SAMUEL PETIT Un correspondant de Nicolas-Claude Fabri de Peiresc et d’André RIVET dans le premier XVIIe siècle Transcription, présentation et annotation par Jean Luc TULOT -=-

Samuel Petit était sous le règne de Louis XIII un ministre protestant de Nîmes, principal du collège, et professeur de théologie, d’hébreu et de grec à l’académie, où il y vivait paisiblement. Connaissant également le syriaque, le chaldéen, le syrien et l’arabe, il avait pour marotte de conduire des recherches sur les textes antiques, lorsque en 1629, se produisit un événement imprévisible. Un conseiller au parlement d’Aix en Provence, le Sieur de Peiresc, qui dans les premières décennies du XVIIe siècle selon les mots de Pierre Bayle fut le Procureur général de la République des Lettres1, l’arracha à son anonymat pour en faire un des acteurs de son action culturelle. Peiresc était catholique, ce geste provoqua la réaction d’une autre figure de la République des lettres de son époque le pasteur André Rivet, le pape des qui résidait alors à La Haye2 et qui voulut l’arracher à l’influence des catholiques en l’invitant à venir aux Provinces-Unies enseigner à l’université de Franeker. Samuel Petit était connu jusqu’à présent à travers le récit de sa vie qu’en avait fait après sa mort son gendre Pierre Formy dans la tradition protestante, ouvrage que reprirent les historiens qui écrirent sur lui3. Disposant sur un microfilm de la quinzaine des lettres de Samuel Petit adressées à André Rivet, conservées à l’Université de Leyde, j’en ai entrepris la transcription le 13 mars 2011 puis ayant reçu de la bibliothèque Inguimbertine de Carpentras les lettres que Peiresc adressa à Petit je poursuivis le 17 avril 2011 ma tâche en les transcrivant à leur tour. INTERNET a grandement facilité mon travail par le fait que les transcriptions des lettres de Peiresc à ses correspondants et des lettres de ceux-ci à celui-ci, effectuées par Philippe Tamisey de Larroque dans la seconde moitié du XIXe siècle, sont directement consultables de chez moi sur les bibliothèques numériques Gallica et us.archive.org. Pour faciliter la compréhension des minutes de ces lettres, j’ai mis les accents et une ponctuation. Je les ai également organisées, dans la mesure du possible, en paragraphes. J’ai utilisé la

1 Pierre BAYLE, Dictionnaire historique et critique, Troisième édition, M. Böhm, 1720, tome III, pp. 2216-2217. Georges CAHEN-SALVADOR, Un grand humaniste, Peiresc, 1580-1637, Editions Albin Michel, Paris, 1951, p. 275. 2 André Rivet (1572-1651), d’une famille protestante de Saint-Maixent, ancien pasteur des La Trémoille à Thouars, partit en 1620 enseigner la théologie à Leyde, devint en 1632 le gouverneur du jeune prince Guillaume II d’Orange et du fait de cette charge devint en quelque sorte en Hollande le pendant protestant de Peiresc. A. G. van OPSTAL, André Rivet. Een invloedrijk Hugenoot ann het hof van Frederik Hendrik, Harderwijk, 1937 (Thèse de l’Université libre d’Amsterdam). 3 Les principaux biographes de Samuel Petit sont notamment : - Pierre FORMY, Vita Sam Petiti, professoris theologi in academia nemaurensis, 1663, in-4°. - Léon MENARD, Histoire civile, ecclésiastique et littéraire de la ville de Nismes, Chez Chaubert et Herissant, Paris, 1744-1758, 7 volumes, tome VI, livre XXII, p. 57-63. - Jacques-Georges de CHAUFFEPIE, Nouveau dictionnaire historique et critique, Amsterdam, 1750-1756, 4 volumes. - Abraham BORREL, Histoire de l’Eglise réformée de Nîmes, Société des livres religieux, Toulouse, 2e édition, 1856, p.154-156 (débuts à Nîmes), 182 (principal du collège), 186 (union des églises), 191 (les jésuites au collège), 198 (offres d’emploist), 200 (peste à Nîmes), 201 (décès), 275-276 (Pierre Formy). - Frères HAAG, La France protestante, Paris, 1846-1859, 10 vol. et Slatkine reprints, Genève, 1966, tome VIII, p. 204- 205. - Charles DARDIER, Notice sur Samuel Petit in F. Lichtenberger, Encyclopédie des sciences religieuses, Fischbacher, Paris, 13 volumes, 1877-1882, tome X, p. 511-513. Georges Maurin note que le pasteur Dardier a puisé dans les archives du consistoire de Nîmes des détails inédits. - Georges MAURIN notice sur Petit in Philippe TAMIZEY de LARROQUE, Les correspondants de Peiresc : XIV – Samuel Petit. Lettres inédites écrites de Nîmes et de Paris à Peiresc (1630-1637), F. Chastanier, Nîmes, 1887, 67 p. - Robert SAUZET, « Le théologien Samuel Petit (1594-1643), un homme de paix en des temps difficiles » in Homo Religiosus. Autour de Jean Delumeau, Editions Arthème Fayard, Paris, 1997, p. 641-649. graphie moderne pour les i et j et les u et v, de même j’ai doublé les c, l, m, p, r ou il n’en est mis qu’un. Les mots ou passages que je n’ai pu encore déchiffrer sont identifiés par >>>>>. Je remercie par avance les éventuels lecteurs de ce projet de me faire part de leurs observations et propositions de correction. J. L. T. ------

Un érudit provincial casanier Samuel Petit est né le 25 décembre 1594 à Nîmes. Il était le fils de Samuel Petit, pasteur de Saint-Ambroix et de Noémie Dollier. Il débuta ses études à Nîmes et les poursuivit en 1610 à l’université de Genève sous la direction de Théodore Tronchin et de Jean Diodati. En 1614, le synode du Bas-Languedoc l’admit au ministère et il fut nommé à Nîmes. L’année suivante il devint professeur en langues orientales à l’académie de Nîmes. Samuel Petit épousa le 11 février 1619 (contrat de mariage) Catherine Cheyron, fille d’Isaac Cheyron, docteur en droit et principal du collège de Nîmes et d’Esther de Mazaudier4. En 1627, Samuel Petit connut une nouvelle étape dans sa carrière en étant nommé, sur la recommandation du duc Henri II de Rohan, principal du collège de Nîmes. Parallèlement à cette carrière éducative, Petit se livrait à des travaux d’érudition. Sa rencontre en 1629 avec Peiresc alors que celui-ci, membre du Parlement d’Aix, faisait parti de la délégation chargée par cette cour de saluer le Roi et le Cardinal à Nîmes, favorisa leur publication. Son Miscellaneorum lib. IX dédié au marquis d’Effiat, fut édité à Paris en 1630, il fut suivi en 1631 de ses Eclogoe chronologicœ dédiées à Peiresc et en 1632 de son Variarum lectionum lib. IV qu’il dédia à Christophe Justel. Outre Peiresc, l’historien de Nîmes Léon Ménard signale parmi ses correspondants : Philibert de La Mare, conseiller au parlement de Dijon, Selden, Vossius, Gassendi, Justel, Rivet, Turretin, Bochart, Rainesius, Gronovius et Alexandre Morus5. Elie Benoist, mentionne qu’en 1631, Petit écrivit un discours sur le projet de réunion de la religion catholique avec la protestante que le cardinal Richelieu voulait alors entreprendre. A la différence de l’ouvrage que La Milletière rédigea sur cette matière à la même époque, Petit avait plutôt en vue la réunion des protestants entre eux que celle des réformés et des catholiques. Son projet ayant été modérément apprécié, il ne le mit point en lumière, se défit de cette fantaisie et persévéra dans la Religion réformée6. Le 23 juillet 1633, se produisit à Nîmes pour les protestants un événement fâcheux, le Roi qui souhaitait donner des gages aux catholiques, ordonna que la direction du collège et de l’internat de la ville soit remise aux jésuites7. Le consistoire et le conseil académique chargèrent Samuel Petit et son collègue Philippe Codurc de porter au Roi et à son ministre leurs doléances et supplications, mais ils se heurtèrent à une fin de non recevoir. A la suite de cet échec, il est possible que Samuel Petit fît part à ses amis parisiens de ses incertitudes quant à son avenir en France, mais il est aussi possible, connaissant l’attachement du pasteur de Nîmes à son pays, que ce soient ceux-ci qui interprétèrent ses sentiments et informèrent Saumaise de ses problèmes. Celui-ci proposa alors à Rivet de prendre en considération sa candidature pour la chaire de théologie de l’université de Franeker en Frise8 qui était alors dépourvue de titulaire.

4 Catherine Cheyron donna à Samuel Petit six enfants : Pierre (8 octobre 1620), Esther (23 décembre1621), Jacques (14 février 1623), Antoinette (18 juin 1625), Isabeau (2 septembre 1627) et Louise (27 juin 1637). 5 Léon MENARD, Histoire de la ville de Nismes, op. cit., tome VI, livre XXII, p. 59. 6 Elie BENOIST, Histoire de l'Edit de Nantes, contenant les choses les plus remarquables qui se sont passées en France avant et après sa publication, à l’occasion de la diversité des religions … jusques à l’édit de révocation en octobre 1685, avec ce qui a suivi ce nouvel édit jusques à présent, Delft, chez Adrien Beman, 1693-1695, 5 vol, tome II, p. 514-515. 7 Françoise MOREIL, « Le Collège et l’Académie réformée de Nîmes », Bulletin de la Société d’Histoire du Protestantisme français, tome CXXII, 1er trimestre 1976, p. 77-86, p. 82 et Robert SAUZET, Contre-Réforme et Réforme catholique en Bas- Languedoc. Le diocèse de Nîmes au XVIIe siècle, Editions Nauwelaerts, Louvain, 1979, p. 276-277. 8 Franeker est situé à 8 km à l’ouest de Leeuwarden, la capitale des stathouders frisons, entre cette ville et le port de Harlingen. L’université de Franeker, créée en 1585, a été supprimée par Napoléon en 1811. L’on peut envisager aussi qu’en agissant ainsi Saumaise, dont on connaît le caractère irascible, ait cherché à éloigner de Peiresc un personnage qui lui portait ombrage. Samuel Petit s’étant rendu à nouveau à Paris pendant le dernier semestre 1634 pour obtenir le droit de faire imprimer son nouvel ouvrage, Leges Atticæ, André Rivet, profitant de la présence dans la capitale de son frère cadet Guillaume Rivet, pasteur des La Trémoille en leur comté de Taillebourg, venu dans la capitale pour protester contre des arrêts lui interdisant de prêcher ailleurs que dans son Eglise, le chargea de lui proposer ce poste de professeur de théologie à l’université de Franeker. Samuel Petit ne paraît guère avoir enchanté par cette proposition et répondit par des paroles dilatoires qu’il ne méritait pas cet honneur, invoquant ses lacunes. Rivet toutefois continua pendant plusieurs années à le presser d’accepter son offre. L’on sait peu de chose sur l’activité pastorale de Samuel Petit, en dehors du fait que le synode provincial du Bas Languedoc le choisit en 1637 pour le représenter au synode national d’Alençon. La lettre que celui-ci adressa le 21 mai de cette année à Rivet nous permet de connaître sa position sur l’affaire de Saumur :« Dieu vueille nous addresser si bien par son Esprit, que nous puissions estoufer ses disentimens qui sont si préjudiciables à la paix de l’Eglise ». Tant à l’aller qu’au retour, Samuel Petit passa par Paris et l’on peut présumer que c’est à cette occasion qu’il entra en relation avec Claude Sarrau qui en 1636 était devenu conseiller au parlement de Paris. En 1638, l’année suivant celle du décès de Peiresc, Petit semblait disposé à partir pour Franeker. Rivet, croyant avoir achevé de le convaincre écrivait le 29 avril à Mersenne : « Sçavez-vous bien que nous attirons Samuel Petit en l’académie de Franeker et qu’il s’y est obligé ? »9. Mais la mort de la plus jeune des filles de Petit et la maladie de sa femme, qui s’en suivit, lui firent remettre à nouveau son départ (lettre du 2 novembre 1638)10. Notons que c’est en cette année 1638, grâce à Rivet, qu’il entra en relation avec l’érudit Johann-Friedrich Gronow (lettre du 20 janvier 1638). En 1639, Petit semblait à nouveau disposé à partir, dans sa lettre du 1er février de cette année, il annonçait à Rivet son arrivée au Provinces-Unies, mais à nouveau il ne tint pas sa promesse. En 1640, Nîmes connut une épidémie de peste qui l’obligea à se retirer en sa maison des champs, puis lui même fut l’objet d’une fièvre qui l’accabla pendant neuf mois. Ce qui fit qu’il ne partit jamais pour Franeker dans les délais qui lui étaient impartis. Le 18 juin 1641, Petit reprit sa correspondance avec Rivet en lui envoyant quatre exemplaires de son dernier livre : Observationum libri tres dédié aux Etats de Frise. Dans sa lettre du 7 janvier 1642, il détailla à Rivet les raisons pour lesquelles il n’était venu en 1639. La tranquillité de Petit en son cher Nîmes, alors qu’il relevait de maladie, fut troublée le mois suivant par Claude Sarrau qui s’alarmant de l’influence que pouvait avoir sur lui son collègue Philippe Codurc, favorable au projet de réunion des Eglises de Richelieu, pressa Rivet de lui trouver un poste à Leyde11. Petit par sa lettre du 29 avril 1643, avec un certain agacement répondit à Rivet qu’il n’avait nul dessein d’imiter Codurc, le suppliant par contre de veiller à la conduite de son neveu Samuel Sorbière, fils de sa sœur Louise.

9 Correspondance du Père Marin Mersenne publiée par C. de Waard, Paris, tome VII, p. 185 (B.N.F., FF, 6206, f° 100-111) mentionnée par Robert SAUZET, « Le théologien Samuel Petit (1594-1643), un homme de paix en des temps difficiles », op. cit., p. 648. 10 Le pasteur Abraham Borrel mentionne que toutes les démarches faites auprès de Samuel Petit, tant par les protestants que par les catholiques, étant venu à la connaissance du président La Gallinière, celui-ci avertit le consistoire qui parvint à retenir Petit à Nîmes. Abraham BORREL, Histoire de l’Eglise réformée de Nîmes, op. cit., p. 199. 11 Lettre de Claude Sarrau à André Rivet du 7 février 1642. Hans BOTS et Pierre LEROY, Correspondance intégrale (1641- 1650) d’André Rivet et de Claude Sarrau, APA-Holland University press, Amsterdam et Maarssen, 1978-82, 3 vol, tome 1, p. 69. Claude Sarrau (1600-1651) d’une famille protestante d’Aquitaine, fils d’un conseiller et secrétaire du roi, après avoir fait des études de droit et un séjour en Italie, été avocat au barreau puis en 1627 conseiller au parlement de Rouen était devenu en 1636 conseiller au parlement de Paris. Erudit et bon latiniste, il devint un membre du cabinet Dupuy et c’est là qu’on peut présumer qu’il fit la connaissance de Samuel Petit à l’occasion d’un séjour que celui-ci fit dans la capitale. De leur relation subsiste une lettre en latin de Claude Sarrau à Petit datée du 19 janvier 1640 qui figure parmi le choix de ses lettres publié en 1654 par son fils Isaac et que Pieter Burmann a fait réimprimer à la suite de son édition des lettres de Marquardi Gudii, imprimée en 1697 à Utrecht, chez Franciscum Halmam & Gulielmum van de Water, 2e partie, Epistola XVII, p. 21- 22. Notons que c’est seulement le 19 septembre 1641 que Claude Sarrau entra en relation avec Rivet, faisant réponse à la lettre que celui-ci lui avait adressé le 11 septembre 1641. Pendant cinq ans jusqu'à sa lettre de rupture le 12 septembre 1646, il écrira chaque semaine à celui-ci. Samuel Petit mourut le 12 décembre 1643 dans sa quarante-neuvième année dans sa patrie qu’il n’avait finalement eu jamais l’intention de quitter, soutenu en ce sentiment par sa femme et ses filles. Son gendre, Pierre Formi, rédigea sa vie en latin qu’il adressa à l’université d’Oxford12. Léon Ménard ajoute que Formi eut le dessein de donner un recueil de toutes les lettres, tant latines que Petit avait écrites avec leurs réponses, mais il n’a pas exécuté son projet13.

Correspondance de Peiresc à Samuel Petit Nicolas-Claude Fabri de Peiresc (1580-1637) a écrit entre 1630 et 1637, année de sa mort, quatre-vingt-six lettres au pasteur de Nîmes Samuel Petit (1594-1643). Les minutes de quatre vingt d’entres elles sont conservées à la Bibliothèque Inguimbertine de Carpentras14 et six à la Bibliothèque Nationale de France15. Avec ce nombre, Petit figure, selon les travaux de Serge Maupouet, parmi les dix principaux correspondants de Peiresc, après les frères Dupuy certes, mais avant Gassendi et Saumaise16, mais curieusement ses lettres, dont l’existence a été signalée dés 1887 par Philippe Tamizey de Larroque dans son édition des lettres de Samuel Petit à Peiresc17, n’ont pas été l’objet d’une transcription, ce qui explique pourquoi Samuel Petit ne jouit pas de la même considération que les autres correspondants de Peiresc. Monsieur Jean-François Delmas, Conservateur en chef de la Bibliothèque Inguimbertine de Carpentras, ayant bien voulu m’adresser les copies de ces minutes, le 17 avril 2011, j’ai entrepris cette tâche à la recherche d’éventuelles indications sur les incitations d’André Rivet auprès de Petit à la rejoindre aux Provinces Unies18. Le prise de contacte avec les minutes de la Bibliothèque Inguimbertine est très difficile, en effet elles sont l’œuvre de plusieurs mains et leurs modes d’écriture différent. Si certaines d’entre elles sont rédigées d’une belle écriture avec des lettres bien formées, il n’en est pas de même pour les autres pour lesquelles à la première lecture l’on ne comprend que quelques mots ou quelques phrases et où souvent l’on devine les mots plus que l’on ne les lit. Ces difficultés calligraphiques constituent la raison probable pour laquelle, ces minutes n’ont pas été publiées jusqu'à présent. La copie des minutes sur fichier pdf et les agrandissements (200 % et plus) que permettent les logiciels de traitement d’images m’ont donné le moyen de percer la signification des mots les moins lisibles. A cela s’ajoute au fil de mon avancée mon accoutumance au vocabulaire et expressions utilisées par Peiresc. Les lettres de Peiresc à Samuel Petit, conservées à la bibliothèque de Méjanes d’Aix-en- Provence, au nombre de neuf, sont des copies de lettres conservées à la bibliothèque Inguimbertine. Ces copies, réalisées à la fin du XVIIe siècle, comportent des erreurs de transcriptions et comportent des lacunes. Elles présentent toutefois l’avantage d’avoir été écrites d’une même main, d’être d’une écriture régulière et bien formée, d’être aisées à déchiffrer et d’être l’œuvre d’un scribe familier de l’écriture et des tournures en usage au début du XVIIe siècle et apportent malgré tout une aide appréciable au déchiffrement des neufs lettres concernées19. Peiresc vivait toujours dans l’attente d’un objet, d’un document ou d’un livre qui lui permettrait de faire progresser ses connaissances, dans une situation comparable le 12 mai 2011, j’ai reçu d’un libraire de Marigny-Saint-Marcel en Haute-Savoie, bien loin de ma Bretagne natale, l’ouvrage qui

12 Vita Sam Petiti, professoris theologi in academia nemaurensis, 1663, in-4°. 13 Léon MENARD, Histoire de la ville de Nismes, op. cit., tome VI, livre XXII, p. 62. 14 Bibliothèque Inguimbertine de Carpentras, Ms 1875, f° 241-281. 15 Bibliothèque Nationale de France dans la série Nouvelles Acquisitions Françaises (NAF) 5172, f° 98-99, lettres datées des 3 novembre 1636, 18 novembre 1636, 9 décembre 1636, 17 décembre 1636, 12 janvier et 3 février 1637. 16 Serge MAUPOUET, Le registre des correspondants de Peiresc, ou le réseau épistolaire et relationnel européen et méditerranéen d’un humaniste aixois dans la troisième décennie du dix-septième siècle, Mémoire de Maîtrise, Université de Paris XII – Val de Marne, Faculté des Lettres – Département d’Histoire, 1996. 17 Philippe TAMIZEY de LARROQUE, Les correspondants de Peiresc : XIV –Samuel Petit. Lettres inédites écrites de Nîmes et de Paris à Peiresc (1630-1637), publiées et annotées par Philippe Tamizey de Larroque, précédées d’une notice sur Petit par Georges Maurin, F. Chastanier, Nîmes, 1887, 67 p. 18 En effet c’est pour étoffer mon édition de la quinzaine de lettres de Samuel Petit à André Rivet conservées à la Bibliothèque de l’Université de Leyde que j’ai réalisé ce travail. 19 Bibliothèque Méjanes d’Aix-en-Provence, Ms 209 (1027), f° 245-274. Les neuf lettres de cette série allant du 18 janvier 1630 au 18 février 1633 sont consultables sur le site INTERNET de la Bibliothèque Numérique Provençale. allait favoriser mon avancée, à savoir l’édition d’Agnès Besson des lettres de Peiresc à Claude Saumaise publiée en 199220. Pour l’annotation de ces lettres de Peiresc, Agnès Bresson a largement exploité les lettres de Peiresc à Petit et en a donné de nombreux extraits. Extraits qui m’ont permis premièrement de vérifier si ce que j’avais déjà saisi était bien transcrit et m’a permis de corriger mes fautes de lecture et deuxièmement de m’appuyer sur ces extraits pour poursuivre mon déchiffrement. Par ailleurs l’ouvrage d’Agnès Bresson a été pour moi une source de référence essentielle pour identifier les personnages, les documents ou ouvrages cités par Peiresc dans sa correspondance. Enfin c’est la lecture de l’inventaire des sources dressé par Agnès Bresson qui m’a appris que la Bibliothèque Nationale de France dans sa série des Nouvelles Acquisitions Françaises (NAF) 5172 conservait des lettres de Peiresc à Petit non conservées par la Bibliothèque Inguimbertine21. Enfin Agnès Bresson m’a signalé que la Bibliothèque municipale de Nantes conservait l’originale de la lettre de Peiresc à Petit du 20 septembre 163222. C’est, semble t-il, l’unique lettre originale de Peiresc à Petit qui soit parvenue à nous. La qualité de l’écriture de Peiresc fait regretter que nous ne disposons pas d’autres lettres de lui, ce qui nous aurait épargné les difficultés de lecture que posent les copies. Cette unique lettre du 20 septembre 1632 a par ailleurs une histoire. Elle fait partie de la collection d’orthographes que le peintre Pierre-Antoine Labouchère légua à sa mort à la Bibliothèque municipale de Nantes. Or Pierre-Antoine Labouchère, né le 26 novembre 1807 à Nantes, fils d’un armateur et consul de cette ville, était protestant, descendant d’une famille qui à la Révocation de l’Edit de Nantes avait émigré en Hollande. Il collectionnait les orthographes et l’on peut présumer que c’est avec émotion qu’il put ajouter dans sa collection cette lettre adressée au pasteur de Nîmes. Membre de la Société de l’histoire du protestantisme français, Pierre-Antoine Labouchère est mort le 28 mars 1873 à Paris et fut inhumé au cimetière du Père Lachaise.

Correspondance de Samuel Petit à Peiresc La correspondance de Samuel Petit à Peiresc parvenue à nous est moins fournie que celle de Peiresc à Petit. Tamizey de Larroque, dans le volume publié en 1887 qu’il a consacré à Petit dans sa série des correspondants de Peiresc, fait état seulement de 27 lettres23, 25 sont conservées à la Bibliothèque nationale dans le Fonds français à la côte 9544 et deux à la Bibliothèque Méjane d’Aix- en-Provence datées du 24 janvier 1634 et du 10 mars 163724. La bibliothèque municipale Lyon comporte une copie de la lettre du 24 janvier 1634 plus complète que celle conservée à la bibliothèque Méjanes d’Aix25. Curieusement, Tamizey de Larroque, sans doute décontenancé par le laconisme des lettres de Petit à Peiresc, n’a pas envisagé la possibilité de reconstituer le dialogue épistolaire entre les deux hommes en les publiant avec les lettres de Peiresc à Petit. L’on notera par ailleurs qu’il a commis une erreur en affirmant que la première lettre de Peiresc à Petit est postérieure de dix-huit mois à la première lettre de Samuel Petit datée du 12 octobre 1630 alors que le Ms 1875 de la Bibliothèque Inguimbertine de Carpentras révèle que la première copie des lettres de Peiresc à Petit est datée du … 18 janvier 1630, ce qui fait apparaître que Tamizey de Larroque n’avait pas vérifié sur le Ms 1875 sur quel folio était consigné la première lettre de Peiresc à Petit, à savoir le folio 241 et non le folio 248 portant la lettre de Peiresc à Petit du 6 mai 163226.

20 Nicolas-Claude FABRI de PEIRESC, Lettres de Peiresc à Claude Saumaise et à son entourage (1620-1637), Editées par Agnés Bresson, Leo S. Olschki Editore, Florence, 1992. 21 Ibid., p. 429. 22 Bibliothèque municipale de Nantes, Ms. 674, f° 161, reçue le 13 juillet 2011. 23 Philippe TAMIZEY de LARROQUE, Les correspondants de Peiresc : XIV –Samuel Petit. Lettres inédites écrites de Nîmes et de Paris à Peiresc (1630-1637), publiées et annotées par Philippe Tamizey de Larroque, précédées d’une notice sur Petit par Georges Maurin, Nîmes, 1887, 67 p. 24 Bibliothèque Méjanes Aix-en-Provence, Ms 209 (1027) : 24 janvier 1634 (275-276 et 279-280), 10 mars 1637 (277-278 et 281-284). 25 B. M. Lyon, Ms 1629, 54v/56v, reçue le 23 juin 2011. 26 Lettres de Samuel Petit à Peiresc, op. cit., p. 31, note 2. Notons à la décharge de Tamisey de Larroque que l’inventaire des manuscrits de la bibliothèque de Carpentras n’a été publié que quinze ans plus tard. M. LIABASTRE, Catalogue général des L’on notera la sécheresse dont Samuel Petit fait preuve dans ses lettres à Peiresc, dans lesquelles il se découvre peu, comme s’il craignait l’exploitation qui pouvait être faite de ses écrits27. Il y dévoile peu de choses sur lui et ne dit rien de sa femme et de ses enfants. Sa correspondance porte essentiellement sur ses travaux et sur les réponses aux questions de Peiresc. Le seul autre sujet qu’il aborde avec Peiresc est sa situation financière difficile à la suite du non payement de sommes qui lui étaient dues, situation financière qui il est vrai conditionnait la poursuite de ses recherches.

Correspondance de Samuel Petit à André Rivet Samuel Petit n’appartenait pas au seul réseau de correspondants de Peiresc, à son désagrément, il entra malgré lui dans celui d’André Rivet, autre membre prestigieux de la République des lettres28. Une lettre de Christophe Justel à André Rivet, en date du 24 septembre 1631, nous apprend que c’est Justel qui attira l’attention de Rivet sur Petit : « J’ay un livre à vous envoyer de Monsieur Petit, professeur de théologie à Nismes, Eclogae chronologicae in quibus de variis annorum Judaeorum, Samaritarum, Graecorum, Macedonum, Syromacedonum, Romanorum, typis, cyclisque veterum Christianorum Paschalibus disputatur29. Dès que je trouveray commodité, je le vous feray tenir. Il a deux autres livres sous presse : Sacrorum lectionum où il y a des observations de Velleus. C’est un homme de profond sçavoir, & qui a grande cognoissance des langues hébraïques et grecques, & d’agréable conversation. Si vous estiez en soing de tirer par de là un professeur en théologie, il rempliroit bien une place. Il vous honore grandement, & y ayant plus de fiance d’être exercé pour les académies il seroit aisé, comme on m’a dit, de l’esbranler. C’est une ouverture que je vous fais & vous pouvez vous en enquérir d’ailleurs »30. L’échange entre ces deux personnages nous est connu uniquement au travers de la quinzaine de lettres de Petit à Rivet, conservées à Bibliothèque de l’Université de Leyde à la cote BPL 301, allant du 24 novembre 1634 au 29 avril 164331. L’on notera que Samuel Petit dans ses lettres à Rivet comme dans ses lettres à Peiresc se dévoile peu. Il aura une attitude commune envers eux : résistant à leur désir de lui faire quitter son cher Nîmes. L’on notera que Samuel Petit ne tirera qu’un seul profit de la correspondance épistolaire que Rivet entretint avec lui, c’est d’être entré en relation avec Johann-Friedrich Gronow alors au début de sa carrière32.

Manuscrits des Bibliothèques publiques de France- Départements – Tome XXXVI – CARPENTRAS, tome III, première partie, Librairie Plon, Paris, 1902 (Inventaire des lettres de Peiresc à Petit allant du 18 janvier 1630 au 27 avril 1637, p. 310-311). 27 Tamisey de Larroque dans son avant propos donne une explication grandiloquente de ce fait . « Les lettres de Petit à Peiresc sont en générale assez courtes et plusieurs d’entre elles ne sont que de simples billets. On dirait un disciple qui semble avoir peur d’importuner le maître ; une discrétion respectueuse enchaîne les élans de la plume du critique Nîmois.La brièveté qu’il s’impose, en s’adressant à un des hommes les plus occupés du monde, ôte parfois un peu d’intérêt à sa correspondance ; il tourne trop court et il refuse trop souvent complète satisfaction à notre curiosité ; c’est un beau défaut, diront quelques personnes qui préfèrent la sobre et sage Sparte à la luxueuse et brillante Athènes ». Les correspondants de Peiresc : XIV –Samuel Petit, op. cit., p. 6. 28 A. G. van OPSTAL, André Rivet. Een invloedrijk Hugenoot ann het hof van Frederik Hendrik, Harderwijk, 1937 (Thèse de l’Université libre d’Amsterdam), p. 157 et Paul DIBON, Eugénie ESTOURGIE et Hans BOTS, Inventaire de la correspondance d’André Rivet (1595-1650), Martinus Nijhoff, La Haye, 1971. 29 Justel reprend le titre de ce livre in-4° de 391 pages, publiés en 1631 à Paris chez C. Morellum. 30 B. U. Leyde, BPL 302/109. 31 Ces lettres sont contenues, avec les lettres d’Aubertin, Le Faucheur et Mestrezat dans le registre conservés à Bibliothèque de l’Université de Leyde à la cote BPL 301. Elles sont en fait à l’origine du présent travail, j’avais reçu le microfilm de ce registre au mois de juillet, mais n’avait pas transcrit les lettres de Samuel Petit jusqu’à ce que j’effectue ce travail du 13 au 20 mars 2011. A la suite de quoi de fil en aiguille à la recherche de données sur Samuel Petit, je me suis lancé dans la transcription des lettres de Peiresc à Petit à la recherche de données sur André Rivet. 32 Johann-Friedrich Gronow (1611-1671) dit Gronovius, originaire d’Hambourg, futur membre éminent de la République des lettres, après avoir pérégriné aux Provinces-Unies, en Angleterre, en France, en Italie et Allemagne du Sud devint professeur en 1642 à l’Ecole illustre de Deventer puis en 1658 à l’université de Leyde. Sa correspondance a été inventoriée par Paul DIBON, Hans BOTS et Eugénie BOTS-ESTOURGIE, Inventaire de la correspondance de Joh. F. Gronovius (1631-1671), Martinus Nijhoff, La Haye, 1974. Peiresc, Saumaise et Petit. Agnès Bresson a démontré comment Nicolas-Claude Fabri de Peiresc se servit de Samuel Petit comme aiguillon contre l’inertie de Claude Saumaise33. Peiresc connaissait Saumaise depuis 1616, mais celui-ci se conduisait comme une diva. De ce fait l’on comprend, l’enthousiasme que conçut Peiresc lorsqu’il découvrit au mois de juillet 1629 l’érudition de Samuel Petit et que celui-ci pourrait lui servir pour l’étude du Copte, surtout qu’il louait son bon caractère et sa docilité. La différence d’âge entre les deux hommes. Peiresc était né en 1580 et Petit en 1594, peut expliquer cet état de fait. Peiresc à tendance à se conduire comme un Mentor à l’encontre de Petit comme s’il voyait en lui un disciple, une sorte de fils spirituel. Il ne faut toutefois pas être dupe dans la distribution des rôles : Samuel Petit fait docilement ce qu’il veut bien faire, dans le cas contraire il dit oui, mais ne le fait pas. Il refusera ainsi les offres de Peiresc, de même il restera sourd aux propositions d’André Rivet de partir pour les universités de Franeker ou d’Utrecht.

Une constante l’attente L’attente est un fait marquant qui pèse sur les acteurs de cette correspondance. Si la ville de Nîmes est situé à une centaine de kilomètres de celle d’Aix-en-Provence, Belgentier où se trouve la maison de campagne de Peiresc près de Toulon est située à deux cents kilomètres. Si ces distances sont couvertes en une ou deux heures de trajet nos jours par l’autoroute, il n’en était pas de même au XVIIe siècle, couvrir 100 km prenait deux ou trois jours, 200 km cinq à six jours. De fait de la durée des trajets, l’attente d’un courrier, d’un livre, d’un nouveau manuscrit est un des thèmes récurent de cette correspondance. Cette attente était allongée par les maladies qui imposaient des quarantaines ou des détours, les désordres nés des mouvements des troupes dans ces temps agités, la chute d’un mulet, les erreurs d’envois des paquets, tout cela rend familier cette correspondance vieille de quatre siècle, considérant que nous mêmes nous avons attendu la réception d’un article, d’un ouvrage pour pouvoir exploiter les thèmes exprimées dans les présentes lettres.

Qui était donc Samuel Petit ? Ces correspondances décrivent des séquences d’actions et d’expériences34, mais nous renseignent-elles réellement sur la personnalité de Samuel Petit. Nous le connaissions au travers du portrait donné de lui par son gendre, les correspondances avec Peiresc et Rivet réunies dans le présent ouvrage nous permettent d’appréhender de nouvelles facettes de sa personnalité, mais bien d’autres nous restent inconnues. Nous ne savons notamment rien des rapports de Petit avec sa femme, Catherine Cheyron, fille d’un docteur en droit et ancien principal du collège. Celle-ci obéit-elle à l’image de la femme protestante rêvée dans les ouvrages théoriques protestants silencieuse et se satisfaisant d’occuper la seconde place, ou était-elle une maîtresse femme à l’image de Mme Saumaise ou des deux femmes d’André Rivet, disant vertement à leurs pasteurs de mari leurs quatre vérités. L’on notera que dans une des ses lettres à Rivet Petit fait état de celle-ci pour expliquer les retards à son départ pour les Provinces Unies, Claude Sarrau ajoute à cela dans une des ses lettres à Rivet en précisant qu’à l’image de Suzanne Oyseau la première femme de Rivet, elle n’était guère favorable à leur départ vers les Provinces-Unies. Il est généralement admis qu’après 1629 le protestantisme français entra en léthargie35, ce qui favorisa son étouffement à petites goulées à partir de 165736, Nîmes diffère de ce schéma en restant encore pendant plusieurs décennies une ville où la Réforme resta conquérante, ce fait était

33 Agnès BRESSON, « Peiresc et les études Coptes : prolégomènes au déchiffrement des hiéroglyphes », XVIIe siècle, 1988, Vol. 40, N° 158, pp. 41-50, p. 45 et suivantes. 34 Paul RICOEUR, Temps et récit. 1. L’intrigue et le récit historique, Coll. Points-Essais, Editions du Seuil, Paris, 2001, p. 266. 35 Emile G. LEONARD, Histoire générale du protestantisme, Edition de poche Quadrige, Presses Universitaires de France, Paris, 1988, 3 vol, tome II, p. 331. 36 Janine GARRISSON, L’Edit de Nantes et sa révocation, Collection de poche Points Histoire, Editions du Seuil, Paris, 1987, p. 119. probablement lié à la prospérité économique de la communauté protestante de la ville et à son importance : 12 000 protestants face à 3 à 4 000 catholiques au début du siècle et à 8 000 catholiques dans la seconde moitié du siècle37. L’on ne peut que regretter que l’ensemble des correspondances publiées dans le présent ouvrage ne fait pas apparaître le rôle pastorale de Samuel Petit, en dehors de sa participation au Synode national de 1637, satisfaisant à la critique d’E. G. Léonard que les pasteurs de ce temps étaient davantage des hommes de cabinet que des hommes de terrain38. S’agissant des relations entre catholiques et protestants à Nîmes, cette correspondance est à peu près muette. Peiresc fait brièvement état du mi-partement du collège en 163439 et des problèmes que ce fait posa à Petit pour son logement et la poursuite de ses études et c’est à peu près tout. Touchant la Religion de Samuel Petit, l’on remarquera que celui-ci ne cédera pas à la tentation des catholiques et restera un protestant orthodoxe, rejetant les nouveautés de Saumur comme il l’écrit à Rivet dans sa dernière lettre de 1643. Les conseils qu’il dispensa à son neveu Sorbière cernent parfaitement les lignes directrices de sa conduite : étudier la théologie dans la plutôt que dans saint Thomas, prudence dans les controverses entre réformés, discrétion dans la lecture des auteurs, respect des Evangiles dans leur lettre et leur esprit40.

37 Robert SAUZET, Contre-Réforme et Réforme catholique en Bas-Languedoc. Le diocèse de Nîmes au XVIIe siècle, op. cit., p. 255-258. 38 Emile G. LEONARD, Histoire générale du protestantisme, op. cit., tome II, p. 347-348. 39 Ibid., p. 276 et Robert SAUZET, « Une expérience originale de cohabitation religieuse : le collège mi-parti de Nîmes au XVIIe siècle » in Les Frontières religieuses en Europe du XVe au XVIIe Siècle, Actes du 31e Colloque international du C.E.S. R., Tours, 1988), Paris, 1992, p. 283-290. 40 René PINTARD, Le Libertinage érudit pendant la première moitié du XVIIe siècle. Nouvelle édition augmentée d’un avant-propos et de notes et réflexions sur les problèmes de l’histoire du libertinage, Editions Slatkine, Genève, 2000, p. 335. Ière PARTIE Correspondance de Peiresc et de Samuel Petit -=-

La Découverte de Samuel Petit Peiresc rencontra pour la première fois Samuel Petit, principal du collège de Nîmes à l’occasion du passage dans cette ville le 14 juillet 1629 de Louis XIII et de Richelieu41. Peiresc étant l’un des membres du Parlement d’Aix député par cette Cour pour présenter ses respects au Souverain et à son ministre. Dans sa lettre du 21 juillet 1629 aux frères Dupuy42, Peiresc relate cette rencontre avec Petit : « Monsieur, Nous voicy enfin de retour sains et sauves du petit voyage de la Cour que nous sommes allez faire du costé d’Uzez et de Nîmes où Messieurs de nostre compagnie voulurent que je me trouvasse entre leurs députez pour salüer le Roy et Messieurs les Ministres […]. J’ay veu à Nismes le Sieur Samuel Petit, professeur en théologie prétendue, parent de M. Perrot, vostre allié, et demeuray grandement satisfaict de la douceur de sa conversation et de sa rare érudition. Il me monstra un petit travail qu’il a faict sur le compute des Samaritains aprez Scaliger43, où il montre combien peult son esprit aprez celuy de ce grand personnage, et me dict avoir faict quelque travail d’importance sur la chronologie. Je luy montray les Marmora Arundelliana que j’avois dans ma male, où il print un extrême plaisir. Il me fit voir trois libvres d’observations très curieuses sur Athénée, sur les mesmes manuscrits que Casaubon44 avoit maniez, où il faict comme M. Saulmaise sur le Suétone. Il les veult mettre soubz la presse à ce moy de septembre, Dieu aydant, qu’il espère d’aller faire un voyage à Paris pour cet effect, dont j’ay extorqué parolle de luy. Il a faict de bonnes notes sur le Martial. Mais il en a de bien plus utiles et nécessaires sur tout le Plaute où il est allé si avant qu’il a interprété tout le Punique qui y estoit le plus heureusement du monde, et y a trouvé un sens relatif du latin du devant et du derrière, qui lie trez bien les noms propres qui y sont entremeslez dont il rend les raisons trez apparantes, par le rapport des règles de ces langues orientales qui sont dérivées les unes des autres, et lesquelles diversifioient si fréquemment les voyelles. Il est arrivé jusques à ce point que d’interpréter le plus heureusement qu’on eust sceu imaginer, quelques noms propres de lieux insérés en la Saincte Escripture par ces fragments de la langue Punique, ce que pas un des anciens Pères n’avoit encores sceu faire. Au reste, c’est un homme le plus humble, le plus modeste, et la plus doulce humeur que j’ay veu. Je parlay de luy à Monseigneur le Garde des Sceaux et à M. le Surintendant, lequel en parla à Monseigneur le Cardinal de Richelieu pour le faire tirer de là et l’appointer à Paris. En quoy je trouvay tout plein de bonne disposition. Si nous en venons à bout, je pense qu’il feroit des merveilles à l’édition de ce Pentateuque Samaritain. J’en parleray aussy à M. Le Grand, maistre des requestes, pour le gouverner un peu durant le sesjour qu’il a à faire à Nismes. Il me montra un grand Homère de l’édition de Budes in folio en deux volumes, tout apostillé de la main propre du dict Budée et enluminé en divers endroicts des armoiries et devises du dict Budee. Il a une grande passion de vous offrir son service, tenant vostre vertu en singulière vénération. J’estime que vous y aurés bien du contentement. Il a une belle et curieuse bibliothèque, où il a bien bouquiné ses livres durant 12 années qu’il s’est tenu dans cette misérable ville, et a une mémoire non pareille. Il le faut ayder à s’en tirer »45. Peiresc reprend cette rencontre dans sa lettre du 6 août 1629 à Holstenius :

41 Maréchal de BASSOMPIERRE, Journal de ma vie, Ed. marquis de Chantérac, Renouard, Paris, 4 vol., 1870-1877, tome IV, p. 53-54. 42 Les frères Pierre (1578-1651) et Jacques Dupuy (1586-1656) tinrent de 1617 à 1645 en l’hôtel de leur parent le président de Thou, rue des Poictevins, proche de Saint-André-des-Arts, leur célèbre cabinet où se réunissait tous les esprits curieux que comptait Paris. Peiresc en fut l’hôte assidu pendant les années qu’il passa dans la capitale. Tout naturellement, celui-ci leur recommanda le pasteur de Nîmes. René PINTARD, Le Libertinage érudit pendant la première moitié du XVIIe siècle, op. cit., p. 92-94. 43 Joseph-Juste Scaliger (1593-1609) le plus grand philologue du XVIe siècle. Gustave COHEN, Ecrivains français en Hollande dans la première moitié du XVIIe siècle, 1920, Librairie Edouard Champion, Slatkine reprints, Genève, 1976, p. 187-217. 44 Isaac Casaubon (1559-1614). 45 Lettres de Peiresc, tome II, p. 130 et 133-134. « Au surplus, il fault […] que je vous dise que durant un petit voyage que je suis allé faire ces jours passez vers le Roy, je prins grand plaisir à revoir les antiquitez de Nismes, et encores plus à y gouverner comme je fis le Sr. Samuel Petit, professeur en prétendue pseudo théologie, natif de Genève, mais filz d’un Parisien, homme d’environ 40 ans, qui avoit une trez belle bibliothèque laquelle il avoit bien bouquiné depuis 12 ans qu’il avoit esté confiné dans ce collège, n’ayant nul goust à cette prétendüe profession aux prix des belles lettres, dont il est bien méritant, car il a fait un trez beau travail sur le Martial, sur l’Athené, et sur le Plaute, où il a traduict et fort heureusement interprété [341] tout le Punique, dans la correspondance et liaison des discours latins qui sont devant et derrière, et des noms propres qui y sont entremeslez, don il rend de bonnes raisons, et conformes aux règles et principes de cez langues orientales, dont le Punique estoit dérivé […]. Je parlay dudit Sr. Petit à Msgr le Garde des seaux, et à M. le Surintendant qui en parla aussy tost à Msgr le Cardinal et luy fis promettre d’aller faire un voyage à Paris à cette automne, où il mettra incontinent soubs la presse trois libvres qu’il a tous prests de ses observations sur l’Athénée, et j’espère qu’on le pourra bien arrester là. Il entreprendra [342] tost aprez le Plaute, et cependant je luy ay conseillé de donner à part ce qu’il a faict sur cez Puniques, estimant que l’un et l’autre seront trez bien receus. Au reste c’est un agneau de la plus modeste et plus doulce humeur du monde46. - 1 18 janvier 1630 – Boisgency47 à M. Samuel Petit à Paris48 Monsieur, J’ay esté infiniment ayse d’apprendre par des lettres des Messieurs Dupuy vostre heureuse arrivée à Paris, dont je vous félicite & me conjouis avec vous de tout mon cœur, sachant combien vault l’autre d’estre parmy la maladie en ces pais chaudz de deçà et d’en estre esloigné. Vous asseurant que j’avois esté en une extresme peine de vostre personne quand j’entendois le progrés que faisoit le mal dans vostre pauvre ville de Nismes49 et aurois usé de prou de diligence pour en apprendre de voz nouvelles, mais l’interruption du courrier estoit si grande qu’il n’y avoit pas moyen d’en rien tirer , c’est pourquoy je ne m’estonne pas de ce que M. Dupuy me mande que vous aviez tasché de m’envoyer et lequel ne s’est passé. Nous n’avions pas préveu cet inconvénient si soudain, car à paine vous eusmes nous laissé que le mal se prit à Arles où nous estions venus en sortant de vostre ville et nous suivit dans sept et huict jours dans Aix mesmes de sorte que nous n’eusmes pas le loisir de nous recognoistre & fallut songer se sauver d’un naufrage le mieux que nous pouvions. Je suis bien mary que cela m’aye osté le moyen de vous servir, comme je me le promettois envers ces Messieurs de La Cour qui seront possible desja partis de Paris ou dispersés ça et là comme M. le Cardinal, mais je vois bien que vostre voyage ne sera pour si peu de jours, que la Cour n’aye loisir de si rassembler à Paris, Dieu aydant avant que vous songiez d’en partir ne vous conseillant pas de vous retirer à Nismes tandis que le mal y dure, cependant vous pourriez avoir commencé de mettre au jour quelque chose où vous qui vous rendra tant plus recommandable et par conséquent susceptible du bien que nos Messieurs vous pourront procurer car ilz tesmoignent en avoir grande envie. Je voudrois bien qu’ilz s’en fussent desjà acquitt conformément à voz souhaictz et aux miens, vous seriez mieux recognu que vous n’estiés & plus >>>> selon vostre rare vertu. J’ay apprins par les mesmes lettres de M. du Puy que vous luy aviez faict voir quelques eschantillons de voz notes sur Plaute dont ils estoint demeurés très bien édifiés, >>>quelques autres de leurs amis qui sont des meilleurs juges de ce temps en ces matières, de quoy j’ay esté grandement ayse, et ay receu par ce moyen une lettre de Msgr le cardinal Bagny qui n’avoit pas encores esté adverty de vostre arrivée de par de là & tesmoignoit un grand désir de vous cognoistre & de faire pour vous

46 Lettres de Peiresc, tome V, p. 340-342. 47 En fait Belgentier au nord-est de Toulon que Peiresc écrit Boisgency ou Beaugentier. Dans le Journal de son voyage à Rome, Jean-Jacques Bouchard (1606-1641) décrit la visite qu’il y rendit à Peiresc le 14 novembre 1630. Jean M. GOULEMOT, Paul LIDSKY et Didier MASSEAU, Le Voyage en France – Anthologie des voyageurs en France du Moyen Age à la fin de l’Empire, Collection Bouquins, Editions Robert Laffont, Paris, 1995, p. 324-328. 48 Cette lettre qui semble marquer le début de la relation épistolaire entre Peiresc et Petit montre comment celui-ci joue son rôle de Mentor, qui celui-ci doit rencontrer, comment celui-ci doit se conduire. 49 Depuis le mois de novembre 1629 « la contagion de peste » sévissait à Nîmes. Robert SAUZET, Contre-Réforme et Réforme catholique en Bas-Languedoc. Le diocèse de Nîmes au XVIIe siècle, op. cit., p. 213. tout ce qui luy sera possible. Je voudrois bien que Messieurs du Puy vous eussent desjà présenté à luy, mais en tout cas je luy escripts un petit mot qui sera cy-joint qui vous servira d’addresse et vous asseurer que vous y serez fort favorablement accueilly. Ne faictes pas de difficultés de l’aller voir si ne l’avez desja faict, & de luy monstrer quelqu’unes de voz observations. J’escripz aussy un mot à Msgr le Garde des Seaux50 au cas que la Cour ne soit encor partie et à M. le Surintendant51 qui auroit parlé de vous à Msgr le cardinal de Richelieu avant que nous partissions de Nismes. Croyant néantmoins que vous n’aurez pas laissé de les voir, avant la réception de mes lettres. Que si vous n’y trouviés pas l’accueil ni l’entretien tel que vous le méritez, ne vous rebuttez pas pour cela ; car ces genz sont tellement accablez d’affaires qu’ilz ne peuvent pas satisfaire à la moictié de ce qu’il faudroit, et encores qu’il me semble pas quelque fois qu’ilz songent à ce que leur disent les gens de vostre sorte. Ilz ne laissent pas de s’en ressouvenir par aprez plus à loisir & puis aux occasions. Il ne fauct qu’un petit mot d’eux pour vous faire du bien. J’en escriray aussy un mot à Messieurs d’Espesses et d’Aubray qui estoient présents lorsque M. le Surintendant nous promit de si belles choses pour vous afin qu’ils taschent /241v°/ de vous présenter & introduire chez luy et chez Msgr le Garde des Seaux. J’espère que M. Le Grand, maistre des requestes, vous aura gouverné plus paisiblement que moy durant le temps qu’il séjourna dans Nismes aprez nostre partement comme il m’avoit promis de faire, et qu’il vous assistera volontiers de par de là de tous son pouvoir comme il est naturellement bien faisant & obligeant52, mais s’il y a moyen que vous vous résolviez à mettre quelque chose au jour, cela vous fera pour à plusieurs bonnes peines entreprinses, et vous servira de passeport & dedans & dehors le royaume où l’on a desjà parlé de vous en très bonne bouche. C’est pour quoy le plus tost que vous pourrez sera le meilleur. Car aussy bien les imprimeurs vous font tellement des fautes que vostre plant se mette soubz la presse de bonne heure pour ne vous faire trop languir estant bien certain que parmy le travail des imprimeurs vous y adjousteriez mille bonnes choses, et le meliorerez encores plus que vous n’avez faict quand vous ne voudriez que revoir ces dernières espreuves. Au reste, il fault que vous voyez M. Gassendy53 si ne l’avez deja veu, qui est homme grandement curieux et qui prendra volontiers la peine de vous introduire chez ses amis & les mieux et vous servira de bon cœur. Il vous dira les diverses rencontre que j’ay eu de deux espistres escriptes à feu M. de La Scala par des prêtres Samaritains sur diverses questions qu’il leur avoit faictes de leur chronologie & de leur Religion, lesquelles ils n’avoient jamais receues le pauvre homme car ils s’en s’en seroit bien prévalu. J’ay depuis eu des fragementz d’un lexicon & d’une grammaire en la mesme langue, qui eussent devoir esté plus à son goust & attendz d’heure à autres ung Pentateug samaritain54, où pour mieux dire

50 Le garde des sceaux était encore pour quelques mois le très dévot Michel de Marillac, rival de Richelieu et il faut l’avouer on conçoit mal qu’il puisse protéger un ministre protestant. Sa carrière sera brisée par la journée des Dupes le 11 novembre 1630. Le lendemain, Michel Marillac dut remettre les sceaux et fut interné à Caen puis à Châteaudun où il mourra deux ans plus tard de chagrin et de honte. 51 Le surintendant était Antoine Coëffier de Ruzé (1581-1632), marquis d’Effiat, une créature de Richelieu qui sera un de ses plus fermes soutiens au cours de la crise de 1630. Le 1er janvier 1631, il recevra le bâton de maréchal. Il est le père de Cinq- Mars. 52 En marge Peiresc a écrit :« J’escriptz ce jours à M. des Noyers qui est homme généreux et qui tient les cordons de la bourse, quand le Roy vous voudra faire du bien, comme aussi à Messieurs Le Beauclerc & de Loménie qui tiennent la plume et à M. Le Pelletier qui vous introduira volontiers chez tous ces Messieurs & suppléera mes desfaultz ». 53 Pierre Gassendi (1592-1655) prévôt de la cathédrale de Digne, résidait depuis 1628 à Paris. Il revint à Digne en 1632 et y demeura jusqu’en 1641. Explorateur des sciences, philosophe, astronome, physicien, il était un ami et correspondant de Peiresc. Il a écrit en latin une vie de Nicolas-Claude Fabri de Peiresc qui est la première source de référence sur celui-ci. Une édition en français a été publiée en 1992 chez Belin sous le titre : Peiresc. Le prince des curieux au temps du Baroque. Vie Traduction du latin par Roger Lassalle, préface d Jean Emelina. 54 Ce Pentateuque à l’usage des Samaritains était promis à Peiresc par le Père recollet Daniel Aymini. Agnès Bresson, p. 53, note 7. La Bibliothèque Méjanes conserve la copie d’une lettre du Père Aymini en date du 2 septembre 1630 où celui-ci fait état de ce Pentateuque. « J’ay en main le plus beau et le plus entier Pentateuque samaritain qui soit au monde, pas moins. Il est en propriété à un de nos Pères flamans qui est en Hiérusalem. J’ay appris qu’il estoit malade ; que si Dieu avoit déterminé de ne plus prolonger le temps de sa béatitude, je vous asseure que nul autre que vous en seroit l’héritier. Il en est si passionnément amoureux qu’il ne faut pas penser de le pouvoir retirer de ses mains par aucun pris que ce soit autre que par le droit d’héritage. Nous le conservons cependant fort chèrement attendant à quoi terminera l’affaire. Il s’appelle Pater Adrianus Bacheria Brabantia ». Ms 201 (1019), p. 629-630. Lettre a 237 sur le site INTERNET de la Bibliothèque virtuelle Peiresc. en trois langues escriptes e regione l’une de l’autre, toutes trois en caractères samaritains, l’autre Hébraïq, l’autre Samaritain, et la troisiesme en Siriaq ou Arabe ancienne, dont on n’a pas sceu donner la distinction bien certaine, qu’ils pourront fournir de la matière aux curieux de ces origines orientales, puisque le pauvre Scaliger, pour qui j’en avois faict de son vivant les premières recherches, n’en a peu prendre l’usage, comme j’eusse bien désiré, estant bien certain qu’il en auroit tiré des notes & conséquences que d’autres en sauront bien tirer comme luy, mais il faudra s’en prévaloir au mieux qu’il sera possible ; et sur ce je finiray estant, Monsieur, Vostre très humble & très affectionné serviteur. De Peiresc A Boisgency, ce 18 janvier 1630. On me vient d’affirmer que le Grand heur qui est le navire sur lequel on a chargé mon Pentateuq a esté veu depuis hier en cez grèves de Tollon, de sorte qu’à cette heure il doibt estre à Marseille, dont je suis bien content, car j’estois en alarme tant que je le sentois exposé à une si longue navigation, crainte de le perdre une seconde fois, car j’en ay perdu un autre exemplaire dans le navire St Victor qui fut coulé à fond par des pyrates en combattant quelques années y a, & j’avoy faict l’amour plus de six ans à ce pauvre livre55 lorsque on l’extorqua à force d’argent des mains de celluy à qui il appartenoit, de sorte que la perte m’en avoit esté beaucoup plus sensible, et par conséquent la joye de voir estre aspre celluy-cy, qu’on me figure comme meilleur que l’autre pour les autres deux langues quy y sont de plus. Si vous mettez quelque chose soubz la presse envoyez nous, je vous prie, des premières espreuves que nous puissions faire voir à noz amis pour avoir plus de moyen de vous servir en divers lieux. BI Carpentras, Ms 1875/241 r° et v°.

/242/ 18 janvier 1630 – Boisgency à Monseigneur le Cardinal de Bagny nonce de N. S. P. le Pape auprez du Roy en Cour Monseigneur, Ayant sceu l’estime que vous avez faicte de la valeur & de l’érudition susdite du Sr. Samuel Petit et le regret que vous aviez eu de ne l’avoir veu, lorsque vous estiez passé par Nismes, j’ay creu que les verriez très volontiers, et que vous n’auriez pas désagréable qu’une mienne lettre luy serve d’adresse, au cas qu’elle n’aye esté précédées par d’autres en meilleur main, mais ne doubtant pas que MM. du Puy ne prennent à grand honneur de vous présenter une personne de ceste sorte de qui on s’en peu promettre très dignes ouvrages dont les eschantillons ont desja tant pleu à ceux qui en ont eu du vent, comme ilz me l’escripvent. C’est pourquoy, je me prometz que vous luy ferez tout le meilleur accueil qu’il pourroit attendre, et que vous vous employerez volontiers à luy procurer du bien comme il le mérite et comme je ne laisse pas de vous en supplier, Monseigneur, de toute mon affection en qualité de >>>> et avec la liberté que vous donnez aux vostres, estant bien asseuré que vous m’en sçaurez fort bon gré et que vous en ferez tousjours l’honneur de m’advouer, Monseigneur, pour Vostre très humble & très obéissant serviteur. De Peiresc A Boisgency, ce 18 janvier 1630.

