Also available in English www.metropolis.net Metropolis diversesNos 10e conférence nationale Metropolis cités
NUMÉRO 4 • AUTOMNE 2007 Ontario DIRECTRICE INVITÉE Katherine Graham Carleton University « Élargir le débat : perspectives multiples sur l’immigration au Canada »
World Trade and Convention Centre Halifax, Nouvelle-Écosse
du 3 au 6 avril 2008
Centre Metropolis de l'Atlantique Atlantic Metropolis Centre www.metropolis.net www.atlantic.metropolis.net MM Cette publication a aussi bénéficié de l’appui du ministère du Patrimoine canadien – Région de l’Ontario. LE PROJET METROPOLIS Un pont entre les recherches, les politiques publiques et les pratiques
L’importance accrue des questions d’immigration et de diversité Chaque année, le Canada accueille quelque Un pont entre les recherches, 220 000 immigrants et réfugiés. • Les nouveaux arrivants ont-ils du succès sur les plans de la les politiques publiques et les pratiques recherche d’emploi et économique? Le Secrétariat du projet Metropolis constitue le pont entre • Quelles sont les répercussions de la diversité sur le Canada? les recherches, les politiques publiques et les pratiques. • Les nouveaux arrivants se butent-ils à des obstacles? • Appuie et encourage les recherches qui peuvent informer • Pourquoi les nouveaux arrivants s’établissent-ils principale- les politiques publiques et présenter un intérêt pour le ment dans les grandes villes? gouvernement du Canada • Existe-t-il des défis sociaux et économiques? Y réagissons- • Favorise la recherche par les responsables des politiques et nous de façon adéquate? les intervenants du milieu • Gère la composante internationale du projet Metropolis
Le réseau et les partenariats du projet Metropolis (2001 - 2007) Mobiliser le réseau
Le projet Metropolis compte plus de 6 000 participants • Nos cinq centres d’excellence, situés à Vancouver, provenant du monde entier. Edmonton,Toronto, Montréal et Halifax/Moncton, • Partenaires financiers fédéraux, dont le Conseil de recherches produisent des recherches pouvant éclairer les politiques en sciences humaines, Citoyenneté et Immigration Canada, publiques sur l’immigration et la diversité Patrimoine canadien, Ressources humaines et Développement • Les conférences Metropolis réunissent plus de social Canada, Sécurité publique Canada, la Gendarmerie 700 participants chaque année royale du Canada, la Société canadienne d’hypothèques et • Metropolis présente, une tribune publique où sont étudiés de logement, Statistique Canada, l’Agence de promotion les résultats des recherches et les découvertes stratégiques économique du Canada atlantique, le Secrétariat rural relativement aux nouveaux enjeux d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, l’Agence des services frontaliers du Canada, Développement économique Canada pour • La série de conversations Metropolis, rencontres d’experts les régions du Québec, l’Agence de santé publique du Canada à huis clos servant à éclairer le débat sur les politiques d’immigration • Partenariats par projets avec d’autres ministères, des gouvernements provinciaux et municipaux, des organisations • Comité interministériel des partenaires fédéraux : comité non gouvernementales et des fournisseurs de services dans dont les réunions trimestrielles donnent lieu à des débats les domaines de l’immigration et de l’établissement stratégiques à facettes multiples • Partenariats avec des pays de l’Amérique du Nord, de la • Nos publications servent à informer les responsables des plupart des pays de l’Europe et de nombreux pays de politiques et les intervenants la région de l’Asie-Pacifique ainsi qu’avec plusieurs • Nos sites Web primés comprennent des centaines d’articles organisations internationales et de documents de travail • Participation, dans les centres d’excellence, de plusieurs • Coprésidence du projet international Metropolis, le plus centaines de chercheurs, de diplômés et de boursiers important réseau portant sur l’immigration du genre, qui réunit postdoctoraux venant de plus de 20 universités au Canada plus de 30 pays et organisations internationales www.metropolis.net
diversesNos cités
Table des matières
NUMÉRO 4 • AUTOMNE 2007
3 Introduction – Nos diverses cités : Ontario 58 Groupe d’étude sur le sans-abrisme à Ottawa : Katherine A. H. Graham, Carleton University une comparaison entre les sans-abri d’origine canadienne et d’origine étrangère 8 Diversité dans la ville : partenariats de Fran Klodawsky, Carleton University ; recherche et échange de connaissances de Tim Aubry, Université d’Ottawa; CERIS – incidence sur les politiques Rebecca Nemiroff, Université d’Ottawa; Paul Anisef, York University; Benham Benhia, Carleton University; Joanna Anneke Rummens, University of Toronto Marta Young, Université d’Ottawa; et l’Hôpital pour enfants de Toronto; Carl Nicholson, Centre catholique pour immigrants John Shields, Ryerson University 61 L’engagement des employeurs : stratégies 15 Les politiques, les pratiques et les réalités de pour l’intégration à Ottawa de travailleurs la régionalisation de l’immigration en Ontario formés à l’étranger Margaret Walton-Roberts, Wilfrid Laurier University Ginny Adey, Embauche immigrants Ottawa; 23 L’hétérogénéité des Noirs en Ontario et l’effet Carole Gagnon, Partenariat des professionnels de boomerang de la discrimination raciale formation internationale et Centraide Ottawa Joseph Mensah, York University; 67 Dans un autre ordre d’idées… David Firang, University of Toronto Diversité et amélioration des soins de santé 29 Dans un autre ordre d’idées… préventifs pour les immigrants Parvenir à l’unité en valorisant la diversité Kevin Pottie, Université d’Ottawa; Fatemeh Givechian, Université d’Ottawa Lucenia Ortiz, Edmonton Multicultural Broker’s Cooperative; Aleida tur Kuile, Université d’Ottawa 33 L’immigration et la composition socioculturelle et démographique d’Ottawa 73 Ottawa : Notre diverse cité Hindia Mohamoud, Conseil de planification sociale à Ottawa Rapport de projet provisoire – Janvier 2007
44 Accès et équité à Ottawa : services sociaux, 94 Le rôle des villes secondaires : compte rendu interventions institutionnelles et enjeux d’ordre du séminaire Immigration Series culturel, racial et linguistique Tom Lusis, University of Guelph Rashmi Luther, School of Social Work, Carleton University 99 Formation en migration et relations ethniques 50 La géographie ethnoculturelle dans les villes de à la University of Western Ontario second rang : au-delà des lieux de résidence Victoria M. Esses, Roderic Beaujot, Belinda Dodson, Brian K. Ray, Université d’Ottawa; University of Western Ontario Jean Bergeron, Citoyenneté et Immigration Canada 105 L’intégration dans une ville de taille moyenne : 55 Logement social à Ottawa la stratégie préconisée à London, Ontario Catherine Boucher, Centretown Citizens Ottawa Corporation London Diversity and Race Relations Advisory Committee 110 La citoyenneté fait toute la différence ! Les travailleurs migrants de l’Ontario rural Harald Bauder, Université de Guelph 115 Thunder Bay : entre le marteau et l’enclume 156 Sites, rites et droits funéraires dans le Nord-Ouest de l’Ontario et de sépulture dans l’Ontario multiculturel Thomas Dunk, Lakehead University Sandeep Kumar Agrawal et Abdulhamid Hathiyani, Ryerson University 121 Le rôle des immigrants dans la prospérité économique de la région de Waterloo : une 162 Les chemins de la réussite dans la région stratégie d’intégration concertée et dynamique de Waterloo : les jeunes immigrants à Peter McFadden, Waterloo Region Immigrant l’école secondaire Employment Network; Kristen Roderick and Rich Janzen, Rich Janzen, Centre for Research and Education Centre for Research and Education in Human Service; in Human Services (CREHS) Joanna Ochocka, Wilfrid Laurier University et Centre for Research and Education in Human Service; 126 Besoins des immigrants et prestation de Jenni Jenkins, Wilfrid Laurier University services publics dans la région de Peel Sandeep Kumar Agrawal, Ryerson University; 169 Les arguments en faveur de l’engagement des Mohammad Qadeer, Queen’s University; jeunes au moyen de la culture se multiplient Arvin Prasad, Regional Municipality of Peel Elizabeth Fix et Nadine Sivak, Patrimoine canadien 132 Établissement des réfugiés parrainés par le gouvernement à Hamilton, en Ontario 177 211 : un projet novateur en réponse Pradeep Navaratna, Settlement and Integration à un besoin de société Services Organization Bill Morris, Projet 211 Ontario, Centraide Canada
138 L’immigration et l’établissement à Hamilton 182 Bien plus que des livres : les services Vic Satzewich et William Shaffir, McMaster University d’établissement dans les bibliothèques publiques de Windsor et de Toronto 143 Dans l’intérêt public : l’accès des immigrants Lisa Quirke, Ryerson University aux professions réglementées en Ontario Oksana Buhel, Capacity Canada; 188 De l’incident du Komagata Maru à l’élection de Lele Truong, Policy Roundtable Mobilizing six députés sikhs au Parlement : la participation Professions and Trades politique de la communauté sikhe du Canada 149 Immigrants de formation professionnelle en Geetika Bagga, York University passe de devenir chauffeurs de taxis à Toronto 193 Une ville invisible : les immigrants sans droit Abdulhamid Hathiyani de vote en Ontario urbain Myer Siemiatycki, Ryerson University
197 La violence conjugale dans les relations de parrainage et les liens avec le sans-abrisme : Thunder Bay conséquences pour la prestation de services aux immigrantes et aux réfugiées K. Ekuwa Smith, Patrimoine canadien Ontario
Sudbury
Ottawa
Peel Toronto Kitchener- Waterloo Hamilton
London
Windsor Introduction Nos diverses cités : Ontario KATHERINE A. H. GRAHAM Carleton University
Bienvenue à ce numéro de Nos diverses cités, métis en Ontario se classe troisième en consacré à l’immigration et à la diversité en importance au pays (Ibid.). L’Ontario compte contexte ontarien. L’accent a été mis ici sur également une population noire dont l’origine l’Ontario en raison des enjeux particuliers et des remonte à l’immigration progressive, depuis initiatives intéressantes qui y existent et qui le début du 19e siècle, de Noirs-Américains. font l’objet des articles de cette publication. Cette population s’est davantage diversifiée avec L’importance de comprendre l’immigration et la l’arrivée subséquente d’immigrants d’Afrique, diversité dans notre province, qui est la plus des Caraïbes et d’autres parties du monde, peuplée du Canada, prend d’autant plus de sens donnant lieu en Ontario à une population noire à la lumière des plus récentes statistiques. remarquable pour sa diversité linguistique, Au moment du Recensement de 2001, 26,8 % religieuse et culturelle (Mensah et Firang). En de la population de l’Ontario était née à effet, le présent volume traite d’enjeux de l’étranger, comparativement à 18,4 % de la longue date liés à la diversité, ainsi que de population de l’ensemble du Canada. Toronto questions d’actualité plus récente. est la principale ville d’accueil des immigrants De manière générale, Nos diverses cités aborde en Ontario, mais certainement pas la seule à quatre thèmes. Le premier porte sur la exercer attraction sur les nouveaux arrivants. démographie de la diversité en Ontario. Par Environ 43,7 % de la population de la région exemple, Mohamoud nous présente une vision métropolitaine de recensement de Toronto était détaillée des caractéristiques changeantes de la née à l’étranger en 2001. Les villes de Hamilton population d’Ottawa, tandis que Satzewich et (25 %), Kitchener et Windsor (22 % chacune), Shaffir traitent de façon similaire l’immigration St. Catharines-Niagara et Ottawa-Gatineau et l’établissement des immigrants à Hamilton. (18 % chacune) présentaient toutes des D’autres articles examinent des groupes qui populations d’immigrants égales ou supérieures sont des résidants de longue date de ce qui à la moyenne nationale en 2001. constitue maintenant l’Ontario, notamment les Par ailleurs, la population de l’Ontario se peuples autochtones (Fix et Sivak, qui traitent diversifie de plus en plus. En 2001, les minorités de la question de l’isolement culturel chez les visibles représentaient 19 % de la population jeunes Autochtones) et la population noire de ontarienne, comparativement à 13,4 % dans la province (Mensah et Firang). l’ensemble du Canada (Anisef, Rummens et Le deuxième thème, et peut-être le plus Shields). De nos jours, les nouveaux arrivants prédominant, traite des défis que doivent relever proviennent d’Asie, d’Asie du Sud-Est, d’Amérique les nouveaux arrivants et certains segments latine, des Caraïbes, du Moyen-Orient et des de la population diversifiée de la province. anciens pays du bloc soviétique. Roderick et coll. se penchent sur les difficultés Cependant, comme le souligne Givechian auxquelles sont confrontés les jeunes dans le présent volume, la diversité n’est pas immigrants et sur le rôle que jouent la un phénomène nouveau. De fait, plus du motivation personnelle, le soutien affectif, la cinquième de l’ensemble des Indiens de présence d’une personne servant de modèle l’Amérique du Nord vit en Ontario – il s’agit de et le soutien communautaire dans l’atteinte de la plus grande proportion de toutes les provinces résultats positifs en milieu scolaire. Fix et et territoires du pays (Statistique Canada) – et Sivak examinent l’isolement social chez les environ la moitié de cette population vit à immigrants, de même que chez les jeunes l’extérieur des réserves. En outre, la communauté Autochtones. On traite aussi dans ce volume la
Nos diverses cités 3 question épineuse du sans-abrisme ainsi que indépendamment de leur citoyenneté. Dans le celle de l’accès au logement, deux problèmes même esprit, Bagga met en lumière les raisons auxquels sont confrontés différents segments de pour lesquelles les Canadiens sikhs ont été aussi la population ontarienne. Par exemple, Boucher actifs en politique électorale. Sur la question de souligne le manque de concordance entre notre l’engagement, le London Diversity and Race bassin de logements sociaux et les besoins de Relations Advisory Committee (LDRRAC) donne certaines familles immigrantes, notamment les un aperçu de son historique et de ses démarches familles plus nombreuses. Se penchant sur la en vue de créer une communauté ouverte à la situation des sans-abri à Ottawa, Klodawsky et diversité. Les lecteurs en apprendront également coll. observent d’importantes différences entre davantage sur les nouvelles situations auxquelles les sans-abri nés au Canada et ceux nés à font face les fournisseurs de services locaux et sur l’étranger sur les plans de l’éducation et de la les changements qu’apportent ces derniers afin santé. Ceux nés à l’étranger sont plus de répondre aux besoins d’une population susceptibles d’être sans abri pour des raisons diversifiée. Agrawal, Quadeer et Prasad, suite à financières. La question de l’emploi est un autre leur examen des services municipaux et des domaine abordé en profondeur par les auteurs de enclaves ethniques dans la région de Peel, cette édition de Nos diverses cités. Hathiyani se concluent que la présence d’enclaves ethniques penche sur les obstacles institutionnels et n’a peut-être pas une incidence significative sur individuels auxquels se heurtent plulsieurs la demande de services, mais que ces enclaves professionnels immigrants à Toronto, dont peuvent offrir des occasions de prestation de certains n’ont d’autre solution que de devenir services ciblée. Quirke décrit du rôle de plus chauffeur de taxi. Buhel et Truong présentent un en plus important des bibliothèques publiques rapport sur un énoncé de politique en faveur de dans la prestation de services d’établissement. l’accès, par les immigrants dans la province, aux Agrawal et Hathiyani discutent des obstacles professions réglementées. McFadden et Janzen auxquels se heurtent les communautés ethniques décrivent l’origine du Waterloo Region en Ontario lorsqu’elles souhaitent trouver un Immigrant Employment Network (WRIEN) et salon funéraire et pratiquer des rites religieux et ses interventions en vue d’établir un lien entre culturels pour leurs défunts. les employeurs et les nouveaux arrivants. À Le quatrième thème de Nos diverses cités porte Waterloo, les employeurs ont été amenés à sur la façon dont les institutions de l’Ontario reconnaître l’importance d’embaucher des tentent de nous éduquer sur la diversité par immigrants afin de conserver une main-d’œuvre l’entremise de programmes de recherche et qualifiée et de favoriser la prospérité locale. d’éducation formelle. Anisef, Rummens et Shields McFadden et Janzen estiment que cette prise suivent l’évolution du Centre d’excellence de conscience est un élément essentiel au Metropolis en Ontario (CERIS) depuis sa mise sur succès du WRIEN. Ray et Bergeron examinent pied en 1996. Ils font rapport sur sa portée la distribution géographique des immigrants qui devient progressivement plus large – ses vivant dans la région d’Ottawa-Gatineau – recherches auparavant axées sur Toronto portent selon leur lieu de résidence et leur lieu de travail maintenant sur la région du Grand Toronto. Le – et soutiennent que nous ne portons pas volume contient des rapports sur la série de suffisamment d’attention à l’importance du conférences présentée en 2006 à la University of milieu de travail en tant que lieu d’intégration Guelph (Lusis) et sur le nouveau programme de interculturelle. maîtrise en migration et en relations ethniques Le troisième thème est la relation qui existe de la University of Western Ontario (Esses, d’une part entre les populations diversifiées et Beaujot et Dodson). De plus, plusieurs des les nouveaux arrivants et, d’autre part, entre articles de Nos diverses cités ont été rédigés par le milieu politique et les administrations des diplômés du programme d’études supérieures municipales en Ontario. Siemiatycki se penche en immigration et en établissement de la sur le système électoral municipal torontois, Ryerson University (Bagga, Hathiyani, notamment sur le fait que les résidants n’ayant Navaratna, Quirke). Tout porte à croire que pas la citoyenneté canadienne n’y ont pas le la collectivité ontarienne de chercheurs et droit de vote. Il présente cinq raisons pour d’universitaires s’est réellement engagée à lesquelles le droit de vote municipal devrait favoriser la compréhension de l’immigration et être étendu à tous les résidants de la ville, de la diversité au sein de la province.
4 Nos diverses cités
Les obstacles que doivent surmonter les nouveaux arrivants et les autres groupes diversifiés en Ontario soulèvent une foule de questions d’ordre politique, selon que l’on se penche sur l’éducation, les soins de santé, la relation avec le système juridique ou d’autres domaines. […] Une question primordiale se pose toutefois : au-delà de l’éducation publique et de l’exhortation, que peuvent faire les gouvernements pour inciter les collectivités à devenir plus accueillantes ?
Ce volume tire aussi son importance du et coll., Adey et Gagnon). Dans la deuxième fait que plusieurs des articles portent sur catégorie de ces villes de deuxième et de l’immigration et la diversité dans les villes de troisième rangs, on retrouve des municipalités second et de troisième rangs, comme Hamilton, comme Kingston, Sudbury et Thunder Bay, Kitchener-Waterloo, Ottawa, Thunder Bay, qui reçoivent maintenant très peu d’immigrants Windsor et d’autres. C’est là un détail important et dont la diversité de la population est en car par le passé, la recherche sur l’immigration et grande partie attribuable à un établissement de la diversité en Ontario portait principalement longue date – situation qui se compare à celle sur Toronto et, plus récemment, sur la région des petites villes et des régions rurales de du Grand Toronto. Cette situation est tout à fait l’Ontario. compréhensible étant donnés les taux élevés Dans le cas des villes de la première catégorie, d’immigration dans cette région, la diversité c’est-à-dire qui reçoivent un grand nombre croissante de sa population et les avantages et d’immigrants et qui se diversifient rapidement, inconvénients qui découlent de la cohabitation il importe de comprendre les caractéristiques de populations diversifiées dans des enclaves pouvant favoriser ou entraver le processus résidentielles et professionnelles. Cependant, à d’établissement et l’harmonie, en tâchant de mesure que progresse notre société, les villes de distinguer les caractéristiques propres à chaque deuxième et de troisième rangs, ainsi que les ville et celles qui sont partagées, soit avec communautés de plus petite taille, méritent d’autres villes canadiennes de taille similaire, certainement notre attention et ce, pour bien ou avec les grands carrefours de l’immigration des raisons. comme la région du Grand Toronto et le Lower De manière générale, les villes de deuxième Mainland de la Colombie-Britannique. Qu’est-ce et de troisième rangs peuvent être regroupées qui attire les immigrants, les peuples autochtones en deux catégories. La première compte des et les autres minorités visibles à ces endroits ? centres comme Hamilton, Kitchener, Windsor, Quelles sont les caractéristiques qui favorisent St. Catharines-Niagara et Ottawa-Gatineau, où l’établissement et la rétention des nouveaux le poids démographique des immigrants est arrivants, l’harmonie et la prospérité ? Quel est sensiblement le même que dans l’ensemble du le rôle des gouvernements et de la politique pays, ou supérieur. (La contribution du LDRRAC publique, du secteur des affaires et du secteur au présent volume laisse entendre que London bénévole dans l’atteinte de ces objectifs ? Nombre connaît également depuis peu un essor en des articles de ce volume abordent ces questions matière d’immigration après une période en donnant des exemples d’initiatives précises prolongée de stabilité démographique.) Un liées à l’emploi, à l’éducation, au logement, etc. certain nombre d’articles examinent ces villes de Un programme de recherche plus systématique deuxième et troisième rangs : Navaratna ainsi demeure toutefois nécessaire. que Satzewich et Shaffir examinent la situation L’article de Thomas Dunk, qui porte sur la ville à Hamilton, tandis que McFadden et Janzen de Thunder Bay, met en lumière la situation vécue traitent de Kitchener-Waterloo et Quirke aborde dans d’autres villes de deuxième et de troisième Windsor. En outre, plusieurs articles, dont les rangs ainsi que dans les petites villes et les auteurs ont contribué au projet Nos diverses régions rurales de l’Ontario. L’immigration y cités : Ottawa – projet qui fait l’objet d’un est particulièrement limitée et la diversité est compte-rendu dans ce volume – décrivent les historique plutôt qu’évolutive. Les municipalités obstacles que doivent surmonter les nouveaux se préoccupent de plus en plus des besoins et des arrivants et les minorités à Ottawa (Mohamoud, intérêts de la population vieillissante ainsi que Luther, Bergeron et Ray, Boucher, Klodawsky de la viabilité de l’assise économique locale.
Nos diverses cités 5 Le paradoxe est que ces municipalités doivent politique liées à l’immigration et à la diversité s’efforcer d’encourager une nouvelle immigration qui doivent être abordées dans le contexte de et de favoriser la diversité de leur population l’Ontario ? J’aimerais présenter deux ou trois pour survivre et prospérer sur le plan économique priorités pour chacun des thèmes abordés dans et social. le présent volume. D’ailleurs, il importe de déterminer par quels La démographie de l’Ontario laisse supposer moyens les villes ontariennes de deuxième et que tous les ordres du gouvernement – fédéral, troisième rangs et les autres municipalités à provincial et municipal – doivent renforcer leur l’extérieur de la région du Grand Toronto stratégie à l’égard de la politique publique peuvent devenir plus accueillantes à l’endroit pour y intégrer « l’angle de la diversité ». Cela des immigrants, afin de pouvoir les attirer et implique le suivi continu de la composition les retenir. Comme le souligne Bauder, les démographique ainsi que la définition des petites villes et les régions rurales de l’Ontario changements qu’il faut apporter aux orientations qui dépendent de plus en plus des travailleurs stratégiques afin d’atteindre des résultats migrants saisonniers pour leur production ont au positifs en matière d’immigration et d’aborder moins un discours valorisant ces gens. Le secteur efficacement les intérêts et préoccupations de de l’agriculture préférait les migrants saisonniers la population autochtone. Les gouvernements aux bénéficiaires d’aide sociale qui auraient pu doivent réellement saisir les répercussions, sur être déployés en vertu du programme de travail le plan des politiques publiques, d’avoir des agricole obligatoire proposé par le gouvernement définitions très larges de certains segments de la de l’Ontario en 1999. Toutefois, les municipalités population (« noir », « asiatique », « autochtone ») de l’Ontario ont beaucoup à faire pour créer un qui sont en fait être très diverses du point environnement accueillant pour les immigrants de vue linguistique, culturel et religieux. Les et les minorités visibles. Un certain nombre administrations municipales, en particulier, des articles du présent volume décrivent la doivent examiner leurs politiques d’aménagement collaboration entre les gouvernements, le secteur et de zonage à la lumière de la démographie privé, les organisations bénévoles et, lorsqu’ils changeante. Ici, les questions vont de sont présents, les membres établis de populations l’accommodement des droits liés à l’inhumation et ethnoculturelles, qui pourraient constituer des aux rites funéraires à l’appui d’un bassin de éléments qui favoriseraient l’immigration à logements pouvant accueillir des familles aux l’extérieur de la région du Grand Toronto. besoins et aux antécédents culturels différents. Du point de vue de la politique publique, le Il importe également que les municipalités gouvernement fédéral n’est en aucun cas le seul à envisagent des politiques d’aménagement et encourager l’immigration et à établir des relations d’utilisation de l’espace public qui tiennent positives au sein d’une population de plus en plus compte de la diversité croissante de la population. diverse. Le tout premier Accord Canada-Ontario Les obstacles que doivent surmonter les sur l’immigration, conclu en 2007, en est le reflet. nouveaux arrivants et les autres groupes Parmi ses dispositions, on retrouve un projet diversifiés en Ontario soulèvent une foule de pilote de Programme des candidats des provinces, questions d’ordre politique, selon que l’on se qui permet au gouvernement provincial de penche sur l’éducation, les soins de santé, la désigner des immigrants qui contribueraient au relation avec le système juridique ou d’autres développement économique ou social de la domaines. Par exemple, dans le cas de l’éducation province, en vue d’une approbation accélérée et de l’emploi, la question centrale porte sur par Citoyenneté et Immigration Canada. Les les initiatives qui aideraient les jeunes – qu’ils administrations municipales ont aussi un rôle soient immigrants, Autochtones ou membres politique à jouer compte tenu de l’interaction d’un autre minorité visible –, ainsi que les directe qu’elles ont avec les nouveaux arrivants et immigrants qualifiés, à atteindre des résultats les collectivités diversifiées par l’entremise de la positifs. Une question primordiale se pose prestation de services essentiels. Le fait d’intégrer toutefois : au-delà de l’éducation publique une compréhension de la diversité au sein des et de l’exhortation, que peuvent faire les processus de planification et de prise de décision gouvernements pour inciter les collectivités à des municipalités constitue un défi particulier devenir plus accueillantes ? pour les administrations municipales. Donc, Mis à part le rôle proactif que doivent jouer pour conclure, quelles sont les questions de les gouvernements dans le suivi de l’immigration
6 Nos diverses cités
et de la diversité démographique, il existe d’autres contexte beaucoup plus large, d’échelle nationale, enjeux politiques qui touchent précisément voire internationale. aux rapports entre, d’une part, les immigrants, L’immigration et la diversité sont des les peuples autochtones et les autres minorités facteurs clé de la croissance et de l’avenir de visibles et, d’autre part, les gouvernements. la région du Grand Toronto. Cependant, le Plusieurs des articles du présent volume soulèvent présent volume souligne à quel point il est la question : Quel est le rôle optimal que doit jouer important de comprendre la diversité dans le gouvernement, comparativement aux secteurs villes de deuxième et de troisième rangs ainsi privé et bénévole, dans l’établissement et la que dans les petites municipalités. Lorsque l’on réussite des immigrants au sein d’un Ontario examine spécifiquement ces endroits, les diversifié ? L’idée que propose Siemiatycki, à questions de politique sont conséquentes et savoir que tous les résidants de Toronto en âge de profondes. Comment ces villes peuvent-elles voter devraient pouvoir voter aux élections attirer et retenir de nouveaux arrivants ? Quelle municipales, est un concept de conséquence dont est la meilleure façon de lutter contre la l’application dépasserait les frontières de Toronto. discrimination à des endroits qui n’ont pas En dernier lieu, il faut examiner de façon plus encore accueilli un nombre appréciable de approfondie quelles sont les politiques relatives minorités visibles ? Comment les services à l’engagement des citoyens – à l’extérieur d’établissement essentiels peuvent-ils être des périodes électorales – qui renforceraient la offerts aux nouveaux immigrants dans les villes capacité des gouvernements à établir des liens de plus petite taille ? avec les populations diversifiées. Je suis convaincue qu’à la lecture de cette L’étendue des activités entreprises au sein des édition de Nos diverses cités, d’autres questions établissements d’enseignement et par les groupes surgiront. En plus d’aider à mieux comprendre de recherche afin de mieux comprendre la diversité en Ontario, il s’agit de l’un des la population changeante de la province a été objectifs de cette publication. clairement démontrée. Il s’agit maintenant de déterminer comment ces recherches se Références poursuivront et prendront de l’expansion. www12.statcan.ca/francais/census01/Products/Analytic/ companion/abor/groups1_f.cfm. Consulté le 21 août 2007. Comment appuiera-t-on la recherche pour favoriser une meilleure compréhension de www12.statcan.ca/francais/census01/Products/Analytic/ l’immigration et de la diversité en Ontario ? Il ne companion/abor/groups2_f.cfm. Consulté le 21 août 2007. s’agit pas que d’une question d’intérêt provincial. www.citizenship.gov.on.ca/french/news/2007. Consulté le L’Ontario doit être examiné et évalué dans un 22 août 2007.
Nos diverses cités 7 Au moment de la création en 1996 de CERIS – The Ontario Metropolis Centre1, Toronto était largement reconnue comme « la ville internationale » du Canada. Destination première de nombreux nouveaux arrivants au pays, le caractère et l’énergie mêmes de la ville découlent de vagues successives de nouveaux arrivants venant de différentes régions du monde. Cet article retrace l’évolution de CERIS, durant la dernière décennie, dans le contexte de l’évolution de la diversité dans la région du Grand Toronto et dans le reste de l’Ontario. Diversité dans la ville Partenariats de recherche et échange de connaissances de CERIS – incidence sur les politiques
PAUL ANISEF York University
JOANNA ANNEKE RUMMENS University of Toronto et l’Hôpital pour enfants de Toronto
JOHN SHIELDS Ryerson University
CERIS et Toronto ville depuis la Seconde Guerre mondiale, les À tout point de vue, Toronto est véritablement vagues successives d’immigrants sont venues « un monde dans une ville »2. En 2001, 43 % de de tous les coins du monde. Il fait remarquer tous les nouveaux arrivants au Canada ont que [Traduction] « Alors qu’elle était autrefois choisi la région métropolitaine de recensement une ville protestante repliée sur elle-même, (RMR) de Toronto comme destination et 17 % une sorte d’Ulster du Nord, où régnaient les se sont dirigés vers d’autres centres urbains de lois d’inspiration puritaine, une législation l’Ontario (Schellenberg, 2004, p. 11; CIC, s.d.). draconienne en matière d’alcool et l’Ordre Entre 2001 et 2005, la RMR de Toronto a attiré d’Orange, Toronto mise maintenant sur sa en moyenne 107 000 immigrants par année. diversité culturelle pour attirer les touristes. » La transformation de Toronto, au cours des (Troper, 2003, p. 20) dernières décennies, en l’une des métropoles La nature diverse de la population torontoise les plus multiculturelles du monde, a été est bien enracinée. On peut y entendre plus profonde. Comme le fait remarquer Harold de 100 langues et dialectes dans les divers Troper dans son étude de l’immigration dans la quartiers, et plus du tiers des habitants de Toronto parlent une langue autre que l’anglais 1 À l’origine, l’organisme se nommait le Centre d’excellence conjoint à la maison. Selon les statistiques de la Ville pour la recherche sur l’immigration et l’établissement – Toronto de Toronto, en 2005, plus de la moitié des (CERIS). Son nom a par la suite été changé à CERIS – The Ontario nouveaux immigrants provenaient de dix pays Metropolis Centre, afin de refléter l’élargissement de son cadre de différents, soit la Chine (19,4 %), l’Inde (8,9 %), recherche à toute la région, comme son mandat original de 2002 le Pakistan (6,6 %), les Philippines (5,8 %), le le prévoyait. Bangladesh (3,5 %), l’Iran (3,1 %), les États-Unis 2 L’emploi de l’expression « un monde dans une ville » pour désigner la grande diversité de la population torontoise a vu le (2,8 %), la Russie (2,8 %), le Sri Lanka (2,1 %) jour dans Anisef et Lanthier (2003), une publication de CERIS. et l’Ukraine (1,9 %) (Ville de Toronto, 2007).
8 Nos diverses cités Le changement de pays sources des immigrants a des nouveaux immigrants dans la région du également modifié le paysage urbain de Toronto. Grand Toronto. Ces transformations sociodémographiques se CERIS a été créer pour mener des recherches reflètent également dans les médias, Toronto collaboratives, interdisciplinaires et scientifiques comptant maintenant quelque 79 publications sur les dossiers urgents et les façons d’aborder la ethniques différentes. croissance démographique due à l’immigration. Selon les données du Recensement de 2001, Parmi les domaines de recherche prioritaires, 18,4 % de la population canadienne et 26,8 % on compte la reconnaissance des titres de de la population ontarienne est née à l’extérieur compétence acquis à l’étranger, l’intégration du Canada (Statistique Canada, 2003). Dans la économique et sociale des nouveaux arrivants, RMR de Toronto, le pourcentage de la population l’éducation et la formation, l’état de santé, née à l’étranger atteint un impressionnant l’accès aux soins de santé, l’accès au logement, 43,7 %, ce qui en fait le chef de file des métropoles le racisme et le profilage racial, l’identité, la du monde pour ce qui est de la densité relative diversité et la citoyenneté, ainsi que la formation de la population immigrante; le pourcentage de communautés accueillantes. Les immigrants correspondant pour la ville de Toronto s’établit choisissant des lieux d’établissement qui à 49,4 %. De même, alors que 13,4 % de la s’étendent au-delà de la ville de Toronto, population canadienne et 19 % de la population CERIS a élargi son champ d’observation pour ontarienne sont membres de minorités visibles, inclure des régions urbaines de l’Ontario situées cette proportion se situe à 37 % dans la RMR de à l’extérieur du Grand Toronto. Ainsi, à Toronto et à 43 % dans la ville de Toronto mesure que s’intensifie la diversité culturelle, (Statistiques Canada, s.d., p. 12-14). D’autres villes linguistique, religieuse et raciale de cette ville et ontariennes comptent également un grand de la province, CERIS mène des recherches utiles nombre d’immigrants. En 2001, près de 25 % aux pouvoirs publics sur les enjeux et occasions de la population de Hamilton, 22 % de celles de qu’entraîne dans son sillage la complexité Kitchener et de Windsor, et 18 % de celles de sociodémographique croissante du Canada. St. Catharines-Niagara et d’Ottawa-Hull étaient née à l’étranger, les minorités visibles représentant, L’évolution de CERIS respectivement, 10 %, 11 %, 13 %, 4,5 % et 14 % Lorsque Citoyenneté et Immigration Canada des populations de ces villes (Ibid., p. 5-6, 10). (CIC) a lancé le projet Metropolis, en 1994, sa En 2006, la ville de Toronto comptait à peine décision était motivée par la nécessité d’établir plus de 2,5 millions de résidants, mais si l’on y un système permettant de générer et d’appliquer ajoute la banlieue, ce nombre double. Entre 2001 les connaissances en vue de formuler une et 2006, la ville de Toronto a vu sa population politique publique en matière d’immigration et croître de 0,9 % seulement. En revanche, les d’intégration. Ce besoin s’était particulièrement localités environnantes ont pour leur part connu manifesté lors des consultations publiques une expansion très rapide. Par exemple, les visant à définir une politique d’immigration populations de Brampton, de Vaughan et de pour les dix années à venir, ce qui avait donné Markham ont grimpé de 33 %, 31,2 % et 25,4 % lieu à la publication, en 1994, du document respectivement. Durant cette même période, intitulé Vers le 21e siècle : une stratégie pour d’autres grandes villes ontariennes ont connu l’immigration et la citoyenneté (Dubois et une croissance plus modeste, mais néamoins Watson, 1998). CERIS a été institué par la suite, plus rapide que celle de la ville de Toronto elle- en mars 1996, afin de mener des recherches même : les populations de Windsor, London, sur l’orientation en matière d’immigration et Ottawa et Kitchener ont augmenté de 3,5 %, d’intégration des immigrants et des réfugiés à la 4,7 %, 4,9 % et 7,5 % respectivement durant de vie économique, sociale, politique et culturelle cette période de cinq ans (Statistiques Canada, de la région du Grand Toronto. 2007). De plus, dans la RMR de Toronto, 43,1 % Avec les centres Metropolis de Montréal, des de la population de la région de Peel, 39,1 % de Prairies et de Vancouver (et ultérieurement des la région de York, 22,4 % de la région de Halton provinces de l’Atlantique), CERIS est devenu et 18,9 % de Durham est née à l’étranger une composante majeure de la participation (Recensement de 2001). C’est maintenant la canadienne au projet international Metropolis. région dont l’indicatif régional est 905, soit Dans sa première phase, le projet Metropolis s’est autour de Toronto, qui est la destination de choix intéressé aux problèmes liés à l’établissement des
Nos diverses cités 9 À mesure que s’intensifie la diversité culturelle, linguistique, religieuse et raciale de cette ville et de la province, CERIS mène des recherches utiles aux pouvoirs publics sur les enjeux et occasions qu’entraîne dans son sillage la complexité sociodémographique croissante du Canada.
immigrants dans les grands centres urbains et s’intéressant aux questions d’immigration; a cherché à définir des pratiques exemplaires 5) diffuser les résultats des recherches afin de qui inspireraient la politique publique. CIC, le stimuler l’élaboration de politiques et de susciter le Conseil de recherches en sciences humaines débat au sein de la population. (CRSH), et un consortium de ministères Stimulé en partie par des demandes de fédéraux ont financé le premier cycle du projet, propositions annuelles et par d’autres initiatives qui s’est étendu sur six ans. Statistique Canada et activités du Centre, CERIS s’est établi des a donné un appui en fournissant des données, bases solides durant ses six premières années des subventions et du soutien technique. d’existence. Une réalisation clé du Centre a Les universités de Ryerson, de Toronto et de été la constitution d’une communauté productive York ont également apporté un soutien en et engagée de chercheurs universitaires et nature et financier. communautaires, de fournisseurs de services, Les partenaires fondateurs de CERIS ont ainsi de groupes communautaires, d’organismes non créé un centre de recherche universitaire qui gouvernementaux et de ministères. Des individus serait différent des autres centres traditionnels, et des organismes de ces différents secteurs ont tant du fait de son intérêt pour des recherches l’occasion de faire connaissance, de travailler en utiles sur le plan politique et pratique que collaboration dans le cadre de projets de recherche du fait de ses partenariats avec les secteurs et de diffusion, et d’apprendre les uns des autres. communautaire et universitaire. À cette fin, Ensemble, ils ont cerné les questions pressantes CERIS a établi un conseil de direction, composé en matière d’immigration et d’établissement, ont de trois représentants par université fondatrice formulé des thèmes de recherche pertinents, ont (Ryerson, Toronto et York) et d’un représentant défini et mis en œuvre des projets de recherche par organisme communautaire fondateur utiles et ont inspiré la politique et la pratique (Community Social Planning Council de grâce aux résultats de leurs recherches. En Toronto, Ontario Council of Agencies Serving procédant ainsi, ils ont commencé à former Immigrants et United Way of Greater Toronto). une nouvelle génération de chercheurs et de Ce partenariat a été élargi ultérieurement afin spécialistes axant leurs travaux sur les politiques d’inclure des représentants du comité consultatif et ce, tant au sein des universités que des plus large de CERIS (maintenant devenu le organismes communautaires. conseil des partenariats communautaires), de Au moment de s’engager dans sa deuxième ministères fédéraux, de services municipaux et phase, le projet Metropolis a mis davantage de bailleurs de fonds, de sorte à former un l’accent sur les domaines de recherche, la nouveau conseil d’administration. recherche pancanadienne et les priorités Durant sa première phase d’existence, les articulées par les partenaires fédéraux. CERIS objectifs de CERIS ont été les suivants : 1) former a répondu à ces changements d’orientation une communauté qui se consacrera à la de diverses manières, notamment : 1) en recherche dans les domaines de l’immigration et élargissant son réseau de collaborateurs formé de l’établissement; 2) favoriser une recherche d’universitaires, d’étudiants et de partenaires novatrice et multidisciplinaire sur l’intégration communautaires et gouvernementaux, y compris des immigrants à la vie économique, sociale, dans les centres Metropolis; 2) en intensifiant politique et culturelle du Canada, en s’intéressant la recherche à l’échelle pancanadienne; 3) en particulièrement à la région du Grand mettant davantage l’accent, dans ses domaines Toronto; 3) créer des programmes de recherche de recherche, sur les priorités de recherche de coopérative de longue durée, auxquels participent ses partenaires au sein du gouvernement des universitaires et des responsables des politiques fédéral. Durant toute cette deuxième phase, la s’intéressant aux questions d’immigration; 4) offrir recherche au CERIS s’est davantage appuyée des occasions de formation à des étudiants sur des réseaux de recherche sectorielle ou
10 Nos diverses cités regroupée, elle a été mieux intégrée aux Le succès de CERIS peut être attribué en grande activités des autres centres Metropolis et a été partie à la forte participation d’intervenants du davantage axée sur des questions et thèmes milieu. Les liens étroits et les solides partenariats pertinents à la pratique et aux politiques que CERIS a établis avec de nombreux organismes publiques. CERIS a élargi son programme de communautaires au cours de ses 11 années recherche et ses activités afin d’intégrer d’autres d’existence sont au cœur de ses activités de municipalités ontariennes, a entrepris des projets recherche et de diffusion. En plus de réseaux de recherche comparative et communautaire informels, CERIS utilise divers moyens structurés avec des partenaires communautaires et pour poursuivre le dialogue avec le secteur gouvernementaux, et a élaboré un programme communautaire et les autres intervenants. de recherche pancanadien dans des domaines Des groupes non gouvernementaux et clés en collaboration avec des chercheurs des communautaires participent à nos journées autres centres Metropolis. annuelles de réflexion sur la recherche, au cours Les 11 premières années d’existence du CERIS desquelles sont définies les priorités de recherche ont été d’une immense productivité. Entre 1996 qui feront l’objet d’un concours annuel de et 2006, le Centre a consacré 1 220 537 $ au financement. Ils contribuent à nos projets de financement interne de 75 projets de recherche recherche à titre de chercheurs, d’adjoints de résultant de demandes de propositions évaluées recherche, de collaborateurs et de conseillers et par des pairs, et de quatre grands projets de ils participent à notre série d’ateliers du midi, à recherche. Entre 2002 et 2006, quelque 34 notre forum de recherche et à nos conférences livres, 107 chapitres, 220 monographies Metropolis. Ils cosignent également divers évaluées par les pairs et 166 monographies, instruments de diffusion de la recherche, articles sur invitation et rapports ont été notamment des articles dans la Working Papers publiés. Les organismes associés au CERIS ont Series et dans Policy Matters, périodiques également organisé non moins de 81 colloques, de CERIS, et contribuent à la diffusion des présenté 494 communications dans des conclusions des recherches du Centre. congrès et donné 374 cours, séminaires, Tandis que CERIS – The Ontario Metropolis ateliers et présentations sur affiches durant Centre passe à la troisième phase, il s’appuie sur cette même période. Au cours de cette de solides assises pour renouveler et élargir son deuxième phase (2002-2007), les dirigeants de mandat et ce, de la manière suivante : a) assurer CERIS, les responsables des domaines et les l’expansion et le soutien d’une communauté associés de recherche ont également amassé réseautée et productive de chercheurs plus de 23828128$ en subventions de recherche universitaires et communautaires, de partenaires externes pour des études en lien direct avec les non gouvernementaux, de stagiaires diplômés, domaines de l’immigration, de la diversité et de responsables des politiques, de praticiens et de de l’établissement. bailleurs de fonds s’intéressant à la migration, à CERIS compte actuellement plus de 186 la diversité et à la participation civile dans la associés. Durant sa deuxième phase, dans le province de l’Ontario; b) favoriser, soutenir et cadre de projets internes découlant de demandes entreprendre des recherches interdisciplinaires de propositions, les associés de recherche de théoriques et pratiques d’envergure régionale, CERIS ont travaillé conjointement avec plus de provinciale, nationale et internationale grâce 40 groupes communautaires de la région du à une collaboration active au sein du réseau Grand Toronto et d’autres régions de l’Ontario. du projet Metropolis; c) initier davantage L’engagement du CERIS envers la formation et le d’échanges et de transferts des connaissances mentorat – plus de 200 étudiants ont bénéficié parmi tous les intervenants, afin d’optimiser la de la formation fournie dans le cadre de projets prise en compte des résultats de recherche aux financés par CERIS – a donné lieu au lancement fins de la mobilisation des connaissances chez réussi, en 2004, d’un programme de maîtrise en les responsables des politiques et les praticiens. immigration et en établissement des immigrants à la Ryerson University, le premier programme Transfert et mobilisation d’études supérieures au Canada consacré à l’étude des connaissances par CERIS des politiques et des services en immigration. Les stratégies de transfert et de mobilisation Cette initiative a été le résultat direct du des connaissances de CERIS visent à établir un partenariat entre l’université et CERIS. échange constant et systématique d’informations
Nos diverses cités 11 L’engagement du CERIS à l’endroit de la formation et du mentorat – plus de 200 étudiants ont bénéficié de la formation fournie dans le cadre de projets financés par CERIS – a donné lieu au lancement réussi, en 2004, d’un programme de maîtrise en immigration et en établissement des immigrants à la Ryerson University, le premier programme d’études supérieures au Canada consacré à l’étude des politiques et des services en immigration.
