UNIVERSITE D’ANTANANARIVO
FACULTE DES SCIENCES
DEPARTEMENT DE BIOLOGIE ET ECOLOGIE VEGETALES
MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’ETUDES APPROFONDIES (D.E.A) BIOLOGIE ET ECOLOGIE VEGETALES Option : PHYSIOLOGIE VEGETALE
ETUDE DE LA MATURATION DES FRUITS DE «VOARAMONTSINA »
(Vaccinium emirnense -ERICACEAE): VARIATION S DES ACTIVITES
ANTIOXYDANTE ET HYPOGLYCEMIANTE
Présenté par: Mioralalaina Rovasoa RARINIRINA (Maître ès Sciences)
Soutenu publiquement le 27 Octobre 2010
Devant la commission d’examen composée de :
Président : Professeur Isabelle RATSIMIALA RAMONTA Rapporteur : Docteur Aro Vonjy RAMAROSANDRATANA Examinateurs : Docteur Eliane RALAMBOFETRA
: Docteur David RAMANITRAHASIMBOLA UNIVERSITE D’ANTANANARIVO
FACULTE DES SCIENCES
DEPARTEMENT DE BIOLOGIE ET ECOLOGIE VEGETALES
MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’ETUDES APPROFONDIES (D.E.A) BIOLOGIE ET ECOLOGIE VEGETALES Option : PHYSIOLOGIE VEGETALE
ETUDE DE LA MATURATION DES FRUITS DE «VOARAMONTSINA» (Vaccinium emirnense-ERICACEAE): VARIATIONS DES ACTIVITES
ANTIOXYDANTE ET HYPOGLYCEMIANTE
Présenté par : Mioralalaina Rovasoa RARINIRINA (Maître ès Sciences)
Soutenu publiquement le 27 Octobre 2010 Devant la commission d’examen composée de :
Président : Professeur Isabelle RATSIMIALA RAMONTA Rapporteur : Docteur Aro Vonjy RAMAROSANDRATANA Examinateurs : Docteur Eliane RALAMBOFETRA : Docteur David RAMANITRAHASIMBOLA
Photo de couverture : Fruit de Vaccinium emirnense (Cliché de l’auteur) REMERCIEMENTS
Le présent travail est le fruit de la collaboration entre le Département de Biologie et Ecologie Végétales de l’Université d’Antananarivo et l’Institut Malgache de Recherches Appliquées (IMRA). Qu’il m’est permis d’exprimer ici mes reconnaissances et ma gratitude à tous ce qui ont rendu ce travail possible.
Mes remerciements les plus sincères s’adressent aux membres de Jury :
℘ Madame Isabelle RATSIMIALA RAMONTA, Professeur, Responsable de la formation du troisième cycle, option Physiologie Végétale, qui a bien voulu me faire l’insigne d’honneur de présider ce mémoire malgré ses multiples engagements. Qu’elle trouve ici l’expression de ma haute considération.
℘ Monsieur Aro Vonjy RAMAROSANDRATANA, Maître de Conférences à la Faculté des Sciences, mon encadreur, qui m’a proposé ce sujet et m’a guidé minutieusement tout au long de ce travail en dépit de ses énormes responsabilités. Ses critiques et ses précieux conseils, ont été fort utiles. Qu’il veuille recevoir mes plus vifs remerciements et ma profonde reconnaissance.
℘ Madame Eliane RALAMBOFETRA, Maître de Conférences à la Faculté des Sciences, qui a porté un grand intérêt à ce travail et a accepté de siéger parmi les membres du jury en tant qu’examinateur. Ses recommandations ont été très indispensables pour l’amélioration de ce travail. Qu’elle trouve ici le témoignage de ma gratitude.
℘ Monsieur David RAMANITRAHASIMBOLA, Maître de Conférences à la Faculté de Médecine, qui a accepté d’examiner ce travail afin d’optimiser sa qualité et sa valeur. Il m’a également transmis ses connaissances et m’a accordé des appuis techniques au cours de l’élaboration de ce travail. Sa présence parmi les membres de jury m’honore.
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Je tiens aussi à exprimer mes vifs remerciements à tous ceux qui m’ont aidé à l’accomplissement de ce travail :
℘ Au Professeur Suzanne URVERG-RATSIMAMANGA, Président de l’IMRA qui m’a permis d’effectuer mes travaux de recherche au sein de son institut et pour son soutien financier dans le cadre de cette œuvre.
℘ Au Docteur Voahangy RAMANANDRAIBE, Enseignant chercheur du Département de Chimie organique de la Faculté des Sciences, qui n’a ménagé ni son temps ni son expérience pour m’encadrer dans la partie chimie. Qu’elle veuille trouver ici l’expression de ma profonde gratitude.
℘ A l’équipe de l’Unité de Recherche sur la Récolte et les Traitements Post-Récoltes (RTPR) de l’IMRA qui a su prouver la solidarité et la collaboration. Un grand merci particulier à ANTSONANTENAINARIVONY Goum pour tous les services qu’il m’a rendu durant tous les travaux de terrain, qu’il soit assuré de mon énorme reconnaissance.
℘ Aux personnels des laboratoires de Chimie marine et de Phytochimie (IMRA), de Physiologie Végétale et de Biochimie de la Faculté des Sciences, qui m’ont aidée dans la réalisation de mes travaux.
℘ Tous les enseignants au sein de la Faculté des Sciences pour leurs supports pédagogiques durant mon cursus universitaire.
℘ Aux habitants d’Andandemy-Manjakandriana, particulièrement à la famille Jean- Pierre, qui nous ont toujours accueillis chaleureusement. Merci à notre guide, Mr. Théo, qui nous a constamment accompagnés avec enthousiasme sur terrain.
℘ A mes parents, pour leur grand amour et leurs appuis inconditionnels ; à mes frères et belles-sœurs qui m’ont tout donné sans rien en retour, à Karl pour son amour et son soutien malgré la distance, et à tous mes amis qui m’ont soutenu dans les moments difficiles.