55 Peiresc utilisera à nouveau cette formulation de faire l’amour à un livre dans ses lettres du 23 novembre 1633 et du 16 janvier 1634. BI Carpentras, Ms 1875/242 r°

18 janvier 1630 – Boisgency à Msgr le Surintendant56 Monseigneur, Je vous trouvay si disposé à prendre en vostre protection la vertu & singulière érudition du Sr. Samuel Petit que j’eu l’honneur de vous présenter à Nismes, que je ne doubte point qu’il n’aye chez vous tout le favorable accueil qu’il s’en peu promettre et que vous n’excusiez, comme je vous supplie très humblement, la liberté que je prends de luy envoyer ceste lettre pour luy servir d’adresse s’il n’en avoit encore employé de meilleur et pour vous rasfraichir la mémoire des bons offres qu’il vous avoit pleu de luy rendre des lors en présence de Monseigneur le Cardinal dont il vous est demeuré si redevable de moy, quand & luy, il s’en est allé à Paris en prévision de faire voir au presse de ses ouvrages qui pourroient servir de garent à la bonne opinion que l’on a conceü de luy et de tesmoigner de plus près le zelle et dévotion particulière qu’il a au service du Roy. Je m’assure qu’il s’acquittera de>>>ment de >>> de >>>> et qu’il fera tout ce qu’il pourra aussy pour mériter l’honneur de voz bonnes grâces par toutes sorte de très-humbles & fidèles services, s’il espère trouver aultant d’occasion & de moyens qu’il en a de bonne volonté, en quoy je ne luy cedderay pas non plus qu’à tout autre, vous estant desvoué comme je suis de longue main en la qualité qu’il vous a pleu me laisser prendre, Monseigneur, de Vostre très obéissant serviteur. De Peiresc A Boisgency, ce 18 janvier 1630. BI Carpentras, Ms 1875/242 r°

18 janvier 1630 – Boisgency à M...d’Espesse57 Monsieur, J’ay conseillé au Sr. Samuel Petit, qui eut l’honneur de vous saluer à Nismes chez M. le surintendant, d’implorer vostre favorable intercession envers luy, tant pour luy faire trouver quelques amis à l’abbord que pour luy prouver l’affection qu’il luy a promise en vostre présence, l’inclination que vous tesmoignastes avoir dès lors de l’obliger ; et l’estime qu’il vous pleu de faire de ses observations sur l’Athénée & sur le Plaute en si bonne compagnie, me fait croire que vous embrasseriés volontiers toute sorte d’occasion de luy faire du bien et particulièrement ceste faveur, si vous estant desia p>>>> cest >>>> p>>>>>, comme vous aurez faict sans doute s’il vous en a requis et si vous en avez peu prévenir la cognoissance. Vous n’>>> sçauriez guères obliger de personnes de plus de mérite entre les gens de lettres qui en ont desia conceu une très digne opinion & attendant avec impatience les pièces qu’il va mettre au jour. Il fault que vous luy donnez un peu de courage & que vous daigniez suppléer ce que par trop de modestie il pourroit obmettre parmy la Cour. En quoy vous ne l’obligerez pas luy seul /242v°/ toute l’académie que vous cognoissez s’intéresse desja très fort en tout ce qui regardera son bien & ses advantages et s’il est loisible aux moindres des courriers en effect comme on ne les peu empescher de le faire par affection. J’auray grande part à toutes les faveurs des assistances que ce personnage tiendra de vostre mains et seray à jamais, Monsieur, Vostre très humble, & très obéissant serviteur. De Peiresc

56 Antoine Coëffier de Ruzé (1581-1632), marquis d’Effiat, un fidèle de Richelieu, surintendant des finances en 1626, grand maître de l’artillerie, maréchal de France (1er septembre 1631). Il est le père du malheureux Cinq-Mars. 57 Charles Faye ( 1638), Sieur d’Espesse, conseiller d’Etat, ambassadeur de France aux Provinces-Unies de 1624 à 1626. A Boisgency, ce 18 janvier 1630. BI Carpentras, Ms 1875/242 r° & v°.

18 janvier 1630 – Boisgency à Msgr le Garde des Sceaux58 Monseigneur, Puisqu’il vous plust d’agréer, estant à Nismes, la relation que je vous fis de la vertu et littérature du Sr Samuel Petit & de beaux ouvrages que je luy avois >>>>>>> entre les mains sur le Plaute, sur l’Athénée & autres subjetz encores plus relevez, j’ay creu que vous n’auriez pas désagréables les offres qu’il déferoit vous aller faire en son très humble et fidèle service, ne l’ayant peu faire alors pour ce que vous estiez sur vostre partement et quelles fussent accompagnée de ces deux lignes de la part de vostre serviteur très humble, seulement par force d’adresse au cas qu’il n’en aye pas voulu employer de meilleurs où il pourra & debvroit avoir faict. Il donnera comme je pense bien tost au public de ses observations qui le feront, je m’asseure, profit d’un chacun selon son mérite & recherché aultant comme sa modestie le faict rechercher des compagnies, et quand vous aurez trouvé bon qu’il se fasse cognoistre de plus prez que vous Monseigneur ou à ceux ausquel vous aymerez mieux vous en rapporter parmy les divertissements et grandes occupations que vous donne les plus importantes affaires du royaume vous l’aymerez sans doute & prendrez plaisir de faire pour luy et luy despartir vostre service et favorable protection, comme j’espère qu’il y aura ses principal r>>>> au besoing. Les obligations que vous acquerez sur luy, vous donneront de l’honneur & du mérite envers le publique & du contentement en un particulier. Et vous trouverez pas mauvais aussy que comme son serviteur je peusse prendre que les participations >>> en estre tousjours & tant plus fort raison, comme j’estois desja de longue main & seray inviolablement tout les temps de ma vie, Monseigneur, Vostre très humble & très obéissant serviteur. De Peiresc A Boisgency, ce 18 janvier 1630. BI Carpentras, Ms 1875/242 v°.

18 janvier 1630 – Boisgency à Monsieur de Noyers59 Monsieur, L’estime que vous faictes de gens de bien me faict espérer que vous prendrez volontiers en vostre protection le Sr. Samuel Petit que nous avions trouvé à Nismes sur de très dignes ouvrages pour l’honneur des bonnes lettres & de la nature et que nous engageasmes de parolle à faire un voyage à Paris pour faire voir au public ce qui estoit de ses travaux & tascher de luy en faire tirer quelque fruit & quelque honneste recognoissance. J’en parlay dez lors à M. le Garde des Sceaux qui l’eust veu très volontiers sans qu’il fust pressé inopinément de partir pour servir le Roy. Monseigneur le Surintendant qui s’arresta davantage le voulust voir et parla fort favorablement de luy à Monsieur le Cardinal luy faisant espérer s’il venoit en Cour quelque favorable traitement. Ils’y est donc acheminé & ne tardera pas de faire voir au jour de très belles observations qu’il a fiactes sur l’Athénée et Plaute & autres bons autheurs dont les premiers eschantillons ont desja esté grandement bien receuz parmi les plus curieux la question sera de luy >>> quelques petits secours à quoy vous pourrez l’obliger grandement et quant & luy >>> infiniment de galands hommes qui s’intéressent en son adventure et qui seront bien ayse de vous en supplier. C’est pour quoy, je ne doubte pas que vous n’y contribuyez volontiers >>> >> envers le Roy et tous ceux quy l’y pourroient

58 Le garde des sceaux était comme nous l’avons écrit ci-dessus était Michel de Marillac, rival de Richelieu. 59 François Sublet (1588-1645), seigneur de Noyers et baron de Dangu, intendant de finances alors au début de sa carrière. Il devint le 17 février 1636, secrétaire d’état de la guerre en remplacement d’Abel Servien. Orest RANUM, Les créatures de Richelieu, Editions A. Pedone, Paris, 1966, p. 61-65 et 129-151. ayder et que vous excuserez la liberté que j’ay prinse de vous en supplier comme je faicts très humblement pour son service par le vostre & de vouloir agréer que je sois tousjours Monsieur, Vostre très humble & très obéissant serviteur. De Peiresc A Boisgency, ce 18 janvier 1630. BI Carpentras, Ms 1875/242 v°.

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18 janvier 1630 – Boisgency à M. d’Aubray Monsieur, Sachant la grande créance que vous avez auprez de Monseigneur le Garde des Sceaux & la peine que vous prenez d’obliger les gents de lettres & de mérite tel que vous recognoistrez bien tost le Sr. Samuel Petit que nous vismes à Nismes, j’ay creu que vous prendrez volontiers la peine de le présenter & introduire chez Monseigneur le Garde des Sceaux et de luy procurer le favorable accueil qui est deubt à sa vertu & à sa rare érudition. Vous sçaurez de Messieurs du Puy et amis de l’académie lesquelles de ses ouvrages et Monsieur le sçauriez voir luy mesmes sans l’aymer, tant il paroist de bonté & d’ingénuité en sa >>>, de sorte que je ne doubte pas que vous soyez bien ayse de luy rendre tous les bons offices que vous pourrez en cest occasion là, si faict n’a esté >> en tous autres qui se pourront présenter. Je vous en supplie très humblement pour la part que je prens en tous ses inthéreste et vous en demeureray aultant redevable que luy mesmes pour estre à jamais, Monsieur, Vostre très humble, très obéissant, & très obligé serviteur. De Peiresc A Boisgency, ce 18 janvier 1630. BI Carpentras, Ms 1875/243 r°.

18 janvier 1630 – Boisgency à M. de Loménie60 Monsieur, Encores que je suis bien asseuré que les gentz de lettres & de vertu sont toujours les bien venuz chez vous sans autre intercession que de leur propre mérite et que si le Sr Samuel Petit a désiré de vous estre présenté de la main de Messieurs du Puy cela aura esté faict incontinament avec entière satisfaction de vous & des amis. Si est ce qu’estant vostre serviteur & le fuz comme je le suis, je n’ay pas deub obmettre de joindre encores mes très humbles prières aux siennes en vostre endroict, puis que vous ne le pouviez obliger, sans que j’y eusse de la participation par l’intérest de l’amitié que je luy ay voué & de la vénération que je porte à sa vertu, vous l’aurez donc s’il vous plaist agréable, Monsieur, & que par mesme moyen je vous renouvelle les asseurances de mes services très humbles, qui vous est désiré de si longue main bien fasché du peu de moyen que j’ay de m’en acquitter à souhait, lesquelz attendant je finiray en vous réitérant mes très humbles supplications auquel vous plaise recevoit la protestation dudit Sr. Petit, comme vous faicts celle des ses semblables & priant Dieu pour vostre santé & prospérité, comme, Monsieur, Vostre très humble …

60 Henri-Auguste de Loménie (1594-1666), seigneur de La Ville-aux-Clercs. De Peiresc A Boisgency, ce 18 janvier 1630. BI Carpentras, Ms 1875/2

18 janvier 1630 – Boisgency M. Le Beauclerc Monsieur, Aprez l’intercession de M. Le Peltier en faveur du Sr. Samuel Petit, la mienne ne sçauroit estre que bien inutile principalement pour des gentz de telle condition & de mérite si éminent, mais si vous sçavez que la part que je prenz à ses intherests et qu’il m’a fallu escripre à d’autres pour luy en qualité de dépositaire des favorables parolles qui m’avoient esté données à son avantage dez lors que le Roy estoit à Nismes, sans que je vous en escripvisse aussy, vous l’eussiez peu trouver mauvais. C’est pourquoy j’ay mieux aymé faillier en surabondance et précaution qu’en les obmissions d’autres parcelles de mon debvoir envers mes bons seigneurs & amis, m’asseurant que vous l’agrérez et que rencontrant les occasions de luy rendre des bons offices, soit auprez du Roy et en son conseil ou ailleurs, vous m’obligerez volontiers quant & luy. Je ne vous diray point en particulier ce qui est de l’>>>>> de ses œuvres, que M. Le Pelletier vous dira mieux que moy sur la relation de Messieurs Dupuy et de toute l’académie & ne vous entiendray pas plus longuement pour ce coup, vous suppliant de me donner tousjours, Monsieur, pour Vostre très humble et très obéissant serviteur. De Peiresc A Boisgency, ce 18 janvier 1630. BI Carpentras, Ms 1875/243 r°.

243 v° 18 janvier 1630 – Boisgency à M. Le Pelletier61 Monsieur, Vous estes trop amy de la vertu pour ne trouver bonne l’adresse que je vous faictz de la personne du Sr Samuel Petit que j’allay desterrer à Nismes d’entre les bons livres, où il estoit comme ensevely et luy fis promettre d’aller faire un voyage à Paris pour y faire imprimer quelques unes de ses belles œuvres, sur la parolle que m’avoit donné M. le Surintendant, qu’il luy pourvoit quelque honorable gratiffication auprès du Roy, comme de faict il avoit desja parlé de luy en très bonne bouche à Monseigneur le Cardinal & luy avoir rendu de trez bons offices et grandz éloges d’honneur en trez bonne compaignie. Il s’en est enfin tiré avec prou de peine de ce païs là et s’est rendu à Paris en assez mauvaise conjoncture, puisque la guerre d’Italie faict aussy ainsy dis >>> sur le monde, mais si ne fault-il pas perdre courage pour cela, je luy envoye des lettres à ceux qui avoient >>>>> de l’inclination de faire pour luy, et y en ay adjousté une à M. des Noyers qui tient l’un des principaux cl>>>> comme l’un des meilleurs patrons qu’il >>>> choisir, sur l’asseurance que j’ay prinse de vostre intercession en son endroict, que je vous supplie luy vouloir despartir, croyant bien que comme vous le ferez très volontiers vous n’aurez pas de la peine à luy promestre bonnes grâces, p>>>>> comme il faict les gens de tel mérite, mais vous luy donnerez plus de courage de s’y préter et luy pourrez rendre une infinité d’autres bons offices envers M. Le Beaucler ou autres de voz amis, comme je vous en supplie & de me commander en revanche, Monsieur, Vostre très humble & très obéissant serviteur.

61 Le conseiller d’Etat Louis Le Pelletier. De Peiresc A Boisgency, ce 18 janvier 1630. BI Carpentras, Ms 1875/243 v°.

18 janvier 1630 – Boisgency à M. Gassendi Monsieur, Je crois bien que vous aurez veu en l’Académie le sieur Samuel Petit et que vous n’aurez pas moins prins de goust en la douceur de sa conversation que Messieurs du Puy qui s’en louent tant et qui sont demeurez si bien édifiez des eschantillons qu’ils ont veuz de son Plaute, et des autres beaux ouvrages qu’il a pretz à mettre soubz la presse. Je veux dire que vous aurez trouvé assez de subject de vous lier d’amitié avec luy sans qu’il luy faille d’autre addresse à vous, mais si falloit-il que je vous disse que je suis son serviteur très obligé et que vous me pouvez aultant et plus obliger en sa personne que vous sçauriez faire en la mienne propre, comme aussy M. Lhuillier lequel je supplie vouloir rendre à ce personnage les bons offices qu’il luy plaisoit m’offrir envers M. le premier président de Champigni, son parent, et encores ses autres amys, pour luy procurer de bons patrons, qui luy puissent faire ressentir quelque secours afin qu’il aye de quoy vacquer plus paisiblement à ses estudes et qu’il ne soit pas contrainct de retourner à Nismes parmy ces esprits aussy malades que sont à présent les corps de la plus part dans la plus grande violence, de la maladie contagieuse. Je m’asseure que vous vous acquitterez dignement de ceste mienne très humble prière, et que vous prendrez un grand plaisir de le mener et chez vous et chez M. d’Halligre et chez tous vos bons seigneurs et amis et particulièrement encore les miens. Mais que vous luy ferez part volontiers de vos singularitez, comme je vous en supplie, et de luy faire sçavoir ce que je vous avois escipt de ces lettres et livres en langue samaritaine dont je pense qu’il se pourroit rendre bien curieux et ayder un jour le public de bien rares observations, à la suite de celles de feu M. Scaliger, ayant desja trouvé de belles choses à escripre sur le Comput desdicts Samaritains rapporté par ledict Scaliger et travaillé foert particulièrement sur la bonne chronologie, et ayant de si grandes lumières naturelles et acquises qu’il ai eu de uoy interpréter tout ce qu’il y avoit de punique dans Plaute si heureusement comme il a faict, à la grande honte de tant de siècles qui y avoient esté aveugles depuis l’Empire Romain. Ce qui ùérite des éloges et rcognoissances bien particulières et doibt fournir de bons passeports partout où vous trouveriez bon de l’introduire, comme je vous supplie de faire et de procurer les occasions et opportunitez, car il est si discret et modeste qu’il ne s’ingeroit pas de faire ce que ses amis luy doibvent faire faire, comme je m’asseure que vous ferez et vous en prie de bon cœur, estant sans autre cérémonie, Monsieur, Vostre très humble & obligé serviteur. De Peiresc A Boisgency, ce 18 janvier 1630. BI Carpentras, Ms 1875/243v°62 /244/

2 5 octobre 1630 – Belgentier à M. Petit Monsieur, Je viens de recepvoir le beau livre des Meslanges et observations, accompagné de l’honneste lettre qu’il vous a pleu d’y joindre63, dont je vous suis grandement redevable, bien marry de n’avoir de quoy respondre à la trop bonne opinion que vous avez, Monsieur, de moy, et de quoy me revencher de

62 Cette lettre a été publiée dans la série des Lettres de Peiresc, tome IV, p.238-239. 63 Il s’agit peut-être de la lettre en latin par laquelle s’ouvre la série de Lettres de Samuel Petit à Peiresc publiée parTamizey de Larroque, p. 30. l’honneur que vous me faictes et de la bienveillance que vous m’avez daigné despartir, mais je vous supplie bien humblement de croire que ne m’y chargeray jamais, et que si les escris ne peuvent respondre à mes voeux et à vostre mérite à tous le moingst cognoistrésvous aisément ma bonne volonté autant de fois qu’il vous plaira me commander, ou que je rencontreray des moyens de vous servir. Je n’ay pas encore peu lire vos singulières recherches, mais ce peu que j’ay veu en parcourant, j’ay appris en icelles curiosités que j’en suis demeuré fort satisfait et vouldroit bien que vos labeurs fussent recognus comme il s’appartient. Au reste, comme j’avois eu un grand regret des bruits qui coururent de par de çà de la violente maladie de vostre ville tost après nostre retour à Aix où elle nous joint de bien peu et nous accueillit dans Monges & Saint Jouer apprez nostre arrivée. Je me suis resjouis aussi de tant plus quand j’apprins vostre heureuse arrivée à Paris où je ne manquay pas de vous en féliciter incontinent par lettres dès le moys de janvier ou environ que j’addressay à Messieurs du Puy et vous envoyoy crainte defaillir plustost que pour avoir creu qu’en eussiez de besoing des lettres de recommandation à Messeigneurs le Garde des Sceaux et Surintendant et à Monsieur des Noyers, intendant et autres du conseil pour leur ramentevoir l’inclination qu’ilz m’avoient tesmoigné avoir de vous procurer du bien. Mais noz pauvres despêches furent retenues par les chemins et ne furent rendues à Paris que dans le moys de juillet dernier où j’estime que ces Messieurs l’auront possible creu qu’inutilement ilz les vous feroient tenir puisque vous ne les avés pas receues. Outre que ces pauvres lettres avoient passé par de si mauvaises mains que la plus part des enveloppes avoient esté deschirées et plusieurs cassettes rompues ce qui aura possible aydé à destourner Messieurs de les vous envoyer, outre que je ne sçay s’ils auroient facilement trouvé de commodité de les vous faire tenir en vos quartiers où je ne pense pas qu’ils ayent guère de commerce. La perte n’en est pas grande, mais j’eusse esté bien aise que ce petit tesmoignage de ma dévotion en vostre endroit vous eut peu faire voir que je contribue volontiers de mon costé, tant ce que je puis quand il est question de servir mes amys. Il avoit couru un bruit ces jours passés que le Roy parloit de venir passer l’hiver à Arles64. Si cela est il y auroit encore quelque espérance de vous y rendre /244 v°/ quelques services, dont je serois bien fier et principalement de l’occasion que ce nous seroit de vous aller revoir et réitérer de vive voix les asseurances de nostre cordiale affection, que s’il estoit loysible de vous inciter à nous venir voir et par deçà je le ferois de bien bon cœur et vous nous obligeriez infiniment. Nous chercherions quelques moyens de vous donner un divertissement en des choses où il y auroit possible quelqu’une de vostre goust ayant recouvré dernièrement un pentateuque des Samaritains en trois langues escrittes à regione en ce seul caractère Samaritain, l’une Hébraïque, l’autre Arabique et le troisième qui tient du Syriaque et Chaldaïque, où il y a des rares choses à observer, or ces par mesme moyen hen un dictionnaire aux mesmes trois langues, un autre pentateuque seulement hébraïque mais au mesme caractère Samaritain et finalement deux espistres samaritains originales escrittes par les Synagogues d’Orient à feu Monsieur Scaliger sur plusieurs demandes bien curieuses que le bon homme ne receut jamais bien qu’escrittes dès l’an 1590. J’attens dans peu de jours de recouvrer de Marseille, maintenant qu’on luy a redonné le commerce, deux caisses d’autres curiosités où il y a trois volumes de Cophtes ou Ægyptiens et quelques livres Arabes avec quoy nous vous fournirons quelque entretien et de la matière pour exercer vostre bel esprit65. Il n’y a pas plus de 27 lieues d’icy à Nismes à venir par Tarascon et Aix et nous vous gouvernerions que nous pourrions icy en notres petit hermitage et vous ferions advouer à meilleure enseigne que je suis véritablement, Monsieur, Vostre très humble & très obligé serviteur De Peiresc

64 C’était une fausse nouvelle Louis XIII partit de Lyon le 19 octobre pour Paris. 65 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 30. Je ne pense pas me retirer à la ville de tout ce moy. Si cependant vous pouviez vous résouldre à perdre une semaine, vous nous obligeriez bien et je suis pressé d’envoyer à Paris ces livres samaritains que je ne pense pas les pouvoir différer davantages et ce ne sera passans regrest si cest issus que vous les ayés veus. Le Sr. Vialon, présent porteur, me fera tenir de vos nouvelles seurement si vous luy en mettez en mains et si par occasion vous les pouvez obliger de quelque chose. Je vous en seray redevable en mon propre. Il s’en va à Montpellier pour estudier en médecine. Hors de cette voye là si vous me voulés escrire, Monsieur, que vous envoyés vostre lettres à Arles au Sr. de Chavarry, près la porte de la Cavalerie, il me les fera seurement tenir. A Beaugentier près de Thollon, ce 5 octobre 1630. BI Carpentras, Ms 1875/244 r° et v°

3 5 octobre 1630 – Belgentier à M. Petit Monsieur, J’avois >>>>>> escript pour vous à Msg le cardinal Bagny, non seulement une lettre que je vous avois addressé seulement pour cela, mais encore en une autre que je luy avois escript par autre voye, à laquelle me respondant, il me tesmoigne un grand desplaisir de n’avoir eu le bien de vous voir, et de vous tesmoigner l’estime qu’il faict de vostre vertu. Il s’en reva maintenant en Italie et me mande qu’il est incertain s’il passera par icy ou non, et que s’il peult, il choisira de passer par icy plustost que par toute autre part, et me mande que si quelques personnes de lettres vouloit se résoudre d’aller venir à Romesans estre astraint à autre occupation que son estude et à servir la fortune de ceste cour, il l’emmènera volontiers et auroit grand >>> de luy donner un honneste entretien en sa maison et que quand >>>> aurois présentement en main pour faire le voyage avec luy, il avoit néantmoins voulu m’en donner l’advis comme pouvant servir à l’advenir quelqu’un par ceste voye. J’avois autresfois traité le voyage de M. Jean Barclay à Rome66 où il fut si favorablement receu qu’il m’en a tesmoigné beaucoup de gré tant qu’il a reçu, et si Dieu luy eust donné encore deux ou trois ans de vie il eut sans doubte gousté ce que peult faire ceste Cour là pour les gens de mérite. Ce personnage icy est du meilleur naturel du monde et est un vray homme à faire un Pape par préférence sur tout ses collègues. Il est grandement amateur des gens de lettres et cappables de les advancer s’il en a le moyen, bien qu’il est cependant bien accommodé de moyens, si vous pouvez entendre à ce party ne vous imaginez pas que vous n’y fussiez le très bien venu, et que le Pape mesme a p>>>> et ce cardinal son nepveu qui ont desja ouy faire cas de vous ne vous y receussent fort favorablement. Vous y adviserez et si me croyez vous me viendez voir le plustost que vous pourrez afin que conf>>> ensemble des moyens qu’il y auroit de faire pour vous quelque chose de bon sur tout ne prenez point en mauvaise part, je vous prie la liberté & privauté que je me donne en vostre endroict comme en preuve que du bon zèle que j’ay à vostre service & à vostre repos d’esprit & de corps, car quand vous ne trouveriez pas bonne ma proposition maintenant ne croyez pas pour cela que je sois moins vostre serviteur et que vous soyez moins bien venu & reçu à bras ouvertz chez nous. Quand il vous plaira nous faire cet honneur et que vous ne soyez plus aise d’avoir prins ceste peine que si vous n’avez bougé de chez vous et si vous venez, apportez, je vous supplie, voz observations de la chronologie samaritaine que vous avez réservée à un autre volume car possible ne le ferez vous pas du tout inutilement, si vous avez aussy de >>>> des inscriptions antiques de vostre ville non imprimées, vous m’obligeriez de me les faire voir ce qu’attendant & croyant que vous ne me voudrez pas esconduire au moins de me venir voir, je vous attendray en bonne dévotion demeurant, Monsieur, Vostre très humble et très obéissant serviteur.

66 John Barclay (1582-1621), poète écossais né à Pont-à-Mousson où son père était professeur de droit, qui s’était réfugié pour des raisons inexpliquées en 1616 à Rome où il mourut cinq ans plus tard peut-être empoisonné. De Peiresc A Boisgentier, ce 5 octobre 1630. BI Carpentras, Ms 1875/431r°

II 12 octobre 1630 – Nîmes Samuel Petit à M. de Peiresc67 Monsieur, L'honneur que vous m'avés fait de recevoir le livre que je vous envoyoys, et l'advantageux jugement vous plaist d'en donner, au delà de ce qu’il vaut, et de mon espérance, me sont des nouvelles assurances de ceste affection, que je prise, comme je doibs, plus que tout le demeurant du monde ; ç’a esté vostre seule vertu qui vous a meu a m'en honorer, et a prendre ces soings que d'escrire aux Seigneurs que vous me marqués, des lettres de recommendation. C'est ceste mesme vertu vostre, Monsieur, qui me promet la durée d'un si grand bien, et que les prières très humbles que je vous fay pour ce subjet ne seront pas esconduites. Pleust à Dieu que je peusse vous rendre autant de services, qu'un tel honneur mérite, mais cela estant impossible, j'employeray mes prières envers Dieu pour vostre prospérité et publieray partout combien je vous suis très oblige serviteur. Si j'estois à moy mesme, ce seroit dans trois jours que j'aurois l'honneur de vous voir et de le vous dire de vive voix : mais ce sera au plus tost que je pourray, Dieu aydant, non tant pour profiter aux belles raretés de vostre bibliothèque, qu'à estre gouverné par vous. Je vous diray aussi mes excuses sur l'honorable offre qu’il vous plaist de me faire touchant la condition de M. le cardinal de Bagni et vous supplieray de m’honorer du titre de, Monsieur, Vostre très humble et très obéissant serviteur, Petit A Nismes, ce 12 octobre 1630. BNF, FF 9544, f°28. /245/

4 19 janvier 1631 – Belgentier à M. Petit Monsieur, Espérant beaucoup de bourrasques et de menaces de tempestes, enfin Dieu nous a préservé de sa grâce et nous a laissé espérer de vous pouvoir rendre un jour quelques bons services selon mes veues. Monsieur le prieur de Roumoules68 que vous connoissez s’en allant faire un petit voyage vers Beaucere je l’ai chargé de vous aller voir de ma part, s’il peut en dévoler le temps ou à tout le moins de vous envoier son homme pour vous porter cette mienne lettre, ou nous rapporter des nouvelles de vostre santé dont nous n’avons rien appris depuis que nous n’avons eu l’honneur de vous voir, ce qui nous a tenu en grande peine.

67 Cette lettre de Petit du 12 octobre 1630 à Peiresc (TDL, p. 31-32), répond indubitablement aux deux lettres de Peiresc du 5 octobre. L’on remarquera la sécheresse de la réponse de Petit à l’offre que lui fait Peiresc d’accompagner le cardinal de Bagny en Italie :« Je vous diray aussi mes excuses sur l'honorable offre qu’il vous plaist de me faire touchant la condition de M. le cardinal de Bagni ». 68 Denis Guillemin, prieur de Roumoules. Parmi les aultres sujets que l’on nous donnoit d’ailleurs, j’attends icy à la mi février, celuy dont je vous avois parlé et qui il tarde bien de vous pouvoir tesmoigner des effects de sa bonne volonté à vous servir et je croi qui le pourra et s’en aquitera volontiers. Cependant, je serois bien aise de luy pouvoir de vos nouvelles plus fresches que nous avions et pour cet effect, je vous fais cette dépêche et vous suplie me commander résolument en tout et par tout comme, Monsieur, Vostre très humble et très obéissant serviteur. De Peiresc A Beaugentier, ce 19 janvier 1631. BI Carpentras, Ms 1875/245 r°

5 30 mars 1631 - Belgentier à M. Petit Monsieur, J’ay receu vostre lettre du 8e mars tout à propos pour la faire voir à mon hoste qui tesmoigne se contenter de recognoistre des effects de ce que je luy en avois mandé. Il désir de faire pour vous et nous ne tarderons pas d’en avoir des nouvelles. J’eu par mesme moyen un exemplaire de vos opuscules que j’attendois en blanc plus tost que rellié, mais vous ne vous en souvenites pas, car je l’eust faict relier à mon homme un peu plus promptement pour servir à l’usage auquel je l’avois destiné pour aussy les lettres Samaritaines & seray bien ayse que vous y ayez trouvé quelques bonnes observations a faire. J’attends dans un jour ou deux un troisième Pentateuq samaritain qui est arrivé à Marseille à bon port, Dieu mercy, où il ne manque rien à ce que l’on m’a asseuré. Il me tarde de le voir pour m’esclaircir si ce ne sera point levé des réserves de l’hébreu, soit la siriaque ou l’arabe dont je ne manqueray pas de vous tenir adverty et aymerois bien mieux l’une de ses versions quelle que ce soit que le texte primitif quy se treuve ailleurs et s’il y avoit rien de plus notable. Je vous prie avoir à le venir voir, avant que j’envoye le tout à Paris. Je vous remercie du souvenir que vous avez eu tant de la pièce de feu M. Perset que du Suétone et des despesches que vous m’avez envoyées du Sr. Pelidan dont j’achesterois volontiers la corniolle où se voit une teste chauve, si le prix en est modéré, n’excédant environ une coupple d’escus, car elle n’est pas de trop bonne main et je doubte mesme un peu de l’antiquité, jusque à ce que j’aye veu la finition de la corniolle. Pour l’autre bet corumpta, je la crois bien asseurément antique, mais ce ne peu estre de grand prix, n’y ayant guière à apprendre ny proffiter à tout cela s’il n’y avoit quelques menues escriptures, hors de laquelle je ne vousdroy pas avoir despensé plus de deux escus. Quant au camayeul de Méduze, je tiens bien qu’il soit antiq, mais il n’est pas de bonne main et la couleur de la pierre n’est excellente en blancheur sur le fonds bruslé. Je n’y employerai pas seulement de l’argent si vous m’eussiez mandé le prix qu’y avoit mis le maître quy les vouloit vendre, je vous en eust peu parler plus. Présentement, c’est tout ce que j’ay a vous dire en response de vostre lettre et qu’il me tarde infiniment d’avoir quelque bon moyen de vous servir et de vous donner de meilleurs tesmoignages que je n’ay encore peu faire et de la cordialle affection, Monsieur de Vostre serviteur De Peiresc A Beaugentier, ce 30e mars 1631/245 v/ Il s’est descouvert par M. Holstenus69 un viel Mss grec dans lequel estoit inscript une bien notable inscription d’une statue dressée au fonds de l’Arabie en l’honneur de Ptolémé où sont desnomez beaucoup de peuples de ces contrés là, dont il se peut tirer de très belles notices. J’en attendz en bref la copie et quelques autres curiositez dont je vous entretiendray en son temps. Mon hoste parlera au supérieur à son arrivée pour vous procurer quelques avantages digne de vostre vertu et espère l’obtenir, mais au pis aller il m’a bien assuré que de son chef il ne vous peut pas manquer d’avoir de chez luy les appointements dont vous m’avez tesmoigner de vous vouloir contenter. Je l’ay tenu trois jours icy fort paisiblement. Avant que pouvoir expédier ceste dépesche, j’ay receu, à ce soir, une autre lettre du 18 de ce mois où j’ay esté bien ayse d’apprendre que vous ayés recouvré le surtout, et s’il a moyen de l’envoyer en Arles à M. de Chavary mon cousin ou en Avignon chez M. de Mondemegne peut-estre arriveroit-il icy à temps pour vous en une cassette que j’envoyeraye à Paris bientost pour faire tenir tous ces trois Pentatheuques samaritains, pour l’attente desquelz on a cessé l’édition de la grande Bible en ce endroit là. Il faudroit en ce besoing envoyer un homme exprez pour ce point soit en Avignon ou en Arles selon qu’il vous sera plus commode. Pour ce quy est du Ms grec qui traite de chronologie, je voudrois que vous m’eussiez cotté un peu plus particulièrement vostre dessein pour ce regard, ne me souvenant pas bien de vous avoir parlé d’autre que d’un recueil d’Eclogues du temps de l’Empereur Constantin Porphyrogénète70 où sont rapportés divers extraictz non seulement du Joseph, et de l’Hérodore Bucidies, Xénophon, Polybe, Apien, Diodorus Scicilius, Dion Cassius & autres de pareille marque, mais aussy du Nicolaus Damascenus, de Joannes Antiochus, de Joannes Malola, du Georgius Monachus, et autres chronographes expérimentés qui ne sont pas imprimés ny si triviaux. Mais ce volume est à Paris depuis plus d’un an ès mains de M. Grotius71 qui pour l’amour de moy a travaillé sur ces fragments de Nicolaus Damascenus et si je l’avois maintenant, je recepverois à grand honneur de le vous envoyer quelque part que vous fussiez. Voir sy vous aviés cœur d’y travailler nous aurions bien moyen de le faire revenir de Paris exprés pour vous en laisser la liberté & commodité d’en tirer d’autres chronologies extraordinaires. Je ne saiche rien de si excellent que ces fragments de marbre que M. Soldenus a faict imprimer entre ces Marmora Arundeliana72 que vous avez veu et où il y a bien à travailler, mais il est imprimé & non Mss, que si vous le voulez revoir, je le vous envoyeroy incontinent, car de bonne fortune, je l’ay icy et y pourray adjouter un autre recueil d’inscriptions de la Scicile imprimées en mesme forme que celuy là par un Gaultier allemand, quy y a mis que de bonnes choses et plusieurs des plus notables qui avoient esté inserrées dans le Gruthius73 et plusieurs non encore imprimés et tout presque qu’il a tiré. Vous n’avés qu’à commander et vous serez servy a point nommé selon mon petit pouvoir et pour cela et pour tout autre chose. Au reste, je serois bien ayse d’apprendre a peu près le conteneu de vostre volume de ce pentateuque Ms Grec sçavoir et les principaux tiltres de chacun des livres et chaque autheur, ne me resouvenant plus de ce que vous m’en fîtes voir chez vous au moins bien asseurément, car j’ay advis qu’un honneste homme s’aquitte à faire une édition de tous noz autheurs de la musique qui se pourroit recouvrer et que j’attendz le roolle de ce qu’il a desja pour voir s’il y auroit rien en un volume qu’il n’eusse pas rencontré.

69 Lukas Holste (1596-1661) dit Holstenius était bibliothécaire du cardinal Barberin auquel il avait été recommandé par Peiresc. Sous le pontificat d’Innocent X, il devint garde de la bibliothèque du Vatican, fonction qu’il exercera jusqu’à sa mort. 70 Agnès Bresson mentionne que ce recueil d’auteurs grecs formé par Constantin VII Porphyrogénète est conservé actuellement à la Bibliothèque municipale de Tours (ms 980), Peiresc à Petit, p. 128, note 88. 71 Hugo de Groot (1583-1645), dit Grotius, poète, philologue, historien, théologien, juriste, ancien adversaire politique de Maurice Nassau, s’était réfugié en France où il devint en 1634 ambassadeur de Suède à Paris. En 1640, il s’engagea dans le dernier combat de sa vie : la réunion de toutes les confessions chrétiennes. H. J. M. NELLEN, Hugo de Groot (1583-1645). De loopbaan van een geleerd staatsman, Uitgeverij Heureka, Weesp, 1985. 72 Selden avait publié en 1628 à Londres un ouvrage intitulé Marmora Arundeliana sur la collection de marbres réunie par Thomas Howard (1588-1646), 14e comte d’Arundel en sa maison d’Arundel House. 73 Janus Gruter (1560-1627), un érudit hollandais, professeur à l’université d’Heidelberg, auteur notamment d’un recueil d’inscriptions anciennes auquel fait référence ici Peiresc. BI Carpentras, Ms 1875/245 r° & v°

III 22 avril 1631 – Nîmes à M. de Peiresc Monsieur, Comme je recoy toute sorte de contentement et de gloire en l’honneur que vous me faites de m'aymer, aussi ay-je du desplaisir que vous preniés tant de soins pour moy, qui m'en recognoys tout à fait indigne ; mais c'est ainsi que ceux qui approchent le plus près de Dieu en usent. Je recevray donc, Monsieur, les faveurs qu'il vous plaist de me faire, avec respect, et vous diray que j'ai este très aise que vous ayés trouvé satisfaction en ma lettre, et que Monsieur vostre hoste en ayt eu du contentement. Monsieur le Prieur de Roumoules74 m'a fait gouster l'affaire du costé de France que je trouve très-bon, mais j’espère d'avoir l'honneur de vous voir, Dieu aydant, avant qu'aller à Paris pour nostre synode, où il faut nécessairement que je me trouve, pour estre payée des gages qui me sont deubs depuis quatre ans. Les pierres dont je vous envoyoy l'emprainte, sont à trop haut prix, car on n'en veut pas moins de trente pistolles, et il n'y a rien a apprendre, car elles sont sans escriture. Je vous envoie le Suétone ; les deux autheurs que j'ay en musique sont Manuel Brennius75 et Aristides Quintilianus76, qui se trouvent par tout, je les vous envoyeray quant il vous plaira me le commander. Le vase que vous demandiés de Monsieur Tournier77 s'est égaré, et ne sait on ce qu’il est devenu. Pour le manuscrit dont je vous avoys escrit, c'est, Monsieur, que vous mlaviés dit qu'entre vos commentateurs grecs de Platon, il y en avoit un qui traîtoit de chronologie. Pour celui qui est à Paris, il est en trop bonnes mains, et vous remercie, Monsieur, de l'offre que vous me faites ; je finirai par la prière que je vous fay de m'honorer du titre de, Monsieur, Vostre très humble et très obéissant serviteur. Petit. A Nismes, ce 22 avril 1631 BNF, FF 9544, f°22. 246

6 5 août 1631 - Belgentier à M. Petit Monsieur, N’ayant point eu de voz nouvelles depuis vostre départ, je me suis imaginé que vous aurez faict le voyage de la Cour, où je vous ay escript & addressé quelques lettres pour noz amis, et n’ay pas voulu que ce garçon s’en allast d’Avignon à Nismes comme je l’ay chargé pour apprendre des nouvelles de la recherche dont j’ay prié M. de Cassagnes, sans vous faire ce mot à tout hazard, au cast qu’aulcun empeschement vous eust retenu sur les lieux pour vous asseurer toujours de la continuation de mon humble service et vous souhaitter tout le contentement & j’espère que je sçaurois souhaitter à moy mesmes estant de tout mon cœur & à vous et à tous les vostres,

74 Denis Guillemin, prieur de Roumoules. 75 Manuel Bryennios (v. 1275-1340) était un savant et humaniste byzantin auteur notamment d’un traité en trois livres sur l’harmonique qui est une compilation des traités antiques sur cette matière (Adraste, Aristoxène, Euclide, Nicomaque, Théon de Smyrne) qui du XIVe au XVIIe siècle fut souvent recopié et compilé. 76 Aristide Quintilien était un musicologue grec du IIe ou IIIe siècle après J. C. auteur également d’un traité sur l’harmonique. 77 Jean Tournier, avocat au présidial de Nîmes, était un collectionneur nîmois d’antiquité dont le nom reviendra dans les lettres suivantes. Monsieur, Vostre … De Peiresc A Beaugentier, ce 5 aoust 1631. BI Carpentras, Ms 1875/246r°

7 10 novembre 1631 - Belgentier à M. Petit Monsieur, Je ne laisseray pas eschapper la commodité du Sr. Fabry, présent porteur, sans vous faire ce mot à tout hazard au cas que vous soyez de retour de vostre voyage de Paris, pour vous dire le déplaisir que j’ay eu d’apprendre par des lettres de M. Dupuy du 21 octobre que vous en estiez party pour venir chez vous sans avoir receu de par de là mes lettres, dont le Sr. Dupuy à qui j’en avois addressé le pacquet ne m’en accuse point la réception comme d’autres postérieures, dont je suis grandement fasché, ne pouvant assez me condouloir de cet inconvénient aussy bien que de celuy de leur voyage que mes lettres n’arrivent qu’aprez vostre départ comme vous aura peu dire ledit Sr. Dupuy. Il faudra voir si Dieu ne nous fera point la grâce d’estre plus heureux une autre fois à vous servir, et cependant je seray bien ayse d’apprendre le succez de vostre voyage et les observations que vous y aurez faictes en matière de libvres et de recepvoir le petit pacquet dont ledit Sr. Dupuy me mande de vous avoir chargé pour moy lequel ce présent porteur me fera tenir seurement icy si vous le luy baillez ou le luy envoyer à Montpellier d’ou il aura des commoditez plus fréquentes pour ce pais icy qu’il ne s’rn treuve possible à Nismes. M. Péladan78 vous aura dict qu’il prit la peine de me venir voir icy ce mois de septembre. Il me fit voir ses deux corniches, mais j’en trouvois le prix un peu excessif & ne trouvois pas de trop bonne main la teste chaulve dont vous m’aviez faict voir l’emprunte, comme son vos corunpeta presque d’une >>>>>>>, si toutesfois il ne les eust tenües à si hault prix, possible les eusse je achepter. Sur quoy je faictz fin demeurant, Monsieur, Vostre très humble & très obligé serviteur. De Peiresc A Beaugentier, ce 10 novembre 1631. BI Carpentras, Ms 1875/246

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8 10 février 1632 -Belgentier à M. Petit Monsieur, Après de grandes secousses et rengrégements de mes indispositions lorsque je pensois estre en plus mauvais estat, Dieu a permis que je me suis trouvé en meilleure constitution de ma santé que je n’avois esté de 10 ans, qui est une grâce divine tant plus grande que moings elle estoit espéré. Le

78 Isaac Péladan, un architecte de Nîmes, était un collectionneur d’antiques. Robert Sauzet à son sujet rapporte que parce que le cardinal François Barberini avait refusé la dédicace d’une étude sur les Antiquités de Nîmes « pour estre offerte par un Huguenot », il écrivit à Suarez l’évêque de Vaison :« Pour les hommes de sçavoir la religion ne doit pas estre d’empêchement ». Robert SAUZET, Contre-Réforme et Réforme Catholique en Bas-Languedoc, op. cit., p. 271. remède m’y estant venu de l’usaige des eaux de La Fontaine des Ambiers que je prenoys à un desseing qui ne regardoit qu’une seules de mes indispositions, et insensiblement elles me remèdie à toutes conjoinctement79, de sorte que je ne suis pas hors d’espérance de vous randre encore un jour quelque bon service avec l’ayde de Dieu, non quy puisse correspondre aux obligations que vous avés acquises sur moy, car cela excède toutes mes petites forces et tout mon petit crédit, mais au moings quy vous pourra tesmoigner ma bonne volonté, et que je ne seray jamais dans l’ingratitude volontaire, si je demeure dans la force et quy ne esiste qu’en l’impuissance d’esgaller la bonne volonté par les effets. J’étois encore à Toullon bien malade lorsque vos despeches du 10 et 16 novembre furent apportées icy, et j’étois forcé d’aller jusques à la tour malade pour avoir le bien d’y saluer et rendre mes debvoirs à Monseigneur le maréchal de Vitry80 pour n’en estre sy longuement en arrérages, et pour ne le laisser en peine de m’envoyer visiter en ce lieu cy, où il disoit mesme de vouloir veni. Mais il tint à peu qu’il ne me contasse bien cher, et ay bien eu de la peine à me revoir, cependant il ne se présentoit point de commodité pour vos quartiers, et j’estois mesme résoleu de vous envoyer un laquay exprès pour vous donner de nos nouvelles, quand le voyage dudit Sr. Aycard viguier de Signe81 nostre bon voisin s’est opportunément présenté, lequel m’a promis d’aller passer exprez du costé de Nismes pour avoir le bien de vous saluer de ma part, et vous rendre mes lettres. Et sy bien il ne revient pas sur le champ, car il passe outre jusques à Thoulouse, il aura portent moyen de nous donner de nos nouvelles de Montpellier par l’adresse du Sr. Fabry ou du Sr. Mirabeau, et autre provanceaux qu’il s’y trouvent maintenant et qui escrivent tous les jours en ce pays de deçà. Je doibs donques accuser de réception du paquet de M. Dupuy dont vous aviez voulu vous charger, et vous en rendre les remerciements très humbles qui y peuvent eschoir, comme je le faictz de bon cœur, mais je ne sçaurois trouver des termes cappables de vous exprimer combien je vous suis redevable de l’honneur qui vous avez voulu me faire, ne mesme combien je me trouve surprins quand j’ouvris vostre livre, et je trouvay que vous m’y faisiez tenir sy éminente placen dont je me recognoissois sy indigne. Je ne rougis de ma vie si fort, ni à si juste titre, car je n’avois garde de m’attendre à cella, principallement après les instances que je vous avois faictes d’y prendre les avantages que vous pouviés trouver ailleurs, pour le bien de vos affaires. C’est pourquoy si je ne puis m’acquitter de ce costé là de ce /247v/ qui seroit du debvoir, il me fauldra l’imputer qu’au mauvais choix que vous avez affecté, ayant vouleu augmenter vos obligations sur un homme qui vous debvoit desjà plus qu’il n’avoit à disposer. Il est vray, que sy mes forces manquent et ne peuvent seconder mes bonnes intentions, mes voeux ne manqueront pas, Dieu aydant, non plus que l’employ de toutes mes foibles facultés et industries, et pour compte de mortification pour moy il a faleu encore que vous soyés party de Paris avant la réception de mes lettres, desquelles j’avois occasion de croire que vous eussiés encores peu tirer quelque sorte de secours pour l’affaire que vous dictes. Car j’escrivois à un financier quy a bien du crédit chez M. le surintendant et quy m’avoit prié de l’esprouver, m’assurant qu’il vous eust luy mesme fourny la partie de 3 900 livres quy vous est debüe sauf de s’en indemniser avec une rescription et acquittement comme ils le sçavent faire. Et sy vous m’envoyés des instructions qu’il fault avoir pour cella, c’est à dire quelques coppie des ordonnances et des rolles où vous pouvés estre renvoyé avec celle de l’arrestement de vos comptes, j’essayeray sy cella se pourroit point encore faire par présent et sans que vous soyés sur les lieux. Au pis allé, il nous escrira ce quy fauldra de plus, et possible ne se perdra il pas encore tant de temps à l’attendre en sa réponse qu’en demeurant à la discrétion de ceux qu’il vous faudroit pour suivre pour ce regard. Que sy outre cest affaire, il vous en reste encore d’autres, faictes le moy sçavoir, je vous supplie et ne faictes pas de difficulté de vous y servir de moy, car aulcune fois il s’y trouve des expédiants auquel on se tiendroit pas principallement avec l’advis et adresse de ces sortes de gens là.

79 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 138. 80 Nicolas de L’Hôpital (1581-1644), marquis de Vitry, fait maréchal de France en 1617 pour avoir éliminé Concini, avait été nommé en 1632 lieutenant-général de la Provence. 81 Signes au pied du massif de la Sainte-Baume. Au reste, je plains bien la peine pour le P. Morin82 d’avoir desja eu un tel contradicteur. J’en attans un examplaire qu’on m’envoye dans les coffres de M. nostre nouveau premier président. Pour ce desciple de temps dont vous me parlez, je ne sçay s’il aura bien mesuré ses forces, mais s’il peult avoir de quoy forcer à une mature sy vaste, vous nous pourés bien dire sy vous l’avés leu s’il a renconté et s’il a peu surprendre son hommr sans voir. L’ouvrage de Seldenus nouvellement sorty ne peut estre que digne de cette bonne main. Je veux croire que l’on le rimprimera bien tost à Paris et que nous ne tarderons pas d’en avoir. Ledit St Cirille sera toujours très bon et en usage, mais encore plus le Théodore. Il faudra les attendre passiamment. Quand à voz églogues, je suis après de les faire passer les monts et parvenir en main d’autres meilleurs juges que moy de /248/ matières sy relevées et ne doubte point que tout ce que en y sçauroit treuver à redire ne se réduise au mauvais chois de l’adresse, mais vous avés vouleu faire paroistre en cela le grande excès de vostre courtoisie aussi bien que l’éminence des grandeurs de vostre doctrine dans le tout discours de vostre livre où vous avés descouvert tant de beaux secretz de l’histoire de tant de belles choses incogneues aux plus grands personnages du siècle. Sur quoy, après avoir réitéré plusieurs protestations du regret de ne me sentir plus digne de l’honneur de voz bonnes grâces et de me voir sy dépourveu des moyens quy seroient requis pour m’en dignement revanger, je finiray par le souhait que je fais à Dieu de bon cœur pour vostre santé et contentement de quy luy plaise me donner de quoy vous servir assez bien pour vous tesmoigner au moings quelques effetz de ma volonté et de mon obéissance sy vous me degnés commander ce que je vous supplie de faire de toute liberté comme, Monsieur, Vostre très humble, obéissant mais infiniment obligé serviteur De Peiresc A Beaugentier, ce 10 février 1632. BI Carpentras, Ms 1875/247 et 248 r°83

9 6 mai 1632 - Boysgency à M. Petit84 Monsieur, Je vous escripvis il y a plus de deux mois par un de mes amis qui s’en alloit à Thoulouse nommé le Sr Aycard viguier de Signe et escripvis en mesme temps au Sr. Palladon à qui ledit Sr. Aycard m’a mandé qu’il laissa vostre lettre. J’ay eu response de celle dudit Sr. Palladan & suis en peine de n’en avoir point eu de vous, estant en grande impatience d’avoir quelque moyen de vous servir & d’apprendre que vous ayez esté satisfaict de ce qui vous est deub, à quoy j’avois envie d’employer quelques amissi vous l’eussiez eu agréable et si vous eussiez trouvé bon de m’envoyer un peu d’instruction de l’estat de cette affaire pour vous les moyens qu’il y auroit et vous en faire tenir. Les commodités estoient fort rares d’escripre d’icy à Nismes aussy bien que de là icy, mais le Sr. de Gastines l’un des plus célèbres marchands de Marseille, qui m’est venu voir icy m’a asseuré qu’il y a si grand commerce de Marseille à Nismes que tous les jours il se trouve desgenz de congoissance qui vont & viennent d’un lieu à l’autre par lesquelz il vous pourra faire tenir de mes lettres & à moy des vostres quand il vous plaira de luy en addresser dont j’ay esté bien ayse pour avoir

82 (1591-1659) était un protestant qui s’était converti au catholicisme sous l’impulsion du cardinal du Perron et était devenu oratorien. Il avait entrepris de poursuivre la publication de la bible polyglotte de Guy Michel Le Jay. Il publia un traité en 1631 sur la supériorité de la version Samaritaine qui fut réfuté avec véhémence par e Siméon de Muis professeur d’hébreu au collège de France dans son Assertio veritatis hebraicae. Adrian SCHENKER et Philippe HUGO (Direction), L’enfance de la Bible hébraïque. Histoire du texte de l’Ancien Testament, Editions Labor et Fides, Genève, 2005, p. 79. 83 Une copie de cette lettre est également conservée à la Bibliothèque Méjane d’Aix-en-Provence, Ms. 209 (1027), p. 253- 255. 84 Samuel Petit fait référence a cette lettre dans sa lettre du 4 juin 1632. Lettres de Samuel Petit à Peiresc, op. cit., p. 34-35. moyen d’establir mieux un peu de commerce entre nous pour lequel je vous supplie de suivre ceste voye. Messieurs Dupuy m’escrivent de Paris que M. Saulmaize a pris la paine de transcripre de sa main tout le gros volume des éclogues de Constantin Porphirogeneste, dont je vous avois parlé y ayant trouvé des fragments de Nicolas Damasceus confonduz hors de leurs places quy estoient eschappés à M. Grotius et de ce cy excellentes corrections et supplémentz à faire à plusieurs auteurs, ja imprimez qu’il est résolu de le faire imprimer en Hollande85 où il s’en va dont je ne seray pas marry. Lesdits Sr. du Puy parlent de me renvoyer ledit volume. S’ils le font, je le vous envoyeray incontinent et crois que vous y trouveriés encores à glaner dans les fragmentz des cronologistes des choses dont M. Saulmaise (qui a d’autres dessus ne sera pas avisé). Au reste, j’ay veu le livre du Sr. du Muy contre le pauvre père Morin qui est passé dans un tel excedz de passion & dans une telle extrémité de contraires maximes que cela est pitoyable aultant quasi pour les uns que pour les autres /248v°/. La modestie et le respect ont un grand advantage en matière de livre sur ces façons d’escripre. L’on m’a envoyé de Thunis une inscription antique en lettres puniques laquelle je vous veux envoyer ne l’ayant peu faire par ceste commodité à faute de peintre qui peusse contre tirer lesdites lettres plus ponctuellement que je ne le sauray fere, mais j’en attedzs un au premier jour et incontinent je m’acquiteray de ce debvoir, Dieu aydant. Vous suppliant de m’excuser sy je ne vous entretiens plus au long à ce coup, et sy je ne vous escripts de ma main estant encor grandement foible d’une longue maladie de fiebvre continue dont je ne faictz que sortit laquelle m’a tenu une quarantaine de jours au lict avec de bien fascheux accidentz dont la divine bonté m’a heureusement préserve entre autre d’une enfleure & inflammation du bras droit que les médecins croine de devoir ouvrir laquelle s’est néanmoingt dissipée par sueur et transpirations inperceptibles espérant que Dieu me donnera encore la grâce de vous tesmoigner par quelques dignes effects de mon service que je suis & seray à jamais, Monsieur, Vostre très humble & très obligé serviteur De Peiresc A Boysgency, ce 6 may 1632. BI Carpentras, Ms 1875/247v et 248 r°86

IV 4 juin 1632 – Nîmes à M. de Peiresc Monsieur, Je vous rescrivis le trentiesme du moys passé par la mesme voye que j'avois receu le mesme jour celle qu'i1 vous pleust de m'escrire datée du sixiesme May; je ne puis que vous estre infiniment obligé de tant de soins qu'il vous plaist de prendre de mes petites affaires ; nostre synode national donna bien l'ordre pour le payement de mes collégues et de moy à Monsieur du Candal, qui est le receveur des deniers que le roy leur donne, quand it y auroit de l'argent de la subvention de Sa Majesté, et épura bien nos contes, tellement que les gages de cinq années, depuis l’an vingt et Sept jusques au trente et uniesme inclusivement, m'estoyent deus à raison de sept cents livres par an, mars ils ne me voulurent point donner copie ni de l'arresté de nos comtes ni de l'ordre donné au dit sieur du Candal pour nostre payement, de peur que je ne les convinse en justice, a ce qu'on m'a dit si j'avois quelqu'une de ces pièces là. Depuis le dit sieur du Candal m'a fait toucher six cents livres, sans espérance du surplus ; voila comme it en va et ce croy je sans remède. Je viens de recevoir la Chronologie saincte de La Peyre87 ; par ce que j’en ay parcouru, je voys que c'est un homme qui a bien d’estranges opinions en teste sur ceste matière là. Monsieur Tournier,

85 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 129. 86 Une copie de cette lettre est également conservée à la Bibliothèque Méjane d’Aix-en-Provence, Ms. 209 (1027), p. 261- 262. chez qui vous vistes des médailles, vous en envoye quelques-unes, comme vous verrés par la lettre quit vous en escrit, laquelle est de fort vielle date, mais je n'ay ose confier ce qu'il vous envoye qu'en mains seures. Pour la fin, Monsieur, je vous supplie très affectueusement de m'honorer de vostre amitie et de vos commandemens, car je suis plus que tout le demeurant du monde, Monsieur, Vostre très humble, très obéissant et très oblige serviteur, Petit. A Nismes, ce 4 juin. 1632. B.N.F, FF 9544, f° 36.