entre les milieux universitaire et non universitaire, sciences sociales des intervenants des milieux instituant ainsi des réseaux, des partenariats et universitaire et non universitaire. Au-delà de la une infrastructure de création, de mobilisation et recherche elle-même, il existe des activités d’échange des connaissances. Ainsi, la recherche fondamentales auxquelles CERIS consacre son effectuée par CERIS est à même de d’informer, de énergie et ses ressources depuis le début du manière active et efficace, les décisions en matière projet Metropolis. La réussite même du Centre de politique publique, de pratique professionnelle d’excellence est due à l’importance accordée et d’élaboration de programmes. à ces partenariats de recherche coopérative L’expérience de CERIS a démontré que le et d’échange de connaissances. CERIS est savoir a une plus grande valeur s’il est partagé déterminé à élargir encore ce mandat durant la et utilisé. Nous définissons ce processus troisième phase et tout à fait en mesure de global d’échange de connaissances comme un s’y prendre. échange actif et bidirectionnel d’informations CERIS joue un rôle de générateur, de courtier et de personnes entre créateurs, courtiers et et d’utilisateur de connaissances. Grâce à ses utilisateurs de connaissances. La création de structures de gouvernance et à ses collaborations connaissances, si le savoir doit être plus en recherche, il offre un forum d’échange du pertinent et d’application plus large, doit savoir. Ses stratégies de diffusion de la recherche s’effectuer dans le cadre de partenariats, c’est- visent à traduire des connaissances (pour à-dire, dans le cas de CERIS, par l’union de répondre aux besoins d’information des divers chercheurs, de représentants communautaires, auditoires composés d’intervenants du milieu) de responsables des politiques, de praticiens et et à assurer le transfert des connaissances (pour de partenaires tant gouvernementaux que non favoriser l’utilisation rapide des conclusions gouvernementaux et ceci, parce que les de recherche en théorie et en pratique) grâce questions de recherche qui traitent de la à la mobilisation des connaissances. Les nécessité de l’élaboration de politiques et de partenaires communautaires, gouvernementaux programmes basés sur des données probantes et non gouvernementaux de CERIS participent sont plus à même d’apparaître dans ce contexte pleinement à toutes les étapes du cycle de la et d’y être traitées avec succès. La transmission recherche, de la définition initiale des besoins et du savoir s’effectue également de manière plus de leur classement par ordre de priorité, jusqu’au efficace grâce à la mise en place et au maintien transfert effectif des conclusions de recherche de réseaux d’échange de connaissances, d’une par les divers médias aux différents intervenants part parce que de tels espaces donnent la du milieu, en passant par la synthèse des possibilité d’échanger des données pertinentes connaissances existantes, la conception et la et des résultats de recherche entre les mise en œuvre des projets de recherche, l’analyse intervenants du milieu, et d’autre part parce des données et la rédaction des rapports et qu’elle apporte différents points de vue, monographies et l’évaluation des répercussions des éclairages nouveaux et de nouvelles des résultats de recherche sur le plan des connaissances au sein d’un large éventail politiques et de la pratique. d’utilisateurs des connaissances. Le transfert des connaissances tirées des Établissement des recherches en politique et en pratique exige priorités la constitution d’un réseau de partenariats et d’une infrastructure qui permettent, favorisent Transfert Incidence et soutiennent un échange constant, systématique et prompt des connaissances en Synthèse
12 Nos diverses cités Conclusion sont axées sur la santé et le bien-être des enfants et des À titre de chefs de file du transfert et de la jeunes immigrants et réfugiés; elle étudie particulièrement mobilisation des connaissances, CERIS – The les communautés immigrantes affectées par la guerre, la Ontario Metropolis Centre et le projet Metropolis prestation de services sanitaires manifestant une compétence transculturelle et la santé dans le monde. Divers ministères abordent avec succès les grandes questions font appel à son expertise dans les domaines de l’identité, de d’orientation que soulèvent l’établissement et la diversité, de la citoyenneté, de l’intégration et de la santé. l’intégration des nouveaux arrivants dans un contexte de diversité croissante. Ce succès peut JOHN SHIELDS est le directeur de CERIS – The Ontario être attribué au caractère novateur de notre Metropolis Centre, Ryerson University, et directeur « académique », Policy Matters, périodique que publie recherche et à la façon dont elle est appliquée CERIS. Professeur titulaire au département des sciences aux politiques et aux pratiques. À l’aube de politiques et administration publique, il dirige en la deuxième décennie d’existence de CERIS, collaboration le programme de maîtrise en politique et la définition des grands thèmes de recherche, administration publiques. M. Shields a reçu plusieurs l’accent renouvelé sur le transfert des distinctions dans le milieu universitaire, dont le Sarwan connaissances et les modifications structurelles Sahota – Ryerson Distinguished Scholar Award, en 2001. envisagées pour la troisième phase du projet Spécialiste d’économie politique, ses derniers travaux ont Metropolis sont conformes à l’objectif du surtout porté sur la restructuration du marché du CRSH, soit de « transformer les connaissances travail, sur la transformation du rapport entre l’État et en actions concrètes dans l’intérêt commun du les organisations sans but lucratif et sur l’intégration plus grand nombre possible ». économique des immigrants. Parmi ses publications récentes sur le sujet, mentionnons les suivantes : « NGO-Government Relations and Immigrant Services: À propos des auteurs Contradictions and Challenges », in Revue de l’intégration PAUL ANISEF enseigne la sociologie à la York University; et de la migration internationale, vol. 6, no 3-4, été- il est l’ancien directeur de CERIS dans cette université. Il automne 2005 (avec Ted Richmond); « No Safe Haven: détient une maîtrise de la Pennsylvania State University et Markets, Welfare and Migrants », in Immigrants, Welfare un doctorat de la Cornell University. Le vaste programme Reform and the Poverty of Policy (Philip Kretsendemas de recherche du M. Anisef comprend l’établissement et et Ana Aparacio, dir., New York, Praeger, avril 2004) et l’intégration des jeunes immigrants, le rapport famille-école- Mobilizing Immigrant Research for Policy Effect: The Case enfant dans l’expérience d’apprentissage de l’enfant et des of CERIS, CERIS Working Paper Series, no 59, juin 2007. résultats scolaires; le passage du milieu scolaire au milieu professionnel à la fin des études secondaires, collégiales ou universitaires et les carrières possibles pour les jeunes Références Canadiens. Publications : coauteur (avec P. Axelrod, Anisef, Paul, et Michael Lanphier, dir. 2003. The World in E. Baichman-Anisef, C. James et A. H. Turrittin) de a City, Toronto, University of Toronto. Opportunity and Uncertainty: Life Course Experiences of Canada. Citoyenneté et Immigration Canada (CIC). s.d. the Class of ’73, 2000; codirecteur (avec Michael Lanphier) Destinations. www.kanada- de The World in a City, 2003, et (avec Kenise M. Kilbride) canada.com/DESTINATIONS.html. Managing Two Worlds, 2003. En 2005, McGill Queen’s ———. Statistics Canada. 2003. « Recensement de la Press a publié et dirigé une collection d’essais qu’il a écrits population : immigration, lieu de naissance et lieu de avec Robert Sweet, intitulée Preparing for Postsecondary naissance des parents, citoyenneté, origine ethnique, Education: New Roles for Governments and Families. minorités visibles et peuples autochtones », Le Quotidien. M. Anisef est également l’auteur de nombreux rapports www.statcan.ca/Daily/Francais/030121/q030121a.htm. commandés par le gouvernement, de contributions à des livres et d’articles dans des revues avec comité de lecture. ———. Statistics Canada. 2007. « Chiffres de population et des logements, Canada et subdivisions de recensement JOANNA ANNEKE RUMMENS est la directrice de CERIS – The (municipalités), Recensements de 2006 et 2001 – Ontario Metropolis Centre, University of Toronto. Chercheure Données intégrales », Chiffres de population et des scientifique en systèmes de santé au sein du Groupe d’étude logements – Faits saillants en tableaux, Ottawa. des systèmes de santé communautaire, Mme Rummens est www12.statcan.ca/francais/census06/data/popdwell/ également chercheure en évaluations pédiatriques à l’Hôpital Table.cfm?T=301&S=3&O=D pour enfants et professeure adjointe au département de psychiatrie de la Faculté de médecine de l’université de ———. Statistics Canada. s.d. « Division des opérations du Toronto. Anthropologue et sociologue, Mme Rummens recensement », Recensement de 2001 : série « analyses », maîtrise plusieurs langues et s’intéresse aux liens possibles Portrait ethnoculturel du Canada : une mosaïque en entre l’identité, la diversité, la santé et le bien-être dans les évolution. [Infraprovincial], www12.statcan.ca/francais/ groupes humains, et plus particulièrement au sein des census01/products/analytic/companion/etoimm/ populations vulnérables et marginalisées. Ses recherches subprovs_f.cfm.
Nos diverses cités 13 Dubois, Lucien, et Kenneth Watson. 1998. Examen de la Troper, Harold. 2003. « Becoming an Immigrant City: gestion du projet Metropolis au Canada, rapport présenté A History of Immigration into Toronto since the Second à CIC, le Secrétariat d’État et le CRSH. World War », dans Paul Anisef et Michael Lanphier, The World in a City, Toronto, University of Toronto. Schellenberg, Grant. 2004. « Les immigrants dans les régions métropolitaines de recensement », dans Tendances Ville de Toronto. 2007. « Diversity Management and et conditions dans les régions métropolitaines de Community Engagement in the City of Toronto », Public recensement, Direction des études analytiques, Policy Forum Study Tour Session, Hôtel de ville de Toronto. Statistique Canada, Ottawa. www.toronto.ca/diversity/index.htm.
Nos diverses cités Nos diverses cités est une série spéciale de Metropolis qui examine les questions liées à la diversité, à l’intégration et à l’immigration dans les villes. Les trois volumes publiés à ce jour font partie des lectures obligatoires de nombreux cours universitaires dans tout le pays. Plusieurs articles de Nos diverses cités portent sur la situation en Ontario :
Volume 1, printemps 2004 • Clive Doucet (Ville d’Ottawa), « Rien ne va plus à Ottawa » • Naomi Alboim (Queen’s University) et Elizabeth McIsaac (TRIEC), « Le TRIEC : un projet de recherche qui se concrétise » • Marcia Wallace (ministère des Affaires municipales et du Logement de l’Ontario) et Frances Friskin (York University), « Les défis liés à l’établissement des immigants : votre municipalité est-elle prête ? » • John Biles et Erin Tolley (projet Metropolis), « Avoir voix au chapitre : la participation politique des nouveaux arrivants et des minorités à Ottawa » • Karen Bird (McMaster University), « Obstacles à la représentation des minorités ethniques au sein des gouvernements locaux au Canada » • Scot Wortley et Julian Tanner (University of Toronto), « Discrimination ou “bons” service de police ? Le débat concernant le profilage racial au Canada » Volume 2, été 2006 • Caroline Abu-Ayyash et Paula Brochu (University of Western Ontario), « La spécificité de l’immigration selon la destination : regard sur la région de Waterloo » • Paula Brochu and Caroline Abu-Ayyash (University of Western Ontario), « Stratégies et obstacles relatifs à l’attraction et à la rétention des immigrants à London en Ontario » • Mary-Lee Mulholland (York University), « Guelph : une destination prometteuse pour les nouveaux arrivants » • Tina Block (University of Victoria), « Comment attirer et retenir les nouveaux arrivants dans le Grand Sudbury, en Ontario » • William Closson (Queen’s University), « Y a-t-il une diversité religieuse à Kingston, en Ontario ? » • Melinda Munro (Ville de Windsor), « Une responsabilité d’envergure : participation à la Coalition canadienne des municipalités contre le racisme et la discrimination » Volume 3, été 2007 • Belinda Leach (University of Guelph) et coll., « Diversité ethnique des milieux de travail et homogénéité des localités : observations préliminaires sur les régions rurales du sud de l’Ontario » • Kerry Preibisch (University of Guelph), « Migrantes transnationales dans le Canada rural »
Pour obtenir un exemplaire du volume 1, 2 ou 3, en français ou en anglais : [email protected]
14 Nos diverses cités Le présent article présente un survol de la situation actuelle en matière de dispersion des immigrants en Ontario et examine certaines politiques qui ont été proposées ou adoptées afin d’encourager le déplacement des immigrants, tout particulièrement ceux qui sont qualifiés, vers l’extérieur de Toronto. Certains plans d’attraction et de rétention des immigrants présentent un meilleur potentiel pour ce qui est de l’établissement durable des immigrants. La région de Waterloo est un exemple de réussite en matière d’attraction et de rétention des immigrants. À long terme, les modèles à succès dépendront de l’inclusion et de la représentation améliorées des immigrants dans la construction et les politiques des collectivités.
Les politiques, les pratiques et les réalités de la régionalisation de l’immigration en Ontario* MARGARET WALTON-ROBERTS Wilfrid Laurier University
Les problèmes et les débats actuels démographique dans les régions éloignées et en matière d’immigration au Canada rurales du pays et, d’autre part, à favoriser le Le plus important changement dans la dispersion développement économique régional. Le débat géographique des immigrants au Canada durant sur la régionalisation des immigrants n’est pas les 20 dernières années est survenu dans les en réaction directe à la concentration des grandes métropoles, où la proportion d’immigrants immigrants dans les métropoles, mais plusieurs y ayant élu domicile est passé de 52,2 % au début observateurs ont soulevé des inquiétudes à cet des années 1980, à 74,7 % à la fin des années égard, à savoir que cette concentration pourrait 1990. L’établissement d’immigrants dans la ville de donner lieu à des problèmes socio-économiques Toronto est pour beaucoup dans cette augmentation (Collacot, 2002; Stoffman, 2003). Les conseils – entre le début des années 1980 et le milieu des municipaux et les organismes de services aux années 1990, le pourcentage d’immigrants s’y immigrants n’ont pas exprimé de telles réserves étant établis est passé de 28 % à plus de 40 % (au contraire, le maire de Toronto a affirmé que (SDIODE de CIC). Tandis que la concentration la ville avait besoin davantage d’immigrants1), géographique des immigrants s’est intensifiée, la mais considèrent problématiques le manque des débats politiques sur la régionalisation de de ressources gouvernementales offertes aux l’immigration ont émergé aux échelons fédéral et immigrants pour soutenir leur établissement provinciaux. La promotion de l’immigration en ainsi que les obstacles à l’intégration région vise d’une part à mettre un frein au déclin professionnelle des immigrants qualifiés (Sweetman, 2004). La situation canadienne se * Le présent article est fondé sur des recherches financées par le distingue assurément des débats qui ont cours Centre d’excellence conjoint pour la recherche sur l’immigration aux États-Unis et qui portent sur la balkanisation et l’établissement (CERIS). Nous tenons à remercier les assistants de recherche qui ont contribué à la cueillette de données et à la transcription des entrevues relatives au projet, 1 Ce commentaire a été fait lors d’une plénière de la 10e Conférence Jenny Coles, Qaseem Ludin, Farzana Propa et Cheryl Robertson. internationale Metropolis de Toronto, en octobre 2005.
Nos diverses cités 15 et sur la « saturation en immigrants » des plus provinces des Prairies, alors qu’en 2002, plus de grandes régions urbaines (Light, 2006; Frey, 70 % des candidats sont allés au Manitoba. 1996; Ellis et Wright, 1998). Il n’en demeure pas En effet, en 2004, les Prairies ont enregistré la moins que les deux pays sont engagés dans des première hausse relative de leur part de discussions sur la géographie de l’établissement l’immigration canadienne depuis 1988, portant des immigrants, quoique les préoccupations cette région à 11 % de l’immigration nationale majeures puissent différer d’un pays à l’autre totale (Vineberg, 2005). Un autre changement (Abu-Laban et Garber, 2006). Un aspect de la de politique récent (mai 2005) a consisté en migration ayant des répercussions directes l’extension des visas de travail post-diplôme, sur les communautés rurales canadiennes est le passant de un à deux ans, pour les étudiants Programme des travailleurs agricoles saisonniers étrangers ayant fréquenté une université (PTAS), dans le cadre duquel 18 000 travailleurs, canadienne, s’ils ont obtenu leur diplôme et s’ils majoritairement du Mexique et des Caraïbes, ont trouvé un emploi convenable à l’extérieur migrent au Canada (90 % d’entre eux viennent de la Communauté métropolitaine de Montréal, travailler en Ontario). Aux États-Unis, la de la région du Grand Toronto ou du District latinisation des zones rurales (Taylor et coll., régional de Vancouver4. L’objectif est que les 1997) commande une attention soutenue, candidats très qualifiés qui sont établis à alors qu’au Canada, ce phénomène ne s’inscrit l’extérieur des grands centres y restent, tout généralement pas dans le débat général sur particulièrement s’ils y trouvent un emploi l’immigration régionale2. convenable. Outre ces deux changements de politique, le gouvernement fédéral n’a élaboré Politiques d’établissement et de qu’un nombre limité de programmes visant à régionalisation du gouvernement fédéral promouvoir l’immigration en région, sauf pour À l’échelle fédérale, la régionalisation de apporter du soutien à des projets émanant des l’immigration ne fait pas explicitement partie niveaux subalternes du gouvernement et pour des politiques d’immigration, mais reçoit élaborer des modèles qui permettent aux néanmoins beaucoup d’attention depuis qu’en municipalités de jouer un plus grand rôle dans 2002, l’ancien ministre de Citoyenneté et les discussions et les décisions en matière Immigration Canada, Denis Coderre, s’est d’immigration. Le Programme d’aide pour le montré intéressé à la question. Plusieurs plans parrainage des réfugiés par le secteur privé à ont d’ailleurs intégré la régionalisation dans Winnipeg5 est un exemple de l’inclusion des leur mandat général. Ainsi, l’un des cinq municipalités dans le processus fédéral, tout objectifs du Plan stratégique visant à favoriser comme l’est l’Accord Canada-Ontario sur l’immigration au sein des communautés l’immigration, signé en 2005, qui vise à établir francophones en situation minoritaire est des relations avec les municipalités dans les d’encourager la régionalisation des immigrants domaines de l’immigration relatifs à leurs francophones à l’extérieur de Toronto et de intérêts6. L’inclusion des municipalités dans la Vancouver3. À l’heure actuelle, le plus puissant planification et les discussions relatives à mécanisme d’intervention à l’égard de la l’immigration est la première étape d’un régionalisation est le Programme des candidats mouvement visant à régler le clivage inhérent des provinces (PCP), qui permet aux provinces au processus, lancé à l’échelle nationale, mais d’exercer un certain contrôle sur la sélection des géré à l’échelle locale. immigrants de sorte à pouvoir combler des besoins précis en main-d’œuvre. Les ententes La situation en Ontario dans le cadre du PCP ont probablement trouvé L’observation des données sur l’établissement des leur réalisation la plus achevée dans les immigrants dans les régions métropolitaines de
2 Bien que nous ne traitons pas de cet aspect de l’immigration en 4 milieu rural au Canada, il faut souligner les répercussions de ces www.cic.gc.ca/francais/etudier/travailler-horscampus.asp. mouvements saisonniers sur les collectivités rurales et les 5 Le fonds de 250 000 $ est principalement destiné à la prise villages. Les questions ethniques associées à ce programme sont en charge des réfugiés familiaux ou liés à la collectivité qui au cœur de débats animés et continueront de l’être aussi pourraient avoir besoin d’un soutien financier. Communiqué lontemps que s’accentue l’intégration continentale (Basok, 2002). 2002-47 de CIC. 3 www.cic.gc.ca/francais/ressources/publications/etablissement/ 6 www.cic.gc.ca/francais/ausujet/lois-politiques/ententes/ cadre-minoritaire.asp, consulté le 13 mars 2007. ontario/ont-2005-accord.asp. Consulté le 12 mars 2007.
16 Nos diverses cités FIGURE 1 Nombre d’immigrants dans les RMR de l’Ontario, sauf Toronto, d’avant 1961 et jusqu’en 2001 80 000 Ottawa-Hull Hamilton
70 000 Kitchener London St. Catharines 60 000 Oshawa Guelph 50 000 Kingston Barrie 40 000 Belleville Brantford Peterborough 30 000 North Bay Sarnia 20 000 Greater Sudbury Sault Ste. Marie 10 000 Thunder Bay
0 Avant 1961 1961-1970 1971-1980 1981-1990 1991-2001
Source : Statistique Canada, tableaux thématiques Immigration et citoyenneté, no 97F0009XCB2001000 au catalogue.
FIGURE 2 Pourcentage des immigrants non européens/américains sur la totalité des immigrants admis dans les RMR de l’Ontario, d’avant 1961 et jusqu’en 2001 90 Toronto 80 Leamington Ottawa-Hull 70 Windsor 60 Guelph Belleville 50 % Kitchener 40 Hamilton 30 Kingston London 20 Oshawa 10 St. Catharines 0 Thunder Bay Avant 1961 1961-1970 1971-1980 1981-1990 1991-2001 Brantford Source : Statistique Canada, tableaux thématiques Immigration et citoyenneté, no 97F0009XCB2001004 au catalogue. Sarnia Sault Ste. Marie Barrie
Nos diverses cités 17 Le document de travail de PROMPT suggère, pour assurer la réussite de l’établissement durable des immigrants dans les petites collectivités, qu’en lieu des initiatives descendantes on adopte des politiques locales selon un modèle général à long terme qui intégrerait les immigrants aux collectivités dans un esprit de développement et de partenariat.
recensement (RMR) ontariennes, à l’exception de ce modèle « coercitif » de régionalisation des Toronto, révèle l’existence de deux catégories immigrants, la tendance actuelle en Ontario de RMR plutôt distinctes (Figure 1). Dans la semble être d’encourager les municipalités à première catégorie, l’établissement d’immigrants élaborer leurs propres initiatives pour attirer est demeurée stable depuis 1961, ou est allée en les immigrants, plutôt que d’employer une déclin (cette catégorie englobe les collectivités du approche descendante pour inciter la Nord de l’Ontario, dont Sudbury, Sault Ste. dispersion des immigrants. L’un des huit Marie, Thunder Bay et North Bay; du Sud-Est, objectifs de l’Accord Canada-Ontario sur dont Kingston, Peterborough et Belleville; et du l’immigration fait écho à cette mesure : Sud-Ouest, dont Barrie et Sarnia). La deuxième favoriser l’établissement de partenariats avec catégorie affiche depuis 1980 de fortes hausses les intervenants, y compris les administrations dans l’établissement d’immigrants, c’est le cas municipales, les organisations communautaires, notamment d’Ottawa-Gatineau, de Hamilton, de les collectivités de langues officielles minoritaires Kitchener, de Windsor et de London. En ce qui a et le secteur privé, et les encourager à participer trait à l’immigration dans l’ensemble de l’Ontario au recrutement des immigrants et des résidants (Figure 2), on observe, comme dans le reste du temporaires, ainsi qu’à l’établissement et à pays, que de plus en plus d’immigrants l’intégration des immigrants8. proviennent d’ailleurs que l’Europe ou les États- Unis. Toutefois, seulement trois collectivités Cet objectif vient à l’appui de pratiques qui (Toronto, Leamington et Ottawa) ont enregistré apparaissent déjà un peu partout en Ontario, là des vagues de migration dont l’origine est à plus où des collectivités municipales ont mis sur pied de 70 % non européenne, alors qu’à certains des plans de développement locaux en vue endroits, les non-Européens et les Américains d’attirer les immigrants. Par exemple, le projet comptent pour moins de 50 % des immigrants multiculturel « Vive la diversité chez nous ! » de (Barrie, St. Catharines, Sault Ste. Marie, Sarnia Sudbury a regroupé des intervenants municipaux et Thunder Bay). et du secteur privé en un effort conjugué visant Depuis 1961, on observe une augmentation à attirer des immigrants qualifiés dans des générale de l’immigration dans certaines RMR, domaines spécifiques à cette région (Ross, 2005). mais elle n’est attribuable à aucune politique Plusieurs collectivités minières du Nord dont provinciale en soi. La régionalisation en tant que Sudbury seront touchées par une pénurie de mécanisme provincial d’intervention n’est main-d’œuvre dans l’industrie des mines, estimée évidente que dans le cas des diplômés en à 81 000 employés dans une dizaine d’années médecine formés à l’étranger qui, en échange de (selon le rapport du Conseil canadien d’adaptation leur admission au programme à l’intention des et de formation de l’industrie minière [CAFIM], diplômés internationaux en médecine, doivent 2005). Le rapport du CAFIM préconise plusieurs signer un accord de retour de service d’une pistes de solutions au problème de pénurie de durée de cinq ans dans une collectivité main-d’œuvre spécialisée dans le domaine des (déterminée par le gouvernement de l’Ontario) mines, notamment par l’augmentation du nombre où les services font défaut7. À l’exception de d’immigrants. De tels rapports suggèrent qu’un accroissement de la diversité ethnique dans des 7 L’Association of International Physicians and Surgeons of collectivités de plus en plus nordiques et éloignées Ontario ne s’oppose pas à l’accord de retour de service en du Canada est envisageable et que cette situation soi, mais elle s’oppose au traitement inéquitable réservé aux nécessite une approche proactive afin de mettre diplômés formés à l’étranger par rapport aux diplômés canadiens et aux diplômés qui reviennent au pays, lesquels signent des accords de retour de service plus courts, de deux 8 www.cic.gc.ca/francais/ausujet/lois-politiques/ententes/ à trois ans. www.aipso.ca/. ontario/ont-2005-accord.asp. Consulté le 13 mars 2007.
18 Nos diverses cités sur pied des mesures efficaces pour l’établissement, publication du document de travail intitulé la rétention et l’inclusion des immigrants. Policy Roundtable Mobilizing Professions and L’importance donnée aux approches des Trades (PROMPT), portant sur des modèles de collectivités pour attirer les immigrants se dispersion et d’établissement durable des reflète au sein de la Direction des politiques du immigrants. PROMPT a examiné des exemples de développement des collectivités rurales du tels modèles, comme le programme à l’intention ministère des Affaires municipales et du des diplômés internationaux en médecine et des Logement de l’Ontario, qui a fait des études et programmes d’établissement des réfugiés adaptés des recherches intensives à ce sujet9. Ce type aux régions. L’une des principales réserves d’approche en matière de régionalisation, fondée exprimées dans le rapport au sujet des initiatives sur la collectivité plutôt que sur l’immigrant, de dispersion porte sur la perception selon promet d’offrir des modèles davantage réalistes laquelle les immigrants sont avant tout de la et adaptés aux régions hôtes pour attirer et main-d’œuvre et non des contributeurs actifs à retenir les immigrants. Le gouvernement de la vie sociale et des membres à part entière de la l’Ontario a entrepris des actions concrètes en ce collectivité. De plus, les auteurs critiquent le sens en demandant que des recherches soient modèle du « déficit », selon lequel l’immigrant menées par le Comité ontarien de la recherche est perçu de manière paternaliste comme un et des services en matière d’affaires rurales simple « regroupement » de besoins plutôt (CORSAR) du ministère de l’Agriculture, de qu’un partenaire précieux du développement de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario la collectivité. Le document de travail de (MAAARO)10. En 2004, le Comité a établi PROMPT suggère, pour assurer la réussite de l’immigration et la migration comme seconde l’établissement durable des immigrants dans les priorité de recherche; elle n’est précédée que petites collectivités, qu’au lieu des initiatives par la durabilité de l’environnement11. Ainsi, aux descendantes on adopte des politiques locales recherches provinciales sur l’immigration dans selon un modèle général à long terme qui les régions rurales de l’Ontario s’ajoutent intégrerait les immigrants aux collectivités d’importantes sources d’information provenant dans un esprit de développement et de des collectivités, des fournisseurs de services partenariat. Les auteurs affirment qu’un modèle sociaux et de services aux immigrants, et des durable de participation des collectivités, en plus rapports commandés par le gouvernement d’offrir des « services d’accueil », doit [Traduction] (Wilkinson, 1990; MDNMO, 1991; Cummings « permettre et encourager de toutes les façons et coll., 2001). En 2001, un rapport commandé possibles l’établissement de lienscommunautaires par CIC et l’Administration des services et l’accès à toutes les sphères sociales, politiques d’établissement et d’intégration de la Région de et économiques » (2005, p. 22). D’après ces l’Ontario (OASIS) donnait des détails sur l’état des conclusions, les développements récents à services d’établissement destinés aux nouveaux Waterloo feraient de cette région un modèle de arrivants dans les régions rurales et les villages participation de communautaire. du Nord de l’Ontario. Il signalait également la nature variable de la prestation des services à ces La région de Waterloo comme modèle endroits et proposait différents modèles possibles d’établissement durable des immigrants ? pour la prestation de services dans les Le district régional de Waterloo comprend sept communautés isolées, y compris Internet et municipalités, dont les plus grandes sont l’établissement de liens plus étroits entre les Cambridge, Kitchener et Waterloo. La région communautés et les organismes de services. possède la cinquième plus importante population D’autres stratégies liées à la régionalisation née à l’étranger en importance du Canada et le ont été mis en lumière en mars 2005, avec la cinquième taux d’emploi en importance parmi toutes les RMR du pays en 2001 (Statistique 9 Observations fondées sur une correspondance personnelle Canada, 2003). La population appartenant à une avec Stellina Volpe, ministre des Affaires municipales et du minorité visible représente 11,6 % de la population Logement, 5 octobre 2005. 10 totale à Kitchener et 13,4 % à Waterloo. Pour ces www.omafra.gov.on.ca/english/research/oascc/orrsc/orrsc.pdf. Consulté le 17 octobre 2005. deux villes, la communauté des Asiatiques du 11 Le CORSAR a financé trois projets de recherche sur Sud est le groupe minoritaire le plus important l’immigration dans les milieux ruraux grâce à la University (2,2 % de la population totale à Kitchener, 4,2 % of Guelph et la Direction de la recherche du MAAARO. à Waterloo). Le groupe ethnique des Allemands
Nos diverses cités 19
IKitchener-Waterloo représente actuellement un bel exemple d’une collectivité qui s’occupe de manière proactive des difficultés immédiates des immigrants, notamment en ce qui concerne la formation linguistique et l’accès au marché du travail, et de la sensibilisation des employeurs à l’embauche des immigrants à titre de travailleurs qualifiés. Toutefois, en ce qui concerne l’inclusion à long terme dans la collectivité et l’affirmation d’un certain leadership politique à cet égard, il reste beaucoup à faire.
est le plus important après celui des Anglais, comme exemple de l’approche collaborative au représentant environ 23 % de la population du développement local adopté par la région. Ce type district régional de Waterloo (Statistique Canada, d’approche collaborative et coopérative trouve données du Recensement de 2001). D’après le d’ailleurs écho dans les références historiques de Recensement de 2006, la région de Waterloo est développement « en groupe » dans la région, la quatrième en importance en Ontario en ce hérité de l’établissement mennonite de longue qui a trait à la croissance démographique; elle a date12. Ross McGregor, PDG de la Toronto Region enregistré 37 000 nouveaux habitants (croissance Research Alliance, a également affirmé que la de près de 9 %) depuis le Recensement de 2001. culture collectiviste et collaborationniste de la Plusieurs initiatives locales importantes sur région de Waterloo était un facteur déterminant le plan de l’établissement des immigrants ont dans sa capacité de promouvoir la recherche et contribué à rehausser le profil de la région de le développement et de renforcer sa position Waterloo en tant que collectivité qui s’adapte au dominante dans le domaine des technologies au changement grâce à l’élaboration d’approches Canada13. Cet esprit de collaboration est manifeste et de solutions globales, tout particulièrement à dans l’élaboration du WRIEN et est inscrite dans l’égard des problématiques liées au marché son mandat, qui est de favoriser la prospérité de la du travail (Voices for Change, 2003; Canadian collectivité par une planification stratégique des Organizational Study, 2005). L’une des activités besoins futurs en matière de main-d’œuvre. les plus exhaustives et publicisées a été le Le WRIEN atteste de la participation proactive Immigrant Skills Summit tenu en avril 2005, de la collectivité, tout particulièrement à l’égard organisé par plusieurs organismes locaux de la des questions sur le marché du travail. D’autres région de Waterloo et présidé par le Centre for facteurs d’inclusion et de rétention des immigrants Research and Education in Human Services sont toutefois moins apparents. Le rapport original (CREHS). Cet événement avait pour objectif de du Sommet mentionnait le besoin [Traduction] « de réunir les intervenants et les groupes intéressés créer une image de la région de Waterloo en tant afin d’élaborer une série exhaustive de plans qu’environnement invitant pour les immigrants » d’action pour attirer et retenir les immigrants et d’y « promouvoir les qualités de leadership dans la région de Waterloo. À la suite du sommet, des immigrants » (Immigrant Skills Summit le Waterloo Region Immigrant Employment Proceedings, 2005). Dans des recherches en cours Network (WRIEN) a été formé (pour consulter sur l’immigration dans la région de Kitchener- les documents relatifs à cet événement, voir Waterloo (KW), des entrevues menées auprès de Hatzipantelis et coll., 2005; Janzen et coll., 2005; fournisseurs de services aux immigrants ont Hogarth et coll., 2005 et www.wrien.com). révélé le manque d’engagement de la part des Le WRIEN réunit des fournisseurs de services administrations municipales de Kitchener et, tout aux immigrants, des employeurs des secteurs particulièrement, de Waterloo, qui n’offrent pas de public et privé, des organismes communautaires poste aux immigrants et qui n’encouragent pas la et des établissements gouvernementaux et éducatifs. Il est composé d’un comité de direction 12 L’expression « barn-building approach », traduit ici par et de quatre groupes de travail qui se penchent développement « en groupe », a été utilisée par David Johnston, président de la University of Waterloo, dans respectivement sur les initiatives d’emploi, la University of Waterloo; Celebrating 50 Years, un supplément reconnaissance et l’amélioration des titres de spécial du Kitchener Waterloo Record, janvier 2007. compétence, le soutien aux immigrants et les 13 Canada’s Technology Triangle Inc. 2006. Annual Meeting of investissements. Le réseau a été louangé Members, 21 juin 2006.
20 Nos diverses cités diversité au sein des divers comités et sous-comités l’identité, les pratiques transnationales et les expériences qui conseillent les administrations municipales. d’établissement des immigrants de l’Asie du Sud. Ses travaux Ces allégations sont étayées par un sondage sur la récents ont exploré les problèmes liés à l’établissement et population active, mené par le WRIEN, qui indique à la rétention des immigrants dans les communautés que seulement 2 % des employés du secteur public urbaines de petite et moyenne grandeur en Colombie- Britannique et en Ontario. Elle a publié plusieurs articles et 17 % des employés du secteur privé étaient des dans des publications telles que Political Geography, The immigrants (22 % de la population active de la Canadian Geographer / Le Géographe canadien, Journal of région de Waterloo est composée d’immigrants). Canadian Studies / Revue d’études canadiennes et Gender Une telle situation émane du manque de Place and Culture. développement de la collectivité, élément central du document de travail de PROMPT. Il est certain, Références néanmoins, que Kitchener-Waterloo représente Abu-Laban, Y., et J. Garber. 2005. « The Construction of the actuellement un bel exemple d’une collectivité qui Geography of Immigration as a Policy Problem: The United s’occupe de manière proactive des difficultés States and Canada Compared », Urban Affairs Review, immédiates des immigrants, notamment en ce qui vol. 40, p. 520-561. concerne la formation linguistique et l’accès au Basok, Tanya. 2002. Tortillas and Tomatoes. Mexican marché du travail, et de la sensibilisation des Transmigrant Harvesters in Canada. Kingston, McGill- employeurs à l’embauche des immigrants à titre Queen’s Press. de travailleurs qualifiés. Toutefois, en ce qui Collacott, M. 2002. « Canada’s Immigration Policy: concerne l’inclusion à long terme dans la The Need for Major Reform », Fraser Institute Occasional collectivité et l’affirmation d’un certain leadership Paper, septembre. politique à cet égard, il reste beaucoup à faire. Conseil d’adaptation et de formation de l’industrie minière. 2005. « Prospecter l’avenir : relever le défi des ressources Analyse et conclusion humaines dans l’industrie canadienne des minéraux et Les exemples cités dans cet article démontrent des métaux ». qu’une stratégie communautaire en matière d’attraction et de rétention des immigrants se met Ellis, Mark, et Wright Richard. 1998. « The Balkanization Metaphor in the Analysis of US Immigration », Annals progressivement en place en Ontario, offrant un of the Association of American Geographers, vol. 88, no 4, modèle plus durable pour la dispersion des p. 686-698. immigrants. Les difficultés relatives à l’accès au marché du travail et aux services d’établissement Frey, William. 1996. « Immigration, Domestic Migration, sont les principaux problèmes abordés par and Demographic Balkanization in America: New Evidence les collectivités afin de faciliter le processus for the 1990s », Population and Development Review, vol. 22, p. 741-763. d’établissement des immigrants, et ce D’ailleurs, certains aspects sont aussi abordés à l’échelle Harry Cummings et coll. 2001. Study on Settlement Services fédérale, provinciale et, comme dans le cas de for Newcomers in Isolated Rural Areas and Small Towns in Waterloo, régionale. Mais il demeure des Ontario, rapport final (mai). Financé par CIC et OASIS. difficultés à long terme relatives à l’inclusion des Hatzipantelis, M., R. Janzen, et K. Hogarth. 2005. « Employer immigrants et à leur participation civique, telles Initiatives. A Discussion Paper for the Immigrant Skills que mentionnées dans le document de travail Summit Waterloo Region », Kitchener, Centre for Research de PROMPT. Leur présence et leur participation and Education in Human Services. à la collectivité en tant qu’intervenants clés Hogarth, K. R. Janzen, et M. Hatzipantelis. 2005. « Qualification jouant un rôle élargi, qu’ils soient employés de la Recognition and Enhancement. A Discussion Paper for the municipalité ou membres de conseils de gestion Immigrant Skills Summit Waterloo Region », Kitchener, de groupes communautaires, d’organismes Centre for Research and Education in Human Services. de services aux immigrants, de groupes de Hatzipantelis, M., R. Janzen, et K. Hogarth. 2005. voisinage, d’écoles, etc., sont essentielles à la « Immigrant Support ». Document de travail présenté rétention des immigrants et à la construction de dans le cadre du Immigrant Skills Summit, Waterloo collectivités fortes et diversifiées. Region, Kitchener, Centre for Research and Education in Human Services. À propos de l’auteure ———. 2005. « Immigrant Attraction », document de travail MARGARET WALTON-ROBERTS est professeure agrégée, présenté dans le cadre du Immigrant Skills Summit Waterloo Geography and Environmental Studies Department, Wilfrid Region, Kitchener, Centre for Research and Education in Laurier University, à Waterloo. Ses recherches portent sur Human Services.
Nos diverses cités 21 Immigrant Skills Summit Waterloo Region. 2005. Summit Policy Roundtable Mobilizing Professions and Trades Proceedings (avril). www.crehs.on.ca/skills-summit.html. (PROMPT). 2005. « Smart Settlement : Current Dispersion Policies and a Community Engagement Model for Janzen, R., et coll. 2005. « The Summit Proceedings: Sustainable Immigrant Settlement in Ontario’s Smaller Immigrant Skills Summit Waterloo Region », Kitchener, Communities », document de travail de PROMP, (mars). Centre for Research and Education in Human Services. Ross, I. 2005. « Time to Shine for Sudbury’s Mining Sector », Janzen R., et coll., 2003. « Voices for Change: Making Use Northern Ontario Business (21 janvier). of Immigrant Skills to Strengthen our Communities », Kitchener, Centre for Research and Education in Stoffman, D. 2003. « The Mystery of Canada’s High Human Services. Immigration Levels », Thèmes canadiens / Canadian Issues (avril), p. 23-25. Janzen, R., M. Hatzipantelis, et K. Hogarth. 2005. « Foundations for a Waterloo Region Immigrant Taylor, J. E., Philip L. Martin, et Michael Fix. 1997. Poverty Employment Council », document de travail présenté Amid Prosperity: Immigration and the Changing Face of à l’Immigrant Skills Summit Waterloo Region, Kitchener, Rural California, Washington, The Urban Institute Press. Centre for Research and Education in Human Services. Training and Adjustment Board Waterloo Wellington. 2005. Light, I. 2006. Deflecting Immigration : Networks, Markets and « Canadian Organizational Culture Study », rapport préparé Regulation in Los Angeles, New York, Fondation Russell Sage. pour le WWTAB par Tamara Darling. Wilkinson, D. 1990. A Survey of the Needs of Immigrant Visible Minority and Native Women in the Sudbury Area, Sudbury, Université Laurentienne.
The World in a City Sous la direction de Paul Anisef et Michael Lanphier
The World in a City fait la lumière sur la capacité de Toronto de soutenir une société civique aux prises avec de profondes transformations démographiques. Les articles de ce recueil font état de la nécessité d’accorder une plus grande attention à certains groupes à risque, et de l’importance que la politique suive les transformations que l’on constate sur le plan de l’établissement et du regroupement. À travers ce recueil, les concepts d’exclusion sociale et d’intégration sont examinés et servent à analyser les défis auxquels font face les nouveaux arrivants. Les résultats des recherches ici présentées montrent que les occasions se présentant aux immigrants sont jonchées d’embûches, comme le manque de ressources et une prestation de services inadéquate. Chacun des auteurs montre qu’en offrant des chances égales aux nouveaux arrivants, Toronto pourra favoriser une croissance sociale et économique qui bénéficiera à l’ensemble de la collectivité.