« Merci à vous tous qui m’avez aidé inlassablement à la réalisation de ce travail, je vous remercie du fond du cœur. »
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LISTE DES ABREVIATIONS
AFSSA : Agence française de sécurité sanitaire des aliments DPPH : 2,2-diphenyl-1-picrylhydrazyl
CE 50 : Concentration efficace inhibant 50% des radicaux de DPPH FRAP : Ferric reducing ability of plasma
IC α=5% : Intervalle de confiance calculé avec un risque α=0,05 OMS : Organisation Mondiale de la Santé ORAC : Oxygen Radical Absorbance Capacity PAC A : Proanthocyanidine de type A PEP : Phosphoenolpyruvate PMF : Poids de la matière fraîche PMS : Poids de la matière sèche PTG : Produits terminaux de la glycation TEAC : Trolox equivalent antioxidant capacity TSS : Total de solides solubles UTI : Urinary tract infections
GLOSSAIRE
Acidocétose : Elévation excessive de l'acidité du sang due à une accumulation d'éléments appelés corps cétoniques Angiogenèse : Croissance de nouveaux vaisseaux sanguins à partir de vaisseaux préexistants Brousse éricoïde : formation végétale à abondance d’espèces d’Ericacées. Cellules β langheransiennes : cellules pancréatiques productrices d’insuline Glycation : Réaction entre un sucre et une protéine générant des protéines glyquées (PTG) qui ne peuvent être ni détruites, ni libérées de la cellule. Ces protéines glyquées s'accumulent ainsi dans les cellules, les encrassant ou causant des mutations des gènes. Glycémie : Taux de glucose dans le sang Insuline : Hormone sécrétée par le pancréas régulant le métabolisme du glucose Sénescence : Etape du développement qui suit la maturité, durant laquelle le produit se dégrade progressivement. Véraison : Etape correspondant au démarrage de la maturation du fruit.
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SOMMAIRE
LISTE DES ABREVIATIONS ...... iii GLOSSAIRE ...... iii LISTE DES PHOTOS ...... vi LISTE DES FIGURES ...... vi LISTE DES CARTES ...... vii LISTE DES TABLEAUX ...... vii LISTE DES ANNEXES...... vii INTRODUCTION ...... 1 GENERALITES...... 3 I- LE GENRE Vaccinium A MADAGASCAR ...... 3 I.1- Descriptions de Vaccinium emirnense ...... 3 I.2- Caractéristiques écologiques des habitats de «voaramontsina» ...... 5 I.3- Connaissance ethnobotanique de «voaramontsina» à Madagascar ...... 5 II- LE GENRE Vaccinium DANS LE MONDE ...... 6 III-MATURATION DES FRUITS ...... 8 IV-LES ACTIVITES ANTIOXYDANTES ...... 12 IV.1- L’oxydation dans l’organisme ...... 12 IV.2- Quelques méthodes d’évaluation de la capacité antioxydante d’un produit ...... 12 IV.2.1- Test de réduction du radical stable, le DPPH ...... 13 IV.2.2- Test TEAC ...... 13 IV.2.3- Test FRAP ...... 13 IV.2.4- Test ORAC ...... 14 V- LE DIABETE SUCRE ...... 14 V.1- Différents types de diabète sucré ...... 14 V.2- Pathogenèse du diabète sucré ...... 15 V.3- Traitements du diabète sucré ...... 15 MATERIELS ET METHODES ...... 17 I. ZONE DE RECOLTE ...... 17 II. MATERIELS ...... 17 II.1 - Matériel végétal ...... 17 II.2 - Matériel biologique ...... 17 III. METHODES: ...... 19 III.1 - Caractérisation des différents stades de maturation des fruits de «voaramontsina» ...... 19
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III.1.1- Caractérisation morphométrique ...... 20 III.1.2- Caractérisation physico-chimique ...... 20 a- Acidité titrable ...... 20 b- Total des solides solubles ...... 20 c- Dosage des chlorophylles ...... 20 d- Dosage des anthocyanes ...... 21 III.2- Evaluation des activités biologiques ...... 22 III.2.1- Extraction méthanolique ...... 22 III.2.2- Test d’activités antioxydantes ...... 22 III.2.3- Test d’activité hypoglycémiante ...... 23 a- Préparation des souris avant le test ...... 23 b- Test de tolérance aux sucres : glucose et amidon ...... 23 RESULTATS ...... 25 I- Caractéristiques morphométriques des fruits de «voaramontsina» ...... 25 I.1- Poids...... 25 I.2- Diamètre ...... 25 II- Caractéristiques physico-chimiques du fruit de «voaramontsina» ...... 26 II.1- Teneur en eau ...... 26 II.2- Acidité titrable...... 26 II.3- Total de solides solubles ...... 27 II.4- Teneurs en chlorophylles et en anthocyanes totaux ...... 27 II.5- Rendement en extraits méthanoliques ...... 28 III- Activités biologiques ...... 29 III.1- Propriété antioxydante ...... 29 III.2- Activité hypoglycémiante des fruits de «voaramontsina» ...... 30 DISCUSSIONS ...... 25 CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES ...... 40 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ...... 42 ANNEXE ...... a RESUME ABSTRACT
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LISTE DES PHOTOS
Photo 1: Pied de «voaramontsina» dans son milieu naturel sur le mont Fanongoavana ...... 4 Photo 1a : Foliation apicale de «voaramontsina» ...... 4 Photo 1b : Tiges ramifiées avec des branches glabres ...... 4 Photo 2: Inflorescence de «voaramontsina»...... 4 Photo 3: Fruits en grappe de «voaramontsina» ...... 4 Photo 4: Vue du Mont Fanongoavana, district de Manjakandriana ...... 17 Photo 5: Brousse éricoïde, habitat typique de «voaramontsina» ...... 17 Photo 6: Pied de «voaramontsina» montrant l’hétérogénéité de la maturation des fruits ...... 19 Photo 7: Grappe à fruits de différentes couleurs ...... 19 Photo 8: Les quatre stades de développement définis au cours de la maturation des fruits de «voaramontsina» ...... 19
LISTE DES FIGURES
Figure 1: Voie métabolique des flavonoïdes au cours de la maturation de la baie de raisin ...... 11 Figure 2: Structure du radical stable DPPH ...... 13 Figure 3: Variation du poids frais des fruits de «voaramontsina» à différents stades de maturation ...... 25 Figure 4: Evolution du diamètre des fruits de «voaramontsina» à différents stades de maturation ...... 25 Figure 5: Variation de la teneur en eau (TE) des fruits de «voaramontsina» à différents stades de maturation ...... 26 Figure 6: Variation de l’acidité des fruits de «voaramontsina» à différents stades de maturation ...26 Figure 7: Variation du total de solides solubles (TSS) dans les fruits de «voaramontsina» à différents stades de maturation ...... 27 Figure 8: Variation des teneurs en chlorophylles et en anthocyanes totaux dans les fruits de «voaramontsina» à différents stades de maturation ...... 27 Figure 9: Activités antioxydantes des extraits méthanoliques des différents stades de fruits de «voaramontsina» au cours de la maturation comparés aux acides ascorbique et gallique ...... 29 Figure 10 : Effet des extraits méthanoliques (100 mg/kg) des différents stades de fruits de «voaramontsina» sur l’hyperglycémie provoquée par le glucose (2 g/kg) chez la souris non diabétique ...... 31 Figure 11 : Effet des extraits méthanoliques (500 mg/kg) des différents stades de fruits de «voaramontsina» sur l’hyperglycémie provoquée par l’amidon (5 g/kg) chez la souris non diabétique ...... 31