10 12 juillet 1632 - Belgentier à M. Petit Monsieur, Ce mot n’est que pour servir d’addresse au présent fagot, où vous trouverez mes trois manuscrits des liturgies copthes que vous m’aviés demandez, ensemble l’inscription punique, accompagnée de quelques autres latines venues du mesme pais d’Afrique. Je vous escry par autre voye que celle de ce mulet, cependant si cette lettre arrivoit plus tost que mon autre despesche, je vous prie de dire à M. Peladan88s que j’ay recu son livre avec ses antiques, et que j’ay recouvré la médaille d’or qu’il désiroit, laquelle il recevra dans ma dépesche demeurant, Monsieur, Vostre très humble & très obligé serviteur De Peiresc Je voudrois bien que me peussiez dire qu’est ce que je pourroy envoyer à Monsieur Tournier en revanche de son petit vase. A Beaugentier, ce xii juillet 1632. BI Carpentras, Ms 1875/248r° &v°

11 17 juillet 1632 - Belgentier à M. Petit89 Monsieur, Je vous addressay l’autre jour par la voye de Monsieur Gastieus de Marseille un petit fagot de livres où vous trouverez trois volumes de ces recueils en langue aegyptienne ou des coptes et n’avois pas depuis eu du loisir de vous escrire commodément comme je désirois, ayant esté bien suspris encores à ce coup cy, mais je n’ay pas voulu perdre la commodité de la foire de Beaucaire pour vous pouvoir dire que j’ay escrit à la Court à un financier de mes amis & très honneste homme pour apprendre de luy quels moyens il y auroit de vous faire avoir payement des arrairages de vos gages, et

87 Jacques d’Auzoles de La Peyre (1571-1642), un auvergnat, auteur entre autres d’Esclaicissemens chronologiques que Tallemant des Réaux présente comme « une espèce de fou », « qui a faict de ridicules traittez de chronologie ». Pellisson mentionne que La Peyre fit mettre en ce livre « le pourtraict du Cardinal en taille douce, avec une couronne de rayons tout autour, chacun desquelz estoit marqué par le nom d’Acaémicien ». TALLEMANT des REAUX, Historiettes, Ed. Antoine Adam, Bibliothèque de La Pléiade, Editions Gallimard, Paris, 2 vol, 1960-1961, tome I, Historiette le Cardinal de Richelieu, p. 272 et note d’Antoine Adam, p. 943. 88 M. Peladan était un collectionneur d’antiquités de Nîmes. 89 Samuel Petit fait état de la réception de cette lettre de Peiresc du 6 mai 1632 dans sa lettre du 4 juin 1632. Lettres de Samuel Petit, p. 34-35. en attend la response au premier jour dont ne manqueray pas de vous tenir averty incontinement, car je voudrois bien vous avoir rendu quelque bons services en cela et en meilleurs occurrences. Je rencontrai l’autre jour dans les notes de Tiron et Seneca, qui sont derrière le Gruterus, deux ou trois mots de Coaegyptus, Coaegyptia, Coaegypticus que j’estime appartenir à ces Coptes et que l’etymologie peut estre tirée de là aussy tost que de la meslange des mots d’Egypte comme veullent d’autres90, sur quoy je seray bien aise d’apprendre vostre advis aussy bien que de l’inscription punique que vous trouverez dans le mesme fagot sur quoy attendant plus de commodité que je n’en ay à ceste heure de vous escrire. Je finiray demeurant, Monsieur, Vostre très humble & très obéissant serviteur De Peiresc A Beaugentier, ce 17 juillet 1632. BI Carpentras, Ms 1875/248 v°

249 17 juillet 1632 – Belgentier à M. Tournier à Nismes Monsieur, Je n’ay receu vostre lettre avec le petit vase et les plaques ou médailles que vous y aviez joints que fort long temps aprez sa date, d’autant que Monsieur Petit à qui vous aviés recommandé le tout faisoit difficulté de l’envoyer que par voye d’amys de sa cognoissance. Enfin j’ay receu le tout fort bien conditionné et vous en suis grandement redevable et voudrois bien avoir moyen de m’en revancher en chose bien capable nous donne de la satisfaction et pour cest effect de vous supplier de me mander s’il y a rien en ce paÿs qui feust plus propre à vostre service, et si je puis r>> ou pour me jugiez capable de vous tesmoigner combien je me sens redevable pour l’honneur de vostre souvenir et à l’honesteté dont vous m’avez voulu prévenir, vous priant de croire que vous pouvez disposer de moy avec tout absolu pouvoir, Monsieur, comme de Vostre très-humble et très-obéissant serviteur. De Peiresc A Beaugentier, ce 17 juillet 1632. Je vous recommande le paquet ci-joint à Monsieur Peladan dans lequel il y a quelques médailles d’or ensemble la lettre de M. Tournier, envers lequel je voudrois bien me pouvoir revancher du souvenir qu’il eu de moy et de la faveur qu’il luy a pleu me faire. BI Carpentras, Ms 1875/249 r°

12 23 juillet 1632 - Belgentier à M. Petit Monsieur, En vous escrivant dernièrement, j’oubliays de vous addresser et recommander, comme je fais à ceste heure, un paquet pour M. Calvet dont je vous prie de faire tirer la response à sa commodité, et la faire tenir à Marseille à Monsieur de Gastines, lequel m’escrit du vintiesme de ce mois qu’il vous avoit envoyé mes livres manuscritz des Cophtes par le Sr. Artaut, drapier de Marseille, et un mien paquet de

90 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 66, note 54. lettres postérieures par le Sr Grimaud, deux de ses amys qui vous fairont tenir fort seurement l’un et l’autre, dont je vous ay voulu donner advis au cas que la foire de Beaucaire eusse rendu leur arrivée à Nismes pour vous en pouvoir enquérir des marchands de vostre ville qui trafiquent à Marseille. Dans ledit paquet des lettres il y en avoit pour Monsieur de Peladan avec quelques médailles d’or et une agathe. Je ne sçay si je vous ay monstré icy un petit livre in-quarto d’un Georgius Qualtens, intitulé Siciliœ obiarentium insularum & brussion antiquo tabulœ, où il y a un supplément de tout plain de bonnes inscriptions qui n’estoient point dans le Gruterus ou qu’ils n’y estoient point si correctes, car si vous ne l’avez veu, vous prendrez sans doute plaisir de le veoir, et je ne manqueray point de la vous envoyer incontinent. Cependant, je vous prie de me mander si vous avez jamais considéré ou examiné certains caractères en langue persiene qui se trouvent à Rome en quelques inscriptions de ce païs et là, mezlées tant de Grec que de la langue persiene antique souz des figures des déités de ces paÿs orientaux, comme Mithra et autres, par ce qu’il semble qu’il en ait quelques unes dont on aye >>>>>> de graver sur le mesme marbre la version grecque ou latine de ceste langue barbare, qui sembleroit bien se pouvoir mieux recognoistre par cette comparaison que quand on n’a point de version91. Sur quoy, je demeureray comme je suis de tout mon cœur, Monsieur, Vostre très humble et très obligé serviteur. De Peiresc A Beaugentier, ce 23 juillet 1632. BI Carpentras, Ms 1875/249r /249 v°/

13 14 août 1632 - Belgentier à M. Petit Monsieur, Je vous ay faict deux ou trois despesches du mois de juillet avec la première desquelles du 12ème dudit mois. Je vous envoyray les trois livres manuscritz que vous m’aviez demandez, tous trois escris en langue et caractère des Cophtes92 ensemble un cahier d’inscriptions antiques venus d’Afrique entre lesquelles est celle que vous aviez désiré de voir de langue et caractère punique, dont le fagot feust consigné au Sr. Artaut marchand drapier de Marseille, lequel a depuis asseuré M. de Gastines que vous l’aviez receu. Le second pacquet estoit du 17e du mesme mois de juillet et estoit joinct à d’autres miennes lettres, tant à M. Tournier, qu’à M. Peladan à qui j’envoyois certaines médailles d’or qu’il avoit désiré et que j’avois mis soubz vostre enveloppe. Ledit Sr. de Gastines m’ayant mandé qu’il en avoit chargé un de ses intimes amys nommé le Sr. Grimaud qu’il vous debvoit avoir rendu avant la fin de la foire de Beaucaire. Le troisiesme estoit du 23e du mesme mois et est encore demeuré entre les mains du Sr. de Gastines à ce qu’il me mandé, pour n’avoir pas trouvé depuis la foire aulcune commodité dont il se peusse asseurer, mais celuy là n’estoit que pour vous recommander des lettres jointes qu’escrivoit à M. l’advocat Calvet son père un bon religieux qui est icy près de nous.

91 Peiresc avait une vison juste, comme le souligne Sydney H. Aufrère, à propos du déchiffrement de l’égyptien, cette tâche réclame des documents bilingues, condition sine qua none de toute tentative de déchiffrement d’une langue, puisque l’une d’entre elle au moins doit être connue. Sydney H. AUFRERE, La Momie et la Tempête. Nicolas-Claude de Peiresc et la « Curiosité égyptienne » en Provence au début du XVIIe siècle, Editions A. Barthélemy, Avignon, 1990, p. 238. 92 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 30. J’ay depuis receu la response de Paris considérant l’aquitement de ce qui vous estoit deu trois , c’est que vous pourrés voir avec quelle affection s’est employé pour vous ce mien amy à qui j’en avois escrit et ce qu’il avoit opéré pour faire toucher à vous et à vos collègues une petite partie assignée à vos cartiers à tout moins de vostre debte. Sur quoy vous pourrez juger combien il en peut revenir à vostre part, et si Monsieur le surintendant revient à Paris, j’espère avec l’ayde de mes bons amys qu’il trouvera moyen de vous faire payer tout ce qui vous reste deu, comme il auroit faict je m’asseure par cy-devant si vous n’eussiez tant négligé de me faire sçavoir en quoy consistoient les difficultés de vostre affaire. Je ne vous envoye point l’original de la lettre qui m’en a esté escrite à cause des présens dangers des chemins, mais vous en avés cependant la copie qui vous servira d’acte pour la continuation de ma bonne volonté à vous rendre service. Au reste, j’ay recouvré la semaine passée l’une des plus rares choses que j’eusse encore jamais vues. C’est un livret des auteurs aegyptiens auparavant qu’ilz feussent subjugués par les Grecs, escrit en feuilles de vray papyrus avec l’encre noire & le roseau remply de figures tant humaines que d’animaux et de caractères tout à fait pareils à ceux qui sont gravés sur les plus antiens obélisques de Rome, ce qui monstre qu’il est possible de pareilles antiquité et pour le moins qui ne peut pas estre plus moderne que les conquestes d’Alexandre le Grand, depuis lequel temps telle sorte de figures et caractères hieroglyphiques n’ont qui guières esté en usage93. Ce livre s’est trouvé à la main d’un corps embaumé en la forme des momies, lorsque l’on l’a développé de ses bandelettes ; mais c’est un grand dommage qu’il y a quelques feuillets rompus en diverses pièces qui sont mal aisés à rassembler. L’on me faict espérer une certaine invention de colle si exquise que l’on en peut assembler des morceaux tant en papier que de parchemin, sans les faire anticiper l’une sur l’autre, en les joignant seulement par leur espoisseur. Si je puis avoir cela, j’espère que tout ce livre se pourra restaurer, en sorte que tous les feuillets se puissent manier commodément. Je vous avois faict veoir de l’escripture aussy antienne que cela, mais ce n’estoit pas dans des livres, ne sur de simple papier, ains sur du bois et sur de la toile fort espaisse et enduite d’une couche aussy capable de /250/ retenir de la peinture que de l’escriture, mais le papier de ce livre est quasi aussy délié que le nostre et pour le pouvoir conserver, on l’avoit enveloppé en une bande de toile, beaucoup plus large, plus espaisse et plus forte que toutes des autres bandelettes, dont vous avez veu les momies que je vous ay monstrées94. J’ay par mesme moyen recouvré plusieurs autres choses du mesme pays d’Ægypt grandement civilisez entre autres deux ou trois pers de sandales toutes peintes et enrichies de cloups dorés en grands nombre et fort menus. Le tout si bien conservé par le moyen dez drogues et lautions aromatiques dont on embaumoit les corps morts et tous leurs habillements, qu’il semble que la peinture vient d’estre faite depuis trois jours, principalement celle qui n’est que la poudre d’esmail, laquelle n’est pas subjette à se ternir comme les autres par la succession du temps ou par la mouilleur et imhibition de ces baumes et autres drogues comme il est advenu aux feuilles du papier de ce livre qui ont perdu la blancheur qu’elles pouvoient avoir eue et sont demeurées de couleur de feuille >>>> ou de couleur de bois pour la calité des drogues et lautions, dans quoy ils peuvent avoir esté temps avant que l’ensevelir avec le corps avec lequel l’on l’avoit enveloppé. D’ailleurs, j’ay receu d’un austre costé diverses petites galanteries apportées de Rome, entre lesquelles y a deux petites boites de bronze de forme scylindrique, comme les boites qui servent d’estuy aux cure dentz, lesquelles se sont trouvées toutes deux dans une sépulture, pandues au col d’un schelette ou corps mort, en chascune desquelles s’est trouvée une fueille d’argent si déliée qu’elle se ploye en rouleau et se desploie quasi aussy commodément que du parchemin ou pour mieux dire elle est tout à faict semblable pour la consistance de son corps à ces fueilles de laiton qui viennent d’Allemagne, et que l’on appelle d’or clinquant. L’autre fueille de l’autre boite est quasi plus grande au double, et est de couleur de cuivre rougastre si fin néantmoins et de telle attempe ou de tel alloye qu’elle n’a quasi point derouille de

93 Cf. Lettre à Jacques Dupuy du 8 août 1632 citée par Sydney H. AUFRERE, La Momie et la Tempête. Nicolas-Claude de Peiresc et la « Curiosité égyptienne » en Provence au début du XVIIe siècle, op. cit., p. 250. 94 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 42-43. l’antiquité bien que la boite se soit fort esrouillée et qu’elle ayt pris un vernis fort vert, comme les médailles antiques. Au reste, l’une et l’autre de ces fueilles sont escrites avec un style ou avec [un] poinçon, en sorte que l’escriture est tant soit peu enfoncée. Les caractères semblent grecs pour la pluspart, mais le language n’y convient pas et faut que ce soient de ces inscriptions barbares semblables à celles que qui se voyent en plusieurs pierres précieuses gravées pour l’usage de cesplus antiens hérétiques basilidines, gnostiques, valentiniens, montanistes et autres, la pluspart sorciers ou magitiens qui exprimoient en caractères grecs dans leurs livres, talismans ou amulettes plus de parolles hébraïques, aegyptiennes, puniques ou d’autres telles langues barbares, plus des grecques ou des latines95, mais pour les descrire et deschiffrer je ne les voudrois pas entreprendre qu’à vostre présence s’il estoit possible dont il faudra attendre que Dieu nous face naistre la commodité, et cependant je demeureray, Monsieur, Vostre très-humble et très-obéissant serviteur. De Peiresc A Beaugentier, ce 14e aoust 1632. BI Carpentras, Ms 1875/249 v° et 250 r°

14 20 septembre 1632 - Aix à M. Petit professeur au collège royal de Nismes Monsieur, Je vous ay escript trois ou quatre fois dans les mois de juillet et d’aoust, et vous ay envoyé les troys livres Mss en langue des Cophtes dont je n’ay eu aulcun advis de vostre part96, ce que je n’ay pas trouvé estrange devant les mouvements qui survinrent quasi en mesme temps en voz quartiers. Maintenant que les choses ont pris un meilleur train97, je n’ay pas voulu manquer de vous en féliciter et m’en conjoüyr, comme je faicts avec vous, bien marry que le passaige du Roy ayt esté si prompt, et que Sa Majesté n’ayt pas eu agréable /250v/ que nostre Parlement luy envoyast rendre ses redevances par députez, avec lesquels je me promettois d’aller, pour avoir le bien de vous voir par mesme moyen et estoys revenu des champs à la ville expressément sur ceste occurance, et sur ceste espérance, de sorte que j’en suys demeuré bien mortifié. Et encore plus d’avoir veu que la mort de celuy par qui nous espérions vostre payement, nous en ayt esloigné les moyens, mais je ne suys point encores hors d’espérance d’obtenir un jour quelque chose avec l’ayde de Dieu et le secours de celuy que j’y avois commencé d’employer. Cependant, continüez-nous, je vous supplie, l’honneur de voz bonnes grâces et ne nous laissez pas si long temps privez de la douleur de vos lettres, estant de tout mon cœur, Monsieur, vostre trez humble et trez obéissant serviteur. De Peiresc A Aix, ce 20 septembre 1632. Je vous supplie de faire mes trez humbles recommandations à M. Peladan & à M. Tournyer, comme aussy à Messieurs de Cassaigne. BI Carpentras, Ms 1875/25098

95 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 35. 96 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 30. 97 L’on remarquera le détachement de Peiresc tout à ses recherches de la conjoncture politique de son temps. 98 L’original de cette lettre est conservé à la Bibliothèque municipale de Nantes à la cote Ms 674, 161 (nous avons suivi son orthographe). Elle fait partie du Fonds Pierre-Antoine Labouchère (1807-1873), peintre et amateur d'autographes, qui a sa mort a légué sa collection d'autographes à la Bibliothèque Municipale de Nantes à la fin du XIXe siècle. 15 30 septembre 1632 – Aix à M. Petit Monsieur, Y ayant près de quatre mois que je n’ay de vos nouvelles, je n’ay pas vouleu laisser partir ce valet, que mon frère envoye à la Cour, sans le charger d’un mot de lettre pour vous à cette fin que vous puissiez vous prévalloir de par la commodité de son retour pour nous faire sçavoir l’estat de vostre santé & si les lettres que je vous ay escrites 4 ou 5 fois durant ce temps la sont parvenues entre vos mains ou non, estant principallement en peine de mes deux premières despesches du mois de juillet avec les quelles je vous envoyoy les 3 manuscripts en langue de Coptes & des lettres tant pour M. Tournier que pour Monsieur Peladan à qui j’envoyois par mesme moyen quelques médaille d’or antiques qu’il avoit désirée avec l’une des dernières despection aussy la coppie de la response que l’on m’avoit faicte de Paris concernant le payement de l’arrérage de vos gages. Je pensois pouvoir aller à la court pendant le passage du Roy en nos quartiers, mais le Roy n’ayant pas voullu permettre que nostre compagnie aye desputé vers Sa Majesté, j’ay perdu à mon grand regret le moyen de vous aller voir & gouverner comme je pensois faire chez vous, mais il faudra le remettre en une autre fois. Cependant je vous supplie de faire estat de moy & de mon humble service puisque je suis de tout mon cœur, Monsieur, Vostre très humble & très obligé serviteur De Peiresc A Aix, ce 30 septembre 1632. BI Carpentras, Ms 1875/250

16 1er octobre 1632 – Aix à M. Petit Monsieur, J’ay enfin receu vostre despesche du 30 septembre99 & par mesme moyen vostre observation sur les mots de l’Ægyptus, dont je vous remercie trez humblement, ne pouvant que louer beaucoup la distinction que vous y faictes, mais elle semble favoriser aucunement la conjecture que je faisois pour l’origine du nom des Cophtes100, que je trouve aujourd’huy restrainte à une sorte de Chrestien grecs, qui vraisemblablement habitoyent en Alexandrie & aux environs, où estoit >>>>>> ceste grande isle de la rivière du Nil, de ne pouvoir faire porter celle de Co dont parle nostre Ptholémée, sy je ne me trompe, car je n’ay pas maintenant icy à la main mon Ptholémée, ni autre livre où je m’en puisse promptement eclaircir101. Je vous envoyeray le Goalterus par le premier qui s’en voudra charger & attendray en bonne dévotion vos observations & interprétations de cette escriture Parmyreniene, mais encore plus impatiemment tout ce que vous pourrés déchiffre de l’inscription punique. Ayant esté grandement ayse d’apprendre qu’avant /251/ la rupteure de ces derniers mouvemens102 vous eussiés receu non seulement les manuscrits des Cophtes, mais aussi les lettres de

99 Cette lettre du 30 septembre 1632 de Petit n’a pas été publiée par Tamizey de Larroque. 100 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 66, note 54. 101 Peiresc a barré ce passage pour le remplacer par l’explication donnée en addenda . Pour les différences … 102 Le duc de Montmorency a été fait prisonnier le 1er septembre 1632 à Castelnaudary. Il sera exécuté le 30 octobre suivant dans la cour de l’hôtel de ville de Toulouse. Cette exécution mettait fin aux mouvements de troupes qui perturbaient le cheminent des lettres. Notons qu’en cette rébellion la ville de Nimes était restée dans la fidélité du Roi, ce dont Louis XIII la loua. Messieurs Tournier & Palladan, car en celle du Sr Palladan il y avoit des médailles d’or dont j’estois demeuré en paine durant ces 2 ou 3 mois quy s’estoient escoulés despuis que je vous en avois faict l’adresse. On me fait espérer du Levant une bonne provision de livres manuscripz de Constantin porphirotgnete dont je vous avois autrefois entreteneu. Vous en aurés toute la disposition que l’on nous semblera, sy je le puis une fois tenir & recognetrez en toutes occasions où je pourray trouver des moyens de vous servir que je vous suis entièrement desvoué comme, Monsieur, Vostre très humble & très obéissant serviteur De Peiresc A Aix, ce premier octobre 1632. Pour les différences des autres peuples d’Egypte en la mesme manière que Ptholémée parle des peuples nommés ARAB EGIPTII si ce n’est qu’on ayme mieux dire que ce peuple copte x , si ce n’est qu’on ayme mieuxdire que ce peuple coptes feussent en la préfecture de ces COPTITES mentionnée dans le Pline & dans le Strabon ès environ de cette ville de COPTOS où estoit le concours des marchandises des Indes. x Car je fais un peu de difficulté de croire que par trois fois on aye faict la mesme faute ou équivoque dans ces notes de Tyron soubs prétexte qu’on y a trouvé une fois celle que vous dictes de CATACYRENE qui n’a point esté répétée comme les autres103. BI Carpentras, Ms 1875/251

17 14 octobre 1632 – Aix à M. Petit104 Monsieur,où Je n’ay receu qu’à ce soir tout de nuict vostre depesches du 8 de ce mois avec vostre observation seur ces belles inscriptions et le Aurelius Eliodorus Parmyrenier dont je vous remercie trez humblement & à peine ay je eu un peu de temps pour lire vostre discours que je seray infiniment ayse de bien considérer tout à loysir. Cependant par ce que l’on m’a dit que cet homme qui l’avoit apporté tantost céans avoit dict qu’il s’en retournoit demain et qu’il viendra prendre ma response, je n’ay pas vouler manquer de vous en assurer la réception & vous en remercier comme je fais très humblement, vous asseurant que j’ay pris un grand plaisir de voir vos sentimens sur ces années qui ne sont sans doubte autre chose que ce que vous disés de l’âge plustost que ce que M. de La Scala & autres on vouleu rapporter aux années des Eleucides, mais pour les charactères estranges qui y sont, je ne doute nullement que ce ne soit les vieux syriaques selon vostre authorité du >>>>> & selon celle de L’Eplutan an d’autre livre contre les hérésies où il tesmoigne qu’entre les Grecs aucuns usoint des lettres grecques et les autres faisoint grans cas de la langue syrienne très profonde particulièrement qui habitoient ès environs de Palmire en retenoient les charactères en nombre de XXII où il aiouste que les Persiens usoient pareillement des charactères siriens, or d’autant que les Dieux mentionnés en ladite inscriptions soint qualifiés Aglabolus, et Malharbelus. Il faudroit voir d’examiner par les règles de ces langues orientales l’étimologie de ces noms barbares dont le second semble vouloir signifier Rex belus qui est en effet le Soleil, & de fait le marbre au bas duquel est cette inscription représente deux figures humaines dont la seconde est couronnée de rayons comme le soleil & aux croissant de lunes derrière les espaules pour en confondre la déité avec ce deux lunes que ces orientaux représantoient /251v°/ toujours en forme de figure masculine plustost que féminine & pour l’autre déité qui est au premier rang, possible que l’étimologie examinée par les mesmes règles pourroient quadrer aussi bien à Saturne comme l’autre à Apollon, s’il est bien constant que ce qu’elle tient à la main gauche soit une

103 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 66-67, note 56. 104 Dans sa seconde lettre du mois de novembre Samuel Petit fait état de la réception de cette lettre. « Je suis marri que les lettres que j’avois données à quelques-uns de nos marchands se soyent esgarées par lesquelles je respondois à celles qu’il vous pleust de m’escrire par le Sieur Sigallon ». Lettres de Samuel Petit à Peiresc, N° VI, p. 37-38. faux, me resouvenant d’avoir veu un autre marbre antique à Rome, dont je devrois avoir un peu de griffonnement parmy mes papiers que je fairay chercher pour l’amour de vous où se voit une petite idole du Soleil avec la teste rayonnée portée par un aigle et l’inscription par dessoubz Soli sanctissimo sacrum &c ayant d’un autre costé une sicle ou teste de Saturne avec sa faulx auprès et de l’autre un chariot traisné par 4 griffons avec une figure couronnée par une victoire et un arbre au 4ème costé, mais par dessus ce chariot y a 3 lignes de charactères fort bigearrés que j’avois autrefois creu pouvoir estre Phoeniciens ou de ces vieux espagnols, d’autant que si je ne me trompe il sembloit que le marbre eust esté dédié par quelque peuple d’Espagne. Saturne ayant esté en aussi grande vénération parmy ces peuples là comme le Soleil, et tous deux tenus pour les premiers pères de lumière & de tous les autres lieux comme ils sont qualiffiés en la mesme inscription d’Héliodore. Si j’avois un peu plus de loisir que je n’en ay présentement, possible vous en pourrois je dire quelque chose de plus, mais vous m’en soulagerés bien facilement pour peu que vous y songés comme je vous en prie et de me tenir tousjours, Monsieur, pour Vostre très humble, très obéissant serviteur. De Peiresc A Aix, ce 14e octobre 1632. J’oubliois de vous dire que par un honneste homme de vos cartiers nommé le Sr. Marchand, je vous ay envoyé 3 ou 4 iours y a le livre des inscriptions de Sicile avec une lettre que je vous avois escrite auparavant en response de vos précédentes. Et avons en outre veu passer par icy un Père Baltazar Kilner, allemand de ceux que le Roy de Suède chassa de Wirsbourg, fort intelligent aux langues orientales et particulièrement à la Siriaque, lequel m’a asseuré d’avoir veu un Ms arabe en la bibliothèque de l’Electeur de Mayence, veu encores divers traicté de la cabale et entre autres un qui descouvre des règles & moyens excellents pour interpréter les lettres & figures hyeroglifiques des Aegyptiens et le secret d’y trouver les liaisons des unes aux autres et la construction toute entière au moyen de quoy il se promet de pouvoir interpréter toutes les inscriptions des obélisques de Rome. Il travaille à la version de ce livre qu’il a transcrit de sa main & à maintenant sa demeure à Avignon d’où il me promet de m’en envoyer quelque eschantillon105, dont je ne manqueray pas de vous faire part s’il se trouve rien que je juge qui vous pusse estre duisable, si vous avés quelque observation particulière sur ce qui est de l’employ de l’homme dans les libations, vous me fairés plaisir de me mander tout ce que vous en aurés. BI Carpentras, Ms 1875/251 r° & v°

18 30 octobre 1632 – Aix à M. Petit Monsieur, Je vous ay escript par 2 fois depuis quelques jours en response de vostre dernière despêche l’une par le Sr. Sigalon qui m’avoit apporté de vos lettres, l’autre par le Sr. Marchand de vostre ville qui se charge du liart de l’inscription de foire. J’ay depuis retiré une lettre d’Urbin où il est faict mention de nous & de la bibliothèque dicte d’Urbin, que j’ay creu vous devoir envoyer par un de noz valetz affin de n’estre pas si long temps en attente de la response que vous treuverez besoin me faire par le contenu d’icelle. Au reste, l’on me dict qu’il s’est treuvé depuis peu dans vostre ville ou aux environs, je ne sçay combien des petits vases & cuillers antiques. Je serois bien aise de sçavoir ce que c’est, &, si le prix n’en estoit pas trop grand, en achesteray volontiers ce qui s’en pourroit, reconnaissant /252r°/ estre devenu plus amoureux de ces curiositez, ce que n’advois encores esté. Le garçon attendre nostre commodité tout un jour & davantage si besoin est, pour vous donner loisir à me requérir tout à vostre

105 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 38, note 35. aise de ce que me trouverez à propos de me mander. Sur quoy, attendant de vos nouvelles, je finiray, demeurant, Monsieur, Vostre très humble & obéissant serviteur. De Peiresc A Aix, ce 30 octobre 1632. BI Carpentras, Ms 1875/251v° & 252 r°

30 octobre 1632 – Aix Monsieur, Le cardinal Bagny m’avoit dict qu’a faulte de meilleur condition, il vous fourniroit toujours volontiers de son propre jusques à huict cens livres d’appointements pour chacun an si vous vouliez vous mettre à son service et vous loger avec vostre famille prez de luy. Mandez-moy à quoy vous pourriez vous résouldre et je vous serviray d’aussi bon cœur que si j’avois l’honneur d’estre vostre frère. J’ay envoyé au cardinal Barberin vostre second volume, et en attendz la response. Je vous envoye ce garçon exprez, afin que vous puissiez confidement m’escripre tout ce que vous jugerez nécessaire, car c’est un vieil serviteur de nostre maison qui ne fera et ne dira en plus ou moins que ce que vous voudrez. Sur quoy, attendant impatiemment de voz nouvelles je finiray priant Dieu qu’il vous comble de ses saintes bénédictions … Monsieur, Vostre très humble & obéissant serviteur. De Peiresc A Aix, ce dernier octobre 1632. BI Carpentras, Ms 1875/252

V 2 novembre 1632 – Nîmes à M. de Peiresc Monsieur, J'ai veu par la lettre qu'il vous a pleu de m'escrire et par celle que Monsieur le cardinal Bagny vous escrit combien je vous suis obligé. Je sçay fort bien que je suis trop petit au prix de taut de faveurs et cognoissant mes forces me recognois incapable d’un si honnorable employ, que celuy auquel il semble que mon dit seigneur le cardinal desireroit de m'employer. Je n'ay Hen a regreter en ces quartiers que de m'esloigner de vous. Que s'il faut que je le fasse, il me faut du temps pour pourvoir à mes petites affaires et au payement de ce qui m'est deu soft de gages ou autrement, il y va du temps, et il y a tantost deux ans que je playde contre les consuls de cette ville : voila tout ce qui me peut retenir pour une ou deux années. Je vous supplie, Monsieur, de m'excuser si je vous entretiens de choses qui ne le valent pas, mais le soing qu’il vous plaist prendre de moy et de ce qui me concerne, me faict espérer que vous supporterez, s'il vous plaict, ma liberté, et ne me refuserez point vostre bon conseil, duquel je désire dépendre, puisque je suis, Monsieur, Vostre très humble, très obéissant et très oblige serviteur, Petit. A Nismes, ce 2 novembre 1632. BNF, FF 9544, f° 35. VI 28 novembre 1632 – Nîmes à M. de Peiresc Monsieur, J'ay receu par vostre serviteur vos lettres en datte du dernier du mois passé, ensemble les grenades qu’il vous a pleu de m'envoyer dont je vous remercie très-humblement; je suis marri pie les lettres que j'avois données à quelques-uns de nos rnarchands se soyent esgarées par lesquelles je respondois celles vous pleust de m'escrire par le sieur Sigallon et vous remercioys, comme je fais très humblement, du livre des Inscriptions de Sicile, que je vous renvoyeray, Dieu aydant, dès que je l'auroy achève de conférer avec le Gruterus. Au demeurant, je vous puis assurer, Monsieur, qu’il ne s'est point trouvé dans ceste ville ni es villages d'alentour aucun vase ni cuillier de bronze, car aussi n'a on point remué de terre ici, ni a l'environ que pour couvrir l'une des portes de ceste ville, mais c'estoit en lieu ou l'on avoit creusé durant les mouvements précédens six pieds plus profond: J'ay fait séjourner vostre serviteur un demi jour pour m'en enquérir diligemment, et de ceux de ceste ville ci et des villageois qui sont venus aujourd'huy au marché. Si j'en puis descouvrir quelque nouvelles du costé d'Uzès ou des Cévennes, je vous en donneroy advis ; j'ay bien dans mon estude à vous envoyer de la part de Monsieur Tournier une statue de marbre d'un jeune fils tout nud, sauf ce qu'une peau de chèvre qu’il porte en escharpe lui peust couvrir qui est fort peu. Le mal est, qu'il n'a ni teste, ni jambes ni bras ; tout tel qu'il est je le vous envoyeray, Dieu. aydant, an premier voyage que des muletiers qui out accoustumé d'aller a Aix feront et qui m’ont promis de s'en charger ; je vous supplie, Monsieur, me faire la faveur de croire qu'en tout cc qui concernera vostre service, je tascheray de vous rendre les devoirs de celui qui se croid estre obligé plus que tous les hommes d'estre, Monsieur, Vostre très humble et très obéissant serviteur, Petit. A Nismes, ce 28 novembre 1632. BNF, FF 9544, f° 34.

19 18 février 1633 - Aix à M. Petit Monsieur, J’ay esté infiniment ayse d’apprendre les bonnes nouvelles de vostre santé qu’il vous a pleu nous faire sçavoir tant pas vostre lettre du 14e106 de ce mois, que par la bouche de Monsieur Paladan qui en a esté le porteur. Je n’ay poinct encore eu de nouvelles de ce mulletier que vous dittes s’estre chargé d’une petite statue de marbre & d’un livre qu’il vous avoit promis me rendre icy dans le 5e de ce mois107 et ne pense pas encores que tous peusse estre perdu, quoy que le terme se passe, parce que ces gens là entreprennent aucunes fois des voyages qui les obligent a plus long séjour qu’ils n’avoient projetté en portant leurs marchandises de foire à autre. Sy vous en eussiez retenu le nom & la demeure principale, je m’en serois enquis & possible aurois je peu sçavoir de ses nouvelles. A l’advenir & quand il ne comparoistroit poinct tout affaict je ne m’en tiendroit pas moins vostre obligé & de M. Tournier qui m’a voulu faire faire part de ceste petite figure, dont je voudrois bien me pouvoir revancher en son endroit.

106 Cette lettre du 14 février 1633 n’a pas été publiée par Tamizey de Larroque. 107 L’on peut s’interroger en effet sur ce retard quand on sait que de nos jours Nîmes est à 111 km d’Aix-en-Provence et que le trajet se fait en 1 H 10. Je n’ay pas eu auparavant les lettres du 14e de ce mois aucunes autres plus fraisches de vostre part que celle du 28 novembre par laquelle vous me donnez advis que vous me vouliez envoyer ceste petite figure par les marchants de la foire de Villeneufve108. Je suis marry que M. Holstenius ne m’aye encore envoyé le Polleux pour l’amour de vous ; mais je crains que toute son histoire ne soit casy qu’un recueil de ce qu’on a mis par escrit le bon P. Eustatius Antiochenus109 en son Examen qui a esté imprimé à Lyon in-4° depuis l’an 1629, lequel je ne manquerois pas de vous envoyer, sy je ne croyois que vous ne l’aurez asseurément veu à vostre voyage de la Cour. Le Pape a donné tant d’occupation despuis quelque temps /252v°/au bon M. Holstenius pour travailler à des cartes géographiques, qu’il n’a point presque eu de relâche durant un an, lequel je n’ay eu de ses lettres qu’une seule fois. Le Ms Grec des Elogies de Constantin Porphirogenette est entre les mains du Sr. Vallois110 à Paris, qui prend la payne de le transcrire & traduire en intention de le mettre sur la presse dans peu de temps111 à quoy j’ay presté mon consentement à la prière de M. Rigaud112 et de Monsieur du Puy, mais ils ont désiré pour certaines considérations que ce dessein fut tenu secret & qu’il ne fusse pas divulgué tellement que je ne pense pas qu’il soit si pressé à revenir de Paris si ne fusse que nous en eumes tant de besoin, auquel cas je vous prie de me le dire librement, car je ne laisseray pas de l’envoyer quérir pour l’amour de vous sauf de le leur renvoyer quand vous l’aurés veu pouir en entreprendre l’édition si bon luy semble. Quant aux liturgies cophtites, vous en pouvez prendre tout ce qui bon vous semblera, puisque vous l’estimez. Et si noz Messieurs de Paris qui travaillent à la grande Bible, ne m’avoient faict engager de paroles de les leur envoyer, je les vous laisserois tant que vous voudrez et prendrois mesmes un grand honneur que les voulussiez accepter en don comme je vous les donnerois de très bon cœur. Ils ont maintenant tant d’occupation sur les Mss Samaritains & Syriaques que je leur ay envoyez qu’ils ne me font plus guières de presse113 pour avoir les Cophtites. C’est pourquoy rien ne vous presse aussi aussi pour ce regard mais quand vous trouverez bon que nous les leur envoyons, il me semble loysible de leur demander ceux qu’ils ont et je ne manqueray pas de les vous faire tenir incontinent, ayant appris qu’ils ont je ne sçay quel petit fragment du dictionnaire dont vous ferez possible mieux vostre proffit que par un d’eux. Je sçay bien que dans Rome, il y a un dictionnaire fort complet en ceste langue là, entre les mains du Sr. cavalliere Pietro della Valle114, à qui je l’avois demandé à la prière du P. Morin ; mais il s’en excuse sur ce qu’un P. Observantin115 avoit entrepris d’en faire une grammaire à l’instance de la Congrégation de Propaganda fide116. Le bon père allement dont je vous avois escript me faict espérer qu’il me viendra voir en ces festes de Pasques, et qu’il m’apportera le livre quy a traduit de l’Arabe de son Raby Baraquias concernant la lecture des hyeroglyphiques, des obélisques sy vous vouliez venir en ce temps-là, je procureray que vous ayez vostre part de la communication117. Vous avés oublié de me mander ce que je vous avois prié de faire concernant l’usage de l’Hemin aux libations dont je sauray volontiers ce que vous en aurés observé de vostre costé, & vous en

108 Cette précision permet de dater au 28 novembre 1632 la lettre N° VI ci-dessus de Petit ; la date n’y figurant pas à la suite d’une déchirure. 109 Eusthate d’Antioche né à la fin du IIIe siècle à Side en Pamphylie, mort vers 338, fut évêque de Bérée (Alep) puis d’Antioche. Il fut le premier à combattre la doctrine d’Arius. Les ariens parvirent à le faire déposer et exiler vers l’an 337. 110 Henri de Valois (1603-1676) et son frère Adrien (1607-1692) étaient des érudits latinistes les plus célèbres de leur temps. 111 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 129. 112 Nicolas Rigault (1577-1654), successeur d’Isaac Cassaubon dans les fonctions de garde de la Bibliothèque du roi, céda sa charge aux frères Dupuy en 1645. Il était également conseiller du roi au Parlement de Metz depuis 1633 dont il mourut doyen. Il édita de nombreux auteurs grecs et latins en particulier Tertullien. 113 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 30. 114 Pietro della Valle (1586-1652) était un gentilhomme italien qui entre 1614 et 1626 avait voyagé en Egypte, Terre Sainte, Turquie et Mésopotamie et en avait rapporté un bric à brac oriental, quelques momies et surtout cinq grammaires et deux vocabulaires coptes. Agnès BRESSON, Peiresc et les études coptes, op. cit., p. 43. 115 Le père Tommaso Obicini. 116 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 31. 117 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 38 et Peter N. MILLER, “Copts and Scholars. Athanasius in Peiresc’s Republic of Letters”, in Paula FINDLEN, Athanasius Kircher. The last Man who knew everything, Routledge, 2004, p. 128-142, p. 134. demeureray redevable. Au reste, M. Peladan m’a asseuré que l’automne dernier il feut trouver à l’antour de vostre ville un grand chaudron de cuivre antique assés mal conservé et quy feut mis en pièce pour le vendre à un fondeur dont M. Ranchin acheta les anses plus d’une pistolle pour la beauté de l’ouvrage d’icelles, et adjoute qu’avec cela fut desterrer un certaine vase de bronze à deux anses avec son couvercle fort bien conservé, quy est entre les mains d’un je ne say quel bourgeois qu’il ne m’a pas voulu nommer, de quy il se promet de l’obtenir en prest pour me la pouvoir faire voir s’il ne la peut acquérir en propriété sy pas hazart ce fondeur avoit encores les pièces de ce vieux bassin ou chauderon j’en acheteray vollontiers les fragments. J’ay receu un dépesche d’Urbin avec laquelle on m’a envoyé un petit recueil des plus curieux livres Mss de la bibliothèque ducale, que j’ay creu vous debvoir vous faire voir, car s’il y auroit quelque chose qui fusse bien à vostre goust, il ne seroit peut-estre pas impossible dans faire transcrire quelque peu pour l’amour de vous. Sur quoy attendent l’honneur de vos commandements avec la continuation de vos bonnes grâces, je demeureray, Monsieur, Vostre très humble & très obligé serviteur. De Peiresc A Aix, ce 18 febvrier 1633. BI Carpentras, Ms 1875/252 v°

253 20 21 février 1633 - Aix à M. Petit Professeur au collège royal de Nismes Monsieur, Je vous escrivis hier par un de noz laquais que je bailloy à M. Pelladan avec un cheval pour le conduire chez luy et oubliay de vous dire que si par hazard le libraire de vostre ville ou autre particulier avoit un exemplaire de l’Eusèbe de Scaliger de l’an 1606 fol.118 commelin dont il se voulusse desfaire à prix honneste, je l’achepterois volontiers pour l’un de mes amys et trouvant ceste commodité, je vous ay voulu supplier d’en faire la recherche afin que j’en puisse avoir la response par le retour de mon laquais s’il est possible. Je vous finiray en revanche comme, Monsieur, Vostre très humble serviteur De Peiresc A Aix, ce 21 febvrier 1633. BI Carpentras, Ms 1875/253 r°

VII 23 février 1633 – Nîmes à M. de Peiresc Monsieur, J'ay receu le pacquet des lettres qu’il vous a pleu m'escrire, et ne puis que vous rendre comme je fais très humbles grâces du soing qu'il vous plaict de prendre de mes petites affaires et suis taut plus vostre redevable qu'il ne m'est pas possible de vous pouvoir servir aussy utilement que je le feray tousjours affectueusement.

118 Scaliger dans son Thesaurus temporum (1606) avait restitué la Chronique d’Eusèbe. Gustave COHEN, Ecrivains français en Hollande dans la première moitié du XVIIe siècle, op. cit., p. 210. Pour le contenu de la lettre de Monsieur le cardinal Bagny dont j'ai retenu la coppie seulement, et vous renvoye l'original, je vous fais vous mesme juge, Monsieur, n'est pas bien resonnable que je pourvoy a mes affaires, comme je vous escrivis it y a quelque temps ; aussi voy je bien qu'il n'y a rien qui. presse, car it ne seroit pas juste que j'abusasse ny de la bonté, ni de la libérallité du dit Seigneur. J'attens encor de plus particulières nouvelles de M. du Candal touchant la rescription qu il avoit promise a Monsieur Le Grand, c'est assez que j'aye accepté pour ceste fois la courtoisie qu'il vous pleust de me faire employant un de vos amis, sans qu’il faille que derechef je vous sois à charge. Sy le Pollux a telle mesure que l'Eustathius Antiochenus, iI ne vaut pas la payne d'estre leu, aussy m'en passeray-je fort bien, ,et plus encor des Eclogues de Constantin, puis mesmes que Monsieur Vallois en entreprend l’édition. Sy vostre homme eust peu emporter les Liturgies Cophtes, je les luy eusse donnees, les ayant faict empacqueter pour cest effect, et les vous renvoyeray, Dieu aydant, a la première commodité, car ce me seroit folie de commencer a en descrire quelque chose ; ces Messieurs de Paris les nous pourront donner avec vostre consentement et quand mesmes ils n'y adjousteroient ny interprétation, ny grammaire, ny dictionnaire, encore espererions nous d’en venir a bout. Pour la bibliothèque du duc d'Urbin ce cathologue que je vous envoye monstre y a quantité de bons livres, le Calculus secundum Indos semble pouvoir servir à l'estude de la chronologie, et le Democriti Prognostica pourroit de beaucoup servir pour le Parapegine de Geminus et pour le Pline ; ce seroit là les pieces que j’en verrois plus volontiers ; je vous envoyeray a la première occasion ce que j’ay observe touchant l'hemina dont parle l'inscription Palmyreniene. Je n'ai pas encore rendu à Monsieur Cassagnes vostre lettre à cause qu’il est absent despuis plusieurs mois, ayant este employé par le Roy en ceste Chambre criminelle qui fust establie après ces derniers mouvements passés. On l'attend demain chez luy. Il ne sera pas toutes fois besoing d’employer son crédit pour recouvrer ceste urne dont Monsieur Peladan, vous avoit fait feste ; car celuy qui l'avoit qui est orfèvre m'a asseure avec serment l'avoit vendue à un marchand parisien dont il ne sait pas le nom. Pour le chauderon de cuivre antique j'ay parolle d'un des deux qui le trouverent qu'au retour de son compagnon toutes les pièces qu'ils ont seront à moy, des que cent homme sera revenu, qui sera. dans quelques jours, j’y tiendray la main. Je crois que vous aurés receu avant que ceste lettre vous soit rendue vostre livre des Inscriptions de Sicile et la petite statue de marbre. S'il se présente quelque chose digne de vostre curiosité, je ne manqueray pas de vous en donner advis, et en toutes occasions de vous rendre toutes sortes de service, comme estant oblige d'estre toute ma vie, Monsieur, Vostre très humble et très obéissant serviteur, Petit. Et au-dessus est escrit : A Monsieur, Monsieur de Peiresc, conseiller du Roy en sa cour de Parlement de Provence, a Aix. A Nismes, 23 febvrier 1633. BNF, FF 9544, f°

21 9 mars 1633 – Aix à M. Petit Monsieur Je reçus par le retour de nostre laquay vostre despeche du 23ème du mois passé119 & despuis cinq ou six jours j’ay receu une précédente lettre, vostre du 24ème janvier accompagnée seulement du livre des Inscriptions de Sicile, sans la figure y mentionnée, mais le livre estoit tout enfumé ayant esté pendu à la cheminée en quelque hostellerie bien fumeuse pour le sécher aprez avoir esté trempé dans

119 Lettres de Samuel Petit, N° VII, p. 38-41. se l’eau bien trouble ou bourbeuse à ce que j’apprins du muletier en ceste ville qui me le rendit, l’ayant ce disoit-il receu à Marseille des mains d’un muletier nommé Pierre Boulet de Nismes qui disoit avoir laissé la figure en passant par cette ville dans l’hostellerie des mullettiers qui tient un certain Grégoire, soubz l’enseigne de l’Aigle ; n’ayant hozé me l’avenir porter à cause qu’il avoit laissé par les chemins le livre tout mouillé en la plus prochaine hostelleriedu lieu où son mulet estoit tombé ou s’estoit couché dans l’eau. J’envoyaiy incontinent chercher ce Grégoire qui ne me sceut rendre aucune raison de ma figure non plus que de ce mulletier Pierre Boulet, en sorte qu’il faudra en prendre un peu plus d’instruction de ce costé là, car à Marseille je n’en ay peu avoir de lumière non plus que de ceste ville. Voz marchants trafiquant à Marseille en debvroient avoir plus de cognoissance que tout autres. J’ay fait relaver le livre et bien qu’il ne puisse pas le reblanchir. Il ne laissera pas de servir encore fort bien. J’ay escrit en Italie pour voir s’il y avoit moyen d’avoir communication de ces deux pièces que vous y avez remarquées au cathalogue de la bibliothèque d’Urbin des Mss tant du calcul des Indiens que des pronostiques de Démocrite dont j’ay veu un exemplaire dans la bibliothèque du Roy à Paris où il est nommé Democratte & non pas Démocrite dont il ne seroit pas sy difficile de le tirer comme Durtin tant soy peu que vous en eussiez d’envie. Il ne faut que vous laisser entendre & puis me laisser faire espérant qu’il que les choses soient bien cachées quand je n’auray moyen de les descouvrir & arracher pour l’amour de vous des griffes les plus tenantes /253v°/. J’ay mesme veu dans la bibliothèque du Roy un vieux alphabet indien & un petit traicté des nombres des indiens, comme aussy un autre traicté des noms des planettes selon l’usage tant des Indiens que des Arabes romains & Etrusques ensemble des signes du Zodiaque où vous trouverez je m’asseure des belles choses sy vous ne les avez desià veus en voz voyages de Paris. Quant aux livres Cophtes, je suis bien ayse que vous y ayiez pénétré si avant comme vous dictes. J’ay receu ces jours cy une lettre de M. Saumaize120 du 22ème janvier où il tesmoigne d’avoir grande envie d’en voir quelques volumes, ayant prins ce dit-il un grand plaisir de voir un petit livret en ceste langue que M. de Thou121 avoit rapporté de son voyage qui luy a faict descouvrir ce dit-il une partie de l’anallogie en ceste très antienne langue au moyen de quoy bien que ce ne soit pas grand cas iltesmoigne avoir deschiffré beaucoup de passages notables chez les antiens adjoustant que s’il avoit encore quelque escriten cet idiome il se feroit fort d’en donner une grammaire parfaicte & ung lexicon debeaucoup demots qui seroit assez pour ouvrier le pas à d’autres & pour le deschiffré tout affaict122, & j’estime que le raby Barraquias Neffy qu’on me faict espérer de voir à ses Pasques en son traicté des Jerollittiques Egiptiens y pourra grandement ayder & ressiproquement les autres à luy123. Cependant, je vous remercie de bien bon cœur du soing que vous avez prins pour me faire avoir les petits fragmens de vases ou choderons antiques et des observations que vous me prometez sur HEmina Palmyrenienne. Le P. Palleron m’a envoyé le griffonnement d’une certaine conque de pierre à Goderons qu’il croit este antique, dont je doute un peu. Je vous prie de voir ce que c’est & m’en dire ce que vous en aurez appris, car sy la pièce estoit antique je ne ferois pas de difficulté de l’achepter pourvue que ce fusse à prix honneste car au prix que le Sr. Paladan y a mis de 4 pistoles je n’aurois garde d’y penser. Quand elle seroit quasi de marbre & quelle seroit bien asseurément antique pour l’esclaircissement de quoy je voudrois avoir un peu du griffonnement du mascaron pour voir sy cest un simple meuffle de lyon ou la teste d’un satire ou autre chose de manière Antique ou non, sur quoy attendant de voz nouvelles, je demeureray, Monsieur,

120 Claude Saumaise (1588-1653), le célèbre érudit bourguignon, à l’initiative d’André Rivet et du diplomate néerlandais François van Aerssen était venu à la fin de l’année 1632 enseigner à l’université de Leyde où il eut pour principal opposant Daniel Heinsius. Il fit deux séjours en France en 1635-1636 et en 1640-1643. Tamizey de Larroque a publié la correspondance de Saumaise à Peiresc et Agnès Bresson celle de Peiresc à Saumaise. 121 François-Auguste de Thou (1607-1642), fils aîné de Jacques-Auguste de Thou, infortuné compagnon de Cinq-Mars mort sur l’échafaud avec celui-ci le 12 septembre 1642 à Lyon, avait fait en 1628 un voyage au Levant d’ou il avait ramené notamment un petit livret copte que Peiresc cite dans sa lettre. 122 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 29, note 4. 123 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 36. Vostre très humble & très obligé serviteur De Peiresc Ce 9ème mars 1633. BI Carpentras, Ms 1875/253 r°& v°

/258/124

22 20 février 1633 - Aix à M. Petit Professeur royal au collège de Nismes Monsieur, J’ay fait response à vostre lettre et y ay voulu joindre un mot de ma main pour accompagner la lettre que m’escript Msgr le cardinal de Bagny sur le subiect de vostre personne, laquelle j’ay faict transcripr plus au net de la main de mon frère, ne l’ayant pas voulu commettre à aulcun autre vous y pourrez délibérer de me mander vostre résolution sy me la voulez apporter vous mesmes et si voulez retenir par devers vous sa lettre originale parce qu’elle est toute escripte de sa main. Vous le pourrez faire pour vostre contentement et pour pouvoir faire apparoir des offres qu’il vous faict auquel cas vous me renvoyeriez s’il vous plaist la copie, afin que je luy puisse faire response comme j’espère de faire par le prochain ordinaire de Lyon à Gènes qui passera par icy sur la fin de la sepmaine prochaine synon ce sera par le suyvant avec l’ayde de Dieu. Je luy avois escript que vous retardiez vostre voyage pour avoir moyen d’exiger ce qui vous estoit deub de voz gaiges et d’en acquitter voz debtes particulières jusques à un meilleur d’offres ou environ et que j’estime que s’il y avoit moyen de vous faire avoir ceste partie vous auriez possible plus de facilité d’accéllérer vostre despart sans regret. C’est sur cela qu’il a prins occasion d’employer l’excuse qu’il m’en faict encores y a t-il adjouté les 100 livres pour les fraiz de vostre voyage dont vous y trouverez mention. Outre & pardessus les 800 livres d’appointements distribuables à 8 pistolles d’espargne par moys à condition de sa descharge lors qu’il y aura moyen de vous en faire avoir le remplacement, d’ailleurs il me tardera d’apprendre ce qui sera de voz intentions et si vous avez rien touché de la dernière rescription de M. du Candal et si vous voulez qu’on fasse agir ouvertement auprès de Messieurs du Conseil du Roy pour vous faire dresser de voz arrérages soubz d’autres considérations plus pressantes & plus favorables que la nature de l’affaire & la condition de voz collègues ne les porteroit, nous y employerons volontiers accommodant le cœur de ce personnage et d’autres les plus puissants que nous pourrons, cependant je demeureray, Monsieur, vostre très humble & très obéissant serviteur De Peiresc. A Aix, ce 20 febvrier 1633. BI Carpentras, Ms 1875/258 r°

23 19 mars 1633 - Aix à M. Petit Monsieur,

124 Les lettres figurant aux folios 254-257 n’ont pas de rapport avec Samuel Petit. Je vous escripvis ces jours passez par un honneste homme de vostre province qui s’en retournoit de là le Rhosne et qui m’a promis qu’aprez festes il vous reverroit en passant pour m’apporter de voz nouvelles, et ayant sceu que M. le conseiller de Cassaignes escrit à Marseille, je n’ay pas voulu manquer de luy addresser encores ce mot à vous faire tenir à son retour pour vous dire que celuy125 qui m’avoit promis à ces festes la communication du livre de R. Barachias Nephi sur l’interprétation de plusieurs hyeroglyphes Aegiptiens, m’a prié de trouver bon qu’il différasse sa venue jusques à la Pentecoste dont j’ay esté un peu mortifié, mais pourveu que nous l’ayons lors nous aurons de quoy nous consoler, j’ay depuis receu un ms du petit Chronicon des juifs dont M. Genebrard a imprimé la version latine et me fait-on espérer dans peu de jours des tables astronomiques mss. en parchemin d’un rabbin qui vivoit 300 ans y a et qui estoit habitant à Tarascon, sur lesquelles on m’a dict que le calcul de la dernière éclipse de Lune se vériffie si particulièrement que les plus modernes autheurs pas plus correctes. Si c’est chose de vostre curiosité, je vous en feray part incontinemment. M. de Valloys m’a escript qu’il a achevé de transcrire mon gros volume Ms grec de la compilation et eclogues de vieux autheurs et qu’il y a trouvé des merveilles quand ce ne seroit que dans des fragments de Polybe126. J’ay prié Messieurs Du Puy de me faire envoyer mon original si la copie dudit Sr. Valloys peut suffire à l’édition qu’ils en ont projettée, exprez pour le vous pouvoir mettre en main. Et veux faire encore un effort du costé de Rome pour voir si je pourrois arracher les livres cophtes du cavalier Pietro della Valle127, vous suppliant de me tenir toujours en l’honneur de voz bonnes grâces vers, Monsieur, vostre très humble & très obéissant serviteur De Peiresc. A Aix, ce 19 mars 1633. BI Carpentras, Ms 1875/258 r°

258 v

24 28 mars 1633 – Aix à M. Petit à Paris128 Monsieur, Je viens de recepvoir une lettre de Mlle de Petit129 du 21 de ce mois, qu’elle vous croit arrivé à Paris dez le 13 ou 14, sur la députation qui y a esté fait de vostre personne et qu’elle avoit retenu par devers elle quelques lettres que je vous escripvois que je voudrois bien que vous eussiez vues avant vostre départ, mais il n’y a pas grand inconvénient à cela. Je voudrois que vostre voyage vous peusse faire dresser de ce qui vous est deub. Et que le soing d’en retirer payement en vous destournant plus de l’object de vos plus louables estudes. J’escripvi un mot à M. Le Grand afin que vous ayez subject de l’aller voir et de vous prévalloir de la favorable intercession de ce qu’il pourra faire pour vos affaires particulières ou pour celles de

125 Athanasius Kircher alors professeur de mathématiques et de langues orientales au collège des jésuites d’Avignon détenteur d’une copie du manuscrit de Barachias Nephi. Cf. Peter N. MILLER, “Copts and Scholars. Athanasius Kircher in Peiresc’s Republic of Letters”, in Paula FINDLEN, Athanasius Kircher. The last Man who knew everything, Routledge, 2004, p. 128-142, p. 129. 126 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 129. 127 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 31. 128 Samuel Petit fait état de la réception de cette lettre dans sa lettre écrite de Paris le 8 avril 1633. Lettres de Samuel Petit à Peiresc, p. 41-43. 129 Selon Jean-Jacques Bouchard, Peiresc n’avait jamais voulu se marier et avait toute sa vie détesté et méprisé les femmes. Il ne faut peut-être pas être aussi extrême, mais l’on remarquera que c’est ici la seule fois où Peiresc dans sa correspondance à Samuel Petit fait état de Catherine Cheyron, l’épouse de celui-ci. vostre députation. J’escriptz aussy par ce mesme ordinaire à Messieurs Dupuy ausquelz j’addresse la présente et ne doubte pas qu’ilz ne vous servent s’ilz le peuvent. M. de Thou aussy au cas qu’il ne soit desjà party pour la Bourgogne où le Roy l’envoye. Je leur mande qu’il vous fasse mettre en main le Ms grec des Eclogues de Constantin Porphirog. Et pour c’est effect, j’escriptz à M. de Valloys de le vous bailler ou renvoyer à Messieurs Dupuy afin que vous le puissiez tenir chez vous tant que vous serez là. Et si la copie qu’en à transcript ledit Sr. Valloys peu le suffir pour l’édition qu’ilz en veuillent faire et que le volume vous fasse besoing pour plus long temps vous le pourrez emporter quant & vous en vous en retournant et le garder chez vous tant qu’il vous plaira. Au reste, puis que vous vous trouvez porté sur les lieux, je suis bien d’advis que vous taschiez de voir un petit Mss en Cophte de M. de Thou qui est un espèce de Lexicon ou de Grammaire où vous trouverez sans doubte du Grecque, mais je crains qu’il ne soit encore entre les mains de M. de Saulmaise130. Vous pourrez voir aussy dans la bibliothèque du Roy un livre tel que celluy que vous aviez remarqué sur le roole d’Urbin, soubz le tiltre des Pronostiques de Democrite. Le Mss du Roy le qualifiant democrate. Il y a aussy des petits opuscules de l’alphabet des Indiens, de leurs nombres, et des noms des planettes, & autres choses célestes que vous ne verriez possible pas moins volontiers que ce traitté du calcul des indiens que vous aviez costé sur ledit catologue d’Urbin, lequel j’ay demandé et en attendz la response. Je voudrois bien vous pouvoir procurer chose de vostre griffe et vous faire voir par mes secours que je suis de tout mon cœur, Monsieur, Vostre … De Peiresc. A Aix, ce 28 mars 1633 /MG 258 v°/. J’ay demandé à M. Rigauld quelques opuscules de ponderibus et mensuris tant grecz que latins dont on a commencé de m’en faire transcrire quelques uns, et m’en a-t-on envoyé desjà 4 cahiers où j’ay trouvé des lacunes qui me font juger que le coppiste m’a pas sceu listé aulcunes parolles. Et d’aultant qu’il y plusieurs exemplaires de la plus part desdites places, je désirerois bien de les faire collationner l’une avec l’autre et marquer les diverses leçon en marge de ma copie 131 dont je vous supplirois volontiers de prendre la peine si vous faictes assez de séjours dans Paris pour cela. Et qu’en ayez le loysir les pièces ne sont pas de longues haleyne, et croist bien que le ferez volontiers et que m’excuserez comme je vous supplie. BI Carpentras, Ms 1875/258 v°

28 mars 1633 – Aix à M. Le Grand Monsieur Ayant seu que M. Petit, l’un des professeurs du collège de Nismes, pour qui je vous avois escript cy-devant avec M. le premier président Seguiray et pour qui vous aviez daigné vous employer si cordialement envers le Sr. du Candal132, s’en estoit allé faire un autre petit voyage en Cour, député comme je pense, de ses collègues. J’ay creu que vous ne trouveriez pas mauvais la hardiesse que je prends de le vous recommander comme il faut derechef le plus instamment & ardemment que je puis, en attendant d’y employer M. le président de Seguiray. Et si vous pouvez, avec vostre bon crédit, rencontrer quelque moyen commode pour son payement particulier, je vous en auray une obligation bien insigne, et si je pouvois deviner des expédientz qui y fussent propres, possible y auroit-il quelque moyen de les faire réussir avec voz bonnes addresses et de voz bons amy principalement. Je ne m’espendray pas à ce coup sur le mérite de ce personnage que vous avez tesmoigné priser comme de raison, seulement vous supplieray-je de croire que de tout ce que vous ferez pour luy, je vous en seray beaucoup plus redevable que si c’estoit en mon propre & privé nom. Et que je seray à jamais,

130 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 29, note 4. 131 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 25, note 43. 132 Isaac Ducandal, sieur de Fontenailles, conseiller, notaire et secrétaire du Roi, exerçait la fonction de commis à la recette des deniers que le Roi accordait à ses sujets de la R. P. R. Monsieur, Vostre très humble & très obéissant serviteur De Peiresc A Aix, ce 28 mars 1633. BI Carpentras, Ms 1875/258 v°

28 mars 1633 – Aix à Monsieur Le Grand Maistre de requeste à Paris Monsieur, Je sçay bien que l’érudition singulière de Monsieur Samuel Petit vous est assez cogneuë despuis vostre séjour à Nismes pour n’avoir pas de besoing d’autre recommandation. Mais les obligations particulières que je luy ay, me forcent de prendre part à ses interestz, et principalement à ceux qui peuvent regarder le repos de son esprit d’où le publiq peut retirer tant de fruit par la continuation de ses louables estudes. Je ne l’ay as deub laisser faire du séjour en Cour sy tost /259/ que i’en ay esté adverty. Sans prendre ceste occasion de me ramentevoir en l’honneur de vostre souvenir et par mesme moyen vous raffreschir les recommandations que je vous en avois cy devant faictes. Et vous asseurer que la protection qu’il pourra recevoir de vous en ses affaires particulières, ne m’obligera pas moins estroictement que luy. Et que vous ferez œuvre très méritoire pour son regard envers le public, car il a en main des ouvraiges qui méritent bien de voir le jour, aussy tost qu’il y pourra mettre la dernière main. Ce qu’il a peine de faire tandis qu’il se trouve diverty comme il est à la recherche des moyens pour sortir de ses affaires particulières. A quoy vous le pouvez grandement ayder par voz bon offices envers Monseigneur le Garde des Sceaux133 & autres de voz amis. Je vous supplie & vous conjure de tout mon cœur et m’advouer, s’il vous plaist tousiours, Monsieur, pour vostre très humble & très obéissant serviteur De Peiresc. Ce 28 mars 1633. BI Carpentras, Ms 1875/259