Collaborateurs : Paul Anisef, Barbara Burnaby, Meyer Burstein, Howard Duncan, Carl E. James Clifford, Jansen Violet Kaspar, Lawrence Lam, Michael Lanphier, Lucia Lo Robert A. Murdie, Roxana Ng, Samuel Noh, Valerie Preston, Khan Rahi, Tim Rees, Gabriele Scardellato, Myer Siemiatycki, Carlos Teixeira, Harold Troper, Shuguang Wang. Pour obtenir un exemplaire : www.utpress.utoronto.ca
22 Nos diverses cités En Ontario, tout comme ailleurs au Canada, la population noire est hétérogène sur le plan ethnoculturel. Certains Noirs sont « indigènes » de la province, leur ascendance remontant jusqu’à l’époque de l’esclavage, alors que d’autres sont des immigrants « récents » en provenance de l’Afrique continentale, des Caraïbes, de l’Amérique latine et d’autres parties du monde. Dans le présent article, nous mettons en lumière la diversité qui existe au sein de la population noire de l’Ontario, nous soulignons les problèmes raciaux auxquels sont confrontés les Noirs qui habitent en ville et nous démontrons de quelle manière ces problèmes peuvent ricocher et nous faire mal à tous, comme un boomerang. L’hétérogénéité des Noirs en Ontario et l’effet boomerang de la discrimination raciale JOSEPH MENSAH York University
DAVID FIRANG University of Toronto
Bien que l’hétérogénéité au sein des minorités faire face, collectivement et individuellement, visibles canadiennes soit reconnue depuis les Noirs dans leurs tentatives d’intégration à longtemps dans les recensements nationaux et la société ontarienne et, enfin, montrer de quelle dans des publications universitaires, ce n’est que manière les problèmes raciaux des Noirs en tout récemment que des recherches ont été matière d’établissement et d’intégration ricochent entreprises sur la diversité ethnoculturelle qui et finissent par tous nous atteindre, comme existe chez les Noirs canadiens (Mensah, 2002 un boomerang. Évidemment, ces trois objectifs et 2005; Tettey et Publampu, 2006). Jusqu’à ne s’excluent pas mutuellement; en fait, ils se maintenant, très peu de recherches ont été renforcent les uns les autres, de façon dialectique. menées sur la diversité au sein de la communauté Par exemple, l’énorme diversité qui existe au sein noire d’une province donnée (p. ex., Mensah et des Noirs de l’Ontario exacerbe leurs problèmes Adjibolooso, 1998) et ce, même si le Canada en matière d’établissement et d’intégration et, à accueille depuis longtemps des immigrants noirs. leur tour, ces problèmes contraignent certaines Dans le présent article, nous mettons en lumière communautés noires à renforcer leur ethnicité une partie de la question, au moyen d’études de et à ainsi chercher refuge dans les enclaves cas portant sur les Noirs en Ontario. Le choix de ethniques qui émergent furtivement des grands la province de l’Ontario n’est pas fortuit, puisque centres urbains tels que Toronto. Ainsi peut-on celle-ci compte le plus de Canadiens de race comprendre comment ces enclaves ethniques noire, en termes absolus et relatifs. dans certaines communautés noires – la plupart Nos trois principaux objectifs sont les suivants : desquelles possèdent des moyens financiers souligner l’immense diversité qui existe au sein de limités – pourraient engendrer une sous-classe la population noire ontarienne, attirer l’attention noire selon le modèle américain, avec toutes ses des lecteurs sur les difficultés auxquelles doivent ramifications négatives pour la société et vice
Nos diverses cités 23 versa. La notion de boomerang, telle qu’utilisée région métropolitaine de recensement (RMR) dans le présent article, est attribuable à l’inspirant de Toronto. Selon le Recensement de 2001, sept essai The Debt Boomerang de Susan George, dans villes de l’Ontario, soit Toronto, Ottawa-Hull lequel elle démontre comment la dette extérieure (désormais Ottawa-Gatineau), Oshawa, Hamilton, des pays du Tiers-Monde nous pénalise tous. Kitchener, London et Windsor, comptent une Avant d’entrer dans le vif du sujet, nous tenons population noire d’au moins 5 000 personnes. à préciser qu’au moment d’écrire ces lignes, seule Étant donné leur grande concentration urbaine, une quantité limitée de données du Recensement notre analyse se penche tout particulièrement de 2006 avait été dévoilée. Par conséquent, une sur ces sept agglomérations. grande part de notre analyse et de notre argumentation repose sur des données tirées Variabilité spatiale du Recensement de 2001. Le Recensement de 2001 a dénombré environ 412 200 Noirs en Ontario, ce qui représentait La diversité au sein de la alors 3 % de l’ensemble de la population de la population noire de l’Ontario province, faisant des Noirs la troisième minorité Il y a des Noirs en Ontario depuis le début du visible en importance, après les Chinois et les 19e siècle. Après la promulgation de la loi sur Asiatiques du Sud (Mensah, 2002; Milan et Tran, l’abolition de l’esclavage du Haut-Canada en 2004; Statistique Canada, 2001). Toronto possède 1793, les esclaves qui s’enfuyaient au pays étaient de loin la plus importante concentration de Noirs affranchis. Rapidement, le Sud de l’Ontario devint de l’Ontario et même du Canada, tant en termes un refuge pour bon nombre de Noirs, qui y relatifs qu’absolus. En effet, ils représentent entraient par le célèbre chemin de fer clandestin. jusqu’à 6,68 % de la population totale de la RMR À la suite de la promulgation de la Fugitive Slave de Toronto. Les autres endroits où il y a une forte Act (É.-U.) en 1850 qui rendait le Nord des États- concentration de population noire sont Ottawa- Unis non sécuritaire pour les fugitifs, le nombre Gatineau, Hamilton et Windsor (Tableau 1). De de Noirs à entrer au Canada monta en flèche. La manière prévisible, la grande majorité des plupart d’entre eux étant à court d’argent, ils ne immigrants noirs contemporains de l’Ontario (ou purent poursuivre leur périple plus avant. Ils d’ailleurs au Canada) proviennent de l’Afrique s’installèrent donc au sein de collectivités du continentale et des Caraïbes, notamment de la Sud de l’Ontario, près de la frontière américaine. Somalie, l’Éthiopie, l’Afrique du Sud, le Soudan, Certains établissements de Noirs, tels Amhertsburg, le Ghana et le Nigeria dans le cas premier, et de ville historique, Chatham, Buxton, St. Catharines, la Jamaïque, Trinité-et-Tobago, Haïti, la Barbade, Windsor, London et Toronto, connurent bientôt la Grenade et le Guyana dans le second. Étant une croissance considérable de leur population. donné les réseaux sociaux existants, les facteurs Bien qu’il n’existe pas de données officielles sur institutionnels et le phénomène d’effet cumulatif le nombre de fugitifs noirs à avoir traversé au qui influencent la perpétuation de la migration Canada pendant cette période, environ dix mille internationale (Massey et coll., 1997), il n’est d’entre eux se seraient trouvés au Canada avant pas surprenant que les différentes communautés 1850, principalement dans le Sud de l’Ontario et noires immigrantes aient des affinités avec dans l’Est du Canada (Milan et Tran, 2004; certaines villes de l’Ontario. Par exemple, parmi Mensah, 2002). les communautés africaines de Toronto, les Nonobstant l’histoire de longue date des Noirs Ghanéens arrivent deuxièmes en nombre, en Ontario, il a fallu attendre le système de points juste après les Somaliens, alors qu’ils arrivent de l’immigration dans les années 1960 pour que au cinquième rang dans les villes de Windsor les immigrants noirs, essentiellement de l’Afrique et d’Ottawa-Gatineau. De manière similaire, continentale et des Caraïbes, arrivent massivement les Éthiopiens, qui se classent deuxièmes derrière en Ontario (Badget et Chiu, 1994; Mensah, 2002; les Somaliens à Kitchener et à Windsor, ne Owusu, 1999). Au contraire des fugitifs et des figurent même pas sur la liste des cinq esclaves noirs du 18e et du 19e siècles, qui se communautés africaines les plus populeuses sont surtout établis dans des petites collectivités des cinq autres agglomérations ontariennes à agricoles du Sud de l’Ontario, la population noire l’étude. Selon les données du Recensement, les contemporaine, à l’instar d’autres nouveaux Somaliens disposent de la plus grande immigrants provenant du Sud, est à prédominance représentation au sein des communautés urbaine, s’établissant en grande majorité dans la africaines dans les villes ontariennes d’Hamilton,
24 Nos diverses cités Il y a plus de dix ans, Robert Murdie (1994), sociogéographe de renom de la York University, a posé la question suivante : les Noirs de Toronto habitent-ils en quasi-ghettos ? Sans égard à la réponse que l’on peut donner à cette question provocante, il va sans dire qu’un grand nombre de Noirs à faible revenu habitent aujourd’hui des quartiers racialement ségrégués de Toronto (en particulier), où les conditions de logement sont pour ainsi dire assez similaires à celles qui existent dans les ghettos américains.
Kitchener, London, Ottawa-Gatineau, Toronto Du point de vue urbain, on retrouve et Windsor; Oshawa fait figure d’exception, les maintenant des quartiers et des enclaves noirs Somaliens n’étant pas représentés parmi les cinq dans des villes ontariennes telles que Toronto, communautés africaines les plus importantes de Ottawa et Hamilton. Les secteurs Jane-Finch et la ville (Mensah, 2005, p. 76). Comme pour les Jane-Wilson de Toronto en sont des exemples Somaliens (dans le contexte de l’immigration notoires. Il y a plus de dix ans, Robert Murdie africaine), les Jamaïcains sont de loin la (1994), sociogéographe de renom de la York communauté antillaise la plus importante dans University, a posé la question suivante : les Noirs les villes ontariennes, se classant au premier de Toronto habitent-ils en quasi-ghettos ? Sans rang dans les sept villes à l’étude. Des autres égard à la réponse que l’on peut donner à communautés caribéennes qui jouissent de cette question provocante, il va sans dire qu’un fortes représentations dans les grandes villes grand nombre de Noirs à faible revenu habitent ontariennes telles que Toronto, Hamilton, aujourd’hui des quartiers racialement ségrégués Kitchener, Windsor et London, mentionnons les de Toronto (en particulier), où les conditions de Guyanais1 et les Trinidadiens. En plus de la logement sont pour ainsi dire assez similaires à diversité ethnoculturelle générée par la présence celles qui existent dans les ghettos américains. de Noirs de l’Afrique continentale et des Caraïbes, il faut compter celle attribuable aux Langues et religions populations noires « indigènes » de l’Ontario La plus grande diversité ethnoculturelle chez et aux immigrants noirs contemporains des les Noirs de l’Ontario, ou d’ailleurs au Canada, États-Unis, de l’Amérique latine et d’autres se retrouve probablement dans les langues et, parties du monde. dans une moindre mesure, les religions. Bien que la population noire soit majoritaire dans la plupart des pays africains, il existe une diversité nationale et internationale remarquable 1 Bien que le Guyana se trouve en Amérique du Sud, ses caractéristiques sociales et culturelles sont similaires à dans les langues et les religions. Celle-ci est celles des nations caribéennes; aussi, les Guyanais sont largement attribuable aux divergences existant souvent considérés comme étant caribéens. entre les divisions territoriales tribales d’avant la
TABLEAU 1 La population noire dans les grandes villes de l’Ontario Villesa Population Population % de la population % de Noirs dans la urbaine totale noire noire canadienne population urbaine Toronto 4 647 955 310 500 46,80 6,68 Ottawa-Gatineau 1 050 755 38 185 5,78 3,63 Hamilton 655 055 12 855 1,94 1,96 Windsor 304 955 8 125 1,22 2,66 London 427 215 7 610 1,15 1,78 Oshawa 293 550 7 180 1,10 2,44 Kitchener 409 765 7 345 1,11 1,79 a Ces villes comptaient 5 000 Noirs ou plus au Recensement de 2001; elles sont classées selon la taille absolue de leur population noire, en ordre décroissant. Source : Statistique Canada, Recensement de la population 2001.
Nos diverses cités 25 colonisation et les frontières géopolitiques en mettant en parallèle les injustices endurées par actuelles, la plupart desquelles ont été tracées par différentes minorités aux mains de la majorité. les puissances colonisatrices pendant le partage Malgré ce genre de problématique, il n’est pas de l’Afrique, qui atteignit son paroxysme lors de totalement déraisonnable d’affirmer que les la tristement célèbre Conférence de Berlin, tenue problèmes raciaux rencontrés par les Noirs de en 1884-1885. Il y aurait entre 600 et 1 000 l’Ontario, et d’ailleurs au Canada, sont uniques à langues différentes parlées en Afrique (de Blij, deux égards. Premièrement, on désigne souvent 1993); aussi est-il irréaliste d’envisager une les Noirs comme étant l’antipode du groupe quelconque uniformité linguistique au sein des dominant (les Blancs); ceci engendre les pires immigrants africains en Ontario ou ailleurs au formes de racisme fondé sur la couleur de la Canada. Toutefois, certaines langues – notamment peau. Deuxièmement, les Noirs sont les seuls l’anglais, le français, le haoussa, l’arabe et le êtres humains à avoir été exilés par la force de swahili – font office de lingua franca pour un leurs terres natales et à avoir servi d’esclaves ici. important nombre d’immigrants africains. Bien que l’époque esclavagiste soit révolue L’anglais est de loin la langue officielle canadienne depuis des siècles, ses conséquences désastreuses, la plus utilisée parmi la population immigrante soit les stéréotypes négatifs, les mythologies et noire de l’Ontario provenant de l’Afrique et des les autres représentations culturelles, auxquels Caraïbes. Évidemment, ceux qui sont plus à l’aise s’ajoutent le manque de ressources financières, en français, par rapport à l’anglais, ont tendance à sont peut-être aujourd’hui plus fortes que jamais. immigrer dans la province adjacente de Québec Les obstacles structurels, l’inégalité dans le (Montréal tout particulièrement) plutôt qu’en traitement et l’accès difficile aux ressources Ontario (ou Toronto). socio-économiques, ce que Frances Henry désigne De manière prévisible, une certaine diversité comme « l’intégration différenciée » à la société religieuse existe au sein des Noirs de l’Ontario, canadienne, rencontrés par les Noirs (et sans commune mesure toutefois avec celle d’autres minorités visibles), sont abondamment qui touche les langues. Bien que certains d’entre documentés, notamment par les auteurs suivants : eux (particulièrement ceux qui sont liés Murdie et Teixeira (2003), Li (1998), Reitz et historiquement à l’Inde par les pays des Sklar (1997), Opoku-Dappah (1995), Henry Caraïbes ou de l’Afrique orientale, comme (1994), et Hulchanski (1993). Écrivant dans le l’Ouganda et la Tanzanie) pratiquent des contexte spécifique torontois, là où se trouve la religions « orientales » comme l’hindouisme et majeure partie de la population noire de le bouddhisme, l’immense majorité est de l’Ontario, Frances Henry (1994) affirme que les religion chrétienne (catholiques ou protestants). principaux problèmes de la communauté noire L’islam est également populaire auprès de sont la discrimination en matière d’emploi et de plusieurs Noirs et ce, tout particulièrement logement, le taux de décrochage au secondaire, dans les villes d’Ottawa-Gatineau, de Toronto, l’insensibilité des organismes gouvernementaux de London et d’Hamilton, qui comptent de aux questions culturelles, les barrières à la mise grandes populations somaliennes. Toutefois, en place de centres communautaires pour les seules Toronto et Ottawa-Gatineau comptaient Noirs et les affrontements avec les forces de plus de 5 000 musulmans à l’époque du l’ordre. Michael Ornstein, dans un rapport de Recensement de 2001. 2002 réalisé à la demande de la Ville de Toronto, a observé des désavantages similaires au sein de Problèmes d’accès et d’équité plusieurs minorités visibles de Toronto, desquelles Il est permis de croire que les Noirs de l’Ontario, les Africains de l’Éthiopie, de la Somalie et du tout comme leurs homologues dans le reste du Ghana étaient les plus touchés par la pauvreté et pays, sont davantage victimes d’exclusion socio- par d’autres problèmes d’accès et d’équité en ce économique, de racisme fondé sur la couleur qui a trait à l’éducation et l’emploi, en particulier. de la peau et de déshumanisation que les autres En Ontario, le profilage racial exercé par la minorités du Canada. Évidemment, certaines police est intimement lié aux problèmes vécus personnes s’opposent à de telles affirmations, alors par les Noirs en matière de racisme fondé sur la que d’autres (Frantz Fanon, notamment, dans couleur de la peau et d’équité dans l’éducation et son percutant essai Les Damnés de la terre) l’emploi. Selon les publications de Wortley et s’abstiennent tout simplement de faire de telles Tanner (2003 et 2004), de Tator et Henry (2006) comparaisons et soutiennent qu’on ne gagne rien et de Tanovich (2006), il existe des preuves
26 Nos diverses cités probantes selon lesquelles les forces de police de quartiers où habitent les Noirs et, par certaines villes ontariennes (notamment Toronto) extension, des ressources allouées à l’éducation, font subir aux Noirs des contrôles de routine aux soins de santé et à d’autres services sociaux. et des fouilles de véhicule beaucoup plus Conséquemment, le chômage, la pauvreté, la fréquemment qu’à tout autre groupe ethnique. criminalité et d’autres problèmes sociaux sont en Tout observateur objectif ne devrait donc pas hausse. De manière générale, les zones urbaines être surpris que les Noirs sont [Traduction] « plus habitées par les Noirs gagnent en hauteur (sous la enclins à se faire prendre lorsqu’ils enfreignent la forme de gratte-ciels vertigineux) ce qu’elles loi que des Blancs qui pratiqueraient le même perdent en superficie (en termes d’espaces verts genre d’activités criminelles » (Wortley et Tanner, et de paysages bien entretenus, et de parcs 2004, p. 197). Il est impératif de souligner que le pour enfants). phénomène de profilage racial va totalement à Bien que les problèmes touchant les « laissés- l’encontre des objectifs de toute application pour-compte » des villes ontariennes soient légitime de la loi. Martinot (2003, p. 168) généralement concentrés dans les quartiers où mentionne d’ailleurs judicieusement : [Traduction] habitent les Noirs, leurs ramifications et leurs « le profilage est contraire à l’application de la conséquences peuvent souvent avoir des effets loi. La police a pour tâche de chercher des sur l’ensemble de la société. Ces effets englobent suspects après qu’un crime ait été commis. Le la prolifération des activités criminelles liées au profilage suppose que l’on trouve d’abord un chômage et à la pauvreté; l’augmentation des suspect, puis que l’on cherche ensuite un crime coûts sociaux relatifs à l’application de la loi et qu’il pourrait possiblement avoir commis. » Est- aux services d’assistance sociale; l’accroissement ce que le racisme dont sont victimes les Noirs du désillusionnement et de la déloyauté parmi les nous affecte tous ? Si oui, de quelle manière ? Noirs envers l’unité et la souveraineté canadienne Autrement dit, quels sont les effets boomerang en une ère de terrorisme international et les de nos pratiques discriminatoires à l’endroit des obstacles afférents à cet accroissement; et la Noirs qui vivent parmi nous ? Nous concluons perte des facultés de prescience et d’observation le présent article avec quelques éléments de objective héritées de la diversité dans le réponse à cette question féconde. développement de nos connaissances sociales, en particulier, et dans notre vie socio- Conclusion : les effets boomerang économique et culturelle, en général. Pour ces La population noire ontarienne habite raisons, il incombe aux sociologues et aux principalement en zone urbaine et l’immense décideurs politiques de venir en aide aux majorité d’entre elle vit à Toronto. Comme il a citoyens afin de leur faire comprendre la réalité été démontré, les Noirs qui vivent parmi nous fondamentale entourant la présence des Noirs doivent faire face au racisme et à la en Ontario. Conséquemment aux phénomènes discrimination fondés sur la couleur de la peau de mondialisation de la migration et de de manière constante et vraisemblablement rétrécissement et de vieillissement des populations unique. La majeure partie de ce racisme se du Nord combinés à l’explosion des populations spatialise par la ségrégation résidentielle et du Sud, on ne peut qu’admettre que la population d’autres formes de manipulations basées sur noire continuera de croître dans la province. l’espace et la race en matière d’allocation des Les Noirs sont au pays pour y rester; il est plus ressources. Ces manipulations sapent les efforts que temps pour nous de mettre en place des fournis par les Noirs pour pleinement intégrer cadres opérationnels justes et équitables afin de la société ontarienne. À mesure qu’augmente favoriser leur bien-être et de redresser les effets la concentration des Noirs dans certains boomerang des problèmes liés à la race. quartiers, les ressources disponibles diminuent, étant donné le recoupement de longue date qui À propos des auteurs existe en Ontario et au Canada entre la race et JOSEPH MENSAH est professeur agrégé de géographie la classe sociale. Cet état de fait entraîne la culturelle, School of Social Sciences, Atkinson Faculty of migration (ou plutôt la suburbanisation) vers Liberal and Professional Studies, York University, située à Toronto. Il est l’auteur de Black Canadians: History, Experience les banlieues et les zones exurbaines cossues de and Social Conditions (Fernwood, 2002), corédacteur de la population restante, alimentant ainsi un Globalization and the Human Factor: Critical Insights autre cercle vicieux qui résulte en un déclin des (Ashgate, 2004), et rédacteur en chef de Understanding investissements et des assiettes fiscales dans les Economic Reforms in Africa: A Tale of Seven Nations
Nos diverses cités 27 (Palgrave, 2006). Le professeur Mensah est gestionnaire Milan A., et K. Tran. 2004. « Les Noirs au Canada : une du projet Ghanaian Immigrants Religious Transnationalism longue tradition », Tendances sociales canadiennes / (GIRT), sous l’égide du CRSH, à la York University. Canadian Social Trends, no 11-008 au catalogue de Statistique Canada. DAVID FIRANG est étudiant au doctorat, Faculty of Social Work, University of Toronto; il est aussi agent de la Murdie, R. A. 1994. « Blacks in Near-Ghettoes? Black Visible protection de l’enfance à la Société d’aide à l’enfance de Minority Population in Metropolitan Toronto Housing Toronto. Ses recherches portent sur les races, le capital Authority Public Housing Units», Housing Studies, vol. 9, social, le logement, et les processus d’établissement et no 4, p. 435-457. d’intégration des immigrants. M. Firang a été bénéficiaire Murdie, R. A., et Teixeira, C. 2003. « Towards a Comfortable d’une bourse de recherche de la Banque royale à la Faculty Neighbourhood and Appropriate Housing: Immigrant of Social Work, University of Toronto, durant l’année Experiences in Toronto », dans P. Anisef et M. Lanphier universitaire 2005-2006. (dir.), The World in a City, Toronto, University of Toronto Press, p. 132-191. Références Opoku-Dapaah, E. 1995. Somalis Refugees in Toronto: Badets, J., et W. L. Chui. 1994. Canada’s Changing A Profile, Toronto, York Lanes Press. Immigration Population, Ottawa, Prentice Hall. Ornstein, M. 2002. Ethno-racial Inequality in the City of de Blij, Harm J. 1993. Human Geography: Culture, Toronto: An Analysis of the 1996 Census, Toronto, Access Society and Space, New York, John Wiley. and Equity Division, City of Toronto. Canada. Statistique Canada, Recensement du Canada Owusu, T. Y. 1999. « Residential Patterns and Housing de 2001. Choices of Ghanaian Immigrants to Toronto, Canada », George, Susan. 1992. The Debt Boomerang: How Third Housing Studies, vol. 14, no 1, p. 77-97. World Debt Harms Us All, Boulder et San Francisco, Reitz, J. G., et S. M. Sklar. 1997. « Culture, Race, and the Westview Press. Economic Assimilation of Immigrants », Sociological Forum, Henry, F. 1994. The Caribbean Diaspora in Toronto: Learning vol. 12, no 2, p. 233-277. to Live with Racism, Toronto, University of Toronto Press. Tanovich, D. M. 2006. The Colour of Justice: Policing Race Hulchanski, J. D. 1993. Barriers to Equal Access in the in Canada, Toronto, Irving Law. Housing Market: The Role of Discrimination on the Basis of Race and Gender, Toronto, Centre for Urban and Tator, C., et F. Henry. 2006. Racial Profiling in Canada: Community Studies, University of Toronto. Challenging the Myth of ‘A Few Bad Apples’, Toronto, University of Toronto Press. Li, Peter. 1998. « The Market Value and Social Value of Race », dans Vic Satzewich (dir.), Racism and Social Tettey, W., et K. Publampu (dir.). 2006. The African Diaspora Inequality in Canada: Concepts, Controversies and in Canada, Calgary, University of Calgary Press. Strategies of Resistance, Toronto, Thompson Educational. Walker, J. W. 1980. Précis d’histoire sur les Canadiens de Martinot, S. 2003. The Rule of Racialization: Class, Identity, race noire : source et guide d’enseignement, Ottawa, Government, Philadelphie, Temple University Press. Ministre d’État, Multiculturalisme. Massey, Douglas, et coll., 1997. « Migration Theory, Ethnicity Wortley, S., et J. Tanner 2004. « Discrimination ou ‘bons’ Mobilization and Globalization », dans M. Guibernau et services de police. Le débat concernant le profilage racial J. Rex (dir.), The Ethnicity Reader: Nationalism, au Canada », Nos diverses cités / Our Diverse Cities, vol. 1 Multiculturalism and Migration, Malden, MA, Blackwell. (printemps), p. 207-212. Mensah, J. 2005. « L’hétérogénéité ethnoculturelle des noirs Wortley, S., et J. Tanner. 2003. « Data Denials and dans nos “ethnicités” », Thèmes canadiens / Canadian Confusion: The Racial Profiling Debate in Canada », Issues (printemps), p. 50-56. Canadian Journal of Criminology and Criminal Justice, vol. 45, no 3, p. 367-389. Mensah, J. 2002. Black Canadians: History, Experiences, and Social Conditions, Halifax, Fernwood Publishing. Mensah, J., et S. Adjibolooso. 1998. The Demographic Profile of African Immigrants in the Lower Mainland of British Columbia, rapport soumis au ministère responsable du multiculturalisme et de l’immigration, Vancouver, Division de liaison avec les collectivités du ministère responsable du multiculturalisme et de l’immigration.
28 Nos diverses cités Dans un autre ordre d’idées… Parvenir à l’unité en valorisant la diversité
FATEMEH GIVECHIAN Université d’Ottawa
Le présent article aborde les quatre questions Les exemples de domination d’un groupe sur suivantes. La diversité est-elle un phénomène les autres – victimes d’oppression ou de nouveau dans l’histoire de l’humanité ? Comment discrimination fondées sur le sexe, l’âge ou les l’humanité a-t-elle réagi à la diversité au cours croyances – ne manquent pas dans l’histoire de son histoire ? Dans l’avenir, quelle serait la de l’humanité et se retrouvent dans toutes les réponse appropriée à la diversité ? Comment sociétés. Des actes comme le « femicide », qui envisager la planification de nos villes, de sorte désigne [Traduction] « le meurtre d’une personne à répondre aux exigences de la diversité ? parce qu’elle est une femme » (Miller et coll., Affirmer que la « diversité » n’est pas un 2001, p. 132) ou toute forme d’âgisme, qui phénomène récent semble une chose évidente. Le dévalorise les gens selon qu’ils soient jeunes sujet mérite toutefois d’être approfondi. Depuis le (Fabrega et Miller, 1995; Weatherford, 1981) ou début de l’humanité, des groupes sont entrés en âgés (Sahlins, 1957), ne sont pas rares. Entre contact avec d’autres groupes, composés sociétés, il peut exister des « génocides », qui d’individus différents d’eux. Les différences entre mènent à [Traduction] « la destruction d’une les groupes sont nombreuses et peuvent aller culture et de son peuple par l’extermination de différences d’apparence physique à des physique » (Chalk et Johnson, 1986, p. 180) ou différences culturelles plus profondes, liées à la des « ethnocides » qui consistent à « détruire une langue, aux normes, aux valeurs, à la religion, culture sans éliminer physiquement son peuple » etc. Ces différences existent au sein même des (Miller et coll., 2001, p. 132). L’exploitation sociétés et entre les sociétés. Diversité et économique d’un groupe d’individus est un autre multiculturalisme ne sont pas des phénomènes type de réponse ayant mené, au nom de la récents chez les sociétés humaines. Les humains prospérité économique, à l’« esclavage » (travail ont toujours montré de la curiosité et de l’intérêt forcé et non rémunéré d’un groupe ethnique envers les différences et ils se sont toujours différent) ou même au commerce des esclaves distingués les uns des autres en se fondant sur comme une fin économique en soi (Wolf, 1982). des caractéristiques physiques ou culturelles. Dans certains cas, un groupe a imposé la À cet égard, ils ont également pratiqué « ségrégation » à un autre groupe, en le « l’ethnocentrisme », qui consiste à [Traduction] contraignant à vivre dans des quartiers séparés, « juger une autre société en fonction des valeurs et à utiliser des autobus séparés, à manger dans des des normes de la sienne » (Scupin, 2003, p. 52). restaurants séparés, etc. L’ethnocentrisme semble être un phénomène Tous les actes cités précédemment sont universel (Brown, 2003). À toutes les époques condamnés parce qu’ils sont contraires à et dans le monde entier, les humains ont réagi l’éthique. En termes de réponses éthiques et plus de différentes manières lorsque confrontés à la modérées à la diversité, comme l’assimilation ou diversité, dont par le femicide, l’âgisme, le la différenciation, nous ne devons pas oublier génocide, l’ethnocide, l’esclavage, la ségrégation, que la politique de la force a joué un rôle l’imposition de son style de vie à un autre déterminant en incitant les peuples conquis à groupe au nom de l’assimilation, et la adopter les mœurs du conquérant. Comme le dit coexistence privilégiant la différenciation et les l’adage, « Quand tu seras à Rome, conduis-toi en interactions culturelles. Romain », un raisonnement qui peut également
Nos diverses cités 29 être observé en temps de paix, lorsqu’un groupe Tilman et d’autres chercheurs, parmi lesquels des d’individus s’installe en tant qu’immigrants sur biologistes, ont démontré l’importance de la le territoire d’un autre groupe : on attend des biodiversité pour la nature (cité par Bourdeau, nouveaux arrivants qu’ils se comportent de la 2004). Il convient de signaler que la diversité est même manière que les habitants du pays hôte, et aussi essentielle et vitale pour nos sociétés que la si cela ne leur plaît pas, ils n’ont qu’à rentrer biodiversité l’est pour la nature. Contraindre chez eux. Ce type d’assimilation est devenu plus divers groupes de personnes à se fondre dans fréquent après l’émergence de l’industrialisation un creuset unique n’encouragera pas le et le début de ce qu’on appelle « l’ère moderne » foisonnement et l’échange des idées. Le concept en Europe et en Amérique du Nord. Attirés par la de la différenciation, ou de la coexistence de prospérité économique de ces continents, ainsi diverses identités distinctes, n’est pas davantage que par les valeurs démocratiques libérales une solution acceptable. Allouer certains véhiculées par leurs idéologies, des gens du attributs statiques à divers groupes de monde entier y ont migré, tout particulièrement personnes composant une « mosaïque » est vers les sociétés qui ouvraient leurs portes rapidement dépassé car cela ne tient pas et accueillaient volontiers les immigrants. compte de l’interaction des différents groupes Deux façons de répondre à l’immigration au sein de cette « mosaïque ». dominent les politiques de la plupart des pays, Durant les dernières décennies du 20e siècle et soit « l’assimilation et le différentialisme » les premières années du 21e siècle, la poussée de (PNUD, 2004, p. 12). L’assimilation encourage la mondialisation, du post-modernisme et des l’acculturation, sans laisser le choix aux gens de technologies de l’information a considérablement conserver leur ancienne identité. Dans une telle transformé les notions de temps et de lieu et, à situation, la rencontre entre les nouveaux plus forte raison, la signification de concepts tels arrivants et les habitants du pays hôte est que la diversité et le multiculturalisme. De nos facilitée par le processus d’acculturation, soit jours, la diversité et le multiculturalisme ne [Traduction] « la tendance de groupes culturels relèvent pas de la relation entre le conquérant et distincts à emprunter la langue, la technologie, le le conquis, ou entre l’hôte et l’immigrant. Parmi type de vêtements, la nourriture, les valeurs, les les différents groupes qui composent une société, normes et le comportement des autres. [Le les revendications des individus pour l’égalité – processus] d’acculturation est l’adaptation et quels que soient leur sexe, leur âge, leur l’ajustement d’un groupe au groupe ethnique niveau d’éducation, leur classe sociale ou leur dominant » (Scupin, 2003, p. 44). En pratique, ce orientation sexuelle – exigent une nouvelle processus est essentiellement unidirectionnel : le façon d’aborder la diversité. Entre les sociétés, groupe le moins dominant, ou la minorité, cette demande a trait aux distinctions d’ordre emprunte la culture du groupe dominant, ou de physique ou culturel. Dans son Rapport Mondial la majorité. Un groupe A qui pénètre sur le sur le Développement Humain, le PNUD (2004) territoire d’un groupe B doit en apprendre la cite les cinq éléments suivants comme étant au culture et se comporter en fonction de celle-ci. cœur de l’éthique mondiale : équité, droits de Dans la relation « idéale » entre l’hôte et l’invité, l’homme et responsabilités, démocratie, protection tous les individus se fondent dans un seul creuset des minorités, résolution pacifique des conflits et les différentes finissent par disparaître. négociations équitables – ces éléments doivent La seconde stratégie, assez populaire, consiste régir nos sociétés, de façon générale et tout à encourager la différenciation et la distinction, particulièrement en ce qui a trait à la diversité. et où « les immigrés conservent leurs identités, Si, par le passé, la manière la plus éthique mais ne s’intègrent pas au reste de la société » d’aborder la diversité était de faire preuve de (PNUD, 2004, p. 12). Le groupe auquel on patience et de tolérance envers ceux qui ne nous accorde un statut distinct peut tirer profit de ressemblaient pas ou n’agissaient pas comme cette situation, mais à long terme, celle-ci ne « nous », à l’avenir nous ne pourrons nous contribuera pas à l’intégration, ni à la cohésion contenter de nous tolérer les uns les autres. sociale. Pour la planification à long terme de L’avenir nous demande de « célébrer » la diversité notre ville, sur 20, voire 100 ans, ni l’assimilation (Rajaee, 2000, p. 90) et de l’apprécier. Nous ni la différenciation ne sont recommandées. devons aller au-delà du « multiculturalisme L’assimilation ne saurait être une solution superficiel » lié aux aliments et aux festivals appropriée pour faire face à la diversité. David (Hiebert, 2003) et nous efforcer de parvenir à un
30 Nos diverses cités « multiculturalisme riche » (Sandercock, 2004). connaissance ou leur classe sociale – peuvent Mais comment « célébrer » la diversité et interagir d’une manière mutuellement profitable. atteindre un « multiculturalisme riche » ? De Par exemple, les programmes qui favorisent nombreuses suggestions ont été formulées, l’interaction entre les enfants et les personnes parmi lesquelles les sept actions proposées par âgées peuvent être bénéfiques pour ces Sandercock : 1) une augmentation des dépenses deux groupes. Au lieu de grandir au au profit d’un éventail de programmes seul contact de leurs pairs, nos enfants multiculturels à l’échelle locale; 2) la mise en bénéficieraient de l’expérience des aînés, et ces place de réseaux de soutien politique et derniers pourraient transmettre leur savoir aux stratégique de la part des paliers fédéral, jeunes générations. La même interaction peut se provinciaux et municipaux et des organismes produire entre sociétés et nous devons permettre non gouvernementaux; 3) des programmes de à tous de contribuer ensemble à la société. En ce formation à la diversité et à la lutte contre le qui a trait aux nouveaux arrivants, nous ne racisme; 4) des réformes et de l’innovation sur le devrions pas essayer d’attirer « la crème de la plan des politiques sociales; 5) une meilleure crème » des autres sociétés pour ensuite la compréhension de la façon dont les politiques laisser gâcher une fois ici. Le processus de urbaines peuvent et doivent aborder les reconnaissance des diplômes étangers ne devrait différences culturelles; 6) l’élaboration de nouvelles pas prendre trois ou quatre ans. À leur arrivée, conceptions de la citoyenneté, multiculturelles les immigrants sont pleinement désireux de et urbaines; et 7) une meilleure compréhension contribuer à notre société. Retarder leur des émotions qui sous-tendent les conflits liés participation a pour effet d’émousser leur intérêt à l’intégration et la volonté d’y répondre et d’engendrer une déception, ce qui nous nuit à (Sandercock, 2004). J’approuve toutes ces tous, pas seulement au nouvel arrivant. suggestions, que je trouve extrêmement utiles, En vue de planifier le future de notre ville, en particulier pour réaliser des améliorations en afin que la capitale nationale du Canada soit matière d’infrastructure, de développement et de un modèle pour les autres villes, nous devrions planification, mais j’ai le sentiment qu’il faut veiller à ce que les joies et les difficultés de avant tout un changement d’attitude et une chaque habitant soient partagées par tous. Le modification de la vision que nous avons du fait de faciliter la célébration de diverses fêtes monde et ce, dans tous les segments de la – comme la naissance de Guru Nanak Dev Ji, société. C’est pourquoi je propose et je prévois le jour du Makar Sankranti, Hanukkah, qu’à l’avenir il faudra dépasser l’idée de l’Épiphanie, Noël, Eid-al-Adha, ou le nouvel an « mosaïque ». Je préfère utiliser la métaphore chinois, vietnamien ou coréen – ne profitera de « salade ». Je pense que nous devrions nous pas seulement aux sikhs, aux hindous, aux consacrer à la préparation d’une « salade » juifs, aux chrétiens, aux musulmans ou dont chaque ingrédient conserverait sa saveur aux bouddhistes. L’ensemble de la société et sa texture. Ce qui nous liera, ce sera la soutiendra ces citoyens pour lesquels ces fêtes « vinaigrette » composée de nos besoins, intérêts, ont de l’importance. Leurs difficultés aussi responsabilités et droits communs et, par-dessus seront les nôtres. Les problèmes et les défis tout, notre expérience commune qui est de vivre auxquels font face les immigrants afghans ensemble dans une même ville. au Canada, par exemple, ne concernent En pratique, nous devons apprendre que la pas seulement les Afghans et le centre diversité profite à tous, et que chaque membre communautaire afghan, mais tous les résidants de la collectivité a énormément à offrir. Plus il de la ville. Dans l’avenir, la planification de y aura d’ingrédients dans la salade, plus elle notre ville sera donc fondée sur l’idée que les sera savoureuse et nourrissante. L’idée selon services et les contributions ne sont pas laquelle l’enseignement se fait uniquement unidirectionnels, offerts uniquement par un dans un sens et que c’est toujours le même groupe à un autre, ni même bidirectionnels. groupe qui doit communiquer son savoir aux Ce processus doit au contraire être autres, est absurde, car tous les groupes multidirectionnel. Chaque membre de la peuvent apprendre les uns des autres. Il s’agit société se voit ainsi offrir une chance de simplement d’offrir sa chance à chacun. Au contribuer au bien-être de sa ville qui, en sein de toutes les sociétés, tous les individus – retour, prospèrera elle aussi, tout comme quel que soit leur sexe, leur âge, leur niveau de ses habitants.
Nos diverses cités 31 À propos de l’auteure Miller, Barbara D., et coll. 2000. Cultural Anthropology; FATEMEH GIVECHIAN détient un doctorat en anthropologie Canadian Edition, Toronto, Pearson Education Canada Inc. et enseigne à l’Université d’Ottawa. Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). 2004. Rapport mondial sur le féveloppement humain : Références la liberté culturelle dans un monde diversifié, New York. Bourdeau, Michèle, et coll. 2004. « La biodiversité en péril », Rajaee, Farhang. 2000. La mondialisation au banc des Anthologie : Nouvelles Frontières, Toronto, Pearson Education accusés : La condition humaine et la civilisation de Canada Inc. l’information, Centre de recherches pour le développement Brown, Donald E. 2003. « Ethnicity and Ethnocentrism : international, Ottawa. Are They Natural? », dans Raymond Scupin (dir.), Race and Sahlins, Marshall. 1957. « Land Use and the Extended Family Ethnicity: An Anthropological Focus on the U.S. and the in Moala, Fiji », American Anthropologist, vol. 59, p. 449-462. World, Upper Saddle River, New Jersey, Prentice Hall. Sandercock, Leonie. 2004. « Le maintien des villes Chalk, Frank, et Kurt Jonassohn. 1986. « Conceptualizations multiculturelles au Canada », Nos diverses cités / Our Diverse of Genocide and Ethnocide », dans Roman Serbyn et Bohdan Cities, vol. 1, p. 160-165. Krawchenko (dir.), Famine in Ukraine: 1932-1933, Canadian Institute of Ukrainian Studies, University of Alberta, p. 179-190. Scupin, Raymond. 2003. Cultural Anthropology: A Global Perspective, 5e éd., Upper Saddle River, New Jersey, Fabrega, Horacio, et Barbara D. Miller. 1995. « Adolescent Prentice Hall. Psychiatry as a Product of Contemporary Anglo-American Society », Social Science and Medicine, vol. 40, no 7, p. 881-894. Weatherford, J. 1981. Tribes on the Hill, New York, Random House. Hiebert, D. 2003. « Are Immigrants Welcome? Introducing the Vancouver Community Studies Survey », document Wolf, Eric R. 1982. Europe and the People Without History, de travail, Research on Immigration and Integration in Berkeley, University of California Press. the Metropolis (RIIM), p. 3-6.
Penser l’immigration en dehors des métropoles au Canada
Numéro spécial d’Études ethniques au Canada / Canadian Ethnic Studies Un numéro spécial d’Études ethniques au Canada / Canadian Ethnic Studies publié récemment (vol. XXXVII, no 3, 2005) jette un regard sur la régionalisation de l’immigration. Michèle Vatz Laaroussi (Université de Sherbrooke), Margaret Walton-Roberts (Wilfrid Laurier University), John Biles (projet Metropolis) et Jean Viel (Développement social Canada), ont participé à sa publication, à titre de rédacteurs invités. La revue contient des articles portant sur la dispersion régionale en Colombie-Britannique, sur la participation d’immigrants dans les marchés du travail locaux en Ontario, sur l’établissement de réfugiés dans la Ville de Québec et dans des petites communautés de la Colombie-Britannique, sur les Acadiens, l’interculturalisme et la régionalisation, ainsi que sur les services offerts aux nouveaux immigrants à Halifax. La publication présente également un compte rendu de conférence d’« Immigration et émigration : le Canada atlantique à la croisée des chemins ». Pour commander une copie de la revue, rendez-vous www.ss.ucalgary.ca/CES
32 Nos diverses cités Au cours des 20 dernières années, la population immigrante d’Ottawa a connu une rapide croissance et est devenue de plus en plus diversifiée, transformant la géographie sociale de notre capitale nationale. Ces changements posent des défis aux institutions, aux entreprises et à la société civile d’Ottawa, des changements qui affectent un nombre grandissant de citoyens. Ils signifient aussi des risques accrus de pauvreté et d’exclusion pour les immigrants, tout particulièrement pour ceux qui sont nouvellement arrivés. Cet article veut faciliter une meilleure compréhension des caractéristiques socioculturelles des immigrants qui choisissent Ottawa comme destination, en se penchant sur leur intégration dans la société canadienne. L’immigration et la composition socioculturelle et démographique d’Ottawa HINDIA MOHAMOUD Conseil de planification sociale à Ottawa
Selon le Recensement de 2001, 166 750 Proportion relativement forte de réfugiés résidants d’Ottawa, soit plus d’un sur cinq, parmi les nouveaux arrivants comptant sont nés à l’étranger, ce qui place Ottawa au s’établir à Ottawa sixième rang des villes canadiennes pour ce Comparativement aux autres villes canadiennes qui est de la population d’origine étrangère. qui accueillent un grand nombre d’immigrants, De plus, 104 415 résidants d’Ottawa ont au Ottawa est celle où l’on trouve, de loin, la plus moins un parent né à l’étranger, ce qui signifie forte proportion de réfugiés. Le pourcentage que plus d’un résidant d’Ottawa sur trois (35 %) annuel moyen de réfugiés parmi les immigrants est immigrant ou est l’enfant d’un ou de deux comptant s’installer à Ottawa est de 29 % pour parents immigrants. les six dernières années, comparativement à Étant donné l’importance accrue de 11 % pour Toronto, 10 % pour Vancouver et l’immigration en tant que source de croissance 19 % pour Montréal1. Il importe de noter que démographique – et pour l’économie, la dans ses plans d’immigration, le gouvernement culture et la vitalité de la ville –, il devient du Canada se fixe comme objectif d’admettre essentiel de comprendre les caractéristiques 12 % de l’ensemble des nouveaux arrivants dans socioculturelles des immigrants et l’influence la catégorie des réfugiés, y compris les réfugiés de ces caractéristiques sur le processus parrainés par des organismes du secteur privé d’intégration, dans l’optique d’une planification et les réfugiés dont la demande est traitée inclusive et de la formation de points de dans un bureau intérieur2. On peut donc dire comparaison avec les expériences signalées que, par rapport aux autres villes et à l’ensemble dans d’autres villes canadiennes. En prenant du Canada, Ottawa accueille une part appui sur les données du Recensement de 2001 et la documentation canadienne à jour sur le 1 Citoyenneté et Immigration Canada, Faits et chiffres, processus d’établissement et d’intégration des 2002 et 1999. immigrants, le présent article permettra de 2 Voir le glossaire pour les définitions des catégories mieux comprendre ce phénomène. d’immigrants et des sous-catégories de réfugiés.