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LISTE DES CARTES
Carte 1 : Distribution de Vaccinium emirnense à Madagascar ...... 5 Carte 2 : Localisation de la zone de récolte située à Fanongoavana dans le district de Manjakandriana ...... 18
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Variation du rendement en extrait méthanolique des fruits de «voaramontsina» à différents stades de maturation ...... 28
Tableau 2 : Valeurs de CE 50 des extraits méthanoliques des différents stades de fruits de «voaramontsina» et des produits de référence ...... 30
LISTE DES ANNEXES
Annexe 1 : Test DPPH des fractions H2O:MeOH de quelques fruits comestibles ...... a
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INTRODUCTION
Introduction
INTRODUCTION
Le régime alimentaire doit répondre à une double demande chez l’homme: les besoins énergétiques et les besoins plastiques. Les premiers compensent les pertes occasionnées par le métabolisme de base, l’activité musculaire, la thermorégulation et la croissance. Les seconds concernent la défense, la construction et la réparation des tissus (Encarta ® 2009). Les fruits apportent plusieurs éléments essentiels à la nutrition. La plupart des espèces du genre Vaccinium consommées dans le monde présentent des valeurs nutritionnelles et pharmacologiques bien connues. Les fruits des espèces de Vaccinium contiennent en abondance des antioxydants, qui agissent en neutralisant les radicaux libres responsables de diverses maladies (maladies pulmonaires, diabète, cancer...) (Heimhuber et Herrmann, 1990). Ils sont d’excellentes sources de fibre, de calcium, de fer, de vitamine C et de composés phénoliques telles que les anthocyanes (Mainland et Tucker, 2002). En effet, les activités antioxydantes de Vaccinium myrtillus, V. angustifolium , et V. macrocarpon sont largement étudiées. Ces propriétés sont principalement dues à la présence de composés anthocyaniques et phénoliques contenus dans les fruits, particulièrement les acides phénoliques tels que l’acide chlorogénique (Matsunaga et al. , 2010 ; Zafra-Stone et al. , 2007 ; Sellappan, 2002). En outre, plusieurs espèces du genre Vaccinium sont utilisées par la médecine traditionnelle des pays occidentaux pour le traitement des symptômes diabétiques (Chambers et Camire, 2003 ; Jellin et al. , 2005). Comme l'incidence de ce désordre métabolique continue à augmenter dans le monde, la recherche de produits naturels pour son traitement et sa prévention devient un axe prioritaire pour les manufactures de phytomédicaments. Divers fruits sont ainsi connus pour leur propriété hypoglycémiante comme le jamblon, la christophine, la mangue (Sharma et al ., 2006). Le processus de maturation du fruit est déterminant pour sa qualité finale (qualité organoleptique et nutritionnelle). C’est au cours de la maturation que s’accumulent la plupart des composés actifs retrouvés dans le fruit. En effet, l’état de maturité du fruit à la récolte pourrait être un facteur susceptible d’influer sur la teneur en substances actives. Les Vaccinium de Madagascar, Vaccinium emirnense et Vaccinium secundiflorum , sont méconnus du régime alimentaire malagasy bien qu’ils soient répandus dans les forêts secondaires d’altitude des hauts-plateaux et de la partie orientale.
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Introduction
L’objectif de ce travail est de vérifier si les Vaccinium malagasy possèdent certaines des activités biologiques rencontrées chez les Vaccinium étrangers, notamment les activités antioxydante et hypoglycémiante liées à la maturation des fruits, afin de pouvoir vulgariser et développer leurs utilisations à de fins alimentaires et/ou pharmaceutiques. Dans le cas de notre étude, nous avons choisi de travailler avec les fruits de Vaccinium emirnense, plus abondants sur les hautes terres et en particulier autour d’Antananarivo. Les objectifs spécifiques du présent travail consiste à : suivre l’évolution des caractéristiques morphologiques et biochimiques des fruits de Vaccinium emirnense au cours de leur maturation ; vérifier et étudier la variation des capacités antioxydative et hypoglycémiante des fruits de Vaccinium emirnense au cours de leur maturation.
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GENERALITES
Généralités
GENERALITES
I- LE GENRE Vaccinium A MADAGASCAR A Madagascar, le genre Vaccinium est représenté par deux espèces endémiques, V. emirnense et V. secundiflorum (Perrier de la Bathie, 1934). Vaccinium emirnense a une morphologie très variée suivant l’altitude. Cette variation concerne surtout la taille des feuilles. En effet, les feuilles rencontrées à moyenne et à basse altitudes sont grandes et celles en haute altitude sont petites (Randrianarivony, 2007).
I.1- Descriptions de Vaccinium emirnense Classification botanique La classification botanique du genre Vaccinium a été établie par Bremer et al. (2003). Règne : VEGETAL Sous - Règne : EUCARYOTES Embranchement : CORMOPHYTES Sous-Embranchement : SPERMATOPHYTES Super-Classe : ANGIOSPERMES Classe : DICOTYLEDONES Ordre : ERICALES Famille : ERICACEAE Genre et espèce : Vaccinium emirnense Nom vernaculaire : voaramontsina
Appareil végétatif «Voaramontsina» est un arbuste de 2 à 5 m de hauteur, à tronc dichotomique (Photo 1). La tige est très ramifiée avec des branches glabres (Photo 1b). Les feuilles sont coriaces, mesurant environ 1,5 x 1 cm, à pétiole plus ou moins aplati, à bord denté, et à nervations bien distinctes (Photo 1a). (Randrianarivony, 2007)
Appareil reproducteur Les inflorescences sont axillaires. Elles sont formées par des fleurs jaunes verdâtre disposées en racèmes de type grappe (Photo 2). Les fleurs sont hermaphrodites, actinomorphes, à pédoncule floral d’environ 3 mm de long. Elles sont formées par cinq sépales soudés, insérés au sommet de l’ovaire infère, cinq pétales à préfloraison imbriquée, et dix étamines médifixes. (Randrianarivony, 2007)
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Généralités
Photo 1a : Foliation apicale de «voaramontsina»
Photo 1b : Tiges ramifiées avec des branches glabres Photo 1 : Pieds de «voaramontsina» dans leur milieu naturel sur le mont Fanongoavana (Manjakandriana)
Fruit Le fruit de «voaramontsina», une baie verte, puis rouge, voire pourpre à maturité, est comestible (Photo 3). Il contient plusieurs petites graines globuleuses et dures.