VIII 8 avril 1633 – Paris à M. de Peiresc Monsieur J'ay receu celle qu’il vous a pleu me faire l'honneur de m'escrire du 28 du passé, ensemble toutes celles vous a aussi pleu escrire en ma faveur. La lecture que Monsieur le Prieur de Remoules a voulu que j'en fisse m'a fait rougir de honte, non taut pour les tesmoignages que vous m'y donnes de la continuation de vostre amitié (quoy que je sache combien j'en suis indigne) car vostre bonté me l'a tousjours fait ainsi espérer. que pour y voir donner à mes estudes des esloges, lesquels je vous prie, Monsieur, me permettre de refuser, comme ne me pouvant jamais estre deus, quoy que je ne puisse que les cherir précieusement pour la cause qui vous les fait rendre ; c'est vostre amide, Monsieur, laquelle j’estime estre le plus grand honneur que je puisse posseder, comme c'est la seule chose en laquelle je me glorifie. Cependant, j'ay à vous demander pardon, si moy mesme je ne vous donnay pas advis de mon depart pour venir id ; it fust si presse que je n'eus pas seulement un jour tout entier pour miy preparer; j'avois destine de vous escrire a ce jourd'hui et de mettre mes lettres dans le paquet de Messieurs du Puy, quaud j'ay este surpris par cette nouvelle preuve de vostre bienveillance ; je rendray

133 Le Garde des Sceaux depuis le 25 février 1633 était Pierre Séguier qui avait remplacé Charles de Laubespine, marquis de Châteauneuf, disgracié. vos lettres a tons ces Messieurs a qui elles s'adressent et puisqu'il vous plaist employeray vostre intercession envers eux pour mes petites affaires particulières. Je tascheray aussi de voir de la Bibliothèque du Roy et de celle de Monsieur de Thou, les livres dont il vous a pleu me faire l'indication, et aussi vos Eclogues, si c'est avec la commodité de Monsieur Valois ; je demanderay aussi à Monsieur Rigaud les divers exemplaires des pièces qu'on vous descrit, afia que je les puisse, Dieu aydant, collationner ; le travail quand mesmes it seroit de très longue haleine me sera très agréable puisqu'il me donnera au moins le moyen de vous rendre quelque petit service, car c'est là le plus grand désir que j’aye, aussi suis-je très estroitement obligé d'estre toute ma vie, Monsieur, Vostre très humble et très obéissant serviteur, Petit. A Paris, ce 8 avril 1633. BNF, FF 9544, f°

X 15 avril 1633 – Paris à M. de Peiresc Monsieur, Je vous escrivis par le dernier ordinaire pour vous remercier de la faveur qu’il vous avoit pleu de me faire d'escrire si affectueusemeut pour moy à Messieurs vos amis, lesquels m'ont tesmoigne une très-bonne volonté et promis de s'employer affectueusement pour me faire dresser de ce qui m'est deu, quoiqu'ils n'y voyent pas grand jour. Monsieur le Prieur de Remoules prit la peine avec moy chez Monsieur Vallois, mais il ne feust pas en son logis ; j'y laissay vostre lettre. Messieurs du Puy me firent la faveur avant que je leur en parlasse de me prester le manuscrit Cophte de la bibliothêque de Monsieur de Thou ; c'est une liturgie avec l’interprétation Arabique à la marge. Pour les livres il n'y a ici rien de nouveau que le Synesius du P. Petau134. Monsieur Rigaud est fort occupé après ses notes sur Tertullien, car il y travaille à mesure que la presse roule,. C'est la cause qu'il n'a pas peu encor satisfaire a vostre demande, ni me donner le moyen de vous rendre quelque petit service, comme suis très estroitement obligé, estant, Monsieur, Vostre très humble et très obéissant serviteur, Petit. A Paris, cc 15 avril 1633. BNF, FF 9544, f° 55

25 10 mai 1633 – Aix à M. Petit Monsieur, J’y esté bien surpris à la nouvelle que M. Du Puy m’a donné que vous faisiez estat de partir de Paris environ la Pentecoste de façon que je crains bien que cette incluse là ne vous y trouve plus, estant bien fasché d’avoir tant différé de respondre aux vostres des 8 et 15 du mois passés135, dont je vous crie mercy, et vous remercie de bien bon cœur de la bonne disposition où vous estes de m’obliger

134 Le père Denis Petau (1583-1652), un jésuite, professeur au collège de Clermont, le « Saumaise catholique » (Guez de Balzac), était un membre de l’académie des frères Dupuy. René PINTARD, Le Libertinage érudit pendant la première moitié du XVIIe siècle, op. cit.. p. 94. 135 Ces lettres de Samuel Petit écrites de Paris le 8 et le 15 avril 1633 ont été publiées par Tamizey de Larroque, Lettres de Samuel Petit, p. 41-44. pour la collation de voz cahiers Mss, mais je ne vous en suis pas moins redevable que si l’effect en est en suivy. Ayant esté bien ayse que M. Dupuy vous aye fait part du livre Cophte, mais je crains bien que ce ne soit pas le volume que j’entendoys, car il me semble qu’il y en avoit plus d’un, et qu’on m’avoit mandé que c’estoit un espèce de glossaire ou de grammaire en forme de glossaire. Je leur en ay escript derechef et feray de nouvelles instances pour vous procurer de ce costé là quelque mille sorte de contentement. Estant bien marry que M. Valloy ne vous aye envoyé l’exemplaire de mes Eclogues, dont le retardement me rendra moins prompte en son endroit pour les autres pièces qu’il eusse peu avoir de ma part. Car ce n’est pas me rendre la correspondance de ma bonne foy et je suis sur le point d’avoir un si grand nombre de mss. grecs bien anciens, qu’il aura bien de quoy regretter de m’avoir donné le subject de mauvaise satisfaction de son proceddé en vostre endroict & au mien. Cependant je vous diray que j’ay enfin recouvré l’original du ms des Tables astronomiques en hébreu d’un rabin qui vivoit trois cens ans y a à Tarascon dont se servent les juifs du comté Venaissin et avois aussy eu un mss de Seder Olam que M. Genebrard a traduit de vostre main136. Enfin la figure de marbre du Sr. Tournier s’est trouvée au fondz d’un escuyerie où l’on ne le cherchoit pas, et m’a esté rendue assez bien conditionnée dont je ne vous suis pas moins redevable qu’au Sr. Tournier, à qui je ne manqueray pas d’en faire mes remerciements trez humbles. J’avois creu que ceust esté quelque petite figure et fus bien honteux quand je vis une si grosse masse, elle est revestue d’une peau de pantère à ce que j’ay peu conjecturer de l’un des fragments qui y estoient jointz, car le pied sembloit estre plustost fourché que patté, mais en y regardant de plus prez sans y avoir distingué la multiplicité /259v/ des antiens. Ce devoit estre une bien belle pièce quand elle estoit en son entier. Sur quoy, je finiray estant, Monsieur, Vostre … De Peiresc A Aix, ce 10 may 1633. J’ay receu une lettre de M. Chalar sur l’édition de l’antiquité de la f>>>>> où il dict que vous y intervenez. Ce seroit une fort belle entreprise et qui inciteroit bien de m’aydes, principalement si vous vous en meslier, mais qui sera de grand coustang. Nous avons en ce pais tout plein de belles & curieuses fabriques marquées en divers lieux et jusques à une bonne vintaine de trez rares pièces. Je seray bien aise d’apprendre vostre advis et respondray à M. Chalar par le premier à ceste heure /MG259r°/. Je viens de recepvoir une lettre pour vous de M. Grottius, venue soubz l’enveloppe de M. Dupuy tout à propos pour la vous faire tenir par une si bonne commodité que la présente. S’il vous escript quelque belle curiosité en matière de livres, je me picque que vous nous en donnerez la communication, comme je vous en supplie. Je vous envoyé une inscription que m’a envoyé Msgr le cardinal Bagni. J’ay recouvré le fragment original en marbre des sept premiers vers de l’épitaph du cheval Borysthenes de l’empereur Hadrian beaucoup plus court que l’édition tant de M. Saulmaise que de Casaubon et Pithoeus. BI Carpentras, Ms 1875/259 r° et v°

26 14 juin 1633 -Aix à M. Petit Monsieur, J’attendois bien impatiemment des nouvelles de vostre arrivée chez vous, quand le Sr. Olivet m’a apporté vostre lettre d’hier avec un exemplaire de vostre volume et diverses livres, à l’ouverture duquel j’ay bien recognu qu’il y aura de trez belles notices & de très beaux s>>ez à apprendre dans les antiquitez ecclésiastiques que vous avez si dignement traictées, dont je vous remercie de tout mon

136 Cf. Lettre du 9 mai 1633 de Peiresc à M. Dupuy, tome II, p. 520. cœur et de la continuation de l’honneur de vos bonnes grâces que je chériray toujours comme je le doibz et que je tascheray de mériter si je puis par toute sorte de services. Je vous félicite vostre heureux retour & le bon succez de vostre négociation pour le public, bien marry que voz intérestz particuliers soient demeurez en arrière et que je ne m’advisay lors d’un moyen qui m’est venu en l’esprit depuis, lesquel eust possible mieux servy que tout autre chose. Il faudra voir s’il y auroit la disposition que je me suis imaginé pour le faire agir un peu plus puissamment et pour vous dispenser des formalitez excesif >>>> qui vous font tant d’obstacles. J’ay receu l’Itiavarium Benin des deux nouvelles éditon d’Elzevier, mais non pas l’Epistre St Clément que l’on a entrepris de contrefaire dans Paris, laquelle j’attendz avec une merveilleuse impatience. J’ay recouvré quelques fragments de livres grecs mss dans lesquelz y a un exemplaire de ces canons d’Eglise Africaine concurremment avec ceux de l’Eglise orientales dont parle M. Justel. Si vous le voulez, je le vous envoyeray incontinant pour voir si vous y rencontreriez quelques bonnes diversité d’escripture ou quelques supplémentz considérables. Ce que je vous dictz sur cecy j’ay veu aux observations que vous avez faictes en ce livre que je viens de recevoir de vostre part, désirant avec passion de pouvoir contribuer à voz sérieuses & louables estudes quelque chose de vostre goust. J’ay recouvré durant vostre voyage de la Cour un Mss en vellin du texte hébraïque du petit cronicon hébreux que M. Genebrard a traduit et depuis encores les tables astronomiques, dont je vous avois parlé cy-devant et que j’ay faict transcripre deux fois pour la commodité de ceux ausquelz elles appartenoient pour pouvoir disposer du ms a>>>>, lequel je vous envoye par cette bonne commodité, afin que vous le puissiez examiner tout à vostre ayse & en tirer ceque vous y pourrez trouver de bon ou bien les traduire si vous jugez qu’elles en valusse la peine. Je vous envoy par mesme moyen le ms de ce petit chronicon pour voir s’il voudroit la peine de le conférer sur les éditions ensemble deux autres petiz opuscules imprimez que j’acheptay avec ledit chronicon. Je seroy bien joyeulx que vous y rencontriez quelques bons petis mots et donner >> mille moyens de vous servir. Le Sr. Ollivet m’a parlé d’un certain p>>>> à la mosaïque où ne sont pas seulement employez des morceaux de pierres de diverses couleurs, mais il dict qu’il y a des damasquineries ou enrichissementz et porfilleries de bronze. Ce qui /260/ mériteroit bien d’estre descript exactement. C’est en la tour d’un cordier entre le chemin de Montpellier et celuy des Cévennes, assez proche de la ville et dict-il c’est un homme de ses amis. Au reste, il a veu dans le torsage de ceste figure de marbre de M. Tournier qui avoit esté si longuement perdue et dont je faictz de nouveaux remerciements audit Sr Tournier, attendant de luy pouvoir rendre quelques dignes à revancher, de quoy je vous supplie de me vouloir ayder pour me faire sentir ce que je pourrois faire pour luy ex>>>> g>>>> à sa >>> c>>>>>, comme il faict le mieux. Sur quoy, je finis demeurant, Monsieur, Vostre … De Peiresc A Aix ce 14 juin 1633. Nous avons eu et gouverné six sepmaines environ M. Gassendi et désirions bien de vous y veoir en mesme temps, comme nous vismes aussy le R. P. Athanase Kircher, qui a le Barachias Nephi /MG 259v°/137. BI Carpentras, Ms 1875/259 v° et 260 r°

14 juin 1633 -Aix à M. Tournier Monsieur, J’aye esté bien content de trouver en ce lieu vostre belle figure de marbre, dont je fus bien heureux de voir la grasse. Ce dont je vous reitère les très humbles remerciementz que je vous désirois faire cy-devant & à l’occasion du passage de M. Olivet, présent porteur, qui s’estant donné le soing de

137 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 38, note 35. me le faire retrouver. Ceste piéce est de bien bonne main et de bien beau marbre, et y a quelques bonnes observations à faire sur la qualité de la peau de l’animal dont elle est revestue. Je ne regrette >>>>> qu’elle ne soit en un plus digne lieu que ne peu estre ma petite maison, et que vous vous en soyez voulu priver pour une personne qui a si mal receu ceste faveur auprès de vous, et qui a si peu de moyen de s’en revencher comme il faudroit, si vous ne vous résolvez de me commander plus librement que vous me faictes et comme je vous supplie de faire pour vous tesmoigner ma juste correspondance et que je suis et veux estre à jamais, Monsieur, Vostre … De Peiresc A Aix ce 14 juin 1633. Je vous envoye une inscription que m’a envoyé Msgr le cardinal Bagny. J’ay recouvré le fragment original en marbre des sept premiers vers de l’épitaphe du cheval Borysthenes de l’empereur Hadrien beaucoup plus correcte que l’édition tant de M. Saulmaise que de Casaubon et Pithoeus. Il y avoit quelques petites moulleures ou filletz d’architecture au-dessus des premiers vers qui ont estés razés pour employer la table de marbre à autres usages sur laquelle il paroit quelques vestiges des premières lettres du premier mot du 8e vers et j’estime que puis que le marbre se trouve rompu tant au costé gauche qu’en la partie d’embas, il se pourroit bien faire que l’épitaphe eust esté escripte en deux colonnes comme les dyptiques, puis qu’il y a un peu plus de champs vuide du costé gauche que du droict, pour faire que la table fusse de forme plus large que haulte ; et qu’on y eust accommodé anciennement une certaine frise d’une largeur compétente à ceste table138, mais il m’est rapporté. Bien est vray que feu M. de La Scala en son Eusèbe numéro M.D.C.XVIII. faict mention du nom de Borysthenes au revers d’une médaille d’Hadrien escript dans une table d’attante, en laquelle médaille ce prince est qualifié SEMNOS au lieu de CEBACTOC. Adolphus Occo en rapporte une semblable et de plus y adjouste la description d’un cheval posé sur une colonne, sur le milieu de laquelle est appliquée une table escripte du nom de ΒΟΡΥΣΘΕΝΗΣ139. Ce marbre fust desterré en ung lieu nommé Las Torreras sur le grand chemin d’icy à la ville d’Apt140, à une petite lieue par delà ladite ville, qui n’estoit pas le chemin le plus frayé des armées romaines. C’est pour quoy j’estime qu’aux voyages de l’Empereur Hadrien aux Gaules, soit [au] venir de Rome ou au retour, il affecta vraysemblablement le destour de ce chemin pour aller à la chasse dans les boys de Sault qui lors se trouvoient plus prez d’Apt qu’ilz ne sont à ceste heure. Et parce que ce cheval luy servoit principalement à la chasse, il se peut présumer qu’il y mourut en ces quarties là. De sorte que les médailles grecques portantz le nom et l’image de ce cheval debvoient avoir esté /MG260r°/ affectées par d’autres peuples de la Grèce par adulation possible pour mémoire de quelque chasse d’importance faicte sur leur terroir par ce cheval, quand le mesme prince les estoit allé visiter141. J’en sçauray volontiers voz sentimentz s’il ne vous est inconnus. BI Carpentras, Ms 1875/260 r°

260 v 27 16 juillet 1633 –Aix à M. Petit Monsieur, Je pense que vous aurés receu par le retour du Sr. Olivet qui m’apporta un volume, ceux que je luy baillay pour vous entre lesquelz estoit l’œuvre de M. Emmanuel de Tarascon142 des tables

138 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 78, note 105. 139 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 78, note 107. 140 Apt, au nord d’Aixe-en-Provence, dans le département du Vaucluse, ancienne colonie de Julia Apta établie sur la via Domitienne au début de notre ére. 141 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 78-79, note 108. 142 Emmanuel ben Jacob de Tarascon. astronomiques soubz le tiltre d’Aisles d’Aigh. Nous avons depuis veu icy le Rabby Salomon Azubi143qui me les avoit faict recouvrer, lequel y est encores, et lequel vous y attendroit, je m’asseure, quelques jours, si vous nous asseurez que vous voulussiez prendre la peine de nous venir voir. Auquel cas si vous rencontrez autant difficulté, il pourroit grandement servir à l’esclaircir et à favoriser l’intelligence de ce qui y pourroit estre le plus difficile à deschiffrer. Il m’a apporté la supputation qu’il a faict sur ces tables des dernières éclypses qui approchent de bien prez le calcul des plus modernes. Au reste, il a une passion non pareillement de vous connoistre & pour ce je croy que vous prendrez grand plaisir en sa conversation, car il a veu beaucoup de livres en sa langue hébraïque et a très bonne mémoire de ce qu’il a leu. Parmy quoy nous trouverions peut estre bien encores d’ailleurs quelque chose de vos curiosité maintenant que vous n’este encore pas si dépendant comme nous estions aux champs, mais je n’ose vous inviter de prendre tant de peine avec ces grandes chaleurs, si ce n’est que vous vouliez prendre la nuict et le clair de la lune pour esviter l’ardeur du soleil, comme je le pratique lorsque je vays en campagne en ce temps, mais ne vous incommodez point si voz affaires ne le vous permettent, et croyez que je seray toute ma vie, Monsieur, Vostre très humble et très obéissant serviteur. De Peiresc A Aix, ce 16 juillet 1633. J’ay recouvré depuis peu la vraye plante vivante du papyrus de Sait en Ægipte que le cardinal Barberin m’a envoyé par le retour des galères de M. de Créquy, laquelle a produict de nouvelles testes ou tiges et houppes depuis son arrivée. Il faict beau la comparer avec des vieilles feuilles de papier escriptes depuis plusieurs siècles144. BI Carpentras, Ms 1875/260 v

28 17 juillet 1633 -Aix Monsieur, Je vous ay escript depuis peu par un des filz de M. de Junius, conseiller au parlement de Thoulouse, et auparavant par M. Olivet de vostre ville. Vous aurez encore une par M. de St-Mars, l’un des anciens conseiller en nostre parlement, qui s’en va prendre les eaux de Neyrac145, lequel prendra volontiers le soing de me donner de voz nouvelles, si vous luy en faictes sçavoir et de me faire venir seurement voz lettres sy vous luy en envoyez, car il aura tous les jours du courrier icy, où nous avons encores le bon Salomon Azubi de Sophia en Morée qui voudroit bien avoir le bien de vous y voir et d’apprendre de vous quelques pointz des principaux en cronologie. Il n’y a que la rigueur du chauld qui m’empesche de vous en presser comme je ferois sur le subject des difficultez qui se peuvent rencontrer en la v>> de cez anciennes tables d’Emmanuel de Tarascon que je vous aye envoyées par ledit Sr. Jolivet. A tout le moings donnez-nous, je vous supplie, de voz nouvelles et nous tenez toujours, Monsieur, pour

143 Azuby était le rabin de Carpentras. Sur ces rapports avec Peiresc Cf. Peter N. MILLER, “The Mechanics of Christian- Jewish Intellectual Collaboration in Seventeenth Century Provence : N. C. Fabri de Peiresc and Salomon Azubi” in Allison P. COUDERT & Jeffrey S. SHOULSON (Editeurs), Hebraica Veritas ? Christian Hebraists and the Study of Judaism in Early Modern Europe, University of Pennsylvania Press, Philadelphia, 2003, p. 71-101. 144 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 42, note 55. 145 Neyrac-les-Bains à 210 km au nord-ouest d’Aix-en-Provence, est une station thermale située au bord de l’Ardèche, au pied du volcan du Souilhol. Cette activité volcanique a donné naissance à des eaux minérales chaudes et des résurgences de gaz carbonique. Les premiers thermes furent élevés à Neyrac en 121 avant J-C par les romains et connurent un essor au Moyen-Âge pour guérir les lépreux. Mais la petite ville ne devint une véritable station thermale qu’à partir de 1850. Aujourd'hui, les thermes accueillent des curistes en rhumatologie (arthrose, ostéoporose) et soins de la peau (eczéma, psoriasis). Vostre … De Peiresc A Aix, ce 17 juillet 1633. J’entens que M. Felix, conseiller en la Cour des comptes, aydes & finances de nostre province s’en va pareillement aux eaux de Neyrac. Et que possible les prendra il à Beaucaire, d’où il n’y aura pas moins de courrier avec Nismes, que de Neyrac et à qui que ce soit qu’on addresse des lettres pour moy, elles seront toujours très bien venues et me seront envoyées seurement. BI Carpentras, Ms 1875/260 v

29 21 août 1633 –Aix à M. Petit146 Monsieur, J’estois en compagnie à ce soir quand un honneste homme de voz cartiers a prins la peine de m’apporter vostre lettre du 19ème de ce mois, avec une autre du Sr. Peladan du 3e de juillet disantqu’il falloit qu’il eust sa response à ce soir mesme. Je me suis desbarassé de la compagne pour vous escripre et ay esté bien affligé à l’ouverture de vostre lettre d’y apprendre que vous eussiez esté menassé d’une fiebvre étique dont je prie à Dieu vous vouloir bien deffendre. Et vous convier d’y contribuer de vostre part tout ce que vous pourrez pour n’y tomber et pour cet effect, il fault faire trefve avec voz livres pour quelque temps ou ne songer qu’à vous resjouir et divertir de tout ce qui vous y peu nuire. Venez-vous en demeuré icy quelques jours avec nous, l’air y est particulièrement propre contre ceste maladie, comme au contraire l’air de la marine n’y est que trop disposé autant tous les lieux qui n’ont des montaignes qui les séparent de l’air de la mer, qui est la cause que les Marsillays, fort subjects à ceste maladie, viennent prontement en ceste ville pour y changer d’habitude, et s’en trouve très bien. Les montagnes qui sont entre Marseille & Aix servant de barrière à la malignité de vapeurs saliées qui ne peuvent pas aussy monter si hault comme nous sommes. Si ces Messieurs se veullent charger du volume que vous me demandez, je leur bailleray très volontiers, mais pour les autres je n’en ay pas dressé de roolle et, à ne vous rien desguiser, je n’en ay pas quasi eu le courage, voyant qu’il n’ay avoit rien de bien exquis. Si vous fussiez venu comme nous nous attendions en bonne dévotion, vous y eussiez veu plus clair que nous si en eussiez cotté et empesché et que vous eussiez voulu n’estre au pas qu’il y aye rien qui puisse estre mieux employé quelque peu que ce soit qu’à vous Monsieur et voudrois bien qu’il y eusse chose digne de vous assurer. Voicy maintenant les vacances et les fraischeurs qui vous en donnent plus de moyens que devant, venez y, je vous supplie, encor un coup. Il n’y a qu’un volume de pareille antiquité d’escripture à celluy des Eclogues où je n’ay rencontré ni long commencement ni fin, ni aulcun j>>> ou fondement de couverture pour me faire comprendre de quel autheur ce peult estre. C’est quelque père de l’Eglise dont le style ne m’est pas cognu, ce que vous auriez incontinent descouvert je m’assure, mais cela seul ne vauldroit pas le peine, & le tracas du voyage d’un homme de vostre sorte. Quant aux libvres hebrainz, j’ay depuis eu icy le R. Salomon Asuby de Sophia par qui j’avois faict transcripre les tables astronomiques dont vous avez l’original, lequel à ma prière en a entreprins une traduction en vulgaire françois où nous avons apprins que l’autheur a nom Manuel filz de Jacob de Tarascon et que l’invocation est grandement facile & commode au prix des autres tables astronomiques. C’est pourquoy, il les nomme des AISLES. Et par la rencontre des nombres donc employez audites tables, il si void qu’elles ont esté escriptes plus de 200 ans y a, et possible estoient- elles composées beaucoup plus tost, car il ne faict aulcune mention des tables d’Alphona. Au reste, j’ay esté bien ayse d’entendre que voz Loix Attiques sont en estat de voir le jour. Feu M. de La Scala y avoit travaillé et j’avois faict autrefois envoyer son autographe à M. de Maussac147, président achesseur de la Cour des Comptes & Aydes de Montpellier qui en retire coppie. Si vous ne

146 Samuel Petit fait état de la réception de cette lettre dans sa lettre du 6 septembre 1633. Lettres de Samuel Petit, p. 44-46. 147 Philippe-Jacques de Maussac (1590-1650), conseiller, président de la Cour des Aides de Montpellier. l’avez veu, comme je le crois bien, il seroit bon de le voir & possible que M. de Maussac ne le vous reffuseroit pas. J’avois autrefois veu une fort digne gentilhomme vénitien nommé Vincenzo Contarini, qui y avoit bien travaillé à Padoue environ l’an 1600, mais il ne tarda pas de mourir, et je ne sçay que deviendront ses escripts. Si vous m’eussiez plustost donné cet advis j’eusse tasché de m’en informer et de vous faire voir tout ce que j’eusse veu /261 v/sur ce subject. Je n’ay point eu des lettres que vous m’accusez que la dernière par laquelle vous me demandiez l’Epistre de St Clément, mais par malheur il n’y avoit que deux jours que je l’avois envoyée à Rome au cardinal Barberin. Mais j’en attends un autre exemplaire qui vient dans une balle partie du mois de juillet, laquelle debvoit arriver bien tost et je ne manqueray pas de vous en faire tenir incontinent. Je ne suis pas capable de juger de telles matières, mais si ceste pièce est supposée comme vous dictes en doubter, c’est de bien long temps et tousjours est-elle d’une bien vénérable antiquité. Ce fils de M. Junius eut grand tort de ce charger de ma lettre pour ne la vous rendre pas148. Il fault excuser les pauvres genz. Il n’estoit pas trop bien guéry d’une maladie qu’il avoit faict en ceste ville. Nous avons veu icy le livre de l’histoire ou mémoires du Languedoc de M. Catel149 où il y a de bien curieuses remarques, mais ce ne sont pas des pièces de vostre goust, je m’asseure. On me mande de Paris que l’Epistre de St Clément en a faict recognoistre une de St Barnabé qu’on dict estre fort digne d’estre veue. Elle est différente en son commencement du texte grec ; mais il y a une version latine fort ancienne où il ne manque rien. Elle est entre les mains du P. Sirmond qui se faict un peu tirer l’oreille pour la lascher, demandant des deslais que l’on impute à refus et répugnance trop grande. M. de Saulmaise a prins son congé et se doigt mettre en chemin aux premières fraischeurs avec sa famille pour s’en revenir en France. M. Gaffarel m’escript de Venise du 28 juillet qu’on luy offre la direction de la grande bibliothèque de St Marc, vacante plus de 20 moys y a, où sont tous les Mss de Bessenus et de plusieurs autres grands personnages. Il ne s’y peu résouldre, préférant l’employ que luy donne l’ambassadeur de France, mais il a oublié de me mander quelz appointements, advantages & subjections il y a. M. Naudé a eu la charge de médecin de la nation françoise à Rome, avec 600 livres d’appointement et la place qu’avoit ledit Sr. Naudé n’a point estée remplie mesme. On me mende qu’elle ne le sera pas. Son maitre s’en estant excusé à tous ceux qui l’on faict demander. Le bibliothécaire du Cardinal Barberin, qui estoit le Sr. Suarez d’Avignon, a eu l’evesché de Vaison150. Et sur ce, je finis priant Dieu qu’il vous donne tout contentement et bonne santé, demeurant, Monsieur, Vostre … De Peiresc A Aix, ce 21 aoust 1633. Si vous vous résolvez de nous venir voir et que vous me veuillez faire sçavoir le temps qui vous sera le moins incommode, je vous envoyeray un de noz chevaux à cette fin, que vous ayez moins de répit à vostre sesjour par de çà. Voz marchands estant partis sans prendre ma response à faulte de m’avoir voulu dire leur logement, et à faulte d’autre commodité je fus constrainct de vous envoyer la présente par la voye nouvellement establie de l’ordinaire de Montpellier qui passe par Avignon par lequel vous me pourrez envoyer la response, et faire s’il vous plaist une enveloppe à vos livres addresser icy à M. Moran, maître des courriers du Roy de ceste ville d’Aix, qui me le fera tenir seurement, moyennant trois solz pour >>>> comme il vous faudra payer s’il vous plaist pour ceste fois. BI Carpentras, Ms 1875/261 r° et v°

X

148 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 252, note 9. 149 Guillaume CATEL, Mémoires de l’histoire du Languedoc curieusement et fidèlement recueillis de divers autheurs Grecs, Latins, François & Espagnols, Pierre Bosc, marchand libraire, Tolose, 1633. Guillaume Catel était conseiller du Roy en sa cour du parlement de Toulouse. 150 Joseph-Marie Suarez bibliothécaire du cardinal Barberin avait reçu l’évêché de Vaison-la-Romaine. 6 septembre 1633 – Nîmes à Monsieur de Peiresc Monsieur, J'ay receu vostre paquet du vmgt et uniesme aoust le second de septembre par l'ordinaire, mais franc, et vous remercie infiniment du soin qu’il vous plaist prendre de moy, très marri de vous avoir causé du desplaisir par ma lettre sur le subjet de mon indisposition ; vous me pardonnerés, Monsieur, s'il vous plaist, si je vous di que je ne vaus pas toutes les appréhensions que vans me faites l'honneur d'en avoir. Je me trouve beaucoup mieux, Dieu merci, et j'espère de sa bonté qu'il me donnera le moyen de vons pouvoir encore rendre très humble service. J'ay parcouru vos Tables astronomiques et espère, Dieu aydant, d'en venir à bout après les vacations, cependant je fais travailler à descrire les Loys attiques. Il y a longtemps que j'ay veu ce que Monsieur le Président de Maussac151 a eu par vostre faveur de feu Monsieur de La Scala et du depuis Monsieur Herauld152 m'a communiqué le mesme à Paris; j’en conferay aussi avec Monsieur Valois qui avoit le mesme dessein que moy, mais non pas tant, avancé. Je ne doute pas que si l'Epistre de Saint Clément est supposée, que ce ne soit dès le second siècle, et par conséquent très ancienne et très vénérable. Dieu veuille que le P. Sirmond se laisse enfin persuader de nous donner cette Epistre de Saint Barnabé ; s'il ne le fait il sera de très mauvaise humeur. Je ne sais si Petrus Aurelius en serait point cause, duquel le bon homme, Monsieur des Cordes153 m'envoya, ces jours passés, l'Anœreticus contre ledit P. Sirmond. C'est une grand pitié que des gens savans comme eux escrivent de la façon les uns contre les aultres. Le mal est que le P. Sirmon a commencé en son Antirrheticus ; la préface duquel irritera aussi peut estre Monsieur de Saumaise, le retour duquel je désire bien en France ; mais j'eusse bien souhaité qu’il n'en fust jamais parti. Il y auroit plus de contentement, et ses ennemis moins de subjet d'en parler. Monsieur Peladan vous escrit, et j'espère, Dieu aydant, d'estre le porteur de ce qu'il vous veut envoyer, car je fais estat de partir le quinziesme de ce mois, s'il plaist à Dieu, pour avoir l'honneur de vous voir et vous assurer que je suis, Monsieur, Vostre très humble, très obéissant et très obligé serviteur, Petit. A Nismes, ce 6 septembre 1633.

30 6 septembre 1633 - Aix à M. Petit Monsieur, Je vous ay escript par la voye du courrier ordinaire qui passe par Avignon. Ce n’est que pour vous dire que si vous voulez vous servir de la commodité au retour du cheval de M. Vitalis, présent porteur, nous vous baillerons icy de nos chevaux lorsque vous voudrez vous en retourner et luy pourront faire prévalloir réciproquement de la mesme commodité du restour d’iceux s’il se veult mettre en estat de revenir, néantmoins si le présent porteur se veult charger des volumes Mss des canons de l’Eglise Orientale et de l’Africaine, je le luy remettray pour le vous porter & seray à jamais, Monsieur, Vostre De Peiresc A Aix, en haste, ce 6 septembre 1633.

151 Jacques-Philippe de Maussac, président de la Cour des Aides de Montpellier. 152 Didier Hérauld (1575-1649), jurisconsulte humaniste qui a laissé des livres de droit et des commentaires philologiques. 153 Jean de Cordes (1570-1642), abbé de Maussac. BI Carpentras, Ms 1875/261 v°

XI 22 septembre 1633 – Nîmes Samuel Petit à M. de Peiresc Monsieur, Je vous envoye le Cœsar, manuscrit que vous désiriés de voir, avec un autre manuscrit francois que je viens de recouvrer et le poème de Monsieur Favereau dont je vous parlay ; j'ay envoyé à Monsieur Peladan vostre lettre, mais je ne lui ay pas fait délivrer la pistolle, parce qu’on ne l’a pas trouvé dans son logis, de quoy toutes fois je lui ay fait donner advis ; et dès demain, au matin, Dieu. aydant, et si la pluye qui n'a cessé depuis nostre arrivée jusqu'à cette heure, m'en donné le moyen, la lui bailleray en main propre ; bien ay-je appris par celuy qui luy rendra ce dont il m'avoit chargé, qu'il feust fort mortifié de ce que vous n'aviés pas daigné en retenir, ce qu'il s'estoit promis ; il est maintenant tout empressé à dresser des arcs triumphans pour la ville qu'on prépare à 1'honneur de Monsieur le duc d'Halwyn154 ; c'est ce que j'ay appris de luy a mon arrivée ; je vous supplie, Monsieur, de me faire la faveur de m'aymer et de croire que je suis, plus que tout le demeurant des hommes, comme aussi y estant le plus obligé, Monsieur,

Vostre très humble et très obéissant serviteur, Petit Vous me permettrez, Monsieur, s'il vous plaist, & assurer de mon très humble service Monsieur de Valaves Monsieur le Baron. A Nismes, ce 26 septembre 1633 BNF, FF 9544, f°44. /262/

31 3 octobre 1633 - Aix à M. Petit Monsieur, Ce mot n’est que pour accompagner la cassette que je vous envoye de mes livres arabes dont vous aurez l’inventaire cy-joinct, ne s’estant trouvé aucune commodité de le vous envoyer du costé de Beaucaire. C’est pour quoy il a fallu prendre la voye d’Arles par où l’on m’a asseuré y avoir plus de commerce à voz quartiers & le muletier mesmes qui s’est chargé de porter ceste cassette en Arles fesant se dit-il bien souvent le voyage d’Arles à Nismes avec ses mulletz, & s’estant offert d’aller jusques à Nismes luy mesmes porter vostre cassette s’il ne trouvoit en Arles de commodité plus opportune. Cependant, j’en fais l’adresse en Arles chez Monsieur Chevary155, mon couzin, chez qui vous pourrez prendre les vostres quand vous voudrez vous servir de cette voye là. Il se tient aupres de la porte de la cavallerie & prendra tousiours soing volontiers de recevoir & me fere tenir seurement tout ce qu’il luy sera adressé de vostre part comme de vous fere tenir ce qui recevra de la mienne pour vostre compte et payera le port & voiture que vous ordonnerez.

154 Charles de Schomberg (1601-1656), duc d’Halluin, était le fils du maréchal Henri de Schomberg (1575-1632 ) qui avait en 1632 défait le duc de Montmorency à Castelnaudary. A la mort de son père, il lui avait succédé dans la charge de gouverneur de la province du Languedoc que celui ci avait brièvement exercée. 155 Robert de Chiavari, la grand-mère paternelle de Peiresc était une Chiavari. Je pensois remettre dans la caisse vostre Jules Cézar Mss, mais Corberan l’a fermée & amballée avant que je m’en sois advisé. Il est vray que je ne l’avois guère examiné. Vous l’aurez par la première commodité, Dieu aydant & je demeureray, Monsieur, vostre très humble & très obligé serviteur De Peiresc. A Aix, ce 3e octobre 1633. Je feus quitte de ma fièvre 60 heures de jeusne avec une seignée & un petit lavement. J’ay aujourd’huy receu force livres de Paris tout à poinct pour leur faire passer les monts par les gallères que nous attendions à Marseille avec lequel court fortune d’envoyer vostre poème de M. Favereau156 où j’ay trouvé de bien jolies conceptions. J’ay pareillement eu quelque livre depuis vostre despart que je seray bien ayse de vous fere voir, mais vous nous eschappattes un peu trop tost. BI Carpentras, Ms 1875/262

XII 24 octobre 1633 – Nîmes Samuel Petit à M. de Peiresc Monsieur, L'affection de laquelle je suis assure qu'il vous plaist de m’honorer fait que j'ose vous supplier très humblement d'avoir pour agréable que Monsieur de Mannemacre, qui m'a este recommandé par de mes amis de Paris puisse vous saluer, pour remporter le contentement qu'il souhaite d'estre cogneu de vous, Monsieur, et de vos semblables : il n'a autre subjet qui 1'oblige de passer en Provence ; il a de très rares qualités qui le rendent fort recommandable; outre les mérites de Monsieur son père157, qui tient rang entre les plus qualifies de Messieurs des Estats des Pays-Bas. Je vous prie, Monsieur, très affectueusement d'aymer, Monsieur, Vostre très humble et très obéissant serviteur, Petit. A Nismes, ce 24 octobre 1633. BNF, FF 9544, f°45.

31 octobre 1633 – Aix à M. de Chavary Monsieur mon couzin, Comme j’estois en paine de faire tenir une caisse de mes livres à M. Petit à Nismes, vostre mulletier ordinaire d’Arles m’a fait asseuré qu’il fesoit souvent le voyage luy mesmes d’Arles à Nismes & que le commerce y estoit fort fréquent de sorte qu’il m’a faict résoudre de vous adresser une caisse de livres, laquelle vous prie luy fere tenir par quelque mulletier de cognoissance qui aye soing de la bien conserver de la pluye & de la rendre fidellement à M. Petit ou à sa femme & en rapporter un mot de response. J’attends que le mulletier vienne prendre la caisse pour faire marché avec luy & luy payer le port d’ycy en Arles. Vous priant de fere marche d’Arles à Nismes avec celluy qui s’en chargera sy celuy-cy ne faict le voyage luy mesme /262 v/ à cette fin qu’il n’y en ait point de mal indu & sy vous fournissez quelque chose à l’advenir pour le port & voicture de laquelle caisse car je crois qu’elle reviendra par mesme voye. Je ne faudray pas de vous en rembourser ponctuellement sy ces

156 Jacques Favereau (1590-1638), originaire de Cognac, conseiller à la Cour des aides de Paris. 157 Adrien Van Manmaker de Middelbourg, député aux Etats de Zélande. Messieurs de la Trorene fesoient difficulté de laisser aller et revenir la susdite caisse. Je vous prie de la leur faire ouvrir pour luy faire voir qu’il n’y a rien que des vieux livres de ma bibliothèque que j’envois à M. Petit pour s’en servir en la traduction de certains livres arabes car ils sont tous arabes, escusez moy de ceste peine & me commandez en revanche, Mon couzin, comme Vostre très humble & très obligé parent & serviteur. De Peiresc A Aix, ce 31ème octobre 1633. BI Carpentras, Ms 1875/262

3 octobre 1633 – Aix à Messieurs les Commis de la Douane Monsieur, J’envoye quelques livres Arabes de ma bibliothèque à M. Petit professeur au collège de Nismes pour s’en servir en la traduction de certaines pièces escrites en la mesme langue arabique sy vous faictes ouvrir la caisse vous recognoistres par les marques de mes chiffres qui sont en la reliure la vérité de ce que je vous en dis & qu’il n’y a rien qu’il soit suject au payement des droictz que vous avez accoustumé de prendre sur les balles des marchands, mais je vous auray de l’obligation de la faveur & gratiffication que vous ferez pour l’amour de moy à celuy qui s’est chargé de porter ceste caisse à Nismes de ma part & à celluy qui se chargea de me le rapporter de la part dudit Sr. Petit quand il aura achevé le travail que je l’ay prié de faire, & sy je vous puis rendre quelque service en revanche vous me pouvez employer librement & croié que je seray tousjours, Messieurs, Vostre bien humble & affectionné serviteur. De Peiresc Ce 3e octobre 1633. BI Carpentras, Ms 1875/262 v°

32 25 octobre 1633 – Aix à M. Petit Monsieur, Je receu hier par les mains de M. de Chavary d’Arles mon cousin vostre lettre du 18 où je fus bien ayse d’apprendre que ma caisse de livres vous eust esté rendu bien conditionnée. Il s’en est allé à Marseille et à son retour je le chargeray des livres que vous demandez tant des autheurs Grecs que des Ms Samaritains que je pensois envoyer là où je vous avois dict, mais je seray bien ayse que vous en puissiez trouver quelques bonnes choses. A la dernière, je vous envoye une lettre que je viens de recevoir de M. Du Puy afin que vous voyez la presse que luy faict M. de Saulmaise pour cez livres cophtes. Pour moy je pense que c’est pour servir à M. Golius à la recherche qu’il a entreprise de ces autheurs Ægyptiens dont parle M. Skikard158 en son Mercure, et que bien qu’il soit en langue arabique, il y doibt avoirdes locutions ou parolles Ægyptiennes ou Cophtes dont ils espèrent trouver quelques esclaircissements en ses liturgies. C’est pourquoy le plus tost que vous pourrez le leur lascher ce sera le meilleur, espérant, dans la fin de la présente année, une caisse de volumes cophtes, Dieu aydant, dont vous aurez la première veue, et n’estant pas hors d’espérance d’avoir le dictionnaire et grammaire des Cophtes qui sont à Rome. Si vous m’envoyez l’eschantillon que je vous en ay demandé. Que si vous avez regret de

158 Wilhelm Schickard (1592-1635) professeur d’hébreu et de mathématiques à l’université de Tübingen. laschée si tost les miens /263/, il nous y faudra chercher quelque nouvelle excuse. Cependant je serois bien d’advis que vous expédiez le plus promptement que pourrez le premier volume à M. de Thou afin de pouvoir, cependant, renvoyer celuy-là à l’advance & je diray que je retiens les miens pour les joindre à ceux qu viennent d’Ægypte & pour envoyer tout ensemble159. Quant àvostre ms de César je vous en rendz mes très humbles grâces et sin’en estiés pressé, je seray bien ayse de le parcourir un peu plus à l’aise at avec plus de loysir que je n’en ay présentement, ne vous estant pas moins obligé de l’usage & de la bonne volonté que si j’en avois accepté la propriété qu’il vous plaise m’offrir de si bonne grâce, estant de tout mon cœur, Monsieur, Vostre … De Peiresc A Aix, ce 25 octobre 1633. BI Carpentras, Ms 1875/262v° & 263 r°

XIII 1er novembre 1633 – Nîmes Samuel Petit à M. de Peiresc Monsieur, Je vous escrivis en mesme temps que je receus les livres qu’il vous a pleu me faire la faveur de m'envoyer, et me conjouissois avec vous et pour le bien public, et le mien particulier de la grace que Dieu vous a faite en vous rendant bientost la santé ; vous estes trop nécessaire au public et à ceux que vous honorés particulièrement de vostre amitié, pour prodiguer comme vous faites vostre santé. Pardonnes-moy, Monsieur, si je vous dis que vous la devés mieux mesnager, et ne prendre pas tant de peine, comme j'ay veu que vous faites. On m'escrit de Paris que Monsieur Gaulmin a fait des vers sur la prise de Nancy, mais qu’ils ne se vendent pas. Je ne doute pas toutes fois que ou lui ou Messieurs Dupui ne les vous envoye, et on m'escrit qu'ils sont excellemment bien faits, comme aussy ce grand esprit est capable et propre à tout ce qu'il luy plaist d'entreprendre ; je vous renvoye vostre Manuscrit Hebrieu de Tables Astronomiques avec la version que vous me donnastes à mon départ, et vous remercie infiniment de la faveur que vous m'aves faite ; c'est une fort bonne pièce, et dont celuy à qui vous me dites que vous la destines, faira, je m'assure, très bien son profit. Monsieur Olivet, qui vous rendra la présente vous la donnera en mesme temps, comme il m'a promis et s'en est charge, je vous supplie, Monsieur. de me continuer le bien de vostre amitié, et de croire, que je suis, Monsieur, Vostre très humble et très obéissant serviteur, Petit. A Nismes, ce 1er novembre 1633. BNF, FF 9544, f°46. 33 2 novembre 1633 - Aix à M. Petit Monsieur, Je vous escrivis huit jours y a par la voye de nostre ordinaire soubz l’addresse du Sr. Cartier maistre des postes en Avignon, qui addresse icy toutes les dépesches à Messieurs les nouveaux intendanz & maistres des courriers du Roy en ceste province, lesquelz sont de mes amys, croyant que si vous respondez soubz les mesmes addresses voz lettres me tomberont seurement en main.

159 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 29. Je vous envoyay une lettre de M. Du Puy sur le subject de M. Saulmaise et des livres cophtes, mais particulièrement du petit volume rituel de M. de Thou, sur quoy j’attends en bonne dévotion vostre response160. Cependant, j’ay eu le bien de voir icy M. de Mannemacre161, bien marry de ne l’avoir peu servir bien à souhaict pour l’amour de vous aussi bien que de son propre mérite. Il a esté voir Marseille mais je ne le peu vois à son départ pour luy donner des addresses à mon frère et autres amis, et mon frère à qui j’en escripvis d’ailleurs ne le sceu trouver, tant sa bonne mine l’a faict mescongnoistre quand on pensoit chercher un hollandois. Il est aujourd’huy revenu sans que je l’aye peu gouverner ; possible nous endonnera t-il plus de moyen demain. Monsieur de Chavari, mon cousin, vient d’arriver de Marseille pour s’en retourner demain du costé d’Arles. Il s’est chargé des deux livres que vous demandiez tant du petit volume in-8° de ces oratheurs grecs semblables à celuy que vous pouviez avoir veu, que du ms arabe samaritain que j’avois destiné à M. Skikard et dont M. Gassard luy a faict offre n’attendant que sa response pour le luy faire tenir. C’est pourquoy le plus tost que vous le pourrez expédier ce sera le meilleur à cette fin qui a grand heure en chacun point en l’attente d’icelluy s’il est possible. Si vous m’eussiez tesmoigné vostre désir, j’en eusse faict transcripre l’Arabe par un martagal qui escript bien ce charactère et vous n’eussiez eu qu’a y entrelassée le Samaritain si jugiez que le prix en méritaye la peine, mais possible ne l’en estimerez vous pas digne. J’ay receu le livre de Soldenus De jure hereditaris hibrerum qui est à vostre service si en avez affaire et tout ce que je puis avoir à ma disposition estant de tout mon cœur, Monsieur, Vostre très humble & très obéissant serviteur. De Peiresc A Aix, ce 2 novembre 1633. Les livres vont dans un sachs qu’on avoit subjet de mettre dans la caisse. BI Carpentras, Ms 1875/263 r°

XIV 7 novembre 1633 – Nîmes Samuel Petit à M. de Peiresc Monsieur, Je vous envoye le petit livre Cophte de Monsieur de Thou, qui a esté fort maltraité par le temps et par l'eau sans qu’il y ait aucun défaut de mon costé, comme Monsieur Du Puy sait fort bien, à qui j’escris et vous supplie, Monsieur, de me faire tant de bien que de luy faire tenir et ma lettre et le livre; je vous ay aujourd'huy escrit plus au long par l'ordinaire, tellement que je fairay fin, vous suppliant de m'aymer et de me tenir, Monsieur, pour Vostre très humble et très obéissant serviteur. Petit A Nismes, ce 7 novembre 1633. BNF, FF 9544, f°55.

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160 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 30. 161 Le fils d’Adrien Van Manmaker dont Samuel Petit avait fait état dans sa lettre du 24 octobre 1633. 9 novembre 1633 – Aix à M. Petit Monsieur, Je receu l’autre jour par M. Olivet vostre lettre du 1er de ce mois162 avec les Tables Astronomiques de Raby Manuel ben Jacob de Tarascon, et les cahiers de la version de Rab Salomon Azubi. Estant marry que vous n’y ayez trouvé quelque chose plus conforme à vostre goust craignant bien que il en soit de mesmes de ce volume des Samaritains escript en Arabeque jevous ay envoyé par M. de Chavari d’Arles, mon cousin. Il fault un dessein particulier en cesmatières extraordinaires pour y trouver de la passion qu’il faut esplucher & examiner d’une estrange façon pour en tirer rien qui vaille. Vous aurez par mesme moyen receu une lettre que je vous ay envoyé de M. Du Puy par la voye de la poste d’Avignon, sur l’instance que luy faict M. Saulmaise. Sur quoy je suis attendant ce que vous trouverez bon que je luy mande. Nous avons veu icy les vers de M. Gaulmin qui dict les avoir faict enun soir et donnez fort précipitamment. C’est pourquoy il prie ses amis de l’excuser s’il n’y a esté si exacte comme veu en d’autres, non sans raison, car sy bien il y a retardement de bonnes saillies et bien dignes de luy. Il y a pourtant à désirer du peu des ses exactes /263 v/ accoustumées. Je vous en envoye les exemples mesmes que M. Dupuy a pris la peine d’en escrire de sa main. M. Ollivet me promet de passer par icy à son retour de Marseille et Toullon, cependant ayant trouvé la commodité de M. Pierre de Montpellier qui est de mes anciens amys, j’ay esté bien ayse de vous accuser la réception de vostre depesche et vous prier, comme je faicts, de me mander si vous n’avez pas receu la mienne qui accompagnoit la lettre de M. Dupuy. J’ay veu sur le catalogue de la foire dernière que l’on promet à la prochaine un canon paschal de Victorius Africanus de l’an 457 non encore imprimé de l’Hypolytus, Anatolius professe et autres Cyolos passhaulx accidus avec un commentaire in-folio d’un jésuitte Agidius Bucherus à Anvers. Je croys bien que vous y trouverez de l’entien Je voudrois voir sortir quelques bonnes notes sur cez tables des marbres du comte d’Arundel et vous pouvoir rendre quelques dignes services en revanche de tant de bonne amitié qu’il vous plaist me porter et de tant de soinsque vous daignez prendre de ma santé, vous en souhaittant une aussy ferme & aussy bonne que vous pourriez désirer et estant de tout mon cœur, Monsieur, Vostre très humble et très obéissant serviteur. De Peiresc A Aix, ce 9 novembre 1633. BI Carpentras, Ms 1875/263 r° & v°

9 novembre 1633 – Aix à M.le R. P. Denis Monsieur mon R. P., J’ay receu la vostre du 16 octobre avec le livre que m’avez renvoyé de Cunæus, estant bien ayse qu’y ayez trouvé si agréable entretien. J’ay recouvré fraischement d’Angleterre un livre de Soldenus De Jure hæreditario Hebræorum, où vous trouverez, je m’asseure, quelque autre chose de vostre goust, mais n’estant pas bien asseuré du lieu de vostre résidence, je ne l’ay osé hazarder. Car vous m’aviez dict, ce me semble que vous ne vouliez faire guière de séjour à Nismes. Si vous nous faictes sçavoir de voz nouvelles et des addresses asseurées, je le vous envoyeray volontiers, n’ayant rien qui ne soit à vostre service et restant de tout mon cœur, Monsieur mon R. P. Vostre très humble serviteur. De Peiresc

162 Lettres de Samuel Petit à Peiresc, p. 49-51. A Aix, ce 9 novembre 1633. BI Carpentras, Ms 1875/263 v163

35 15 novembre 1633 - Aix à M. Petit Monsieur, J’ay receu, par la voye d’Arles, le petit Ms Copte de M. de Thou164, que j’ay envoyé ce jour d’huy à Messieurs Dupuy par l’ordinaire avec vostre lettre et sans que vous m’en eussiez rien mandé, n’ay pas laissé de luy faire instance pour le vous faire retourner aussy tost que M. de Saulmaise en aura tiré ce qu’il veult, l’ayant asseuré que vous ne pouviez pas y avoir fait aulcune estude dessus à cause de la maladie dont vous aviez este atteint quasi aussy tost aprez vostre retour de Paris dont vous n’estiez pas encore trop bien remis lorsque nous eusmes l’honneur de vous voir icy au mois de septembre. J’ay pris mesme moyen escrire à M. de Saulmaise et l’ay remis à la fin de l’autre pour le recouvrement des livres cophtes que j’attendz du Levant dans ce temps là, Dieu aydant, et à ceux de Rome dont on me donne meilleure espérance que devant, en ayantreceu unalphabet que je vous faitz transcrire pour vous, si cela pourroit faciliter vostre labeur en ceste sorte d’estudes, estant marry de m’estre engagé de parole pour la communication de ces volumes cophtes qui vous sontdemeurez, car jeles vous laisrois de bon cœur en pleine propriété pour vous espargner la peine, d’en rien transcripre. Mais tousjours gaignerons nous les trois moys que vous demandez d’une façon ou d’autres, et aprez que nous les aurons recouvrez de leurs mains je lesvous renvoyeray incontinant. Cependant si nous pouvionsavoir ceux de Rome ce seroit un grand moyen d’abréger vostre travail, sinon j’espère que du Levant nous aurons quelque chose de bon, Dieu aydant, et qu’il ne tardera guiéres plus que la fin de la présente année165. Cependant, je finis un peu en haste demeurant, Monsieur, vostre très humble & très obligé serviteur De Peiresc. A Aix, ce 15 novembre 1633. BI Carpentras, Ms 1875/263 v

XV 22 novembre 1633 – Nîmes Samuel Petit à M. de Peiresc Monsieur, J'ay receu la lettre quiil vous a pleu me faire l'honneur de m'escrire du quinziesme de ce mois, par laquelle j’ay appris combien je vous suis encor de nouveau obligé pour ce qu’il vous a pleu d'escrire touchant le petit Ms. Cophthe à Monsieur Du Puy en ma faveur, comme aussi de ce qu’il vous plaist m'offrir de me faire revoir les vostres quand Monsieur Saumaise en aura fait; ce m'est un bien plus grand que je ne vous saurois exprimer, et pour lequel j'ay le plus de passion : l'alphabet qu’il vous a pleu de m'envoyer aussi me sera toujours un tesmoignage des obligations que je vous ay, Monsieur, puis que je ne pouvois presque rien recouvrer de plus important pour mes estudes. Je

163 Cette lettre a été publiée par le Père APOLLINAIRE de VALENCE, Correspondance de Peiresc avec plusieurs missionnaires et religieux de l’ordre des Capucins, 1631-1637, Alphonse Picard, libraire-éditeur, Paris, 1891, Lettre IX, p. 10-11. 164 Samuel Petit avait envoyé le petit livre Cophte de Monsieur de Thou le 7 novembre 1633. Lettres de Samuel Petit, N° XIV, p. 51. 165 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 29-30. voudrois y pouvoir si bien profiter, que je vous en peusse faire publiquement des remerciemens. Je vous envoye la première page du Manuel Brennius et celle de l'Aristides Quintilianus, vous verrés, Monsieur, si elles sont pour vostre service, et vous envoyeray quant et quant le Ms. vous suppliant, Monsieur, de vous servir de moy, et de me croire, Monsieur, Vostre très humble et très obéissant serviteur, Petit. A Nismes, ce 22 novembre 1633 BNF, FF 9544, f°47.

264

36 29 novembre 1633 - Aix à M. Petit Monsieur, j’ai receu la vostre du 22166 par nostre ordinaire avecque deux eschantillons de vostre Manuel & Aristides Quintilianus que j’envoyeroy au Sieur Gio Battista Doni167, qui travailhe sur ces harmoniques anciens à Rome, par commandement du cardinal Barberin, son maistre, lequel a faict une grande recherche par toutes les bibliothèques de ce que s’y trouve en ceste mathière168, que si n’avoit pas rencontré les deux pièces aussi parfaictes que les vostres, il ne s’en pourra prévaloir. Vous ne l’aurez pas désagréable, sinon je ne vous seray pas moins redevable des honestetés & offres qu’il vous plaict m’en faire. Quant aux livres cophtes, j’attendz toujours en bonne devotion les prochaines festes de la Noël, auquel temps on me faict espérer quelque bonne provision de cestemarchandize, Dieu aydant. Il metardera que vous y trouviez bien de quoy voussattisfaire ayant esté bien ayse d’entendre que ne trouvez pas inuttille ce petit alphabet que je vous envoya dernièrement ce qui me faict croire que vous prendriés bien plus de plaisir au vocabulaire & à la grammaire du Sieur Pietro della Valle, auquel je faict l’amour plus de dix ans y a & la fairay encore plus ardamment que jamais pour l’amour de vous169. Au reste, nous avons veu, Monsieur, le Panégyrique de Heinsius au roy de Su[ède] imprimé in- fol et grand caracthère qui est une très belle pièce et le Tertullien de M. Rigault qui me prie d’en envoyer de sa part l’un au cardinal Barberin et l’autre au cardinal de Bagny comme je prétendz de faire par la commodité de passage d’amis. Cependant, je vous diray que j’ay veu une lettre dudit Sr. Heinsius à M. Dupuy où il se justifie grandement des qu’on avoit faict courir de sa jalousie contre M. de Saulmaise à qui il rend de très dignes éloges et très louables en sa bouche. Il dit qu’il travaille fort à ses notes sur le Nouveau Testament et qu’il n’auroit creu que tant de grandz hommes qui y ont passé les yeux y eussent laissé de si grandes choses à faire et à dire. Il a perdu sa femme dont il est fort désolé. A tant je finis, demeurant, Monsieur, Vostre très humble et très obéissant serviteur, De Peiresc

166 Lettres de Samuel Petit, N° XV, p. 51-53. 167 Sur ce personnage Cf. Joseph SCHERPEREEL, « Peiresc et la musique » in Anne REIMBOLD (Direction), Peiresc ou la passion de connaître. Colloque de Carpentras du 5-7 novembre 1987. Préface de Pierre Costabel, Librairie philosophique Vrin, Paris, 1990., p. 153-185, p. 166. 168 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 88, note 16. 169 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 30. A Aix, ce 29 novembre 1633. Vous recevez cette lettre par M. Furet de Montpellier qui est fort de mes amys. S’il revient icy il ne repassera pas à voz cartiers sans vous voir et sy le chargez d’aulcune chose pour moy il me le rendra fort fidèlement. BI Carpentras, Ms 1875/264r

XVI 4 décembre 1633 – Nîmes Samuel Petit à M. de Peiresc Monsieur, J'ay receu par Monsieur Pieret le premier de ce mois vostre lettre du 29 du passé, et veu par icelle pour qui vous desiries avoir les deux eschantillons du Manuel Brennius et de l'Aristides Quintilianus : sur quoy vous me permettrés, s'il vous plaist, Monsieur, de vous dire, que vous me faites tort de douter, si j'aurois agréable que celuy pour qui vous avés demande ces eschantillons se prévalut de toute la pièce ; vous n’avés qu'a me mander que je vous envoye le Ms. et je le vous feray tenir incontinent, car ce me sera une faveur singulière, si au moins, je puis vous rendre quelque petit service et que vous vouliés accepter non seulement l'usage mais aussi la propriété du dit Ms. J'attends commodité pour Aix on pour Arles à vous renvoyer vostre Ms. Arabe qui concerne les Samaritains ; j’en ay descrit le Samaritain qui concerne leurs meurs et m'en serviray si je puis ; cependant je vous en remercie le plus affectueusement que je puis et. vous supplie de m’aymer et de me croire, Monsieur, Vostre très humble et très obéissant serviteur Petit. A Nismes, ce 4 décembre 1633 BNF, FF 9544, f°52.