Nos diverses cités 33 TABLEAU 1 Pourcentage de la population née au Canada et à l’étranger, selon différentes villes canadiennes Pourcentage de la Population Population née Population née population totale Ville totale au Canada à l’étranger née à l’étranger Toronto 2 456 805 1 198 815 1 214 625 49,4 Mississauga 610 815 319 865 285 650 46,8 Montréal 1 019 735 714 870 281 380 27,6 Vancouver 539 630 279 510 247 635 45,9 Calgary 871 140 673 705 190 145 21,8 Ottawa 763 790 589 010 166 750 21,8 Edmonton 657 355 508 825 143 335 21,8 Brampton 324 390 193 220 129 280 39,9 Hamilton 484 385 359 625 119 810 24,7 Surrey 345 780 228 040 114 725 33,2
Source : Statistique Canada, Recensement de 2001. Portrait ethnoculturel du Canada.
disproportionnée des réfugiés. Le pourcentage sur la mobilité révèlent que 11 % des immigrants élevé de réfugiés parmi les immigrants récents récents domiciliés à Ottawa, soit 7 065 personnes, à Ottawa a des répercussions profondes sur étaient venus d’autres villes canadiennes au cours le processus d’établissement et d’intégration des cinq années précédant le Recensement. des nouveaux arrivants. Pour ce qui est de Parmi ceux-ci, 42 % provenaient d’autres villes l’établissement et de l’intégration, les réfugiés sont ontariennes, et le reste de villes à l’extérieur de confrontés à un plus grand nombre d’obstacles l’Ontario. Le boom économique survenu à Ottawa que les immigrants des autres catégories, à la fin des années 1990 explique en partie notamment parce que leur départ de leur pays l’attrait que cette ville a pu exercer sur les d’origine était de nature imprévue (Tonks et immigrants récents installés dans d’autres villes Paranjpe, 1999). De plus, une fois arrivés au canadiennes. Une étude fondée sur le premier Canada, les demandeurs du statut de réfugié ont cycle d’entrevues menées dans le cadre de un statut juridique différent de celui des autres l’Enquête longitudinale auprès des immigrants immigrants, ce qui peut les empêcher d’avoir du Canada (ELIC), réalisée conjointement par accès à certains programmes d’équité sociale. Statistique Canada et Citoyenneté et Immigration Outre les immigrants récents en provenance de Canada (CIC), a révélé que chez les immigrants, l’étranger, Ottawa attire également des immigrants la perspective d’un bon emploi est l’un des d’autres villes canadiennes. Les données de 2001 principaux facteurs qui motivent le choix du
FIGURE 1 Pourcentage de réfugiés parmi les nouveaux arrivants, selon la destination prévue et l’année de l’arrivée au Canada 35
30 Ottawa 25 Calgary 20 Vancouver 15 Toronto 10 Montréal 5
0 1997 1999 1999 2000 2001 2002
34 Nos diverses cités TABLEAU 2 Les cinq premiers pays d’origine des immigrants récents selon la période d’immigration 1991-2001 1981-1990 1971-1980 1961-1970 Avant 1961 Chine Liban Royaume-Uni Royaume-Uni Royaume-Uni Somalie Chine Caraïbes et Bermudes Italie Italie Liban Vietnam Chine États-Unis Allemagne Caraïbes et Caraïbes et Liban Caraïbes et Pays-Bas Bermudes Bermudes Bermudes Ex-Yougoslavie Royaume-Uni États-Unis Chine Pologne 32 355 personnes 13 600 personnes 11 890 personnes 12 150 personnes 15 650 personnes 51 % de l’ensemble 39 % de l’ensemble 47 % de l’ensemble 58 % de l’ensemble 67 % de l’ensemble des immigrants des immigrants des immigrants des immigrants des immigrants
Source : Statistique Canada, Recensement de 2001. Les données se rapportent à la partie ontarienne de la région d’Ottawa-Gatineau.
lieu d’établissement, après la famille et le arrivants originaires de ces deux pays ont réseau social. été admis au Canada dans la catégorie des réfugiés, ce qui pourrait expliquer la proportion Pays d’origine et périodes d’immigration élevée de réfugiés parmi les immigrants récents En général, les pays d’origine des immigrants, établis à Ottawa. de même que le nombre et le pourcentage Le Tableau 3 fournit des données plus d’immigrants admis dans les différentes catégories, détaillées sur les 20 principaux pays d’origine de varient en fonction des politiques d’immigration l’ensemble des immigrants à Ottawa, ainsi que le du Canada et des événements liés à la situation nombre et le pourcentage des immigrants géopolitique et à l’économie mondiales. En raison récents. Le Royaume-Uni et la Chine sont les de la libéralisation des politiques d’immigration pays d’origine les plus fréquemment déclarés par canadiennes, ainsi que des troubles politiques et les immigrants domiciliés à Ottawa. Les données économiques dans l’hémisphère sud et en Orient, du tableau révèlent également que les pays une proportion accrue d’immigrants au Canada d’origine des immigrants domiciliés à Ottawa se proviennent aujourd’hui des pays d’Asie, d’Afrique caractérisent par une très grande diversité sur et d’Amérique du Sud. le plan de l’histoire, de la culture, de l’ethnicité La composition socioculturelle de la population et de la langue, et que ces immigrants sont immigrante d’Ottawa reflète les changements distribués parmi un grand nombre de petits survenus à l’échelle nationale et mondiale. Le groupes culturels. Exception faite des immigrants Tableau 2 présente les pays d’origine les plus venus du Royaume-Uni et de la Chine, la souvent déclarés par les immigrants venus proportion d’immigrants originaires d’un même s’installer à Ottawa au cours des dernières pays ne dépasse pas 5,9 % (pourcentage décennies. On constate que plus de la moitié des correspondant aux 9 865 personnes nées au Liban). immigrants admis au Canada entre 1991 et 2001 La dernière colonne du Tableau 3 donne les et qui vivent maintenant à Ottawa venaient de pourcentages d’immigrants admis au cours de Chine, de Somalie, du Liban, des Caraïbes et des la décennie de 1991 à 2001. Cette statistique Bermudes et de l’ex-Yougoslavie. Les données du peut servir d’indicateur sur le processus Tableau 2 indiquent également que tandis que la d’établissement des communautés immigrantes. Chine, le Liban, les Caraïbes et les Bermudes ont Plus la proportion d’immigrants récents est élevée, constamment figuré parmi les pays d’origine moins les racines au Canada sont profondes déclarés par les nouveaux arrivants à Ottawa au (Biles, 1998). Autrement dit, un pourcentage élevé cours des quatre dernières décennies, la Somalie de nouveaux arrivants dans une communauté et l’ex-Yougoslavie n’y figurent que durant la immigrante donnée indique que cette période entre 1991 et 2001. L’émigration de ces communauté en est encore aux premiers stades deux pays est attribuable aux récents troubles de son processus d’intégration collectif. Comme intérieurs d’ordre civil et politique. Par le montre le Tableau 2, c’est la communauté conséquent, une bonne partie des nouveaux somalienne d’Ottawa qui compte la plus forte
Nos diverses cités 35 TABLEAU 3 Les 20 principaux pays de naissance des immigrants vivant à Ottawa, 2001 Immigrants totaux Nouveaux arrivants Pourcentage du Pourcentage du nombre total nombre total Nombre d’immigrants Nombre d’immigrants
Total : lieu de naissance 168 125 100,0 63 945 38,0 des répondants Royaume-Uni 20 245 12,0 1 550 7,7 Chine et zones 16 390 9,7 10 045 61,3 administratives spéciales3 Liban 9 865 5,9 3 110 31,5 États-Unis 9 445 5,6 3 150 33,4 Inde 7 275 4,3 1 850 25,4 Italie 6 840 4,1 2 720 39,8 Vietnam 6 695 4,0 145 2,2 Allemagne 5 520 3,3 1 480 26,8 Pologne 4 945 2,8 510 10,3 Somalie 4 575 2,6 3 830 83,7 Ex-Yougoslavie 4 885 2,8 985 20,2 Philippines 4 180 2,4 3 095 74,0 Hong Kong 3 660 2,1 2 320 63,4 Jamaïque 3 450 2,0 885 25,7 Iran 3 160 1,8 1 895 60,0 Haïti 3 175 1,8 2 400 75,6 Pays-Bas 3 180 1,8 620 19,5 Portugal 2 970 1,7 1 365 46,0 Sri Lanka 2 500 1,4 95 3,8 Pakistan 2 230 1,3 135 6,1 France 1 965 1,1 545 27,7
proportion (84 %) d’immigrants récents parmi communauté ethnique, à la communauté ethnique ses membres. Suivent à cet égard la communauté et pour terminer – le cas échéant – à la société originaire de l’ex-Yougoslavie (74 %), la canadienne informe. »4 Les renseignements communauté philippine (63 %), la communauté recueillis dans le cadre des premières entrevues chinoise (61 %), la communauté iranienne (60 %) de l’ELIC auprès des immigrants du Canada et la communauté haïtienne (46 %). confirment cette observation de Weinfeld : Cette situation peut avoir avoir de sérieuses Il ressort clairement des résultats de l’ELIC répercussions sur la réussite du processus qu’en plus d’avoir une influence décisive sur le d’intégration de chacun des immigrants, compte lieu d’établissement des immigrants, les tenu du fait qu’ils entreprennent cette intégration membres de la famille et les amis sont aussi au sein de la communauté conationale et une source d’aide essentielle pour d’autres coculturelle locale. Comme le souligne Morton aspects de l’intégration : trouver un logement, Weinfeld (1998), « l’intégration est un processus obtenir des services de santé, se perfectionner, niché en temps normal. Les immigrants s’intègrent trouver un emploi, etc. (CIC, 2004c). souvent à une famille, puis au quartier, à la sous- En d’autres termes, les acquis sociaux et 3 La Chine et les zones administratives spéciales comprennent économiques des communautés immigrantes la République populaire de Chine, Hong Kong et Macau. locales ont un important effet de levier sur les 4 Caractères gras dans le texte d’origine. efforts d’intégration des immigrants à leur
36 Nos diverses cités
Dans une étude récente portant sur une enquête menée par le Centre syndical et patronal du Canada (CSPC) auprès d’employeurs des secteurs public et privé et de dirigeants syndicaux dans diverses régions du pays, Lockhead (2004) signale que les deux tiers des répondants qui comptaient bientôt embaucher de nouveaux employés n’étaient pas disposés à embaucher des personnes formées à l’étranger en raison principalement de problèmes perçus d’ordre linguistique.
société d’accueil. Ainsi, les nouveaux arrivants d’enfants, du transport, de la santé des familles, de qui se joignent à une communauté composée en l’aide à l’emploi et des services à la jeunesse. La grande partie d’immigrants récents sont planification de services multiculturels doit se susceptibles d’avoir plus de difficulté à s’intégrer, fonder sur des recherches approfondies dans les puisque l’expérience canadienne et la situation quartiers – des recherches qui détaillent la socioéconomique de ces communautés sont en composition culturelle de la population des général plus précaires (Beiser, 1988). quartiers, leurs défis et leurs atouts. De plus, En ce qui concerne la planification des étant donné que la répartition géographique des services et la conception des programmes, selon groupes culturels peut changer avec le temps, il les données de 2001 et les analyses publiées au faut vérifier régulièrement la composition Canada, on ne peut répondre aux besoins et aux démographique et culturelle de ces groupes de préoccupations des communautés immigrantes résidants afin de pouvoir adapter la prestation d’Ottawa si l’on considère l’ensemble des résidants des services à leurs besoins. nés à l’étranger comme un groupe homogène. La répartition actuelle des immigrants en un grand La langue : un facteur d’identité nombre de petits groupes culturels, l’historique culturelle qui unit et qui sépare de l’établissement de chacun de ces groupes, Les difficultés que pose la répartition de la ainsi que les liens sociaux différents et plus ou population immigrante d’Ottawa en petits moins étroits entre ces communautés et la groupes culturels sont quelque peu atténuées société globale rendent pratiquement inutiles les par le fait que certains immigrants, bien que initiatives municipales dites universelles. de pays d’origine différents, partagent un ou plusieurs traits culturels. Il va sans dire que certains traits culturels se prêtent mal à l’analyse FIGURE 2 statistique, mais parmi les caractéristiques Les immigrants récents selon leur mesurables, la langue et la religion constituent connaissance des langues officielles, 2001 deux des facteurs d’identité culturelle que les Ni l’anglais ni le français immigrants ont le plus souvent en commun – les Anglais et français 7 % uns avec les autres ainsi qu’avec les collectivités 18 % qui les accueillent. Cette section porte sur les difficultés d’ordre linguistique que connaissent les immigrants au cours de leur processus d’intégration. La connaissance des langues officielles Français du Canada constitue l’un des principaux 3 % Anglais déterminants de la réussite du processus 72 % d’intégration des immigrants à la société canadienne. Le système canadien de sélection des immigrants accorde beaucoup de poids à la Dans la mesure où des groupes culturels maîtrise de l’une ou de l’autre des langues distincts se trouvent concentrés dans certains officielles, soit l’anglais ou le français. Les quartiers, il est possible de tenir compte des données de 2001 sur la connaissance de ces besoins particuliers de ces groupes dans la langues chez les immigrants récents permettent de planification générale des services sociaux à confirmer l’importance attribuée à ce critère : l’échelle du quartier, entre autres dans les presque tous les immigrants récents (93 %) ont dit domaines des parcs et loisirs, des services de garde maîtriser l’une ou l’autre langue officielle.
Nos diverses cités 37 FIGURE 3 Les dix principales langues non officielles à Ottawa, 2001 Persan (Farsi) 4 225 85
5 095 205 Vietnamien Une seule réponse
Réponses multiples Polonais 6 105 135
Somali 6 420 430
Allemand 6 925 325
Espagnol 7 630 530
Italien 10 730 485
Arabe 20 860 1 885
Chinois 23 295 425
0 5 000 10 000 15 000 20 000 25 000
Seulement 7 % des répondants (4 459 personnes) de l’anglais ou du français, au Canada ou à ont déclaré ne connaître ni l’anglais ni le français5. l’étranger, leur vision de la réalité, telle que Malgré cette connaissance déclarée du français perçue à travers le prisme de leur culture ou de l’anglais, la langue demeure l’un des respective, tend à influer sur cet apprentissage. principaux obstacles entravant l’accès des Ainsi, même si ces personnes maîtrisent bien immigrants à l’emploi et aux services, freinant l’une ou l’autre des langues officielles, ce n’est de fait leur intégration sociale et économique à qu’après une longue période passée au Canada la société canadienne (Kwan, 1999; Schellenberg, qu’elles en viennent à comprendre les nuances et 2004; Lockhead, 2003; Conference Board du les sous-entendus qui sont liés à la culture et qui Canada, 2004; Besner, 2003). sont entrés dans l’usage local de l’anglais et Les problèmes que pose la langue dans du français après des siècles d’expériences le contexte du processus d’intégration des communes. Compte tenu de cet écart culturel, immigrants découlent du vaste écart culturel qui les problèmes de communication entre les sépare la plupart des immigrants récents de la immigrants les plus récents et la population population canadienne de souche. C’est un fait locale sont prévisibles et doivent être résolus bien connu que la culture influence la langue de sans que les immigrants s’en trouvent pénalisés. façons qui échappent en grande partie à la Ainsi, non seulement est-il déplacé de s’attendre compréhension. Par conséquent, lorsque des à ce que les immigrants parlent, s’expriment et se personnes étrangères aux cultures dominantes comportent de la même façon que la population du Canada entreprennent l’apprentissage formel locale, mais de telles perceptions violent également le droit inhérent à la spécificité culturelle que la loi canadienne reconnaît aux 5 Il faut préciser que ces données n’indiquent pas comment personnes nées à l’étranger. ni où les immigrants ont acquis leur connaissance des Les problèmes de communication d’ordre langues officielles. Ainsi, il se peut que la connaissance de l’anglais ou du français soit le résultat de leur participation culturel entravent l’accès des immigrants à aux programmes de formation linguistique à Ottawa ou l’emploi. Dans une étude récente portant sur une ailleurs au Canada. enquête menée par le Centre syndical et patronal
38 Nos diverses cités TABLEAU 4 Répartition par groupe d’âge des immigrants récents ne connaissant ni l’anglais ni le français, 2001 Nombre d’immigrants Pourcentage d’immigrants Tous les immigrants récents ne parlant ni récents de parlant ni Groupe d’âge récents l’anglais ni le français l’anglais ni le français Moins de 14 ans 11 455 685 6 15 à 24 ans 9 650 185 2 25 à 44 ans 32 130 790 2 45 à 64 ans 7 825 1 290 16 65 ans et plus 2 895 1465 51 Total 63 955 4 415 7
Source : Statistique Canada, Recensement de 2001, no 97F0009XCB01040 au catalogue. Les données se rapportent à la partie ontarienne de la région d’Ottawa-Gatineau.
FIGURE 4 Répartition des immigrants d’Ottawa selon l’appartenance à une minorité visible et la période d’arrivée 1961-1970 1971-1980 1981-1990 1991-2001 Membres de minorités visibles Tous 100 % 80 %
60 % 40 % 20 % 0 % Avant 1961 1961-1970 1971-1980 1981-1990 1991-2001 Membres de minorités visibles Tous
du Canada (CSPC) auprès d’employeurs des insuffisante […]. Les employeurs sont réticents à secteurs public et privé et de dirigeants syndicaux embaucher des immigrants ou à les prendre dans diverses régions du pays, Lockhead (2004) comme stagiaires à cause des risques liés à la signale que les deux tiers des répondants qui santé ou à la sécurité des employés ou des s’attendaient à embaucher de nouveaux employés stagiaires dont les compétences linguistiques n’étaient pas disposés à embaucher des personnes insuffisantes pourraient causer des blessures formées à l’étranger en raison principalement de en milieu de travail et d’éventuelles demandes problèmes perçus d’ordre linguistique. d’assurance-invalidité ou de prestations de Une recherche sur les besoins des immigrants la Commission de la sécurité professionnelle en matière d’emploi, menée par OCRI (Centre et de l’assurance contre les accidents du travail. de recherche et d’innovation d’Ottawa) et le Les employeurs aimeraient recevoir de l’aide programme Talents-à-l’œuvre (2004), confirme financière pour compenser les dépenses dans une certaine mesure les conclusions du supplémentaires que représentent ces risques. CSPC et résume comme suit les points de vue des employeurs locaux ayant participé à l’étude Bien qu’il puisse sembler injustifié de payer (p. 12) : des employeurs pour leur permettre de bénéficier du travail d’immigrants qualifiés, l’argument est [Traduction] très clairement énoncé. Les employeurs croient Dans bien des cas, les aptitudes générales qu’ils risquent de subir des pertes financières s’ils des immigrants à la communication sont embauchent des immigrants. Il conviendrait, inadéquates. Leur connaissance de la pour changer cette perception, de mettre en place terminologie propre à l’industrie est également des mesures incitatives afin d’encourager les
Nos diverses cités 39 Pour les quelque 80 000 résidants d’Ottawa nés à l’étranger et appartenant à une minorité visible, le chevauchement actuel représente un double inconvénient attribuable à leur situation particulièrement vulnérable qui résulte du fait d’appartenir à une minorité visible et d’être né à l’étranger.
employeurs à embaucher des immigrants qualifiés. important de pouvoir offrir les services essentiels Il pourrait s’agir par exemple d’avantages (p. ex., les services de santé familiale et les commerciaux (comme l’accès à des contrats services d’urgence dont l’accueil en refuge et le publics) liés au nombre d’immigrants qualifiés logement social) dans les principales langues embauchés. En outre, il serait utile que des non officielles parlées à Ottawa. Cette tâche est campagnes de sensibilisation du public et des facilitée par le fait que malgré la fragmentation programmes de formation en milieu de travail de la population immigrante d’Ottawa en petits conscientisent les employeurs aux complexités groupes culturels, des immigrants originaires de et aux avantages d’une main-d’œuvre pays différents peuvent parler la même langue. diversifiée. Il devient urgent de trouver des La Figure 3 présente les langues maternelles solutions comme celles-ci et de les mettre en non officielles les plus fréquemment déclarées à œuvre, car on prévoit une augmentation de la Ottawa. Des résidants provenant de différents population immigrante d’Ottawa, tout comme pays peuvent avoir en commun une langue, de sa diversité culturelle, au cours des c’est le cas notamment de l’arabe, de l’espagnol prochaines années. et, dans une certaines mesure, des langues Parmi les immigrants récents, environ 16 % chinoises. À titre d’exemple, l’arabe est la langue (10 435 personnes) ont déclaré que leur langue maternelle de quelque 22 745 résidants d’Ottawa maternelle était l’anglais ou le français. Ces originaires de plus de 15 pays7. groupes d’immigrants n’ont généralement pas les Dans le cas des langues qui sont moins problèmes d’ordre linguistique décrits ci-dessus, et partagées entre différents pays, comme sont moins susceptibles de connaître des difficultés l’allemand, le somali, le polonais, le vietnamien, au cours de leur processus d’intégration. Les le persan, le portugais et d’autres langues parlées possibilités qui s’offrent à Ottawa aux immigrants par un petit nombre de résidants d’Ottawa, dont la langue maternelle est le français et qui ne il peut être avantageux de recourir à des parlent pas l’anglais risquent toutefois d’être services d’interprétation culturelle et linguistique limitées, étant donné la prédominance de l’anglais pour assurer des services aux communautés où sur le marché du travail6. la connaissance des langues officielles n’est Enfin, on compte à Ottawa 10 635 personnes pas répandue. qui ne parlent ni l’anglais ni le français. Moins de la moitié d’entre eux (42 %) sont des Nombre croissant de minorités visibles immigrants récents; 22 % sont nés au Canada et parmi les immigrants d’Ottawa 31 % sont des immigrants qui sont arrivés avant Bien que la population canadienne compte des 1991. Le fait que près du quart des immigrants minorités visibles depuis des siècles, le nombre qui n’ont aucune connaissance des langues de Canadiens appartenant à une minorité visible officielles soient nés au Canada témoigne s’est accru rapidement au cours des dernières d’un certain clivage entre les communautés décennies (Badhu, 2001). Par conséquent, comme linguistiques d’Ottawa.
Parmi les immigrants récents, les personnes 6 âgées de 45 ans et plus sont les moins On trouvera un profil détaillé des immigrants francophones d’Ottawa dans le rapport du Conseil de planification social à susceptibles de connaître l’une ou l’autre des Ottawa (CPS) intitulé Les Francophones d’Ottawa : profil langues officielles du Canada. Plus de la moitié statistique de la communauté francophone basé sur le des personnes âgées récemment admises au pays Recensement de 2001 de Statistique Canada et recensement (1 465 personnes) ne parlent ni l’anglais ni le des atouts de la communauté. Ce rapport est accessbile à français, alors que c’est le cas de seulement 2 % partir du site Web du CPS à l’adresse www.spcottawa.on.ca. 7 Les principaux pays d’origine des immigrants récents arabophones des immigrants récents âgés de 15 à 44 ans. sont le Liban, l’Égypte, le Koweit, l’Irak, l’Arabie saoudite, l’Algérie, En ce qui a trait à la planification des services le Maroc, le Soudan, la Tunisie, la Jordanie, la Libye, la Palestine, et à la conception des programmes, il est le Qatar, Bahreïn et l’Oman.
40 Nos diverses cités c’est aussi le cas pour de nombreux autres groupes, comportement social d’exclusion fondé sur une on constate un chevauchement entre la population corrélation entre l’identité canadienne et la couleur immigrante et les minorités visibles du Canada. de la peau. L’ampleur du chevauchement entre ces segments de Dans la mesure où le processus d’intégration des la population canadienne varie considérablement immigrants est fonction du temps, on peut dans le temps ainsi que d’une ville canadienne à s’attendre à ce que la situation socio-économique une autre, selon l’histoire de la ville. des groupes de minorités visibles varie selon les Un peu plus de la moitié de l’ensemble des générations et le statut d’immigrant de ses immigrants vivant à Ottawa (54 %) sont membres membres, ainsi que selon leur histoire collective. de minorités visibles. Toutefois, les données de la Les communautés qui se composent principalement Figure 4 montrent que leur pourcentage au sein de de Canadiens de naissance jouissent en général de cohortes successives d’immigrants a augmenté meilleures conditions que celles formées en progressivement avec les décennies, et que la majorité par des immigrants récents. cohorte arrivée à Ottawa entre 1991 et 2001 Pour les quelque 80 000 résidants d’Ottawa nés comprend la plus forte proportion d’immigrants à l’étranger et appartenant à une minorité appartenant à une minorité visible (74 %). La visible, le chevauchement actuel représente un proportion croissante de minorités visibles au sein double inconvénient attribuable à leur situation des cohortes successives d’immigrants est à particulièrement vulnérable qui résulte du fait l’origine d’une augmentation de la population d’appartenir à une minorité visible et d’être né des minorités visibles à Ottawa. Depuis 1996, la à l’étranger. croissance à Ottawa du segment de la population composée de minorités visibles a atteint un taux Conclusion de 27,9 %, soit quatre fois le taux de croissance Nous avons constaté que la population immigrante général de la ville, qui est de 7,3 %. À l’heure d’Ottawa se caractérise par une grande diversité, actuelle, les résidants appartenant à une minorité notamment en ce qui concerne la période visible représentent 18 % de la population d’arrivée, le temps passé au Canada (d’une part par d’Ottawa, comparativement à 15 % en 1996. les immigrants pris individuellement, et d’autre Par ailleurs, plus de la moitié (57 %) de la part par les membres de leur communauté croissance de la population d’Ottawa est conationale et coculturelle), ainsi que la visibilité attribuable à une augmentation du nombre de (race), la culture, l’âge, le sexe et l’étape de vie résidants appartenant à une minorité visible. au moment de l’arrivée au Canada. La situation Plus des deux tiers des résidants appartenant socioéconomique actuelle des immigrants pris à une minorité visible sont des immigrants et individuellement et des communautés immigrantes environ un tiers d’entre eux sont nés au traduit cette diversité. Canada. Au sein des minorités visibles, le Par conséquent, nous recommandons aux taux de personnes nées au Canada varie agents de planification sociale, aux concepteurs considérablement d’une communauté à l’autre. de programmes et aux bailleurs de fonds de la Environ 60 % des membres de la communauté région d’Ottawa d’envisager les mesures suivantes japonaise d’Ottawa sont nés au Canada. Vient pour atteindre plus efficacement leur objectif ensuite la communauté noire, dont 38 % d’aider les immigrants à réussir leur intégration : des membres sont nés au Canada. C’est la • Éviter de proposer des mesures « universelles » communauté de l’Asie de l’Ouest à Ottawa qui et prendre en considération la diversité affiche le plus faible pourcentage de Canadiens culturelle, démographique et socioéconomique de naissance (15 %). de la population immigrante d’Ottawa; Il convient de noter que l’actuel chevauchement des minorités visibles et de la population • Fonder la planification des services sociaux de immigrante à Ottawa pourrait venir à changer, quartier (dans les domaines des parcs et loisirs, selon la composition raciale des futures cohortes des services de garde d’enfants, du transport, d’immigrants et les taux de naissance chez de la santé familiale, du soutien à l’emploi et immigrants membres de minorités visibles. C’est des services à la jeunesse) sur une connaissance pourquoi, malgré le recoupement évident des approfondie de la composition culturelle et minorités visibles et de la population immigrante, démographique des résidants ainsi que des il faut éviter de confondre ces deux groupes. besoins, des préoccupations et des points forts Une telle perception pourrait mener à un de groupes culturels particuliers;
Nos diverses cités 41 • Tenir compte, dans la mesure du possible, de À propos de l’auteure la perspective des groupes ethniques et HINDIA MOHAMOUD est directrice de recherche au Conseil de celle des femmes lors de la conception de planification sociale à Ottawa, où ses responsabilités de programmes sociaux pour favoriser vont de la conception et de la mise en œuvre de projets l’intégration des immigrants; de recherche à l’élaboration de progammes qui visent à éliminer les obstacles auxquels sont confrontés les groupes • Faire pression sur les décideurs pour qu’ils marginalisés à Ottawa. Elle a mené de nombreuses études assurent la prestation de services essentiels tels et a animé des consultations publiques et des groupes de que les services de santé familiale et les discussion avec les collectivités. Elle est présentement en services d’urgence, y compris les refuges et voie de terminer un projet de recherche pluriannuel sur les logements sociaux, dans les principales le développement communautaire, dont l’objectif est langues non officielles parlées à Ottawa et de donner de compte rendu exhausif des expériences dans la langue des communautés dont la d’exclusion vécues par les minorités visibles d’Ottawa. plupart des membres ne parlent ni l’anglais ni le français, quel que soit leur nombre. Références Badhu, Chantra. 2001. Projet de recherche sur les Les résultats de cet article poussent à la minorités visibles au Canada, Rapport de l’Initiative réflexion quant aux politiques sociales, dont la sur le secteur bénévole et communautaire. responsabilité relève des niveaux supérieurs Beiser, Morton. 1988. Puis, la porte s’est ouverte, Groupe des gouvernements. En particulier, l’importante chargé d’étudier les problèmes de santé mentale des proportion de réfugiés parmi les nouveaux immigrants et des réfugiés du Canada, Ottawa, arrivants ayant l’intention de s’établir à Multiculturalisme et Citoyenneté. Ottawa, ainsi que l’arrivée d’immigrants en Biles, John. 1998. Ottawa-Carleton: An EthniCity in the provenance d’autres villes dans d’autres Making? Document présenté à la Troisième conférence provinces, se conjuguent pour créer une internationale Metropolis, Zichron Yaacov, Israël. pression supplémentaire sur les agences de services aux immigrants. Cela engendre la Canada. Citoyenneté et Immigration Canada. 1999. Faits nécessité de réévaluer de façon régulière la et chiffres : Aperçu de l’immigration. www.cic.gc.ca. viabilité des agences locales d’établissement ———. Citoyenneté et Immigration Canada. 2002. Faits en regard du financement destiné au soutien et chiffres : Aperçu de l’immigration. www.cic.gc.ca. à l’établissement, et en regard des besoins ———. Citoyenneté et Immigration Canada. 2004a. spécifiques des immigrants. Heureusement, « Situation économique des immigrants », L’Observateur / l’Accord Canada-Ontario sur l’immigration, The Monitor (printemps). ratifié en 2005, suite à la publication du rapport sur lequel est fondé le présent article, ———. Citoyenneté et Immigration Canada. 2004b. « Taux permet la participation des municipalités d’acquisition de la citoyenneté pendant les années 1990 », ontariennes en matière de planification* de L’Observateur / The Monitor (été). l’immigration. Ainsi, la Ville d’Ottawa sera ———. Citoyenneté et Immigration Canada. 2004c. dans l’obligation, d’une part, de prendre le « Les six premiers mois au Canada – l’importance de la pouls de la composition et des besoins des famille et des amis », L’Observateur / The Monitor (hiver). immigrants, et, d’autre part, d’obtenir un ———. Citoyenneté et Immigration Canada. 2004d. financement destiné à l’établissement et à Le système d’asile canadien. www.cic.gc.ca. l’intégration qui soit proportionnel aux besoins locaux. ———. Statistique Canada. 2003. « Enquête longitudinale Enfin, la diversité culturelle et ethnique auprès des immigrants du Canada : le processus, le croissante de la population immigrante locale, progrès et les perspectives », Résultats du premier o ainsi que l’arrivée récente de la majorité des cycle d’entrevues, n 89-611-XIF au catalogue. immigrants actuellement établis à Ottawa, ———. Statistique Canada. 2003. « Guide de l’utilisateur exigent des efforts collectifs d’adaptation aux du Recensement de 2001 – minorité visible et groupe de différences dans la population de la ville. Il faut population », no 92-401-GIF au catalogue. reconnaître ces enjeux et proposer des solutions. Centre catholique pour immigrants d’Ottawa. 2001. « Last Stop Canada! Promoting Creative Dialogue », 8 Citoyenneté et Immigration Canada - Principaux éléments document issu d’un partenariat entre le Centre de l’Accord Canada-Ontario sur l’immigration. www.cic.gc.ca/ catholique pour immigrants et Patrimoine canadien francais/ministere/media/documents-info/2005/2005-11-21.asp. (Programme du multiculturalisme).
42 Nos diverses cités Conseil canadien pour les réfugiés. 1998. « Les meilleures pratiques en matière d’établissement. Les services d’établissement pour les réfugiés et les immigrants Maîtrise en études de l’immigration au Canada ». Conseil de planification sociale d’Ottawa (CPS). 2003. de l’Université Ryerson « Profil de la population d’Ottawa : rapport d’étude démographique, 1996-2001 ». Au sujet du programme d’études supérieures Desai, Sabra. 2000. « Colour, Culture and Dual Le premier programme canadien d’études supérieures Consciousness: Issues Identified by South Asian consacré aux hautes études des politiques, des services et de Immigrant Youth in the Greater Toronto Area », l’expérience en immigration a été lancé en septembre 2004 à document préparé pour le Council of Agencies l’Université Ryerson. Serving South Asians (CASSA) et le South Asian Women’s Centre (SAWC). La maîtrise en études de l’immigration et de l’établissement est un nouveau programme qui examinera les tendances, les James, Carl E. 1995. « Race, Culture, and Identity », politiques et les programmes de l’immigration au Canada dans Carl E. James (dir.), Perspectives on Racism and dans une perspective multidisciplinaire. Offert à temps plein the Human Services Sector. ou à temps partiel, ce programme a pour objet : Kalbach, Madeline A., et Warren Kalbach. 2000. « The Importance of Ethnic-connectedness for Canada’s • d’améliorer, grâce à quatre cours principaux, la Postwar Immigrants », dans Madeline A. Kalbach et connaissance de la documentation et des questions Warren Kalbach (dir.), Perspectives on Ethnicity in Canada ». importantes liées à l’histoire, à la théorie, à la méthode, aux politiques et aux programmes en matière Kwan, Elizabeth. 1998. « Devolution of Social Programs and Spending Cuts: Impact on Immigrants and Refugees », d’immigration et d’établissement au Canada; Rapport de recherche no 9, preparé pour le Congrès du • d’étudier et d’évaluer d’un point de vue critique, par travail du Canada. un choix de cours et de séminaires, certains des aspects Leung, Ho Hon. 2000. « Settlement Service Policies and sociaux, économiques, politiques, culturels, spatiaux et Settlement Issues Among Chinese Canadians in Canada ». stratégiques de l’immigration et de l’établissement et Mohamoud, Hindia. 2003. « Immigration, ethnicité et certains aspects liés à la prestation des services et aux langues à Ottawa : Aperçu du Recensement de 2001 ». droits de la personne; Poirier, Christian. 2003. « Federal-Provincial-Municipal • de comparer l’expérience du Canada en matière de Relations in Immigration and Settlement. », document migration et d’établissement avec celle d’autres pays, par préparé pour la Conférence sur les relations fédérales- l’intégration d’une perspective internationale dans le municipales-provinciales par l’Institut des relations programme d’études; intergouvernementales de la Queen’s University. • de prévoir des discussions ciblées des questions et Tonks, Randal G., et Anand C. Paranjpe. 1999. « Am I a des concepts théoriques et méthodologiques que Canadian, an Ethnic, or an Ethnic-Canadian? », document les intervenants se doivent de connaître et auxquels de travail préparé pour le Vancouver Centre of Excellence dans le cadre d’une série sur l’immigration et l’intégration. ils ont besoin de réfléchir quand ils utilisent une information connexe; Weinfeld, Morton. 1998. Inventaire préliminaire de la recherche en immigration au Canada. Synthèse d’études • de développer une compréhension critique des problèmes récentes sur l’immigration et l’intégration des immigrants méthodologiques et pratiques auxquels se heurte la au Canada dans la perspective de six disciplines. recherche dans le domaine; www.canada.metropolis.net/research-policy/ • de développer, grâce à des travaux pratiques, la wienfeldf/index_f.html. compréhension de la manière dont l’information est utilisée dans le domaine, à la fois dans la pratique et dans l’élaboration des politiques; • de faire preuve d’une capacité de contribuer aux connaissances dans le domaine par la préparation d’un document de recherche ou d’un document sur un projet expérimental. www.ryerson.ca/gradstudies/immigration
Nos diverses cités 43 Le présent article présente une analyse de certains des défis et des contraintes liés à l’élaboration de services sociaux qui soient accessibles, équitables et adaptés à la composition culturelle, raciale et linguistique diversifiée de la collectivité d’Ottawa. Cette analyse est située dans un contexte historique afin de démontrer comment les changements de contextes influent sur la façon dont les enjeux sont compris et sur les modèles qui sont adoptés.
Accès et équité à Ottawa Services sociaux, interventions institutionnelles et enjeux d’ordre culturel, racial et linguistique RASHMI LUTHER Carleton University
Il est maintenant bien reconnu que le Canada l’établissement du Projet 40002, qui visait à est une nation édifiée par des immigrants et intervenir relativement à la tragédie humaine des réfugiés vivant sur des territoires occupés croissante des personnes déplacées de l’Asie du antérieurement par des groupes autochtones. Sud-Est. Les responsables du Projet s’étaient Historiquement, alors que la composition de la engagés à coordonner les parrainages privés et nation et de ses villes a toujours été diverse sur l’établissement de 4 000 réfugiés, principalement le plan culturel et, dans une certaine mesure, sur en provenance du Vietnam, mais également du le plan racial1, cette diversité et les défis qui y Cambodge et du Laos, au sein de la collectivité sont associés ont surtout été liés aux principaux d’Ottawa. Cette initiative, à laquelle s’ajoute centres urbains que sont Toronto, Montréal et l’accroissement du nombre de parrainages de Vancouver. Ce n’est que récemment que la capitale réfugiés par le gouvernement, est reconnue nationale, Ottawa, a acquis cette distinction. comme étant un point tournant historique pour L’événement marquant pour Ottawa, celui qui Ottawa, dans la mesure où la collectivité a été a été à la source d’une prise de conscience de la obligée de reconnaître sa propre diversité démographie changeante de la capitale nationale, culturelle, linguistique et raciale. remonte à la fin des années 1970 et à la crise mondiale engendrée par la guerre du Vietnam. Tandis que la population d’Ottawa changeait lentement au début des années 1970, à la suite de l’arrivée de groupes qui faisaient antérieurement 2 Le Projet 4000 était dirigé par Marion Dewar, qui était alors l’objet de restrictions, 1979 s’est démarquée par mairesse d’Ottawa, en collaboration avec l’église et les groupes communautaires locaux, y compris de nouveaux organismes d’établissement. Le projet a été de courte durée; il a pris fin 1 Jusqu’à la fin des années 1960 et à l’instauration du système de en 1981 et son objectif d’établissement de 4 000 réfugiés points en 1967, la diversité raciale du Canada était étroitement parrainés par le secteur privé n’a pas été atteint. Toutefois, ce contrôlée et restreinte par les politiques d’immigration racistes projet et des initiatives similaires menées à l’échelle nationale qui favorisaient l’immigration en provenance de l’Europe, ont incité le gouvernement canadien à s’engager à parrainer en particulier de l’Europe du Nord et des États-Unis. 50 000 réfugiés venant de l’Asie du Sud-Est.
44 Nos diverses cités Limites institutionnelles qui existe aujourd’hui. Face aux limites dont Bien qu’elle ait témoigné de la compassion et de faisaient preuve les services pour la population la bonne foi de la collectivité, l’augmentation générale, les petits organismes communautaires, du nombre d’immigrants « différents » des qui manquaient de ressources et de personnel, immigrants européens arrivés plus tôt a aussi mis s’efforçaient de répondre aux demandes très en lumière les limites institutionnelles et la nombreuses et complexes des nouvelles partialité eurocentrique des programmes et collectivités d’immigrants et de réfugiés5. services sociaux, ainsi que leur incapacité à Pour aider leurs clients, ces organismes ont pris répondre aux besoins de personnes de culture, de l’initiative de combler les lacunes et d’assumer langue et de race différente. Ce point a d’ailleurs les rôles et les responsabilités qui incombaient été souligné par Arthur Stinson [Traduction] : clairement à des organismes de services sociaux « Les intervenants du Projet [4000] ont vite destinés à la population en général, de plus compris que les fournisseurs de services pour la grande taille et mieux dotés en ressources. Bien population générale étaient tout à fait incapables que le mandat principal des organismes d’aide à de s’occuper des réfugiés; ils n’avaient aucun l’établissement était de fournir des services de concept du multiculturalisme. Bien au contraire, conseils, de traduction, d’ interprétation et d’aide ils réagissaient de façon défensive aux demandes sociale, ils participaient aussi à des activités de qui leur étaient présentées (1992, p. 5) ». défense des droits des clients, à la modification Avant l’arrivée de groupes de réfugiés de des politiques et à l’élimination des obstacles l’Asie du Sud-Est, les débats concernant les structuraux. En outre, on a souvent fait appel services sociaux3 à Ottawa, tout comme partout à eux pour aider les organismes de services au Canada, étaient principalement axés sur les pour la population générale à s’adapter aux questions de sensibilisation au traitement différences culturelles. différent réservé aux hommes et aux femmes, d’inclusion et de prestation de services en Changement attribuable à la recherche français. L’arrivée des nouveaux groupes a et à la documentation des besoins généré de nouveaux débats et demandes, Au cours de cette période, la recherche, les lesquels étaient souvent en concurrence avec les conférences et les ateliers visant à documenter précédents quant aux profils et aux ressources, à les besoins et à proposer des solutions ont été des services convenables du point de vue essentiels à la reconnaissance et à la légitimation culturel, à la sensibilité interculturelle, aux des enjeux par le public, les gouvernements et les politiques et aux pratiques antidiscriminatoires, institutions, et à la défense des politiques, au racisme systémique, etc. Les intervenants qui l’élaboration de programmes et les processus ont contribué à faire avancer ces débats étaient de changement institutionnel. Cette recherche largement issus de la collectivité, comme des a également mis les institutions de services organismes de services aux immigrants et à sociaux pour la population générale au défi de des ethnies particulières, et à des groupes de reconnaître la présence d’obstacles structurels revendication4. importants, y compris le racisme et la partialité Il va sans dire que le contexte dans lequel eurocentrique enchâssés dans les politiques, œuvraient les organismes communautaires à la les pratiques quotidiennes et les systèmes fin des années 1970 était très différent de celui organisationnels. Toutefois, une bonne part de cette recherche était axée sur les difficultés rencontrées par les nouveaux immigrants 3 Les services sociaux comprenaient les dossiers suivants : aide et réfugiés dans le cadre des processus sociale, santé, santé mentale, logement, enseignement, d’établissement et d’intégration6. En outre, les anglais langue seconde et formation professionnelle. 4 Les groupes de défense des droits qui ont pris naissance au début de cette période comprennent le Comité ACCESS et l’Alliance de 5 Au nombre des organismes servant les immigrants qui la capitale nationale sur les relations inter-raciales (ACNRI). Le existaient ou qui ont été mis sur pied à l’époque, on compte Comité ACCESS a été établi en 1983 et a poursuivi ses activités les Services pour immigrants catholiques (maintenant le jusqu’au début du nouveau millénaire. L’acronyme ACCESS Centre catholique pour immigrants), l’Organisation des correspondait à l’appellation Advisory Community Committee on services aux immigrants d’Ottawa-Carleton (maintenant Ethnic Social Services. L’ACNRI a également été établie en 1983 les Services d’immigration communautaires d’Ottawa), le et a été dissoute au début du nouveau millénaire. Son travail était Ottawa Chinese Community Service Centre; le Centre de principalement axé sur l’élimination des obstacles systémiques, service social juif. Se reporter à Stinson (1992) pour de plus en particulier le racisme au sein de la société et de ses institutions. amples renseignements.