Photo 2 : Inflorescence de «voaramontsina». Photo 3 : Fruits en grappe de «voaramontsina». Barre = 1 cm
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Généralités
I.2- Caractéristiques écologiques des habitats de «voaramontsina» Les espèces de Vaccinium ont besoin d’un sol acide (pH= 3,5 - 4) bien drainé à matières organiques élevées (Krzewi ńska, 2004). «Voaramontsina» est une espèce héliophile car elle est rencontrée dans les endroits ensoleillés de la brousse éricoïde. Il est distribué dans le centre, l’Est et les hauts sommets de Madagascar (Randrianarivony, 2007).
Carte 1 : Distribution de Vaccinium emirnense à Madagascar (Randrianarivony, 2007)
I.3- Connaissance ethnobotanique de «voaramontsina» à Madagascar La consommation des fruits de «voaramontsina» n’est pas formellement connue à Madagascar. Les fruits sont voire méconnus surtout par la population urbaine. Les villageois en goûtent en passant leur chemin au bord duquel la plante pousse. L’espèce est utilisée comme bois de chauffe (d’après les enquêtes).
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Généralités
II- LE GENRE Vaccinium DANS LE MONDE Ce genre comprend une diversité d’espèces réparties dans le monde. Les fruits sont exploités industriellement dans beaucoup de pays. En Amérique, quelques espèces sauvages de Vaccinium (V. angustifolium , V. ashei , V. macrocarpon ) sont largement exploitées après améliorations de la gestion des champs de culture. En Pologne et en Europe de l'Est, l’exploitation des espèces sauvages indigènes telles que : V. myrtillus , V. vitis idaea , V. uliginosum , et V. oxycoccus , n’est pas encore développée, cependant le commerce de V. corymbosum est important depuis les années 70. La filière de V. macrocarpon est également en développement actuellement mais pas aussi large que celle de V. corymbosum (Krzewi ńska, 2004).
Exemples d’utilisations des fruits de quelques espèces de Vaccinium
Vaccinium myrtillus (origine : Italie; nom vernaculaire : la myrtille, bilberry) : une étude récente a montré que les anthocyanes de l’extrait de fruits de cette espèce pourrait favoriser la synthèse de glycosaminoglycanes au niveau des cellules épithéliales cornéennes sur l’amélioration de la vision. Ce sont des facteurs importants pour le renouvellement et l’homéostasie physiologiques de ces cellules (Song et al. , 2010). L’extrait de fruits de Vaccinium myrtillus a également un effet inhibiteur sur l'angiogenèse dû à leurs principaux constituants, tels que la delphinidine, la cyanidine et la malvidine. Ces mêmes composants participent également aux propriétés antioxydantes de ces mêmes fruits (Matsunaga et al. , 2010).
Vaccinium angustifolium (origine : Canada; nom vernaculaire : airelle à feuilles étroites, blueberry): la consommation de ses fruits est fortement recommandée par les tradipraticiens québécois, pour le traitement des symptômes et des complications diabétiques (Haddad et al. , 2003; Leduc et al. , 2006). Le fruit aurait la propriété de stimuler la production d'insuline en favorisant la prolifération des cellules β du pancréas. Ce résultat revêt un intérêt particulier car aucun médicament disponible sur le marché ne produit cet effet (Martineau et al. , 2006). Au Canada, l'extrait de « blueberry » est déjà utilisé, sous forme de supplément alimentaire, comme traitement complémentaire du diabète de type 2 (http://fr.wikipedia.org). Le fruit de Vaccinium angustifolium est riche en acide chlorogénique et en quercétine et ses dérivés (quercetin-3-O-galactoside, quercetin-3-O-glucoside) à part leur forte teneur en anthocyanes (Harris et al. , 2007).
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Généralités
Vaccinium macrocarpon (nom vernaculaire : canneberge cultivé, cranberry) : le fruit contient un polyphénol, la proanthocyanidine de type A (PAC A), contribuant à diminuer la fixation, sur les parois des voies urinaires, de certaines bactéries coliformes ( Escherichia coli ) souvent responsables d'infections du tractus urinaire (UTI ou cystites) (Nowack et Schmitt, 2008). Ses effets ont été prouvés par de nombreuses études cliniques et validés dans le cadre de la diminution des infections urinaires par l'AFSSA pour une dose journalière de 36mg PAC (www.martineschnoering.com). Etant donné l’efficacité du jus de canneberge dans le traitement des infections de l'appareil urinaire, les fruits ou jus de fruit utilisés comme suppléments peuvent être un choix thérapeutique valable dans le traitement des cystites pendant la grossesse (Dugoua et al. , 2008). Le fruit de V. macrocarpon est également réputé pour sa propriété antioxydante grâce aux composés anthocyaniques (Zafra-Stone et al. , 2007).
Vaccinium corymbosum (origine : Amérique du nord ; nom vernaculaire : corymbelle) : la capacité antioxydante de ses fruits est due principalement à la contribution des composés phénoliques tels que les anthocyanes, la quercétine, le kaempferol, la myricétine, et l’acide chlorogénique (Sellappan, 2002).
Vaccinium floribundum (origine : Equateur et Pérou) : les baies sont largement consommées en Equateur comme fruit frais ou en tant que produits transformés. Les communautés locales utilisent également ces fruits pour traiter le diabète et l'inflammation (Schreckinger et al., 2010).
Vaccinium padifolium (origine : Portugal) : les baies sont prescrites par la pharmacopée locale pour le traitement de la toux, la bronchite, la dysenterie et sont exportées pour la production commerciale de spécialités ophtalmiques (Cabrita et al, 2000)
Vaccinium meridionale (origine : Colombie): les fruits sont riches en cyanidin-3-galactoside (anthocyane) et en acide chlorogénique. Selon Garzón et al. (2010), leur utilisation comme source d’antioxydants, de colorants naturels, et de suppléments alimentaires semble être prometteuse. Ainsi, les fruits de Vaccinium sont utilisés depuis longtemps par la pharmacopée traditionnelle de plusieurs pays, et constituent également l’objet de recherches actuelles dans les domaines médicinal et nutritionnel. Les recherches sont surtout focalisées sur leurs propriétés antioxydante, hypoglycémiante, antiangiogénique et antibactérienne.