XVI bis Sans date – Nîmes Samuel Petit à M. de Peiresc Monsieur, Je vous fay ce mot estant fort en peine de l’estat de vostre santé pour n’avoir receu depuis longtemps aucune de vos nouvelles. Par ma dernière lettre je vous offrois, comme je le fais encore, l’Aristides Quintilianus avec Brennius pour qui que vous le vouliés, et à quelque usage que ce soit, mesmes ce me sera faveur, s’il vous plaist, d’en accepter la propriété, comme je vous en prie très affectueusement et que vous me faciés l’honneur de m’aymer, qui suis …170 BNF, FF 9544, f°53.

31 décembre 1633 -Aix à M. Petit Monsieur, Je fus bien marry de me trouver sy pressé lors du despart du dernier ordinaire que je n’ay pas moyen de vous escripre & de vous >>>er, pour ce je fais mes très humbles remonstrances désormais de vostre serviteur & des nouvelles offres qu’il vous a pleu me faire de vostre Ms d’Aristides Quintilianus et de Brennius de la musique. J’entendz qu’on a divers exemplaires à Rome dans le

170 Tamizey de Larroque mentionne que le bas de ce billet de Petit manque, ce qui nous prive de la formule de politesse, de la signature et de la date. Vatican & ailleurs, mais ils sont fort modernes et il ne me souvient pas bien si le vostre est escript en parchemin ancien ou bien seulement en papier moderne. Ilz désiroient particulièrement les troys hymnes de Dionysius qui se trouvent communément derrière et en suitte de l’Aristides pour voir si les nottes anciennes de la musique y seroient mieux conserver qu’en leurs exemplaires, où il s’en est fort peu conservé ; encores y sont-elles la pluspart corrompues par la néglligence des copistes171. Ilz me font bonne instance pour un bon M. S. de ce que Boetius172 a faict de la musique et s’il se pouvoit rencontrer aussi quelque M. S. de là [musique] qui a esté escript /264 v/ au siècle de Charlemagne173 et autres plus profanes, en suitte sur le mesme subjet de la musique par Hugbaldus, monachus Elnosensis174, Aurelianus, clericus Remensis175, Helpericus176 monachus S. Galli et Adamcis, Hermanus Contratus177, moine aussi de St Gall ou autres d’environ le mesme temps & surtout une Gemina, que Gesnere178 dict avoir mis en musique une vintaine d’odes d’Horace à quatre voix. Sy que hazard vous en aviez veu quelques part aulcune chose, vous m’obligeriez bien avec touts ces Messieurs depuis adverti, et de vous en enquérir mesmes de voz amis selon les occasions, comme je tascheray d’en escripre à quelques ungz des miens. Ce qui m’avoit faict escripr avec réserve de vostre Aristides estoit de crainte que j’avois que vous n’eussiez quelque dessain vous mesmes d’y travailler. C’est pourquoy, il falloit vous réserver cette première charité à vous mesmes et ne s’engaiger avec que vous & plus apporte de l’obstacle179. Au reste, l’on a trouvé une version en l’une de cez langues orientales du libvre d’Enoch que l’on dict estre conceu quasi en forme de prophéties et datté avant qu’il deubst estre enlevé du commerce des hommes. On travaille fort pour m’en avoir une copie, sy l’original me peult faulter180. Vous pouvez penser que je n’y espargneray rien et si je trouve en mesme lieu un volume des quatre conciles arabiques dont ces gentz font tant d’estat que je ne sçay si nous le leur pourrons faire arracher. J’y feray summum de potentia. Le cardinal Barbarin a commandé au bibliothécaire de m’envoyer un inventaire de tous ce qu’il y a de libvres cophtes, dont je ne manqueray pas de vous faire part incontinent sy près pour une fois leur faire a>> faict par tousjour tout ce que l’on promet en ceste matière de livres extraordinaires que sy peu de gents entendent comme ils sont a désirer. Pour le livre samaritain, je vouldrois bien que vous eussiés peu descrire dans ce qu’il y a d’arabe aussi bien que du Samaritain. Mais il faudroit que le s>>>> achève toutes choses, vous pourrez voir ce papier en point & me mander si trouviez bon que l’on tentasse cette voye pour vous tirer d’affaire, j’entend ce que va partager vostre collège de Nismes et vouldroit bien que nous vous puissions mieux loger puis que estant de tout mon cœur,

171 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 88, note 16. 172 Anicius Manlius Torquatus Severinus Boetius (ca 480-ca 524) fut un trait d’union entre le monde antique et celui du Moyen-Age, notamment dans le domaine de la musique. Il composa un traité de musique qui constitua une sorte de répertoire pour la connaissance de la musique théorique du Moyen Age. 173 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 87, note 12. 174 Hucbald de Saint Amand (vers 840-930), en latin Hucbaldus Elnosensis S. Amandi, codificateur des premiers essais de polyphonie. 175 Aurélien de Réomé (vers 800-vers 865), en latin Aurelianus Reomensis, était un moine bénédictin du monastère de Réomé en Bourgogne dans le diocèse de Langres. Il est l’auteur du premier traité de théorie musicale du Moyen Âge nommé Musica Disciplina. Il est l'un des pères fondateurs de l'écriture musicale sur partition. 176 Helpericus était lui aussi un moine vivant au IXe siècle. Il n’était pas un membre du monastère de Saint-Gall, comme l’écrit Peiresc, mais du monastère de saint Germain d’Auxerre. Il vécut également plusieurs années au monastère de Moutier- Grandval. Il a composé un computus qui fut largement diffusé en France, Angleterre et dans le monde germanique. Je remercie particulièrement le Dr. Franziska Schnoor de la Stiftsbibliothek de St-Gall et Mme Marie-Bernadette Dufourcet- Hakim, Directrice de l’UFR Humanités de l’Université de Bordeaux pour l’aide qu’elles m’ont apportée pour indentifier ce personnage. 177 Hermann de Reichenau (1013-1054), aussi appelé Hermannus Contractus (le contrefait), était le fils du comte d’Altshausen. Paralysé depuis son enfance, il passa sa vie dans le monastère de Reichenau et non dans celui de Saint Gall. Il fut un musicien, mathématicien et astronome. Il aurait composé l’Alma Redemptoris Mater et le Salve Regina. Il fut béatifié en 1863. 178 Konrad von Gesner (1516-1565), un Zurichois, fondateur de la recherche bibliographique en Europe. 179 A porté de l’obstacle. 180 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 348, note 2. Monsieur, Vostre très humble et très obéissant serviteur, De Peiresc A Aix, ce dernier de l’an 1633 Vous souhaitant la bonne année prochaine plus heureuse que vous ne vouldriez songer estre tant vous estes modeste. Sy vous n’aviez veu à loisir le livre de Seldenus De Jure hereditario hebraerum, celuy qui vous rendra la présente le vous pourra bayer, car je le luy ai protesté jusqu’en Caresme /MG264v°/. Depuis avoir escript, nostre ordinaire nous a apporté vostre lettre du 27 qui n’estoit que pour accuser les précédentes que vous aviez daigné m’escripr et par conséquent le retardement de ma response dont je vous remercy de trez bon coeur, n’estimant pas qu’il soit encores temps d’accepter l’honnesteté de voz offres pour vostre Aristides, que vous ne sachiez s’il y a rien de ce que je vous avois touché en la présente lettre de cez hymnes qu’il appeloit Nομας de Dyonisius ou que son antique escripture le peusse rendre préférable à ceux qui sont de par de là. BI Carpentras, Ms 1875/264 r & v

265 31 décembre 1633 - Aix à M. le R. P. Denis Capucin Monsieur mon R. P. Voicy le libvre que vous désirez de Seldenus : De jure hereditarus hebraeoront 181 que vous porte le R. P. prédicateur de nostre paroisse de la Magdeleine. Quand vous l’aurez receu, je vous prie de le faire voir à M. Petit & s’il n’en avoit fini lors du retour du présent porteur, ne le pressez pas de le rendre, car il trouvera assez de commodités de me le ranvoyer quand il vouldra, soit par Arles ou par commodité à droicture. Possible l’aurait-il desja eue lors de son voyage de Paris ; mais il y avoit tant d’autres affaires, que peult-estre ne l’aura t-il pas gousté à son loisir. Si le Sieur Caduc en avoit envie, je ne serois pas marri qu’il y print quelque divertissement, estimant bien fort sa vertu & littérature, et vouldrois pouvoir ayder à ses estudes. Si d’aventure vous n’avez veu autres escrit du mesme Sildenus De dijs Syris, vous y trouveriez bien de la pasture plus à vostre gré, je m’assure. C’est un escrit qui a esté fort universellement prisé, & que l’autheur a fort augmenté en la seconde édition et méliorée au prix de la première. Je la vous enverray quand vous vouldrez ; & sur ce, priant Dieu qu’il vous tienne en sa Ste Garde, & vous souhaitant la bonne année, je demeure, Monsieur mon R. P. Vostre très humble & très obéissant serviteur. De Peiresc A Aix, ce dernier de décembre 1633. BI Carpentras, Ms 1875/265r182

37 16 janvier 1634. - Aix à M. Petit Monsieur,

181 John SELDEN, De successionibus in bona defuncti secundum leges Ebraeorum, 1631. 182 Cette seconde lettre du Père Denis a été également publiée par le Père APOLLINAIRE de VALENCE, Correspondance de Peiresc avec plusieurs missionnaires et religieux de l’ordre des Capucins, 1631-1637, op. cit., Lettre XII, p. 16-17. Conformément à ce que je vous avois mandé cette automne, j’escrivis à M. de Saulmaise l’espérance qu’on me donne d’avoir des livres cophtes sur le commencement de la pitoyable année et les diligences que je faisois du costé du Sr. P. de La Valle pour tascher de luy arracher des mains son Lexicon des Cophtes et sa grammaire183 et cependant pour gaigner le temps que vous me demandez et me desfendre de la demande qu’il me faisoit des livres cophtes, je ne tesmoignay pas de faire croire qu’il se soussiast de voir des simples liturgies en cette langue, dont je luy offris néantmoins la communication de quelques volumes quand il l’ordonneroit, car je ne luy pourroit pas céler d’en avoir, l’ayant escript plusieurs fois à Messieurs du Puy en diverses lettres que je sçavois bien asseurément luy avoir esté communiquées, bien que pour aultres subjects que celuy la mesmes celles où je m’excusais de l’année 1632, de n’avoir point envoyé lesdits volumes cophtes conjoinctement avec les Pentateuques samaritains, comme ils m’avoient faict promettre de faire dès le commencement, mais j’avois esté bien aise que vous les peussiés voir au préalable, ne sçachant pas lors que M. de Saulmaise y eust du dessein, comme je ne sçavois pas que vous y songassiés, quand je les leurs promis à l’instance que leur en faisoit le Père Morin, et d’autant que de Rome l’on m’escrivoit que l’on désiroit de croire quelques preuves de la suffisance de ceux que je disois vouloir travailler sur cette langue. Ainsi que vous avez desia sceu, j’en donnay advis à M. Saulmaise affin que si nous en avions quelque secours de ce costé là nous essayassions de nous en prévaloir, aussi bien que ce que vous y voudriez contribuer, pour tascher de vaincre les difficultés et longueurs que /265v/ j’avois rancontrées en cette poursuite durant dix ou douze ans que j’ay faitt l’amour à cette pièce, jugeant bien dez lors quoy que je ne sceusse pas tout ce que nous en apprand à ceste heure M. de Saulmaise qu’il en pourroit tirer un très grand fruit pour la descouverte des plus anciennes origines de la superstition & des mystères plus importans & plus et si eutiles du Paganisme, sur quoy M. Saulmaise m’a faict une response très mémorable ; et laquelle que je suis résolu de faire valoir tant que je pourray, sans le nommer pourtant, que nous ne tenions le lexicon s’il est possible, comme je n’ay garde encores de vous nommer non plus, mais je vous puis bien assurer que si je puis rien extorquer de ce gentilhomme là ou du Levant (d’où l’on attand un navire de jour à autres par qui l’on me faict actuellement espérer quelque chose) vous en aurés la première receue et communication, Dieu aydant, et je tascheray de m’accommoder à tout ce qui sera de vos intantions, estimant que le champ est assez grand pour y recevoir non seulement vostre travail aussi bien que celluy de M. de Saulmaise, mais de beaucoup d’autres encores après vous deux, et que les observations de l’un n’empescheront point que l’autre, ny aucune de vos belles choses à dire ; et parce que je n’avois rien à envoyer à M. de Saulmaise de ce qu’il me demandoit le plus ardamment concernant les livres coptes, ayant freschement receu l’alphabet qui s’en estoit imprimé à Rome quattre ou cinq ans y a, sans l’avoir jamais peu obtenir quelque instance que que j’en eusse faict, tant ils en sont jaloux, j’en fis promptement transcrire au moins mal qu’il nous feust possible le peu que je vous en envoyay et mis la fueille originelle dans le livre de M. de Saulmaise avec prière de ne le communiquer à personne comme vous verrés qu’il dict l’avoir observé punctuellement184. Et le bon est qu’il y a descouvert quelques fautes et équivoques soit de l’imprimeur ou du coppiste dans les premiers versets du Pseaumes 45 dont j’ay esté infiniment aise pour pouvoir faire voir à ces Messieurs là, que ceux qui s’en veullent mesler ne s’y cognoissent pas moings qu’eux. Si nous eussions tous eu assés de temps, je vous eusse faict pareillement faict transcrire lesdit versets de ce mesme Pseaume ce qui feust impossible à cause de la presse du courrier, mais vous les verrez maintenant et pourrés juger par mesme moyen de la vérité des fautes descouvertes par ledit Sr. de Saulmaise et m’excuserés, je m’asseure, d’en avoir ceste aiuson pour lors pour supplier aucunement d’un costé envers M de Saulmaise le retardement des Mss que je vous laissois du vostre, maintenant vous jugerés qu’est ce que nous pourrons faire pour vous donner encor un peu de temps, si vous le trouvez bon, ainsi y et suivray très volontiers ce qui sera de vos sentiment, mais j’estois capable de vous y donner du conseil (et n’est pas que vous y avoit desja faict desja quelque grand travail). J’estime que vous auriés possible plus d’acquis de lascher dès à présent ces chétifs rituels à M. de Saulmaise qui les aura bientost expédiés, comme je m’asseure puisqu’il a desja celuy de feu M. della Scala et la version qu’il dict avoir esté imprimée à Auspourg de ce Victorius Scalac que je

183 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 51. 184 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 50. n’ay jamais veu non plus que de M. de Croy dont il faict aussy mention, car possible n’y a t-il pas trop de differance de ces vollumes rituels des uns et des autres, si ce n’est que celluy qui est in-folio où il semble qu’y ayant esté insérés des fragmants de l’Evangile et des Epistres des Apostres de plus longue haleine qu’aux autres volumes de plus petite forme pour l’usage de la messe comme je pense. Que si vous avés courage d’entreprendre la version de quelqu’un de ces chapitres soit de l’Evangile ou des Epistres ou quelques pseaume, je serois bien aise de l’envoyer à M. della Valla avec tout ce que vous /266/ trouverez bon de luy communiquer de la lettre de M. de Saulmaise espérant de le faire enfin randre et d’y employer tout le peu de crédit que j’y pourray avoir185. Si vous pouviez aussi traduire quelque petite chose de l’Arabe, il ne seroit pas inutile de l’envoyer puis qu’il requéroit encore cette langue à celuy qu’il anvoit son Lexicon dont l’interprétation est arabique, mais si vous n’en estes pas encore bien asseuré il vault mieux différer à meilleurs temps ; et pour cet effect vous me ferez une singulière faveur de me transcrire bien au net tout ce que M. de Saulmaise a escrit dans sa lettre pour eschantillon et pour preuve de ce qu’il a desja descouvert en cette langue186 et que vous jugerez digne d’estre communiqué à ces Messieurs, et n’importe de laisse en François ce qui est François, car j’en faire l’addresse au frère de Messieurs du Puy qui sçaura bien faire le truchement et nous servir de la mivée qu’il faut à ce jeu cy, mais pour bons respects, je seray bien aise que cela soit escript de vostre main et ne vous engageray point témérairement à rien qui vous puisse estre désagréable, Dieu aydant, toutefois si vous y faisiez difficulté, je n’envoyeray point vostre autographe et m’en serviray au moingst pour le soulagement de celuy par qui je le fairay derechef transcrire au net affin qu’on ne voye pas le nom de M. de Saulmaise que nous avons grand interest de cacher et que je n’aye pas le peine de luy deschiffrer ce qu’il y a de mal lisible en quelques endroicts. Au reste, le Père Athanase Kircser m’escript du 1er décembre qu’on luy a faict commander la version et édition de son Barrachias (à quoy j’ay bien contribué) tout ce que j’ay peu et qu’on l’a arresté à Rome pour cela s’estant résolu de le faire à bon essiant ; mais il entreprenoit de mesme l’interprétation de la table Bembine pour satisfaire au cardinal Barberin qui demandoit un essay des reigles dudit Barrachias et que l’eust engaigé à un trop long ouvraige et peust estre capable d’anuler la publication de son Barrachias, de sorte que je l’ay exhorté tant que j’ay peu de laisser là cette table Bembien jusques à tant que ce Barrachias soit achevé et ay faict grande instance au cardinal aussi pour l’induire à cela et y restraindre ses commandemens et promesses qu’il en avoit, car il pense que cela sera mille fois plus utile au public à cause que chascun avec la liberté veu juger et de l’induire selon le meilleur sens187. Renvoyez-moy le plus tost que vous pourrés la lettre de Monsieur de Saulmaise, afin que je luy face response plustost que plus tard selon vos dépos et sur ce attendant la venue de ce navire d’Aegypte qui devois partir dans trois sepmaines après celuy qui me remet à luy et que Dieu mouure quelques dignes moyens de vous servir. Je finiray demeurant, Monsieur, Vostre très humble et obéissant serviteur. De Peiresc, A Aix, ce 16 janvier 1634. Depuis avoir escript, je me suis remis en mémoire du livre de ce M. de Roy de qui j’avois oublié le prénom et l’ay connu, mais icy y a pas trouvé grand subject de satisfaction, je voudrois bien voir celuy d’Auspourg et j’en écriray s’il ne se trouve à Paris ayant pris des habitudes avec le Sr. Egtugerus, bibliothécaire. J’ay encore despuis veu la version latine par Victorius Schialah, maronite, de la vision arabique des liturgies cophtes insérée en la IIIIème édition de la bibliothèque des Pères de Paris de l’an 1624 où j’ay veu qu’il n’y a rien du texte des Epistres de St Pol ne autres canoniques nom plus que des Evangiles dont il y a tout plain de bons fragmants. Le legendaire in-folio que vous avez nomplus des

185 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 60, note 34. 186 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 51, note 5. 187 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 55, note 11. pseaumes qui sont insérés en l’un des petis volumes, tellement que si après avoir conféré quelques choses de cette version de Victorins Scalabe avec le texte de la petite liturgie que vous avez à peu près pareille à celle de M. de Thou, vous pouviez entreprendre la version quand ce ne seroit que d’un verset d’un pseaume possible seroit il bien à propos. Tousjours vous prieray-je de chercher si le pseaume 45ème ne se trouveroit point dans ce petit /266v/ volume pour vérifier si les fautes cotées par M. de Saulmaise en l’édition de ses premiers versets y seront conformes ou bien si ne seront point quelque corruption de langage ou de dialecte advenue par le traict du temps188. BI Carpentras, Ms 1875/265 & 266 r° & v°

17 janvier 1634 -Aix à M. Cartier Monsieur, Le soing que vous avez voulu prandre pour l’amour de Messieurs les morreurs de cette ville de faire seurement tenir à Nismes quelques miennes lettres à M. Petit, et à moy les responses, m’oblige en sorte que je n’ay pas voulu différer davantage de vous en remercier comme je faicts très affectueusement et par mesme moyens vous prier d’en tirer de moy toute la revanche que vous trouverez à propos vous asseurant que vous me pourrez employer librement et que vous me trouverez tousjours très disposés à vous faire paroistre le bon gré que je vous sçay de tant de bons offices, vous priant de luy faire tenir encores le petit pacquet cy-joinct et de le recommander, s’il vous plaist, à vostre correspondant en ce lieu là pour en dériver la responce s’il de peust que je seray bien aise d’avoir en son temps et que vous vous serviez de moy comme, Monsieur, Vostre affectionné serviteur. De Peiresc A Aix, ce 17 janvier 1634. BI Carpentras, Ms 1875/266 v°

XVII 24 janvier 1634 – Nîmes Samuel Petit à M. de Peiresc Monsieur. Je ne sçay par quel bout commencer pour vous rendre les très humbles remerciemens que je vous dois, et que je ne vous rendray jamais asses dignement, vous estant obligé a un tel point que nulles parolles ne peuvent exprimer cette obligation, ny aucuns services m'en acquitter. Le commencement du Psalme 45 m'a merveilleusement contenté. Je l’ay conféré avec vostre petit manuscrit & ce sera, s'il vous plaist, Monsieur, l’eschantillon que vous pourrez communiquer avec ces Messieurs, si toutefois vous l'en jugez digne, ce que je n’ose espérer. Aussy, quoyque peut estre je me flatte d'entendre quelque peu de mots en cette langue là, si n'oserois-je vous présenter un coup d'essay de traduction de tout un chapitre de l'Evangile, ou des Epitres, ou d'un Psalme, pour l'Arabe non plus, que je n'y aye acquis quelque cognoissance. J'ay descrit de ma main le mieux m'a este possible ce que vous desiriez de la lettre de M. Saumaisc ; vous l'envoyerez, s'il vous est agréable. Je la vous renvoye avec l'alphabet imprimé qui estoit autant déchiré quand je l’ay eu, comme vous le recevrez. J'attendois la commodité que Monsieur Fieret m'avoit fait espérer pour vous renvoyer les liturgies Cophtes et le manuscrit Arabe, mais tardant comme il fait, je vous supplie, Monsieur, de prier Monsieur de Chavary de prendre la peyne, s'il luy plaist, de m'adresser quelque homme assuré d'Arles pour les luy faire tenir, car je n'ay aucune cognoissance des marchands qui trafiquent d'icy à Arles. Il faudra, s'il vous plaist, Monsieur, qu’ils demandent mon logis à la place de la Belle croix, car j’ay changé par le partage survenu au collège, et c'est parmy l'embarras de ce changement, et dans la

188 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 63. confusion de mes livres que je vous escris ces lignes et que j'ay confere vostre manuscrit avec l'imprimé du Psalme 45. C'est pourquoy, je vous supplieray, Monsieur, d'excuser les fautes et les foiblesses de mes remarques, ne les ayant mises sur le papier que pour vous obéir, joinct aussy qu’il vaudroit mieux me taire que d'entreprendre de parler après Monsieur Saumaise. D'une chose vous prieray-je, Monsieur, c'est qu’il vous plaise, quand vous aurez recouvré les liturgies et que Monsieur Saumaise en aura faict, que vous permettiez que je les puisse revoir, car c'est un de mes plus grands souhaits de pouvoir apprendre quelque chose en cette langue la, aussy bien que d'estre, Monsieur, Vostre très humble, très obligé et obéissant serviteur. Petit. A Nismes, ce 24 janvier 1634. Dans l’alphabet où le commancement du Psalme 45 est imprimé en quatre ou cinq endroics ils ont mis et mal un ψ pour un φ189 comme au féminin ται & θαι, & en deux endroicts sur la fin ils ont fait la mesme faute ψτ pour φτ εphd qui signifie Dieu. Ils appelloient anciennement φθα Vulcain190 qui estoit le plus ancien de leurs dieux et le premier, ainsy que l’escrit Jamblique191 au livre des mystères Aegipstiens, d’où le mot grec ηθυσυς a esté sans doute desrivé ; d’où vient ce nom d’un Roy d’Agipste dans Eusébe χωμαιφτα qu’Eratosthène avoit interprété en grec ηομος φιληΔαισυς. J’ay leu ainsy dans le Manuscrit de Georgius Syncellus192, duquel s’est servy Scaliger à compiler le Grec de son Eusèbe193, où il a faict imprimer φιλουπισος. Cela est très certain que χω parmy eux signifie teois et inde mundus μαι eut autant à dire qu’amour ou aymant. De là ce mot de μαιρωμι dans ces liturgies pour ΔιλανΔραπυς, car ρωμς ω est homo, & de là se doit entendre cette inscription dans Hérodote qui estoit escritte dans la base des statues des Roys d’A’gipte qui avoient esté hommes mortels, à distinction des Dieux qui avoient premièrement régné dans cette province194 πιρωμιοc ek πιρωμιοc id est homo mortalis exhomine. Ce que luy interprète χαλΰς, χαναθός. Ce mot avoit deux sens, l’un commun et l’autre hiérogliphique. Au commun il veut dire homme, en l’autre χαλός, χαναθός pour monstrer qu’il faut que celluy qui est homme soit honneste et vertueux. De mesme en ce mot cβω qui signifie doctrine & érudition, & qui se trouve assez souvent en ces liturgies, a une double signification hiéroglypique et vulgaire, ainsy que le remarque Orus Apollo195. Il se prenoit pour aliment chez le vulgaire, et en langue sacrée c’estoit science, voulant donner à entendre par là, que chacun doit vivre et estre nourry de sa science ou de l’art qu’il sçait. Or πιρωμι est donc homo & le πι, n’est autre chose que l’article du masculin, lequel bien souvent ils n’escrivoient qu’avec la lettre π, si le mot qui suivoit commançoit par une lettre aspirée, comme πxω, πxοροc, πxρισοc, αχρισος, ύ χρισός mundus, vel gratia. Si la lettre qui suivoit n’estoit point aspirée, alors ils aspiroient celle de l’article en disant φМογτ ν θεος d’où vient le nom propre παφnoyτ ou παφναλρος, id est ημελεσoς θεος et de ce mot NOYT, les Grecs ont faict leur νός, & Jambilique que le plus ancien des Dieux A’giptiens et le père de tous s’appeloit NOYT, qui est à dire νός et dans le mot de φτ le φ tient lieu d’article, & T ou τ est le vray nom de Dieu, qui vaut autant à dire comme dator196 ou largitor197.

189 Ψ al au lieu de φ qui signifie hoc aut hic Παι ou φαι. 190 Ptah dans le panthéon égyptien était le Dieu qui avait modelé sur son tour en sa qualité de potier l’oeuf dont était sorti le monde. Il était la divinité tutélaire de Memphis et les Grecs l’avaient assimilé à Héphaistos. A. ERMAN et H. RANKE, La civilisation égyptienne, Coll. Le regard de l’histoire, Edition Payot, Paris, 1980, p. 42. 191 Jamblique est un philosophe néoplatonicien, né vers 242 à Chalcis ad Belum, près d’Alep en Syrie et mort vers 325 à Apamée. Il a écrit des Mystères d’Egypte. 192 Georges Le Syncelle, était un moine de Constantinople vivant au VIIIe siècle. Il composa une chronique universelle où il s’inspira d’Eusèbe. 193 Comme il a été dit précédemment, Scaliger dans son Thesaurus temporum (1606) avait restitué la Chronique d’Eusèbe. Gustave COHEN, Ecrivains français en Hollande dans la première moitié du XVIIe siècle, op. cit., p. 210. 194 HERODOTE, L’Enquête, Présentation, traduction et annotation A. Barguet, Bibliothèque de La Pléiade, Ed. Gallimard, Paris, 1964, II, 144, p. 202. 195 Horus Apollon (Ωραπόλλων) ou Horapollon est un philosophe alexandrin qui vécut dans la seconde moitié du Ve siècle, auteur d’un ouvrage Hieroglyphica recensant une liste de signes Egyptiens accompagnés de leur signification en grec. 196 Celui qui donne. Cette lettre faict un verbe qui signifie donner : νnde ckτ dedisse αμτ, dedit Tent dedimus, αυτ dederunt, d’où vient le mot de φτ ou φτα /56r°/ quasi largitor des θευι δολήσές εάων. Quant au mot de Moses ou Moysès198, il est tout a faict a’giptien : μωοαcι captus ex aquis IC est capere tollere μωοy aqua et l’un et l’autre se trouve[nt] dans les liturgies. Le mot pн199 est a’giptien, qui signifie le soleil, et avec l’article пιpн d’où est composé ce nom de Roy A’giptien en la liste des Roys d’A’gipte μυιρнc200 qu’Eratosthène201 expliquoit par le Grec ήλιοδωσυς, or ce mot de μυι est A’giptien, veut dire donum202 ou dare. Comme tous leurs mots sont noms et verbes tout ensemble suivant les particules qu’ils proposent pour les faire tels : πιμοι est donum, Nμυι dona, Tμυι do, et ainsy des autres. J’ay de quoy expliquer la plus part des noms de leurs dieux anciens : ICI est femme ex Hebra’o πωN avec la terminaison A’giptienne I comme ce mot cεμcι qui est ministerium ex Hebra’o ωbω ministrare. Les Grecs en prononçant ce mot ont adjousté le sigma final, parce qu’ils n’ont point de vocable qui se termine en I ; de mesme OCIPIC pour OYCIPI ou OYЩНРІ id est fine lχαζος sive liber ; car ЩНРІ est avec l’article OY qu’ils avoient aussy bien que πι et lesquels ils baillent aussy bien aux Grecqs qu’ils empruntent qu’aux Agiptiens naturels comme OYEYXH & OYCYNΕΙΛΗCIC & à leurs nom OYUWOY aqua. Les A’giptiens escrivoient OYCIPI ainsy que le remarque Plutarque au livre de Iside & Osiride203 ; & dans Ctésias204 le nom propre d’un capitaine A’gipstien se lit OYCIPIC Aξποxσάλης est EPΠOYKAPAT id est silentii deus. Les noms des A’ones des Valentiniens sont tous A’giptiens, Valentinius205 estant de nation A’gupstienne comme il se lict dans sa vie, et ayant pris la langue et la science des Grecs en Alexandrie tellement qu’il ne sçavoit que ces deux langues, la Grecque et l’A’giptienne. Et c’est pourquoy toutes leurs inscriptions et talismans sont parties en Grec & A’giptien206, partie meslées de toutes les deux, comme aussy les Bazilidiens & Carpocratiens qui ont pris leur origine dans l’A’gipte. J’ay faict un lexicon de quelques trois ou quatre cens mots. J’ay aussy quelques règles de grammaire. Si j’avois plus /56 v°/ d’ayde, je me ferois fort, dans peu de temps, de descouvrir et desterrer beaucoup de choses ensevelies & deschifrerois une infinité de ces inscriptions antiques escrites en langue barbare, qui est quelquefois pure a’gipstienne quelques fois entremeslées de mots Grecs, selon qu’elles sont plus ou moins antiques, & quelque fois mesmes de parolles syriaques ou chaldaïques, comme vous le remarquez très bien. B. M. Lyon, Ms 1629, 54v/56v207

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197 Celui qui fait des largesses. 198 Moyse veut dire fils en Egyptien. 199 Ré le dieu solaire qui navigue dans une barque au dessus du ciel ; le ciel étant une déesse féminine qui se courbe au-dessus de la terre. A. ERMAN et H. RANKE, La civilisation égyptienne, op. cit., p. 329. 200 Le roi Moéris cité par Hérodote (II, 101) qui est soit Amenemhat III (1842-1797 av JC) de la XIIe dynastie ou Amenophis III (1408-1372 av JC) de la XVIIIe dynastie. HERODOTE, L’Enquête, op. cit., p. 1386, note 4. 201 Eratosthène de Cyrène (v 276 - v 194), pionnier de la géographie, nommé à la tête de la bibliothèque d’Alexandrie par Ptolémée III. 202 Don, présent. 203 Plutarque avait tenté de mettre de l’ordre dans la Panthéon Egyptien en établissant que le dieu de la terre Geb et la déesse du ciel Nout avaient eu quatre enfants : les dieux Osiris et Seth et les déesses Isis et Nephtys. 204 Ctésias (Κτήσιας) mort après 398 av JC, est un médecin grec au service d’Artaxerxés II, auteur d’une histoire de la Perse et de l’Inde. 205 Valentinius (100-160) né à Phrebonis dans le delta du Nil fit ses études à Alexandrie. 206 Adolphe Erman souligne que l’Empereur Constantin avait fait transporter à Rome un obélisque comportant une traduction grecque d’une inscription hiéroglyphique qu’Ammien avait publié dans son histoire. Traduction qui ne comprenait rien de mystique ni de mystérieux et qui permettait de comprendre l’écriture hiéroglyphique loin des interprétations délirantes du Père Athanase Kircher. Adolphe ERMAN, L’Egypte des Pharaons, Coll. Histoire Payot, Editions Payot, Paris, 1980, p. 25- 26. 207 Plutôt que la copie de cette lettre conservée à la Bibliothèque Méjanes d’Aix, Ms 209 (1027), f° 275-276, publiée par Tamizey de Larroque, nous donnons dans la présente édition la copie conservée à la Bibliothèque de Lyon contenant les remarques annoncées par Samuel Petit dans sa lettre. 16 février 1634 – Aix à M. Petit Monsieur, Je reçeus par le dernier ordinaire vostre despesche du 24ème du passé208 avec celle de M. de Saumaise, et n’euz pas moien de vous faire response à mon vif regret, ayant esté trop pressé de ce jour lors du despart de l’ordinaire. J’avois eu par le précédent l’autre escript vostre du 17ème avec ce que m’avez renvoyé, & ceste semaine j’ay escript au Sr. P. della Valle pour son vocabulaire et luy ay envoyé, tant voz observations propres que celles que vous aviez pris la peine de transcrire, luy ayant donné une si vive attainte ; que possible aura-t-il bien de la peine de se deffandre qu’il ne luy faille se résouldre à nous lascher enfin son livre209 vous assurant qu’il me faveurisera bien de le faire pour l’amour de vous, Monsieur, aussy bien que pour l’amour de vostre concourant, estimant que le labeur de l’un n’empêchera nullement que l’aultre n’y trouve bien de quoy s’exercer. Cet escrip estant assez grand pour deux et pour quattre & cinq s’il se trouvoit aultant de personnes capables de s’y appliquer. Je vous donneray des premières nouvelles que j’en pourray avoir, & cela n’empeschera pas que ne renouvelle toutes mes instances possible au Levant pour en tirer toutes les autres ressources que nous pourrons. Ayant eu grand regret d’entendre que le partage de vostre collège210 vous aye obligé de chercher logement ailleurs211, à cause principalement de voz livres dont je pleins bien fort l’incommodité du transport, dans laquelle je m’estonne que vous avez peu trouver assez de temps pour faire la collation que vous avez faicte du texte Ægyptiaque du Psaulme XLV de l’édition sur mon Ms et pour laisser ces belles observations que vous avez rédigés par escript, ne doubtant nullement qu’elles ne soient revues d’aussy bonne part que les autres, quoy que vostre modestie vous en aye faict dire par exaltation du labeur d’aultruy & atténuation du vostre, y a peu bien à profiter de l’un et de l’autre et de quoy /267/ vous aimer l’un et l’autre tant que faire se pourra à persévérer en vostre louable entreprise. J’ay escript à M. de Chavary pour vous subminstrer quelque commodité de nous renvoyer ledit livre que demande M. de Saulmaise avec tant d’instance et possible luy renvoyeray-je cette lettre pour la vous faire tenir, pour gaigner le temps qui s’escouloit entre si et mardy que partira nostre prochain ordinaire si le Rosne se peult passer en Arles, car il avoit esté quelques jours hors de commerce212. Je pense que vous la retrouverez bientost et le plus tost que vous pourrez renvoyer les libvres pour M. Saulmaise sera le meilleurs, attandu qu’il les aura tout plus tost expédiez et par apprés, j’auray soing de le vous envoyer incontinant selon vostre désir, ayant une grande passion de vous servir fort utilement en cela & en toute autre chose. Que si vous pouviez sans difficulté vous résouldre à faire un voyage là où je vous disois, vous y en trouveriez, sans difficultés nostables, touts ceux qui nous donnent tant de peine à arracher, mais >>>> >>>>> d’autres, ayant eu advis que dans la Vaticane y a grand nombre de vieux Mss en ceste langue, dont on me faict espérer un judin, où je m’asseure que vous trouveriez des merveilles & à bon essiant et c’est que le temps perdu ne se retrouve que difficilement, et que ce que vous craignez de perdre n’est possible rien en comparaison de ce que vous avez cependant d’ailleurs dit que vous pouvez perdre à l’advenir. Il semble que le partage et expulsion de chez vous soit comme une occasion que Dieu vous envoye pour ne vous pas amuser à peu de chose, tandis que vous en hazarder bien d’avantage. D’ailleurs, je vous suis trop serviteur pour ne vous tesmoigner en cella franchement mes sentiments : les procès où vous vous embarquerez sont pour tirer si long traict que vous y consummerez le fondz en

208 Cette lettre du 24 janvier 1634 est la lettre N° XVII de la Série des Lettres de Petit à Peiresc, p. 54-55, donnée ci-dessus. 209 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 51. 210 Le 23 juillet 1633, le Roi qui souhaitait donner des gages aux catholiques, ordonna que la direction du collège et de l’internat de Nîmes soient remis aux jésuites. Cette disposition fut appliquée au début de l’année 1634. Il ne semble pas que Samuel Petit fut très chagriné par la perte de sa fonction de principal de ce collège. L’académie protestante de Nîmes qui n’était pas de fondation royale échappa au mi-partiment et perdura jusqu’en 1664. 211 Dans sa lettre du 24 janvier 1634, Petit avait informé Peiresc que son domicile était désormais à la place de la Belle-Croix « car j’ay changé par le partage survenu au collège, et c’est parmy l’embarras de ce changement et dans la confusion de mes livres que je vous escris ces lignes ». 212 Remarque intéressante qui rappelle combien en ce temps les voyages étaient sujets aux aléas climatiques. faulx fraits & en l’attente des envers autres. Je serois coulpable devant Dieu si je vous avois dissimullé ce que je suis obligé de vous en dire. C’est pourquoy, vous me pouvez bien excuser & je demeureray, Monsieur, Vostre très humble et très obéissant serviteur. De Peiresc A Aix, ce 16 février 1634. BI Carpentras, Ms 1875/266 v & 267 r

39 21 février 1634 – Aix à M. Petit Monsieur, J’ay receu par Arles avec vostre lettre du 16ème la cassette fort bien conditionnée des livres cophtes avec le Samaritain et l’Autorides qui n’avoit pas tant de haste que les autres, lesquelz je feray tenir, Dieu aydant, à ceux que je vous ay cy-devant nommez respectivement, attendant en bonne dévotion que nous puissions tenir du Levant ou de Rome, ou d’ailleurs quelques meilleurs secours pour vostre particulière satisfaction, aussy bien que pour l’advantage du public qui ne me sera jamais plus cher que voz interestz, et voudrois bien que l’occasion qui s’est présenté de vostre deslogement vous peusse faciliter les moyens de tout vostre payement, à quoy je vous conseille de contribuer tout ce que vous pourrez de vostre part pour acquérir plus de liberté de prendre le party que vous trouverez plus convenant à vostre inclination prédominante & au repos et tranquillité de vostre esprit. Si vous me nommez ceux qui vous peuvent servir /267 v/, je tascherois d’y faire contribuer tout ce que je pourrois pour arrester l’effect de vos payements en quelque façon et par conséquent de vostre libre disposition au choix de tous les partis qu’on vous peut offrir. L’on m’a fort recommandé le pacquet cy-joint dont je n’ay pas voulu reffuser de vous faire addresse pour ce coup puisque vous m’y aviez offert vostre entremise si courtoisement l’autre foys, vous priant de le faire tenir & m’excuser de la liberté disposant de moy en ceste occasion comme, Monsieur, de Vostre très humble et très obéissant serviteur, De Peiresc A Aix, ce 21 février 1634. BI Carpentras, Ms 1875/267

40 28 février 1634 - Aix à M. Petit Monsieur, Ce mot en accusant la réception de vostre dernière du 21 sera pour vous accuser celle que je vous fis par le précédent ordinaire en response de celle dont vous aviez accompagné la cassette des Mss cophtes. J’ay ouvert un chemin du costé d’Æthyopie, d’ou j’espère avoir de très bons livres, Dieu aydant, tost ou tard dont vous aurez toujours telle part qu’il vous plaira213. L’on me demande un exemplaire du livre du concile de Pwtrofoam de l’édition in-fol d’Angleterre et je n’ay sceu retrouver le mien. Si quelqu’un de voz congnoissances de par de çà, me peuvoit despartir le sien, j’en ay envoyé quérir en Angleterre avec quoy je luy pourrois remplacer ne s’en estant point trouvé dans Paris ou dans les endroits où je l’avois demandé et toutesfois pré>>>>

213 Cf. Peter N. MILLER, « Peiresc and Ethiopia : how and why ?”in LIAS, N° 37/1, 2010, p. 55-88, p. 63 et suivantes. que la dernière édition de Genève in-4° est en quelque façon meilleure ou plus fidèle que celle de Londres. Ce qui me faisoit espérer que l’on ne feroit pas grande difficulté de m’y en lascher un d’Angleterre pour un de Genève y adjoustant quelque chose pour le supplément de valleur à cause de la différence de grandeur, tant du papier que du charactère. Je crois bien que ce ne sont pas là des libvres on vous faictes l’appartement de vostre bibliothèque. C’est pourquoy je ne le vous demande pas à vous foremellement, mais possible y aura t-il là quelques autres à qui il sera indifférent d’avoir de l’une ou de l’autre édition avec le desdommagement requis, dont il ne vous sera pas difficile de vous enquérir fort par vous mesmes ou par l’entremise de quelques autres de mes amis dont je vous prie m’excuser & me tenir tousjours, Monsieur, pour Vostre … De Peiresc A Aix, ce 28 febvrier 1634. BI Carpentras, Ms 1875/267 v°

XVIII 2 mars 1634 – Nîmes Samuel Petit à M. de Peiresc Monsieur, J'ay receu vostre lettre du vingt et uniesme de febvrier le premier de ce mois, vostre paquet avant esté par mesgarde mis dans celuy de Montpellier et rapporté seulement mardy au soir ; j'ay fait rendre, à la mesme heure, que je l'ay receu, le paquet qui s'adressoit au R. P. Capucin. Quant à ceux qui doibvent estre juges pour le payement de mes gages, ils sont deux tant seulement, a sçavoir Messieurs le Président Miron214 et Le Camus215 intendans en ceste province ; eux seuls peuvent procurer et accélérer mon payement ; je n'ose pas, Monsieur, vous estre importun pour vous prier, si vous avés quelque accès envers eux, d'intercéder pour moy ; ce sera, s'il vous plaist, en occasion plus importante, que j’oseray l'entreprendre ; bien vous supplie-je de m'aymer, puisque je suis, Monsieur, Vostre très humble, très obéissant et très obligé serviteur. Petit A Nismes, ce 2 mars 1634. BNF, FF 9544, f° 54

Sans date – Aix à M. Miron Monsieur, Bien que je n’ay pas mérité aulcune part en l’honneur de vostre souvenir à faulte d’avoir esté assez heureux pour rencontrer des occurrences telles que j’eusse peu souhaitter pour y estre trouvé digne de voz commandements ou capable de les prévenir, et de vous y pouvoir donner des preuves du service que je vous ay voué de si longue main. J’ay néantmoins trop de congnoissance de vostre honesteté et de plusieurs que vous prenez à obliger tous vos serviteurs pour pouvoir révoquer en doubte que vous ne preniez de très bonne part et que vous m’excuserez si, comme je vous en supplie très humblement, Monsieur, la hardiesse que je prens d’intercéder pour M. Petit et pour implorer quant & luy la favorable protection que sa vertu & grande littérature luy peuvent faire ligitimement espérer

214 Robert Miron (1569-1641), sieur deTremblay, une créature de Richelieu, fut intendant du Languedoc de 1632 à 1640. Richard BONNEY, Political Change in France under Richelieu and Mazarin, 1624-1667, Oxford University Press, 1978, p.117-119. 215 Antoine Le Camus (1603-1687), Sieur d’Emery, intendant du Languedoc de 1633 à 1635. de vostre bonté pour l’ayder à sortir de ceste mauvaise affaire qui luy reste à desmesler avec Messieurs de la ville de Nismes touchant les arrérages de ses gages a appointementz, d’où dépend le repos de sa famille & la tranquillité de son esprit, sans laquelle il ne sçauroit vacquer aux ouvraiges qu’il avoit entrepris pour ayder le public, et dont la prospérité aussy bien que le sujet présent peuvent avoir tant de moyen de se prévalloir. Vous suppliant très instamment de vouloir imposer vostre authorité & appuyer la justice de son bon droit, pour l’ayder à nettoyer ceste affaire & par conséquent à donner tant plustost au public les dignes ouvraiges qu’il a en main, en quoy vous acquérerez auttant d’honneur et de réputation parmy les gents de lettres où son crédit est si généralement recommandé comme de mérite envers Dieu par un tel acte de charité humaine que si vostre séjour en une province si >>>> de la nostre, ne pouvoit ouvrir quelques occasions d’estre honoré de voz commandements plus opportun que durant le temps que j’estois plus esloigné de vostre demeure je le … BI Carpentras, Ms 1875/267 v°

/268/ 41 21 mars 1634 - Aix à M. Petit Monsieur, J’estois en arrérage de response à trois ou quatre de voz lettres dont je ne croyay pas me pouvoir bien acquitter sans faire naytre quelque occasion d’escrire de vostre affaire à Messieurs les intendants de la justice que vous m’avez nommés & par disgrâce je me suis tousjours depuis trouvé si seur chargé et comble d’affaires principalement le jour de l’expédition du premier ordinaire qui est la voye la meilleur & la plus réglée pour entretenir le commerce des lettres entre nous que le temps n’estoit tousjours trop court pour y mestre la main, et aujourd’hui mesme appres m’estre depuis >>>>>, la despesche de Paris est la plus pressée et dont je ne me pouvois desdire, ma colique ordinaire m’ayant allicté. Comme j’achevoys de dicter à mon homme une lettre pour M. Miron, on m’est venu dire que le courrier vouloit partir, de sorte que mon homme a vivement fait vostre enveloppe sur icelle pour la vous adresser, et tandis qu’on les alloit porter à la poste et prier le courrier de me donner encor une demi heure, j’ay continué de dicter celle de M. Le Camus que j’achevois pareillement, quand on est venu de la poste m’advertir que la lettre de M. Miron y estoit arrivée à temps & que le courrier s’en estoit charge, mais qu’il estoit incontinant monté à cheval tellement qu’il fauldra tenter la voye d’Arles ou de Beaucaire & il s’est présenté pour la vous faire tenir. Vous suppliant d’excuser et pardonner ce retardement provenu par la foulle des occupations qui accablent aulcunes fois ma faiblesse et non par aulcun deffault de bonne vollonté qui vous est toute acquise sans réserve, vous remerciant très humblement du soing que vous avez daigné prendre pour la despesche du livre de Londres, dont je vous ay pas moingz d’obligation que si l’avez trouvé et si me l’avez renvoyé, vous suppliant de ne vous en mettre en plus grande peine. J’ay advis de Rome que le dictionnaire Cophte du Sr. P. della Valle est par luy mis ès mains du R. P. Athanase Kircser qui se charge d’en faire la version et de l’imprimer bientost, mais je doubte un peu qu’il s’en puisse bien acquitter et attends encore la response de mes lettres. Pourveu que nous le puissions avoir bien tost en quelque façon que ce fust, il importeroit peu qu’un autre y eust travaillé à la version ou non. An contraire, il seroit tout plein prest à servir à l’usaige de la cognoissance et examen des origines de cette langue là 216. Un autre de mes amis me promet quelques mémoires […]es en Egypte que je vous communiqueray incontinent. Il y a dix navires de Marseille de ce costé là qui tiennent tout le monde en suspens, jusques à ce qu’on en voy revenir quelques uns qui apportent des nouvelles des autres. Je crois que nous aurons desja retiré quelque chose sans doubte ce sera quand il plaira à Dieu et je demeurerai, Monsieur,

216 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 51. Vostre très humble & très obligé serviteur De Peiresc A Aix, ce 21 mars 1634. BI Carpentras, Ms 1875/268 r

42 7 avril 1634 – Aix à M. Petit Monsieur, Nous avons ici M. Gassendi depuis quelques jours avec grand plaisir à sa conversation & croyez bien que de tout ce moys il ne vous eschappera pas. Il a commencé de mettre au net sa philosophie d’Epicure en suite d’une Apologie bien gentille, où il a recueilly fort heureusement toute la vraye histoire des Grecz et le groz de ceste science entre les Grecques & autres nations m’asseurant que vous prendres plaisir d’y jeter les yeux. Nous avons eu de grandes appréhensions d’une rupture du treté de commerce avec le Turc où vous sçavez que je prétendz des intérests plus sensibles que les marchandz sur les biens venuz du costé de Constantinople où l’on soubstient que M. le comte de Marcheville nostre ambassadeur avoit esté mis à mort, mais on a depuis apprins par autres voyes qu’il avoit esté menacé & condampné, mais mis à rançon dont nous attendonsfort impatiemment des asseurances217. J’ay eu des lettres du P. Athanase Kircher et du Sr. Pietro della Valla sur son vocabulaire en langue des Koptes dont ce bon père a entreprins ou commencé la traduction et me mande qu’il y a là des imprimeurs qui le violentent incessement pour le mettre soubz la presse tellement que je n’estime pas qu’il s’en puisse longtemps deffendre /269/ et leur ay escript à ce matin pour les prier de m’en envoyer au moins quelques eschantillons et de m’en envoyer les feuilles, quand il s’imprimera à mesure qu’elles se tireront, comme aussy du Barachias218. Cependant le P. Gilles de Loches219, capucin, qui a esté 7 ans en Levant où il a acquis de grandes congnoissances aux langues orientales a entreprins pour l’amour de moy un petit vocabulaire de ce qu’il a remarqué de la langue des Cophtes en estudiant aux autres plus ex professo qu’il ne faisoit en celle-là220. Nos navires ne sont pas encore venuz y en ayant 10 ou 12 du costé d’Ægypte qui sont attenduz en merveilleuse dévotion et de moy plus tost que de tout autre. Au reste, je viens de recevoir par Arles vostre lettre du 28 du passé. Et par le dernier ordinaire en avoit receu une autre du 16 perdue où j’ay esté bien ayse d’apprendre que vous ayez recu mes lettres à Messieurs les intendantz, et si j’eusse prévu la venue de Msgr le Prince en voz quartiers j’eusse faict venir une lettre pour luy de M. de Thou pour luy recommander vostre personne et le faire entendre et agir par un payement amiable envers Messieurs voz consules mais s’il doibt repasser à Nismes à son retour il faudra voir de n’en perdre pas l’occasion et en escripray à M. de Thou par le prochain ordinaire de Paris, Dieu aydant estant de tout mon cœur, Monsieur, Vostre … De Peiresc A Aix, ce 7 avril 1634.

217 Marcheville fut finalement embarqué pour la France le 2 mai 1634. Sur cet épisode Cf. Alastair HAMILTON, « To Divest the East of all its Manuscripts and all its Rarities. The Unfortunate Embassy of Henri Gournay de Marcheville” in Alastair HAMILTON, Maurits H. Van den BOOGERT et Bart WESTERWEEL (Editeurs), The Republic of Letters and the Levant, Brill, Leiden et Boston, 2005, p. 123-150. 218 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 51. 219 Gilles de Loches était un capucin, arrivé en 1626 à Sidon pour y fonder une mission. Peiresc était entré en relation avec lui en 1628. Sa correspondance survivante commence avec une lettre du Caire de septembre 1631. Il revint en France en 1633. Peter N. MILLER, « Peiresc and Ethiopia : how and why ?”in LIAS, N° 37/1, 2010, p. 55-88, p. 62 et suivantes. 220 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 60. J’oublioys toujours de vous demander si vous n’avez point conféré mon petit volume in-4°des koptes avec celuy de M. de Thou et avec la version latine de Stialach, tirée de l’exemplaire de feu M. della Scalla pour voir s’il n’y a du tout rien de plus ou de moins en l’un qu’en l’autre ; car il semble qu’au mien, outre les trois pièces qui portent le nom particulier de leurs autheurs, à sçavoir St Bazile, St Grégoire et St Cyrille, alléguez par Scialach, il y en aye une quattrieme en teste de cez trois-là, et, possible commune à toutes trois, dont je n’ay pas sceu lire le nom de l’autheur pour estre le tiltre trop effacé & rongé de l’antique. Et si vous n’y avez rien rencontré soubz le nom de St Ignace, comme feu M. de l’Escale avoit creu qu’il y en eusse221. BI Carpentras, Ms 1875/269

XIX avril 1634 – Aix Samuel Petit à M. de Peiresc Monsieur, J’ay receu celle qu'il vous a pleu me faire l'honneur de miescrire en datte du septiesme222 de ce mois et veu par icelle les soins vous plaist de prendre pour vostre très humble serviteur, dont je vous remercie, Monsieur, le plus humblement et le plus affectueusement que je puis. Monseigneur le Prince repassera par ici a ce qu'on dit, mais nous ne savons pas quand. Je prie Dieu de tout mon coeur que vous puissies, Monsieur, recouvrer ce que vous attendés du Levant, a vostre contentement qui est le bien public. C'est un de mes plus grands souhaits que le P. Athanase Kircher nous donne bien tost le R. Barachias et le Dictionnaire des Cophtes. J’avois bien commancé de conférer vostre volume in-4° avec celui de Monsieur de Thou, mais non pas avec la version latine de Scialach, car je sçay par la Bibliothèque des Pères ; it y a bien plus an vostre qu'en celuy de Monsieur de Thou, mais je n'y ai rien remarqué si portast le nom de saint Ignace. Je suis très aise, Monsieur, de vostre contentement, ayant près de vous Monsieur Gassendi, duquel nous attendrons avec impatience la Philosophie d'Epicure et son Apologie, l’une et l'autre ne pouvant estre que très excellente partant de si bonne main. Cependant je finiray, Monsieur, par la prière que je fais a Dieu pour vostre santé et à vous pour moy, que vous me facies l’honneur de me croire, Monsieur, Vostre très humble très obéissant et très obligé serviteur, Petit. BNF, FF 9544, f°60

43 16 mai 1634 - Aix à M. Petit Monsieur, Je receu par M. Furet vostre dernière lettre et fus bien ayse d’apprendre de sa bouche que l’un des Messieurs les intendants fust sur le point de revenir à Nismes, où il me tarde qu’il vous aye faict dresser de vostre partie. Croyant bien que puis que M. le prince est party du Languedoc pour la Bretagne223 comme l’on dict il faudra que ces Messieurs reviennent en voz cartiers.

221 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 61. 222 Cette lettre non datée répond à la lettre de Peiresc du 7 avril 1634. 223 A la suite de l’exécution d’Henri de Montmorency, Henri II de Bourbon-Condé était entré en possession de la pluspart des ses biens et notamment des baronnies de Châteaubriant et Vioreau en Bretagne. Le prince de Condé se rendait en cette province pour recevoir les aveux de ses nouveaux vassaux. Nous avons veu icy le bon P. Denys qui me dict avoir oublié de me rapporter le Seldenus De jure hœreditario hebræorum qu’il avoit laissé à M. Codur ayant creu qu’il le vous remettroit. Il n’y aura pas de danger de luy faire redemander, s’il vous plaist, de sa part et de la mienne quant il en aura faict, car nous n’en avons pas d’autre exemplaire. J’ay receu du Cayre une caisse d’Ægypte, mais non celles des livres à mon grand regret par l’absence d’un homme qui s’en estoit chargé qui estoit en Damiette. J’ay seulement eu un livre de musiq an Arabe que j’ay envoyé au P. Mercen224 à Paris, lequel, à mon advis, y trouvera de l’exercice plus qu’il n’en pensoit que luy peussent fournir des peuples si barbares, au moings à ce que je puis juger par les figures géométriques des proportions harmoniques, qui y sont peintes et distinguées par diverses couleurs selon la diversité des tons d’une manière qui semble merveilleusement exacte et punctuelle225. Je n’ay peu vous escripre par l’ordinaire, de sorte que si l’affaire de M. Furet se juge aprez demain à l’audience, il en pourra >>> le p>>>> ou bien je l’envoyeray par Arles pour ne la laisser tant domicillier et seray à jamais, Monsieur, Vostre … De Peiresc A Aix, ce 16 mai 1634. BI Carpentras, Ms 1875/269 r° /269v°/

44 31 mai 1634 - Aix à M. Petit Monsieur, Depuis la dernière dépesche que je vous ay faicte par la voye de la poste, laquelle vous aurez eue une semaine plus tard que le terme ordinaire, parce que mon homme ne la porta pas assez à temps avant le despart du courrier, j’ay receu deux depesches de la part du P. Gilles de Loches, l’une sur l’édition romaine de l’alphabet des Cophtes que je luy avois envoyé aprez que vous me l’eustes rendu où vous verrés les faultes qu’il y a remarquées, qui tesmoigne combien sont mal asseurez de leur bastons ceux qui ont faict cette édition à Rome. Par sa précédente despeche auparavant qu’il eust veu ladite édition romaine, il m’envoyoit un autre alphabet des Cophtes, selon qu’il l’avoit escript etveu prononcer sur les lieux avec des fragments des liturgies de St Grégoire, que j’ay envoyé à M. de Saulmaise, n’estimant pas néantmoins que ce soit chose différente de la première partie de l’un de mes volumes que vous avez veu, et je ne manqueray de vous envoyer le tout, aussy tost que M. Saulmaise me l’aura faict rendre226. Cependant je demeureray, Monsieur, Vostre … De Peiresc A Aix, ce dernier de may 1634. Je vous prie de faire rendre la lettre cy-jointe au P. Hyacinthe le plus promptement qu’il vous sera possible. BI Carpentras, Ms 1875/269 v°

224 Le Père Marin Mersenne (1588-1648) secrétaire de l’Europe savante était aussi un des plus grands musicologues de son époque. Il était un des correspondants de Peiresc et lui dédia deux de ses traités. Joseph SCHERPEREL, « Peiresc et la musique » in Anne REIMBOLD (Direction), Peiresc ou la passion de connaître. Colloque de Carpentras du 5-7 novembre 1987. Préface de Pierre Costabel, Librairie philosophique Vrin, Paris, 1990, p. 153-185. 225 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 84, note 5. 226 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 90. XX 5 juin 1634 – Nîmes Samuel Petit à M. de Peiresc Monsieur, J'ay receu le second de ce mois la lettre qu'il vous a pleu me faire l'honneur de m'escrire en datte du seixiesme du mois passé : je croys que par mesgarde on l'avoit portée jusques à Paris an mains m'a elle esté rendue dans le paquet qui en vient. J’ay retiré incontinent après le départ du bon P. Denis vostre livre de Seldenus De jure hœreditario hebræorum et attends commodité pour le vous renvoyer, j’ay este très aise d'apprendre que vous ayez recouvré ce Ms de musique Arabe et que vous l’ayés envoyé au P. Mersene. Je ne doubte point que ce docte personnage n'y deschifre et par ce moyen ne nous enseigne de fort belles choses sur ce subjet. J'auray tant tost achevé de descrire mes Loys attiques, Dieu aydant, et pense à les porter moy mesmes à Paris, puis que je suis de loisir et que peut estre je seray dressé bien tost de la partie qui m'est deue, dont je vous auray, Monsieur, toute l'obligation et vous en rends les plus humbles remerciemens que je puis, avec la prière que je vous fais de me permettre de me dire aussy bien, que je suis, Monsieur, Vostre très humble, très obéissant et très obligé serviteur. Petit. A Nismes, ce 5 juin 1634. BNF, FF 9544, f°20.