Nos diverses cités 45 Vers la fin des années 1980, on constate une plus grande sensibilisation structurelle aux obstacles systémiques, comme le démontrent les rapports de recherche, exposés et autres documents existants. Cette sensibilisation reflète les préoccupations croissantes du grand public à cette époque, alors que les expressions et les actes de racisme manifestes ont continué à augmenter. Les critiques de la nature « douce » du multiculturalisme se sont également multipliées, notamment en ce qui concerne l’échec de l’intégration et de l’égalité promises.
solutions proposées favorisaient carrément des multiculturalisme se sont également multipliées, stratégies visant à accroître l’accès des clients notamment en ce qui concerne l’échec de individuels aux programmes existants ainsi que l’intégration et de l’égalité promises. En l’amélioration de ces programmes. Les exemples conséquence, des questions valables ont été cités comprennent les suivants : prestation posées quant à la valeur d’un multiculturalisme d’un plus grand nombre de programmes symbolique. Celui-ci mettait l’accent sur les d’anglais langue seconde, en particulier pour les « chances égales » et les célébrations culturelles, femmes; financement accru des programmes exprimées au moyen de saris, de samosas et d’établissement pour les immigrants et les d’orchestres amateurs, mais qui ne tenait pas réfugiés; amélioration des services de traduction compte, dans une large mesure, des réalités et de diffusion de l’information aux immigrants vécues et des demandes de plus en plus et aux réfugiés; amélioration de la formation pressantes de « résultats égaux », notamment en interculturelle à l’intention du personnel des ce qui a trait à l’emploi, aux salaires équitables organismes de services pour la population et à la reconnaissance des titres de compétence, générale; amélioration de l’accès aux services de des qualités, des aptitudes et des expériences traduction et d’interprétation pour les organismes (Comité spécial sur les minorités visibles au de services pour la population générale; meilleure Canada, 1984; Rapport de la Commission coordination des programmes entre les présidée par la juge Abella, 1984). organismes et le gouvernement; diversité accrue Les comptes rendus de recherche de la fin au sein des organismes (personnel et direction). des années 1980 sont autant de reflets de Fait intéressant, une compréhension plus cette période; ils contenaient davantage structurée des obstacles systémiques, tels que le d’affirmations fermes sur la nécessité racisme, et les solutions proposées tendent à être d’endiguer la discrimination et le racisme moins évidentes dans ces premiers rapports. Il s’y systémiques sous-tendant les politiques, les dégageait plutôt une préférence marquée pour des pratiques et les cultures organisationnelles et solutions visant des changements d’attitudes, de institutionnelles des services sociaux pour la même que pour des processus destinés à renforcer population générale, en vue d’atteindre une ou compléter les services de façon superficielle. égalité concrète (Agard, 1987; OCASI, 1988). En outre, on constate une hausse du nombre Changement par l’élimination d’examens critiques des obstacles systémiques à des obstacles systémiques l’intérieur des systèmes de services de santé et Toutefois, vers la fin des années 1980, on constate de services sociaux, ainsi que des arguments une plus grande sensibilisation structurelle aux visant l’élargissement des analyses et des obstacles systémiques, comme le démontrent solutions, de services d’accès des clients les rapports de recherche, exposés et autres individuels à des services d’accès de groupe, à documents existants. Cette sensibilisation reflète la participation et à l’inclusion dans tous les les préoccupations croissantes au sein du grand aspects de la vie institutionnelle7 (Bergin, 1988; public à cette époque, alors que les expressions et Bergin et Stinson, 1989). les actes de racisme manifestes ont continué à L’importance accordée aux enjeux concernant augmenter. Les critiques de la nature « douce » du les groupes, en particulier sur la pleine participation et l’inclusion (y compris l’élaboration, 6 Exemples : Raynor-White (1982), Nguyen et coll. (1983), Lilith l’exécution, l’administration et l’évaluation des Research Consultants (1985), et Hawkins et Stinson (1986). politiques et des programmes), témoigne des
46 Nos diverses cités transformations survenues vers le milieu des Il n’est donc pas étonnant qu’un certain années 1990. En effet, une aide financière fournie nombre d’organismes locaux de services sociaux par les gouvernements a contribué à régler les grand public aient réagi positivement à ces obstacles systémiques, par le biais de changements mesures. Ils ont étendu leurs services à la institutionnels ou organisationnels. Les stratégies collectivité, établi des comités consultatifs et des associées aux orientations adoptées au cours de groupes de travail, mené des enquêtes auprès de cette période comprennent l’analyse des systèmes la collectivité ainsi que des évaluations des et des politiques, de même que l’élaboration de besoins, procédé à l’élaboration de politiques et à politiques et de plans de mise en œuvre appropriés, des examens organisationnels, organisé des séances en particulier relativement au recrutement et au de formation et mis au point de nouveaux maintien en fonction d’employés des organismes, programmes ciblés pour faciliter l’intégration des de bénévoles et de clients divers sur les plans nouveaux venus (Bergin et Stinson, 1989; Chin culturel, linguistique et racial. On espérait et coll., 1992, et groupe de travail consultatif sur qu’une telle approche, qui visait l’organisation les minorités visibles d’OCSSPP, 1994). Toutefois, dans son ensemble et sur le plan de sa culture vers le milieu des années 1990, les progrès réels opérationnelle, produirait des résultats et les changements durables étaient toujours des durables, contrairement aux approches exceptions, ce qui a mené Stinson (1992, p. 12) antérieures qui avaient pour but d’améliorer à conclure avec réticence que [Traduction] « nos l’accès des clients aux services sociaux destinés organismes de la société dominante ne se sont à la population générale. préoccupés de l’accès des clients et de l’accès Motivés, bien qu’un peu naïvement, par la organisationnel que d’une façon rudimentaire possibilité d’en arriver à des résultats durables, un et nettement inadéquate. » grand nombre d’organismes d’établissement, d’organisations ethniques et de groupes de Changement à l’époque du néolibéralisme défense des droits ont été inspirés par les modèles et de la mondialisation économique de changement institutionnel et de participation Contrairement aux années 1980 et au début des entière. Beaucoup de temps, d’énergie et de années 1990, au cours desquelles on a constaté ressources (gouvernementales, communautaires une croissance considérable de la taille et de et institutionnelles) ont été inveties dans une l’étendue de la société civile8, y compris des gamme d’initiatives. Parmi celles-ci, nommons organismes communautaires de défense des l’élaboration de politiques multiculturelles pour droits et de services aux immigrants et aux les organismes, l’établissement de structures groupes ethniques, le milieu des années 1990 a de comités multiculturels, la désignation et le été marqué par des changements importants. recrutement d’employés responsables du En raison de l’ascendance du nouveau droit, multiculturalisme et de la lutte contre le de l’idéologie néolibérale et des politiques racisme; ces mesures visaient à inciter les favorables au marché, le financement des organismes à adopter des mesures d’emploi organisations de la société civile autre que pour équitables afin de recruter un personnel plus les fonctions de prestation de services directs a diversifié sur les plans culturel et racial et été considérablement réduit. Ce changement d’établir des collaborations et des partenariats d’orientation, malgré l’évolution rapide des institutionnels et communautaires, entre centres urbains, ou peut-être en raison de celle- autres choses. ci, correspondait également à une dissension croissante concernant l’utilisation des ressources publiques pour financer le multiculturalisme 7 Le rapport de 1984 du Comité spécial sur les minorités visibles étatique ou officiel. Ces sentiments étaient au Canada, cité dans Bergin et Stinson (1989, p.16) signalait accompagnés par de fermes opinions selon l’importance à la fois de l’intégration et de la participation. L’intégration était définie comme étant un processus d’adaptation lesquelles seules les fonctions liées à mutuelle et de résolution mutuelle des problèmes et des questions l’établissement à court terme devraient être dans le cadre duquel les services des institutions et des financées (Luther et Osei-Kwadwo-Prempeh, organismes de services pour la population générale devraient être 2003). Comme on mettait à nouveau l’accent disponibles, sans obstacle à l’accès. Toutefois, la définition de sur l’établissement (prestation de services visant participation en fait davantage un objectif ou une fin, à savoir ce que nous réaliserons lorsque les minorités seront représentées à répondre aux besoins immédiats), la dans tous les secteurs – économique, politique, social et culturel – participation, l’équité et l’inclusion (en de la société. éliminant les obstacles systémiques) ont
Nos diverses cités 47 effectivement été reléguées au second plan et joueurs sont souvent superficielles, symboliques, considérées comme menant au gaspillage des temporaires et fondées sur l’opportunisme. On rares ressources publiques. éprouve surtout une déception profonde en raison du fait que les buts, les objectifs et les Conclusion résultats souhaités, inspirés par les débordements Comme il en ressort clairement de l’analyse, les d’intérêt, d’activité et de financement gains réalisés antérieurement, en particulier en gouvernemental au cours des années 1980 visant ce qui concerne le changement organisationnel le changement organisationnel, n’ont pas été comme moyen de réaliser une inclusion et une poursuivis ou réalisés au cours des années équité concrètes, se sont érodés, de façon lente suivantes. Cet échec a servi à renforcer le fossé mais soutenue. Cette situation est en partie original entre « nous » (services à la société attribuable au déclin des interventions fermes en dominante) et « eux » (services aux immigrants matière de défense des droits et des organes de ou s’adressant spécifiquement à des ethnies). coordination ainsi qu’au fait que les secteurs des Bien que les deux types de services soient services aux ethnies et immigrants doivent à financés au moyen des fonds publics, la stabilité nouveau assumer le fardeau de l’établissement et relative de leurs ressources respectives de la prestation de services directs. Dans ce disponibles, combinée aux différences sur le plan contexte, les organismes de services sociaux du pouvoir, du statut et de la légitimité, se pour la population générale ressentent moins les perpétue puisque de malheureuses lacunes n’ont pressions extérieures et l’urgence de poursuivre toujours pas été comblées. Malheureusement, des modèles de changement organisationnel la présence persistante de ces lacunes perpétue ainsi que la pleine participation. En effet, dans les perceptions du public selon lesquelles les un climat social qui est moins tolérant des besoins de collectivités diverses - dont les différences culturelles et raciales, les attentes immigrants et les réfugiés – sur les plans sont presque plus élevées pour ce qui culturel, linguistique et racial, sont marginaux, est d’apprendre à s’adapter à ce qui existe périphériques, voire même moins importants déjà, plutôt que de chercher l’intégration et la que les besoins des Canadiens ordinaires. participation en tant que processus de La présente analyse permet de conclure que changement et d’adaptation mutuels continus. nous nous retrouvons toujours devant la même Par conséquent, des décennies après la crise question : pourquoi les nombreuses stratégies et mondiale relative aux réfugiés de l’Asie du Sud- initiatives du passé n’ont-elles pas réussi à Est, suivie d’autres crises similaires dans d’autres transformer la composition institutionnelle des régions de l’Asie, de l’Afrique, du Moyen-Orient, établissements de prestation de services sociaux de l’Amérique centrale et de l’Amérique du Sud, d’Ottawa, que ce soit pour les nouveaux la prestation de services sociaux aux minorités immigrants ou réfugiés ou encore pour les culturelles et raciales d’Ottawa demeure axée individus ayant fait l’objet de racisme au fil des sur les crises, plus réactive que proactive, à ans, en raison de leurs différences raciales, court terme, mal financée et plus fragmentée religieuses ou culturelles. Plutôt que d’aller de que jamais. l’avant et de faire fond sur les initiatives du Par conséquent, bien que nous soyons passé, en particulier celles qui visaient à habiliter parfaitement conscients des efforts déployés et les organismes de services sociaux pour la du leadership exercé par certains intervenants population générale, il semble y avoir eu une de la région d’Ottawa relativement à la nécessité certaine régression, la distinction et l’inégalité de régler les questions concernant l’accès étant devenues en quelque sorte la norme. individuel et organisationnel, l’équité, l’inclusion Il existe un ensemble établi de services et et la participation9, les interventions d’autres de programmes pour les nouveaux groupes d’immigrants et de réfugiés, et un second pour
8 Andrew Cardozo (1996, p. 310) a écrit que la période antérieure à celle-ci en était une de stabilité économique 9 Voici des exemples du leadership et de la sensibilisation relative, au cours de laquelle les gouvernements [Traduction] « signalés dans des rapports et des outils, dont les suivants : ne faisaient pas l’objet de contraintes financières […] ils étaient Transforming Our Organizations: A Tool for Planning and donc plus disposés à faire preuve de souplesse dans les Monitoring Change (1999) et Building the Ottawa Mosaic: orientations stratégiques et les idéaux de démocratie participative Summary Report of the Conference on Issues Regarding occupaient une place importante dans le programme fédéral. » Ethnocultural Minorities in Ottawa (2002).
48 Nos diverses cités les autres; le premier est perçu comme le parent Chin, E., Hamdi M., et B. Schiffer-Graham. 1992. The pauvre du second. Pour bon nombre de personnes, World Within Our City: A Study of Social Service Needs of cette situation est inadmissible, parce qu’elle a Immigrants and Refugees in Gloucester, Gloucester, pour effet de réduire à des problèmes Centre des ressources communautaires de Gloucester. d’établissement et d’adaptation les problèmes Estable, A., et coll. 1999. Transforming Our Organizations: systémiques liés à l’intégration et à la participation A Tool for Planning and Monitoring culturelles et raciales. Le fait que ce lien enlève à Anti-racism/multicultural Change, Ottawa, Comité la société et à ses institutions, y compris les ACCESS d’Ottawa-Carleton (mars). organismes de services sociaux d’Ottawa, une Hawkins, G., et A. Stinson. 1986. La diversité des visages bonne part du fardeau d’adaptation et de d’Ottawa-Carleton : guide servant d’introduction aux modification de leurs normes et pratiques groupes minoritaires visibles, Ottawa, Conseil de culturelles est une question préoccupante. Ce lien planification sociale d’Ottawa-Carleton. impose plutôt aux immigrants individuels le LASI et le Conseil de planification sociale d’Ottawa- fardeau de s’adapter aux limites existantes et de Carleton. 2002. Building the Ottawa Mosaic, rapport les accepter. Cette régression ne correspond pas sommaire de la Conférence sur les questions relatives au portrait changeant d’Ottawa, pas plus qu’elle aux minorités ethnoculturelles d’Ottawa (25 avril). ne correspond à l’image qu’elle projette en tant Luther, R., et E. Osei-Kwadwo-Prempeh. 2003. Advocacy que capitale nationale. Matters: Reviving and Sustaining Community Advocacy Networks to Support Multiculturalism and Anti-racism in À propos de l’auteure the Ottawa Region, Ottawa, The Community Advocacy RASHMI LUTHER est membre du corps enseignant de Action Committee on Access and Equity. l’École de service social de la Carleton University. Elle a Nguyen, S. D., T. Cooke, et T. Q. Phung. 1983. Refugee enseigné et travaillé dans les domaines du développement Needs Assessment, Ottawa, Ottawa-Carleton South-East communautaire, de la lutte contre le racisme, du changement Asian Refugee Project (mars). organisationnel, des droits de la personne, du travail social international; de plus, elle a milité en faveur de la justice OCASI. 1988. Immigrants and Access to Community sociale. Son intérêt pour les enjeux communautaires locaux and Social Services, compte rendu présenté au ministère l’a amenée à participer à des commissions et siéger à des Services sociaux et communautaires (avril). des comités d’organismes de services aux immigrants, Projet de planification sociale d’Ottawa-Carleton, d’organisations d’immigrantes, de centres de santé Groupe de travail consultatif sur les minorités visibles. communautaires, de services de police, de conseils 1994. Rapport sur l’équité et l’accès des minorités scolaires et de divers organes de planification et de visibles aux services sociaux et de santé à Ottawa- coordination sociales. Carleton, compte rendu présenté au Conseil régional de santé du district Ottawa-Carleton par le Groupe Références de travail consultatif sur les minorités visibles et Agard, R. 1987. Access to the Social Assistance Service Centraide (octobre). Delivery Systems by Various Ethno-cultural Groups, compte Raynor-White, M. 1982. Service Delivery in a Culturally rendu au comité d’examen de l’aide sociale. Diverse Community, Ottawa, Organisation des services aux Bergin, B. 1988. Une question d’égalité : étude sur l’accès immigrants d’Ottawa-Carleton. des minorités ethniques aux services de santé et Stinson, A. 1992. Multiculturalism in the National Capital: aux services sociaux à Ottawa-Carleton, Ottawa, Conseil A Decade of Development, préparé pour le compte de de planification sociale d’Ottawa-Carleton. Multiculturalisme et Citoyenneté Canada (avril). Bergin, B., et Arthur S. 1989. Strengthening the Network of Services to Minority Ethnic Groups in Ottawa-Carleton, Ottawa, Conseil de planification sociale d’Ottawa-Carleton.
Nos diverses cités 49 La plupart des recherches concernant les groupes ethniques et les immigrants ne portent immanquablement que sur l’endroit où vivent les gens. Nous en savons donc beaucoup sur le lieu de résidence des gens et sur leur interaction avec les membres de leur famille, mais relativement peu sur les autres lieux que ces gens fréquentent le jour et sur les personnes avec qui ils peuvent être en contact.
La géographie ethnoculturelle dans les villes de second rang Au-delà des lieux de résidence
BRIAN K. RAY Université d’Ottawa
JEAN BERGERON Citoyenneté et Immigration Canada
Il ne fait aucun doute que les villes canadiennes proviennent d’un éventail de plus en plus large sont de plus en plus multiculturelles et que sur le de pays. De nos jours, les nouveaux arrivants plan social, elles sont de plus en plus complexes. proviennent surtout de l’Asie et du Moyen-Orient Il est également clair que l’immigration alors qu’avant les années 1960, la majorité d’entre contribue à la diversification croissante des eux provenait d’Europe. Le Recensement de 2001 grands centres urbains. Aussi, il est nécessaire a rendu compte de cette diversité grandissante, de mieux comprendre comment la diversité dénombrant non moins de 200 différentes croissante dans les agglomérations urbaines du origines ethniques. De plus, l’immigration devient Canada touche la vie de millions de personnes. de plus en plus un phénomène urbain : Toronto, D’importantes recherches portent sur la Vancouver et Montréal sont les destinations de géographie de la diversité, mais dans la plupart choix des nouveaux arrivants; ces dernières des cas, elles se concentrent sur les lieux de années, ces trois villes ont accueilli à elles seules résidence et négligent l’importance des autres les trois-quarts des immigrants au Canada. De endroits quand vient le temps d’interpréter les même, plus d’immigrants se dirigent également caractéristiques de l’intégration sociale. Dans le vers ce que l’on appelle les villes de second et présent article, les auteurs font valoir que les troisième rangs, telles qu’Ottawa, Calgary, recherches sur la diversité doivent aller plus Winnipeg et Hamilton. loin que les analyses qui n’examinent que les Parallèlement à la croissance de l’immigration lieux de résidence. Puisque le milieu de travail au Canada, le grand public s’intéresse de plus en offre d’excellentes possibilités d’interaction plus aux façons dont les immigrants et les transculturelle, il faut également en tenir compte. collectivités ethniques influencent nos modes de Depuis le début des années 1990, le nombre vie sur plans social, qu’économique et politique. moyen d’immigrants admis annuellement au De nombreux reportages témoignent du souci Canada est supérieur à 200 000, soit un apport de la population quant à la concentration annuel d’environ 0,7 % de la population totale. ethnique dans les villes canadiennes et laissent Non seulement les taux actuels d’immigration entendre, implicitement ou explicitement, que sont parmi les plus élevés des dernières la concentration géographique mène à la décennies, mais les immigrants au Canada fragmentation sociale et à des possibilités
50 Nos diverses cités limitées d’échanges interculturels. Par contre, les régions urbaines des espaces ethniques d’autres reportages font l’éloge de la diversité et racialisés bien délimités et présente ethnoculturelle de nos villes et des possibilités faussement les quartiers résidentiels comme que l’immigration offre à l’ensemble de la le domaine exclusif de ceux qui y vivent population, sur les plans culturel et économique. plutôt que des personnes qui y travaillent. Il est intéressant de noter que ces deux (Ellis, Wright et Parks, 2004, p. 620) perceptions divergentes se rapportent souvent à une seule et même ville. On constate également Le présent article n’a pas pour objectif de que le seul élément géographique pris en compte contester les dizaines d’années de recherches qui pour comprendre la diversité ethnoculturelle est dépeignent la géographie des ethnies et des celui du lieu de résidence. Le débat omet immigrants dans les villes où les gens vivent. En généralement de considérer les caractéristiques fait, le lieu de résidence revêt une grande complexes des rapports quotidiens hors du signification du point de vue social et culturel, et contexte de la résidence. détermine l’accès à un grand nombre de services Les recherches sur la répartition des groupes et de possibilités. Cependant, il est important d’une ville à l’autre et à l’intérieur même des d’analyser la manière dont est modifié le tableau villes tendent à mettre en valeur les expériences de la diversité ethnoculturelle lorsque les lieux de groupes ethniques plutôt que de groupes de travail et de résidence sont comparés. De la « raciaux », en partie parce qu’il n’existe pas au même manière, il importe d’examiner la Canada une tradition de discrimination raciale manière dont évolue notre compréhension de la entre Noirs et Blancs et de ségrégation imposée, répartition géographique de la diversité lorsque comme celle qui caractérise les centres urbains nous comparons les lieux de travail aux lieux de des États-Unis. L’attention accordée aux groupes résidence. Une brève analyse fondée sur des ethniques dépend aussi de la disponibilité de représentations cartographiques de la dispersion données sur chacun des groupes ethniques ainsi et de la concentration des immigrants vivant et que d’un intérêt marqué du public et des travaillant dans une ville de second rang, en universitaires pour la composition ethnique l’occurrence Ottawa-Gatineau, est présentée (plutôt que raciale) du pays. ci-dessous afin d’illustrer ces différences1. La plupart des recherches concernant les Selon Statistique Canada, Ottawa-Gatineau est la groupes ethniques et les immigrants ne portent région où il y a la plus forte concentration immanquablement que sur l’endroit où vivent les géographique de nouveaux immigrants2 après gens. Nous en savons donc beaucoup sur le lieu Montréal, soit un pourcentage d’environ 40 % de de résidence des gens et sur leur interaction avec nouveaux immigrants qui se trouvent dans les membres de leur famille, mais relativement les premiers 10 % de secteurs de recensement peu sur les autres lieux que ces gens fréquentent triés selon la taille de cette population le jour et sur les personnes avec qui ils (Schellenberg, 2004). peuvent être en contact. Bien qu’il soit difficile Dans le présent article, afin de mesurer et d’examiner les divers contextes d’interaction de représenter la dispersion, la concentration entre gens de milieux ethnoculturels différents, et la diversité d’une agglomération urbaine le Recensement canadien permet d’examiner les à l’autre, le secteur de recensement sert lieux géographiques où les gens travaillent. Le d’unité géographique de base. Les secteurs de milieu du travail réunit souvent dans un même recensement représentent l’unité géographique la endroit des gens différents du point de vue plus fréquemment utilisée pour les études sur la ethnique, socioéconomique, de l’âge ou du dispersion et la concentration ethniques, bien sexe, et offre une perspective privilégiée sur qu’ils comportent certains inconvénients. Les les qualités dynamiques des lieux où les gens secteurs de recensement, dont la population peuvent se rencontrer et échanger. résidentielle se situe entre 4 000 et 5 000 habitants, ont tendance à dissimuler les séparations entre [Traduction] différents groupes à l’intérieur même d’un En ne tenant compte que de la géographie des lieux de résidence, on n’inclut que les 1 Cette analyse est fondée sur les données du Recensement personnes qui y dorment; on néglige ainsi de 2001 (échantillon de 20 %). la présence d’autres gens qui peuvent y 2 L’expression « nouveaux immigrants » fait référence aux personnes travailler. Cela crée l’illusion qu’il existe dans nées à l’extérieur du Canada admises au pays entre 1991 et 2001.
Nos diverses cités 51 En ne décrivant que deux aspects de la répartition des nouveaux immigrants dans la région métropolitaine d’Ottawa-Gatineau, nous avons démontré que la géographie de la diversité ethnoculturelle est fort dynamique et complexe.
secteur. Par exemple, dans plusieurs villes différences d’échelle dans chaque territoire. canadiennes, il n’est pas rare de trouver dans Une façon d’étudier la géographie des groupes le même secteur de recensement une tour minoritaires visibles ou des immigrants dans la d’habitation locative entourée de maisons région d’Ottawa-Gatineau consiste à examiner la unifamiliales à faible densité, ainsi que des répartition des territoires où ils sont surreprésentés immeubles logeant entrepôts, usines, bureaux ou ou sous-représentés. Pour nos besoins, nous commerces. Or, nous ne pouvons ne fonder sur utilisons le « quotient de localisation » pour les données du recensement pour examiner en mesurer le degré de concentration d’un groupe profondeur la séparation ou l’interaction de de gens nés à l’étranger habitant dans groupes à l’intérieur de milieux de travail l’agglomération urbaine. Cet indice permet de spécifiques. De plus, il n’est pas certain qu’une comparer la concentration relative d’un groupe analyse sur une plus petite unité géographique précis dans un petit secteur géographique (soit le ou sur une échelle réduite contribuerait secteur de recensement) à la concentration relative davantage à notre compréhension des rapports du même groupe dans un territoire beaucoup entre les groupes ethnoculturels. Dans le milieu plus grand (soit la région métropolitaine de de travail, les interactions dans les bureaux, les recensement, ou RMR). Les valeurs obtenues usines ou les hôpitaux sont influencées par de nous informent dans quelle mesure le secteur de nombreux facteurs, dont le type d’emploi, la recensement s’éloigne de la proportion globale taille de l’organisation et les caractéristiques de que constitue un groupe dans l’agglomération la hiérarchie en place. Cependant, les secteurs de métropolitaine. Un quotient de localisation recensement permettent de comparer la supérieur à 1 témoigne d’une surreprésentation ségrégation de groupes en milieu résidentiel et du groupe ethnique ou du groupe d’immigrants au travail sans que l’on ait à se soucier des dans le secteur de recensement comparativement
FIGURE 1 Répartition et concentration relative des immigrants admis entre 1991 et 2001 qui détiennent un emploi, selon le lieu de résidence (RMR d’Ottawa-Gatineau, 2001) Quotient de localisation 0 - 0,49 0,5 - 1,49 1,5 - 2,99 3,0 - 5,95 Autoroute Plan d’eau Aéroport Subdivision de recensement Secteur de recensement ne constituant un lieu de travail pour personne Population active occupée d’origine immigrante admise entre 1991 et 2001 : 30 840 5,7 % de la population active occupée d’Ottawa-Gatineau 31,9 % de la population active occupée d’origine immigrante Source : Statistique Canada, Recensement de 2001, Citoyenneté et Immigration Canada totalisations personnalisées, 2006.
52 Nos diverses cités FIGURE 2 Répartition et concentration relative des immigrants admis entre 1991 et 2001 qui détiennent un emploi, selon le lieu de travail (RMR d’Ottawa-Gatineau, 2001) Quotient de localisation 0 - 0,49 0,5 - 1,49 1,5 - 2,99 3,0 - 4,74 Autoroute Plan d’eau Aéroport Subdivision de recensement Secteur de recensement ne constituant un lieu de travail pour personne Population active occupée d’origine immigrante admise entre 1991 et 2001 : 30 840 5,7 % de la population active occupée d’Ottawa-Gatineau 31,9 % de la population active occupée d’origine immigrante Source : Statistique Canada, Recensement de 2001, Citoyenneté et Immigration Canada totalisations personnalisées, 2006.
à sa proportion globale dans l’ensemble de de la population est née à l’étranger et parmi l’agglomération métropolitaine, c’est-à-dire celle-ci, plus de 25 % des immigrants ont été qu’il y a une concentration relativement élevée admis entre 1996 et 2001. du groupe dans le secteur de recensement. La Figure 2 montre les secteurs d’Ottawa- De même, un quotient de localisation inférieur Gatineau où travaillent les nouveaux immigrants à 1 révèle une sous-représentation ou une salariés. La comparaison des figures 1 et 2 fait concentration relativement faible dans le ressortir une diminution sensible du nombre de secteur de recensement par rapport à la quartiers où les nouveaux immigrants salariés moyenne métropolitaine. sont fortement sous-représentés (c’est-à-dire les La Figure 1 montre les secteurs d’Ottawa- secteurs de recensement où le quotient de Gatineau où résident un nombre relativement localisation est inférieur à 0,5) et des secteurs où élevé de travailleurs immigrants admis au pays on dénote une forte concentration (c’est-à-dire entre 1991 et 2001. Ces nouveaux arrivants se les secteurs de recensement où la valeur du retrouvent dans la plupart des secteurs du noyau quotient de localisation est égale ou supérieure à et de la banlieue immédiate d’Ottawa et sont 3,0). De plus, le quotient de localisation maximal clairement sous-représentés dans les régions pour les secteurs de recensement où les exurbaines, tout comme dans la plupart nouveaux immigrants salariés travaillent est des secteurs d’agglomération du Québec. Notons inférieur (4,74) à celui de leur lieu de résidence la légère surreprésentation des nouveaux (5,95). Autrement dit, il semble que les nouveaux immigrants salariés dans la région de Kanata (le immigrants soient répartis de manière plus district le plus éloigné, dans la partie ouest de homogène dans toute la région d’Ottawa- l’agglomération), qui compte de nombreuses Gatineau, du moins en ce qui concerne leur lieu entreprises spécialisées en haute technologie. Des de travail. Il existe une distinction assez similaire quartiers ayant une plus grande concentration de entre le lieu de travail et le lieu de résidence en nouveaux immigrants se trouvent dans plusieurs ce qui concerne les employés salariés des secteurs du noyau et de la banlieue immédiate, minorités visibles dans l’ensemble. souvent là où il y a une meilleure offre de En ne décrivant que deux aspects de la logements locatifs. Dans bien des cas, il s’agit de répartition des nouveaux immigrants dans la quartiers d’accueil pour les immigrants où 25 % région métropolitaine d’Ottawa-Gatineau, nous
Nos diverses cités 53 avons démontré que la géographie de la diversité À propos des auteurs ethnoculturelle est fort dynamique et complexe. BRIAN K. RAY, professeur agrégé au Département de Vu la grande mobilité des citadins d’aujourd’hui, géographie de l’Université d’Ottawa, est un spécialiste de les géographies des lieux de résidence et des la géographie sociale. Il étudie notamment les différentes lieux de travail peuvent présenter de grandes façons dont les résidants de zone urbaines vivent et différences. Bien qu’il ne s’agisse que de deux organisent leur quotidien au sein de villes multi-ethniques. des nombreux lieux d’échange entre des gens de JEAN BERGERON est agent principal de recherche chez milieux culturels et linguistiques différents, ces Citoyenneté et Immigration Canada. constatations nous rappellent qu’en interprétant la vie urbaine en société uniquement du point de Références vue de la géographie résidentielle, le portrait Ellis, Mark, Richard Wright, et Virginia Parks. 2004. ainsi brossé peut se révéler incomplet. « Work Together, Live Apart? Geographies of Racial and Ethnic Segregation at Home and at Work », Annals of the Association of American Geographers, vol. 94, no 3. Schellenberg, G. 2004. Immigrants in Canada’s Census Metropolitan Areas, Ottawa, Statistique Canada, no 89-613-MIE au catalogue.
Canada 2017 : Servir de la population multiculturelle du Canada de demain Le Programme du multiculturalisme a organisé le forum Canada 2017 : Service la population multiculturelle du Canada de demain, qui s’est tenu les 22 et 23 mars 2005. Le forum avait pour but d’examiner le paysage démographique futur du Canada et de permettre au gouvernement canadien de se pencher sur les incidences politiques de notre population diversifiée changeante afin de prendre des décisions éclairées sur les politiques et les programmes nécessaires pour répondre aux besoins du Canada de demain. Quelque 150 participants ont assisté au forum.
Cinq thèmes y ont été abordés : les villes, les marchés du travail, les services de santé, les services sociaux et les institutions publiques. Plusieurs des conférenciers du forum étaient affiliés au réseau Metropolis, dont Krishna Pendakur (Simon Fraser University), Jacqueline Oxman- Martinez et Jill Hanley (Université de Montréal) et Dan Hiebert (University of British Columbia). Des copies de ces communications se trouvent en ligne à l’adresse : www.multiculturalism.pch.gc.ca.
54 Nos diverses cités Les taux d’inoccupation à Ottawa ont grimpé au cours des dernières années. Selon les données de la SCHL (octobre 2004), ils s’élèvent maintenant à 3,9 %. Mais le coût des loyers n’a pas baissé pour autant, bien qu’il augmente à un rythme plus lent. La capacité financière demeure un problème majeur pour les ménages à faible revenu vivant à Ottawa, qui occupe le troisième rang des villes canadiennes où les loyers sont les plus chers.
Logement social à Ottawa* CATHERINE BOUCHER Centretown Citizens Ottawa Corporation
Le logement social au Canada et en Ontario disposaient pas des ressources nécessaires pour Les logements abordables destinés aux ménages continuer d’appuyer le logement social, ou qui à revenu faible ou modeste sont surtout fournis n’avaient pas la volonté politique de le faire, par le secteur privé. Les logements sociaux, dont l’Ontario s’est livrée à l’élargissement intensif les loyers sont adaptés aux revenus des locataires, de son inventaire de logements abordables. Ce comptent pour environ 15 % de l’ensemble du programme a cependant connu une fin abrupte secteur du logement social au Canada. en juin 1995, avec la modification du paysage Les logements sociaux ont typiquement été politique. Quelques semaines après son arrivée financés par des programmes mis en œuvre par au pouvoir, le gouvernement conservateur de les instances gouvernementales supérieures. Mike Harris annonçait l’annulation de tous les Jusqu’au milieu des années 1980, par l’entremise nouveaux logements sociaux promis. de la Société canadienne d’hypothèques et de De plus, le gouvernement Harris a décidé de logement (SCHL), le gouvernement fédéral déplacer certains éléments fiscaux de la province accordait des subventions aux provinces, à des aux municipalités. Cette décision a entraîné le organisations sans but lucratif, ou à des « transfert » des coûts provinciaux du logement coopératives communautaires afin de financer le social vers les municipalités en 1998. Le logement. Le tout premier programme fédéral de gouvernement fédéral continue de payer sa part ce type était axé sur le logement public. Les de l’ancien inventaire, mais les municipalités provinces, qui possédaient et géraient alors assument désormais entièrement les coûts d’importants lotissements consacrés au d’exploitation des immeubles financés par le logement, étaient responsables de son gouvernement provincial. À Ottawa, le budget administration. Au milieu des années 1970, le annuel prévu pour le logement social est secteur communautaire a commencé à prendre la d’environ 65 millions de dollars. relève. À partir de ce moment, les lotissements étaient généralement beaucoup plus petits. De Nouveaux logements abordables : plus, les programmes comportaient un volet le contexte actuel financier en vertu duquel le montant des loyers Les municipalités ontariennes ne disposent pas de de certaines unités variait selon le revenu des ressources suffisantes pour construire de nouveaux ménages, alors que les autres se louaients à des logements abordables. La Ville d’Ottawa a déployé prix comparables au marché privé. beaucoup d’efforts pour se doter de nouveaux Au milieu des années 1980, dans le cadre logements sociaux en partenariat avec des d’un programme constitutionnel plus vaste, le gouvernement fédéral a accepté de faire du * Cet article est fondé sur une présentation donnée à logement un domaine de compétence provinciale. l’occasion d’une discussion entre experts sur le logement et Contrairement à de nombreuses provinces qui ne les nouveaux arrivants, tenue à Ottawa le 11 mai 2005.
Nos diverses cités 55 organismes communautaires mais, depuis 1995, problème majeur pour les ménages à faible à cause de fonds insuffisants, seules 555 revenu vivant à Ottawa, qui occupe le troisième nouvelles unités permanentes ont vu le jour sur rang des villes canadiennes où les loyers sont les son territoire. plus chers. Voici le coût moyen des loyers Ayant transféré ses compétences en la matière à Ottawa : aux provinces, le gouvernement fédéral a réagi à • Studio : 623 $; la montée de l’itinérance au pays, au milieu des années 1990, en affectant davantage de • Logement avec une chambre à coucher : 771 $; ressources. Les Initiatives de partenariat en • Logement avec deux chambres à coucher : 940 $. action communautaire (IPAC) ont ainsi permis de financer d’autres refuges ou d’améliorer les Voici, en comparaison, les loyers abordables mesures destinées aux populations vulnérables. de divers ménages à faible revenu : Cependant, les directives des IPAC sont claires : • Personne célibataire participant au programme les fonds ne peuvent servir à la construction de Ontario au travail (aide sociale) : 335 $; logements permanents. Réagissant aux pressions exercées par des • Personne célibataire participant au POSPH intervenants et des municipalités, le gouvernement (prestations d’invalidité ontariennes) : 425 $; fédéral a annoncé en 2001 la mise en œuvre • Travailleur à temps plein au salaire d’une nouvelle initiative axée sur le logement minimum : 387 $. abordable. Les coûts de celle-ci devaient être partagés avec les provinces. En dépit du succès L’écart est énorme pour les personnes vivant du programme dans quelques provinces, avec un revenu très bas. Il est cependant aussi l’Ontario a refusé de verser l’équivalent des fonds frappant de constater que même les ménages fédéraux jusqu’à tout récemment, soit en avril bénéficiant de modestes salaires ont de la 2005. Compte tenu des délais requis pour « roder » difficulté à répondre à leurs besoins de logement tout programme gouvernemental, les collectivités sans consacrer plus de 30 % de leur revenu brut ne pouvaient espérer profiter des retombées au loyer. Par exemple, une éducatrice en garderie promises avant la fin 2006. En outre, comme la dont le salaire annuel est de 32 000 $ peut construction de nouveaux logements nécessite raisonnablement consacrer à son loyer 800 $ par environ deux ans entre l’étape de la conception mois, alors que le loyer moyen d’un appartement et celle de l’« emménagement », on peut s’attendre comportant deux chambres à coucher est de à ne voir les résultats de cette annonce qu’en 940 $. Que se passerait-il si cette personne 2008 et ce, à condition que le programme avait trois enfants et s’il lui fallait donc survive aux nouvelles donnes politiques qui un appartement plus grand ? Elle devrait payer pourraient survenir entre-temps. Le programme 1 156 $ pour un appartement comportant trois comporte également un volet permettant la chambres à coucher et consacrer à son loyer réhabilitation ou la conversion de logements presque 45 % de son revenu brut. Imaginez sa existants, ainsi que le versement d’une modeste situation si ses enfants avaient tous besoin de « allocation pour le logement » dans le secteur nouvelles bottes en même temps et que, le même privé de l’habitation. Ces efforts pourraient mois, les factures de gaz et d’électricité étaient déboucher sur la proposition de solutions plus plus élevées qu’à l’habitude. rapides pour quelques foyers dans le besoin, mais il faudra plus de temps pour que se concrétise la Inventaire et mode d’attribution véritable solution à long terme, c’est-à-dire la des logements sociaux création de logements sociaux appartenant à la Ottawa compte près de 22000 unités de logement collectivité et gérés par cette dernière. social. L’Ottawa Community Housing Corporation (qui est composée de l’ancienne Portrait de la situation du logement à Ottawa société de logement et de l’ancienne société sans Les taux d’inoccupation à Ottawa ont grimpé au but lucratif de la Ville d’Ottawa) possède et gère cours des dernières années. Selon les données de la plupart de celles-ci, soit environ 16 000 unités. la SCHL (octobre 2004), ils s’élèvent maintenant Le reste de l’inventaire est géré par environ à 3,9 %. Mais le coût des loyers n’a pas baissé 80 coopératives ou sociétés sans but lucratif. pour autant, bien qu’il augmente à un rythme La liste d’attente pour l’obtention d’un plus lent. La capacité financière demeure un logement abordable, sur laquelle figurent
56 Nos diverses cités Avoir la possibilité d’inviter des amis, de se servir un jus du frigo lorsqu’on en a envie, de marcher de la maison à l’école et de faire ses devoirs dans un environnement calme sont des choses que bien des gens prennent pour acquis. Les enfants vivant dans des refuges ne jouissent pas de ces privilèges fondamentaux et sont confrontés à une expérience très déstabilisante pour l’ensemble de la famille.
environ 11 000 foyers, fait l’objet d’une gestion existant propose généralement des unités plus centrale à l’aide du Répertoire des logements petites avec une ou deux chambres à coucher, tant sociaux. Le principal mode d’attribution est dans le secteur privé que dans celui sans but chronologique et, selon la grandeur du logement lucratif, ces familles éprouvent beaucoup de requis, la période d’attente moyenne est de difficulté à trouver un logement approprié. cinq à huit ans. Des exceptions à l’ordre Dans de nombreux cas, les familles touchées chronologique sont acceptées pour les victimes par ce problème sont forcées d’opter pour les de violence conjugale qui, en Ontario, se voient refuges, ce qui leur confère un certain avantage accorder la priorité en tout temps. Par ailleurs, sur les autres demandeurs, sur le plan la Ville d’Ottawa a établi deux autres groupes chronologique, lorsqu’un logement social prioritaires : les sans-abri et les cas « urgents » approprié devient disponible. Toutefois, le pour la sécurité de personnes. Tous les manque d’unités de logement adaptées aux fournisseurs de logements doivent réserver une familles nombreuses prolonge considérablement unité vacante sur dix aux personnes faisant leur attente par rapport aux plus petites familles partie de l’un de ces deux groupes, en plus de se sans abri. Pour les enfants, surtout, il est pour le conformer aux règles provinciales relatives aux moins pénible de vivre dans un refuge. Avoir la victimes de violence conjugale. possibilité d’inviter des amis, de se servir un jus du frigo lorsqu’ils en ont envie, de marcher de la Incidence sur les nouveaux arrivants maison à l’école et de faire ses devoirs dans un La majorité des nouveaux arrivants ont des environnement calme sont des choses que bien revenus faibles ou modestes. Il leur est donc des gens prennent pour acquis. Les enfants Àtrès difficile de trouver des logements vivant dans des refuges ne jouissent pas de abordables. À Ottawa, la tendance aux loyers ces privilèges fondamentaux et sont confrontés élevés et un marché locatif généralement à une expérience très déstabilisante pour vigoureux, qui offre très peu de logements bas de l’ensemble de la famille. gamme, compliquent la situation des nouveaux À la pénurie de logements convenant aux arrivants. Bien qu’il existe quelques zones où les grosses familles s’ajoute le fait que les « nouveaux logements laissent à désirer à Ottawa, la plupart programmes de logement » n’établissent aucune d’entre elles ont été rayées de la carte dans distinction en ce qui a trait à la grandeur des les années 1970 dans le cadre de divers efforts unités sur le plan du financement. À cause de cela, de « renouvellement urbain » ou sous l’effet de les promoteurs reçoivent le même financement l’embourgeoisement des quartiers plus anciens. que ce soit pour un studio ou une maison Le mode de répartition chronologique des comportant quatre chambres à coucher. Alors que logements abordables fait en sorte que les familles le coût de construction d’une telle maison peut et les personnes doivent trouver d’autres lieux atteindre trois fois celui d’un studio, aucune pour se loger lorsque leur nom figure sur la liste mesure incitative n’existe pour encourager les d’attente. Entre-temps, elles aboutissent pour la promoteurs à élargir cet inventaire le cas échéant. plupart dans des logements qui sont inabordables En plus des obstacles auxquels se heurtent et inadéquats, où les mauvaises conditions de vie les nouveaux arrivants appelés à s’adapter à un et le surpeuplement sont la norme. nouvel environnement, comme se frayer un À cette situation vient s’ajouter un phénomène chemin au travers les mille et une exigences plus récent, soit la demande croissante pour des bureaucratiques, apprendre une nouvelle unités de logement très grandes afin d’héberger des langue et trouver un emploi, la recherche d’un familles nombreuses, principalement composées de logement convenable et abordable représente réfugiés d’Afrique du Nord. Comme l’inventaire un défi immense.