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Généralités
En outre, diverses utilisations des autres parties, autres que fruits, de la plante du genre Vaccinium sont connues. En effet, les tiges, les feuilles et les racines de V. angustifolium sont reconnues pour leur propriété antidiabétique (Martineau et al ., 2006). Aux Etats-Unis, les tiges feuillées de V. ovatum tiennent une place importante sur le marché des fleurs, servant de feuillage pour l’arrangement floral. Les tiges de V. parvifolium sont aussi utilisées dans la fabrication de paniers (Kerns et al ., 2004).
III- MATURATION DES FRUITS
La maturation correspond à un ensemble de changements biochimiques et physiologiques conduisant à l’état de maturité et conférant au fruit ses caractéristiques organoleptiques (arômes, couleur, jus...) (Brady, 1987). Les fruits du genre Vaccinium sont des fruits de type non climactérique c’est-à-dire qu’ils ne présentent pas d'autonomie de maturation et doivent donc mûrir sur l'arbre. Parmi ces fruits non climactériques se trouvent les agrumes, la framboise, la fraise et le raisin.
Evènements associés à la véraison et à la maturation des fruits (exemple chez le raisin) La véraison correspond au démarrage de la maturation du fruit. Chez le raisin, cette étape du développement transforme les fruits verts, acides et astringents en fruits mûrs, sucrés, colorés. Elle se manifeste par de multiples changements physiologiques dans les baies (Gaudillere, 2006). (1) Le ramollissement des parois est la manifestation la plus précoce de la véraison. Elle correspond à une modification des pectines des parois. (2) La synthèse des anthocyanes est une des premières manifestations suivant le déclenchement de la véraison. Les proanthocyanidines sont accumulées avant la véraison et cette accumulation ne se poursuit que 1 à 2 semaines après la véraison (3) Les sucres changent de destination: au stade vert ils sont métabolisés et assurent la croissance du fruit. A partir de la véraison, plus de 50% du saccharose importé par les baies sont accumulés dans les vacuoles de la pulpe. La chlorophylle est dégradée avec le métabolisme photosynthétique. L'expression, la quantité et l'activité d'enzymes du métabolisme des sucres sont modifiés à la véraison. Des acides aminés, principalement la proline et l’arginine, sont accumulés. (4) Le métabolisme des acides organiques est altéré par répression de l'activité de la PEP carboxylase
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Généralités
(5) Une abscission partielle des vaisseaux du xylème rompt les communications hydrauliques entre les baies et la plante. La baie n'est plus alimentée que par le transport phloémien qui doit assurer l'intégralité des besoins trophiques des fruits (eau et sucres) pour permettre le processus de maturation. Le fruit peut maintenir son statut hydrique en accumulant des solutés, en baissant la pression de turgescence et en baissant le potentiel osmotique. (6) L'accumulation des protéines commence à la véraison et se poursuit pendant toute la phase de maturation.
Parmi les changements biochimiques subis par le fruit, certains sont directement perçus par le consommateur. La période de croissance est une phase d’accumulation de matières premières (eau, sels, azote, glucide, acides organiques…), la période de maturation est marquée par un métabolisme extrêmement intense (respiration, synthèse protéique, formation de pectines, de saccharose, dégradation de chlorophylles…), et la sénescence enfin se signale par un catabolisme généralisé (hydrolyse du saccharose, des pectines, destruction des protéines…) (Lizada, 1993).
Composés synthétisés dans les fruits Les baies constituent une des plus importantes sources de composés naturels nécessaires à la santé humaine. Elles sont riches en acide ascorbique, en composés phénoliques, en particulier les acides phénoliques, les anthocyanes, les proanthocyanidines et d’autres flavonoïdes (Fukumoto, 2000 ). Les composés phénoliques sont des métabolites secondaires, pouvant être classés en deux groupes : les flavonoïdes et les non-flavonoïdes.
1- Les flavonoïdes Les flavonoïdes sont synthétisés au niveau des fleurs, des fruits, des feuilles et des graines d’un grand nombre de végétaux. Leur accumulation confère des avantages écologiques et physiologiques majeurs pouvant être induite par divers agents biotiques ou abiotiques comme une blessure, une attaque de pathogène, une carence en minéraux et nutriments, un rayonnement d’ultraviolets et une lumière élevée associée à des températures froides. Les flavonoïdes apportent également des avantages adaptatifs pour les interactions plantes- insectes. Les flavonoïdes (anthocyanes et flavonols) participent activement à la coloration des fleurs et des fruits. La coloration des fleurs faciliterait leur attraction par les insectes pour la pollinisation (Gomez, 2009).
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Généralités
Les principales classes de flavonoïdes sont : les flavones, les flavonols, les flavan-3-ols, les flavanones et les anthocyanidins. Dans les baies, trois principaux types de flavonoïdes sont accumulés, les flavan-3-ols, les flavonols et les anthocyanes (Crozier et al. , 2006). - Les flavan-3-ols sont présents sous forme de monomères et de structures polymérisées, appelées proanthocyanidines ou tannins condensés. Les structures de base des proanthocyanidines, sont les flavan-3-ols monomères : (+) -catéchine et ( -)-épicatéchine La proanthocyanidine de type A (PAC A) est constituée d’une liaison entre deux molécules d’épicatéchines. - Les flavonols sont des pigments jaunes qui s’accumulent dans les baies à maturité, notamment en réponse à l’exposition au rayonnement UV (exemple: quercétine, myricétine, kaempférol, laricitine, isorhamnetine, syringétine). - Les anthocyanes ont une structure de base commune, le cation flavylium ou 2- phényl-1-benzopyrilium. Elles sont largement dispersées dans toutes les parties de la plante mais sont particulièrement évidentes au niveau des fruits et des fleurs, où elles sont responsables de la coloration rouge, bleue et pourpre. Les anthocyanidines constituent les aglycones des anthocyanes. Le pélargonidine, le cyanidine, le péonidine, le delphinidine, le pétunidine et le malvidine sont les six anthocyanidines les plus courants trouvés dans la nature (Jungmin et al., 2008)
Biosynthèse des flavonoïdes Partant de la phénylalanine comme substrat, la synthèse des flavonoïdes commence par 3 réactions catalysées par les enzymes phenylalanine ammonia-lyase (PAL), cinnamate 4- hydroxylase (C4H) et la 4-coumaroyl CoA ligase (4CL) pour aboutir au 4 -coumaroyl CoA. La structure en C6-C3-C6 caractéristique des flavonoïdes est obtenue par l’action d’une chalcone synthase (CHS) sur le 4-coumaroyl CoA, générant une chalcone qui est ensuite transformée en naringenine sous l'action d’une chalcone isomérase (CHI). Le noyau C de cette molécule est ensuite hydroxylé en position 3 par une flavanone 3-β hydroxylase (F3H) pour donner le dihydrokampférol. Cette molécule peut ensuite être hydroxylée générant la dihydroquercétine ou la dihydromyricétine. A partir des dihydroflavonols, la flavonol synthase (FLS) catalyse la formation des flavonols. La dihydroflavonol 4-réductase (DFR) catalyse la formation des précurseurs des anthocyanes et des flavan -3-ols : leucocyanidine, leucodelphinidine et leucopélargonidine. D’une part, l’oxydation des leucoanthocyanidines catalysée par la leucoanthocyanidine dioxygénase/anthocyanidine synthase (LDOX/ANS) aboutit à la formation des anthocyanidines, cyanidine, delphinidine et perlargonidine. D’autre
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Généralités part, à partir d’une réduction catalysée par une leucoanthocyanidine réductase (LAR), sont obtenus les isomères 2,3 trans des flavan 3-ols: (+) -catéchine, (+) -gallocatéchine et (+) - afzeléchine. Les isomères 2,3 cis, (-)-épicatéchine, (-)-épigallocatéchine et ( -)-épiafzeléchine sont pour leur part synthétisés à partir d’une réduction respectivement de la cyanidine, la delphidine et la pelargonidine par une anthocyanidine réductase (ANR). Concernant la voie spécifique des anthocyanes, l’enzyme UDP-glucose: flavonoide 3-O-glucosyltransférase (UFGT) catalysant la réaction de glucosylation des anthocyanidines. Cet enzyme est détecté à partir de la véraison et tout le long du stade de maturation dans la pellicule (Gomez, 2009).
