Le Manga Et CLAMP : Inspirations Et Innovations Franck Dubosc
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Le manga et CLAMP : inspirations et innovations Franck Dubosc To cite this version: Franck Dubosc. Le manga et CLAMP : inspirations et innovations. Art et histoire de l’art. 2015. dumas-01288492 HAL Id: dumas-01288492 https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01288492 Submitted on 15 Mar 2016 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. Université de Pau et des Pays de l’Adour DUBOSC Franck UFR Lettres, Langues, Sciences Humaines Département Histoire de l’Art Mémoire de recherche 1ère année Le Manga et CLAMP : inspirations et innovations Tome 1 Sous la direction de Mme Forero-Mendoza, professeur d'art contemporain juin 2015 Page précédente : CLAMP, xxxHolic, Kochou No Yume (artbook, couverture), éditions Kodansha, 2013 2 Avant-Propos Dans cette réflexion, j'ai voulu traiter le sujet du manga, la bande dessinée japonaise, et plus particulièrement un groupe d'auteures : les CLAMP. En regardant attentivement, j'ai remarqué qu'elles s'inspirent beaucoup de l'art occidental, l'Art nouveau en particulier, mais qu'elles n'en oublient pas pour autant leurs origines nippones. Ainsi, je me suis demandé de quelle manière le studio CLAMP s'est créé une identité graphique en puisant à la fois dans la tradition nippone et occidentale. Le manga est un sujet qui me passionne et je suis un fan des CLAMP. Je les ai découvertes à l'âge de 10 ans, dans le série animée Card Captor Sakura1. Mais plus que de traiter un sujet qui me plaît, j'ai voulu, dans cette réflexion, appréhender le manga comme un art sérieux, avec ses codes, ses inspirations, au même titre que les grands mouvements artistiques occidentaux. Enfin, je souhaite enlever tous les préjugés que l'on prête trop souvent à la bande dessinée japonaise. J'ai, dans un premier temps voulu, par le biais de l'introduction, montrer comment le manga est arrivé en occident, ce qui fait que l'on peut s'y intéresser aujourd'hui. C'est un sujet qui n'était pas envisageable il y a vingt ans mais qui, actuellement, par son omniprésence dans notre paysage culturel, doit être traité davantage en profondeur. Il sera ensuite nécessaire d'expliquer plus en détail son apparition et son évolution dans son pays d'origine. J'ai d'abord fait un historique du manga, en commençant par l'époque Edo (considéré comme un renouveau artistique au Japon) jusqu'au moment où les CLAMP ont débuté. Il est important de commencer par l'estampe car elle a imposé des thèmes et des codes qui se retrouvent dans le manga contemporain. Puis j'ai pu débuté un travail plus approfondi sur CLAMP. Comme le sujet mêle l'art occidental et oriental dans les travaux du groupe, il n'y a pas de limite géographique et chronologique : je parle de CLAMP dans le monde, du début de leur carrière jusqu'à aujourd'hui. Je ne parlerai, ici, que de la version papier des manga et non de leurs adaptations en anime, sauf si ces dernières sont nécessaires à la réflexion. J'ai également pris le parti d'utiliser les titres francisés (par exemple, je parle du manga Olive et Tom alors que son titre original est Captain Tsubasa). Je n'accorde pas en genre et en nombre les mots issus de la langue japonaise car se sont des caractères japonais retranscrits en alphabet grec à partir de la prononciation du mot2 (par exemple, même au pluriel, manga ne prendra pas de « s »). Enfin, je prends comme début d'un 1 Francisé à la télévision Sakura, chasseuse de cartes. 2 Certains articles ou livres font les accords, d'autres non. 3 manga, la publication du premier chapitre au Japon, et donc, comme fin, la publication du dernier sur l'archipel. Les plus grandes difficultés pour ce travail ont été le manque d'informations. Le manga est un sujet très peu étudié, seulement quelques livres traitent de l'histoire générale de la bande dessinée japonaise. De plus, il n'y a aucun texte qui propose une réflexion approfondie sur les CLAMP ou sur aucun autre mangaka en particulier. Mais finalement, le choix des images s'est fait rapidement puisque c'est un univers dans lequel je suis immergé depuis longtemps. De ce fait, la réflexion sur ces mêmes images est venue naturellement. Il a aussi été facile de trouver des informations sur l'Art nouveau ou les coutumes japonaises qui sont des sujets largement étudiés. J'espère que j'aurai su vous faire découvrir ma passion et vous familiariser quelque peu avec les manga. 