Nos diverses cités 57 Le Groupe d’étude sur le sans-abrisme à Ottawa a pour mission d’examiner, en suivant dans le temps les personnes sans abri, les voies qui mènent vers le sans-abrisme et celles qui permettent d’en sortir. En 2004, on a mené des interviews avec plus de 400 individus qui étaient sans abri, et 62 % d’entre eux ont été interviewés à nouveau deux ans plus tard. Cet article rend compte des similitudes et des différences entre les répondants, selon qu’ils étaient nés au Canada ou à l’étranger. Groupe d’étude sur le sans-abrisme à Ottawa Une comparaison entre les sans-abri d’origine canadienne et d’origine étrangère
FRAN KLODAWSKY TIM AUBRY REBECCA NEMIROFF University Carleton Université d’Ottawa Université d’Ottawa
BENHAM BENHIA MARTA YOUNG CARL NICHOLSON University Carleton Université d’Ottawa Centre catholique pour immigrants
L’idée du Groupe d’étude sur l’itinérance1 est née l’ensemble, les caractéristiques des répondants de de l’intérêt manifesté par la Ville d’Ottawa la deuxième phase étaient très similaires à celles pour une collaboration entre les chercheurs relevées au cours des entrevues de 2002-2003, universitaires, les représentants gouvernementaux notamment en ce qui a trait à la proportion de et les prestataires de services. Il vise à cerner les sans-abri nés à l’étranger par rapport aux sans- raisons à l’origine du sans-abrisme et les moyens abri nés au Canada. de s’en sortir, en suivant le parcours de sans-abri Un des principaux objectifs du groupe d’étude rencontrés lors d’une première série d’entrevues. était de sonder un groupe aussi diversifié que Pendant une période de sept mois à compter possible pour connaître les différentes expériences d’octobre 2002, on a interrogé plus de 400 liées au sans-abrisme. Par conséquent, les résultats personnes dans le cadre de l’étude sur le sans- de l’étude ne font pas état du fait que davantage abrisme à Ottawa. De ce nombre, 99 étaient nées à d’hommes adultes que de femmes, d’enfants et l’étranger. Grâce au soutien financier de l’Initiative de jeunes vivent dans les refuges d’urgence nationale pour les sans-abri, les chercheurs ont pu d’Ottawa. La stratégie d’échantillonnage globale examiner de façon exhaustive l’expérience de ces a été conçue de façon à déceler une série répondants et tenter de comprendre en quoi elle de caractéristiques clés dans chacun des cinq différait de celle des sans-abri nés au Canada sous-groupes définis – hommes adultes, femmes (Klodawsky et coll., 2004). adultes, adultes avec enfants, jeunes hommes Deux ans après les entrevues de la première et jeunes femmes – et à connaître les refuges phase, les chercheurs du groupe d’étude ont d’urgence et les services auxquels ces derniers interviewé à nouveau près de 62 % des personnes avaient recours. qui composaient l’échantillon original. Dans Des stratégies différentes ont cependant été utilisées pour chaque sous-groupe. Notons plus 1 Pour en savoir davantage sur le Groupe d’étude sur le particulièrement que le personnel des refuges sans-abrisme, Aubry et coll. (2003 et 2004). pour les femmes et les familles mettait l’accent
58 Nos diverses cités sur le fait que plusieurs de leurs résidantes répondants nés au Canada. Cependant, certains étaient immigrantes ou réfugiées. Les données réfugiés sont très peu scolarisés; obtenues durant l’étude ont confirmé que c’était • La situation relative à l’emploi des répondants nés bien le cas. C’est la raison pour laquelle on a à l’étranger est semblable à celle des répondants offert des services d’interprétation culturelle à nés au Canada. La plupart n’ont pas d’emploi ces personnes et qu’on a choisi de diviser les rémunéré et ne sont pas à la recherche de travail; échantillons de femmes adultes et d’adultes avec • Les répondants nés à l’étranger sont moins enfants pour tenir compte de la citoyenneté et de enclins à recourir aux soins de santé et aux la durée du séjour. Cet exercice n’a pas été fait services sociaux que ceux nés au Canada; pour les sous-groupes des hommes adultes et des jeunes. Il est donc possible que l’étude couvre une • Par rapport à un échantillon de la population plus grande quantité de femmes nées à l’étranger générale, les répondants nés à l’étranger se que si l’échantillon avait été représentatif. distinguent par un niveau de santé mentale et physique élevé, alors que la situation est Comparaison entre les répondants nés tout autre pour les sans-abri nés au Canada, à l’étranger et nés au Canada (Phase I) dont la santé physique et, surtout, mentale est Parmi les 99 répondants nés à l’étranger, à peine moins bonne; un peu plus de la moitié étaient venus au pays à • Dans l’ensemble, les caractéristiques des titre de réfugiés, alors que les autres étaient répondants nés à l’étranger diffèrent de celles venus à titre d’immigrants. Contrairement au des répondants nés au Canada. Les raisons qui groupe des sans-abri nés au Canada, qui les ont poussés vers le sans-abrisme sont plus comptait à peu près autant d’hommes que de clairement liées à une série d’obstacles externes, femmes, le groupe des sans-abri nés à l’étranger comme le manque de logements abordables, les était composé de femmes dans une proportion exigences relatives à l’obtention d’un emploi ou de 79 %. Ces femmes représentaient 84 % des l’absence de services de garde adéquats. Pour ce réfugiés et 74 % des immigrants interviewés. Bon qui est des répondants nés au Canada, ils nombre d’entre elles vivaient avec des enfants semblent plus vulnérables sur les plans de la âgés de moins de 16 ans. En fait, 53 % des santé mentale et physique, du niveau d’instruction, personnes composant l’échantillon total des de l’alcoolisme ou de la toxicomanie. adultes avec des enfants n’étaient pas nées au Canada. Les personnes nées à l’étranger Comparaison entre les répondants nés à provenaient de 40 pays différents. Si certaines l’étranger et nés au Canada au fil des ans venaient tout juste d’arriver au pays, surtout à Selon nos résultats préliminaires, comparativement titre de réfugiés, le tiers des immigrants interrogés aux sans-abri nés au Canada, les sans-abri nés à étaient arrivés avant 1990. De nombreux réfugiés l’étranger bénéficiaient d’une plus grande sondés provenaient de pays africains, dont la stabilité en ce qui a trait au logement, comme en Somalie, le Djibouti et le Rwanda. fait foi le nombre moins élevé de déplacements En utilisant des échantillons correspondants au cours de la période d’étude et la probabilité sur le plan de l’âge et du sexe, les chercheurs ont accrue de trouver un logement. Il importe pu dégager les tendances suivantes : toutefois de noter que les femmes adultes et les adultes vivant en famille étaient plus • Les répondants nés à l’étranger sont plus susceptibles que les autres sous-groupes de susceptibles d’être sans abri pour des raisons bénéficier d’un logement stable et que, comme financières. Le conflit familial constitue une nous l’avons noté, la plupart des répondants nés autre cause courante, notamment parce que, à l’étranger appartenaient à ces sous-groupes. selon la présente étude, les immigrants et les Les répondants nés à l’étranger étaient réfugiés récents préfèrent habiter avec leur également plus nombreux à vivre dans un famille élargie. Une troisième raison invoquée logement subventionné. L’accès accru à des pour expliquer le sans-abrisme, qui s’applique logements subventionnés est vraisemblablement tant aux répondants nés à l’étranger qu’à ceux un facteur de stabilité important en matière de nés au Canada, est la violence conjugale et, plus logement. Il pourrait découler de politiques spécifiquement, les violences envers la conjointe; de logement qui favorisent les familles • Dans l’ensemble, les répondants nés à l’étranger avec des enfants ainsi que les femmes fuyant la ont un niveau de scolarité supérieur à celui des violence conjugale.
Nos diverses cités 59 Orientations recommandées du Groupe d’étude sur le sans-abrisme à Ottawa. Ses • Le besoin de mesures coordonnées entre les domaines de spécialisation sont l’identité et les politiques divers ordres de gouvernement pour aider les urbaines; la restructuration, l’identité, le logement et le sans-abri nés à l’étranger comme ceux nés au sans-abrisme en zone urbaine au Canada; l’urbanisme à l’ère de la mondialisation; et le potentiel progressiste Canada est urgent. Les problèmes qui poussent de la gouvernance locale. des personnes et des familles vers le sans- abrisme comportent des éléments multiples. En TIM AUBRY est professeur titulaire au Département de effet, les personnes interviewées dans le cadre de psychologie de l’Université d’Ottawa. Il préside le Groupe l’étude ont donné des exemples où les politiques de travail sur la recherche et l’évaluation de l’Alliance pour mettre fin à l’itinérance à Ottawa et est co-chercheur et les programmes gouvernementaux ont peut- principal du Groupe d’étude sur le sans-abrisme à Ottawa. être, par inadvertance, contribué à l’itinérance; Ses domaines de spécialisation sont la santé mentale • Bien que la coordination globale des efforts communautaire, les services en santé mentale, l’évaluation déployés par les ministères et les organismes de programmes, les déficiences intellectuelles, les services fédéraux, provinciaux et municipaux soit sociaux, la désinstitutionalisation, le sans-abrisme et le bien-être des enfants. nécessaire, il faut aussi des politiques et des programmes qui soient ciblés, mais qui REBECCA NEMIROFF est étudiante au doctorat au tiennent également compte du fait que Département de psychologie de l’Université d’Ottawa. certains problèmes se recoupent et, par des Ses recherches, tirées des travaux du Groupe d’étude interactions complexes, augmentent le risque sur le sans-abrisme à Ottawa, portent sur l’intégration communautaire des femmes qui ont été sans abri. de sans-abrisme. Par exemple, les conflits familiaux, la violence conjugale, la pauvreté et MARTA YOUNG est professeure agrégée au Département le stress causé par un logement inadéquat ont de psychologie de l’Université d’Ottawa. Ses domaines souvent été liés à l’itinérance. Bien que les de spécialisation sont la psychologie interculturelle, gouvernements fédéral et provinciaux disposent l’ajustement des immigrants et des réfugiés, les femmes migrantes, le trauma et le bien-être. de ressources pour intervenir dans le secteur du logement, ce sont souvent les municipalités BEHNAM BEHNIA est professeur adjoint à l’école de et les organismes communautaires qui doivent travail social de la Carleton University. Ses recherches contrer les effets de ces problèmes; portent sur les enjeux liés à la réinstallation et à l’intégration des immigrants et des réfugiés, les • Il importe de reconnaître les avantages politiques relatives à l’immigration et aux réfugiés, fondamentaux de logements sécuritaires, les répercussions psychosociales de la répression, abordables et stables, obtenus grâce à la la guerre et la torture, la confiance et la création revitalisation du secteur de l’habitation sociale. d’un climat de confiance, les systèmes de soutien À l’heure actuelle, le nombre de logements et les actions bénévoles. sociaux est tout simplement insuffisant pour CARL NICHOLSON est le directeur général du Centre répondre aux besoins tous; catholique pour immigrants à Ottawa et de la Fondation du Centre catholique pour immigrants. Offrant son appui • Enfin, les gouvernements fédéral et provinciaux aux deux conseils d’administration, il coordonne un budget doivent améliorer l’éventail de soins de santé et de 2,8 millions de dollars et supervise un personnel de de services sociaux offerts pour répondre aux 48 employés soutenus par 800 bénévoles. Ensemble, ils besoins particuliers des nouveaux arrivants. procurent des services à quelque 5 000 nouveaux arrivants Malheureusement, compte tenu des réductions dans la région d’Ottawa-Carleton. budgétaires et des programmes à financer, les fournisseurs de services à la population Références générale ne sont pas en mesure de répondre aux Aubry, T., et coll. 2003. Panel Study on Persons who are besoins spécifiques des nouveaux arrivants et Homeless in Ottawa: Phase 1 Results, Ottawa, Université d’opter pour des approches adaptées. d’Ottawa, Centre de recherche sur les services communautaires. À propos des auteurs Aubry, T., et coll. 2004. Developing a Methodology for FRAN KLODAWSKY est professeure agrégée au Tracking Persons Who are Homeless Over Time. Final Report, département de géographie et d’études environnementales Ottawa, Société canadienne d’hypothèques et de logement. de la Carleton University. Elle est co-chercheuse principale
60 Nos diverses cités Cet article traite des recherches effectuées par le Partenariat des professionnels de formation internationale sur les obstacles à l’emploi auxquels font face les travailleurs formés à l’étranger, du point de vue des immigrants et de celui des employeurs. Ces recherches présentent le projet Embauche immigrants Ottawa comme étant une stratégie communautaire qui tente d’obtenir l’engagement des employeurs d’Ottawa. L’engagement des employeurs : stratégies pour l’intégration à Ottawa de travailleurs formés à l’étranger GINNY ADEY Embauche immigrants Ottawa
CAROLE GAGNON Partenariat des professionnels de formation internationale et Centraide Ottawa
Chaque année, Ottawa représente une destination représente également un défi dans de nombreux de choix pour des milliers d’immigrants, dont secteurs d’emploi à Ottawa. une grande partie sont hautement qualifiés; en Même s’ils ont un haut niveau de 2002 par exemple, plus de la moitié des connaissances et d’expérience, plus du quart des nouveaux immigrants détenaient un diplôme immigrants ayant un diplôme universitaire universitaire, et de nombreux autres détenaient occupent un poste qui ne correspond pas à leur un diplôme ou un certificat de compétence. niveau de compétence, soit deux fois plus De plus, deux fois plus d’immigrants établis à souvent que les diplômés universitaires nés au Ottawa possédaient un doctorat que dans le Canada (Ibid., p. 10). Les nouveaux immigrants reste du Canada (Centre syndical et patronal qui arrivent à Ottawa avec un diplôme du Canada, Compétences mondiales et Centraide universitaire sont quatre fois plus susceptibles Ottawa, 2003, p. 7). d’être sans emploi que les diplômés universitaires La majorité de ces immigrants sont des nés au Canada (Ibid., p. 9). travailleurs formés à l’étranger qui, dès leur arrivée au Canada, doivent chercher un Partenariat des professionnels emploi dans un marché du travail particulier. de formation internationale En effet, Ottawa fait face à des défis stratégiques Dans son Plan 20/20, la Ville d’Ottawa (2003, auxquels les autres grandes métropoles ne p. 33) fait remarquer que le Canada perd environ sont pas confrontées. Comme la ville est depuis 5,9 milliards de dollars chaque année en raison longtemps le siège du gouvernement, elle est du sous-emploi de travailleurs formés à l’étranger, peu diversifiée du point de vue économique et, et une part importante de cette perte touche la même s’il y a eu récemment des changements région d’Ottawa. Le Partenariat des professionnels à cet égard, les emplois sont généralement de formation internationale (PPFI) a été formé concentrés dans le secteur public et celui en 2002 pour faire face à cet enjeu, et six des technologies de l’information et des partenaires communautaires se sont unis dans le communications. Par ailleurs, le fait qu’on exige but d’élaborer une stratégie mieux coordonnée une aisance dans les deux langues officielles afin de faciliter l’intégration au marché du travail
Nos diverses cités 61 d’Ottawa des travailleurs formés à l’étranger. l’étranger et, d’autre part, la demande de Les partenaires du PPFI sont les suivants : travailleurs dans les secteurs dans lesquels ils ont été formés. Au total, cinq tables rondes • Centraide Ottawa; multilatérales propres à chaque secteur ont été • la Chambre de commerce d’Ottawa; organisées avec des enseignants, des ingénieurs, des médecins, des infirmières et des maçons. • le Regroupement des gens d’affaires de la En 2004, un forum rassemblant plus de 120 capitale nationale (RGA); représentants communautaires a permis d’étoffer • LASI/Compétences mondiales (coalition formée et de renforcer les conclusions des tables rondes. de huit agences locales de service aux Durant les tables rondes, on a déterminé quels immigrants); sont certains des obstacles communs et proposé des solutions. Ces obstacles et recommandations • la Ville d’Ottawa; sont décrits ci-dessous. Les résultats complets • le Centre de recherche et d’innovation d’Ottawa sont présentés dans le rapport Vers l’avenir : (OCRI). Une stratégie pour favoriser l’intégration des professionnels de formation internationale à Un des principes centraux du PPFI est le Ottawa, préparé par le PPFI, en avril 20041. recours aux organisations et aux partenariats locaux comme moyen de créer des approches Obstacles à l’emploi des immigrants pertinentes à l’échelle locale faisant appel aux et recommandations de solutions talents et aux ressources de la collectivité. Ce Les constatations des tables rondes donnaient à principe a également permis de veiller à ce que penser qu’il n’existe pas qu’un seul obstacle le projet s’appuie sur d’autres initiatives de majeur auquel tous les travailleurs formés à perfectionnement de la main-d’œuvre et d’autres l’étranger sont confrontés. Par conséquent, ce efforts de planification communautaire et à ce n’est pas une solution unique qui permettra qu’il intègre ceux-ci. d’éliminer l’ensemble des obstacles. Une part Géré par un comité directeur, qui est lui-même importante des recommandations n’était pertinente formé de représentants de chaque partenaire et que pour un ou deux des cinq secteurs. Il était de membres de la collectivité, le PPFI croit au difficile de suggérer des solutions universelles pouvoir de la collaboration et rassemble de qui permettraient de répondre aux besoins de nombreux organismes liés à l’emploi d’immigrants tous les groupes et qui, en même temps, seraient qualifiés à Ottawa. Les membres de son comité assez précises pour être efficaces. On a cerné des consultatif sont issus des trois ordres de obstacles communs, dont : gouvernement, du secteur des politiques publiques, • Expérience de travail : le manque d’expérience des syndicats, du milieu de l’éducation et des de travail au Canada réduit de beaucoup les organismes de services aux immigrants. occasions d’emploi. On a également noté Le présent article décrit la démarche progressive l’importance de la compréhension de la culture adoptée au cours des cinq dernières années à du milieu de travail au Canada; Ottawa par le PPFI et donne un aperçu de son premier projet : Embauche immigrants Ottawa. • Renseignements adéquats : il y a un manque d’information au sujet des programmes et Première phase (2002-2004) : recherche et services offerts; consultation des parties intéressées • Réseautage : le manque de possibilités de En 2002, le PPFI a reçu, dans le cadre de contact avec les employeurs et d’occasions de l’Initiative du secteur bénévole et communautaire, réseautage a été désigné comme un des l’approbation de son premier projet de recherche, obstacles les majeurs; ayant pour but de créer une stratégie communautaire pour appuyer l’intégration des • Titres de compétence : il existe d’importants travailleurs formés à l’étranger en s’attaquant obstacles liés aux permis et à la reconnaissance aux obstacles auxquels font face les immigrants des titres de compétence, tout particulièrement la qui entrent sur le marché du travail. difficulté d’obtenir des documents de l’étranger Ce projet visait des secteurs précis afin de et les lourdes exigences bureaucratiques; s’assurer qu’il y ait une correspondance entre, d’une part, l’offre de travailleurs formés à 1 Accessible en ligne à www.ppfi.ca.
62 Nos diverses cités Les constatations des tables rondes donnaient à penser qu’il n’existe pas qu’un seul obstacle majeur auquel tous les travailleurs formés à l’étranger sont confrontés. Par conséquent, ce n’est pas une solution unique qui permettra d’éliminer l’ensemble des obstacles.
• Programmes de formation : la difficulté Le PPFI a collaboré avec le programme d’accéder à des programmes d’amélioration Talents-à-l’œuvre du Centre de recherche et des compétences linguistiques et techniques d’innovation d’Ottawa (OCRI) en vue d’effectuer ainsi que les dépenses associées aux des entrevues en personne avec 25 des plus programmes de transition et de formation a grands employeurs (1 000 employés et plus) également été citée. d’Ottawa. La démarche a été adaptée aux PME dans le but d’évaluer leur sensibilisation aux Soutien et solutions réalités du marché du travail et de sonder leurs Les solutions suivantes ont été mises de l’avant par opinions sur la façon dont les immigrants au moins quatre des cinq groupes professionnels : peuvent participer. On a effectué 12 entrevues avec des propriétaires de PME de secteurs • Un meilleur accès à de la formation linguistique dans lesquels les immigrants d’Ottawa ont les adaptée au milieu de travail; compétences appropriées. • L’accès à du mentorat qui s’appuierait sur des professionnels chevronnés; Obstacles des employeurs à l’embauche d’immigrants • La disponibilité de programmes d’aide Lorsqu’on leur a posé des questions à ce sujet, financière mieux adaptés aux besoins certains employeurs ont reconnu qu’embaucher particuliers des travailleurs formés à l’étranger. des immigrants est sensé sur le plan des affaires Comme on a reconnu la nature complexe et et que ce type d’embauche pourrait faire croître fragmentée du processus d’intégration, la plupart leur entreprise. Certains ont également parlé des participants ont jugé qu’une stratégie de leur désir d’être socialement responsable. communautaire complète est le moyen le plus Plusieurs personnes interrogées se sont dites efficace de faire face aux obstacles à l’emploi. conscientes du fait que les travailleurs immigrants Les partenaires et les parties intéressées se sont pourraient les aider à comprendre leur clientèle mis d’accord pour explorer la possibilité de de plus en plus diverse et la manière de pénétrer mettre sur pied un conseil de direction des de nouveaux marchés, ou d’y augmenter leur employeurs comparable à celui qui a été créé par présence, dans les pays d’origine des immigrants. le Toronto Region Immigrant Employment Si la plupart des employeurs interviewés Council (TRIEC) en tant que pierre angulaire étaient conscients du fait qu’à Ottawa, la main- de la stratégie locale d’intégration. Afin de d’œuvre de demain dépendra en partie des mobiliser efficacement les employeurs, le PPFI a immigrants, nombre d’entre eux n’étaient pas tout d’abord dû comprendre les obstacles du au courant des statistiques liées à l’intégration point de vue des employeurs avant de passer à des immigrants à la population active. Même l’étape suivante de la recherche. si les grandes entreprises et les PME ont des perceptions et des besoins différents, plusieurs Deuxième phase (2004-2005) : des obstacles qu’elles ont soulevés étaient compréhension des besoins des employeurs similaires. Ces obstacles sont résumés ci-dessous. Le PPFI a obtenu du financement de Centraide Ottawa et du ministère de la Formation et • Langue : la compétence linguistique, la des Collèges et Universités de l’Ontario afin connaissance de la terminologie propre au d’entreprendre la deuxième phase. On a ainsi pu milieu de travail et les préférences pour les élargir les projets liés au conseil de direction personnes étant à l’aise dans les deux langues des employeurs en interviewant des dirigeants officielles ont été désignées comme des de petites et moyennes entreprises (PME) et facteurs cruciaux. Les représentants de PME les gros employeurs du milieu des affaires ont établi une distinction entre la maîtrise d’Ottawa. d’une langue et la « clarté »;
Nos diverses cités 63 • Réseautage : les employeurs ne savent souvent • La communication, à l’extérieur de pas comment entrer en contact avec les l’organisation, de l’expertise interne en candidats immigrants qualifiés, puisqu’ils ne matière d’acculturation en milieu de travail; font pas partie de réseaux officiels ou officieux; • Le soutien proactif des immigrants afin qu’ils • Formation : la formation interculturelle est aient des possibilités de réseautage; primordiale afin de créer un environnement • La possibilité d’offrir des séances de formation accueillant du côté de l’employeur, et la interculturelle et de sensibilisation aux formation linguistique et d’acculturation est employés et employeurs actuels; utile pour les immigrants; • Des mécanismes de soutien additionnels • Perception sociale : les employeurs ont cerné exigeant la participation d’autres parties des perceptions sociales pouvant se manifester intéressées, notamment des processus de chez les employés et les clients. On néglige délivrance de visas d’étudiant, des portails souvent les avantages économiques liés à d’information sur l’embauche d’immigrants et l’embauche d’immigrants, et le milieu de un programme de qualification préalable à travail est parfois marqué par le racisme et l’obtention d’une cote de sécurité. la discrimination; Tous les employeurs ont accepté d’examiner la • Exigences strictes : le gouvernement fédéral possibilité de participer à un futur conseil de a des critères de sélection stricts concernant direction pour les travailleurs formés à l’étranger. la langue, la citoyenneté canadienne et Cette réaction positive, ainsi que les défis (mis les exigences liées à la cote de sécurité en lumière dans le rapport « Vers l’avenir ») (ils peuvent s’étendre aux sous-traitants auxquels les immigrants sont confrontés, a du gouvernement); permis de passer à la phase suivante du PPFI. • Outils de gestion des ressources humaines : de nombreux systèmes de recrutement et Troisième phase (2006-2009) : d’embauche, particulièrement ceux des PME, mobilisation des employeurs sont axés sur la culture nord-américaine, ce En 2006, le PPFI a présenté une demande au qui nuit aux efforts en vue de recruter des ministère des Affaires civiques et de l’Immigration personnes d’autres origines; de l’Ontario en vue du financement de sa stratégie triennale de mobilisation des employeurs appelée • Présélection : les employeurs désirent avoir un « Embauche immigrants Ottawa ». Ce projet prend accès facile et direct aux candidats prêts à en compte le rôle clé que jouent les employeurs l’emploi. Idéalement, les candidats doivent dans l’élaboration de solutions. Il fournit passer par un processus de présélection en également une structure pour le leadership des ce qui concerne les langues, les titres de employeurs, un besoin qui a été reconnu lors des compétence et l’employabilité. Les PME précédentes phases de la recherche. peuvent ne pas avoir la capacité de se doter Les objectifs d’Embauche immigrants Ottawa de fonctions de gestion des ressources seront atteints grâce à une démarche concertée et humaines ou être en mesure de gérer des incluront trois éléments clés. L’élément central programmes (notamment des programmes de est le Conseil des employeurs champions (CEC), stage), et elles ont parfois l’impression de ne pas formé d’environ 25 employeurs des secteurs pouvoir prendre le risque d’embaucher des publics et privés s’étant engagés à militer pour immigrants, ne pouvant se permettre de l’intégration des immigrants qualifiés au marché commettre une « erreur ». du travail d’Ottawa. En plus d’agir comme porte- parole locaux sur cette question, les membres du Soutien et solutions CEC créent un climat propice à la collaboration Les employeurs ont noté un éventail de solutions intersectorielle, stimulent les partenariats qui, selon eux, pourraient avoir une influence stratégiques et agissent comme catalyseurs sur l’embauche d’immigrants plus qualifiés. d’idées et d’innovations dans leurs propres organisations et dans leurs réseaux. • Des pratiques prometteuses telles que les Les premiers membres du CEC ont été recrutés programmes de mentorat, l’équité en matière à l’hiver 2007, et le CEC a été lancé en avril de la d’emploi et les initiatives liées à la diversité; même année. Les coprésidents du CEC sont
64 Nos diverses cités Plusieurs personnes interrogées se sont dites conscientes du fait que les travailleurs immigrants pourraient les aider à comprendre leur clientèle de plus en plus diverse et la manière de pénétrer de nouveaux marchés, ou d’y augmenter leur présence, dans les pays d’origine des immigrants.
Hicham Adra, vice-président directeur de CGI, et maintenant et d’élaborer une feuille de route Rosemarie Leclair, présidente et chef de la pour l’avenir. direction d’Hydro Ottawa. Les membres du CEC Tout au long de l’année, Embauche immigrants représentent un éventail d’intervenants : les Ottawa mènera des activités de sensibilisation à grands employeurs, tels que la Banque Scotia et l’échelle locale conçues pour promouvoir chez les Calian; les employeurs du secteur public, par employeurs et le grand public une meilleure exemple la Ville d’Ottawa et l’Agence de gestion compréhension de la valeur socioéconomique que des ressources humaines de la fonction publique les immigrants apportent à Ottawa. Le site Web du Canada (AGRHFPC); et les PME, comme GEM du projet2, qui propose des ressources d’emploi Health Care Services Inc. locales et des liens utiles, contient également une Embauche immigrants Ottawa reconnaît qu’afin vaste base de données permettant d’accéder à des de provoquer un changement réel à long terme, il ressources et à des outils gratuits destinés aux importe d’obtenir la participation non seulement employeurs. L’accès à cette base de donnée s’est de la direction générale de l’organisation, mais fait grâce à un partenariat stratégique avec le également des personnes qui participent aux Toronto Region Immigrant Employment Council processus quotidiens d’embauche. Par conséquent, (TRIEC) et son initiative de mobilisation des le deuxième élément du projet consiste à mettre employeurs, hireimmigrants.ca. Grâce à ce sur pied des groupes de travail réunissant à la partenariat des plus avantageux, les deux même table des directeurs des ressources humaines organismes pourront se communiquer de des organisations membres du CEC, ainsi que des l’information et des conseils stratégiques. représentants d’organismes d’immigration, de L’établissement de relations a mené à des syndicats, d’organisations gouvernementales et progrès décisifs. Au printemps 2007, le personnel d’établissements d’enseignement. Ces groupes du projet a rassemblé les organismes de services détermineront quels sont les obstacles communs et destinés aux immigrants d’Ottawa afin de élaboreront ensemble des solutions propres à discuter des stratégies visant à renforcer les liens chaque secteur ou milieu de travail. À compter entre les candidats immigrants qualifiés prêts à de mai 2007, sous la direction d’Embauche l’emploi et les employeurs d’Ottawa. Depuis, ce immigrants Ottawa, les membres se réuniront groupe d’organismes a décidé de procéder à une chaque mois pour se communiquer de harmonisation sans précédent de services qui l’information et travailler ensemble afin de fera en sorte que le processus de recrutement renforcer les liens entre les immigrants qualifiés et soit le plus simple et le plus efficace possible les employeurs locaux. pour les employeurs. On discutera des résultats de ces réunions et En s’assurant la participation de l’AGRHFPC au des réunions du CEC, et on soulignera les groupe de travail du secteur public, Embauche réalisations, à l’occasion du sommet que tiendra immigrants Ottawa a noué des liens solides avec à l’été 2008 le Conseil des employeurs l’entité responsable de l’embauche dans la champions. Cet événement, qui offrira des fonction publique fédérale. Cet organisme possibilités de réseautage et sera axé sur la repérera les problèmes propres à l’intégration des présentation d’ateliers, sera l’occasion de mettre immigrants dans la fonction publique fédérale et en relief les pratiques prometteuses et générera jouera un rôle clé dans la résolution de ces un dynamisme accru à l’égard de l’embauche problèmes. L’engagement de l’AGRHFPC en tant des immigrants à Ottawa. Il s’agira d’un forum, qu’employeur constitue un progrès considérable destiné aux personnes ayant collaboré avec en vue d’influencer les pratiques d’embauche au Embauche immigrants Ottawa, ainsi qu’à sein du gouvernement fédéral. Embauche toute personne travaillant sur les questions immigrants Ottawa continuera de chercher des d’embauche d’immigrants qualifiés, ayant pour but d’évaluer le travail effectué jusqu’à 2 Accessible en ligne à www.embaucheimmigrantsottawa.ca.
Nos diverses cités 65
possibilités de créer d’autres alliances stratégiques Malgré ces grands progrès, la transition porteuses dans la collectivité. entre l’immigration et l’obtention d’un emploi correspondant aux compétences de l’immigrant Allons de l’avant demeure un problème pour de nombreux Il est de plus en plus urgent de trouver des nouveaux arrivants à Ottawa. Il est clair que solutions, puisque le nombre d’immigrants bien des choses peuvent et doivent encore être arrivant à Ottawa augmente chaque année et de accomplies afin de faciliter l’intégration des plus en plus d’employeurs ressentent les effets immigrants au marché du travail. Chaque néfastes de la pénurie de main-d’œuvre. Le immigrant qualifié devrait également avoir Partenariat des professionnels de formation l’occasion de contribuer à la croissance et au internationale et Embauche immigrants Ottawa dynamisme d’Ottawa. Nous poursuivrons notre exercent depuis cinq ans des fonctions de travail jusqu’à ce que cet objectif soit atteint. coordination à l’égard des questions d’emploi liées aux immigrants qualifiés à l’échelon À propos des auteures communautaire. Ces enjeux sont maintenant GINNY ADEY est directrice des communications chez reconnus comme des priorités économiques Embauche immigrants Ottawa. stratégiques aux fins du développement de la CAROLE GAGNON est directrice de projet du Partenariat ville d’Ottawa. Le conseil municipal a adopté des professionnels de formation internationale et une motion en avril afin de suivre une directrice principale, Renforcement des ressources, recommandation de collaborer avec le Partenariat à Centraide Ottawa. des professionnels de formation internationale en vue de faciliter la création d’une stratégie Références communautaire d’intégration des immigrants à Centre syndical et patronal du Canada, Compétences l’échelle du marché du travail de la ville. Cette mondiales et Centraide Ottawa. 2003. « Exploiter le potentiel : motion comprenait également la reconnaissance un profil statistique de la main-d’œuvre immigrante à des organes directeurs du PPFI comme conseillers Ottawa ». www.clbc.ca/files/Reports/Fitting_In/Statistical_ dans le cadre d’une démarche à l’échelle Profile_of_Ottawas_Immigrant_Workforce.pdf. municipale; cela permettra de s’assurer que les Partenariat des professionnels de formation internationale – stratégies futures de la Ville s’appuieront sur Ottawa (PPFI). 2004. Vers l’avenir : Une stratégie pour les nombreux travaux entrepris par le PPFI et favoriser l’intégration des professionnels de formation ses partenaires, et en tireront avantage, et que internationale à Ottawa. les progrès accomplis vers la mise au point Ville d’Ottawa, 2003. Ottawa 20/20 – Stratégie économique, de solutions intégrées et complètes destinées Ottawa, Développement des affaires, Services d’aménagement aux travailleurs d’Ottawa formés à l’étranger de la Ville d’Ottawa. http://ottawa.ca/city_services/ se poursuivront. planningzoning/2020/es/pdf/es_fr.pdf.