Phénylalanine 4-Coumaroyl -CoA +Manolyl -CoA PAL C4H 4CL CHS Chalcone CHI Naringenine F3H FLS Dihydrokampférol FLS Flavonols Flavonols F3’H F3’ 5’H
FLS Dihydroquercétine Dihydromyricétine FLS DFR
(+) -catéchine Leucocyanidine LAR (+) -gallocatéchine Leucodelphinidine LDOX/ANS (-)-épicatéchine Cyanidine UFGT ANR Delphidine Anthocyanes (-)-épigallocatéchine Pellicule Flavonols Proanthocyanidines Flavonols Anthocyanes
Pépin Proanthocyanidines
VERAISON
Figure 1: Voie métabolique des flavonoïdes au cours de la maturation de la baie de raisin (Gomez, 2009).
2- Les non-flavonoïdes Les principaux non-flavonoïdes sont les acides phénoliques (exemple : acide chlorogénique, acide ca fféique, acide gallique, l’acide vanillique) qui sont les précurseurs des tanins hydrolysables, les hydroxycinammates et leurs dérivées conjuguées, et les stilbènes polyphénoliques.
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Généralités
IV- LES ACTIVITES ANTIOXYDANTES
IV.1- L’oxydation dans l’organisme Les radicaux libres, dérivés du métabolisme sont produits dans toutes les cellules, considérant que l’oxydation est essentielle à la vie de l’organisme pour la production d’énergie afin d’accomplir les processus biologiques. Les principaux radicaux libres présents dans les cellules humaines sont les ions superoxydes, les radicaux hydroxyles, le peroxyde d'hydrogène et les métaux de transition. Ils oxydent les molécules se trouvant à l'intérieur des cellules, en particulier les lipides membranaires, ce qui provoque la mort des cellules (Encarta ® 2009). Les cellules sont protégées des dommages des radicaux libres par les enzymes antioxydantes comme le superoxyde dismutase et la catalase ou par les composés chimiques tels que l' α- tocophérol, l’acide ascorbique, les composés phénoliques, le glutathion. Cependant, la protection assurée par ces enzymes et composés antioxydants est souvent insuffisante ayant pour résultats l’apparition de maladies et l’accélération du vieillissement (Soares et al. , 2009). L'ADN est particulièrement sensible à l'oxydation par les radicaux libres, et que ces substances pourraient être responsables des mutations précédant l'apparition d'un cancer. Cela expliquerait pourquoi certains métaux de transition tels que le nickel et le chrome sont cancérigènes dans certaines conditions. Les radicaux libres seraient également impliqués dans l'athérosclérose, les atteintes hépatiques, les maladies pulmonaires, les affections rénales et le diabète (Encarta ® 2009). Les produits naturels à activité antioxydante peuvent être utilisés pour aider le corps humain à réduire les dommages dus aux stress oxydatifs. En effet, beaucoup de fruits et légumes sont reconnus pour leurs activités antioxydantes.
IV.2- Quelques méthodes d’évaluation de la capacité antioxydante d’un produit Il existe différentes méthodes pour déterminer le potentiel antioxydant de produits alimentaires, ingrédients,… Les méthodes TEAC et DPPH sont couramment utilisées pour analyser les extraits de plantes et de fruits. La méthode ORAC est applicable sur quasiment toutes les matrices (extraits végétaux, aliments, plasma sanguin,…) aussi bien sur des composés hydrophiles que liposolubles. Il existe souvent des différences de valeurs entre les méthodes, du fait que les sources de radicaux libres sont différentes, et que les antioxydants répondent différemment aux méthodes de mesure (http://www.labo-nutrinov.com).
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Généralités
La mesure du potentiel antioxydant et le suivi des processus d’oxydation sont abordés globalement en déterminant des produits résultant de l’oxydation ou en évaluant l’aptitude à piéger des radicaux de modèles réactionnels.
IV.2.1- Test de réduction du radical stable, le DPPH Le 2,2-diphenyl-1-picrylhydrazyl (DPPH) est un radical stable et coloré, qui est centré sur l’azote
Figure 2: Structure du radical stable DPPH (http://www.labo-nutrinov.com)
Le maximum de son absorption dans le visible se situe vers 515-517 nm dans le méthanol et l’éthanol. La réduction du radical par un donneur d’atome H (AH) conduit à la 2,2-diphényl- 1-picrylhydrazine incolore (DPPH-H) et au radical (A°).
DPPH ° AH DPPH H A°
Ce test, largement utilisé, est rapide et facile à réaliser; il permet donc de comparer un grand nombre de composés. Les résultats peuvent être exprimés en pourcentage de réduction de DPPH.
IV.2.2- Test TEAC (Trolox equivalent antioxidant capacity) Dans la méthode TEAC, l’activité antioxydante totale d’une molécule est déduite de sa capacité à inhiber le radical ABTS •+ , obtenu à partir de l’ABTS [sel d’ammonium de l’acide 2,2’-azinobis-(3-éthylbenzothiazoline-6-sulfonique)] comparé à un antioxydant de référence: le Trolox ® (acide 6-hydroxy-2,5,7,8-tétraméthylchroman-2-carboxylique). Le radical ABTS •+ , en contact avec un donneur de H • conduit à l’ABTS + et à la décoloration à λ=734 nm de la solution (http://www.labo-nutrinov.com).