45 13 juin 1634 – Aix à M. Petit Monsieur, Je ne doubte point que la lettre que vous avez receu de ma part de si vieille datte ne puisse avoir fait le tour de Paris ou bien chaumée sur le bureau d’Avignon et peut-estre en ceste ville à cause qu’on les mets à part en des petites appendices de gros pacquets lesquelles on ne veult pas aulcune fois ouvrir quand il faut fermez pour y joindre quelques lettres laissées en arrivant, ou arrivées un peu tard à la poste, ce qui ne m’arrive que trop souvent pour les divertissement & personnes qu’on ne donne quasi tout lors du départ de l’ordinaire. J’ay esté infiniment ayse d’apprendre la bonne espérance que vous avez d’estre bien tost dressé de la part qui vous est deubt et désire bien de sçavoir comme s’est passé cette affaire, de ce que ces Messieurs les intendantz y peuvent avoir contribué, mais beaucoup plus si nous n’aurons point le bien de vous voir icy en passant quand vous voudrez prendre la route de Paris où vous trouverez M. Gassend qui sera infiniment ayse de vous voir & entretenir un peu en passant. J’ay prins grand plaisir de voir qu’ayiez achevé d’escripre voz Loix attiques et loue grandement le dessein que vous avez de les aller faire mettre soubz la presse vous mesmes, car il est impossible d’obtenir de ces imprimeurs si l’on n’y est présent et bien fort agissant. M. de Valloys a enfin achevé l’édition de sept autheurs de mon volume d’Eclogues à sçavoir : le Polybe, le Nicolaus Damascenus, le Johannes Anthiochenus, avec quelque chose de Diodorus Siculus, Dyonisius Halicarnassus, Appian et Dion Cassien. Je n’en ay veu que la première feuille toute seule, mais il m’en envoye demye douzaine d’exemplaires qui sont en chemin227 dont il y en a un qu’il me charge de vous bailler de sa part comme je feray incontinent que je l’auray receu. Vous verrez cependant ce qu’il m’en escript et de sa

227 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 129. connoissance en l’estude des loix attiques, sur quoy je luy ay mandé la votre que j’avois de long temps de vostre travail sur ceste matière & des exhortations que je vous avois faictes de le mettre au jour. Ce que je croyois que vous eussiez fait si vous eussiez trouvé le loysir de mettre au net vos observations, et pour vostre regard, je l’ai assuré des honnestes >>>> que je vous avois toujours veu tenir de luy et que je ne pensois pas que vous eussiez rien sur le cœur contre luy. Vous verrez comme il s’engage à l’addition de l’Ammian Marcellin qui recèlera vraysemblablement les Loix attiques je ne les anticipe quand il vous verra sur les lieux. Et sur ce je finiray en haste demeurant toujours, Monsieur, Vostre … De Peiresc A Aix, ce 13 juin 1634 BI Carpentras, Ms 1875/269v

31 juillet 1634 – Aix au Père Joseph de Paris M. mon R. P., Je ne sçaurois laisser eschapper eschapper une si belle commodité de vous renouveller les voeux de mon très humble service par une personne qui vous est si desvouée que M. le comte de Marcheville, sans encourir trop de blasme et de reproche. Me pouvant asseurer que sa favorable entremise fera excuser la liberté que je prendz d’interrompre de sérieuses et importantes occupations que les vostres, joint un commandement que j’en ay receu de la part de l’Eminent Cardinal Bagny pour vous faire agire en une bonne œuvre, et bien méritoire, concernant la personne du Sieur Samuel Petit, l’un des professeurs de Nismes, qui m’avoit ouvert son cœur assez longtemps y a, et ses bonnes dispositions à se ranger de nostre costé, comme il l’eust faict sans doute, n’eust esté qu’il se trouve engagé à divers amys qu’il ne peust commodément faire payer s’il ne retire le payement des arrerages qui luy sont deubts de ses appointementz escheus durant quelques années ; mais, comme cela s’est différé d’une année à autre, il a esté contrainct de différer aussy l’exécution de la parole qu’il avoit donnée audict Seigneur cardinal et à moy. Il s’en va maintenant à Paris pour faire imprimer un très digne ouvrage, qu’il a faict, des loix attiques, où il fauldra qu’il sesjourne pour ce subject un coupple de moys. Que si cependant, vous trouvez bon de faire donner quelque commandement bien absolu à M. Le Camus, intendant de la justice en Languedoc, de le faire dresser de la partye à luy deue, comme j’entends qu’il le peult faire avec facilité, s’il le veult entreprendrecommeil en avoit donné quelque espérance, nous aurions bientost la consolation de voir ce bon homme revenir au vray chemin.Et s’il ne trouve en France quelque digne employ, ce bon cardinal n’a pas voulu remplir une place vaccante à son service, pour l’y recevoir avec d’honnestes appointements. Il ne fault pas vous faire de grandes instances, à mon advis, pour vous faire agir en des œuvres si méritoires. C’est pourquoy je ne m’y amuseray pas , seulement vous supplieray-je de mesnager ceste affaire en sorte qu’elle soit tenue bien secrette, de peur qu’en l’esventant à contre temps il ne nous y arrivast quelque traverse, estimant qu’il y aura assez de moyens de faire donner ce commandement à M. Le Camus en termes qui ne descouvrent rien du plus seur, et qui lui fera néantmoins comprendre qu’il y doibt agir sans s’enquérir plus avant des mérites de l’affaire. Msgr l’Eminent cardinal Bichi passant chez nous à Boigency y trouva ce bon homme, et prit plaisir de le voir et gouverner durant ce peu de sesjour qu’il y fit, et eut ordre de Rome de l’assister, comme il feroit si besoing estoit, et s’il n’est desja party de la Cour. Que s’il vous plaist me faire entendre vos advis sur ce subject et les ordres que vous en aurez obtenus, vous les pourrez, s’il vous plaist, faire addresser à M. du Lieu, maistre des courriers du Roy à Lyon, qui est de mes amys, et qui prendra volontiers le soing de me les faire tenir, ce qu’attendant demeureray toujours, M. mon R. P., Vostre très-humble et très-obéissant serviteur De Peiresc A Aix, ce dernier juillet 1634. BI Carpentras, Ms 1874/349228

46 12 septembre 1634 – Aix à M. Petit Samuel Petit fait état de cette lettre non consignée dans le minutier des lettres de Peiresc dans sa lettre du 28 septembre 1634 qu’il adressa à Peiresc de Paris229.

XXI 28 septembre 1634 – Paris Samuel Petit à M. de Peiresc Monsieur, Je receus, il y a aujourd'huy huict jours des mains de Monsieur du Puy, la lettre vous a pleu me faire l'honneur de miescrire du XII de cc mois et veu par icelle des nouvelles preuves de vostre bienveillance et de celle de Monsieur Fabrot230 touchant le Plaute Ms. dont je vous remercie très humblement, et vous supplie, Monsieur, me le vouloir conserver jusques à mon retour, avant lequel je me seray entretenu, Dieu aydant, avec Monsieur Morel qui est maintenant à Francfort touchant le Plaute de Passerat ; cependant j'ay quelque dessein sur le Josèphe231 comme il me souvient vous avoir dit, que si vous pouviés, Monsieur, me procurer quelque ayde par le moyen de vos amis ce seroit un surcroist d'obligation, dont je vous serois redevable. Chez Monsieur de Thou il y a quelque Ms latin et dans la bibliothèque du Roy il y a des Ms. grecs ; cependant mes Loys attiques s'impriment et dont je vous envoye les six premiers cahiers qui sont douze fueilles et dont je vous envoyeray ainsi, Dieu .aydant par tous les ordinaires, si vous le désirés ce qu'on en aura imprimé : Dieu vueille qu'il vous puisse agréer et moy vous rendre quelque bon service, car je suis, Monsieur, Vostre très humble, très obéissant et très affectionné serviteur. Petit A Paris, ce 28 septembre 1634. BNF, FF 9544, f°62. /270 et 271/ 8 octobre 1634 - Aix M. de Beaune Monsieur, J’appréhende d’interrompre mal à propos vos louables et méritoires occupations à la suite d’un si digne chef, mais ayant sceu les difficultés qui s’y sont introduites depuis peu et les formalités sans lesquelles on accorde si difficilement des privilèges des livres, de crainte que cela ne puisse arrester le départ de là le bon M. Petit, pour luy qui n’a meshuy de loisir, j’ay creu que vous me pardonnerés volontiers la liberté que je prends de le vous adresser et de vous supplier comme faict très humblement

228 Cette lettre par laquelle Peiresc sollicite l’intervention du père Joseph en faveur de Samuel Petit a été publiée par le Père APOLLINAIRE de VALENCE, Correspondance de Peiresc avec plusieurs missionnaires et religieux de l’ordre des Capucins, 1631-1637, op. cit., Lettre XXVIII, p. 76-78. 229 Lettres de Samuel Petit, p. 59-60. 230 Charles-Annibal de Fabrot (1580-1659) était le doyen des professeurs en droit de l’université d’Aix. Ch. GIRAUD, Notice sur la vie de C. A. Fabrot doyen des professeurs en droit de l’université d’Aix, Aubin libraire, Aix, 1833. 231 Flavius Joseph (37-100) historien juif, écrivant en grec, un protégé de Vespasien, auteur de la Guerre Juive, des Antiquités juives et du Contre Apion. Il est une source de première importance pour l’histoire de son époque et du passé récent, bien qu’il soit un auteur subjectif et partisan. Il fut très utilisé par les premiers historiens chrétiens et pas les Pères de l’Eglise. Jérôme le surnommait le Tite-Live grec. Marie-Pierre ARNAUD-LINDET, Histoire et politique à Rome. Les historiens romains IIIe siècle av. J-C – Ve siècle apr. J-C, Collection Agora, Pocket, 2005, p. 227-230. d’en vouloir faire instance à Monseigneur le Garde des Sceauls qui n’aura pas assurément du regret de luy avoir favorablement et promtement faict expédier cette grâce et qu’en au besoing M. Le Grand, mestre des requestes, qu’il a veu souvent durant son sesjour de Nismes luy tesmoigna ce qui est de la candeur et bonne foy de ce personnage dont la vertu et modestie singulière méritent beaucoup plus que de plusieurs autres comme son sçavoir est au dessus de beaucoup d’autres de ceux mas mes quy on plus de nom en ce siècle, vous acquerrés bien du mérite envers le public, et je vous auray bien de l’obligation en mon particulier de ceste expédition selon que vous la ferés accélérer et nous en feray une revenche tout le serice très humble que je pourray comme, Monsieur, Vostre très-humble & très-obéissant serviteur De Peiresc A Aix, ce 3 octobre 1634. Le subiect de ce libvre est des loys de la République d’Athènes où il ne peult eschoir aulcun subiet de jalousie. BI Carpentras, Ms 1875/270 et 271 r°

47 17 octobre 1634 – Aix à M. Petit à Paris Monsieur, Je vous supplie de m’excuser à ce que je manquay le précédent ordinaire & vous accuser la réception de vos six premiers cahiers qui ont esté suivis de pareil nombre des suivants par le dernier ordinaire dont je vous remercie très humblement, bien marry de ne vous en pouvoir entretenir pour le coup, d’aultant que je me trouve fort surchargé d’affaire extraordinaires et vous sçavez qu’il fault peu de chose à m’occuper & consumer ce peu de temps que je puis employer à ce qui me seroit le plus à souhait. C’est pour quoy je vous envoye deux lettres que j’ay escrites tant à M. de Thou qu’à M. Dupuy sur le subject des Mss du Joseph, où je vouldroy bien avoir peu soublever quelque chose pour en accellerer l’adiction d’une si bonne main que la vostre. Je ne pense pas que ces Messieurs puissent prendre en mauvaise part le biaiz que j’ay pris pour me pouvoir ingérer de les semondre à faire pour vous chose que je m’asseure qu’ils auront plus de vollonté de faire qu’on n’en sçauroit avoir de les enquérir & espère que vous en aurez tout contentement. J’ay advis du Levant qu’on y travaille en diligence à la transcription d’un dictionnaire & d’une grammaire des Cophtes que vous verrez en son temps Dieu aidant. Le P. Athanase Kircher m’escript de Rome du Joseph, qu’il en a faict des commentaires, mais je me doubte que la longueur de l’édition en sera grande en ce pais là & que nous l’attendrions longtemps si nous n’avons plustost la copie que j’attendz du Levant. Songez à vostre santé & me tenez tousjours, Monsieur, pour Vostre très humble & très obéissant serviteur De Peiresc A Aix, ce 17 octobre 1634. BI Carpentras, Ms 1875/270 et 271r° 270 et 271 v°

48 14 novembre 1634 – Aix à M. Petit Monsieur, Je suis à mon très grand regret en arrérage avec vous, Monsieur, pour la response à deux ou trois de voz lettres dont je vous crie mercy m’estant tousjours trouvé trop pressé sur le point de l’expédition de nostre ordinaire ; vous suppliant très humblement de m’en excuser. Je n’ay pas bien peu comprendre ce qu’il vous a pleu me toucher concernant le P. Joseph & serois d’advis que vous p>>>ez de voir M. le comte de Marcheville, à ceste heure que j’entends qu’il avoit esté mandé en Cour, car par luy vous ferez facilement de temps à autre tout ce qui sera de voz intéretz et je m’asseure qu’ils vous y servira tous deux comme il fault. Je voudrois bien que M. de Thoulouse232 voulusse vous remettre son exemplaire du Joseph conféré sur le Mss du Roy et autres. Il m’avoit demandé le volume des Eclogues pour conférer le peu qu’il y en a de fragmentz, mais il n’eust pas le loysir par aprez de ses services et crains qu’il ne fasse pas facilement tout ce que j’espère pour M. de Cordes qui le mesure à ses autres. Mais si vous ne pouvez les conférer vous mesmes durant vostre sesjour de par de là. Je ne pense pas que M. de Thou ne vous confie volontiers les originaux pour les emporter chez vous & s’il est de besoing je les en reprieray. Quant à voz dedicons, je ne vous sçaurois rien suggérer de plus que ce que je vous dist cy-devant et puisque ne pouvez prendre la personne de M. le cardinal de Richelieu, je ne croidz pas que si vous n’avez quelques habitudes particulières en cour vous puissiez prendre autre addresse pour le subject plus convenable qu’à Mgr le Garde des Seaux. Je dis dans la Cour, car si vous ne regardiez que le mérite M. de Roissy, M. le président de Mesmes et par dessus tout le reste M. de Thou ou M. Bignon seront bien. On voit des gens de lettres vous remerciant cependant de la reserver à la dédicace du Joseph pour ce personnage qui vous honore tant. Et sur ce bien marry de ne vous pouvoir encore entretenir sur les cahiers de voz loix attiques et vous suppliant de remettre les autres à M. Gailhard de ce païs qui est tous les jours chez M. Dupuy, lequel me les fera tenir par voye d’amys. Je demeureray, Monsieur, Vostre De Peiresc A Aix, ce 14 novembre 1634. BI Carpentras, Ms 1875/270 et 271v°

49 19 décembre 1634 – Aix à M. Petit Monsieur, En response de la vostre du 8e233, je vous diray que j’ay esté bien aise d’entendre le dessein qu’avez fait de bailler vos Loix attiques à M. de Thou. J’ay des lettres de M. de Marcheville en response de celles qu’avez pris la peine de luy rendre de ma part, où il m’a tesmoigné un grand désir de vous rendre bons offices auprez du P. J[oseph]. Je luy avois depuis faict un recharge via l’un de l’autre à mesmes fins et tiens qui ne sera pas inutilement Dieu aydant, car je n’avois pas manqué d’escripr à M. Dupuy pour vous faire en main à vostre retour non seulement mon Ms des Eclogues mais aussy les exemplaires du Joseph pour les voir chez vous tout à vostre ayse et ne doubte point qu’il ne le fasse trouver bon à M. de Thou pour l’amour de vous & de moy qui m’en rendz garde & caultion de bon cœur en leur endroict sur la confiance que j’ay en vostre prudhence & sincérité. Au reste, je vous diray à vous ce que je vous prie de ne pas publier que j’attends de jour à autre un exemplaire que j’ay fait transcrire du vocabulaire et de la grammaire des Cophtes qu’on debvoit faire charger sur le navire Ste Anne, qui debvoit faire voyle dans le 8 novembre et arriver à ces festes

232 Charles de Montchal (1589-1651) archevêque de Toulouse depuis 1627. Il avait la réputation d’être un des bons hellénistes de son temps. Sa riche bibliothèque contenait des manuscrits grecs, arabes et hébreux. 233 Cette lettre du 8 décembre 1634 de Paris de Samuel Petit n’a pas été conservée. àpeu prez, dont vous aurez la première veue, soit que vous soyés de retour chez vous ou que vous soyez encore à Paris, auquel cas je le vous feray mettre en main pour le parcourir, car il me le fault aprez envoyer à celuy que vous sçavés234, estant de tout mon cœur, Monsieur, Vostre très humble et très obéissant serviteur. De Peiresc A Aix, ce 19 décembre 1634. BI Carpentras, Ms 1875/270v°

XXII 29 décembre 1634 – Paris Samuel Petit à M. de Peiresc Monsieur, Quoy que je ne puisse jamais ni de parole vous tesmoigner combien je vous demeure oblige, ni par effet vous rendre aucun service, qui ne soit bien au dessous de ce que je vous doibs, si faut il qu'au mains je vous assure que je ne seray jamais ingrat pour ne le recognoistre et ne le publier ; je vous remercie done, Monsieur, très humblement du bien que vous me procures par vos lettres à Monsieur de Marcheville et au P. J., lesquels je verray, Dieu aydant, sur cest advis, mais bien plus vous remercie je de vostre Ms. et du soin que vous prenés de me faire avoir en ma puissance ceux de la Bibliothèque Royale dont j’useray en telle façon que je justifieray tousjours le bon tesmoignage qu’il vous plaist rendre de moy. Pour vostre vocabulaire des Cophtes ce m'est une des plus agréables nouvelles que je peusse recevoir et vous supplie, Monsieur, de le garder jusques a mon retour car j'espère, Dieu aydant, partir le 9 du mois prochain ayant présenter mes Loys a Monsieur de Thou lundi prochain, s’il plaist a Dieu, pour estrennes de la nouvelle année ; que si vostre vocabulaire n'est pas trop gros, je voudrais bien le descrire moy mesme ou le faire descrire ; mais en cela comme en toute autre chose je feray ce qu'il vans plaira me commander, puisque je suis, Monsieur, Vostre très humble, très obéissant et très obligé serviteur. Petit Paris, ce 29 décembre 1634. BNF, FF 9544, f°67.

50 26 janvier 1635 – Aix à M. Petit Monsieur, Je ne sceu vous répondre par l’ordinaire passé à mon grand regret pour vous accuser de la réception de vostre lettre du 29 du passé, et vous dire que je tascheray de vous conserver le vocabulaire cophte jusqu'à vostre retour & je le retard plus tost, m’estonnant d’avoir tant tardé de l’avoir, mais je vous donneray bien une aultre nouvelles que j’en ay descouvert trois exemplaires /272r°/ en un lieu infiniment bien difficile, mais je ne désespère pas d’en obtenir un, tost ou tard avec l’aide de Dieu. Sur l’advis que j’eus que feu Monseigneur le cardinal du Perron avoit presté à feu Monsieur Casaubon quelques livres Egyptiens, que le bon homme regrettoit bien de ne pouvoir pas les examiner à fonds, comme il eusse désiré, ainsi qu’il apparoit en quelques lieus de leur ordinaire. J’en

234 Claude Saumaise. Cf. Peiresc à Saumaise, p. 149, note 87. demanderay la communication à Monsieur du Peron, le nepveu du Cardinal (qui est en Angleterre au service de la reyne d’Angleterre par commandement du Roy), lequel m’a incontinent offert tout ce qui en pouvoit estre dans sa bibliothèque en l’abbaye de St Taurin d’Evreux où Monsieur Le Prévost de Barjouls, mon cousin se doit acheminer pour en faire la recherche, mais il n’y a guères de gens qui s’y cognoissent235. Si vostre loysir vous pouvoit permettre ce petit destour vous auriez bien tost retoqué en ses Mss arabes et grecs s’il y a rien de Cophtes, auquel cas vous en prendrez la première veud, comme il est bien juste, et me les apportiez en revenant chez vous. Sinon, toujours trouverez vous possible quelques bons livres et bien digne d’estre vus par vous, auquel cas je me promets de l’obtenir pour l’amour de vous et M. du Perron et par occasion vous pourriez bien sçavoir si chez les héritiers de feu Monsieur d’Aviron (?) à Evreux, il ne s’est rien conservé de ses livres, car il en avoit de bien navré bien mieux à ce que j’ay veu chez luy quand j’y passay l’an 1617. J’ay adjuré M. de Marcheville236 qu’il a >>>> des grandes dispositions pour vous, dont j’attendray les effets et seray à jamais, Monsieur, Vostre très humble & très obligé serviteur. De Peiresc A Aix, ce 26 janvier 1635. BI Carpentras, Ms 1875/270 et 271v° et 272 r°

51 13 février 1635 - Aix à M. Petit Monsieur, Vous >>>ez >>> >>> >> >>>>. Je vous remercie très humblement de la bonne nouvelle qu’il vous a pleu me donner et attendray impatiamment d’entendre ce que vous trouverez bon de me mander du succez de vostre voyage & demeureray cependant, Monsieur, Vostre très-humble & très-obéissant serviteur. De Peiresc A Aix, ce 13 février 1635. M. Gassand et mon frère vous saluent très humblement. L’ordinaire n’arriva que hier au soir & repart ce jourd’huy de sorte que je ne pourray pas vous escrire quand je voudroy. BI Carpentras, Ms 1875/272r°

52 20 février 1635 - Aix à M. Petit Monsieur237, J’ay esté infiniment ayse d’apprendre par la vostre du 13ème les propositions que vous ont esté faites de la part de Msgr le Cardinal qui seront238 grandement louées & désirées et si vous y trouvez de

235 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 150, note 3. 236 Henri de Gournay, comte de Marcheville, ambassadeur du roi de France à Constantinople depuis 1630, était un des correspondants de Peiresc. 237 La première partie de cette lettre est en partie rendue invisible par une tâche d’humidité. 238 Le début de cette lettre est rendu illisible par une tache d’humidité. l’apparté vous me feriez un singulier plaisir de rechercher quelque chose de plus particulier si en aviez le loysir >>>> >>>>>>. Nous attendons en bonne dévotion vos loix attiques et si >>>>>>>>>>>> des >>>>> / p>>> en l’édition et qu’en ayez recueilly les fragmentz qui >>>>>>>>>> pas guères moins / curieux & d’en >>>>>> bien imprimé. Si >> vous estiés >>>>>>>>>>> que / n’y trouvassiez pas d’occasion de difficulté ou si peu de commodité pour la continuation de / voz estudes >>> >>> >>> >>> matière si n’avez >>>>>>>>. Au reste, je vous prie de me mander si vous n’avez rien observé dans les vieilles inscriptions de vostre ville ou d’ailleurs, concernant les notes numéralles des Romains, et spécialement celle de la lettre I pour un L ou pour le nombre de cinquante et de la note  pour le mesme nombre, comme aussy de la note Φ pour le mille ou bien Ф ou Ø pour le mesme nombre, comme il s’en void en l’inscription de Duilius de la colonne rostrata et en une autre aussy de Cori sur le chemin de Rome à Naples /272v°/ dans Appian et au Gruter p. 896. 10. Et encore de l’autre note du millénaire plus commune CXƆ et de son décuple et centuple. Et si vous n’avez point observé qu’on y affectast une lettre L au lieu de simple I, voire en L renversé, comme je l’ay veu en quelque endroict et de plus qu’au lieu de deux simples lettres C à contre sens l’une contre l’autre, il y aye une lettre ~ couchée, comme il me souvient l’avoir veu en certains marbres antiques de meilleurs siècle en ceste sorte à peu prez (()). Vous m’obligerez de m’en dire ce que vous aurez rencontré, sans oublier la note du décuple de ce dernier en ceste sorte à peu prez [X], ou plus simplement, et plus grossièrement  comme il se void en une colonne miliaire d’Espagne dans le Gruter pag. CLV. 2. Car ce que Ciaccon et Fulvius Ursinus et Velser et autres en ont rapporté, sur la foy de leur abacus de bronze, est grandement fautif, et en voudrois bien voir quelque chose de plus précis ; et si vous avés jamais veu dans les inscriptions ou ailleurs que dans le Val. Probus que pour le nombre millénaire on aye employé la lettre X entre deux C contre posez CXƆ239. Excusez-moy de ceste peine et me commandez en revanche comme, Monsieur, Vostre … De Peiresc A Aix, ce 20 février 1635. BI Carpentras, Ms 1875/272 r° et v°

53 6 mars 1635 - Aix à M. Petit Monsieur, J’ay receu vostre lettre du 24ème du passé en un temps que j’estoys bien ambarrassé du passage de Monseigneur l’éminent Cardinal de Lyon240, qu’il nous a fallu aller saluer à quelques lieues d’icy et reconduire aussy loing, mais qu’il n’y avoit guères de moyen de laisser durant tout le sesiour qu’il faict icy, d’où il n’est party qu’aujourd’huy pour aller à St Maximin et demain à Boysgency, où mon frère l’est allé attendre et mon nepveu l’est allé accompagner. C’est Monsieur de St. Chaumont241 qui l’y mène et il a, quand à luy, les évesques du Mans, d’Alby242, les abbés de Chappes, du Prastir, de Pibrac, le conte de La Liegre et une infinité d’aultres de la suite, dont mon frère ne sera pas sans besoigne comme d’icy mesmes il m’en reste ma bonne provision pour y envoyer les choses

239 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 139. 240 Alphonse-Louis du Plessis de Richelieu (1582-1653), dit le Cardinal de Lyon, était le frère aîné du cardinal de Richelieu. Si Peiresc n’aimait guère Richelieu, il avait au contraire d’excellentes relations avec son frère le cardinal de Lyon comme en témoigne les copies des 63 lettres qu’il écrivit à celui-ci entre le 18 février 1626 et le 16 décembre 1636. Bibliothèque Inguimbertine de Carpentras, Ms 1875, fol. 478 et suivants. 241 Melchior Mitte de Chevrières, marquis de Saint-Chaumont, commandait également en Provence. 242 Charles de Beaumanoir de Lavardin, fils du maréchal de Lavardin, évêque du Mans de 1610 à 1637 et Gaspard de Daillon du Lude (1602-1676) nouvel évêque d’Albi accompagnaient le cardinal de Lyon à Rome. nécessaires et le pire est que cette année et la précédente Monseigneur le mareschal de Vitri et Monsieur de St-Chaumont et Monsieur Tallon et je ne say combien d’aultres courvées que nous y avons eues, nous ont bien donné de l’exercice et de la despense extraordinaire, qui nous a faict aller un peu plus serré que de coustume, ce qui m’empêche de pouvoir satisfaire là à point nommé la partie que vous désirés. Mais je tacheray de faire bailler au Sr Morel la moitié dans le terme que vous voulés et pour l’autre moitié il ne sera pas inconvéniant qu’il l’attende un peu, car en matière des livres ils en attendent bien d’aultres parties à leurs marchands de plus d’importance & plus longuement. Monsieur Galland et Monsieur Fabrot vous remercient bien humblement de la part qu’il vous plait me promettre de vostre beau livre. Si je l’eusse eu en cette occurrence, je l’eusse faict passer les monts sur les galères bien opportunément. Et si en vous l’envoyant soit par Arles ou à droittures vous y pouviés joindre vostre volume des inscriptions de Gruterus, vous me feriés une singulière faveur pour en faire […] et transcrire sur le mien les aultres inscriptions […] dont je n’abuseray pas et le vous renvoyeray incontinent si vous aviés là des muletiers d’Arles, il ne fault qu’en faire l’adresse à Monsieur de Chavary qui payera la part que vous ordonnerés. Le navire Ste Anne /273/qui nous apporte le vocabulaire Cophte et arrivé à Sarragosse de Scicile puis le 4 janvier sans avoir peu passer oultre à cause de la quantité de marchandise qu’il avoit chargée pour Messine et lequel on n’y a pas vouleu recevoir sans l’obliger à la quarantaine ni qu’ils ne luy vouloient pas néantmoings pas mettre là, et craint-on qu’il la luy aura fallu faire Livorno, et puis retourner à Messine avant que venir à Marseille, ce qui retarde d’aultant nostre pauvre libvre, mais pourveu qu’il responde a l’expectation, il n’y aura de quoy vous consoler tant est que vous aurés la première veue243. Et je demereray tousiours, Monsieur, Vostre … De Peiresc A Aix, ce 6 mars 1635 BI Carpentras, Ms 1875/272 v & 273 r°

54 10 mars 1635 - Aix à M. Petit Monsieur, Trouvant cet honeste homme de bonne volonté de vous porter l’exemplaire, que vous aviés laissé icy la dernière foys que nous eusmes le bien de vous y voir, des Eclogues de Constantin de Monsieur Valoys. Je n’ay pas voulu laisser eschapper l’occasion pour le vous faire tenir, et vous dire que conformément à ce que je vous escrivis mardy par nostre soubs l’adresse d’Avignon. J’ay trouvé la partie et le moyen de le faire tenir à Paris au Sr. Moret selon voz ordres dez la fin de ce moys à qui j’escriray par mesme moyen, à cette fin qu’il se donne patience, pour l’autre partie pareille. Et si j’eusse eu un peu de cognoissance du présent porteur je l’en eusse chargé pour le vous rendre en passant, car possible auriés vous là des moyens pour le faire remettre à Paris au pair ; ce que nous ne sçaurions faire d’icy où il nous en couste souvent deux ou troys pour cent. Et l’on m’a voulu assurer que les fermiers de voz cartiers les font remettre au pair : que si nous rencontrions quelque bonne commodité d’amis et cognoissance je les en chargerois parce qu’il y auroit bien de l’advantage et de l’espargne. Si nous, il nous fauldra faire au moings mal que nous pourrons, estant marri de ne vous pouvoir servir plus à souhait et de ne pouvoir satisfaire à tout ce que vous eussiés désirés et moy aussy. J’ay advis que le navire Ste Anne est arrivé à Sarragosse de Scicile puis le premier janvier sans qu’il aye peu descharger la marchandise qu’il a et croid on qu’il en aura esté contrainct de l’aller faire à Livorno pour retourner par aprez en Scicile avant que venir à Marseille, qui n’est pas une petite

243 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 158. mortification pour vous et pour moy, à cause qu’il apporte le vocabulaire et grammaire des Cophtesn lequel nous aurons quand il plaira à Dieu244. Et je demeureray, Monsieur, Vostre … De Peiresc A Aix, ce 10 mars 1635 Pour la commodité du transport cest honneste homme a désiré que je fisse ployer et battre vostre livre. BI Carpentras, Ms 1875/273 r°

55 20 mars 1635 - Aix à M. Petit Monsieur, J’ay receu vostre lettre du 13 par le dernier ordinaire et par le précédent vostre autre du 6ème où j’ay pris plaisir de voir ce que vous dictes de ces thèses ou articles, et seray bien ayse d’y apprendre le progrez quand le trouverez bon. Je n’ay pas veu le muletier à qui vous avez baillé vostre livre des Loix attiques et l’eusse bien voulu envoyer pas les gallères de l’éminent cardinal de Lyon en Italie. Il faudra que ce soit par la présente commodité. Je vous y avois déjà escrit par un honneste homme de Thoulouse, nommé Carrier et vous envoyay vostre exemplaire des Eclogues de M. de Valloys comme j’ay despuis envoyer par le dernier ordinaire à M. Morel, sous l’envelope de M. du Mesnil-Aubery, la moytié de la partie que je vous disois, et huite par un de mes amis qui partit en poste. Soubz la mesme addresse, j’envoyay l’autre moytié, de sorte que dans dix jours, il aura tout receu, Dieu aydant ; et ay prié ledit Sr du Mesnil de stipuler dudit Sr Morel qu’il vous proroge le plus qu’il pourra le restant de vostre partie afin qu’il attende vostre commodité. Je vouldrois vous /273 v/ avoir peu bailler tout entier. Je vous supplie bien le pouvoir dans les commodités présentes et vous supplier de me tenir tousjours, Monsieur, pour Vostre très humble et très obéissant serviteur. De Peiresc A Aix, ce 20 mars 1635. BI Carpentras, Ms 1875/273 r° et v°

56 3 avril 1635 – Aix M. Petit Monsieur, Ce mot sera pour vous dire que je n’ay point receu le livre que vous dictes m’avoir envoyé cy-devant. Si vous pussiez retirer le nom du muletier et du marchand où il avoit fait addresse, je ne serois pas en peine de le chercher à l’aveuglette. Je pensois que l’exemple du marbre vous auroit faict plus exacte en cela245. Il est venu force mulets de vos cartiers qui ont passé en ceste ville pour aller jusques à Nice, mais ils n’ont rien laissé icy pour moy. Il faudra que vous nous cottiez les noms et les addresser s’il est possible. Cependant, je vous diray que M. du Mesnil-Aubry m’escript que M. Morel ne s’estoit pas trouvé à Paris pour utiliser ce que je luy avois addressé pour luy et que sa femme le debvoit venir voir ce jour là, qui estoit le 23, et luy apporter vostre rescription. Sur quoy, je finis demeurant,

244 Cf. Peiresc à Saumaise, p, 158. 245 A lire cette phrase l’on perçoit l’irritation de Peiresc envers Petit lui qui est d’abbitude toujours si courtois. Monsieur, Vostre très-humble & très-obéissant serviteur. De Peiresc A Aix, ce 3 avril 1635. BI Carpentras, Ms 1875/273v°

57 10 avril 1635 - Aix à M. Petit Monsieur, J’ay receu par nostre dernier ordinaire vostre lettre du 3ème de ce mois & avois receu samedy celle du 6ème mars qui accompagnoit voz Loix attiques, lesquelles vinrent encore à temps pour envoyer le mesme jour deux exemplaires en Italie, où je m’assure qu’ils seront trez bien receu. M. Fabrot s’estant contenté des suppléments des cahiers que vous m’avez envoyés de l’avancement où il m’a manqué sinon deux feuilles, l’une du dedans de la préface cottée E, l’autre de la table des loix grecques & latines cottées G, lesquelles nous ferons venir de Paris et M. Gassend se pourra servir du mien quand il sera relevé, Dieu aydant, combien qu’il est à ceste heure bien empêché chez luy et crains qu’il ne luy faille bien tost aller en Cour. Je vous remercie donc très humblement de ce digne présent et pour moy et pour ces Messieurs ausquels vous en avez destiné deux et que ceux mesmes ausquelz je me suis dispensé d’en envoyer une coppie à l’un desquelz j’ay fort bien mandé la peine & la presse qu’on vous avoit faict pour la partie de 1 200 livres et à qui j’avois faict pour vous descharge pour obtenir prorogation du délay du restant ; et s’ils ont du sang aux ongles, ils devront y avoir contribué tout ce qu’il vous fault et pour cela et pour bien davantage. Vous verrez ce que M. Maurel m’escript de vostre dellay en mieux bien changé & le récépissé de la montre de vostre partie, que M. du Mesnil-Aubry m’escript qu’il ne voulut jamais luy accorder que deux moys, mais qu’il croyoit bien que pour trois moys il en viendroit à bout. Le Sr Maurel ne m’en exprima rien de Paris et s’il passoit par icy en allant en Italie246 et je ne pense pas qu’il me peusse eschapper sans vous avoir donné le contentement tout entier. Je suit trop pressé pour vous pouvoir escripr plus à souhaict & suis constamment cloué pour ne perdre la commodité de l’ordinaire demeurant, Monsieur, Vostre De Peiresc A Aix, ce 10 avril 1635. BI Carpentras, Ms 1875/273 v°

58 8 mai 1635 – Aix à M. Petit Monsieur, Avec ce mot et avecque vostre dernier du 9 de ce mois, je vous feray part de la bonne nouvelle que enfin le navire St Anne a abordé en noz costes et à mouillé l’ancre au port de Bendol entre Toullon et Marseille depuis 4 ou 5 jours, sans avoir peu gagner Marseille tant le mistral aesté violant ; mais je ne pense pas qu’il puisse meshuy tarder. Il porte le vocabulaire & grammaire des Cophtes que je vous envoyeray incontinent avec prière très humbles de ne les garder que le moings que vous

246 En bas de la lettre est ajouté :« où l’on m’escript qu’il vouloit aller avec le courrier de Lyon ». pourrez et de tascher d’en transcrire une copie pour pouvoir envoyer l’original à M. de Saulmaise au plustost qu’il sera possible car il l’attend en grande impatience247. L’on m’escript de Rome que le P. Athanase avoit achevé sa version et notes sur le mesme livre, mais il ne se mettre pas encores la main à édition quoy que je les aye fort exhorter de le pressé, tandy que j’estois quasi d’opinion que celuy-cy fusse /274/ perdu, attendant que ce navire est arrivé à Saragosse de Sicile puis le 1er janvier, sans avoir pu arriver jusqu’à ce pais, et avoit esté longtemps sans qu’on en eusse des nouvelles, de sorte qu’on asseuroit les marchandises quy estoient à 50 pour cent. L’on me vint dire si je voulois faire offre de mon libvre, mais je n’y escriray pas là ce prix avec la chose mesmes & divisois en deux le m>>> qu’il m’en faisoit a>>>>. Enfin Dieu l’a ramené & voudrois bien que j’en peusse estre de mesmes d’un autre navire de Beaussier, party despuis celuy-ci d’Aegypte, que les corsaires ont prins ce dict-on et pillé vers Rodes, sur lequel j’ay perdu les Epistres de St Pol en arabe toutes complettes & un livre d’astronomie aussi arabe & quelques feuilles de papirus en hieroglyphes & autres choses bien curieuses dont la perte m’est bien sensible et pourra bien faire faulte au public248. J’ay >>>> pour vous s’il s’en pouvoit rachepter aulcune chose & demeure, Monsieur, Vostre très humble & très obligé serviteur. De Peiresc Ce 8 may 1635. C’estoit pour les edditions des nouvelles inscriptions ou corrections des vieilles du Grutius, que je pensois voir vostre volume sur ce que vous m’en aviez dict, mais, si cela vous incommode, ne le faictes pas je vous prie, car je me suis assés contenté du mien. BI Carpentras, Ms 1875/273 v° et 274 r°

59 15 mai 1635 – Aix à M. Petit249 Monsieur, Enfin le navire Ste Anne m’a apporté le libvre que nous avions tant attendu et qui a demeuré sur la mer depuis me 3 novembre jusques au 12 mai, que je l’ay recouvré. C’est un prêtre nommé Vactar qui dict avoir achevé de le rédiger par escrit au Caire le 27 may de l’année 1350 du Messie et des premiers saints et intitulé son libvre en Arabe SULUM ou eschelle comme pour monter à la cognoissance de cette langue. Il est d’unze en chapitre dont aulcuns ne sont que simples rolles des noms propres et autres. Il y en a un tout entier du desnombrement des mesures et des poids selon l’ancienne traditifve de l’Escripture sainte où j’ay desia trouvé de l’exercice. Il y en a d’autres où sont quelques petites règles de grammaire fort succintes et quelques paroles pour exemples en suitte le texte Copte y est à droite en caractère maiuscule grec ou Cophte et la version arabique à gauche e regione. Il nomme Homère Pihomeros et Platon Aplaton, et néantmoins il ne faict poin de pareilles additions aux noms de Socrate et Pythagore et autres. Les Italiens prononcent le nom de Louysavec cet A entesté : signor Aluisiou Alluoigi ! Il y a des chapitres à part, des paroles plus particulières en chacune des 4 Evangélistes et dans St Pol et dans les Pseaulmes et enfin c’est quasi comme ces vieux glossaires grecs et latins250. Je m’asseure que vous y trouverés des merveilles et M. Saulmaise aussy et n’attendrois qu’une bonne commodité de le vous faire tenir, laquelle attendant je le feray relier et en desroberay l’usafe

247 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 158. 248 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 163-164. 249 Samuel Petit fait état de la réception de cette lettre et de la lettre précédente du 8 dans sa lettre du 22 mai 1635. Lettres de Samuel Petit à Peiresc, p. 62. 250 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 162-163. quelques heures s’il m’est possible dont je n’ay pas voulu manquer de vous advertir. Il advance, croyant bien que vous n’en serés pas marry et sur ce je finiray, demeurant, Monsieur, Vostre… De Peyresc J’attends par un navire Anglois les 4 Evangélistes en langage Cophte ou Abissen car on ne s’en explique pas bien la vostre d’advis. Le navire devoit partir le 18 apvril et croyt bien qu’il ne tardera pas d’aultant qu’il vient droit à Marseille251. A Aix, ce 15 may 1635 /274 r° & v°/ Depuis avoir escript ayant mieux considéré la date de ce pauvre livre, je me suis apperceu que ceste addition (quoy qu’esloigné d’une ligne entière de la mention de Messie) pouvoit estre ceste celèbre ÆRA MARTYRUM et de fait en ayant voulu faire la comparaison et le calcul, j’ay trouvé que joignant à la datte de 1350 les 284 ans qui s’estoient escoulez de la nativité de N.S. selon nostre vulgaire calcul, elle tomboit en l’année de nostre incarnation 1634, le 27 may, que le livre peut avoir esté achevé de transcripre dans Le Cayre qui estoit l’année dernière indubitablement. Et crains bien que ce bon prebstre, qui a prins la peine de faire ceste transcription, n’aye obmis la vieille datte du vieux Ms pour le refformer selon le jour et l’an de son travail achevé, et escripray au Cayre pour m’informer s’il y en auroit rien sur le viel Ms252. BI Carpentras, Ms 1875/274

XXIII 22 mai 1635 – Nîmes à M. de Peiresc Monsieur, J'ay receu presque en mesme temps les deux lettres qu'il vous a pleu de m'escrire l'une du 8 de ce mois dans un paquet de Monsieur Cassaignes et l'autre du 15 par le dernier ordinaire ; je vous remercie très humblement de l'offre que vous me faites de vostre Ms. Cophte : je ne acute point de vostre conjecture touchant le nombre de l’ Æra Martyrum ; elle est très certaine, qui nous prive toutes fois de la vraye date du temps auquel le Ms. a este premièrement rédige sur le papier : Pour le ΠΙΟΜΗΡΟC sans difficulté le ΠΙ en l’article des Egyptiens respondant an Grœc ô fort fréquent en vos des ב Liturgies.; mais je ne say d'ou vient le A au AΠAATON, si cest article ne respond et n’est tiré du Hébreux, mais il y a bien de quoy s'estonner qu'ils n'ayent point adjouste cest article aux autres noms propres : je vous envoyeray les inscriptions de Gruterus à la première commodité, Dieu aydant, lequel je supplie, Monsieur vous tenir en très longue et très parfaite santé, et suis, Monsieur, Vostre très humble, très obéissant et très obligé serviteur. Petit. A Nismes, ce 22 may 1635. BNF, FF 9544, f°

60 29 mai 1635 - Aix à M. Petit Monsieur,

251 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 161. 252 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 163. Ce billet en courant n’est que pour accuser la réception de la vostre du 22ème 253et vous advertir par un lacquai qui debvoit partir ce jour d’huy & qui partira Dieu aydant vendredi au plus tard. Je vous envoyeray le livre du SVLVN ou de l’eschelle du vocabulaire des Cophtes dont j’avois entrepris de faire transcripre l’Arabe par un Turc naturel que nous avons icy, mais il a eu besoing d’accourir à Marseille à ses affaires & a laissé l’ouvrage imperfect des deux tiers, mais s’il revient à temps, je le feray continuer, sinon j’attendray que vous l’ussiez veu pour ne vous faire languir et puis l’envoyeray à M. de Saulmaise. C’est, Monsieur, Vostre De Peiresc A Aix, ce 29 may 1635 BI Carpentras, Ms 1875/274v°

61 3 juin 1635 – Aix à M. Petit Monsieur, Je vous envoye enfin la grammaire des Cophtes par ce laquais, bien marry de n’avoir peu disposer de mon Turc pour luy faire transcripre l’Arabe dont il avoit faict environ un tiers, mais estant allé à Marseille, d’où il debvoit revenir dans 3 jours, il a eu d’autres affaires qui l’en doivent avoir empesché, car il n’est point revenu, et j’ay creu ne pouvoir plus différer de vous envoyer le livre, puisque la commodité s’en présente afin de prendre plus de temps, principalement ayant lettre du bon P. Athanase Kircher de Rome du 29 avril, portant que la version qu’il a faict du mesme libvre est soubz la presse, en sorte que nous la pourrions avoir bien tost, et je voudrois bien que cela servit d’esguillon à M. de Saulmaise & à vous, si vous auriez à faire sur ce subject pour en retirer par la besongne aultant que faire se pourra s’il y escheoit. Et si mieux vous n’aymiez attendre ce qui s’imprime en ce temps là ou néantmoins les choses ont accoustumé d’aller assez lentement ; et si vous ne vous engagez plus avant en ceste besongne, le plustost que vous en pourrez renvoyer ce libvre sera le meilleur, afin que M. de Saulmaise en soit tant plus tost secouru comme il le mérite et conséquemment le public qui s’en peult sans doute prevalloir de beaucoup. Vous verrez dans la coppie que je vous envoye de la lettre de ce bon père combien d’autres belles pièces il a trouvé dans ces bibliothèques et les allégations de son Barachias dont il est si fier et dont je ne suis pas moins bien ayse que luy et tascheray de l’assister en sorte qu’il puisse avoir plus de commodité d’y travailler, espérant de n’y opérer possible pas moins que ce que l’ay faict en restant pour la promotion des autres ouvraiges qu’il a en main. J’ay advis de l’arrivée à Ligourne d’un navire d’Alexandrie qui m’apporte un volume des 4 Evangélistes en Arabe, et en une autre langue par colonnes, que j’estime estre celles des Cophtes, car celuy qui l’escript ne la sçauroit pas distinguer254. J’ay aussy advis que la barque sur laquelle me venoient les Epistres de St Pol a esté rendue par les corsaires qui l’avoient prinse, et tous les passagers remis en liberté, dont il en est arrivé un, et que les marchandises sont demeurées confisquées à ces canailles. Et celuy qui est venu, dict que tous ses papiers luy ont esté rendus et ne me laisse pas du tout hors d’espérance que mes livres me puissent avoir esté renduz, si l’on s’est advisé de les redemander, comme luy fit ses papiers255. Mais je crains bien que nous ne tombions de >>>> en chaud mal avec la guerre ouverte tout fraischement contre les Espagnols qui ont tenu 8 gallions en nos costes 8 jours entiers en veu de Tollon et des isles d’Yères lesquelz n’ont point encores exercé d’acte d’hostilité ni faict de descente, vraysemblablement pour attendre du renfort, soit du costé d’Espagne (où l’on nous dict qu’il se ramast des navires en Emsse) ou du costé de la Corse où l’armée des gallères s’est allée réparer du dommage

253 Cette lettre du 22 mai 1635 figure dans le recueil des lettres de Samuel Petit à Peiresc, p. 62. 254 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 161. 255 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 164. receu par la tempeste le 17 & 18 de may d’où il s’en submergéa trois des plus légères & mieux pourvues d’hommes, les autres ayant esté contraintes de faire perte en une de leur vin, munition & toutes autres choses non absolument nécessaires au salut de leurs personnes, sans cela nous les aurions sans doubte sur les bras /275/ cheutte & loue Dieu que vous en ayez esté quitte à si bon marché, priant sa divine bonté de vous tenir en plaine santé & conserve de ses saintes bénédictions estant, Monsieur, vostre très humble & très obéissant serviteur De Peiresc. A Aix, ce 3 juin 1635. BI Carpentras, Ms 1875/274 v° et 275r°

62 3 juin 1635 – Aix à M. Petit Monsieur, Ils se sont enfin lassé de ce poste qu’ilz avoient choysy en veue de Tollon et ont commencé à tourner du costé de St-Tropez et en mesme temps M. le maréchal & M. d’Hemery ont pris par terre la route d’Antibes pour y aller mettre les ordres ayant bien pourveu à Tollon & aux isles. Cependant il y a 30 navires hollandoys à la solde du Roy et 20 navires que le Roy a faict armer en la coste de Broüage qui s’en vont rendre sur les costes d’Espagne le mauvais traictement dont on nous menasse icy. Et la cause & fortune du Roy sont si bonnes qu’il en fault espérer tout heureux succez, Dieu aydant, lequel attendant je demeureray, Monsieur, vostre très humble & très obéissant serviteur De Peiresc. A Aix, ce 3 juin 1635. Je vous prie de m’accuser la réception de ce livre et de me mander dans quel temps a peu près vous espérez de me le pouvoir renvoyer afin que je ne promette rien à M. de Sausmaise que je ne luy puisse tenir, et quand vous me le voudrez envoyer si n’avez commodité à propos envoyez nous plutost un homme exprès, lequel je payeray icy, mais que ce soit homme résolu et qui ne se laisse pas desvaliser et oster ce livre, s’il est possible, par le chemin et plutôt qu’il vient par le grand chemin et en plain jour et non par lieux destournés ou à heures suspectes, là il me despleroit grandement qu’il fust venu de sy loin et eschappé de tant de dangers pour périr si près de nous. BI Carpentras, Ms 1875/275r°

63 5 juin 1635 – Aix à M. Petit Monsieur, En vous accusant la réception de vostre dernière du 29e je vous diray qu’il vous ay en voyé par un laquay party hier sur le tard ou à ce matin le voulume du vocabulaire des Cophtes et que nostre Turc qui avoit esté 12 ou 15 jours absent revint hier au soir de Marseille pensant achever de le transcrire, c’est à dire l’arabe. Mais je n’ay pas esté marry qu’il soit arrivé si tard pour ne nous faire plus longuement attendre la jouyssance de ceste pièce et quand vous me l’aurez renvoyée, je tascheray de la faire achever si il puis le faire diligemment avant que je fasse tenir à M. de Saulmaise. Nostre armée navale ennemye n’a peu durer en noz costes par les vents marins qui s’estoient mis sus et a esté constrainte de se mettre dans la mer hors de veue et de danger de venir escheoir hors de noz portz puisqu’ils n’y osoient aborder Dieu les veulle avoir porté si loing qu’ils n’en puissent revenir de longtemps ou jamais, estant, Monsieur, Vostre très humbles De Peyresc A Aix, ce 5 juin 1635. L’on me demande de Rome les antiquités de Nismes de Johan Poldo256. Si par hazard il s’en vendoit là quelques exemplaires bien que fripé /275v°/ pour >>>>>que il se puisse re>>> de nouveau, nous ne laisserions pas de nous en servir, mais il ne fauldroit pas qu’il fust imparfaict au moins des figures. BI Carpentras, Ms 1875/275 r° & v°

64 12 juin 1635 - Aix à M. Petit Monsieur, Ce mot n’est que pour vous envoyer la coppie que j’avois faict extraire d’une vieille lettre du bon P. Athanase sur le sujet de son vocabulaire des Cophtes, que mon homme oublia de prendre avec l’extrait de la dernière qu’il m’avoit escript quand il empacquetta mon Ms qui vous fut envoyé il y eut huit-15 jours par le laquais que je vous avois dict, m’asseurant que le prochain ordinaire m’apporteroit de voz lettre sur la reception d’icelluy. Cependant, je demeureray Monsieur, Vostre … De Peiresc A Aix, ce xii juin 1635. BI Carpentras, Ms 1875/275v°

65 23 juillet 1635 - Aix à M. Petit Monsieur, J’ay receu par le dernier ordinaire vos deux dernières du 19 & 26 du passé et avois auparavant eu celle du 12e portant l’advis de la réception du vocabulaire des Cophtes dont je fus bien ayse puis que vous en espérez quelque contentement & quelques secours à vostre Joseph. M. de Saulmaise, qui a eu advis que le livre estoit arrivé en ce pais, me faict desjà de grandz reproches du retardement de l’envoy que j’avois protesté sur l’incertitude où il sembloit qu’il fust de son retour en France. Je me deffendray du tout tant que je pourray sur l’employ de mon Turc, pour en je ne perde quelque choses en attendant que vous me le puissiez renvoyer. Que s’il vous y reste quelques scrupules sur l’arabe, ce Turc l’entend parfaictement bien et vous en pourroit bien esclaircir si vous preniez le peine de venir faire un tour icy tandis qu’il y est, auquel cas je vous prierais volontiers d’apporter un Ms grec de la musiq s’il y a aulcunes figures pour en faire la comparaison avec deux volumes arabes en cest matière où nous avons convenu de mettre en besongne nostre Turc. Que si voz affaires ne vous permettent de faire ceste convenance & que me feriez marquer quelques feuilles dont vous désirez vous esclaircir, je tascheray de les luy faire examiner et en tirer, pour l’amour de vous, tout ce que faire se pourra. Et quand M. Saulmaise me l’aura rendu, si vous le

256 Jean Poldo d’Albenas (1512-1563) auteur des Discours historial de l’antique et illustre cité de Nismes en la Gaule narbonnaise, avec les portraitz des plus antiques et insignes bastimens dudit lieu réduitz à leur vraye mesure et proportion, ensemble de l’antique et moderne ville (1559). voulez revoir, comme vous dites, vous en disposerez tout comme il vous plaira et de toute autre chose qui sera en ma disposition. M. Saumaise me mande qu’il est fort avancé en besongne sur la milice romaine, en suite du commandement de M. le prince d’Orange et qu’il prétend faire voir que tous les modernes ont faict de si grandes besveües en cela qu’ilz n’ont nullement entendu la manière de camper et de ranger les armées romaines en campagne et n’ont pas mesmes sceu distinguer la différence de l’hasta & du pilum, ayant confondu l’un pour l’autre fort mal à propos257, et n’ayant pas non plus distingué la différence de l’arc diversement pratiqué en divers siècles ; mais il dict que cela n’empesche point la continuation de ses estudes en la langue Ægyptie où il employe toujours quelques heures258 et attend avec une nouvelles impatience de voir ce Mss. Cependant, je demeure, Monsieur, Vostre … De Peiresc A Aix, ce 23 juillet 1635. BI Carpentras, Ms 1875/275 v°

66 31 juillet 1635 - Aix à M. Petit Monsieur, Je viens tout présentement de recevoir un M. S. grec de Manuel Brennius et de Aristide [Quintilianus], avec mon vocabulaire Cophte fort bien conditionné sur le poinct que le courrier de Lyon vouloit partyr, ayant encore eu le temps de vous faire ces deux lignes pour vous en accuser la réception et vous estre d’époque de ce costé là, ayant pris plaisir à l’ouverture du livre Copte d’y trouver les mesmes figures qui sont en un autre de noz mss Arabes. Ce qui me faict espérer qu’il s’en tirera possible un peu plus de construction que l’on n’avoit espéré. Je le vous feray soigneusement renvoyer, cependant je vous remercie de tout mon cœur. J’attends d’heure en autre un volume des 4 Evangelistes cophtes /276/ et arabe qui est arrivé à Lyvorne longtemps y a, et où la 40taine du navire a esté achevée, et entrée donner libre dès le 16e de ce moys259, et suis tousjours, Monsieur, Vostre … De Peiresc A Aix, ce 31 juillet 1635. BI Carpentras, Ms 1875/275 v° & 276 r°

67 23 août 1635 – Aix à M. Petit260 Monsieur, J’avois espéré de vous pouvoir envoyer le gros volume de Ms des 4 Evangélistes en langage des Cophtes avec la version Arabesque par un bon Père Maronite que l’on vouloit faire aller à Montpellier chez M. le thrésorier de Marte pour y monstrer l’Arabe à un jeune homme desia bien versé en

257 L’hasta est une lance et le pilum un javelot emprunté aux Samnites. Georges HACQUARD, Guide romain antique, Classiques Hachette, Paris, 1952, p. 65. 258 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 185, note 3. 259 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 161. 260 Tamizey de Larroque a publié la lettre de Samuel Petit en date du 4 septembre 1635 où celui-ci fait état de la réception de cette lettre et répond à Peiresc. Lettres de Samuel Petit à Peiresc, N° XXIV, p. 62-63. l’hébreu. Mais apprez avoir desféré d’une sepmaine à l’autre, il s’est enfin résolu d’accepter une autre condition en cette ville chez M. le Procureur général de Chasteuil261 pour en montrer quelque chose à Messieurs ses enfans pour l’amour du frère dudit Sr. Procureur général, qui est encore en la Terre sainte262 où il a eu le bien de la conscience. Je luy avois donné tant de courage, que j’avois peu, de faire le voyage de Montpellier affin qu’il vous peust voir en passant et que vous en tirassiez quelque chose sur l’occasion des ms. Mais en desfault de cela, j’ay faict extraire, comme j’ay peu, les 3 préfaces mises en ce que des catalogues des chapitres des trois derniers évangélistes, qui sont mis devant le texte d’un chascun. Le premier feuillet du volume s’estant perdu par l’injure du temps qui nous a fait perdre la préface & 5 ou 6 articles du catalogue des tiltres des chapitres de St Mathieu ; pour raison de quoy j’ay desja escript à Rome et en Ægypt pour en avoir le supplément. Car je pris un grand plaisir de rencontrer à l’ouverture du livre par hazard, l’oracle de la préface de St. Luc, où il est dict assertivement que St Luc escripvit son Evangile en la ville d’Antioche, la douzième année de l’Empire de Claudius263 & la 20ème de l’Ascension de Jésus Christ264 ; de quoy les autres escripvains ne demeurent pas si bien, ny si nettement d’accord et cela semble grandement compatible au vray synchronisme265. Ce qui me fait reculer à contremont, bien évidemment pour chercher la préface de l’Evangile de St Marc où je trouvay qu’on le faisoit escripre la iiije année du mesme Claudius de la XIIM de l’Ascension, ce qui revient merveilleusement juste au mesme calcul de St Luc et >>> >>> de plus près qu>> d’abord, qu’il me semble que cela seule m’avoit payé tout l’argent qui s’est despensé en l’acquisition de ces livres. Et veu le peu & l’appréhension que j’avois du en attendant en sorte que tout le restant de la valeur du volume entier en semble donné par dessus le marché de ce que j’en avois payé pour le tout estimant davantage cez 4 lequels que tout ce que j’y avois dépende comme en effect. Je pense que plusieurs personnes curieuses feront volontiers leur profit de ces petites Epoques là. Vous pouvez penser si je courus incontinent à la préface de St Jean, mais ce ne fut pas sans grande mortification quand je trouvay que le texte Ægyptie estoit si mal correct qu’on y marquoit la 6e année de l’empire d’un césar TAPCOC que je jugeay bien incontinent estre accepté pour Trajan266, comme en effect la version Arabe se peult lisre, en sorte qu’on aye entendu Trajan, mais l’année 6e de ce prince est trop bien compatible à l’année 30ème de Jésus Christ, de sorte qu’il fault bien qu’il y aye de la corruption en ce texte en tout cest article. Aussy aye je escript à Rome & en Ægypte pour le faire collationner sur tous les exemplaires qui y sont estimés267, que s’ils ont voulu dire Trajan au lieu du caractère de l’année […], il falloit remplacer celuy de l’année première, pour attendu que les Cophtes font leur α souvent bien semblable à l’Epifemus vau de leur nombre & >>>, & en ce cas, il fauldroit qu’au lieu du nombre de 30e et de la lettre λ soubz un tiret, ilz eussent mis un Ɔ grec pour le nombre de LX ou bien un 0 pour LXXX qui ne fusse pas trop bien arrondy, car en escripvant avec un roseau, il est malaisé d’en tirer le traict pour peu qu’on le précipite qu’il ne tienne de la figure triangulaire Δ. Mais si ce nombre de 30 debvoit on premier subsister, il faudroit lire, au lieu de TAPCOC ou de TPAIANOC, le nom de Vespasien /276 v°/ que les Grecs nomment volontiers par son prénom de Titoc aussy bien que son filz, si n’est que l’on le voulust remettre aux années mesmes de son filz Titus

261 Jean de Galaup (1587-1646), co-seigneur de Chasteuil, était depuis le 30 novembre 1622 procureur général en la Cour des comptes, aides et finances d’Aix en Provence. 262 François de Galaup-Chasteuil (1588-1644), frère cadet de Jean, avait accompagné en 1631 Marcheville lors de son ambassade au Levant et y était resté, devenant frère Maronite. Tamizey de Larroque a dans le volume XVII de sa série des correspondants de Peiresc a publié en 1890 les lettres que François de Galaup-Chasteuil adressa à Peiresc de 1629 à 1633. 263 Soit l’année 53. Claude, né à Lyon en 10 avant J.C., fils de Drusus et d’Antonia, frère de Germanicus, oncle de Caligula, fut empereur de 41 à 54. Selon l’hypothèse majoritaire actuelle, la chronologie des textes chrétiens est approximativement le suivant : Epîtres de Paul : 50-60 ; Evangile selon Marc : + ou – 70 ; Evangile selon Marc et Luc : + ou – 80/85 ; Evangile selon Jean : + ou – 90/100 et Actes des Apôtres : 80/90. Gérard MORDILLAT et Jérôme PRIEUR, Jésus après Jésus. L’origine du christianisme, Editions du Seuil, Paris, 2004, p. 48. 264 Hypothèse qui établi que Jésus fut crucifié en 33 sous le règne de Tibère (14-37). Rappelons à ce propos que les dates les plus vraisemblables retenues désormais pour la crucifixion de Jésus sont le 7 avril 30, le 27 avril 31 ou le 3 avril 33. Gérard MORDILLAT et Jérôme PRIEUR, Jésus après Jésus, op. cit., p. 15. 265 Cf. Peter N. MILLER, “Copts and Scholars”, op. cit., p. 139. 266 M. Ulpius Traianus fut empereur de 98 à 117. 267 Cf. Peiresc à Saumaise, p.161, note 5. qui commençoit de compter les années de son empire quasi aussy tost que son père268 & conioinctement avec luy par la commicum de la qualité d’Auguste & de la Tribunicia potestas qui estoit la vraye mesme et le calcul des années de l’Empire de tous ces princes là. Je ne sçay pourtant si cela pourroit subsister en l’escripture de l’Evangile de St Jean en Ephese puis qu’il vescu hoste de ce païs là et qu’il ne fut relégué en l’isle de Patmos que soubz Domitien. Vous, qui avez tant fait d’estude de la cronologie, y trouverez mieux de quoy establir & veriffier ces conjectures ou de quoy les destruire, & de toute façon croy ie bien que vous ne serez pas marry de voir cela. En attendant la réponse, je ne regrette que la mauvaise escripture de copiste qui n’a pas bien formé les charactères et entr’autres celluy de l’M majuscule que les Cophtes forment m. Il le fait improprement comme un Π renversé U, sans y faire paroistre les talons comme il debvoit, & de la lettre N il a fait souvent comme deux caractères divisez d’un s ou un ν en cest sort sν, mais vous en distinguerez et ex>>>erez bien d’autres, comme je vous en prie. Au reste, il me faut vous supplier d’envoyer s’il vous plaist la copie de ce petit fragment de Joannes Malela269 à M. Valois270 qui s’en est engagé de parolle avec un Gregorius Anglois & envers Patricius Junius lesquelz méritent bien ceste petite gratiffication, mesmes pour le joindre à toutes les œuvres de ce Malela que l’on y imprime en un volume exprez. Je vous en auray de l’obligation en mon particulier pour l’honneur que je porte à M. Junius principalement, et suis marry que vous en ayez le courrier, mais pourtant ce n’est que de 2 ou 3 feuillets d’escriptures dont je suis bien marry de vous charger et dont vous m’excuserez s’il vous plaist, comme, Monsieur, Vostre … De Peiresc A Aix, ce 23 aoust 1635. Je vous prie de recommander les incluses à Montpellier à quelqu’un de vos amys qui pragne la peyne de les rendre à leur addresse et d’en retirer un mot de response que si le Sr. Schleger Alemand estoit desja party de Montpellier pour faire son voyage d’Italie comme je m’en doubte, je vous prie de m’envoyer sa lettre pour la luy faire tenir moy mesmes à Rome. Que si vous [vous] alliez pourmener à Montpelier voyez y M. l’advocat Clauset, gendre de M. Pacius qui vous fera voir un ms escript partye en Samaritain, partie en Hébreu, Caldée, Syriaque, Grec et Latin. BI Carpentras, Ms 1875/276 r° & v°

XXIV 4 septembre 1635 – Nîmes Samuel Petit à M. de Peiresc Monsieur. J'ay receu vostre lettre en datte du vingt et troisiesme du moys passe avec les incluses dans le pacquet le premier ce moys tout à la nuit par la voye de Saint-Gilles. Je vous remercie infiniment des préfaces de vos Evangiles, qu'on ne sauroit jamais asses priser et les Epoches desquelles pour saint Marc et saint Luc sont, à mon advis, très véritables, mais je ne puis asses m'estonner d'ou est venu ce TAPCOC en celle de saint Jehan, car quant au lieu ou il a escrit, assavoir Ephese, la chose est très

268 Titus Flavius Vespasianus fut empereur de69 à79 et son fils aînéTitus de 79 à 81. 269 Jean Malela était un chroniqueur byzantin, né à Antioche, auteur d’une chronique universelle. Dans sa lettre du 4 septembre 1635, Samuel Petit en annonçait l’envoi par le prochain ordinaire. 270 Henri de Valois faisait éditer à Paris en 1636 chez Joannes Camusat son Ammiani Marcellini rerum gestarum qui de XXXI Supersunt libri XVIII. Ammiem Marcellin (330-395) est l’un des plus importants historiens de l’Antiquité tardive. Bien que d’origine grecque, il a écrit en latin. Ses Res Gestæ couvraient les années 96 à 378, seule la partie allant de 353 à 370 a été conservée. certaine qu'il l'a escrit là. Le Paraphraste arabe d'Erpenius271 met bien l'an trentiesme de l'Ascension de Nostre Seigneur, mais soubs l'empire de Néron, sans en marquer l’année ; c'est pourquoy il y faut un peu plus penser, mais quoy que ce soit, tousjours saint Jehan aura escrit le dernier des quatre Evangelistes. Quant an fragment de Johannes Malela, je le descriray, Dieu aydant, et le vous envoyeray à mon advis par le prochain ordinaire ; si est ce que Monsieur Valois, ce me semble, eust bien peu m'en ' eserireun petit mot, quant ce n'eust este que sous prétexte d’une responce à la lettre que je lui avois escrite et que je say bien lui avoir este rendue, veu mesmes qu'il s’est engagé de promesse à ce Gregorius Anglois que depuis mon départ de .Paris et que j’ay vostre Ms. en mon pouvoir. J'envoye demain, Dieu aydant, les lettres de Montpellier par un mien ami, qui m'en rapportera responce on me rendra les lettres. Je finiray, Monsieur, par la prière que je vous fay d'aimer toujours, Monsieur, Vostre très humble, très obéissant et très obligé serviteur, Petit. A Nismes, ce 4 septembre 1635. BNF, FF 9544, f° 69.