66 Nos diverses cités Dans un autre ordre d’idées… Diversité et amélioration des soins de santé préventifs pour les immigrants
KEVIN POTTIE Université d’Ottawa
LUCENIA ORTIZ Edmonton Multicultural Broker’s Cooperative
ALEIDA TUR KUILE Université d’Ottawa Pour l’équipe de la Canadian Initiative to Optimize Preventive Services for Immigrants (CIOPSI)
Introduction l’immigration qu’au moment d’un voyage dans L’immigration accroît considérablement la cette région pour rendre visite à des amis et diversité des populations urbaines du Canada; les des membres de la famille), l’état immunitaire immigrants provenant de pays en développement découlant d’une première exposition ou de la constituent une part de plus en plus grande de vaccination, les facteurs de stress avant et après notre population, une importance qui se reflète l’immigration, les comportements liés à la santé aussi sur le plan économique. Tandis que les et au réétablissement, ainsi que le recours aux immigrants tirent profit de comportements en soins préventifs. matière de santé, de facteurs génétiques et de Afin de préparer le Canada aux taux de plus dépistage médical favorables (donnant lieu à en plus élevés d’immigration et de déplacements ce qu’on appelle l’« effet de l’immigrant en internationaux, il est nécessaire d’établir un bonne en santé »), des iniquités sur le plan de réseau de soutien entre les communautés la santé existent dans les différents sous-groupes d’immigrants, les praticiens et les décideurs, et de d’immigrants ayant certaines vulnérabilités bien comprendre les obstacles et les priorités liés sociales, culturelles, ethniques, démographiques aux soins préventifs. Cet article décrit les états de ou économiques. Les constatations tirées d’une santé évitables et les obstacles à l’accès auxquels récente étude de couplage sur les cohortes de sont confrontés les immigrants. Il présente nouveaux arrivants au Canada révèlent des également les fondements de la création de notre disparités en ce qui a trait aux tendances en guide de prévention. Nous espérons que le guide mortalité et à la prévalence de certaines maladies de prévention fournira un cadre pour la chez les réfugiés et les sous-groupes d’immigrants. communication liée à la santé et un outil de Dans son analyse documentaire, Beiser (2005) prestation pratique permettant d’établir des liens avance que ni le « paradigme de l’immigrant entre les professionnels en santé primaire et malade », ni « le paradigme l’immigrant en bonne publique et les communautés d’immigrants. santé », n’offrent de cadre adéquat pour expliquer le phénomène de maladies chez les immigrants. Les maladies qu’il est possible Il propose plutôt un « paradigme interactif », selon de prévenir chez les immigrants lui plus approprié. Les maladies auxquelles les Le Canada accueille chaque année environ 220 000 immigrants sont confrontés découlent de immigrants (dont 15 000 personnes appartenant nombreux déterminants de la santé qui sont à la catégorie des réfugiés au sens de la en fait interdépendants, dont l’exposition aux Convention). En 2001, 5,6 millions (près de 18,4 %) maladies dans leur région d’origine (tant avant de la population canadienne était née à l’étranger,
Nos diverses cités 67 ce qui correspond au pourcentage le plus élevé contribuer à l’augmentation des coûts en matière en 70 ans. La majorité des immigrants (soit plus de soins de santé au Canada. Pourtant, nombre de 70 %) proviennent maintenant de pays en de ces maladies sont traitables ou évitables. développement. Parmi les immigrants qui sont Les immigrants qui retournent dans leur pays arrivés au Canada dans les années 1990, 58 % d’origine pour rendre visite à des amis ou des étaient nés en Asie, y compris le Moyen-Orient; membres de leur famille (VAF) représentent un 20 % en Europe; 11 % dans les Antilles, en pourcentage significatif des voyageurs qui se Amérique centrale et en Amérique du Sud; 8 % en déplacent sur l’axe Nord-Sud. Ceux qui Afrique et 3 % aux États-Unis. Il est important effectuent des VAF sont exposés à des risques pour la prospérité future du Canada de s’assurer plus élevés de blessures et de maladies liées aux que les immigrants et les réfugiés aient la santé voyages telles que la malaria, la fièvre typhoïde, nécessaire pour réussir. l’hépatite et d’autres maladies évitables par la L’incidence des maladies infectieuses au sein vaccination. Ces risques sont liés à une probabilité des populations nées à l’étranger est notable et accrue d’exposition aux maladies locales et à se traduit par des taux élevés de morbidité et de une probabilité réduite de recours à des services mortalité chez les immigrants et les réfugiés, par de prévention des maladies avant de partir en comparaison à la population canadienne et à la voyage. Encore une fois, nombre de maladies population née aux États-Unis. Cette situation pourraient être évitées par un traitement préventif s’explique probablement par la prévalence accrue approprié, par la vaccination ou par des conseils de la tuberculose, de l’hépatite B, du VIH/sida, en matière de santé. des maladies parasitaires (strongyloides et autres L’étude de couplage sur les données de l’Agence parasites intestinaux, malaria), ainsi que par des de santé publique du Canada (DesMeules et coll., taux plus élevés de réceptivité aux maladies 2004) a permis de constater des disparités en évitables par la vaccination (rubéole, varicelle, matière de santé, plus particulièrement en ce qui tétanos) comparativement aux personnes nées a trait aux maladies chroniques, entre les sous- au Canada. Toutes ces conditions augmentent le groupes d’immigrants. Par exemple, l’incidence taux de morbidité et de mortalité, peuvent être de la mortalité dans les cas de cancer du foie et transmises à d’autres personnes et peuvent du nasopharynx était élevée, particulièrement
TABLEAU 1 Obstacles à la prestation de services primaires et de services préventifs aux immigrants et aux réfugiés Obstacles à l’échelle des fournisseurs Obstacles à l’échelle du système et des praticiens Obstacles à l’échelle des patients • Délai de l’accès des immigrants à • Absence d’un guide pratique ou d’un • Listes d’attente ou longues files d’attente l’assurance-maladie protocole concernant le dépistage • Moyens financiers limités • Absence de couverture pour les services • Manque de connaissances sur la santé de prévention liés aux déplacements liée aux voyages • Obstacles linguistiques et culturels • Manque de traducteurs et d’interprètes • Difficulté à reconnaître les disparités • Craintes liées à la stigmatisation (langue et culture) sur le plan des risques • Sous-estimation des avantages • Délais pour la prestation des services • Manque de formation en matière de relativement aux risques de maladie de santé publique connaissance des cultures • Manque de connaissance du • Manque de coordination entre • Difficultés linguistiques fonctionnement du système les agences pour tenir compte des • Demandes concurrentielles en matière • Difficulté d’accès à un médecin déterminants sociaux qui influent de temps ou à des soins continus sur la santé des immigrants • Tarifs d’honoraires des médecins • Pas d’assurance médicale • Manque d’expérience ou de compréhension de la planification des rendez-vous • Exigences concurrentielles de la vie (travail, communication avec la famille, école, logement) • Obstacles liés au sexe • Discrimination
68 Nos diverses cités chez les immigrants de l’Asie du Nord-Est autres à toutes les cultures, dans le cadre d’un système que les réfugiés. L’étude a également révélé un donnant un accès restreint à des interprètes taux de mortalité plus élevé chez les réfugiés de culturels; le pharmacien qui tente d’identifier les sexe masculin et les femmes réfugiées de l’Asie médicaments provenant de l’étranger et d’établir du Sud-Est; l’incidence du cancer du col de l’admissibilité au régime d’assurance-médicament l’utérus était plus élevée chez les réfugiées âgées du Programme fédéral de santé intérimaire de 45 à 64 ans par comparaison aux femmes du (PFSI). Pour les immigrants et les réfugiés, les même âge nées au Canada. obstacles et les réponses contradictoires peuvent se traduire par un désengagement et une méfiance Obstacles aux services cliniques de prévention envers les services de soins primaires et de soins Cependant, obtenir l’accès à des soins de santé préventifs « étrangers ». de qualité constitue un défi pour les nouveaux Chacun de ces fournisseurs officiels et non arrivants. Les obstacles aux services préventifs officiels joue le rôle de courtier du savoir auprès sont observés au niveau du système (p. ex., pénurie des immigrants et des réfugiés; il s’agit d’un actuelle de médecins de famille qui acceptent de échange du savoir, à la fois mutuel et essentiel, nouveaux patients), des fournisseurs (p. ex., qui peut tracer la voie vers des soins adaptés et absence de guides pratiques pour la prévention) accessibles. Le « courtage du savoir » a été utilisé et des patients (p. ex., obstacles linguistiques et pour décrire les recherches efficaces en matière sous-estimation des avantages de la prévention) de politiques et de processus, mais nous (voir Tableau 1). Certaines des nouvelles disparités constatons que, d’un bout à l’autre du Canada, en matière de santé dans les sous-groupes les médecins, les infirmiers, les courtiers en santé d’immigrants découlent de ces obstacles à l’accès multiculturelle, les pharmaciens des collectivités et au recours aux services de prévention en matière et les chercheurs participent au processus de de santé. courtage du savoir. Nous croyons que les Les hommes et les femmes ont souvent des efforts de « courtage » du savoir sur la santé des besoins différents en matière de soins préventifs immigrants doivent être clairement définis, les et ils ne sont pas confrontés aux mêmes systèmes en la matière doivent être constitués afin obstacles pour obtenir des soins de santé; par de faciliter l’échange de données et l’établissement exemple, les hommes sont souvent plus réticents de liens entre les différents courtiers pour s’assurer à faire appel aux services d’un professionnel, et que les informations sur les services cliniques les femmes, plus particulièrement les réfugiées, de prévention, entre autres, soient adaptés et sont davantage exposées à des risques pour la appropriés, que les idées et les modèles de soins santé en raison des enjeux liés à la grossesse et à soient communiqués et que les relations entre les la santé sexuelle. De plus, puisque le statut principaux groupes d’intervenants soient stimulées. d’immigrant, le sexe et le statut socioéconomique se recoupent, les femmes courent un risque accru Le « courtage du savoir » : un fondement de mauvaise santé en raison de la pauvreté. Le pour l’élaboration d’un guide de prévention Groupe d’étude du Canada reconnaît que [Traduction] « Les courtiers sont des négociateurs certains risques sont propres au sexe et il a qui facilitent les communications, donnent élaboré ses directives en matière de prévention accès à l’information et permettent l’échange de en conséquence. Nous tiendrons également connaissances entre les membres du réseau » compte des problèmes de santé en fonction du (FCRSS, 2003). À l’intérieur du Canada, les sexe dans notre guide de prévention. immigrants établissent un réseau de courtiers Les disparités au sein des populations du savoir pour avoir accès à des soins de santé d’immigrants et de réfugiés sont renforcées par le et à des informations concernant la santé. Dans fait que les immigrants, les fournisseurs de soins cet article, nous utilisons le terme « courtier du de santé et les dirigeants des collectivités font savoir » pour décrire une personne qui s’engage face à des obstacles liés au « savoir » et à la dans un dialogue avec d’autres personnes, tout prestation de services : le patient immigrant qui en reconnaissant la valeur des croyances et essaie de parler de ses besoins en matière de santé; connaissances de l’autre, tout en accordant de le courtier en santé multiculturelle qui tente de l’importance à la création de liens entre les trouver un médecin qui apporte un soutien à son démarches et les croyances. Le courtier du savoir client; le médecin qui tente de communiquer et permet de rassembler différentes personnes et d’assurer la prestation de services de soins de santé différentes cultures, de sorte que les connaissances
Nos diverses cités 69 peuvent être transmises plus facilement et les décideurs et les responsables des politiques se efficacement entre deux mondes différents. Il ne chargent d’utiliser les connaissances découlant s’agit pas uniquement de la transmission de des recherches; 3) les liaisons et les échanges, où connaissances, de la traduction des renseignements les chercheurs et les décideurs sont conjointement ou de la transmission de données : le courtage du responsables de la mise en application des savoir est un dialogue qui permet l’établissement connaissances issues de la recherche. C’est de relations, tout en inspirant la confiance. dans ce troisième modèle de transmission des Le courtage est souvent non reconnu, non connaissances que nous retrouvons le courtage désigné et parfois non planifié. Il est rare que l’on du savoir touchant le chercheur, le praticien, le reconnaisse ou que l’on souligne le travail d’un dirigeant d’une communauté immigrante et le dirigeant communautaire qui fait des études en responsable de l’élaboration des politiques. Dans vue d’obtenir un diplôme de maîtrise ou qui ce modèle, le chercheur ou le responsable des organise des forums visant la promotion de la politiques ne fait pas que produire et utiliser des santé communautaire et qui garde des liens avec données; il s’engage plutôt à établir des liens, à des collègues professionnels de la santé en milieu mettre en place un réseau et à entamer le universitaire; ou d’un chercheur universitaire dialogue. Nous pouvons également constater que dynamique qui organise des réunions sur les le « courtage des connaissances » est un aspect politiques et qui maintient un réseau de chercheurs de la pratique clinique qui offre la possibilité universitaires; ou d’un praticien en soins primaires d’établir des liens avec des courtiers en santé qui fournit des soins à des réfugiés, tout en multiculturelle. planifiant des cours de formation et en travaillant de façon constante en collaboration Courtage du savoir par l’entremise avec des organisations internationales non de communications interculturelles gouvernementales. Nous estimons que ces entre les professionnels de la santé personnes sont des courtiers du savoir. Les cliniciens, les infirmiers praticiens et les pharmaciens qui travaillent auprès des immigrants Le « courtage du savoir » en matière et des réfugiés doivent devenir des communicateurs de recherche et de politique interculturels efficaces. L’amélioration des La santé de la population ne s’améliorera que communications est essentielle pour atténuer les si les résultats des recherches dans le domaine écarts dans la qualité des services en relation avec de la santé sont activement diffusés par la la race du patient, son ethnicité et sa culture. L’art mise en œuvre d’activités de transmission des des communications interculturelles ne consiste connaissances. Trois modèles de transmission et pas uniquement à fournir de l’information, mais de mise en application des connaissances ont plutôt à échanger de l’information. Le médecin et été décrits : 1) les incitatifs du producteur, où les le patient s’engagent dans une relation de chercheurs se chargent de la transmission et de la confiance où le praticien apprend à connaître mise en application des connaissances en matière l’histoire, le contexte culturel et les attentes du de recherche; 2) les incitatifs de l’utilisateur, où patient, alors que le patient perçoit l’information en fonction de ses expériences vécues et de sa culture. La défense des droits est également FIGURE 1 un principe clé pour la médecine familiale, Interaction entre les praticiens courtiers du particulièrement lorsqu’il faut travailler en savoir, les courtiers en santé multiculturelle collaboration avec des collectivités marginalisées. et les responsables de l’élaboration des Nous soutenons que les conseils en matière politiques de santé, dans le contexte de soins offerts en continu, alliés à la défense des droits des collectivités marginalisées, constituent des Courtiers en santé Praticiens preuves du courtage du savoir. multiculturelle à l’échelle courtiers du savoir communautaire Courtage en santé multiculturelle Les courtiers en santé multiculturelle ou les Responsables de l’élaboration travailleurs de la santé œuvrant dans le secteur des politiques communautaire découlent du concept de « courtiers culturels » et de courtage culturel
70 Nos diverses cités qu’on retrouve en anthropologie. Jezewski (1990) des problèmes liés à l’hypertension, à l’asthme, aux définit le courtage culturel comme étant maladies cardiaques et au diabète; et en améliorant [Traduction] « la création de ponts, l’établissement les habitudes en matière de soins personnels. de relations et la médiation entre des groupes ou des personnes de différentes cultures afin Conclusion d’atténuer les conflits et d’apporter des Le dialogue sur les soins préventifs offre changements. » Les courtiers culturels travaillent l’occasion d’établir un capital social et des liens en collaboration avec leurs partenaires avec les courtiers du savoir. Les soins primaires organisationnels et communautaires avec lesquels et les soins préventifs sont souvent offerts, au ils facilitent le dialogue interculturel et les fil du temps, dans le cadre de relations de changements organisationnels. Leur travail confiance. Il y a donc moins d’urgence que consiste à établir des relations culturelles non dans le domaine des soins de santé urgents seulement à des fins de résolution de conflits et davantage d’occasions d’échanges sur les interculturels, mais également à prévenir de tels croyances et d’adaptation des pratiques. Le conflits. Les courtiers en santé multiculturelle courtage du savoir évolue dans les familles et parlent la langue première des familles et des dans les milieux communautaires, où les groupes à qui ils offrent leurs services et ils ont différents types de connaissances sont reconnus les mêmes antécédents culturels que ces groupes. et considérés comme équivalents et importants. Ils connaissent également très bien la culture Par ailleurs, les soins préventifs offrent aux biomédicale et la culture canadienne, ce qui leur personnes la possibilité de prendre leur santé en permet d’obtenir la confiance des fournisseurs de main et c’est ce sens de l’autonomie que le services et des établissements avec lesquels ils courtage du savoir stimule. Nous estimons que travaillent. Pour remplir leur rôle de médiateurs les liens entre les praticiens en soins de santé, les culturels et linguistiques entre les familles et pharmaciens des collectivités et le processus de le système formel, les courtiers en santé courtage en santé multiculturelle fourniront des multiculturelle offrent un soutien informationnel, bases solides pour l’élaboration d’un guide de émotionnel et social à la maison, dans les prévention efficace et approprié à l’intention des collectivités et dans les établissements. Ils immigrants et des réfugiés au Canada. travaillent auprès des personnes et des familles afin d’atténuer ou d’éliminer les obstacles de À propos des auteurs la langue et de la culture qui empêchent les KEVIN POTTIE est chercheur universitaire en médecine immigrants et les réfugiés d’accéder équitablement familiale et scientifique principal de l’Institut de aux ressources en santé. Ils ont un avantage d’« recherche sur la santé des populations de l’Université initié » qui s’explique par leurs connaissances de d’Ottawa. Ses recherches portent plus particulièrement la culture et des forces de la collectivité dans sur la prestation de services primaires de santé et de laquelle ils évoluent, ce qui peut s’avérer important soins préventifs auprès de populations d’immigrants et de réfugiés. Il est le fondateur et le codirecteur pour atténuer les obstacles à une bonne santé, du Programme de santé pour les immigrants et les ainsi que pour faciliter l’atteinte de résultats voyageurs à l’Université d’Ottawa et de son réseau positifs en matière de santé. de centres de santé urbains. La confiance et l’acceptation sont essentielles à l’efficacité des actions des travailleurs en santé LUCENIA ORTIZ est codirectrice exécutive de la Edmonton Multi-Cultural Health Brokers Co-operative. communautaire, tels que les courtiers en santé Titulaire d’un doctorat en écologie humaine, ses multiculturelle, et elles peuvent être encore plus travaux portent principalement sur l’établissement efficaces si le travailleur est sensible à la culture et la stimulation de pratiques de courtage multiculturel de la collectivité. En matière de prévention des à titre de stratégie pour la promotion de l’inclusion maladies et de soins de santé primaires, les sociale et la diminution des disparités sur le plan travailleurs de la santé œuvrant dans le secteur de la santé. Elle possède une vaste expérience en communautaire ont contribué à l’augmentation santé publique, en planification urbaine et en du taux d’utilisation des services de prévention, développement international. en facilitant l’accès aux populations « difficiles à ALEIDA TUR KUILE est coordonnatrice de la recherche joindre »; en facilitant l’accès rapide aux services au Centre de santé mondiale de l’Institut de recherche de soins de santé primaires pour les personnes sur la santé des populations. Elle est titulaire d’une qui ont reçu un diagnostic; en diminuant les maîtrise en développement international et s’intéresse complications et les admissions à l’hôpital pour vivement à la santé internationale.
Nos diverses cités 71 Références Gushulak, B. D., et D. W. MacPherson. 2004. « Population Bacaner, N., et coll. 2004. « Travel Medicine Considerations Mobility and Health : An Overview of the Relationships for North American Immigrants Visiting Friends and Between Movement and Population Health », Journal Relatives », Journal of the American Medical Association, of Travel Medicine, vol. 11, p. 171-178. vol. 291, p. 2856-2864. Jezewski, M. A. 1990. « Culture Brokering in Migrant Beiser, M. 2005. « The Health of Immigrants and Refugees Farmworker Health Care », Western Journal of Nursing in Canada », Revue canadienne de santé publique / Research, vol. 12, p. 497-513. Canadian Journal of Public Health, vol. 96, p. S30-S44. Lavis, J. N., et coll. 2003. « How Can Research Organizations Fondation canadienne de la recherche sur les services More Effectively Transfer Research Knowledge to Decision de santé (FCRSS). 2003. La théorie et la pratique du Makers? », The Milbank Quarterly, vol. 81, p. 221-248. courtage de connaissances dans le système de santé Lewin, S. A., et coll. 2005. « Lay Health Workers in Primary canadien, Fondation canadienne de la recherche sur and Community Care », The Cochrane Database of les services de santé. Systematic Reviews, vol. 1. Desmeules, M., et coll. 2004. « New Approaches to Lomas, J. 2000. « Using “Linkage and Exchange” to Move Immigrant Health Assessment », Revue canadienne de Research into Policy at a Canadian Foundation », Health santé publique / Canadian Journal of Public Health, vol. 95, Affairs, vol. 19, p. 236-240. p. I22-I26. Ortiz, L. M. 2003. « Multi-cultural Health Brokering: Desmeules, M., et coll. 2005. « Disparities in Mortality Bridging Cultures to Achieve Equity in Access to Health », Patterns Among Canadian Immigrants and Refugees, University of Alberta, Department of Human Ecology. 1980-1998: Results of a National Cohort Study », Journal of Immigrant Health, vol. 7, p. 221-223. Stewart, M. J., et coll. 2003. « Weaving Together Social Support and Health in a Multicultural Context », rapport Gagnon, A. 2002. « La réceptivité du système canadien pour le Conseil de recherche en sciences humaines. de soins de santé à l’égard des nouveaux arrivants », Étude n° 40, Commission sur l’avenir des soins de santé Young, D. E., et D. Spitzer. 1999. Understanding the au Canada (Commission Romanow). Health Care Needs of Canadian Immigrants, rapport pour le Prairie Centre of Excellence for Research on Immigration and Integration.
72 Nos diverses cités
Ottawa : Notre diverse cité Rapport de projet provisoire – Janvier 2007
Contexte Treize forums sur divers enjeux ont été tenus entre Ce projet a pris naissance à la suite de la conférence tenue novembre 2004 et janvier 2007. En 2006, Yew Lee et en avril 2002, intitulée « Bâtir la mosaïque culturelle de la Carolyn McGill de la société Axiom Consultants se sont Ville d’Ottawa », organisée par le Conseil de planification joints au projet pour s’occuper de la planification et de la sociale d’Ottawa en collaboration avec les organismes logistique des prochains forums. locaux de services aux immigrants. La phase actuelle du projet (automne 2006 à juin 2007) L’objectif à court terme du projet Ottawa : Notre diverse bénéficie du soutien de Patrimoine canadien afin que les cité consiste à établir un dialogue et un réseau d’entraide résultats suivants soient atteints : continus afin de mieux comprendre les enjeux liés à • l’établissement d’un dialogue menant à une l’immigration et à la diversité. L’objectif à plus long terme compréhension accrue et étendue de la façon dont les consiste à appuyer une approche plus soutenue et plus membres des collectivités interagissent avec les services coordonnée par le truchement de politiques et de municipaux et urbains; programmes, plus particulièrement au palier municipal. Parmi les activités dans le cadre du projet, mentionnons la • l’adoption d’une approche plus globale et plus inclusive tenue de forums grand public, de débats publics et la à l’égard des services; présentation d’articles de recherche. • une participation accrue dans la prise de décisions liées Au départ, les organisateurs du projet et les organismes aux services; de soutien étaient les suivants : • un engagement communautaire soutenu afin d’influencer • Carl Nicholson, directeur exécutif, le changement institutionnel; Centre catholique pour immigrants; • une recherche plus approfondie sur des sujets d’intérêt • Caroline Andrew, Faculté des sciences sociales, pour les collectivités minoritaires en vue d’interventions Université d’Ottawa; destinées à éclairer les politiques et la planification. • John Biles, projet Metropolis, Le dernier forum de discussion axé sur un sujet précis Citoyenneté et Immigration Canada; s’est tenu en janvier 2007. Suite à cette série de forums, les responsables du projet Ottawa : Notre diverse cité font le • Andrew Cardozo, Canadian Opportunities point sur ce qui a été appris et réalisé jusqu’à maintenant Partnership (CANOPP). et planifient les prochaines étapes afin de maximiser les changements en vue des résultats susmentionnés. Le présent document contient un aperçu condensé des 13 forums tenus sous la bannière Ottawa : Notre diverse cité, ainsi que de la documentation tirée des notes, des rapports des forums et des bandes sonores. Veuillez prendre note que les statistiques et les événements mentionnés pour chacun des forums portent la date du forum en question.
Nos diverses cités 73
Aperçu des activités du projet Lors de chaque forum, un groupe d’experts composé de Forums tenus à ce jour chercheurs, de représentants municipaux, de représentants d’organismes communautaires et d’organismes fournisseurs 1. Séance d’ouverture – Aperçu, le 8 novembre 2004 de services était présent. Voici comment se déroulaient les 2. Planification urbaine, le 8 décembre 2004 forums : chaque intervenant donnait une présentation 3. Services sociaux, le 12 janvier 2005 d’environ cinq minutes, le tout suivi d’une période de 4. Combattre le racisme urbain : dialogue Canada-Europe, questions et de commentaires du public, puis des réponses le 24 janvier 2005 formulées par les membres du groupe d’experts. On a fait parvenir des invitations à ces forums à un large 5. Santé publique, le 23 février 2005 éventail de membres de la collectivité et de représentants 6. Participation politique et communautaire, du gouvernement et de divers établissements. Tout au long le 29 mars 2005 du projet, la liste d’invités a pris de l’ampleur grâce au 7. Éducation et apprentissage, le 18 avril 2005 bouche-à-oreille et aux contacts personnels. 8. Logement et sans-abrisme, le 11 mai 2005 Activités prévues 9. Nos parcs et loisirs : une composante centrale • Un forum sur la mobilisation communautaire, d’une collectivité en santé, le 15 juin 2005 le 24 mars 2007 10. Les questions entourant le marché du travail, • Une rencontre au sommet, date à déterminer le 14 septembre 2005 • Cette édition de la publication Nos diverses cités, qui 11. La culture dans une société diversifiée, propose des articles de membres de groupes d’experts le 25 octobre 2006 12. Transport en commun et taxis, le 8 novembre 2006 13. Maintien de l’ordre et justice, le 24 janvier 2007
74 Nos diverses cités
1. Séance d’ouverture – Aperçu, le 8 novembre 2004
Coprésidents Enjeux Bob Chiarelli, maire de la Ville d’Ottawa • Les résidants nés à l’étranger représentent 22 % de Carl Nicholson, directeur exécutif, Centre catholique pour immigrants la population d’Ottawa. La population d’immigrants a Membres du groupe d’experts augmenté deux fois plus rapidement que la population Rosaline Frith, sous-ministre adjointe intérimaire, née au Canada entre 1996 et 2001. Ottawa est Citoyenneté et Immigration Canada maintenant composée de plus de 60 groupes ethniques et Hindia Mohamoud, Conseil de planification sociale d’Ottawa 70 groupes linguistiques. Allan Moscovitch, Université Carleton Brian Ray, Université d’Ottawa • Il faut un plus grand nombre d’outils d’intégration économique (capacités langagières, reconnaissance Présentations des titres de compétences, plus d’information pour les Le maire Bob Chiarelli exprime son soutien au projet employeurs) et d’un accès accru à l’hébergement et aux Ottawa : Notre diverse cité et assure qu’il encouragera le soins de santé pour les nouveaux arrivants. personnel des services municipaux à participer aux forums. • L’inclusion sociale n’est pas uniquement le résultat de Rosaline Frith se prononce sur les objectifs et les la diversité. Elle dépend de la qualité des interactions préoccupations de Citoyenneté et Immigration Canada; elle entre les divers individus et groupes sociaux. La gestion met également l’accent sur la nécessité d’une coopération de la diversité se fonde sur les politiques sociales telles entre les trois ordres de gouvernement. Hindia Mohamoud, que l’éducation publique, les soins de santé et le soutien Alan Moscovitch et Brian Ray parlent des tendances du revenu. démographiques de la Ville : la composition socioculturelle, les conditions de logement, la conjoncture économique et Solutions / Possibilités / Prochaines étapes la participation au marché du travail. • Le maire donnera suite à la tenue d’un sondage sur l’équité en matière d’emploi parmi le personnel des services municipaux. • Les statistiques sur la composition socioculturelle et la conjoncture socioéconomique des immigrants peuvent orienter la planification des services multiculturels et la mise en place de programmes. • Les administrations municipales ont la responsabilité d’atténuer l’exclusion et la ségrégation. À cette fin, elles peuvent avoir recours au maintien de l’ordre ainsi qu’à des programmes de transport, d’hébergement, etc. • Le gouvernement fédéral peut fournir des ressources complémentaires.
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2. Planification urbaine, le 8 décembre 2004
Présidente Enjeux Caroline Andrew, Faculté des sciences sociales, Université d’Ottawa • Pour participer au processus de planification, il faut être Groupe d’experts intéressé et sensibilisé. Il est difficile de connaître le degré Jocelyne St-Jean, Service de l’urbanisme, Ville d’Ottawa se sensibilisation des diverses communautés, ainsi que Fatemeh Givechian, Faculté des sciences sociales, Université d’Ottawa l’efficacité des relations communautaires de la Ville. Khadija Haffajee, collectivité musulmane d’Ottawa Paula Speevak-Sladowski, Fédération canadienne des réseaux • Pour répondre aux besoins, il faut adopter un mode de du secteur bénévole réflexion plus concentré et moins cloisonné. Dianne Urquhart, directrice exécutive de programme, Conseil de planification sociale Solutions / Possibilités / Prochaines étapes Commentateur • Les services et les activités offerts au sein d’une société Mohammed Adam, journaliste, Ottawa Citizen diversifiée devraient être multidirectionnels. • La prochaine étape du processus de planification urbaine Présentations consiste à en planifier l’élaboration. Les résidents de la Les membres du groupe d’experts et le public discutent de Ville peuvent exercer une influence à cette étape-ci. l’importance de la planification urbaine et de la nécessité • Une planification urbaine efficace nécessite une expertise d’aborder la diversité de la Ville d’Ottawa d’une manière et un engagement à long terme. On pourrait mettre en globale. On encourage les individus et les groupes place un groupe de travail qui suivrait cette question communautaires à participer au processus de planification. au cours des prochaines années. Le Comité consultatif Fatemeh Givechian estime que pour une société diversifiée, sur l’équité et la diversité de la Ville d’Ottawa pourrait la métaphore de la salade est préférable à celle de la s’en charger. mosaïque ou de l’assimilation. Khadija Haffajee, pour • Le Conseil de la planification sociale d’Ottawa continuera sa part, touche aux décisions en matière de planification à jouer un rôle important en agissant à titre de porte- municipale et estime que celles-ci devraient respecter les parole pour la collectivité d’Ottawa en matière de croyances culturelles. Jocelyne St-Jean se penche sur la planification urbaine. De plus, il peut jouer un rôle question du Plan 20/20 de la Ville d’Ottawa; selon elle, la important en assurant le suivi des questions sur difficulté réside dans la concrétisation de cette vision avec la diversité. un budget restreint. Paula Speevak-Sladowski explique en quoi les nouveaux besoins sont complexes et intimidants, • Les responsables du projet Ottawa : Notre diverse cité alors que Dianne Urquhart aborde la question de pourraient tenir des séances destinées uniquement aux l’importance du secteur bénévole. membres du personnel des services municipaux.
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3. Services sociaux, le 12 janvier 2005
Modérateurs Enjeux Caroline Andrew, Université d’Ottawa • La plupart des réponses aux questions d’accès, de Carl Nicholson, directeur exécutif, Centre catholique pour immigrants pertinence et de participation liées aux services sociaux Conférenciers pour les communautés ethnoculturelles à Ottawa sont des Rashmi Luther, Faculté de travail social, Carleton University solutions à court terme, souvent en réaction à une crise. Alex Cullen, conseiller municipal, Ville d’Ottawa Michèle Kérisit, directrice, École de travail social, Université d’Ottawa • Les gouvernements provinciaux et fédéral peuvent Barbara MacKinnon, Société d’aide à l’enfance générer plus de recettes que la Ville. Ces ordres de Mila Younes, Mouvement ontarien des femmes immigrantes gouvernement distribuent les recettes aux municipalités francophones (MOFIF) et fixent des objectifs globaux en matière de politiques pour certains programmes. La Ville offre ces services et Présentations en assume la responsabilité. Alex Cullen fait état de la façon dont la Ville assure la • De nombreux nouveaux arrivants et réfugiés ont besoin gestion et la prestation des services qui constituent le d’une aide holistique à court et à moyen termes afin de fondement du filet de sécurité sociale (hébergement, aide s’adapter à leur nouvelle vie. Des organismes sous- au revenu, etc.). La Ville joue également un rôle au chapitre financés sont forcés de travailler en situation de crise des soins de santé et des soins à l’enfance; elle finance les ou en mode de cloisonnement. organismes fournisseurs de services pour qu’ils élargissent • Des lacunes dans les services ou des préjugés raciaux leur gamme de services. Les fonds investis dans ces manifestés par les fournisseurs de services peuvent programmes proviennent de l’assiette de la Ville d’Ottawa mettre en danger les victimes de violence. et de celle de la province. Pour sa part, Rashmi Luther présente un historique des services sociaux de la diverse cité d’Ottawa, en relatant l’arrivée des réfugiés de la mer dans les années 1970. Elle fait mention des divers forums et projets tenus au cours des dernières années, et ce, afin de démontrer que les enjeux liés à la diversité ont fait l’objet de nombreuses d’études et sont donc bien compris. Michèle Kérisit rend compte de certaines des pratiques exemplaires visant à améliorer les services offerts aux nouveaux arrivants, particulièrement dans les centres de santé communautaires. Elle identifie également certaines mesures de restructuration et de compression dans les services qui ont été particulièrement difficiles pour les nouveaux arrivants. Mila Younes présente les résultats d’un projet de recherche sur l’accessibilité des services en français offerts aux immigrantes francophones victimes de violence conjugale ou de violence sexuelle. Barbara Mackinnon parle du processus de développement organisationnel continu au sein de la Société d’aide à l’enfance. L’objectif de la Société est d’être culturellement compétente, mais en raison de son mandat légal, qui est de protéger les enfants, ses normes et ses outils en matière de prise de décision ne sont pas très souples. La Société d’aide à l’enfance s’efforcera de faire connaître son rôle au sein des communautés et aussi de les encourager à participer à leurs services.
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Solutions / Possibilités / Prochaines étapes • Embaucher du personnel représentatif de la diversité de la clientèle. • Offrir une formation sur la diversité à tous les travailleurs de la région et ce, de façon continue. On devrait également offrir davantage de formation systématique dans cette région. L’Université d’Ottawa a prévu mettre sur pied un programme de baccalauréat ès arts en services sociaux et d’y inclure un volet sur la diversité. • Rétablir les montants des réductions budgétaires imposées aux fournisseurs de services. Le financement doit être flexible afin de répondre aux besoins et il doit être durable. • Améliorer l’accès organisationnel aux communautés culturelles, ce qui se traduit par une participation de celles-ci dans la structure de la prise de décision et dans toutes les facettes de la vie de l’organisation. Par exemple, élaborer des stratégies de diffusion afin d’attirer les bénévoles et les commissaires. • Les partenariats doivent être fructueux et les collaborations, enrichissantes. Le savoir, les capacités et les contributions des organisations ethniques et des organismes de service aux immigrants devraient être validés par les organismes de la culture dominante. • Les centres de santé communautaire demeurent la L’immigration et les familles meilleure option, car ils regroupent, sous un même toit, des services intégrés et variés. Édition spéciale de • Une campagne de sensibilisation est nécessaire afin de Thèmes canadiens / Canadian Issues répondre aux besoins des immigrantes et immigrants Le partenariat entre Metropolis et l’Association des francophones. études canadiennes continue de porter ses fruits, • La promotion et la défense des droits doivent être avec la production de numéros spéciaux de la renforcées; les communautés doivent collaborer et se revue Thèmes canadiens / Canadian Issues, sur faire entendre une fois de plus. l’immigration et divers thèmes connexes. Ce numéro • Comme dans le cadre d’un processus politique, vous (printemps 2006) met l’accent sur l’immigration devez convaincre les politiciens et la communauté de ce et la famille. Il comporte une introduction signée qui constitue un bon investissement. Vous n’arriverez Madine VanderPlaat (Saint Mary’s University), pas à un consensus avant d’en avoir discuté. Faites une entrevue avec Monte Solberg, le ministre de preuve de proactivité, faites fonctionner le système, Citoyenneté et Immigration Canada au moment de n’attendez pas qu’il s’adapte à vos besoins. la publication, ainsi qu’une vingtaine d’articles rédigés par des responsables des politiques publiques, des chercheurs et des organisations non gouvernementales spécialisés dans le domaine en question. Ce numéro de la revue, comme les numéros précédents, compte parmi les lectures obligatoires de nombreux cours universitaires de disciplines variées. Pour obtenir une copie de la revue, veuillez écrire à [email protected]
78 Nos diverses cités
4. Combattre le racisme urbain : Dialogue Canada-Europe, le 24 janvier 2005
Trois professeurs d’universités européennes étaient à Enjeux Ottawa pour assister aux réunions du projet Metropolis. • Les enjeux clés auxquels font face les villes canadiennes Cette session extraordinaire sur la lutte contre le racisme sont : la reconnaissance des titres de compétence urbain a été organisée en collaboration avec la étrangers et l’emploi, des services sociaux abordables, Commission canadienne pour l’UNESCO. des budgets municipaux limités, la nécessité d’intégrer Une table ronde sur le racisme a été tenue par un groupe les nouveaux arrivants, l’écart entre les plans et la mise plus restreint et ce, plus tôt au cours de la journée. Voici un en œuvre d’actions significatives. sommaire du forum public tenu au cours de la soirée. • Les deux principales difficultés rencontrées par la Ville Président d’Ottawa touchent l’emploi et les services sociaux. Carl Nicholson, Centre catholique pour immigrants • [Pour Gatineau] Dans le contexte québécois, comment Modérateur une société qui se définit comme une minorité peut-elle Andrew Cardozo composer avec d’autres minorités ? Représentants municipaux • Les villes jouent un rôle important : appuyer les Baldwin Wong, Ville de Vancouver Cassandra Fernandez, Ville de Toronto initiatives ascendantes afin de créer des programmes Andy Kusi-Appiah, Ville d’Ottawa de rapprochement et de transition. Annie-Claude Sholtès, Ville de Gatineau Solutions / Possibilités / Prochaines étapes Professeurs d’universités européennes • La Commission ontarienne des droits de la personne et Rinus Pennix, Pays-Bas la Commission canadienne pour l’UNESCO assureront Yngve Lithman, Norvège Bobby S. Sayyid, Royaume-Uni un suivi de la table ronde tenue en après-midi sur la lutte contre le racisme urbain. Présentations • Les communautés devraient appuyer les villes en se Les représentants des quatre villes canadiennes ainsi que chargeant de l’orientation des programmes, en se portant les trois professeurs d’universités européennes discutent à la défense des droits des citoyens et en collaborant avec des données démographiques de leurs villes, des difficultés les décideurs, les services de police, les organismes de rencontrées et des solutions adoptées. Ils abordent les réglementation et les gouvernements. questions des groupes haineux, du système d’éducation, • Le secteur des ONG se porte beaucoup à la défense des des médias, du rôle des villes, de l’hébergement et du immigrants et est bien outillé pour favoriser leur maintien de l’ordre. Les participants trouvent fort utile intégration. Ces organismes ont besoin de plus de d’établir des comparaisons avec d’autres villes. Ce financement pour accroître leur capacité. sommaire est axé sur les enjeux locaux et canadiens. • Voici des méthodes efficaces : de la recherche et des données fondées sur des faits, la mise sur pied de programmes de transition, de mentorat, et de stages pour les jeunes, la mise en place d’outils visant à accueillir les communautés et à favoriser leur intégration, des dispenses de frais pour les personnes à faible revenu, de la formation en résolution de conflits et la mise en place de programmes de partenariat.
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5. Santé publique, le 23 février 2005
Conférenciers Solutions / Possibilités / Prochaines étapes Abebe Engdasaw, Égalité d’accès-Services de santé multiculturels, Santé publique Ottawa • Les médecins formés à l’étranger constituent une Eileen O’Connor, École des sciences de l’activité physique, ressource précieuse et inutilisée. Université d’Ottawa • Utiliser la transmission des connaissances officielles et Melissa Rowe, Projet ethnoculturel de prévention du VIH/sida officieuses, les traducteurs et les interprètes. Kevin Pottie, Département de médecine familiale, Université d’Ottawa • Miser sur la prévention primaire et à long terme. Sara Torres, Latin American Women’s Support Organization (LAZO) • Adopter des approches de développement communautaire Mot de la fin Alex Munter, ancien conseiller municipal, Ville d’Ottawa pour la prévention du VIH/sida – diffusion, instauration Dr Robert Cushman, médecin-chef, Santé publique Ottawa de la confiance, partenariats. • Plan de travail de Santé publique Ottawa : Présentations – Communication (adéquate au niveau culturel et Abebe Engdasaw parle d’un modèle de prestation de linguistique) services de santé multiculturels pour les programmes de – Volet intégré sur la santé multiculturelle santé publique. Kevin Pottie souligne les difficultés dans la prestation de services de santé aux immigrants. Sara – Savoir-faire culturel (formation, élaboration de Torres définit la situation et les traits distinctifs de la documents de référence et de matériel documentaire, communauté hispanophone d’Ottawa pour laquelle le nouvelles recherches) système de santé publique doit trouver des approches – Partenariats (groupe de soutien et de travail, diffusion, alternatives adaptées. Enfin, Melissa Rowe parle d’une projets communautaires mixtes) approche de développement communautaire visant à – Défense des droits (accès amélioré; financement accru; prévenir la transmission du VIH/sida. embauche, formation et recrutement; environnement sans racisme; collaboration avec d’autres organismes) Enjeux • Surveillance et évaluation • « Les nouveaux immigrants d’origine non européenne étaient deux fois plus susceptibles que les Canadiens de • Mise en place d’un projet de partenariat avec Centraide naissance de déclarer une détérioration de leur état de pour les médecins formés à l’étranger. santé sur une période de huit ans. » (Le Quotidien, • Les Lay Health Promoters constituent un modèle de Statistique Canada, 23 février 2005) partenariat de soutien et d’action sociale destiné aux • Il existe des barrières langagières et culturelles à la communautés hispanophones d’Ottawa. Parmi les prestation de services de santé aux immigrants. partenaires, on compte le groupe communautaire des femmes d’Amérique latine, un centre de santé • Les diagnostics peuvent être difficiles à établir lors de la communautaire, une entreprise de recherche sociale et détection de maladies non courantes au Canada. un centre universitaire de recherche en santé. • Le VIH/sida est relié à d’importants enjeux, comme les tabous qui entourent cette maladie, le racisme, le stigmate, la méfiance et le déni. • Nous devons aller au-delà des projets pilotes et créer un système de rechange. • Qui doit prendre en charge ce problème ? Dans quelle mesure la communauté, en tant qu’entité, s’en préoccupe-t-elle ? Nous devons nous responsabiliser en tant que société pour le bien commun et l’inclusivité. • Les médecins formés à l’étranger constituent une ressource précieuse et inutilisée.
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6. Participation politique et communautaire, le 29 mars 2005
Président Enjeux Carl Nicholson, directeur exécutif, Centre catholique pour immigrants • En tant que groupes, les jeunes gens et les minorités Conférenciers visibles ne se sentent pas concernés par les enjeux Mohamed Ahmed politiques et donc ne vont pas voter ou ne se portent Diane Urquhart, directrice de programme, Conseil canadien pas candidats. de développement social Ike Awgu, ancien candidat à la mairie • La Ville d’Ottawa ne réussit pas tellement à faire Nathalie des Rosiers, Université d’Ottawa participer les nouveaux Canadiens. Diane Holmes, conseillère municipale, Ville d’Ottawa • Le système politique avantage ceux qui appartiennent Fantu Melesse, Comité des femmes, Ethiopian Community Association au « système électoral majoritaire » – de façon générale, John Samuel, ancien conseiller scolaire ce sont les gens qui vivent ici depuis longtemps ou les Erin Tolley, projet Metropolis groupes culturels qui vivent ensemble. Les femmes, les minorités visibles et les jeunes connaissent tous les Présentations mêmes difficultés à être recrutés, nommés et élus. Mohamed Ahmed et Diane Urquhart offrent un aperçu du rapport des organismes locaux de service aux immigrants Solutions / Possibilités / Prochaines étapes et du Conseil de planification sociale d’Ottawa intitulé An • L’organisation communautaire est cruciale : il importe Exploratory Overview of Assets of Immigrant and Visible d’aider les gens à comprendre qu’ils doivent s’approprier Minority Communities in Ottawa. Ike Awgu s’exprime les enjeux. quant à lui sur l’importance de l’apport des minorités • Les nouveaux arrivants doivent préciser leurs besoins visibles dans l’élaboration des politiques municipales. afin que l’argent soit dirigé au bon endroit. Il leur Diane Holmes donne son point de vue, en tant que faut exercer des pressions en tant que groupe, conseillère municipale, sur la participation des minorités nommer des chefs de file et exercer des pressions sur visibles et des nouveaux arrivants, alors que Fantu les membres élus. Melesse parle de ce qu’elle a appris lors de son cours de formation sur le lobbyisme. Après quoi Nathalie des • Dans le cadre de l’Initiative : une ville pour toutes les Rosiers fait état du rapport de la Commission du droit du femmes, on a donné de la formation en matière de Canada sur la réforme électorale. Puis John Samuel décrit lobbying, offert du mentorat et de la formation en cours son expérience de candidat en vue d’être élu membre d’un d’emploi sur l’administration municipale. Par exemple, conseil scolaire et de sa nomination en tant que candidat les femmes ont pu participer au processus budgétaire. De libéral dans un comté d’Ottawa. Enfin, Erin Tolley propose cette manière, les conseillers municipaux ont également des solutions de rechange adaptées aux minorités visibles beaucoup appris sur les besoins des minorités visibles. afin que celles-ci puissent exercer une influence politique • Le conseil municipal a besoin d’aide de la communauté et ainsi provoquer le changement. pour travailler dans les coulisses des autres ordres de gouvernement. • En ce qui a trait à la réforme électorale, il faudrait utiliser les listes électorales afin d’assurer une représentation proportionnelle. • Les candidats politiques devraient constamment établir des réseaux, réunir des fonds, planifier et être organisés. • Il faut créer une banque de spécialistes au sein de la communauté et solliciter des candidatures pour les conseils. • Enfin, il faut encourager les jeunes à participer activement à la vie politique.
Nos diverses cités 81
7. Éducation et apprentissage, le 18 avril 2005
Président • Le Conseil scolaire d’Ottawa-Carleton s’est doté de Carl Nicholson, directeur exécutif, Centre catholique pour immigrants bonnes politiques sur la diversité, mais la plupart des Conférenciers écoles ne disposent pas des ressources nécessaires pour Margaret Lange, administratrice, Conseil scolaire Ottawa-Carleton composer avec cette diversité (p. ex., programmes de Luz Maria Alvarez Wilson, ancienne présidente, Glebe Collegiate sensibilisation, personnel représentatif de la diversité, Parents Council (défenseure des cours d’anglais langue seconde) parents concernés, enseignants en anglais langue Maryse Bermingham, Programme français, Organisme communautaire seconde/formation en anglais langue seconde pour le des services aux immigrants d’Ottawa personnel, compétences transculturelles, ressources Wali Farah, agent de liaison, Programme multiculturel, Ottawa (invité) documentaires). L’élaboration des programmes et des June Girvan, chef bénévole, Centre J’Nikira Dinqinesh politiques du Conseil est, dans une grande mesure, la Qasem Mahmud, École arabe, Ottawa responsabilité des directeurs. Ces derniers ont besoin de Présentations plus d’encouragement et de soutien. Margaret Lange propose un aperçu des programmes du • De nombreux enseignants formés à l’étranger ne peuvent Conseil scolaire d’Ottawa-Carleton visant à accueillir et à recevoir une accréditation pour enseigner en Ontario. intégrer les nouveaux arrivants ainsi que les familles et • Le nombre d’enseignants faisant partie des minorités les enfants appartenant aux minorités visibles. Luz Maria visibles (y compris ceux qui sont nés et qui ont été Alvarez Wilson, quant à elle, fournit des statistiques formés au Canada) n’est pas suffisamment représentatif sur les immigrants à Ottawa et les cours d’anglais langue au sein du personnel enseignant. seconde, alors que Maryse Bermingham s’exprime sur • On a tendance à supposer que le programme pédagogique la situation dans les écoles pour les immigrants et la formation en matière d’antiracisme, de diversité et francophones à Ottawa. Wali Farah présente ensuite un d’équité sont nécessaires uniquement dans les écoles où la historique et un aperçu du Programme des agents de population étudiante est diversifiée, et ne constituent pas liaison multiculturelle (partenariat entre l’Organisme un savoir que devrait acquérir l’ensemble des Canadiens. communautaire des services aux immigrants d’Ottawa Certaines écoles faisant partie du Conseil scolaire et le Conseil scolaire d’Ottawa-Carleton) et discute de d’Ottawa-Carleton sont soumises à des mesures de certains des enjeux actuels du programme. Enfin, June ségrégation (absence de diversité) en raison de l’utilisation Girvan se prononce sur la vision du centre J’Nikira de programmes spéciaux. Dinqinesh et de ses programmes, alors que Qasem • Seulement 11 agents de liaison multiculturelle œuvrent Mahmoud touche aux enjeux auxquels sont confrontés au sein des 150 écoles faisant partie du Conseil scolaire les étudiants musulmans et les écoles privées. d’Ottawa-Carleton. Enjeux Solutions / Possibilités / Prochaines étapes • Les nouveaux Canadiens connaissent peu le système • Le Centre d’éducation J’Nikira Dinqinesh offre des scolaire d’ici, ne comprennent pas l’importance et les programmes axés sur la réconciliation et le renforcement possibilités de la participation et font face à des de la fierté chez les enfants noirs. Ces programmes barrières langagières, culturelles et économiques qui sont mis de l’avant en collaboration avec les entreprises freinent leur participation aux activités et dans la saine et les différentes institutions. gestion scolaires. • Le Programme d’agents de liaison multiculturelle s’est • Beaucoup plus d’élèves ont besoin de cours d’anglais avéré un succès. langue seconde que ne l’indique l’échelle d’évaluation provinciale. Le financement visant les cours d’anglais • Le Comité d’intervention policière et communautaire langue seconde est insuffisant. Le nombre d’enseignants (CIPC) contribue fortement à faire avancer le d’ALS est insuffisant (112 étudiants pour un seul changement institutionnel. enseignant dans les écoles primaires). Le taux d’abandon • Le LASI – Compétences mondiales, en partenariat avec chez les élèves d’anglais langue seconde se situe entre l’université Queen’s et le Conseil scolaire d’Ottawa- 60 et 70 %. Carleton, offre un programme de transition à l’intention • Les écoles francophones de l’Ontario sont peu outillées des enseignants formés à l’étranger. On prévoit pour accueillir, recevoir et fidéliser leurs élèves éventuellement élargir ce programme. immigrants francophones. Elles disposent d’un budget • Le multiculturalisme dans la collectivité constitue un limité. Elles n’offrent pas d’équivalent au cours d’anglais atout sur lequel les écoles peuvent miser. langue seconde, et peu de programmes de quelque type • Organiser des groupes de pression pour un enseignement que ce soit. accru de l’anglais langue seconde.
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8. Hébergement et sans-abrisme, le 11 mai 2005
Président Enjeux Carl Nicholson, directeur exécutif, Centre catholique pour immigrants • Les logements locatifs, y compris les logements sociaux, Conférenciers ne sont pas abordables pour les gens travaillant au Tim Aubry, Centre de recherche sur les services éducatifs et communautaires, Université d’Ottawa salaire minimum ou adhérant au programme Ontario Anu Bose, Centre 507, Ottawa au travail. Catherine Boucher, Centretown Citizens Corporation • L’attente pour l’obtention d’un logement social varie entre Heng Chau, Maison d’accueil, Centre catholique pour immigrants cinq et huit ans pour les personnes qui ne correspondent Fran Klodawsky, Département de géographie et d’études environnementales, Carleton University pas aux normes provinciales ou municipales en ce qui a Ana Ticas, Aide-logement, Ottawa trait à l’accès au logement social. Commentaires • Il n’y a pas suffisamment de logements abordables pour Russell Mawby, Direction du logement, Ville d’Ottawa les familles nombreuses.