IV.2.3- Test FRAP (Ferric reducing ability of plasma) Le pouvoir antioxydant d’une solution comme le plasma est déterminé grâce au test FRAP. A faible pH et à 37°C, le complexe tripyridyltriazine ferreux (TPTZ-Fe 3+ ) est ajouté à l’échantillon. Les antioxydants présents réduisent le complexe sous sa forme Fe 2+ et son absorbance est lue à 593 nm toutes les 15 s durant la période de mesure. Ce test est rapide et donne des résultats reproductibles pour des solutions biologiques ainsi que pour des solutions
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Généralités pures d’antioxydants où la réaction est indépendante de la concentration car la réponse est linéaire (http://www.labo-nutrinov.com).
IV.2.4- Test ORAC (Oxygen Radical Absorbance Capacity) La particularité du test ORAC est la possibilité de mesurer séparément à partir d’une même solution biologique la capacité antioxydante des composés hydrophiles et lipophiles qui la composent. Les composés sont évalués pour leur capacité à empêcher l’oxydation de la fluorescéine par les radicaux péroxyles. Ce test est applicable aux solutions biologiques comme le plasma sanguin et aux extraits de fruits et légumes (http://www.labo-nutrinov.com).
V- LE DIABETE SUCRE
Le diabète sucré est une maladie chronique provoquée par un trouble du métabolisme des glucides et caractérisée par un taux anormalement élevé de sucre dans le sang et les urines (Encarta ®2009). Le diabète est installé lorsque la glycémie à jeun est supérieure à 120 mg/dl chez l’homme, et supérieure à 250 mg/dl de sang chez la souris.
V.1- Différents types de diabète sucré
L’OMS (1999) a défini trois principaux types de diabètes : le diabète de type 1, le diabète de type 2 et le diabète néonatal. Ces formes se différencient par leurs causes et leurs distributions:
- le diabète de type 1 (ou diabète insulinodépendant) fait partie des maladies auto-immunes. Il est dû à la destruction des cellules β langheransiennes. Ce diabète également appelé diabète maigre portait autrefois le nom de diabète juvénile, représente 5 à 10% des cas de diabète et son évolution est très rapide; - le diabète de type 2 (ou diabète non insulinodépendant) se caractérise par une résistance à l'insuline de l'organisme et une hyperinsulinémie réactionnelle. Le pancréas fabrique de plus en plus d'insuline et lorsque la quantité d'insuline ne suffit plus à contrer les résistances, le taux de glucose devient anormalement élevé. Ce type de diabète est dit diabète gras ou diabète de la personne âgée et c’est la forme la plus fréquente du diabète sucré (70-90% des cas); - le diabète néonatal est semblable au diabète du type 2 parce qu'il implique la résistance à l'insuline. C’est une affection très rare caractérisée par une hyperglycémie survenant dans les six premières semaines de la vie et se guérit spontanément vers le 18 ème mois (http://fr.wikipedia.org).
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Généralités
V.2- Pathogenèse du diabète sucré (Encarta ®2009)
L'insuline, hormone sécrétée par le pancréas, permet de réguler le taux du glucose sanguin, qui fournit l'énergie nécessaire à de nombreux processus métaboliques. - Chez un sujet en bonne santé, lors de la digestion, la glycémie augmente. Le pancréas sécrète de l'insuline qui permet aux cellules insulinodépendantes, telles que les cellules des tissus adipeux et musculaire, d'assimiler le glucose. L'insuline contribue en outre à la transformation du glucose en glycogène, substance énergétique emmagasinée dans le foie et les muscles. Des hormones régulent l'insulinosécrétion en faisant chuter le taux de sucre dans le sang. En retour, le pancréas produit moins d'insuline. - Chez un sujet atteint de diabète sucré, le pancréas ne sécrète pas assez d'insuline ou l'organisme est incapable d'utiliser l'insuline produite. Si au terme de la digestion le pancréas ne peut sécréter suffisamment d'insuline, l'organisme est contraint de puiser son énergie dans les graisses et non plus dans le glucose. Bien que partiellement excrétées dans l'urine, des substances toxiques appelées cétones s'accumulent dans le sang, ce qui contribue à l'apparition de l'acidocétose, maladie grave pouvant entraîner le coma ou la mort. Si l'organisme s'avère incapable d'utiliser correctement l'insuline, le glucose ne peut pénétrer dans les cellules et circule librement dans l'organisme sans être assimilé. Un taux élevé de sucres dans le sang et dans l'urine altère les défenses de l'organisme contre l'infection et peut entraîner l'acidocétose.
V.3- Traitements du diabète sucré Un régime hyposucré et des exercices physiques constituent les premières étapes du traitement de diabète. Mais si ces mesures échouent pour régler la glycémie, la thérapie par des médicaments à voie orale est recommandée (Van de Laar et al. , 2005). Six classes de médicaments anti-hyperglycémiques oraux existent (Nathan 2007) :
- les biguanides (ex: metformine), un médicament antihyperglycémiant plutôt qu'hypoglycémiant (son utilisation évite la hausse du taux de glucose dans le sang mais n’entraîne pas l'hypoglycémie), - les sulfamides hypoglycémiants (ex: tolbutamide), augmentent de façon temporaire la sécrétion d’insuline, - les glinides (ex: repaglinide), agissent comme les sulfamides en forçant le pancréas à sécréter de l’insuline au moment des repas, - les thiazolidinediones (ex: pioglitazone),
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Généralités
- les dipeptidyles inhibiteurs de la peptidase IV (ex: sitagliptine), - les inhibiteurs d' α-glucosidase (ex: acarbose), diminuent l’absorption de sucres de l’intestin vers le sang.
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MATERIELS ET METHODES
Matériels et méthodes
MATERIELS ET METHODES
I. ZONE DE RECOLTE La récolte des fruits de «voaramontsina» a été effectuée autour du mont Fanongoavana (Altitude: 1627 m, Longitude: 19°03’535’’S, Latitude: 47°5’069’’E), dans le district de Manjakandriana (Carte 2). La zone de récolte est formée d’une brousse éricoïde et de reliquats de formation secondaire, dominées par les espèces d’Ericaceae et d’Eucalyptus. Elle présente un climat humide tempéré d’altitude, caractéristique de la région orientale.