68 11 septembre 1635 – Aix à M. Petit Monsieur, J’ay receu (un blanc) et ay esté bien aise d’apprendre qu’eussiés ma despesche par le messager de Thoulouse dont j’estois desja en peine et que n’ayés pas esté marry de voir ses petites Epoches des préfaces de St Marc & St Luc, & la rencontre de la trentiesme année de l’ascension en celle de St Jehan conformément au paraphrase d’Erpenius, qui méritera d’y regarder un peu plus près, mais que nous ayons la collation de quelques autres passages de semblables exemplaires ceque j’attens un bref du costé de Rome, et possible ne tardera t-il pas beaucoup du costé mesme d’Egypte272. Au reste, je vous remercie du soin qu’il vous plaict de prendre de la coppie de Joannes Malela pour l’amour de Monsieur Valoys et de moy, vous suppliant de ne pas sçavoir de mauvais gré à Monsieur Valoys /277r°/, car assurément il vous a escrit selon la response de ma lettre assés long temps y a, et lors qu’il a perdu espérance d’avoir response de vous c’est lors qu’il a eu recours à mon adresse, et ne faut pas que vous trouviés cela estrange, qui se soit perdu de ses lettres et s’est perdu à l’ordinaire de ce mien pacquet, des deux derniers ordinaires de juillet pour n’avoir esté envelopas dans la grand pacquet. J’attendray donc la coppie que vous me prometés par le prochain ordinaire. Je demeureray néanmoins, Monsieur, Vostre … De Peiresc A Aix, ce 11 septembre 1635. BI Carpentras, Ms 1875/277r°

69 15 septembre 1635 – Aix à M. Petit Monsieur,

271 (1584-1624) dit Erpenius, l’un des pères de l’école orientaliste hollandaise, professeur d’arabe à l’université de Leyde. 272 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 162, note 5. Je receu par le dernier ordinaire vostre pacquet du XI avec les fragments de Jo. Malela que j’envoyay incontinant à M. Valloys avec les compliments que je debvois & asseurement que vous n’aviez pas receu le lettre qu’il disoit vous avoir escript, dont je m’asseure qu’il sera bien marry et ne manquera pas de vous en faire des excuses et les actions de grâces qu’il vous en doibt lesquels attendant je vous en faict tout aultant que je peu tout de son chef & du mien. Je croye bien avec vous que si cez Mrs d’Angleterre eussent veu ces fragments, ilz n’en eussent pas esté si friandz et faille croire que dans les autres ouvraiges de mesme autheur, ilz aye rencontré quelque chose de plus solide et qu’ilz ayent offert d’avoir ces fragments pour ne rien obmettre. Je vous remercie du renvoye de la lettre du Sr. Aseyen qui arriva icy tout à point pour la recevoir de ma main. Si l’on vous envoye celle du Sr. de Maur, j’en seray bien ayse ; & vous diray que j’ay faict une nouvelle perte sur la mer bien grande d’un gros volume Cophte des psaulmes avec des versions en cinq ou six langues, dont je suis fort désolé, mais je me console en ce que l’on a garenty un Ebenbitar de plantis en Arabe que M. de Saulmaise attendoit en grande impatience273. L’on me fait feste d’un Eben Calidor Andaluz en 30 volumes Arabes de tout sorte de sciences. Mandez moy si en avez aulcun notice et tenez toujours, Monsieur, pour Vostre … De Peiresc A Aix, ce 15 septembre 1635. BI Carpentras, Ms 1875/277r°

70 2 octobre 1635 – Aix à M. Petit Monsieur, Je vous accusay l’autre iour la réception de voz cahier de Joa. Malela que j’avois envoyez à M. Vallois en mesme temps que les autres receux, vous remerciant tout de nouveau de la peine que vous y avez employée et vous suppliant de tirer la revanche en me commandant. M. l’évesque de Vaison274 est à sa résidence à Vaison et va quelques foys en la maison de M. l’auditeur Suarez, son frère, où vous pouvez addresser vostre lettre si vous avez commodité pour Avignon, si >>> vous n’aymer en faire l’addresse à moy mesme et je me chargeray volontiers de les luy faire tenir, vous remerciant de la peine que vous donne la response de M. de Muns. J’ay recouvré inespéremment les antiquitez de Nismes de Poldo, que je vous avois demandées, de sorte qu’il ne sera plus besoing de vous mettre en peine d’en faire des recherches. Je voudrois bien voir de mesmes l’édition de Pietro Frane Paulano in-fol de Londres. M. de Saulmaise est arrivé à Paris en fort bonne santé, ayant eu congé pour troys mois. Il en a perdu deux à attendre à La Brille275 le passage de M. le mareschal de Chastillon276. Il fault qu’il aille voir son père à Dijon qui a désiré cette consolation avant que mourir et mettre ordre à ses affaires domestiques. Il a laissé deux enfans et ses livres et escripts pour hostage de son retour, mais je croys bien qu’il faudra que les 3 moys empeschent la prorogation de tout l’hyver. Les curateurs luy ont donné toute sorte contentement et de prorogatures sur M. Entius277 et sur toutsles autres professeurs. Nous avons tousjours l’Espagnol à nos isles de Lerins et Sr Marguerite à nos grand regret et avec une armée de 34 galères et 14 galions, sans que nous ayons encore les ordres du Roy pour

273 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 199, notes 11 et 15. 274 Joseph-Marie Suarez, évêque de Vaison-la-Romaine. 275 La Brille en néerlandais Den Briel était une place fort et un port sur l’île de Voorne à l’embouchure de la Meuse. C’était le point d’embarquement le plus courant pour la France. 276 Gaspard III de Coligny (1584-1646), maréchal de Châtillon. 277 Daniel Heinsius l’adversaire irréductible à Leyde de Saumaise. Sur la guerre Heinsius-Saumaise, Pierre LEROY, Le dernier voyage à Paris et en Bourgogne 1640-1643 du Réformé Claude Saumaise. Libre érudition et contrainte politique sous Richelieu, APA-Holland University Press, Amsterdam & Maarssen, 1983, p. 39-42. l’armement naval sans lequel nous ne les sçaurions aller attaquer, ce qui trouble bien nostre province. Je prie Dieu qu’il nous donne bientost le moyen de les en chasser278, et de vous servir, comme, Monsieur, Vostre … De Peiresc A Aix, ce 2 octobre 1635 /277 v°/. Ceste lettre estant demeurée pas mesgarde le dernier ordinaire, j’ay depuis receu celle de M. de Maur, dont je vous remercie très humblement et me suis souveneu d’avoir veu des extraictz des vies des Evangélistes par ce bon médecin Kerstrius où il y a des époques du temps de leurs escripz qui se sont passées pas trop différentes de celles des Cophtes vous avez mon livre & les pourrez conférer. Ce 9 octobre douze galères de l’ennemy sont passées en Espagne possible pour aller favoriser quelque autres entreprise contre le Languedoc avec des plagnes faictes à Barcellonne. BI Carpentras, Ms 1875/277r° & v°

71 1er janvier 1636 – Aix à M. Petit Monsieur, Il y a plus de trois ou quatre mois que je n’avoys veu aulcunes lettres de vostre part jusques à jeudy dernier que le bon homme M. Peladan me dict que vous m’aviés escript par le messager, et le lendemain l’ordinaire m’apporta un billet, vostre du 28ème du passé279 où vous me dittes m’avoir escript troys fois, ce qui me semble bien estrange, veu que les lettres ne se perdent pas communément si souvent l’une après l’aultre. C’est bien la vérité que depuis le 23 octobre que je m’allictay, j’ay eu 14 accès de fiebvre tierce double et après bien peu de relasche, j’en ay eu 9 de fiebvre quarte double qui m’ont faict garder la chambre et la plus part du temps le lict durant six semaines après quoy j’ay bien eu de l’exercice que vous pouvés à bon droict [trouver] détestable à lutter contre un ingrat neveu280, qui par surprinze m’avoit vouleu mettre hors du Palais à mon desceu par une cabale faicte sur les ennemys de nostre maison, auxquelz il a presté le nom, parce que de leur chef ilz ne m’eussent osé regarder, non qu’attaquer. Cela véritablement m’a touché fort vivement et m’a empêché d’entretenir le commerce avec mes amys. Enfin le Roy y a mis la main, et a cassé tout ce qui avoit esté faict contre moy et ordonné mon establissement par un arrest, et lettres grandement honnorables et obligeantes qui feront crever l’envie, Dieu aydant. J’attends dans deux jours un grand volume arabe des animaulx que l’on tien estre une rare pièce. Monsieur de Saulmaise a receu la grammaire Cophte et les 4 Evangélistes en mesme langue, et croid que de ce soit de 900 ans. Je veus dire la version, comme je pense, car le volume ne me semble pas de plus de deux ou troys centz ans281. Et sur ce je demeure, Monsieur, Vostre … De Peiresc Ce 1er janvier 1636, qui vous puisse estre plus hureux que les aultres. BI Carpentras, Ms 1875/277r°

278 Cf. Peiresc à Saumaise, p.202, note 9. 279 Cette lettre de Samuel Petit du 28 décembre 1635 n’a pas été retrouvée par Tamizey de Larroque. 280 Cet ingrat neveu, Claude Fabri (1607-1666), baron de Rians, était le fils de Palamède Fabri, frère cadet de Peiresc. Lors du mariage de son neveu, Peiresc lui avait donné sa charge de conseiller au parlement de Provence. Mais celui-ci ayant voulu vendre cette charge, Peiresc en demanda le 20 décembre 1635, la restitution. Le parlement le réintégra dans sa charge le 22 juin 1636. Sidney H. AUFRERE, La Momie et la Tempête. Nicolas-Claude de Peiresc et la « Curiosité égyptienne » en Provence au début du XVIIe siècle, Editions A. Barthélemy, Avignon, 1990, p. 194. 281 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 231, note 2. 72 22 janvier 1636 – Aix-en-Provence à M. Petit Monsieur, J’ay receu la vostre du 15 par l’ordinaire et ne manqueray d’escrire à Rome pour le manuscrit du Joseph s’il y est, mais il faudroit sçavoir à peu prez ce que vous désireriés, car de le faire tout copier, je ne sçay s’il se trouveroit des personnes assez capables et assez affectionnées pour cella. Je vous conseille de passer oultre et de ne vous pas arrester à Canaus, qui avés occupations plus pressées282. Vous verrez ce que m’escript le bon P. Athanase de ses estudes sur la langue cophte. M. de Saumaise m’escript de Dijon qu’il travaille fort à sa Milice et y a découvert des merveilleux secrets. Et je demeure, Monsieur, Vostre…. De Peiresc A Aix, ce 22 janvier 1636. BI Carpentras, Ms 1875/277 v°

73 24 juin 1636 – Aix à M. Petit283 Monsieur, Ce mot accompagnera la lettre, cy-jointe, de M. Valloys, en attendant l’arrivée d’un ballot où l’on a mis trois exemplaires de son Ammianus dont il vous en a destiné l’un en fin papier. Il a esté fort travaillé de l’incommodité des yeux et de la presse que luy faisoient en mesme temps les imprimeurs pour ses notes qu’il luy falloit transcripre néantmoins de sa main tous les jours, à mesure que la presse roulloit, de sorte qu’il ne pouvoit escripre autre chose et ne m’avoit pas mesmes accusé la réception de diverses lettres que j’avois fait prendre au Vatican pour son Ammianus jusques à ceste heure, qu’il s’en loue grandement par sa lettre, et dict en avoir tiré de bonnes notices284, mais il est en appréhension que vous ne l’excusiez pas de son silence aussy facilement que moy, et me prie d’intervenir pour luy en un endroict ; ce que je faicts très volontiers et m’asseure que vous l’excuserez de bon cœur, comme je vous en supplie, il ne croye pas qu’il y ay eu autres lettres de vous que celle qui accompagnoit la feuille du /278/ Jo[hannes] Mallela, jurant de n’avoir jamais eu les précédentes, que les apparences que vous ayez peu donner de les luy avoir baillez , et je le vois et le trouve fort ingénu. M. Holstenius m’escript tout plein de beaux éloges de votre vertu et rare érudition sur vos livres Variarum et Miscellaneorum et que prou de gents les demanderont en cez pays là, si les libraires en faisoient venir. Si tost que vostre exemplaire de l’Ammianus sera arrivé, je le vous feray tenir285. Mais, vous ne me dites rien d’un bruict qui a couru icy que vous alliez en Frise ou à Utrecht, où je vous regretteray bien, voyant comme le pauvre M. de Saumaise a esté traicté à Leyden. Je demeure, Monsieur, Vostre… De Peiresc

282 Ce mot de Peiresc est intéressant, démontrant que Samuel Petit loin de penser à quitter Nîmes était tout à ses recherches en relation avec ses amis catholiques. 283 Cette lettre est signalée par Georges Maurin dans sa notice sur Petit (p. 23). 284 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 234, note 14. 285 Dans sa lettre du 16 septembre 1636 à Peiresc, Samuel Petit fait état de la réception l’Ammianus Marcellinus d’Henri de Valois. Philippe TAMIZEY de LARROQUE, Lettres inédites de Samuel Petit à Peiresc, op. cit., p. 64. A Aix, ce 24 juin 1636. BI Carpentras, Ms 1875/277v° et 278 r°

74 8 juillet 1636 - Aix à M. Petit Monsieur, Il y a quelques jours que je respondis à deux de voz lettres. J’ay depuis receu une vielle dépesche de M. Holstenius, où il faict si honorable mention de vous, citant si seurement vos recueilz Variarum et vos Meslanges que j’ay creu vous en debvoir donner advis, pour ne pas perdre l’occasion de luy rendre la pareille quand en rencontrerez des moyens. Il dict mesmes que plusieurs personnages qualiffiez des plus curieux du pais où il est en auroient voulontiers promeu & afferés leurs libraires s’il s’y en fust trouver des exemplaires à vendre. Au reste, l’on m’a voulu dire depuis deux ou trois jours que vous estiez recherché du costé de Hollande286 pour aller en quelque académie de la Frise ou bien en celle d’Utrecht287 qui s’est tout nouvellement érigée. Je ne l’ay pas creu, puisque je n’en aye aulcun advis de vostre part, et vous supplie de faire toujours un cas de mon service comme chose bien acquise et bien dévoué à vostre vertu & à vostre mérite … Monsieur, Vostre… De Peiresc A Aix, ce 8 juillet 1636. BI Carpentras, Ms 1875/278 r°

75 18 juillet 1636 - Aix à M. Petit Monsieur, J’ay receu la vostre du 8e de ce moys et faict tenir à M. de Vallois la sienne accompagnée des compliments que vous me permettez de luy faire de vostre part, dont je ne me tiens pas moins redevable, que luy le vous fera sans doute et vous en remercie cependant comme d’un tesmoignage bien évident des inclinations que vous avez de nous aymer l’un et l’autre, et de l’estime que vous faictes de son labeur sur l’Ammian dont je n’ay pas manqué de luy donner advis, espérant que nous aurons bientost le livre et que vous y trouverez encore mieux de quoy le presser, car il me mande avoir bien faict son proffit de diverses leçons et conférences faictes sur un vieux Ms du Vatican que je luy ay faict avoir peu avant la publication de son édition. M. de Fontenay-Bouchard s’estant donné ceste peine pour l’amour de luy et de moy, et je m’asseure qu’il en eust autant faict pour vous et vostre Josephe si vous nous eussiez voullu envoyer les passages qui en pourroient avoir le plus besoing comme avoit faict ledict Sr. de Vallois pour abbréger l’incommodité de faire une collation toute entière et conséquemment plus ennuyeuse. En un besoing, M. Holstenius l’auroit faict aussy volontiers et le feroit encores si vous vouliez nous cotter quelques lieux plus importantz, car il vous honnore selon le rare mérite de vostre vertu et non pour autre considération d’autruy, dont vous n’avez nullement de besoing quoyque vostre modestie vous en face dire au contraire.

286 Peiresc fait état des propositions dont Samuel Petit était depuis 1634 l’objet de la part d’André Rivet, ancien pasteur de Thouars et ancien professeur de théologie à l’université de Leyde, précepteur du jeune prince d’Orange, de venir à Franeker. Claude Saumaise avait engagé Rivet à faire ces propositions à Samuel Petit et l’on peut s’interroger si l’érudit bourguignon ne voyait pas d’un mauvais œil la relation privilégiée qui s’était établie entre Petit et Peiresc. 287 L’université d’Utrecht a été créée précisément en cette année 1636. Adelaïde BARBEY (Dir.), Hollande, Guides bleus, Hachette Littérature Générale, Paris, 1991, p. 493. Au reste, je me resjouys infiniment de la response que vous avez faicte au Sr. Rivet288, laquelle je feray valloir comme fault, Dieu aydant et seray tousjours trez ayse de vous servir tout aussy que vous le trouverez bon selon mon foible crédit, estimant qu’il ne tiendra qu’à vous d’avoir toute sorte de satisfaction, quant il vous plaira nous faire entendre voz intentions, lesquelles attendant je demeureray, Monsieur, Vostre… De Peiresc BI Carpentras, Ms 1875/278r°

278 V° 76 19 août 1636 – Aix à M. Petit Monsieur, Je manquay à mon grand regret de vous respondre par l’ordinaire passé sur vostre dernière du 29eme du passé dont je vous prie m’excuser et vous en demander très humblement le pardon et d’une bien plus grande faute concernant les mémoires des lieux de Joseph, que vous voulez faire conférer sur les mss de Rome dont ne faudroit il me semble à cette heure que vous m’aviez cotte quelque chose de se semblable, mais quoy que cest esté en temps que je me sois treuvé trop fâcheux de mes importunes maladies et occupations calfortables à mes vœux ou bien que j’eusse mal entendu vos intentions et que je ne pusse imaginer que vous me vouliez celler quelque chose de plus futil, tant est que cette petite besongne estoit demeurée à faire et l’occasion quasi perdue de vous servir puisque je ne la puis mesme faire que bien tard, mais j’en escriray, Dieu aydant, par le prochain et vous tiendray adverty de la response et de tout ce que nous en auront pu retirer. Pour M. de Thoulouse, je luy ay desja escript en faveur de M. Saumaise pour un volume des Tactiques et de M. Holtius pour un autre volume de son goust, sans que j’aye peu avoir la response. Bien ay-je sceu qu’estant luy à Paris, il ne s’excusoit que sur ce que les livres Mss. estoient dans ses coffres à Toulouse où il n’avoit pas esté despuis, s’il n’y est tout freschement nommé289. Je luy fairay une recharge tout aussi tost que je sçauray où il est, et ne vous oublieray pas m’assurant qu’il sera bien aise de vous rendre ce bon office ; et sur ce je demeureray, Monsieur, Vostre très humble & … De Peiresc A Aix ce 19 août 1636. Je n’ay rien de M. Holstenius, que 3 petits volumes in-4° gr. Lat. imprimé à Rome en papyer qu’il a bien eu de la peine à faire passer. BI Carpentras, Ms 1875/278v°

19 août 1636 - Aix à M. Tournier Monsieur, Si j’eusse eu par devers moy un exemplaire de l’Urfée (?) que vous me demandez, je le vous aurois incontinent envoyé, mais autant que j’en ay peu avoir, aultant a t-il esté enlevé par mes amis, en ayant eu aultant et plus de 8 ou 10 exemplaires de temps à autre, et ayant esté constraint d’en envoyer chercher jusqu’à Rome et à Naples. C’est pourquoy, je ne trouve pas estrange qu’il ne s’en trouve pas

288 Cette lettre du mois de novembre 1635 de Petit faisant réponse à une lettre de Rivet du 19 octobre 1635 ne paraît pas avoir parvenu à celui-ci. Petit fait état de cette lettre adressée par le canal de Drelincourt dans sa lettre du 21 octobre 1636 à Rivet. 289 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 242. à Paris, ni à Lyon pour le présent. Et faut bien que vous croyez qu’il s’en trouve encore, moins icy chez noz livraires, mais j’escriray à Rome pour voir s’il s’y en trouve encore quelques exemplaires frippés, car je sçay bien que chez les imprimeurs il y a longtemps qu’ils ne s’en trouve plus et si j’escrivois ce sera pour revancher des dernières obligations que je vous ay, désirant que vous me commandiez absolument et que vous fussiez estre de moy comme, Monsieur, Vostre De Peiresc A Aix ce 19 août 1636. BI Carpentras, Ms 1875/278v°

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77 28 août 1636 - Aix à M. Petit Monsieur, L’Ammianus Marcellinus de M. Vallois est arrivé bien opportunément291 pour s’en aller à vous avec les hardes de Messieurs de Pellot de Lyon, qui ont le désire d’avoir le bien de vous voir, pour proficter à toutes les plus belles antiquitez de vostre ville de Nismes. Vous recognoistrez bientost à leur aspect de la vertu et la générosité, que ceste preuve est la plus recommandable en des gentilshommes de leur condition & de leur aage, et serez bien ayse de les gratifier, je m’asseure, de l’honneur de vostre amitié. Je prendray part au bon accueil & à toutes les faveurs qu’ilz pourront recevoir de vous, sachant l’a>>> extresme que je faictz du service de leur maison, et particulièrement du Sr. M. Pellot292, leur père, qui a voyagé jusque dans le fonds de l’Ægypte et de la Perse où il a fait de très dignes remarques et observations293. Au reste, j’ay escript pour avoir les suppléments que vous désirez du Joseph Ms & espère que vous ne tarderez pas à les recouvrer. J’attends la response et l’autre exemplaire son frère dont on vous aura faict feste, & ne désire rien tant que de vous pouvoir tesmoigner que je suis, Monsieur, Vostre très humble & très obligé serviteur. De Peiresc A Aix, ce 28 aoust 1636. BI Carpentras, Ms 1875/281r°

XXV 16 septembre 1636 – Nîmes à M. de Peiresc

290 Les folio 279 et 280 n’existent pas. 291 Le 16 septembre 1636, Samuel Petit en réponse à cette lettre écrivait à Peiresc :« J’ay receu avec vostre lettre le Ammianus Marcellinus de Monsieur Vallois dont je vous remercie très humblement ». Lettres de Samuel Petit, N° XXV, p. 64. 292 Claude Pellot (1619-1683) était trésorier de France à Lyon et collectionneur d’antiquité. Il avait effectué un voyage en Terre-Sainte, en Egypte et en mer Rouge d’où il avait rapporté maintes objets dont un vase canope qui avait excité la curiosité de Peiresc. Sidney H. AUFRERE, La Momie et la Tempête. Nicolas-Claude de Peiresc et la « Curiosité égyptienne » en Provence au début du XVIIe siècle, Editions A. Barthélemy, Avignon, 1990, p. 125 et 156-158. 293 Dans sa lettre du 16 septembre 1636, Petit à propos des frères Pellot écrit :« je leur rendis tous les petis services que je peus et les accompagnay pour leur faire voir nos antiquités. Ils ne furent ici qu’un seul jour qui estait vendredi dernier ». Monsieur, J’ay receu avec vostre lettre le Ammianus Marcelinus de Monsieur Vallois dont je vous remercie très humblement et plus particulièrement encore du tesmoignage honorable qu'il vous pleust rendre de moy qui toutes fois m'en sens fort indigne, à Messieurs de Pellot qui les obligéa à prendre la peine de me voir, je leur rendis tous les petits services que je peus et les accompagnay pour leur faire voir nos antiquités ; ils ne furent ici qu'un seul jour qui estoit vendredi dernier ; j'eusse bien désiré leur pouvoir donner de plus grandes preuves qu'il n'y a rien clue je ne fisse, Monsieur, pour vostre service ou votre recommandation cependant je vous demande pardon des soins clue vous prenes pour le Joséphe et vous supplie d’aymer, Monsieur, Vostre très humble, très obéissant et très obligé serviteur. Petit. A Nismes, ce 16 septembre 1636. BNF, FF 9544, f°70.

78 15 octobre 1636 - Aix à M. Petit Monsieur, J’ay au soir recu la vostre du jour d’hier par le Sr. Raspal que j’eusse bien voulu servir pour l’amour de vous, Monsieur & de sa vertu, si je l’eusse peu, mais il passa avec tant de presse qu’il n’y eu guère de moyens, à mon grand regret ; vous remerciant de l’honneur de vostre souvenir et de la confiance que vous m’avez promis. Je suis bien ayse que soyez demeuré si satisfait du travail de M. de Valloy sur son Ammianus, ce qui me f>>>> à six heures quant > vous au libanius, mais j’ay bien esté plus ayse d’apprendre par vostre dernière de la poste que vostre Joseph est si bien advancé, que dans 6 moys vous espérez l’achever, dont je me conjouist avec vous à l’advance et prier Dieu qu’il vous tienne en pleine santé et en sa sainte garde. C’est, Monsieur, Vostre De Peiresc A Aix, ce 15 octobre 1636. BI Carpentras, Ms 1875/281r°

79 3 novembre 1636 – Aix à M. Petit Monsieur, En cas que M. Guyon passe >>>>>>>>>>> j’ay voulu faire ce mot d’adresse à vous afin qu’il aye le bien de vous voir et vous asseurer de la continuation de mon humble service. Enfin le livre des révélations d’Henoch en Æthiopie est arrivé à Marseille à bon port et je l’attends icy demain, Dieu aydant. Ce bon P. Gilles de Loches m’a promis d’en faire la traduction. Je n’espère pas, bien que ce puisse estre une version bien fidèle de celuy qui escrivoit du temps de St Jude, mais tousjours faut-il qu’il soit bien ancien et ce qu’on s’y trouveroit estrange de quelques prophéties, mais trop esloignées de celuy de l’Apocalypse, n’est pas mal compatible auquel s’en trouve dans l’Origène et Procope, si je ne me trompe, quand tout sera bien examiné294.

294 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 348, note 2. Je n’ay pas voullu manquer de cette bonne nouvelle et que M. de Vallois se loue grandement de la lettre qu’il vous a plus luy escrire, où il a trouvé bien de la consolation et du soulagement en son mal dont il se guarit dict-il visiblement. M. Holstenius promet ce que vous désirez du Joseph aussy tost que le retraicte au Vatican aura lieu et je demeureray, Monsieur, Vostre ... De Peiresc A Aix, ce 3 novembre 1636. Si vous recevez cette lettre avant le passage de M. de Bernet295, vostre premier président, vous ferez bien de le visiter car c’est un digne personnage & si vous avez rien sur Cicéron d’extraordinaire de luy en faire part, car il l’ayme bien et ma >>>>>. BNF, NAF, 5172, f° 98 r°

XXVI 4 novembre 1636 – Nîmes à M. de Peiresc Monsieur, J'ay receu celle qu'il vous a pieu de m'escrire par Monsieur Guion, à qui j’eusse rendu toute sorte de service si j’en eusse eu le moyen, au moins les lui eusse je offerts, si j'eusse este si heureus que de le voir. Je n'ay non plus veu Monsieur le Premier président qui n’est point passé par ici. Je suis infiniment aise de vostre livre d'Enoch Ethiopien et désire bien fort qu'il se trouve bon et rapportant ce peu que nous savons du livre d'Enoch par le rapport des anciens. J’attenday ce que Monsieur Holstenius nous fait espérer et vous demande pardon des soins qu’il vous plaist d'en prendre. Je loue Dieu de ce qu'il a relevé Monsieur Valois de sa maladie quelle fascheuse qu'elle lui ait esté ; le public s'en ressent le plus, le privant de ses doctes travaus. Je vous envoye le griffonnement du fascinus qui. est en nostre amphithéâtre, le bon Monsieur Peladan a pris la peine de les griffonner. Je prie Dieu, Monsieur, qu'il lui plaise vous conserver heureusement et longuement en bonne santé. Je suis, Monsieur, Vostre très humble, très obéissant et très obligé serviteur, Petit A Nismes le 4 novembre 1636. BNF, FF 9544, f°71

80 18 novembre 1636– Aix à M. Petit Monsieur, J’ay receu par l’ordinaire vostre response à la lettre que M. Guyon ne vous peu rendre en main à son grand regret, ensemble les griffonnements que vous a faict le bon homme M. Paledan & vous en remercie bien fort, bien >>>>>. J’attends par le prochain ordinaire d’Italie dans 2 ou 3 jours voz extraictz du Joseph, Dieu aydant & des vers qu’il m’a promis en l’honneur de la mémoire de feu Guillaume Schikard, l’un de mes meilleurs et plus dignes amys, pour qui M. de Viaz, de Marseille et M. de St Genier d’Avignon

295 Joseph de Bernet, président à mortier au parlement de Bordeaux venait d’être nommé premier président du parlement de Provence. ont faict de bien jolies pièces pour l’amour de moy, voir M. Gassend a voulu estre du nombre et s’en est acquitté avec la gravité et gentillesse qui y pourroient escheoir296. Je n’oserois vous prier d’en donner un rest>>> vous aussy, mais si ce ne vous estoit chose trop importune de vous y remettre à quelque heure de >>>>, je vous en aurois une singulière obligation pour la grande vénération que je porte au nom de ce grand personnage et si cella est, je vous envoyeray ce que j’ay eu sur ce subject de divers endroicts. M. le premier président du Bernet prent le droict chemin Lunel à St Gilles297 et s’en repenst bien, ayant perdu tout plein de ses gardes de ce costé là et l’occasion de vous voir et voz antiquitez qu’il a bien regrettée. M. Guyon eut tant de haste de courir aprez luy dez qu’il sceut son passage qu’il ne peut se donner le loisir de vous aller voir et M. le conseiller Cassagnes. Il n’entra pas mesmes dans vostre amphitéatre, où il eusse volontiers mené quelque peintre pour faire portraire cet fascini comme je l’avois prié de faire. C’est à dire avec les >>>> et deffectuositez d’antiquité, sans y rien suppléer comme a faict ce bon homme, et si trouver quelque jeune peintre qui s’en veulle donner la patience, vous me ferez plaisir de m’en envoyer un autre griffonnement bien fidèle et où il n’y aist rien de supplée. Excusez-moy de la peine et me tenez toujours, Monsieur, Vostre ... De Peiresc A Aix, ce 18 novembre 1636. BNF, NAF, 5172, f°98 r°

81 9 décembre 1636 – Aix à M. Petit Monsieur, Vostre lettre du 2ème est venuée tout à propos pour la tomondre à Monsieur de Toulouze tandis que vous le tenés là de vous départir son Joseph Mss que Monsieur Holsteneus a veu chés luy, espérant que vous n’en serez pas esconduitz et qu’il ne voudra pas lesser eschaper une sy vieille occasion de procurer que le public se puisse prévaloir par vostre moyen ce qui se pourra trever de bon de son livre. Je luy en demande par mesmes moyen d’autres tant pour M. de Saumaise et M. Holstenius que pour moy mesmes et l’invite à venir voir M. Gassend où je voudrois bien que vous eussiez peu estre cez jours passés pour voir non seulement Venus cornée comme la lune, mais Saturne avec des anars prodigieusses. Je vous remercie de la bonne volonté que vous avez pour la mémoire de feu Monsieur Sichard298. Je pense que vous avés son livre de Jus regium299 et celluy des Roys de Perse. Je vous envoyeray par la première commodité ce qu’il a faict sur l’observation de Mercure dans le soleil faict par M. Gassend et quelques lestres escrites sur son trépas et possible quelques poésies sur le mesme subject 300, me tenant infiniment redevable à vostre honnesteté de ce que voulez mettre en besongne pour réformer ce que le bon Monsieur Peladan avait faict de trop, estant marry de vostre paine et de ne vous pouvoir servir plus à souhaict, comme, Monsieur, Vostre très humble et très obéissant serviteur.

296 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 265. 297 Lunel et Saint-Gilles sont situés au sud-ouest et au sud-est de Nîmes. 298 Wilhelm Schickard professeur d’hébreu et de mathématiques à l’université de Tübingen, est décédé de la peste bubonique le 23 octobre 1635 à l’âge de 43 ans. Le Ms 1876 de la Bibliothèque Inguebertine conserve les copies de 6 lettres que Peiresc lui adressa entre le 17 janvier 1634 et le 14 juillet 1635 (f° 99 et suivants). 299 Jus regium Hebraeorum, e tenebris rabbinicis erutum et luci donatum a Wilhelmo Schickardo, Argentinae : impensis haeredum L. Zetzneri, 1625. 300 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 265. De Peiresc A Aix, ce ix décembre 1636. BNF, NAF, 5172, f° 98 v°

82 17 décembre 1636 – Aix à M. Petit Monsieur, Trouvant la bonne commodité du retour des conseillers au parlement de Thoulouse qui se va passer à Nismes, je n’ay pas voulu manquer de vous envoyer l’un des derniers opuscules de feu M. Schikard, qui est ce qui nous a particulièrement obligez, M. Gassend et moy, avec toute nostre nation de luy rendre ou à sa mémoire tous les témoignages de gratitude que nous avons peu en recognoissance de la peine qu’il avoit prise à faire valloir l’observation dudit Gassend de son Mercurini in sole et la vertu du personnage, en sorte que l’obligation en redonde sur tous ses amis et sur tout le nom françois aussy bien que sur le pais d’où il est issu. Vous y trouverez coppie de quelques lettres où sa mort et les misères de son païs de Tubinge, parmy lesquelles il est décédé, sont descriptes n’ayant pas voulu vous envoyer son libvre de Jus regium Hebraeorum, ni celluy des Roys de Perse, croyant que vous avez veu l’un & l’autre long temps y a. Vous y aurez aussy quelques vers desja faictz à son honneur, tant par M. Gassend que par M. Viaz et M. de St Geniez de ce pais. Il y en a mesme des grecz comparables aux meilleurs de la bonne antiquité et s’en attendantz par le prochain ordinaire de la main de M. Holstenius et veux prier M. Grottius d’en dire encore deux mots, de sorte que les vostres iront en bonne compagnie 301, Dieu aydant, regrettant le temps que vous y desroberez à de meilleurs estudes, mais puisque vous vous y estes si courtoisement disposé. Je le renveray à un très singulière faveur & obligation car ce pauvre desfunct m’avoit tesmoigné une si cordiale amitié & une inclination si grande à honorer& faire priser la note & les observations de M. Gassend que nous & nos amis ne luy en sçaurions jamais rendre d’assez dignes actions de grâces & recognoissance de nos redebvance. Au reste, je vous feray part sur ceste occasion de la bonne nouvelle que j’ay receu depuis peu, que nos instances & de nos amis ont enfin faict retrouver & mettre à rançon un grand volume ms trez antique du psautier hexapl en six colonnes & aultant de langues, qui avoit esté prins des corsaires l’année dernière, d’où j’espère qu’il se tirera bien du fruict quelque jour s’il peut une foys arriver à bon port en noz main, comme on me le fait espérer dans la fin de la présente année302, Dieu aydant, ce qu’attendant en bonne, je demeureray, Monsieur, Vostre très humble & très obligé serviteur. De Peiresc A Aix, ce 17 décembre 1636. Je vous envoyay par l’ordinaire la sepmaine passée une lettre pour M. l’archevesque de Thoulouse qui est en vos Estats. BNF, NAF, 5172, f° 98v

83 12 janvier 1637 – Aix à M. Petit Monsieur,

301 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 265. 302 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 347-348, note 1. J’ay receu à ce soir la vostre du 10 avec vos beaux vers sur le trépas de feu M. Skikard303, dont je vous remercie très humblement non sans regret du temps que vous vous estes desrobbé pour cella à vos plus sérieuses occupations, mais le public vous en demeure bien redevable quant et moy tost ou tard, car le mérite de ce personnage estoit digne de toute sorte de recommandation. Mais je suis bien marry que vous n’ayez receu les opuscules que je vous avois envoyez de cet autheur par un marchand cogneu à Marseille à des gents d’honneur auxquels j’en anvoyeray faire des reproches pour tascher de les recouvrer. Car encores y auroit-il à perdre si le recueil s’estoit esgaré. C’est bien du malheur que M. de Thoulouse se soit trouvé party pendant le destour de mes pauvres lettres et vous rendt grâces du soing qu’avez eu de les luy envoyer à Thoulouse, estant bien ayse que sa courtoisie ayt prévenu mon intercession pour son Josephe dont je m’asseure qu’il vous fera bien tost participant. Je feray entendre vostre ingénuité à M. Holstenius pour l’induire à ne vous pas celler ce qu’il m’avoit promis de vous déclarer dont je m’asseure que luy et ses amys vous debvront sçavoir bien bon gré. Vous aurez cette lettre des mains de M. de La Ferrière, médecin de Msgr le cardinal de Lyon qui est l’un des plus honnestes hommes du siècle. Je luy ay parlé d’une folle imagination que j’ay si l’on me pouvoit portraire en distances bien proportionnées les petits trous quarrez qui sont sur le frontispice de vostre maison quarrée. Possible y auroit-il moyen d’en restaurer quelque mot de l’inscription comme il m’a réussy ailleurs. S’il se trouvoit des massons ou couvreurs ou charpentiers qui peussent sans beaucoup d’incommodité faire placquer du papier mouillé sur les lieux une ligne aprez l’autre pour avoir les vrayes distances de cez trous. Je n’y espargnerois pas une demy douzaine d’escus pour voir d’y passer ma fantaisie. Et si M. de La Ferrière s’arrestoit là un jour, il s’en donneroit je m’asseure bien volontiers le soinget il vous auroit bien de l’obligation de l’assistance que vous luy donnerez, non seulement en cella mais en toute autre chose, luy estant desja infiniment redevable de tout plein de curieuses et pénibles recherches qu’il a faictes par toute l’Italie pour l’amour de moy, où il a heureusement non seulement accomply tout plein de mes vœux, mais surpassé mes espérences par la surabondance de son honnesteté et bonne volonté en mon endroict. S’il falloit employer M. le conseiller de Cassaignes pour faire agir ces ouvriers, je m’asseure qu’il ne s’y espargneraict pas si vous l’en priez de ma part comme je vous en supplie demeurant, Monsieur, Vostre … De Peiresc A Aix, ce 12 janvier 1637. BNF, NAF, 5172, f° 99 r°

84 3 février 1637 – Aix à M. Petit Monsieur, Veu une lettre de M. l’Archevesque de Thoulouse qui m’asseure que par la première commodité asseurée, il vous fera tenir ce Ms de la version du Rufin et son texte grec du Josephe conféré aux Mss de la bibliothèque du Roy de sa propre main pendant un profond loisir. Il me tardera qu’il ayt trouvé la commodité qu’il en cherche et que je puisse avoir moyen de vous rendre quelque bon service. M. Holstenius m’escript par le service ordinaire de Lyon, car il ne fut à temps à celluy de Gènes qu’il n’avoit encores peu trouver la conjoncture propre pour collationner voz passages de Josephe, mais qu’il espéroit de s’en acquitter bien tost. Je l’y reprieray. Au reste, je suis bien ayse qu’ayez receu les livres du Sr. Schicard et que soyez demeuré satisfaict du Sr. de La Ferrière, mais je regrette qu’il ayt sy peu /99v°/ séjourné et qu’il vous ayt endossé toute la courcée de ce fronton de la maison quarrée, qui est fort difficile à prendre comme je le voudrois pour resver sur la proportion des distances des trous et voir si [les] lestres qui y estoient

303 Cf. Peiresc à Saumaise, p. 265. cranponées se pourroient suppléer comme d’autres un peu moins capables de mettre en confection. Excusez-moy de tant de peine & me croyez tousjours, Monsieur, Vostre … De Peiresc A Aix, ce 3 febvrier 1637. BNF, NAF, 5172, f° 99 r° et v°

XXVII 10 mars 1637 – Nîmes à M. de Peiresc Monsieur de Peiresc. Monsieur, j'ay receu vostre lettre du 3e février avec la lettre jointe de M. l’archevesque de Toulouse, et celle que vous m'adressés pour faire tenir à Montpellier le septiesme de ce mois, le paquet ayant esté porté a Paris et raporté de là icy. J'ay faict tenir à Montpellier ce jourd'huy la lettre. M.. de Toulouse promet de m'envoyer son Josephe et un Ms. latin de la version de Ruffin, dont il y en a aussi un chés M. de Thou. Je vous envoyer un griffonnement du fascinus, et par un prochain ordinaire, je vous envoyeray les trous quarrés du frontispice de la maison Quarrée. Les longeurs du retardement sent venües de l'absence d'un bon maistre, car s'il eust esté en ville, vous seriés desjà satisfaict, veu que je n'ay autre passion que de vous tesmoigner que je suis, Monsieur, vostre, etc. Petit. A Nismes, le 10 mars 1637. B. Méjanes Aix, Ms 209 (1027), f° 277-278.

85 27 avril 1637 – Aix à M. Petit Monsieur, Je n’avoys point sceu vostre indisposition et ay esté grandement ayse d’apprendre vostre guérison par vostre lettre du 21ème304 et le voyage que vous alliez faire à Valence305, principalement pour l’espérance d’y achepver vostre affaire de 4 000 livres de gages qui vous sont deues de reste, dont il me tarde bien que vous puissiez vous faire dresser, et si Monsieur Le Grand vous peult ayder, ne faictes pas de difficulté de l’y employer librement. Je suis bien aise de l’ouvrage de diverses leçons que vous voulez donner en passant et qu’ayés receu le Joseph de Monsieur l’archevesque de Thoulouse, collationné sur tant de Mss avec son Rufin306. Monsieur Grotius, il avoit avant fort employé quelque étude, en ce que Monsieur Holstenius m’escript, qu’il vous communiqueroit, je m’assure très volontiers, si vous l’en vouliez requérir en

304 Si Tamisey de Larroque à publié la lettre du 10 mars 1637 de Samuel Petit, il n’a pas retrouvé cette lettre du 21 mars 1637 où Petit informait Peiresc de son départ pour Paris, avant de se rendre à Alençon où il devait représenter la province du Bas Languedoc au Synode national protestant qui devait se réunir le 28 mai en cette ville de basse Normandie. Par deux lettres de Petit à André Rivet, nous savons qu’il était encore à Paris le 21 mai et que le 18 juillet il était à nouveau à Paris de retour d’Alençon où le synode s’était achevé le 10 juillet. 305 Le secrétaire qui a rédigé cette minute a écrit Valence au lieu d’Alençon peu familier du nom de cette ville. 306 Dans sa lettre du 10 mars 1637, Samuel Petit écrivait à Peiresc que M. de Toulouse promet de m’envoyer son Josephe et un Ms. latin de la version de Ruffin, dont il y en a aussi un chés M. de Thou. Lettres de Samuel Petit, N° XXVII, p. 67. passant par Paris, où je vous fais l’adresse de la présente despeche, voyant bien qu’elle ne sçauroit mesmes arriver à Nismes à temps avant vostre despart mesmes ou le lendemain que passe le courrier par vostre ville, oultre le danger ordinaire que les lettres n’aillent plus oultre par équivoque, mais je m’imagine que vous irez voir en passant Messieurs du Puy où vous trouverez la présente avec les conférences de vos passages sur le Ms du Vatican bien marri qu’on n’y aye rien trouvé de plus relevant & plus digne de vos louables curiositez, mais il fault se contenter de ce qu’on peult avoir et sçavoir bon gré de ce peu que le bon Monsieur Holstenius y aura glané, luy laissant la liberté de son advis et de son humeur, qui est parfoys un peu trop incliné à contradiction, mais non pas de mauvaise volonté, et particulièrement pour vous, car je sçay qu’il vous honore infiniment, et ne se peult lasser de louer vostre vertu & vostre littérature. Je suis honteux de la peine que vous avez prise de me faire pourtraire le frontispice de vostre Maison quarré avec les vestiges de l’inscription qui y peult avoir esté, & me tarde bien de voir s’il s’en pourra rien deschiffrer, & d’avoir quelques dignes moyens de vous servir en revanche comme, Monsieur, Vostre De Peiresc A Aix, ce 27 avril 1637 # /281 v°/. # Sy vostre chemin s’addonnoit à passer par Orléans, je vous prie d’y chercher un très honneste homme nommé Monsieur Lefebvre, qui avoit ce dict on obtenu quelque régence en droict, lequel avoict longuement demeuré à Thoulouse chez Monsieur de St Jory & y avoict bien estudié sur les cins volumes des Baziliques de feu Monsieur de Cujas, lesquelles il avoict mesmes transcriptes. Et seroit bon d’en apprendre ce que vous pourriés tirer de sa bouche pour la quallitté de ses volumes et >>>>> pressentir s’il n’en auroit point quelque coppie auquel car je voudrois bien voyr ce qu’il y peult avoir des loix Rhodienus maritimes ou sçauroyt s’il y a rien de particuliers, mais il fault y aller avec grande rézerve crainte qu’il ne desadvoue & le prendre peu à peu & pied à pied. Sy vous rencontriez jamais quelques ms du Curtius d’ou se puissent suppléer quelques unes des lacunes quy sont aux Esitiane, vous feriez œuvre bien méritoire de nous en advertir. BI Carpentras, Ms 1875/281r° & v° IIème PARTIE Correspondance de Samuel Petit, à André Rivet -=-

Dans cette seconde partie nous quittons la face idéale du monde du savoir ou un protestant échange ce savoir avec un catholique en bonne harmonie avec une autre face de la réalité de ce temps où l’on voit les querelles internes entre protestants et combien il leur était difficile de vivre dans un monde majoritairement catholique. Le nombre de lettres constituant cette partie est pour le moment assez maigre, le corpus le plus important est constitué par la quinzaine de lettres ou Samuel Petit répond à l’invitation d’André Rivet de venir le rejoindre aux Provinces Unies307. Samuel Petit qui ne se sent pas menacé dans sa chère ville de Nîmes est visiblement de plus en plus agacé par la pression qu’exerce sur lui le pape des huguenots. Samuel Petit en fait avait un autre sujet d’inquiétude, la conduite de son neveu Samuel Sorbière, fils de sa sœur Louise Petit et d’Etienne Sorbière, né le 17 septembre 1615 qu’il avait accueilli après la mort de sa sœur et de son beau-frère. Après qu’il eut pris auprès de son oncle « les premières teintures des belles lettres », Samuel Sorbière alla en 1639 à Paris poursuivre ses études. Mais ayant conçu du dégoût pour l’étude de la Théologie, il entrepris des études de Médecine qui lui convenait mieux. Il passa en Hollande en 1642, raison pour laquelle Petit dans sa dernière lettre du 29 avril 1643 à Rivet demande à ce qu’il veille sur lui. René Pintard mentionne que la Bibliothèque Nationale de France dans le Fonds latin à la cote 10352 conserve des éléments de la correspondance que Petit et son neveu s’échangèrent entre 1639 et 1643308, mais malheureusement cette correspondance est en latin, ce qui se révèle un écueil pour nous ne connaissant pas cette langue. Il reste à espérer qu’un latiniste veuille bien nous accorder son aide ou prendre le relais. De même leur rédaction en latin ne nous permet pas d’exploiter les lettres de Samuel Petit à J. F. Gronow conservées à la Bibliothèque de l’Université de Munich datées des 21 janvier 1638, 23 mars 1638, 24 mai 1638, 14 novembre 1639, 8 décembre 1639 et 29 avril 1643309. Il en est également de même pour les deux seuls vestiges de la correspondance que Samuel Petit entretint avec Claude Sarrau310 et Hugo Grotius311 que nous avons trouvés. Lettres qui pour le moins témoignent de la réalité de leur relation épistolaire. Samuel Petit était contre les innovations, dans sa lettre Sarrau cherche à le persuader qu’il n’a rien à redouter des travaux de Louis Cappel sur la Bible. Touchant Grotius, Petit apparaît avoir eu des rapports cordiaux avec lui.

307 Lettres de Samuel Petit qui rappelons le sont à l’origine du présent travail sur Samuel Petit. 308 René PINTARD, Le Libertinage érudit pendant la première moitié du XVIIe siècle, op. cit., p. 335-337, 627, 669. Pintard fait état notamment dans cette série de lettres de Petit à son neveu du III Non. Jan. 1640 et du X Kal. Mart. 1641. 309 Paul DIBON, Hans BOTS et Eugénie BOTS-ESTOURGIE, Inventaire de la correspondance de Joh. F. Gronovius (1631- 1671), Martinus Nijhoff, La Haye, 1974, p. 50, 53, 55, 81, 82 et 102. 310 Lettre en latin de Claude Sarrau à Samuel Petit du 19 janvier 1640. Cette lettre fait partie du choix de lettres de Claude Sarrau que son fils Isaac avait assemblé et publié en 1654 et que Pieter Burmann avait réédité en 1697 à Ultrajecti (Utrecht) à la suite de celles de Marquardi Gudii. C’est dans cette seconde édition que nous avons puisé cette lettre : 2e partie, Epistola XVII, p. 21-22. 311 Lettre en latin de Samuel Petit à Hugo Grotius du 23 juillet 1642, conservée à la Bibliothèque royale de La Haye 76 B 62 a été publiée par H.J.M. Nellen et Cornélia M. Ridderikhoff (Eds), Briefwisseling van Hugo Grotius, tome 13, Martinus Nijhoff, Den Haag 1990, p. 336, lettre N° 5805. Elle est consultable sur INTERNET sur le site de la Digitale Bibliotheek voor de Nederlandse Letteren. 1633 – La Haye Claude Saumaise à André Rivet La première partie de cette lettre non datée de Saumaise à Rivet donne la raison de la relation épistolaire qu’entreprit André Rivet avec Samuel Petit. On peut s’interroger sur les raisons de Saumaise à le vouloir faire partir de Nîmes pour Franeker, plus que sur sa sécurité, l’on peut en effet se demander s’il ne prenait pas ombrage de la notoriété dont jouissait Samuel Petit auprès de l’intelligentsia de l’époque. Monsieur, Le landemain que j’eus l’honneur de vous voir, Monsieur Staachmans312, pour qui j’avois baillé un pacquet à vostre homme, me vint trouver et me parla d’avoir un professeur de françois pour mettre à Franeker en la place de Monsieur Amesius313 et me dit qu’il vous en parleroit aussi, si tost qu’il seroit de retour à La Haye qui devoit estre le mesme iour. Si vous n’avés quelques parents à qui vous trouviés bon de faire tomber cette condition, ie croi que nos veus et nos volontés se recontreroient sur un mesme qui est Monsieur Aubertin314, au cas qu’il voulust l’accepter et qu’il désesperast entièrement d’estre rétabli. C’est pourquoi si vous trouvés à propos de lui en escrire, ie lui en escrirai aussi et me semble qu’on n’en doit faire l’ouverture à personne qu’il n’ait refusé. S’il refuse, ie vous laisse à iuger de quelque aultre qui pourra estre propre pour remplir cette place. Il me semble vous avoir ouï dire, lorsque vous estiés ici, qu’on vous avoit escrit de Paris que Monsieur Petit eust bien désiré de trouver quelque condition en ces quartiers315. J’estime, s’il estoit en cette volonté là, que l’on pourroit choisir un pire et point de meilleur. On lui remettroit par ce moyen la hardiesse dans le ventre à parler et escrire plus librement contre des gens qui ne nous espargnent point. Et pourquoi les espargneront nous ? Avec cela, il est sçavant aux langues. Vous y adviserés et, si vous n’en savés point de plus durable, vous l’indiquerés à ces Messieurs, au cas que Monsieur Aubertin ne veuille venir. C’est pour m’acquiter de la promesse que i’ai faitte audit Sr. Staachmans de vous en escrire et d’en conférer avec vous […]. Monsieur, Vostre très humble et très affectionné. Saumaise 316 B. U. Leyde, BPL 283/287

1er août 1634 – Aix aux frères Dupuy Au début du second semestre 1634, Samuel Petit se rendit à Paris pour veiller à l’impression de ses Leges Atticæ. Peiresc signale son arrivée prochaine à Paris aux frères Dupuy dans cette lettre du 1er août 1634.