4 Remerciements Je souhaite adresser des remerciements aux personnes qui m'ont permis de vous présenter ce mémoire tel qu'il est aujourd'hui. Tout d'abord, je remercie Mme Forero Mendoza Sabine, ma directrice de recherche et professeur à l'Université de Pau et des Pays de l'Adour. Elle a su me guider dans mon travail et ma réflexion et je lui suis reconnaissant de l'aide et du temps qu'elle m'a consacré. Je remercie aussi Mme Fauqué Christianne, professeur de français à la retraite, pour ses précieux conseils en matière d'orthographe, de grammaire et d'expression. Enfin, je remercie Mlle Marsan Julie, amie et étudiante, pour sa relecture attentive, qui a su voir les quelques fautes restantes. 5 Introduction Nous allons tout d'abord tenter de voir comment le manga s'est inséré dans notre paysage culturel, mais aussi comment il est y appréhendé. Le manga qui est originellement une bande dessinée japonaise, constitue aujourd’hui un mode d’expression graphique, une forme de production visuelle populaire dans le monde entier et en particulier en France. Cette diffusion est récente, elle ne date que d'un peu plus de vingt ans environ : le premier manga édité en France, Akira, est sorti pour la première fois en 1991 chez Glénat, alors que le genre, lui, est un pilier de la culture nippone depuis plus d'un siècle (la première édition de la revue Shonen Jump, magazine de manga pour garçon, date de 1914). C'est un outil pédagogique voire même un moyen de communication. Il est, sur l'archipel, un média dont l’importance est égale à celle de l'écrit, qui reflète la culture japonaise, transmet son esthétique, ses valeurs, son âme et son histoire. Si, au pays du soleil levant, la production actuelle se situe dans la continuité d'un art historique, il faut reconnaître qu'il s'est implanté différemment dans nos contrées. L'assimilation du genre s'est faite majoritairement par le biais des anime, adaptations télévisée de manga sur papier, arrivées sur nos écrans dès la fin des années 70 dans des émissions pour enfants telles que RécréA2 et Club Dorothée. C'est ainsi que les petits français découvrent à l'antenne les classiques Goldorak, Candy, Lady Oscar, Albator mais aussi Ken Le Survivant, Olive et Tom, Saint Seiya, les chevaliers du Zodiaques et Dragon Ball Z, qui sont tous aujourd'hui des classiques du genre ayant inspiré les artistes des générations suivantes. Il faut néanmoins savoir que chacune des sorties de ces diverses productions étaient sujettes à de vives polémiques. Ainsi Ken le Survivant, par exemple, a été la première série japonaise à faire parler d'elle après sa projection dans le Club Dorothée, en 1989, car elle montrait des scènes sanglantes s'adressant à un public averti ou adulte1. Mais l’incident n’a pas empêché l’arrivée en France d’autres anime. Vinrent ensuite les versions papier qui attirèrent les curieux déjà familiarisés avec le style de l'animation nippone. Le manga a cependant longtemps été vu comme un « sous-genre » de la bande dessinée. On lui a souvent reproché son manque de couleur, interprété comme le signe d'une moins bonne qualité de travail, et ses représentations de jeunes décrites comme « à forte poitrine, en mini-jupe et avec de 1 Des scènes sont alors coupées, des parties réadaptées pour les enfants, dénaturant ainsi toute la série et le travail de l'auteur. 6 grands yeux » ont été souvent jugées « perverses », ce qui, en réalité n’était que le résultat d’une méconnaissance de codes iconographiques. Les détracteurs étaient et restent nombreux : Ségolène Royal, par exemple, a dénoncé en 1989 la dangerosité et le caractère néfaste des séries nippones et du manga, censés véhiculer de mauvaises idées et pensées que les adolescents n'auraient pas eu sans eux.1. Le Monde Diplomatique n'était pas loin de voir un complot visant à abêtir la jeunesse2. De telles appréciations allaient à l’encontre de la traditionnelle vision occidentale de la culture japonaise, sophistiquée et pleine de spiritualité. Le courant japoniste, dès le dix-neuvième siècle, avait contribué à diffuser les images exotiques de kimonos, d’éventails, de geishas savamment apprêtées. Tous ces stéréotypes semblaient littéralement piétinés par le manga et les anime, et leur auréole attaquée par une communauté croissante de fans, plus communément appelés otakus. Cette nouvelle mode coïncide avec les premières œuvres éditées en France, au début des années 90. Ces dernières sont « francisées » afin de ne pas « brusquer les lecteurs ». La lecture japonaise, on le sait, se fait de droite à gauche, le sens fut d’abord inversé et on colorisa parfois les dessins, comme ce fut le cas pour Akira, procédé critiquable sur bien des points, notamment parce qu'il atteste un manque de respect certain pour le travail de l'auteur.