Photo 4 : Vue du Mont Fanongoavana et de ses Photo 5 : Brousse éricoïde, habitat typique alentours, district de Manjakandriana. de «voaramontsina».
II. MATERIELS
II.1 - Matériel végétal Les fruits de «voaramontsina» ont été récoltés pendant la saison de fructification, durant les mois de Janvier et Février 2009. Les fruits récoltés sont immédiatement placés dans une glacière (autour de 5°C). Les fruits destinés à l’extraction méthanolique ont été étuvés pendant environ 5 jours à 50°C, tandis que ceux nécessaires aux caractérisations physico-chimiques ont été congelés à -15°C jusqu’à leur utilisation.
II.2 - Matériel biologique Les tests biologiques ont été effectués sur des souris swiss de l’espèce Mus musculus élevées dans une animalerie dans les conditions naturelles de lumière, de température d’humidité et d’aération. Les souris sont nourries quotidiennement avec de la provende standardisée sous forme de pellet (1340, Avitech - Antananarivo) et de l’eau de robinet.
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Matériels et méthodes
Carte 2 : Localisation de la zone de récolte située à Fanongoavana dans le district de Manjakandriana (source : Kew-map, 2010). Échelle : 1 /200 000.
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Matériels et méthodes
III. METHODES:
III.1 - Caractérisation des différents stades de maturation des fruits de «voaramontsina» La période de fructification de «voaramontsina» est assez étalée et la maturation des fruits est hétérogène d’un pied à l’autre mais aussi sur le même pied (Photo 6 et 7). En effet, Sur un même pied, il est possible d’observer des fruits à différents stades de maturation, voire même des fleurs épanouies.
Photo 6: Pied de «voaramontsina» montrant Photo 7: Grappe à fruits de différentes l’hétérogénéité de la maturation des fruits couleurs. Barre=0,5 cm
Quatre stades de développement (Photo 8) ont été définis suivant la maturation des fruits selon la classification établie par Çelik et al. (2008) chez Vaccinium macrocarpon :
- stade I : fruit vert en cours de développement (a) - stade II : fruit à moitié rouge ou fruit rose (b) - stade III : fruit rouge (c) - stade IV : fruit pourpre (d)
(a) (b) (c) (d)
Photo 8 : Les quatre stades de développement définis au cours de la maturation des fruits de
«voaramontsina» . Mémoire de DEA Miora RARINIRINA 19
Matériels et méthodes
III.1.1- Caractérisation morphométrique Les fruits sont préalablement triés en fonction de leur stade de développement avant de mesurer leur diamètre. Ensuite, les fruits sont pesés frais puis séchés à l’étuve jusqu’à l’obtention d’un poids sec constant. La teneur en eau est donnée par la formule : avec : TE : la teneur en eau (%) PMF – PMS TE 100 PMF : le poids de la matière fraîche PMF PMS : le poids de la matière sèche
III.1.2- Caractérisation physico-chimique Pour chacun des quatre stades de développement, 20 g de fruits fraîchement sortis du congélateur ont été broyés, mélangés avec 60 ml d’eau distillée, puis mise en agitation pendant 15mn. Le mélange est ensuite filtré avec un papier filtre (MN 616, Ø90 mm) et le jus obtenu est utilisé pour la détermination de l’acidité titrable et du taux de solides solubles.
a- Acidité titrable L’acidité titrable mesure la concentration de tous les ions d’hydrogène disponibles, ceux qui sont libres en solution sous forme d’ions H + et ceux liés à des acides non dissociés et aux anions. 25 ml de jus de fruits sont dilués dans 25 ml d’eau distillée. L’acidité du jus est mise en évidence par titration avec de la soude 0,1N après avoir ajouté 2 gouttes de phénolphtaléine. L’apparition d’une couleur rose violacée indique la neutralisation. Le volume de soude nécessaire à la neutralisation de tous les acides est proportionnel à l’acidité du jus. Cette acidité est exprimée en gramme d’acide malique par 100 g de fruits. La valeur obtenue est multipliée par le facteur de dilution qui est égale à 6.
b- Total des solides solubles (TSS) Le contenu des solides solubles représente le total de tous les solides dissous dans l'eau, incluant le sucre, les sels et les protéines. Il est mesuré à l’aide d’un réfractomètre. Ainsi, deux gouttes du jus sont étalées sur le prisme du réfractomètre. Le TSS est exprimé en pourcentage. La valeur lue est multipliée par le facteur de dilution qui est égal à 3.
c- Dosage des chlorophylles La détermination de la teneur en chlorophylles de chaque stade de développement est réalisée selon le principe de dosage défini par Arnon (1949). Pour cela, 0,1 g de fruits broyés est
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Matériels et méthodes mélangé avec 20 ml d’éthanol 98° glacial. Le mélange obtenu est agité puis centrifugé à 1000 tr/mn pendant 15 mn. Ensuite, le surnageant est récupéré et l’absorbance est lue à 663 nm pour la chlorophylle a et 645 nm pour la chlorophylle b à l’aide d’un spectrophotomètre (Anthelie, Light- Secomam ®) en utilisant l’éthanol comme blanc. La teneur en chlorophylles totales, exprimée en mg/g de fruits, est déterminée selon la formule d’Arnon (1949):
Chlorophylle totale mg/ml = 0,0202 645 0,00802 663 avec, D.O : Densité optique (absorbance)
d- Dosage des anthocyanes La méthode utilisée dans la détermination de la concentration en anthocyanes totaux est basée sur celle décrite par Iland et al. (2000) puis modifiée par l’Australian Wine Research Institute en 2006. Cette méthode nécessite une extraction des composés à partir d’échantillons broyés, une expression de leur coloration à faible pH et une quantification basée sur leur absorbance à une longueur d’onde de la lumière visible. La malvidin-3-glucoside constitue l’un des anthocyanes majeurs du fruit du genre Vaccinium (Lohachoompol et al. , 2008) et le résultat est exprimé en équivalent en malvidine.
Brièvement, 50 g de fruits de «voaramontsina» sont broyés en purée à l’aide d’un mixeur. Ensuite, 2 g de l’homogénat sont mélangés avec 20 ml d’éthanol à 98°. Après 1 h d’agitation, le mélange est centrifugé à 1000 tr/mn pendant 15 mn ; 0,2 ml du surnageant est versé dans un tube puis additionné de 3,8 ml de 1M HCl. Le mélange obtenu est agité puis placé au réfrigérateur à 4°C pendant 3 à 24 h (étape critique pour permettre l’expression de la couleur). L’absorbance de l’extrait est lue à 520 nm.
La concentration est ensuite calculée selon la formule :