PRODUCTION ET LES DONNÉES TECHNIQUES ET FINANCIÈRES

Calcul de la production annoncée de la centrale éolienne : 30 960 BMW à l’année. 4 x 3,6 MW = 14, 4 MW x 8760 heures = 126 144 MW soit (30960 x 100) : 126144 = 24,54 % Le taux de charge paraît un peu excessif par rapport aux moyennes habituelles des parcs en exploitation dans la région,d’autant plus que de nombreux bridages sont prévus sur ces machines.

Concernant la fiabilité du groupe NASS représentant la société JPEE, elle mériterait d’être confortée. Les chiffres que j’ai pu consulter sur internet pour l’année 2017 sont les suivants ; Capital social : 1 105 400 € Chiffre d’affaires : 482 539 € Endettement à 6400 jours ! Résultat d’exploitation : 16 655 € Trésorerie : 46 000 €

Je ne suis pas expert en la matière, mais si ces chiffres sont exacts, ils me paraissent insuffisants pour assurer la viabilité de ce projet, sauf s’il repose principalement sur le crédit et si le parc est revendu dès l’autorisation d’exploiter.

Quelques chiffres qui méritent aussi explication… A la page 7 du RNT EDD 392 M€ de projets en exploitation, 120 M€ d’électricité vendu à EDF, 10 parcs éoliens en exploitation et 2 parcs en construction, 67 centrales photovoltaïques en exploitation et 10 en construction (au sol et en toitures), 182 MW de centrales en exploitation, soit 150 000 foyers alimentés en électricité en provenance de ces parcs,

Ne doit-on pas parler d’électricité achetée par obligation et au prix fo rt par EDF ?

Page 7 du RNT EIE Chiffres clés ▪ 420 M€ d’investissement réalisés, ▪ 11 parcs éoliens en exploitation (69 éoliennes, 177 MW) et 1 parc en construction (6 éoliennes, 20.4 MW) ▪ 70 centrales photovoltaïques en exploitation (71 MW, au sol et en toitures), ▪ 248 MW de puissance installée en exploitation, soit plus de 150 000 foyers alimentés en électricité en provenance des unités de production de JPee, ▪ 800 MW de projets éoliens et solaires en développement,

Sur le RNT EDD , il est question de 10 parcs en exploitation et de 2 en construction. Sur le RNT EIE , il est question de 11 parcs en exploitation et de 1 en construction ? Mais peu importe ; le total est le même (12). Ce qui qui pose question, c’est le nombre de foyers alimentés en électricité ? En effet sur le RNT EDD, il est annoncé 182 MW en exploitation soit 150 000 foyers alimentés. Soit ! Mais dans ce cas pourquoi le RNT EIE mentionne t-il 248 MW de puissance installée pour alimenter plus de 150 000 foyers ? Pourquoi le nombre exact n’est-il pas indiqué alors que la différence est importante ?

Enfin rien ne permet d’affirmer en l’état actuel des connaissances sur les autorisations d’exploitation des nombreux projets en instance, que les postes sources de St-Pierre d’Excideuil ou de l’Isle Jourdain ne seront pas saturés, au moment où ce projet pourrait aboutir ?

A la lecture de toutes ces explications dont j’espère vous voudrez bien tenir compte, je souhaite vivement que ce projet soit refusé par les services préfectoraux, et que vous-même lui donniez un avis défavorable.

Avec mes remerciements pour votre attention, je vous adresse mes respectueuses salutations.

William Gascoin