312 Willem Staeckmans (1641) était alors député aux Etats de Frise et membre des Etats Généraux. Il occupa aussi la fonction de Bourgmestre de Franeker. Il se dépensa pour promouvoir les lettres et entretint des relations avec Saumaise. 313 Guillelmus Amesius (1576-1633), un puritain anglais, qui avait occupé la chaire de théologie de l’université de Franeker de 1622 à 1633. 314 Edmé Aubertin (1596-1652), originaire de Vitry-le-François, après avoir exercé le ministère à Chartres, était devenu en 1631 le quatrième pasteur de Charenton. En 1633, il avait l’objet d’une prise de corps pour s’être présenté dans son traité sur l’Eucharistie publié à Genève comme ministre de l’Eglise réformée et d’avoir qualifié Bellarmin et du Perron « adversaires de l’Eglise ». Sur les conseils du maréchal de La Force, Aubertin dut se réfugier à l’ambassade de Hollande. Comme Petit, il songeait à quitter la France, mais comme celui-ci il ne partit jamais et en 1635 avec la permission de Richelieu exerça à nouveau son ministère à Charenton sous réserve qu’il ne tienne plus de controverses en chaire et « qu’il nourrisse son troupeau de bonne et saine doctrine ». 315 Samuel Petit avait été député à Paris par l’Eglise de Nîmes pour essayer d’empêcher l’application d’une ordonnance du 23 juillet 1633 qui ordonnait que la direction des études et de l’internat du collège de Nîmes serait remise aux jésuites. 316 Pierre LEROY et Hans BOTS, Correspondance de Claude Saumaise & André Rivet échangée entre 1632 et 1648, op. cit., p. 47. Monsieur Petit arriva, et n’est party que depuis quelques heures pour vous aller voir aussy, nous ayant eschappé comm’un esclair. Lettres de Peiresc, tome III, p. 155-156.

6 octobre 1634 – Paris Guillaume Rivet à son frère André Guillaume Rivet (1581-1651), Sieur de Chanvernon, pasteur de Taillebourg, était le frère cadet d’André Rivet, était venu à Paris pour défendre son droit de prêcher en dehors de son Eglise que voulait lui interdire l’évêque de Saintes. Dans cette lettre du 6 octobre 1634, il fait état à son frère de la présence de Samuel Petit à Paris. Monsieur Petit de Nismes, qui est ici pour pareille affaire que moy, vous baise les mains & vous escrire par le premier messager, autant en font tous nos autres frères. B. U. Leyde, BPL 287/I/65.

7 novembre 1634 – Aix Peiresc aux frères Dupuy Vous remerciant encore trez humblement de l’assistance que vous promettez à M. Petit, tant pour le Josephe que pour ses aultres interests, auxquels je prendray tousjours la part que je doibs, comme aux obligations que vous continuerez d’acquérir sur luy, quelque inclinaison que vous puissiez avoir de vostre mouvement. Lettres de Peiresc, tome III, p. 200.

24 novembre 1634 - Paris Samuel Petit à André Rivet Cette lettre est indubitablement la première lettre de Samuel Patit à André Rivet. Il répond à l’offre que lui avait Rivet de venir à Franeker dans une lettre que celui-ci avait écrit à son frère Guillaume présent à Paris. Monsieur, J’attendois que le recueil des Loys attiques317, que mes amis m’ont obligé de donner au public, fust achevé d’imprimer, pour trouver quelque juste subjet de vous escrire, mais l’honneur, que vous me faites de vous souvenir de moy, m’oblige par trop, pour ne vous en rendre par des très humbles remerciemens, comme je fais. Monsieur de Chanvernon m’a communiqué la partie de la lettre en laquelle il vous avoit pleu faire mention de moy sur l’affaire de l’Académie de Franeker. Sur quoy, je vous diray, Monsieur, que combien qu’aujourd’huy je me trouve sans employ & tout a fait en liberté pour prendre parti, où il me plaira, le sentiment que j’ay de mes foiblesses & de mes défauts ne me permet pas de penser à monter en lieu éminent, de peur qu’on n’y remarque pas trop mes imperfections318. Je me contente de les avoir en partie cachée dans un pays qui ne se ressent que trop de la barbarie de ses anciens habitans. Entre des gens qui n’ayment pas les lettres, l’affection que je leur porte a peu faire escrire à quelques uns que je n’avois appris quelque peu. Mais vous me pardonnerés, Monsieur, s’il vous plaist, si je vous dis, que vous mesmes, quand vous m’examineriés de près, ne pourriés pas faire un si favorable jugement, ce n’est pas que je ne

317 Leges Atticæ, Paris, 1635, in-fol, de 557 pages. A propos de cet ouvrage Saumaise dans sa lettre du 3 juillet 1635 écrivait à Rivet :« Le livre de Monsieur Petit me semble plus recommandable pour sa grosseur et la farcissure de ses passages que pour le bon ordre et le bon jugement qu’il y ait apporté ». Pierre LEROY et Hans BOTS, Correspondance de Claude Saumaise & André Rivet, op. cit., p. 74. 318 Cette modestie exagérée est en fait un indice qui aurait dû dès le début faire comprendre à Rivet que Petit n’avait aucun désir de quitter sa ville natale. désirasse bien le pouvoir mériter, mais je say trop peu pour l’espérer, c’est pourquoy je vous prieray que de me faire la faveur de croire que je suis avec passion, Monsieur, Vostre très-humble & très-obéissant serviteur. Petit Paris, ce 24 novembre 1634. B. U. Leyde, BPL 301/130

8 décembre 1634 – Paris Samuel Petit à André Rivet Monsieur & très-honoré frère, Ce m’est un subjet de très-estroite obligation que vous & Monsieur Saumaise ayés pris la peine de vous souvenir de moy, pour me procurer quelque repos en une vocation par de là. Je say bien que je ne le puis pas trouver dans l’estat auquel sont nos Eglises, par de ça, mais aussi ne le puis pas espérer en vos quartiers, veu le peu que je say, & que je puis, je me cognois trop bien pour en juger autrement ; & c’est aussi la cause que je me suis amusé jusques ici à choses de peu d’importance & de conséquence ; quoy que je désirasse bien de pouvoir servir à des meilleurs ; que si Dieu me donnoit de la tranquillité en quelque part, je m’y employerois de très bon cœur, sachant fort bien combien je suis obligé de servir à Dieu, qui m’a donné la cognoissance de sa vérité, & à l’Eglise en laquelle j’ay eu l’honneur de naistre, & de servir à son édification autant que mes foiblesses me l’ont permis. Ce me sera, s’il vous plaist une assurance de mes intentions pour l’advenir, & que je désire avec passion déférer à vos saintes exhortations, car aussi je suis, Monsieur, Vostre très-humble & très-obéissant serviteur. Petit Paris, ce 8 décembre 1634. B. U. Leyde, BPL 301/131

12 janvier 1635 – Paris Guillaume Rivet à son frère André Samuel Petit quitta Paris le 12 janvier 1635. Guillaume Rivet dans cet extrait de sa lettre de ce jour à son frère fait état de son départ : J’attendois de vous response à Monsieur Petit qui vous a escrit deux fois. Mais désormais les vostres ne le trouveront plus ici ; veu qu’il part en peu d’heures & vous dit adieu par ses lettres que je joints à celle-ci. Il a laissé deux copies de son livre à Monsieur Chalas pour en faire tenir une à vous & l’autre à Monsieur Saumaise. B. U. Leyde, BPL 287/I/79.

23 janvier 1635 – Aix Peiresc aux Frères Dupuy Il me tardera d’apprendre que M. Petit soit de retour chez luy sain et saulve et de voir ses loix Attiques qui seront sans doubte fort bien receües et l’eussent esté beaucoup mieux s’il eust adjousté la version des allegations Grecques, dont je luy avoys bien formé la difficulté dez son passage par icy, quand il nous monstra son autographe. Lettres de Peiresc, tome III, p. 263 21 septembre 1635 – Aix Peiresc à Gassendi à Digne Extrait Nous avons icy M. Petit qui nous promet d’y estre tout ce moys, Dieu aydant ; il est tousjours plus modeste et plus honneste ; il va donner les Loix Attiques, et ne s’est peu desprendre tout ce jour d’huy de la lecture d’un ancien Père grec, Ms. sur St. Mathieu, dont nous ne sçavons pas le nom, d’aultant qu’il y manque le commencement, et jusques au quatriesme chappitre de St. Mathieu, et encores un peu de la fin du dernier chappitre. L’escriture est de cinq à six cents ans environ. Il vous honore grandement. Lettres de Peiresc, tome IV, p. 549.

19 octobre 1635 – La Haye André Rivet à Samuel Petit Lettre dont fait état Samuel Petit dans sa lettre suivante.

21 octobre 1636 – Nîmes Samuel Petit à André Rivet Monsieur, J’ay appris, par une lettre de Monsieur Chalas, que vous estiés en peine de savoir de mes nouvelles touchant l’affaire que vous m’avés fait l’honneur de me proposer de la part de Messieurs de l’Université de Franeker. Sur quoy, je vous diray que je n’ay receu qu’une seule lettre : vostre en datte du 19 octobre 1635, à laquelle je fis response par la mesme voye, & suis bien assuré qu’elle fust rendue à Paris à Monsieur Drelincourt319, qui m’avoit envoyé la vostre. Du depuis, je n’avois point ouï parler de ceste affaire. Je vous avois remercié par ma précédente, comme je fais encor par celle-cy, de l’honneur qu’il vous plaisoit me procurer, dont je vous suis de plus en plus estroitement obligé, que moins je le mérite, & vous assurois que j’estois tout prest à rendre à ces Messieurs tous mes services, s’ils leur agréeroient. Je ne change point encore d’advis, & suis en ceste mesme résolution, remettant, Monsieur, à vostre sage conduite tout le demeurant. Vous m’avés jusques ici tant tesmoigné de bonne volonté, que j’ose m’en promettre la continuation, & que vous aymerés tousjours, celui qui est, Monsieur, Vostre très-humble & très-obéissant serviteur. Petit A Nismes, ce 21 octobre 1636. B. U. Leyde, BPL 301/133

21 janvier 1637 – Nîmes Samuel Petit à André Rivet Monsieur, J’apprens, par des lettres de Monsieur Chalas, que vous n’avés point receu de mes lettres pour response à celle que vous me faisiés l’honneur de m’escrire touchant la vocation de Franeker. J’en ay

319 Charles Drelincourt (1595-1669), originaire de Sedan, était le pasteur de Charenton qui avait le plus d’affinités avec André Rivet comme le démontre ses 160 lettres que conserve le Fonds Rivet de la Bibliothèque de l’Université de Leyde. La correspondance de Petit à Rivet fait apparaître qu’il servit d’intermédiaire entre eux. esté bien estonné, vous en ayant escrit par réitérées & diverses fois, mesmes la dernière par l’adresse de Monsieur Justel320. Je vous disois, comme je fais encore, que je recevois avec tous les ressentiemens de respect & d’honneur celui qui m’estoit procuré par vous, & qu’estant, comme je suis, en pleine liberté, je me disposerois à suivre la vocation de Dieu & rendre à ces Messieurs les services que je pourrois, vous suppliant pour tout le demeurant d’en traiter comme vous jugeriés expédient. Il n’y a rien qui du depuis m’aye peu obliger à changer ceste résolution ; ains au contraire il y a beaucoup de considérations qui m’y confirment, & principalement les dissentiments que je vois naistre parmi nous, & qui nous menacent d’une ruine entière. J’ay leu avec regret dans les sermons, qu’on nous baille pour adoucissement, des hypothèses fort hétérodoxes, & dont on tire des conséquences qui détruisent la Religion chrestiennen, & qui sauvent les hommes sans cognoistre & sans croire en J. Christ. C’est le grand chemin pour aller à ceste proposition Cole damonium visitatis & cela se fait pour par des nouvelles expression respondre aux Arminiens. Bon Dieu que ceste nouveauté nous coustera qui ne satisfait pas aux inconvéniens des adversaires, si Dieu n’a pitié de nous. Elle m’oblige à faire le souhait du Prophète, à avoir une cabane de voyage, mesmes au départ. Pardonnés, s’il vous plaist, à mon juste ressentiment, & me faites la faveur de m’aymer, & de me croire, Monsieur, Vostre très-humble & très-obéissant serviteur. Petit A Nismes, ce 21 janvier 1637. B. U. Leyde, BPL 301/135

6 janvier 1637 – La Haye André Rivet à Samuel Petit Lettre dont fait état Samuel Petit dans sa lettre suivante

17 mars 1637 – Nîmes Samuel Petit à André Rivet Monsieur, J’ay receu la vostre en datte du 6 janvier le quinziesme de ce mois, & veu par icelle combien je vous suis obligé, & à Monsieur Stakmans du favorable jugement qu’il vous plaist faire de mes estudes, & de l’honneur de la recerche de Messieurs les curateurs de l’Académie de Franeker, pour estre employé par eux en la profession de Théologie. Je me cognois trop bien pour me recognoistre indigne de l’un & de l’autre, & pour ne le tenir de vostre pure bonté. J’osois bien me promettre cela de la vostre en particulier, mais les effets de celle de Monsieur Stakmans ont esté au delà de mes espérances, & je vous supplie, Monsieur, de permettre, que je lui offre mes très-humbles services, & l’assure qu’il n’y a personne qui lui soit plus acquise que moy ; & pour respondre à ce que vous & lui désirés savoir de moy, je vous diray que je suis tout prest d’accepter l’honneur que me font ces Messieurs aux conditions que vous me marqués dans vostre lettre, & vos précédente. S’ils traitent les autres, qui servent à leur Académie en mesme profession, de la façon, je n’ay plus rien à demander d’eux, outre que ce ne sera jamais la considération des gages qui me fera accepter ou refuser aucune vocation, il me suffit que je puisse servir à Dieu, & au public, selon ma petite portée.

320 Christophe Justel (1580-1649), l’historien et érudit protestant parisien, ancien secrétaire et conseiller du duc de Bouillon. Il était un correspondant d’André Rivet. Vingt-huit lettres de lui allant du 27 juin 1622 au 17 mai 1648 son conservées dans le Fonds Rivet de la Bibliothèque de l’Université de Leyde. J’espère de vous pouvoir encor escrire de plus près, de Paris ou d’Alençon, le Synode de ceste province ayant voulu que je me trouve de sa part au National avec Monsieur Gigord321, pasteur de l’Eglise de Montpellier, & fils de celui que vous avés bien cognu ; & qu’il plaise à Dieu de m’appeler, je tascheray de vous rendre des preuves, que je suis véritablement, Monsieur, Vostre très-humble & très-obéissant serviteur. Petit A Nismes, ce 17 mars 1637. B. U. Leyde, BPL 301/137

28 avril 1637 – Aix Peiresc aux frères Dupuy Je vous recommande le pacquet pour M. Petit, qui part vendredy pour aller à l’assemblée d’Alençon et passera par Paris non sans vous voir, je m’asseure. Lettres de Peiresc, tome III, p. 669.

7 mai 1637 – Aix Peiresc à Holstenius Extrait J’ay donc recu le cahier des passages du Josephe conferez sur les deux Ms du Vatican et de la Palatine, que j’ay incontinant envoyez à Paris à M. Petit, lequel s’y estoit acheminé depuis peu, m’asseurant qu’il s’advouera bien vostre obligé de ce labeur et le sera bien davantage si vous trouvez la commodité de luy faire entendre voz sentiments, ou les motifs pour lesquels vous ne vouldriez pas vous despartir de l’édition de Basle, pour suyvre ses conjectures, comme vous me les faictes espérer. Lettres de Peiresc, tome V, 476-477

21 mai 1637 – Paris Samuel Petit à André Rivet Monsieur, Passant par ceste ville pour me rendre à Alençon, s’il plaist à Dieu, j’ay prié Monsieur Chalas de vous addresser ceste lettre, par laquelle je vous prie de me continuer l’honneur de vostre amitié & vous assurer de mes très-humbles services. Je ne sçay combien de temps nous serons là, mais l’affaire de Saumur me fait craindre un plus long séjour que je ne désirerois322. Dieu vueille nous addresser si bien par son Esprit, que nous puissions estoufer ses disentimens qui sont si préjudiciables à la paix de l’Eglise, & vous conserve longuement pour le bien d’icelle. Je suis, Monsieur, Vostre très-humble & très-obéissant serviteur.

321 Philippe CORBIERE dans son Histoire de l’Eglise de Montpellier, Montpellier et Paris, 1861, p. 115-119, mentionne que Jean Gigord, né en 1564, qui avait débuté sa carrière pastorale en 1584 à Pignan, aurait été pasteur à Montpellier pendant plus d’un demi-siècle ce qui paraît bien long. Il fut président en 1614 du synode national de Tonneins auquel André Rivet participa et fut l’un des secrétaires (Frères HAAG, La France protestante, tome X, p. 291). La remarque de Samuel Petit fait penser qu’il y eut deux Jean Gigord portant le même prénom et que c’est Jean Gigord fils qui participa en 1637 au Synode national d’Alençon. 322 Passage cité par F. P. van STAM, The Controversy over the Theology of Saumur, 1635-1650. Disrupting Debates among the Huguenots in Complicated Circumstances, APA-Holland University Press, Amsterdam-Maarssen, 1988, p. 116. Petit Paris, ce 21 may 1637323. B. U. Leyde, BPL 301/139

3 juin 1637 – Aix Peiresc à Holstenius Je n’ay pas encore eu de responce de M. Grottius concernant les révélations d’Henoch […]. Je luy avois escrit en faveur du Sr. Petit, pour luy faire communiquer ses observations sur le Josephe. Et M. Petit m’escript de Paris du 21 may, qu’il luy avoit ma lettre et en avoit esté fort favorablement receu, mais qu’il l’avoit asseuré de n’avoir jamais eu de dessein de travailler sur cet autheur et n’avoit pas faict dessus aulcune observation considérable, que trez volontiers il luy eust communiqué tout ce qu’il eust observé, pour l’honneur qu’il porte à sa vertu, et pour l’amour de moy. Il m’accuse la réception de voz diverses leçons sur Josephe dont il se tient grandement vostre obligé, et ne manquea pas de vous remercier comm’il doibt, mais il partoit pour Alençon, fort pressé. Il vouldroit bien que vous l’obligeassiez de luy cotter les faultes qu’avez rencontrées en ses escripts sur ce subject, car il seroit bien aise de se conformer à vostre advis en ce qu’il pourroit et de vous en rendre graces publiques et privées, et toutte sorte de tesmoignages de sa gratitude. Lettres de Peiresc tome V, p. 484.

18 juillet 1637 – Paris Samuel Petit à André Rivet Cette lettre dont fait état Petit dans sa lettre du 20 janvier 1638 n’est pas parvenue à Rivet. Dans cette lettre, il lui relatait notamment ce qui s’était passé au synode national d’Alençon. Petit fut des sept commissaires qui du 27 juin au 1er juillet 1637 furent chargés d’ouïr Moïse Amyraut et Paul Testard sur leurs doctrines324.

29 septembre 1637 – La Haye André Rivet à Samuel Petit Lettre dont fait état Samuel Petit dans sa lettre du 20 janvier 1638

21 décembre 1637 – La Haye André Rivet à Samuel Petit Lettre dont fait état Samuel Petit dans sa lettre suivante

20 janvier 1638 – Paris Samuel Petit à André Rivet Monsieur, J’ay receu le quinziesme de ce mois deux de vos lettres, l’une en datte du 29 septembre & l’autre du 21 décembre dernier, par la première je voys que mes lettres que je vous escrivois & à Monsieur de Saumaise, à la veille de mon départ de Paris, le 18 juillet dernier, ne vous ont point esté

323 L’on notera que le même jour Samuel Petit écrivit aussi à Peiresc. Cf. La lettre de Peiresc à Holstenius du 3 juin 1637. Lettres de Peiresc, tome V, p. 484. 324 Philippe CORBIERE, “Journal sommaire de ce qui s’est passé au synode national d’Alençon commencé le jeudy 28 may 1637, sur l’affaire de MM. Testard et Amyraut, recueilli chaque jour, par P. D. L. S. D. S. », Bulletin de la Société d’Histoire du Protestantisme Français, tome XIII, 1864, p. 39-63, p. 60. rendues. Je vous y donnois advis de la réception des vostres & de ce qui s’estoit passé à Alençon, & vous remerciois, comme je fais très affectueusement des tesmoignages de vostre faveur envers moy. Pour l’affaire de Franeker, dont je vous suis si estroitement obligé, que je ne sauray jamais, le recognoistre dignement, j’attendray de vos nouvelles, tout résolu avec l’ayde de Dieu, de suivre sa vocation, ou que ce soit, car je prévois bien qu’il est fort difficile de subsister ici. Je vous remercie aussi, Monsieur, très-humblement, de ce qu’il vous a pleu me procurer l’amitié de Monsieur Gronow, duquel je n’ay pas encor receu ni les lettres, ni les notes sur Statius325, car Monsieur Chalas n’a pas encores trouvé voye assurée pour me les envoyer, en attendant le départ de Monsieur Codur326 un de nos collègues qui doit revenir bien tost de delà. J’escris toutesfois audit Sieur Gronow là cy-jointe327, que je vous supplie, Monsieur, de lui faire tenir, & peu estre pourray-je recouvrer quelques lettres de Casaubon, qui a autrefois séjourné à Montpellier, s’il s’en trouve je les luy addresseray328. Je finiray par la prière que je fais à Dieu, qu’il lui plaise vous conserver longuement pour sa gloire, & le bien de son Eglise, & par celle que je vous fay de me croire, Monsieur, Vostre très-humble & très-obéissant serviteur. Petit A Nismes, ce 20 janvier 1638. B. U. Leyde, BPL 301/141

9 février 1638 – Paris Samuel Petit à André Rivet Vous verrés par ma response à la lettre que Messieurs les Estats de Frise m’ont fait l’honneur de m’escrire, & par la lettre que j’escris à Monsieur Staachman, dont je vous envoye les copies,cy- jointes, comme je me dispose de satisfaire aux désirs de ces Messieurs, le temps que je leur demande m’est bien absolument nécessaire pour disposer de mes petites affaires. J’attendray toutesfois là-dessus ce qu’ils en diront, quoy qui en arrive, je vous suis bien estroitement obligé de l’honneur qu’il vous a pleu me procurer, & prie Dieu qu’il me donne les moyens de pouvoir au moins tesmoigner par quelque service que je ne suis pas ingrat envers vous, ni mescognoissance de vos faveurs, je le supplie aussi très-ardemment qu’il lui plaise vous conserver longuement pour sa gloire, & le bien de son Eglise, & suis, Monsieur, Vostre très-humble & très-obéissant serviteur. Petit A Nismes, ce 9 février 1638.

325 Diatribe in Stati poetœ Sylvas, La Haye, 1637. Ecrit qui rangea Gronow parmi les érudits et qui l’engagea malgré lui dans une querelle avec Cruceius. 326 Philippe Codurc, né vers 1580, pasteur de Nîmes de 1620 à 1639 et professeur à l’Académie de cette ville. Il soutenait les projets de réunion des Eglises de Richelieu et abjura en 1643. 327 Cette première lettre en latin de Samuel Petit à J. F. Gronow datée du 21 janvier 1638, est conservée à la Bibliothèque de l’Université de Munich. Paul DIBON, Hans BOTS et Eugnie BOTS-ESTOURGIE, Inventaire de la correspondance de Joh. F. Gronovius (1631-1671), op. cit., p. 50. Lorsqu’il passa à Nîmes lors de son voyage en France, Gronow ne manqua pas de visiter Petit et la signature de celui-ci figure dans son Album amicorum à la date du 31 août 1641. Paul DIBON et Françoise WAQUET, Johannes Fredericus GRONOVIUS, pèlerin de la République des lettres. Recherches sur le voyage savant au XVIIe siècle, Librairie Droz, Genève, 1984, p. 174. 328 J. F. Gronow à l’initiative d’André Rivet, s’employait à rassembler les lettres de Casaubon qu’il fit publier en 1638 à La Haye chez Théodore Maire. Paul DIBON, Regards sur la Hollande du siècle d’or, Vivarium, Napoli, 1990, « 10. Les avatars d’une édition de correspondance : les Epistolae I. Casauboni de 1638 », p. 221-266. B. U. Leyde, BPL 301/142

23 mars 1638 – Paris Samuel Petit à André Rivet Monsieur, Je crois que vous aurés receu ma response aux lettres qu’il vous m’a pleust & à Messieurs les Estats de Frise me faire l’honneur de m’escrire, car, Monsieur Drelincourt me fit savoir il y a plus d’un mois, qu’il vous avoit envoyé mon paquet par voye assurée. J’attendray là dessus de vos nouvelles & les leurs pour me disposer à suivre ce que vous le proscrirés. J’ay receu en fin la semaine passée le livre de Monsieur Gronovius avec sa lettre. Celle-cy est très obligeante & celui-là est très doite, & je vous suis, Monsieur, très particulièrement obligé de m’avoir procuré l’amitié d’un si rare homme, je l’en remercie par la lettre cy-jointe, que je vous supplie très-affectueusement de lui faire rendre, comme aussi de croire que je suis, Monsieur, Vostre très-humble & très-obéissant serviteur. Petit A Nismes, ce 23 mars 1638. B. U. Leyde, BPL 301/143

11mai 1638 - Nîmes Samuel Petit à André Rivet Monsieur, Je vous envoye, cy-jointe, ma response aux lettres que Messieurs les Estats de Frise, & Monsieur Stakmans m’ont fait l’honneur de m’escrire, & vous non seulement de me faire tenir, mais aussi de me les procurer, comme Monsieur Stakmans me l’escrit. Ce m’est bien un nouveau tesmoignage de vostre affection envers moy, mais que j’ay attendu de vous à cause du fondement de ceste amitié, qui est tout vostre, puisque c’est vostre seule bonté. Je vous en demande la continuation maintenant par lettres, espérant de le pouvoir faire de vive voix au plus tost Dieu aydant, & en mesme temps satisfaire aux désirs de Messieurs les Estats. Cependant, je prie Dieu qu’il vous conserve longuement en parfaite santé, pour sa gloire & pour le bien de son Eglise, je suis, Monsieur, Vostre très-humble & très-obéissant serviteur. Petit A Nismes, ce ij may 1638. B. U. Leyde, BPL 301/145

4 octobre 1638 – La Haye André Rivet à Samuel Petit Lettre dont fait état Samuel Petit dans sa lettre suivante

2 novembre 1638 - Nîmes Samuel Petit à André Rivet Monsieur, J’ay receu le vingt & neufviesme du passé la vostre en datte du quatriesme du mesme mois, pour à laquelle respondre, je vous diray, que comme j’estois prest à partir, Dieu m’a voulu visiter, retirant à soy la plus petite de mes filles329, & en affligant ma femme d’une maladie de deux mois, dont à peine est elle maintenant revencée, j’en escris à Messieurs les Estats de Frise & à Monsieur Stackman, bien marri que je ne leur ay peu tenir parole, mais j’estime que l’excuse est assés pertinente, je les prie ensuite, qu’ils me donnent tout l’hyver, qui a commencé desjà en ce pays, ayant gelé dès le commencement d’octobre, contre l’ordinaire température de ces quartiers, où à peine gèle il quelques jours en Febvrier. Je feray toutesfois tout ce qu’ils me prescriront, tant je désire de les contenter. J’attendray s’il vous plaist de savoir par vous leur volonté, & s’ils défèrent quelque chose à mes prières, cependant je prie Dieu qu’il lui plaise vous conserver longuement en parfaite santé pour sa gloire & le bien de son Eglise, & vous supplie de me croire, Monsieur, Vostre très-humble & très-obéissant serviteur. Petit A Nismes, ce 2 novembre 1638. B. U. Leyde, BPL 301/147

1er février 1639 - Nîmes Samuel Petit à André Rivet Monsieur, Je vous remercie très-humblement de tant de soin que vous prenés pour moy, qui ne le vaut pas, & qui ne vous rendis jamais aucun service. J’espère que le printemps ne se passera pas, Dieu aydant sans que j’aye l’honneur de vous voir, & de vous assurer de vive voix combien véritablement je suis, Monsieur, Vostre très-humble, très-obéissant, & très-obligé serviteur. Petit A Nismes, ce 1 Febvrier 1639. J’escris à Messieurs les Estats de Frise & à Monsieur Stackman le mesme qu’à vous, je vous supplie de prendre la peine de leur faire tenir mes lettres, & celle de M. Marchan, nostre chantre à sa mère. B. U. Leyde, BPL 301/148

11 juillet 1639 – La Haye André Rivet à Charles Drelincourt Monsieur et très honoré frère, Je viens de vous escrire une lettre responsive à vos dernières que mon neveu Pineau vous rendra. Celle-ci est seulement pour vous donner advis que j’en viens de recevoir une des députés des Estats de Frise qui me représentent que leur patience a esté grande en l’attente de Monsieur Petit au préjudice de leur académie, & que s’ils en recerchent un autre, il leur semble qu’il n’aura pas à se plaindre, ni à moy à le trouver mauvais, à la recommandation duquel ils ont tant déféré, & differer. Néantmoins que si je leur donne encore quelque espérance, ils sont contents de différer jusques au mois de novembre, après lequel ils auront esté jusques au plus haut poinct de patience.

329 Louise, née le 27 juin 1637, baptisée le 22 août suivant, dernier enfant de Samuel Petit et de Catherine Cheiron. Un seul de leur enfant survécut et se maria Antoinette, née le 18 juin 1625 qui épousa le 18 avril 1652 le docteur Pierre Formi. Je vous prie en donner advis à mondit Sr. Petit, mesme luy envoyant ma lettre, qui comprend la substance de la leur. Et s’il n’est en chemin, & qu’il ne puisse leur satisfaire, qu’il envoye ses excuses & ses raisons au plustost. Je voudroy qu’il l’eust faict desjà, car je n’ay rien eu de luy depuis le mois de febvrier, auquel il leur promettoit par ses lettres d’estre ici devant la fin printems. Ces manquemens font tort à nostre nation, & me descréditent & descouragent. Je vous prie me faire sçavoir au plustost ce que vous en pensez & que vous en apprendrez, et faire estat que je suis tousjours, Monsieur & très-honoré frère, Vostre plus humble & très attentionné frère & serviteur. André Rivet. De La Haye, le xi juillet 1639.

Monsieur et très-honoré frère, Je vous envoye la lettre de Monsieur Rivet, vous suppliant de me mander ce que i’auray à luy respondre et de me croire Monsieur, Vostre très-humble & très obéissant serviteur. Drelincourt. De Paris, ce 23 juillet 1639330. Médiathèque de la ville de Sedan, Fonds Gourjault, Carton 68 / B331

L’affaire s’enlisait, le 28 août 1639 André Rivet écrivait à Saumaise : « J’ay receu un mot de Monsieur Petit qui promet venir devant Novembre, et dit qu’il est tout prêt, sinon qu’il attend le congé de la Cour. Cela m’est un peu suspect. Je luy ai escrit aujourd’hui, et prié qu’il parle nettement »332. Samuel Petit ne prit pas le chemin de Franeker. Dans sa lettre du 7 janvier 1642, il décrit les raisons de son renoncement. La peste qui sévit à Nîmes en 1640, l’obligea de se retirer en sa maison des champs, ensuite il fut l’objet d’une fièvre qui l’accabla pendant neuf mois. Rétabli, au mois de juin 1641, Samuel Petit reprit sa correspondance avec André Rivet.

25 novembre 1639 – Paris Samuel Sorbière à son oncle Viro maximo reverenctissimoque Samuel Petito Sorberius S. P. D. Lettre en latin avec sa traduction en français, publiée par Charles Liotard dans les Mémoires de l’Académie de Nîmes, VIIe Série, Tome XI, Année 1888, p. 299-308 consultable sur Gallica, la Bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France.

19 janvier 1640 - Paris

330 Ce passage que nous avons mis en italique est de la main de Drelincourt. Cette lettre parait-être la lettre du 24 juillet 1639 dont fait état Samuel Petit dans sa lettre du 7 janvier 1642 à André Rivet. « Je receus par Monsieur Drelincourt, au mois de septembre mil six cent trente neuf, une lettre que vous lui escriviez en datte du 24 juillet mesme année, par laquelle vous le priés de me donner advis, mesmes en m’envoyant vostre lettre, que vous aviés receu lettre de Messieurs les Estats de Frise, que si je n’estois dans le mois de novembre prochain arrivé à Franeker, ils ne m’attendroient pas au de là de ce terme, & que partant je taschasse ou de m’y rendre dans ce terme, ou de ne partir pas après cela ». B. U. Leyde, BPL 301/150. 331 Hasard des collections rassemblées par des érudits, cette lettre, non recensée dans l’inventaire des correspondances d’André Rivet dressé par Paul DIBON, Eugénie ESTOURGIE et Hans BOTS, est l’unique lettre d’André Rivet à Charles Drelincourt parvenue à nous. 332 Pierre LEROY et Hans BOTS, Correspondance de Claude Saumaise & André Rivet échangée entre 1632 et 1648, op. cit., p. 126. Claude Sarrau à Samuel Petit333 Ea sunt in Rempublicam literariam et Ecclesiam merita, ea pro utraque consilia, ut sanctos conatus tuo debeamus omnes juvare & promovere. Ego certe equidem in his, qui te doctrinamque tuam eximiam colunt & suspiciunt, nomen profiteer meum ως άσμενέςατα. Egi cum amplissimo Senatore mihique amicissimo Petavio334, ut MS. Josephi codicem tibi impetrarem. Ille vero nullo negotio se passus est exorari, itaque eum hic habes. Si voto tuo respondeat, habeo quod tibi gratuler, mihi gaudeam. Sed ut itasit veteor, quandoquidem desiderantur libri contra Appionem335, quos præcipuc expectete videris. Quicquid id est utere, fruere tuo arbitratu. Me sane omnia tua causa velle, persuade quæso tibi : Tuus est explorare labor. Cæterum cum sese offerat occasio tecum agendi, patere me quæso libere tecum expostulantem. Ægre enim, imo ægerrime fero, quod a Critica Sacra, eruditissimi Cappelli336 Opere eruditissimo, tu vir doctus & æquus adeo mentem avertas, ut ab co magnum timeas nostræ puriori Ecclesiæ damnun, ò μή γέιοντο ôδ έςω. Noli enim crederen cum id agere, ut Sacrum Textum, quasi pumice Critico egeat, pro libitu mutet & interpolet. Heu cadit in quensquam tantum scelus ? apage facinus tam atrox, tamque insignitam audiciam & protervitatem. Non obtusa adeo gestamus pectora, ut hanc sententiam probare possimus. Effet hoc хίνεϊν άхίνητα. Hæc duo intendit præsertim Vir istarum rerum peritissimus. Quandoquidem Masorethici apices utpote άνδρώπινον ένσεμα, nos non ligant, ubincunque diversa punctorum ratio meliorem & commodiorem sundit sensum, nihil vetare, quin priori neglecta posteriori adhæreamus : quod magno cum factu sieri poste infinitis exemplis, per singula puncta decurrendo, demonstrat. Deinde, cum mirum quantum codices Græci & Latini a se invicem & ab Hebræo fonte abeant diversi, oftendit unde manarit ista discrepantia : quod scilicet affines litteras, & affinia verba Scriptores & Lectores male confuderint. Sed sedulo dat operam, ut Hebræi Textus Sacro-sancta sit semper Autoritas : quem licet alias inextricabilem, melius non tangere clamat : liceat tantum in margine & in notis modeste de obvia difficultate monere, & suam sententiam promere. An hoc de genere malorum ? an novum & indictum ore alio ? Utinam opus ipsum oculis usurpasses : sat scio editionem urgeres. Si fallor, mone errantem, nec invitus tibi accedam. Vale Vir Excellens & nos ama. Lutetiæ Par. XIX. Jan. CI? I?C XL. Epistola XVII, p. 21-22.

333 Cette lettre en latin de Claude Sarrau à Samuel Petit est, semble t-il, le seul témoignage qui subsiste de leur relation épistolaire. Signalée par Paul Dibon (Regards sur la Hollande du Siècle d’Or, op. cit., p. 160-161), elle est extraite de l’édition de Pieter Burman des lettres de Claudii Sarravii imprimée avec celles de Marquardi Gudii en 1697 à Ultrajecti (Utrecht), par Franciscum Halmam & Gulielmum van de Watern, 2e partie, Epistola XVII, p. 21-22. L’on ne peut que regretter qu’elle soit en latin, mais nous ne deséspérons pas d’en obtenir une traduction et de la publier à la suite de l’original. Nous soulignerons que devant elle nous nous trouvons dans la situation de Peiresc et de Petit qui n’arrivaient pas à lire les hiéroglyphes. 334 Le père Denis Pétau déjà rencontré dans la lettre du 10 mai 1633. Sa courtoisie à l’encontre de Samuel Petit s’explique aisément : il croyait en effet à sa prochaine conversion. René PINTARD, Le Libertinage érudit pendant la première moitié du XVIIe siècle, op. cit.. p. 307. 335 Le De Antiquitates judaicæ contra Appionem était la dernière œuvre de Flavius Joseph. Marie-Pierre ARNAUD-LINDET, Histoire et politique à Rome. Les historiens romains IIIe siècle av. J-C – Ve siècle apr. J-C, op. cit., p. 228. Dans sa lettre du 25 novembre 1639 à son oncle, Samuel Sorbière mentionne que ce recueil manuscrit des livres de Joseph contre Appion appartenait au conseiller au parlement de Paris Alexandre Pétau. Charles LIOTARD, Lettre inédite de Samuel Sorbière à son oncle Samuel Petit, Mémoires de l’Académie de Nîmes, VIIe Série, Tome XI, Année 1888, p. 299-308, p. 307. Lettre en latin de Samuel Sorbière du 25 novembre 1639 avec traduction en français. 336 Louis Cappel (1585-1658) ministre du Saint Evangile et professeur en théologie et en langue hébraïque à l’académie de Saumur, avait achevé sa Critica sacra et cherchait vainement à la faire imprimer. Ce n’est qu’en 1650 que ce livre, avec l’assistance de Claude Sarrau, fut imprimé à Paris chez Cramoisy. Sur l’histoire complexe de cette impression, cf. Père François LAPLANCHE, L’Ecriture, le Sacré et l’Histoire. Erudits et politiques protestants devant la Bible en France au XVIIe siècle, APA-Holland University Press, Amsterdam & Maarssen, 1986, p. 224-229. Dans cette seconde partie de sa lettre, Sarrau tente de calmer les inquiétudes de Petit à l’encontre du livre de Louis Cappel. Par une lettre d’André Rivet à Frédéric Spanheim du 28 décembre 1642, conservée à la Bayersiche Staatsbibliothek de Munich (Sammlung Camerarius, Clm 10383, f° 40-41r°) et signalée par F. P. van Stam, nous sommes informés de l’opposition de Petit à la publication du Criticorum Sacrorum de Cappel. Rivet écrit dans cette lettre qu’il avait vu des « lettres de Monsieur Petit qui en parloit comme d’un dangereux dessein, et trouvoit estrange que les pasteurs de Paris y prissent goust ». Dans cette lettre, Rivet qualifie Petit comme étant un « fort homme de bien et fort résolu en l’orthodoxie ». F. P. van STAM, The Controversy over the Theology of Saumur, 1635-1650. Disrupting Debates among the Huguenots in Complicated Circumstances, APA-Holland University Press, Amsterdam-Maarssen, 1988,p. 258, note 208. 18 juin 1641 - Nîmes Samuel Petit à André Rivet Monsieur, Je vous supplie d’aggréer l’adresse que j’ose vous faire de mes lettres pour Messieurs de Frise, & des livres, il y en aura un exemplaire pour vous, s’il vous plaist de me faire la faveur de le recevoir, & les autres trois vous les envoyerés, s’il vous plaist, à Monsieur Stakmans. Je vous demande pardon, si je vous suis si importun, mais je reputerois à grande faveur, si vous me faisiés l’honneur de vous servir de moy, & de me croire, Monsieur, Vostre très-humble & très-obéissant serviteur. Petit A Nismes, ce 18 juin 1641. B. U. Leyde, BPL 301/154

24 novembre 1641 – La Haye André Rivet à Samuel Petit Lettre dont fait état Samuel Petit dans sa lettre suivante

7 janvier 1642 – Nîmes Samuel Petit à André Rivet Monsieur, J’ay receu deux bien sensible desplaisir par la lecture de la vostre du 24 novembre dernier, l’un m’apprenant la mort de Monsieur Stakman, à qui j’estois tant obligé, & l’autre à cause du déplaisir que vous avés receu par moy, fort innocemment toutesfois & qui n’ay pensé à rien moins, vous estant si estroitement obligé que je ne désire rien tant parfaitement que de vous rendre par quelques service des preuves de ma très affectueuse servitude. Je receus par Monsieur Drelincourt, au mois de septembre mil six cent trente neuf, une lettre que vous lui escriviez en datte du 24 juillet mesme année, par laquelle vous le priés de me donner advis, mesmes en m’envoyant vostre lettre, que vous aviés receu lettre de Messieurs les Estats de Frise, que si je n’estois dans le mois de novembre prochain arrivé à Franeker, ils ne m’attendroient pas au de là de ce terme, & que partant je taschasse ou de m’y rendre dans ce terme, ou de ne partir pas après cela. Cela m’estant impossible, je creus que je ne devois point du tout me mettre en chemin après ce temps là ; & incontinant après Dieu visita cette ville du fléau de la contagion337, qui nous faisant retirer dans des maisons aux champs, m’osta tous moyens de communication ; & en mesme temps je tombay malade d’une fièvre lente qui me tint neuf mois, & m’a fait garder le lict ou la chambre l’espace de quinze mois ; & ayant envoyé à Paris le livre, dont vous avés receus les exemplaires, j’attendois l’occasion, en vous l’adressant, de vous escrire : voilà comme la chose est passée.

337 Une grave épidémie de peste survint au mois d’avril 1640 à Nîmes. Le consulat prit des mesures pour la combattre : des patrouilles furent organisées, un capitaine de santé fut nommé, quatre personnes furent chargées de porter les morts, ordre fut donné aux habitants de la ville dès qu’ils auront des malades dans leurs maisons de venir prévenir les consuls et le capitaine de santé. La peste cessa le 23 octobre 1640. Archives municipales de Nîmes, LL 49. Délibérations des Consuls 1640-1651. Samuel Petit ne fut pas le seul à se réfugier hors de la ville, le présidial de Nîmes en raison de la peste qui la ravageait vint siéger à Alais. Je passe toutesfois condamnation & m’avoue bien malheureux si je vous ay dépleu, puis qu’il n’y a aujourd’huy personne au monde à qui je désire plus d’agréer, non seulement à raison de ce que je vous dois, mais à cause de ce que vous le mérités, quand bien vous ne m’auriez rendu aucun bon office. J’espère que vous ne m’aymerés pas moins pour tous, comme je le /2/ vous demande très affectueusement. Je vous remercie du soin qu’il vous a plu prendre de faire l’adresse de mon livre à Messieurs les Estats de Frise, & du choix que vous avez fait de Monsieur Golius338 pour lui donner l’exemplaire qui estoit vacant, cependant je prie Dieu qu’il vous conserve longuement en heureuse & parfaite santé pour sa gloire & le bien de nos Eglises & qui me donne les moyens d’estre en effect & utilement, et que je me dis, Monsieur, Vostre très-humble & très-obéissant serviteur. Petit A Nismes, ce 7 janvier 1642. Monsieur Chauve339 m’a chargé de vous assurer de ses très humbles services. B. U. Leyde, BPL 301/150

Dans sa lettre du 7 février 1642 à Rivet, un de ses nouveaux correspondant le conseiller au parlement de Paris Claude Sarrau évoqua la possibilité de faire venir Petit à l’université de Leyde : « Vous avez une chaire de Théologie vacante à Leyde. Si vous vouliés songer à Monsieur Petit de Nismes et que vous trouvassiés que ce fust vostre faict, ie crois que vous y trouveriés de la facilité à présent. I’adjouste ces derniers mots, car ie say qu’autrefois il n’a pas esté aisé de le tirer »340. Le 11 août 1642 Rivet évoqua à son tour favorablement la possibilité d’appeler Samuel Petit à Leyde « avec qualité de Professeur en Théologie341. Il revint à nouveau sur ce sujet dans sa lettre du 29 septembre 1642 :« Je verray si je pourray obtenir la vocation de Monsieur Petit. La difficulté est que pour la profession de Théologie il ne semble pas propre, sinon qu’ils voulussent qu’un quatrième enseignast l’histoire Ecclésiastique et la Chronologie. J’y feray ce que je pourray »342. Dans sa lettre du 6 février 1643, Claude Sarrau livre une raison supplémentaire au fait Samuel Petit ne partit jamais résultant de l’opposition de sa femme et de ses filles à ce lointain séjour : « Monsieur Petit a été malade et se porte un peu mieux. Vous feriés beaucoup pour luy et pour vostre Académie si vous pouviez le tirer d’où il est. Encores que ce ne seroit pas sans beaucoup de pene ; sa femme et ses filles appréhenderoient de s’engager en si long voyage, et de quitter un pais de promission pour s’aller geler sous vostre Nort »343.

23 juillet 1642 – Nîmes Samuel Petit

338 Jacobus Golius (1596-1667), mathématicien orientaliste ami de Saumaise, Descartes et Huygens. Originaire de La Haye, il était venu en 1612 à Leyde pour y étudier les mathématiques, étude qu’il acheva quatre ans plus tard. Il entreprit alors d’y étudier l’Arabe et eut Thomas Erpenius comme professeur, à la mort de celui-ci, en 1625, il lui succéda. Golius obtint la permission de voyager au Moyen-Orient pour y acheter des manuscrits. Il parcourut à cet effet l’Arabie, la Syrie et la Turquie. En 1629, Golius était de retour en Hollande avec un trésor de plus de 200 manuscrits du Moyen-Orient qui fut déposé à la Bibliothèque de l’Université de Leyde où ils sont toujours. 339 Jean de Chauve ( 1649), originaire de Genève, avait débuté à Sommières et était devenu pasteur de Nîmes en 1626, après y avoir fait des remplacements en 1614 et 1620. Saumaise le présentait comme étant « un des habiles hommes de sa profession en France ». Rivet connaissait bien Jean de Chauve celui-ci avait été en 1617 au synode national de Vitré son adjoint, alors que lui-même ministre de Thouars, avait présidé ce synode qui se tenait dans une terre de Bretagne appartenant aux La Trémoille en la présence de la duchesse Charlotte-Brabantine de Nassau. 340 Hans BOTS et Pierre LEROY, Correspondance intégrale d’André Rivet et de Claude Sarrau, op. cit., tome 1, p. 69. 341 Ibid., tome I, p. 217. 342 Ibid., tome I, p. 264. 343 Ibid., tome 1, p. 394. Dans sa lettre du 14 février 1643, Sarrau revient sur ce fait :« il auroit grande pene à déloger et sa femme et ses filles encores plus ». Ibid., tome I, p. 400. à Monseigneur Grotius, conseiller d'Estat et ambassadeur ordinaire de la régine de Suède à Paris344. Illustrissimo viro Hugoni Grotio, legato reginae Sueciae, Samuel Petitus S.P.D. Quanquam piaculare sit tua, vir illustrissime, morari tempora, non potui mihi temperare, quin te per has convenirem et interpellarem literas, cultus in te mei interpretes, et affectus mei in virum clarissimum doctissimumque Durieum345, qui eas tibi reddet. In Sueciam ille proficiscitur rogatus a nobilissimo barone Sueco346, qui in hanc nostram viciniam venit ad bibendum aquas Mainenses347,4 et amici mei in re medica peritiam suo bono expertus est, tantumque virum suae vult patriae conciliare publico eius bono. Veni tu quoque,  πάνυ, in partem huius laudis, et praestantissimum virum amicis tuis rogatus a me commenda de meliore nota, in digniorem eo beneficium istud non potes conferre, maiori certe non devincire me quibis unquam. Vale, vir summe, et nos amare perge. Nemausi, X Kalendas Augustas 1642 Hs. Den Haag, KB, 76 B 62 (voorheen 74 H 36)348.

29 avril 1643 – Nîmes Samuel Petit à André Rivet Agacé, par tous les bruits qui courraient sur lui, Samuel Petit écrivit sa dernière lettre à André Rivet. Monsieur, Je ne vous puis pas exprimer par mes paroles le ressentimens que j’ay de tant de tesmoignages que je reçois de vostre amitié & combien je vous en suis obligé, je vous supplie, Monsieur, de croire, que vous n’avés pas plus de pouvoir sur un fils vostre, que sur moy. Ces Messieurs, qui prennent plaisir de semer les bruits de ville349, me pardonneront, ils devroient plus tesmoigner de charité qu’il ne font à l’amitié que j’ay eue avec Monsieur Codurc350 ne me rend pas coulpable de ses desseins, si je n’y participe : les dons qu’il a, avoit esté mon maistre, & du depuis collègue l’espace de vingt a deux ans entiers, n’ont esté de puissans motifs pour l’aymer, & il m’a tousjours caché ses intentions, & si déférans aux raisonnemens de Messieurs de Paris pour suivre les nouveautés de Saumur, il ne fust venu à son retour de Paris l’an trente huict, les nous prescher, il seroit encor pasteur de ceste Eglise. Je vous supplie, Monsieur, continuer vos soins envers mon neveu351, je l’exhorte de temps en temps à faire ce qu’il doit, & ne se laisser pas emporter aux nouveautés, mais une seule de vos paroles

344 Cette lettre peu significative en latin, conservée à Bibliothèque royale de La Haye, est le seul témoignage subsistant des relations épistolaires entre Samuel Petit et Huges de Groot dit Grotius. 345 Grégoire-François Du Rietz (1607-1682), originaire d’Arras, après avoir été le médecin de Louis XIII, il partit en 1642 en Suède et entra au service de la reine Christine de Suède et de ses successeurs Charles X Gustave et Charles XI. Naturalisé Suédois en 1660, il est le chef de la famille Suédoise de son nom. 346 Peut-être le baron Bengt Skytte (1614-1683) homme politique suédois, fils de John Skytte (1577-1645), l’influent chancelier de l’Université d’Uppsala, qui en ce temps faisait un voyage en France. 347 Meynes (Gard) à 20 km au nord-est de Nîmes. On trouve auprès de Meynes une fontaine dont les eaux minérales avaient autrefois une grande réputation. Louis XIII les prit pendant son séjour à Montfrin en 1642, à son retour du camp de Perpignan. 348 H.J.M. Nellen et Cornélia M. Ridderikhoff (Eds), Briefwisseling van Hugo Grotius, tome 13, Martinus Nijhoff, Den Haag 1990, p. 336, lettre N° 5805, consultable sur INTERNET sur le site de la Digitale Bibliotheek voor de Nederlandse Letteren. 349 Parmi ces Messieurs devait figurer Claude Sarrau qui par ses injonctions dans ses lettres à André Rivet de retirer de Nîmes Samuel Petit semble avoir fortement agacé celui-ci. 350 Philippe Codurc professeur à l’Académie de Nîmes qui depuis plusieurs années entretenait de mauvaises relations avec le consistoire venait d’abjurer. Le 15 juin 1642, sa fille aînée avait pris le voile d’Ursuline. Robert SAUZET, Contre-Réforme et Réforme catholique en Bas-Languedoc. Le diocèse de Nîmes au XVIIe siècle, op. cit., p. 289. 351 Samuel Sorbière (1615-1670), fils d’Etienne Sorbière et de Louise Petit, sœur de Samuel Petit. Il avait été formé par son oncle à Nîmes au culte des lettres et à une piété huguenote ferme, mais libérale. Après son arrivée à Paris en 1639, il devint fera beaucoup plus, car il sait ce qu’il vous doibt. Monsieur Chauve m’a chargé de vous assurer de son très-humble service. Je prie Dieu de tout mon cœur qu’il vous conserve longuement en parfaite santé pour sa gloire, & pour le bien de son Eglise, & suis, Monsieur, Vostre très-humble & très-obéissant serviteur. Petit A Nismes, ce 29 avril 1643. B. U. Leyde, BPL 301/152

Samuel Petit est décédé le 12 décembre 1643. A propos de son décès, Claude Saumaise écrit le 22 janvier 1644 à Rivet : « Je suis fasché de la mort du pauvre Monsieur Petit. Nous avions eu nouvelle de sa mort à Paris dès le mois de Novembre ou de l’extrémité de sa maladie. C’est de trop travailler qu’il s’est tué. C’estoit une chose quasi incroiable du travail qu’il prenoit en son estude. Il ne digeroit point et mangeoit tousiours. J’apprens que son Joseph est achevé »352. et Claude Sarrau le 13 février 1644 : « Samuel Petitus fuit. Les lettres font perte en sa personne, il estoit sçavant et modeste. Je me suis laissé dire que son Josephe est entièrement achevé et mis au net : il s’est tué après ce travail qui estoit grand et pénible »353.

Il faut l’avouer la quinzaine de lettres de Samuel Petit à André Rivet ne nous apporte guère de données sur lui sinon qu’il était hostile aux nouveautés de Saumur et au projet de réunion des Eglises cher à Richelieu. Elles font apparaître aussi combien tant Saumaise, que Rivet ou Sarrau se leurraient de vouloir le faire partir de Nîmes, Petit était trop attaché à son terroir natal pour vouloir le quitter.

membre du cabinet Dupuy et se consacra dès lors presque exclusivement aux belles lettres. Samuel Petit s’inquiétait de la raréfaction des lettres de son neveu. Au cours de sa L’orthodoxie de Sorbière suscitait déjà des soupçons, ils étaient fondés puisqu’il devint catholique en 1653. Après la mort de Petit, Sorbière entretint une correspondance avec André Rivet. Cf. René PINTARD, Le Libertinage érudit pendant la première moitié du XVIIe siècle, op.cit, p. 334-343. 352 Pierre LEROY et Hans BOTS, Correspondance de Claude Saumaise & André Rivet échangée entre 1632 et 1648, op. cit., p. 330. 353 Pierre LEROY et Hans BOTS, Correspondance de Claude Sarrau & André Rivet, tome II, p. 201. ANNEXE -=-

Samuel Petit selon son neveu Samuel Sorblère354

J’estois chez feu M. Petit mon oncle (personnage que la publication de quelques ouvrages de critique rendent assez connû parmy les sçavans) qui prenoit soins de mon éducation & m’aimoit beaucoup. Aussi luy rendois je tous les respects & toute la soumission que je devois ) sa qualité, à son âge, & à son mérite. J’observois toutes ses paroles, je prenois garde à toutes ses actions ; & je me proposois sa probité & sa modération en exemple, si je ne pouvois atteindre à son esprit & à son érudition. Je l’entendois parler tousjours réverrement de l’Antiquité Ecclesiastique dont il avoit une grande cognoissance, estimer beaucoup les SS. Pères, priser l’ordre du bon gouvernement, & blamer l’étourdissement & la mauvaise conduite de ceux qui brouilloyent l’estat sous prétexte de Religion & j’ose croire qu’il eut enfin donné les mains, si Monseigneur le Cardinal Bagni & Monsieur de Peiresc eussent, dans une plus longue, vie eu plus de loisir de le retirer du party auquel il estoit attaché.

Demandant de Paris à M. Petit son sentiment sur le sujet des troubles que je voyois naistre en Angleterre, il me répondit de Nismes dans sa lettre du 29 d’aoust que la hiérarchie estoit instituée depuis le temps des Apostres. Hierarchiam esse dixi jam ab ipsis Apostolerum temporibus institutam, ut dissentionum plantaria evellerentur, & schismatum semina tollerentur, & intra hoc intervallum, quod est ab Anno Neronis quarto ad septimum esjusdem, toto Orbe decretum fuisse, ut unus de Presyteris electus, Episcopus хαγ ιξοχλμ dictus, caeteris superponeretur, & ad um omnis Ecclesiae cura pertineret. Habes paucis, sed tibi uni, animi mei sensum in hoc negotio. Il ne vouloit pas que je le deferasse à ses collègues ; & ce n’est aussi que dis ans après sa mort, que je leur fais savoir quelle estoit son opinion sur cette matière355.

Les animadversions de feu mon oncle sur Josephe, sont entre les mains de sa veufve, qui les garde comme un trésor, duquel elle espère de retirer une bonne somme d’argent. Je ne sçay s’il se trouvera quelque docte curieux très riche356 pour acheter des escritures indigestes, qui demanderoient beaucoup de loisir & d’érudition Talmudique, afin qu’elles pussent estre mises en estat de voir le jour ; Quas vero author ipse cum non absolvisset, moriens pro non inchoatis haberi voluit357.

354 Portrait de Samuel Petit dressé par Samuel Sorbière dans son Discours sur sa conversion à l’Eglise catholique, Paris, A. Vitré, 1654, in-8°, p. 8-11 et cité par Paul COLOMIES, Gallia orientalis sive Gallorum, qui linguam Hebraeam vel alias orientales excoluerunt vitae, variis hinc inde praesidiis adornatae, labore et studio, Hagae-comitis, Ex Tipographia Adriani Vlacq, MDCLXV, p. 174. 355 Samuel SORBIERE, Discours sur sa conversion à l’Eglise catholique, op. cit., p. 121. 356 Ces observations sur Josephe furent vendues par Sorbière cent cinquante Louis d’or à Lord Clarendon dans le temps qu’il résidait en la ville de Montpellier où il s’était retiré. Il fut par la suite déposé à la Bibliothèque de l’université d’Oxford. François GRAVEROL, SORBERIANA ou bons mots, rencontres agréables, pensées joyeuses et observations curieuses de M. Sorbière, A Paris, chez la veuve Mabre-Cramoisy, MDCXCVI, p. 5. 357 Samuel SORBIERE, Lettres et discours sur diverses matières curieuses, Paris, chez François Clousier, MDCLX, Lettre au docteur en médecine Guy. Patin (1602-1672), p. 440-446, p. 441. SOURCES MANUSCRITES

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Bibliothèque Municipale de Lyon Ms 1629, f° 54v°-56v° - Copie de la lettre de Petit à Peiresc du 24 janvier 1634 avec additions dudit Petit.

Bibliothèque Municipale de Nantes – Fonds Labouchère Ms 674, f° 161 – Original de la lettre de Peiresc à Petit du 20 septembre 1632.

Bibliothèque de l’Université de Leyde BPL 301, f° 130-154 - Lettres de Samuel Petit à André Rivet allant du 21 novembre 1634 au 29 avril 1643. BPL 302, f° 109 – Lettre de Christophe Justel à André Rivet du 24 septembre 1631.

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Joseph SCHERPEREEL, « Peiresc et la musique », in Anne REIMBOLD (Direction), Peiresc ou la passion de connaître. Colloque de Carpentras du 5-7 novembre 1987, Librairie philosophique Vrin, Paris, 1990, p. 153-185. F. P. van STAM, The Controversy over the Theology of Saumur, 1635-1650. Disrupting Debates among the Huguenots in Complicated Circumstances, APA-Holland University Press, Amsterdam- Maarssen, 1988.

- § - Jean Luc Tulot, F 22000 Saint-Brieuc, 16 septembre 2013