Présentations • L’étude sur les sans-abri à Ottawa a révélé que les femmes nées à l’étranger (les réfugiées comme les Catherine Boucher offre un survol des politiques et du immigrantes) sont beaucoup plus susceptibles que les financement en matière de logement social en Ontario femmes nées au Canada d’être sans-abri. depuis la fin des années 1980 jusqu’à maintenant, ainsi qu’un bref aperçu de la situation actuelle qui prévaut à • Les causes les plus fréquentes du sans-abrisme chez les Ottawa. Fran Klodawsky fait état d’une étude sur les gens nés à l’étranger sont les problèmes financiers et les expériences de 99 sans-abri nés à l’étranger; cette étude conflits familiaux. Dans l’ensemble, les causes du sans- faisait partie d’une autre à plus grande échelle sur les sans- abrisme chez les nouveaux arrivants sont largement abri vivant à Ottawa. Heng Chau décrit la transition que liées aux barrières sociétales. Chez les gens nés au vivent les réfugiés du Canada entre la Maison d’accueil Canada, les causes du sans-abrisme sont davantage gérée par le Centre catholique pour immigrants vers un liées à la maladie, au manque d’instruction ou aux logement permanent. Ana Ticas parle du « sans-abrisme problèmes d’abus d’alcool ou d’autres drogues. relatif » – état provoqué par un hébergement non conforme • Les nouveaux arrivants font face à de nombreuses – et comment celui-ci se répercute sur les nouveaux barrières quand vient le temps de trouver un logement arrivants au Canada. Tim Aubry présente, pour sa part, les et de le garder. Le coût du logement est trop élevé conclusions générales du rapport sur le sans-abrisme à en proportion des revenus, ou encore ils n’ont pas Ottawa, puis Anu Bose se prononce sur le Centre 507, dont d’historique de crédit, ont une famille nombreuse, sont les bénévoles travaillent avec les sans-abri et les gens aux sur une liste d’attente pour un logement subventionné, prises avec des problèmes de santé et d’accoutumance. connaissent des problèmes de communication, de discrimination, comprennent mal leurs droits en matière de logement ainsi que leurs propres droits. • Le marché de l’habitation étant ce qu’il est, certains nouveaux arrivants doivent s’accommoder d’un logement qui ne correspond pas à leurs besoins (trop coûteux, trop petit, en mauvais état). Cela peut avoir des répercussions négatives à long terme sur de nombreux aspects de leur vie : famille, travail, école, santé, estime personnelle et engagement social. • Il n’existe pas d’incitation financière pour la création de logements adaptés aux nouveaux arrivants (par exemple, des logements abordables ou convenant aux familles nombreuses).
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Solutions / Possibilités / Prochaines étapes • Voici quelques annonces politiques récentes : les gouvernements fédéral et ontarien ont signé une entente de partage des coûts concernant le logement abordable; dans le cadre du budget fédéral, une somme de 1,6 milliard de dollars sera injectée dans le logement abordable; la Société canadienne d’hypothèques et de logement a annoncé la mise sur pied d’un programme visant à réduire les coûts de l’assurance hypothèque. • Voici les recommandations de l’étude sur le logement et le sans-abrisme à Ottawa : – Tous les ordres de gouvernement devraient s’attaquer à ces problèmes. – Il faut élaborer des politiques et des programmes ciblés; il est important de reconnaître que certains problèmes se chevauchent. – Il faut reconnaître les avantages que procure la revitalisation du secteur du logement social. – Il faut apporter des améliorations à la gamme de services sociaux et de santé qui répondent aux besoins uniques des nouveaux arrivants. • Le nouveau rapport sur le sans-abrisme donne le ton quant à la situation. Les prochaines éditions de ce rapport permettront de faire un suivi de la question. • La Ville d’Ottawa procédera sous peu à une évaluation de son processus d’établissement des priorités locales en matière de logement social et examinera les indicateurs de priorité, trois ans après sa mise en œuvre. On invite la collectivité à y participer. • La recherche démontre que le logement social constitue un bon investissement social et économique à long terme, bien que le montant de l’investissement initial soit élevé. • Les responsables de l’Initiative multiconfessionnelle sur l’habitation, qui regroupe plusieurs communautés confessionnelles, a acheté une maison grâce à des fonds recueillis au sein de la collectivité. • Les organismes responsables du logement social et d’autres organismes collaborent avec la Ville à l’élaboration du plan officiel (par exemple, changer le règlement de zonage pour permettre la construction d’appartements accessoires). • La Ville d’Ottawa a adopté le logement comme étant l’un des dix principaux ordres du jour de la corporation municipale. Cela est en partie en reconnaissance du fait que les nouveaux arrivants ont une incidence importante sur la Ville et que le logement a de profondes répercussions sur le taux de succès des nouveaux arrivants. • Le budget du gouvernement fédéral consacré au logement est de l’ordre de 1,2 milliard de dollars.
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9. Parcs et loisirs : une composante centrale d’une communauté en santé, le 15 juin 2005
Président Enjeux Carl Nicholson, directeur exécutif, Centre catholique pour immigrants • Les sports et les activités de loisirs ont une incidence sur Conférenciers de nombreux secteurs : le secteur culturel, le secteur Denis Bédard, directeur général, Patro d’Ottawa social ainsi que la santé physique et mentale. Camélia Djama, Association des parents de la communauté djibouto-somalienne d’expression française • La part du budget municipal consacrée aux loisirs Alexandra Samson, artiste-peintre est limitée (8 % des taxes municipales et aucun Adrienne Coddett, enseignante, Woodroffe High School financement provincial ou fédéral), les installations Jean Harvey, Université d’Ottawa sont désuètes et on ne prévoit aucun investissement Christine Dallaire, Université d’Ottawa majeur à court terme. Certains quartiers de la ville ne Commentaires disposent d’aucune installation adaptée à leurs besoins. Aaron Burry, directeur, Parcs et loisirs, Ville d’Ottawa • L’accès aux loisirs ne consiste pas seulement à offrir un large éventail d’activités adaptées aux besoins culturels Présentations des diverses communautés; il s’agit également de veiller Christine Dallaire donne des exemples de la façon dont le à ce que ces communautés participent à la phase de sport et les loisirs contribuent à l’intégration des gens planification ainsi qu’à toutes les phases de la prise dans la société canadienne et les aident à préserver leur de décision, et même au bon fonctionnement des patrimoine culturel. Adrienne Coddett raconte comme elle programmes sur une base quotidienne. a mis sur pied un programme de basketball afin d’offrir • Les frais d’utilisation sont un obstacle. La Ville a mis en des occasions de réseautage et de développement des place un programme d’aide financière, mais la logistique compétences aux joueurs de basketball des écoles demeure difficile pour de nombreux nouveaux arrivants. secondaires afin qu’ils poursuivent leurs études au niveau • La sécurité des installations constitue un enjeu important. collégial ou universitaire. Ce programme est mis à rude épreuve en raison du manque de ressources et • Traditionnellement, les enjeux liés aux loisirs sont d’installations accessibles et convenables. Jean Harvey diversifiés et affectent tous de façon différente des désigne pour sa part trois catégories d’obstacles à groupes relativement restreints. La communauté visée l’inclusion dans le domaine des sports et des loisirs : est apolitique ou non outillée pour prendre la parole l’infrastructure, la structure (la nature des activités, la (comparativement à d’autres groupes d’intérêt). connaissance des programmes, le leadership, la visibilité • La Ville d’Ottawa et le Conseil scolaire d’Ottawa-Carleton culturelle, les préjugés et la langue), et les procédures poursuivent leurs négociations sur l’utilisation mutuelle (soutien social, droits des citoyens, structure des installations, mais les deux se retrouvent dans des organisationnelle, style de gestion). Denis Bédard camps opposés en raison des restrictions budgétaires. explique pour sa part comment le centre communautaire de la Basse ville, le Patro, s’est adapté aux changements sociaux et culturels afin de desservir la collectivité francophone. On y a élargi l’accès à tous les membres de la collectivité et adopté une approche holistique. Le Patro s’associe à bon nombre de programmes et d’organisations et offre des programmes satellites à l’aide de partenaires œuvrant au sein de la collectivité. Camélia Djama est directrice d’un programme qui aide les parents de la communauté djibouto-somalienne à communiquer avec les intervenants du système scolaire et à y participer. Alexandra Samson, elle, travaille dans un centre pour la jeunesse ethnoculturelle du sud d’Ottawa, où il y a peu d’installations de loisirs pour les jeunes. Durant l’été, elle a amené des jeunes en autobus afin d’aller prendre part aux activités offertes au Patro. Aaron Burry s’exprime sur la difficulté d’équilibrer l’utilisation de ressources très limitées; il affirme que la Ville mise davantage sur les installations faciles d’accès, comme les parcs et les plages, au lieu de s’attarder aux sports, alors que son rôle consiste à en faire la promotion.
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Solutions / Possibilités / Prochaines étapes • Le Comité de la santé, des loisirs et des services sociaux à l’hôtel de ville étudie actuellement la motion suivante : « Que le Conseil présente une requête au gouvernement fédéral lui demandant de veiller à ce que l’on admette l’impact des politiques d’immigration sur les services municipaux et communautaires et qu’il en soit tenu compte comme il se doit dans les principes directeurs et l’octroi d’une aide financière et de ressources en ce qui a trait notamment aux services de logement et d’établissement. » • La Ville d’Ottawa projette d’établir des partenariats de capital (partage de coûts, services en nature, divers programmes de subventions) afin de créer de nouvelles infrastructures. • Le Comité consultatif sur les parcs et les loisirs de la Ville d’Ottawa invite les délégations à se pencher sur des questions concernant les politiques, l’utilisation des installations et les mécanismes de subvention. Le Comité tiendra quelques forums publics et la diversité sera l’un des thèmes abordés (l’autre sera le vieillessement de la population). • Le personnel des services municipaux invite les membres de la collectivité à étayer leurs préoccupations et à leur octroyer un ordre de priorité. Il sera ainsi plus facile de Nos diverses cités : les présenter et de s’y attaquer. défis et possibilités • Les réseaux communautaires sont importants parce qu’ils savent se faire entendre et ainsi demander qu’on change Édition spéciale de la Revue canadienne les choses. Les avocats populaires peuvent donner de la force à leurs groupes d’intérêt en définissant le problème de recherche urbaine / Canadian Journal de façon interculturelle – par exemple, l’accès aux of Urban Research groupes de gens à faible revenu. La plus récente édition de la Revue canadienne • La Ville devrait adopter un principe de base sur la de recherche urbaine / Canadian Journal of Urban diversité pour tous les services. Le Comité consultatif Research (vol. 15, no 2, 2006) est le fruit d’une sur l’équité et la diversité devrait tenir compte de ce qui collaboration entre les rédacteurs invités Tom devrait être inclus dans les politiques municipales, en Carter et Marc Vachon (Université de Winnipeg), matière de loisirs notamment. John Biles et Erin Tolley (Équipe du projet • Le programme d’action de la Ville devrait comporter de la Metropolis), et Jim Zamprelli (Société canadienne formation sur la diversité pour l’ensemble du personnel. d’hypothèques et de logement). Cette revue présente une sélection d’articles portant sur la politique, la religion, le logement, les bandes de jeunes, les sports ainsi que les services récréatifs. On y aborde les défis que pose la concentration croissante de groupes religieux, linguistiques, ethniques et raciaux au sein des villes canadiennes, et on y propose des moyens de faciliter le processus d’intégration. Pour obtenir une copie gratuite de la revue, veuillez écrire à [email protected]
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10. Les questions entourant le marché du travail, le 14 septembre 2005
Cette séance a été présentée également par la fondation Enjeux Douglas-Coldwell. • La reconnaissance des titres de compétences étrangers Président continue d’être un problème majeur pour les immigrants Carl Nicholson, directeur exécutif, Centre catholique pour immigrants au Canada. Conférenciers • Le gouvernement fédéral n’a pas atteint les objectifs Glen Bailey, vice-président, Planification et responsabilisation du programme Faire place au changement visant à en matière des ressources humaines, Agence de gestion des ressources humaines de la Fonction publique du Canada embaucher des minorités visibles. Voici certains obstacles Ed Cashman, région de la capitale nationale, particuliers : la citoyenneté, l’habilitation de sécurité et Alliance de la Fonction publique du Canada la politique sur le bilinguisme. Voici d’autres obstacles Philippe Couton, professeur de sociologie, Université d’Ottawa systémiques : la partialité inhérente associée au processus Navin Parekh, président, Training & Development Associates de sélection, l’insensibilité culturelle, les stéréotypes Kelly McGahey, initiatrice de projet, LASI – fondés sur la couleur, la culture, la race et la religion. Compétences mondiales, Ottawa Jeff Byrne, Dotation et relations avec les clients, Ville d’Ottawa • La Ville d’Ottawa n’a pas été en mode de recrutement depuis sa fusion. Commentaires Khaddouj Souaid, consultant principal, Goss Gilroy Inc. Solutions / Possibilités / Prochaines étapes Présentations • Recommandations du rapport de la Commission canadienne de mise en valeur de la main-d’œuvre : Philippe Couton affirme que l’immigration favorisait – Le Canada devrait élaborer une approche nationale l’arrivée d’un grand nombre de personnes très instruites et concertée, qui regrouperait toutes les initiatives a mis l’accent sur l’aspect économique de l’immigration. appuyées par les gouvernements et les organisations On accorde souvent une grande importance aux aspects non gouvernementales. sociaux. Quant à lui, Navin Parekh se prononce sur le rapport de 1999 de la Commission canadienne de mise en – Il faudrait mettre en place un organisme fédéral de valeur de la main-d’œuvre; Reaching our full potential: coordination. Prior learning assessment and recognition for foreign- – Il faudrait procéder à des évaluations des titres de trained Canadians et notamment, sur la première compétences avant que l’immigration ait lieu; offrir, recommandation, qui visait l’élaboration d’une approche à plus grande échelle, de la consultation en matière nationale coordonnée liée à cette question. Glen Bailey d’emploi après l’immigration tout en assurant un parle de l’approche de la fonction publique fédérale vis- accès facile et rapide à la formation en matière de à-vis l’équité en matière d’emploi. Ed Cashman fait état réorientation. d’obstacles particuliers à l’embauche des minorités et des – Les employeurs devraient avoir recours à un nouveaux arrivants dans la fonction publique fédérale. formulaire d’évaluation et de reconnaissance des Kelly KcGahey se penche sur la façon dont LASI – acquis plus élaboré qui comprendrait l’expérience de Compétences mondiales aide les immigrants à saisir les travail et la formation scolaire et ceux-ci devraient occasions professionnelles liées à leurs titres et qualités, offrir davantage de formation et de stages. de même que sur le travail accompli par Compétences mondiales pour faire participer les employeurs. • Un comité de sous-ministres a été mis sur pied afin de Finalement, Jeff Byrne parle de la composition de la se pencher sur l’équité en matière d’emploi. population active de la Ville d’Ottawa et des tendances • Les organismes et ministères fédéraux devraient inclure récentes en matière d’embauche. les questions portant sur la diversité dans leurs plans d’activités. • LASI – Compétences mondiales tente de sensibiliser les établissements scolaires, les organismes réglementaires, les administrations municipales ainsi que les gouvernementaux provinciaux et fédéral et aimerait faire campagne auprès des employés ainsi que du grand public. • Les besoins actuels de la Ville d’Ottawa en matière de recrutement se situent au niveau des infirmières, des travailleurs du secteur de l’hygiène publique, des travailleurs des TI, des planificateurs, des inspecteurs en bâtiments, des libraires et des mécaniciens.
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Recommandations émanant du forum • Les employeurs doivent officialiser leur processus Ottawa : Notre diverse cité d’évaluation et de reconnaissance des acquis pour les Le présent forum a donné lieu à des recommandations nouveaux arrivants afin de tenir compte des antécédents particulières dans trois secteurs. professionnels et scolaires. • Depuis l’abolition de la Commission canadienne de mise La Ville d’Ottawa en valeur de la main-d’œuvre, un vide s’est installé sur le • Une enquête en milieu de travail auprès des minorités plan de la reconnaissance des titres de compétences visibles devrait être menée sous à Ottawa, laquelle étrangers. Il est nécessaire d’avoir un organisme national permettrait de fixer des objectifs et des échéanciers – par exemple le Conseil ethnoculturel du Canada, le réels pour l’augmentation du nombre de minorités au Conseil national sur le développement de la main- sein de la corporation municipale, afin que la Ville soit d’œuvre des minorités visibles, ou encore l’Association un reflet des citoyens qu’elle dessert et des contribuables canadienne pour la reconnaissance des acquis – qui se qui paient les factures. chargera d’accorder une priorité élevée à cette question et • L’approche adoptée par le Service de police d’Ottawa d’entreprendre une campagne vigoureuse. devrait être reprise dans d’autres secteurs de Équité fédérale en matière d’emploi l’administration municipale. • Grandement améliorer le programme d’équité en matière • La relation professionnelle entre Compétences mondiales d’emploi afin de respecter les engagements de Faire place et la Ville d’Ottawa devrait être plus étroite afin d’aider au changement dans un avenir prochain, autant en ce les nouveaux arrivants à obtenir de l’aide et un emploi. qui a trait à l’embauche d’un plus grand nombre de • La Ville d’Ottawa, tout comme les employeurs, les autres minorités visibles qu’à la nomination de celles-ci à des ordres de gouvernement, les syndicats et les autres postes de gestionnaires et de cadres supérieurs. agences commerciales et sociales, devrait envisager • Le gouvernement fédéral devrait accorder une plus de mettre sur pied à Ottawa un modèle semblable au grande attention aux préoccupations que vivent les Toronto Regional Immigrant Employment Council, de minorités faisant face à de la discrimination dans leur sorte que les intervenants dans la région soient à même milieu de travail. de collaborer de façon plus ciblée afin de réduire le taux de chômage et le sous-emploi chez les immigrants • Procéder à un examen de l’exigence selon laquelle tous et les minorités visibles. les postulants au gouvernement fédéral doivent avoir obtenu la citoyenneté canadienne. Reconnaissance des titres de compétences étrangers • Soulever la question de l’équité en matière d’emploi avec • Adopter une approche nationale relativement à les représentants du gouvernement et les candidats lors la reconnaissance des titres de compétences de la prochaine élection générale. étrangers, laquelle comprendrait la participation des gouvernements provinciaux et fédéral, ainsi que des organismes de réglementation professionnelle de chacune des professions. • Miser sur les programmes de partenariat avec des organismes tels que Compétences mondiales et Centraide pour la reconnaissance des titres de compétences étrangers et la prestation de programmes de transition pour les nouveaux arrivants, afin qu’ils obtiennent une reconnaissance en bonne et due forme et qu’ils comblent leurs lacunes sur le plan des compétences.
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11. La culture dans une société diversifiée, le 25 octobre 2006
Présidente Enjeux Eileen Sarkar, École d’études politiques, Université d’Ottawa • La culture contribue fortement à ce que les gens se Conférenciers sentent partie intégrante de l’identité canadienne. Monica Gattinger, École d’études politiques, Université d’Ottawa • Ottawa occupe le dernier rang quant au financement Sharon Fernandez, consultante, ancienne coordonnatrice, par personne dans les domaines des arts et de la culture Bureau de l’équité du Conseil des Arts du Canada au sein du Canada. La Ville reçoit jusqu’à cinq fois plus Evalt Lemours, Le Groupe ADEP (Anti-Délinquance En Poésie) de demandes que ce à quoi elle peut répondre. Colleen Hendrick, directrice, Services culturels • Ottawa doit vivre avec le paradoxe du titre de capitale et financement communautaire, Ville d’Ottawa nationale. La Ville bénéficie des institutions culturelles C. Lloyd Stanford, président, Third World Players, Le Groupe Stanford Inc. fédérales qui y ont pignon sur rue, mais d’un autre côté, Barbara Clubb, bibliothécaire et PDG, cela amène l’administration municipale à accorder moins Bibliothèque publique d’Ottawa d’importance au budget et aux politiques en matière de culture. Présentations • La croissance démographique récente à Ottawa a été Barbara Clubb explique de quelle façon la Bibliothèque très diversifiée. La Ville d’Ottawa doit appuyer, non sans publique d’Ottawa incite et encourage les nouveaux peine, les démarches culturelles des divers groupes. arrivants à s’intégrer à la société canadienne et à • Le système scolaire ne s’est pas adapté aux besoins de poursuivre leur quête de la citoyenneté canadienne. De son la minorité francophone et de la jeunesse immigrante et côté, Sharon Fernandez affirme que la culture contribue de ses parents. Il existe un manque sur le plan des fortement à ce que les gens se sentent « intégrés » à la programmes adaptés à ceux-ci. Les parents des société canadienne. Monica Gattinger se prononce sur nouveaux arrivants ne comprennent pas le système l’importance de la participation aux activités culturelles scolaire et se sentent rapidement dépassés. afin de créer une compréhension culturelle et un capital social tout en maintenant une diversité culturelle. Evalt • Le financement de la culture laisse parfois de côté la Lemours explique comment et pourquoi son groupe a culture avec un « petit c » (p. ex., le folklore) ainsi que recours à la poésie pour endiguer la délinquance chez les les artistes qui sont considérés comme étant « amateurs » jeunes. Colleen Hendrick offre un aperçu de l’aménagement parce qu’ils n’arrivent pas à vivre uniquement de leur art. urbain et explique que la diversité fait partie des six priorités clés de la Ville. Elle explique que le rôle de son service est lié aux services culturels et au financement communautaire et nous fait part de certaines des initiatives actuellement à l’étude. Enfin, C. Lloyd Stanford explique l’importance du lien entre les politiques culturelles et socioéconomiques dans une société multiculturelle.
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Solutions / Possibilités / Prochaines étapes • La bibliothèque sait qu’elle doit adapter ses services, particulièrement pour les nouveaux arrivants. La bibliothèque mène actuellement des consultations afin d’élaborer un plan à long terme et demande la participation du public. • Des données sont disponibles sur les artistes faisant partie des minorités visibles au Canada. Les minorités visibles sont également des consommateurs de la culture. • Les jeunes peuvent prendre part aux activités culturelles sans se sentir menacés ou jugés. Il s’agit d’un bon outil pour combattre la frustration et l’exclusion. • La Ville collabore à bon nombre d’initiatives et de stratégies avec les partenaires de la collectivité, y compris : une stratégie d’investissement dans les arts, du nouveau financement (avec une discussion sur les lacunes et les priorités qui devraient être mises au premier plan), un portail du patrimoine (virtuel en premier lieu et physique, par la suite). • Pour ceux qui souhaitent travailler au sein de la Ville : il existe le Comité consultatif sur les arts, le patrimoine et la culture; les gens peuvent postuler pour siéger au jury de sélection; il sera possible de consulter le plan d’investissement dans les arts accessible sur le site Web de la Ville d’Ottawa et une rétroaction du public sera la bienvenue. • La culture est un investissement, elle contribue à attirer les touristes à Ottawa. • C’est le pays en entier qui tirerait profit de l’enrichissement de la culture à Ottawa et c’est la raison pour laquelle les gouvernements provinciaux et fédéral doivent réfléchir attentivement à cet enjeu. • Voici un exemple d’une stratégie proactive visant à financer diverses activités culturelles : créer une base de données d’artistes. • La Ville a entamé un recensement sur la main- d’œuvre et prévoit élaborer une stratégie d’équité en matière d’emploi. • Le développement des capacités – les partenariats, par exemple – constitue une stratégie de rechange au financement gouvernemental. • Les données et les ressources concernant le financement culturel en tant qu’investissement sont disponibles pour appuyer les efforts de lobbying. • Ëtre organisé, s’exprimer et former des coalitions constituent des moyens efficaces de favoriser le changement.
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12. Transport en commun et taxis, le 8 novembre 2006
Président Enjeux Carl Nicholson, directeur exécutif, Centre catholique pour immigrants • La recherche démontre que les récents immigrants représentent, et continueront de représenter, une bonne Conférenciers clientèle pour le transport public. Brian Ray, Département de géographie, Université d’Ottawa Andrew Heisz, Division de l’analyse des entreprises • La signalisation et l’information chez OC Transpo sont et du marché du travail, Statistique Canada parfois déficientes (les usagers se trompent de stations, Suzanne Doerge, Initiative : une ville pour toutes prennent les téléphones de ronde pour des téléphones les femmes (IVTF) publics, ne connaissent pas le programme de liaison Valerie Collicott, Initiatives des femmes pour la entre les taxis). sécurité environnementale (IFSE) Brigitte Bitar, spécialiste, relations avec la clientèle, • La langue est parfois un obstacle à la sécurité. Les Transports en commun, Ville d’Ottawa attitudes culturelles envers l’autorité peuvent également Linda Anderson, Direction des services des règlements municipaux, avoir des répercussions sur le sentiment de sécurité d’une Ville d’Ottawa personne. Lorsque les femmes immigrantes ne se sentent Hanif Patni, président et PDG, Coventry Connections Inc. pas en sécurité ou en confiance, elles restent à la maison. Cela a une incidence sur leur intégration au sein de la Présentations société canadienne. Andrew Heisz présente les conclusions de sa recherche. • L’augmentation des coûts de transport en commun Celles-ci révèlent que les immigrants qui sont arrivés au affecte les familles à faible revenu, souvent représentées Canada au cours des dix dernières années sont plus par les immigrants, et plus particulièrement les familles susceptibles d’utiliser les transports publics pour se rendre plus nombreuses. au travail que les immigrants de plus longue date ou les Canadiens nés ici. Il discute des répercussions de cette • Les chauffeurs d’OC Transpo ne sont pas représentatifs tendance sur les villes. Brian Ray souligne certaines de la collectivité des usagers. différences dans les habitudes d’utilisation du transport Solutions / Possibilités / Prochaines étapes public et privé des nouveaux arrivants de sexe masculin et féminin, ainsi que l’importance du transport pour le • L’IFSE demande une plus grande participation de la sentiment d’appartenance d’une personne envers sa société. collectivité pour la tenue des prochaines évaluations en Brigitte Bitar se penche sur les communications et la matière de sécurité. diffusion de OC Transpo en relation avec une ville • La population d’Ottawa grandit et l’infrastructure diversifiée, alors que Hanif Patni affirme que les chauffeurs de base devient de plus en plus limitée, ce qui incite dans son entreprise sont des Canadiens de première la Ville à procéder à une intégration transparente des génération à 99 % et représentent de nombreux pays, transports publics – autobus, taxis et rails légers. origines ethnoculturelles et religions. Linda Anderson • OC Transpo planifie la mise en application d’une carte explique que la Ville considère les taxis comme faisant d’abonnement d’autobus « familiale » (d’ici 2009), un partie intégrante du transport public. Depuis la fusion, laissez-passer autorisant le détenteur à effectuer un les règlements sur les taxis ont été harmonisés et sont certain nombre de trajets, ainsi qu’un système de davantage axés sur les services à la clientèle et la sécurité récompense. L’information qui se trouve sur le site Valerie Collicott s’exprime sur les conclusions de Internet de OC Transpo sera bientôt multilingue et l’évaluation de la sécurité de 30 terminus d’OC Transpo un plus grand nombre de présentations de l’entreprise effectuée par l’IFSE (éclairage, signalisation, services seront en format langue seconde. d’urgence et endroits de congestion), et a cerné les enjeux • L’outil de l’organisme Une ville pour toutes les particuliers auxquels font face les femmes immigrantes. femmes (IVTF) peut être utilisé comme une optique Suzanne Doerge explique aux participants que l’outil d’analyse de l’équité pour de nombreux groupes, dont d’équité de genre à l’IVTF est compilé avec celui de la Ville les minorités visibles et les familles à faible revenu. d’Ottawa et est actuellement soumis à une évaluation aux fins d’une possible utilisation dans le plan directeur. Le guide peut être utilisé pour évaluer l’inclusivité à chacune des étapes de la planification.
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13. Maintien de l’ordre et justice, le 24 janvier 2007
Président Enjeux Carl Nicholson, coprésident du CIPC et directeur exécutif, Centre catholique pour immigrants • Il existe un écart important entre les points de vue des policiers et de la collectivité quant à l’existence Conférenciers du profilage racial. Les membres de la collectivité Scot Wortley, Centre de criminologie, University of Toronto reconnaissent les attitudes et les comportements racistes Vic Satzewich, Département de sociologie, McMaster University des policiers. Les policiers font fi des constatations de la Larry Hill, chef adjoint, Service de police d’Ottawa recherche pour diverses raisons et affirment faire du Claude-Xavier Pierre, vice-coprésident, profilage psychologique – non du profilage racial – ce Comité d’intervention policière et communautaire qui constitue une partie essentielle de leur travail. Karl Nickner, directeur exécutif, Canadian Council • Le profilage affecte principalement sur les jeunes et, à on American Islamic Relations (CRAI-CAN) travers eux, le Canada de demain. Katral-Nada Hassan, membre de la collectivité musulmane • Les collectivités arabes et musulmanes se sont senties Présentations stigmatisées et aliénées par les mesures de sécurité et Scot Wortley brosse un portrait de la recherche qui a été certaines tactiques adoptées par les responsables de la effectuée sur le profilage dans le milieu de la police en sécurité depuis le 11 septembre 2001. Ontario au cours des quinze dernières années. Vic • La formation est essentielle, mais il y a quand même Satzewich donne son point de vue sur la recherche des limites à ce que peuvent faire les ateliers de effectuée sur les services de police de Hamilton, notamment formation. Les besoins en formation doivent être sur le point de vue des dirigeants et du personnel en ce renforcés par les mesures de responsabilité de la qui concerne le débat entourant le profilage racial. Claude- police (évaluation de la formation, examens de Xavier Pierre affirme que le problème du profilage racial rendement liés à des promotions, etc.). est la responsabilité de tous et que nous devons aborder • Il y a passablement de données émanant des entrevues ce problème de façon collective. Katral-Nada Hassan et des groupes de discussion sur le profilage et la s’exprime sur des approches globales que devrait adopter le partialité. Soit les données numériques ne sont pas système de justice afin de composer avec la collectivité recueillies par les policiers ou le système de justice, soit arabe et musulmane et aussi mieux comprendre ses elles ne sont pas rendues publiques par les chercheurs. difficultés. Karl Nickner, de son côté, cité des conclusions • Certaines communautés immigrantes ou minorités de l’enquête menée par le CRAI-CAN sur les pratiques du visibles sont mal desservies, soit en raison de la peur, personnel de sécurité lorsqu’il entre en contact avec les soit en raison du manque de confiance – pensons par membres de la communauté musulmane. Larry Hill affirme exemple aux femmes victimes de violence. que beaucoup de policiers pratiquent la partialité raciale. Les services de police d’Ottawa s’engagent à tout mettre en • Si les problèmes sont racialisés et considérés comme le œuvre pour faire preuve d’impartialité, et ce, avec l’aide de pendant d’un certain groupe, il s’agit alors d’une forme la collectivité. de racisme.
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Solutions / Possibilités / Prochaines étapes • Pour que les communications soient efficaces, il faut savoir à qui l’on parle et comprendre également qu’il existe divers points de vue. Cela peut d’ailleurs exiger de la formation ou la transmission des valeurs culturelles. • Le CIPC est un modèle à suivre en ce qui concerne le changement institutionnel. • Le CIPC et la Commission des services policiers d’Ottawa s’engagent à prendre en compte les préoccupations de la collectivité et à assurer un suivi. • Les membres de la collectivité qui souhaitent un changement doivent prendre les choses en main et agir en leaders. • Le service de police d’Ottawa a récemment complété une enquête en milieu de travail – une première pour un service de police au Canada. Le taux de participation était élevé (74 %). Les résultats seront utilisés aux fins de la planification du service de police d’Ottawa. Cette enquête sera répétée de façon périodique afin que l’on assure un suivi des résultats des initiatives en vue d’accroître la diversité, comme le recrutement ciblé. • Le CIPC encourage le service de police d’Ottawa à employer des méthodes de rechange pour la gestion des plaintes. Ces mesures ne sont pas accusatoires et contribuent à tisser des liens entre le milieu policier et la collectivité. • Le choix d’un nouveau chef de police pour la Ville d’Ottawa peut constituer une excellente occasion d’établir de meilleurs liens avec les collectivités minoritaires.
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Le département de géographie de la University of Guelph est l’hôte d’un groupe de chercheurs qui étudient les questions liées à l’immigration ailleurs que dans les villes-carrefours traditionnelles. Sous la direction de Harald Bauder, les étudiants diplômés organisent des séminaires axés sur ces enjeux. Cet article donne un bref aperçu du contenu de la troisième édition du séminaire intitulé Immigration Series, tenu à la University of Guelph le 8 septembre 2006. Le rôle des villes secondaires Compte rendu du séminaire Immigration Series*
TOM LUSIS University of Guelph
Le département de géographie de la University of même que des étudiants de différentes universités Guelph organise depuis trois ans un séminaire ont notamment pris part au séminaire. traitant des questions d’immigration qui se posent à l’extérieur des villes-carrefours qui Aperçu des présentations servent habituellement de porte d’entrée à La formule des présentations de cette année l’immigration. La dernière édition du séminaire, traduisait les objectifs du séminaire. Parmi les organisé par le Centre d’excellence conjoint pour conférenciers se trouvaient des immigrants la recherche en immigration et en intégration habitant dans des villes de taille moyenne, des (CERIS), s’est tenue le 8 septembre 2006. Le universitaires et des représentants d’organismes présent rapport contient une brève description de soutien aux immigrants. Après le mot des communications présentées dans le cadre d’ouverture de Harald Bauder, le séminaire a du séminaire et résume quelques-uns des sujets débuté par deux présentations dans le cadre abordés à la table ronde qui a suivi. desquelles des personnes sont venues partager Le séminaire de 2006 s’intitulait Immigration quelques-unes de leurs expériences personnelles Series at the University of Guelph: The Role of en tant que résidant d’un petit centre urbain. Secondary Cities. Les thèmes abordés étaient axés Victoria Szucs habite et travaille à Guelph et fait sur les obstacles sociaux et économiques auxquels partie du Foreign-Trained Doctors Study Group, se heurtent les immigrants dans les villes de taille un groupe de d’immigrants formés en médecine moyenne et le rôle que jouent les établissements à l’étranger, qui se réunissent sur une base de soutien à cet égard. Parmi les objectifs du régulière au centre multiculturel de Guelph afin séminaire, mentionnons les suivants : permettre de se préparer au processus de reconnaissance aux personnes et aux organisations qui professionnelle. Mme Szucs, qui était médecin en travaillent directement avec le public dans des Yougoslavie mais qui ne peut pratiquer en villes de taille moyenne de se réunir pour faire Ontario, a décrit certaines des épreuves que part de leurs opinions et commentaires sur les doivent affronter les immigrants de première questions actuelles en matière d’immigration, et génération au Canada, ainsi que les difficultés présenter certaines des recherches universitaires rencontrées par des professionnels formés à récentes et en cours sur l’immigration hors l’étranger qui tentent de passer à travers le des grands centres. Des représentants de Citoyenneté et Immigration Canada, du * Nous tenons à remercier le Centre d’excellence conjoint pour ministère du Développement économique et la recherche en immigration et en intégration (CERIS), grâce du Commerce, des administrations municipales, auquel ce séminaire a été organisé. Nous remercions également des organisations non gouvernementales, des tous les participants au séminaire, auxquels nous devons centres multiculturels, des collèges locaux, de cette réussite.
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processus de reconnaissance professionnelle. immigrants des villes de taille moyenne avec Elle a expliqué, par exemple, que les immigrants les collectivités ethniques de Toronto, ville désirant obtenir un emploi devaient passer le d’entrée principale de ceux et celles qui TOEFL (Test of English as a Foreign Language) immigrent au Canada. tous les deux ans, ce qui devient avec le temps La seconde communication de cette section un fardeau financier, les immigrants devant du séminaire, donnée au nom d’Éric Quimper et débourser chaque fois qu’ils passent l’examen, de Michèle Vatz Laaroussi de l’Observatoire même s’ils ont déjà démontré leurs connaissances canadien de l’immigration dans les zones à faible linguistiques. Le deuxième conférencier était densité d’immigrants, a donné un aperçu du Edward Akinwunmi, un entrepreneur résidant projet intitulé Les municipalités et la gestion de actuellement à St. Catharines à qui l’on doit le la diversité ethnique, religieuse et culturelle en premier journal de la région du Niagara consacré milieu urbain et rural : analyse de la recherche au multiculturalisme, le Mosaic Edition. au Nouveau-Brunswick, en Saskatchewan et au M. Akinwunmi a parlé des avantages éventuels Québec. Ce projet, mené conjointement par des que représentent les collectivités de taille chercheurs de l’Université de Sherbrooke, de moyenne pour les entrepreneurs immigrants. Au l’Université de Moncton, de la University of lieu de s’établir à Toronto, il a décidé de migrer Saskatchewan et de l’Université Laval, vise à vers St. Catharines, car il croyait que ses analyser les politiques de gestion de la diversité possibilités d’affaires seraient meilleures dans ethnique, religieuse et culturelle de nombreuses une ville de taille moyenne. M. Akinwunmi municipalités rurales et urbaines. En utilisant estimait qu’à Toronto, le Mosaic Edition ne comme exemple la Politique d’accueil et serait qu’une parmi tant d’autres entreprises d’intégration des immigrants de la Ville de ethniques et qu’il se perdrait dans la masse. En Sherbrooke, la communication a donné un revanche, dans la région du Niagara, le Mosaic aperçu du type d’obstacles auxquels sont Edition est maintenant distribué dans de confrontés de telles politiques dans l’atteinte nombreuses boutiques et dans les bibliothèques. de leurs objectifs, c’est-à-dire de faire en L’auteur du présent article a présenté deux sorte que les nouveaux arrivants aient accès communications. La première, intitulée « Études à tous les services et au marché du travail. sur l’immigration dans les villes de deuxième La communication s’est terminée sur quelques importance : programme de recherche », a mis suggestions quant aux révisions qui pourraient l’accent sur certains des projets de recherche être apportées à la politique municipale pour effectués présentement à la University of Guelph. faciliter l’atteinte des objectifs énoncés. Cette communication donnait un aperçu du Après une pause dont plusieurs participants projet financé par le CERIS, intitulé Les réseaux ont profité pour nouer des liens, une troisième locaux, régionaux et transnationaux, ainsi que série de communications a été donnée par des l’intégration et la dispersion des immigrants représentants de divers organismes de soutien philippins, mené en collaboration avec la aux immigrants de villes de taille moyenne. La University of Guelph. Margaret Walton-Roberts première conférencière était Tanya Bouchard de la Wilfrid Laurier University, le Guelph du Canadian Access for International Multicultural Centre, le New Canadian Professions and Skilled Trades. Cette agence de Program et le Welland Heritage Council and placement du Welland Heritage Council and Multicultural Centre. Il repose sur une étude Multicultural Centre1 offre de nombreux empirique portant sur les communautés services aux nouveaux arrivants, notamment immigrantes de trois villes de taille moyenne de l’aide à l’établissement, de la formation situées dans le sud de l’Ontario. Les sites de professionnelle et des conseils juridiques. Sa recherche visés sont Guelph, Kitchener-Waterloo présentation a mis en évidence certains des et Welland et les objectifs comprennent la problèmes de financement rencontrés par les consignation des expériences socioéconomiques organismes de soutien œuvrant à l’extérieur vécues par les immigrants philippins dans ces des grands centres urbains. Par exemple, l’une collectivités, et un examen de la façon dont les des principales difficultés réside dans le fait réseaux d’immigrants établissent des relations que les besoins des villes secondaires sont aux échelles locale, régionale et internationale. différents de ceux des grands centres, mais le Ce projet sera également axé sur les types de relations qu’entretiennent les groupes 1 www.wellandheritagecouncil.com.
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Plusieurs des obstacles que doivent surmonter les immigrants sur le marché du travail ne sont pas inhérents aux villes de taille moyenne; dans les grands centres urbains, les nouveaux arrivants font face aux mêmes difficultés [...] le processus ardu de reconnaissance professionnelle et le manque d’expérience de travail canadienne sont des sources communes de frustration pour l’ensemble des immigrants professionnels, où qu’ils soient établis.
financement repose néanmoins sur une analyse principalement sur certains des obstacles comparative. Par conséquent, les organismes rencontrés par les nouveaux arrivants dans de plus petite taille ne reçoivent pas le cette ville. L’importance des connaissances financement adéquat pour répondre à tous les linguistiques était également digne de besoins des nouveaux arrivants. Mme Bouchard mention puisque la maîtrise insuffisante a également mentionné que de nombreux d’une langue officielle est l’une des raisons obstacles à l’emploi rencontrés par les les plus fréquemment citées par les employeurs immigrants des villes de taille moyenne sont de Guelph pour ne pas embaucher des semblables à ceux rencontrés dans les grands personnes immigrantes. centres urbains. Par conséquent, les nouveaux Une fois cette section du séminaire terminée, arrivants de la région de Niagara ont souvent une table ronde a eu lieu où les participants ont exprimé de la frustration, car ils sont incapables eu l’occasion de discuter de certaines des de trouver un emploi dans leur domaine questions abordées préalablement. Les membres en raison de différents problèmes, notamment de l’auditoire en ont profité pour poser des leur manque « d’expérience canadienne ». La questions, faire part de leurs commentaires sur communication suivante a été donnée par certaines des communications et relater leurs Djurdjica Halgasev du Guelph and District propres expériences. Un débat intéressant au Multicultural Centre2 qui a exposé plus en détail cours duquel de nouvelles questions ont été certains des obstacles sociaux et économiques soulevées a ensuite eu lieu, ce qui a permis auxquels sont confrontés les professionnels d’ouvrir la voie à des enquêtes et à des analyses immigrants dans les collectivités de taille plus approfondies. moyenne. Citant les médecins immigrants comme exemple, elle a présenté les coûts Synthèse des débats prohibitifs liés au processus de reconnaissance Dans le contexte de l’établissement et de professionnelle et a montré comment la l’intégration des immigrants dans les villes de charge financière que représentent ces examens taille moyenne, les présentations et la table ronde entrave les initiatives de nombreux professionnels ont soulevé les trois points majeurs : immigrants. La dernière communication a été • Plusieurs des obstacles que doivent surmonter donnée par Brian Wiley des Lutherwood Adult les immigrants sur le marché du travail ne sont Employment Services3, organisme de Guelph pas inhérents aux villes de taille moyenne; qui offre une aide à l’emploi aux immigrants, dans les grands centres urbains, les nouveaux notamment des services de soutien aux arrivants font face aux mêmes difficultés. Par personnes ne possédant aucune expérience exemple, le processus ardu de reconnaissance de travail au Canada ou aucune formation professionnelle et le manque d’expérience professionnelle ou linguistique. L’organisme se de travail canadienne sont des sources charge de les mettre directement en contact communes de frustration pour l’ensemble avec des employeurs qui recrutent du nouveau personnel. Cette communication, intitulée des immigrants professionnels, où qu’ils « Obstacles à la recherche d’emploi pour les soient établis. La principale différence réside immigrants des villes secondaires », a donné dans le fait que ces obstacles sont souvent un bref aperçu de l’intégration au marché du plus prononcés dans les villes de taille travail des immigrants à Guelph et portait moyenne, car de nombreux services liés au processus de reconnaissance professionnelle ne sont offerts que dans les grandes villes. 2 www.gdmc.org. Ainsi, comme l’a fait remarquer Tanya 3 http://aes.Lutherwood.ca.
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Bouchard dans sa communication, les grands au marché du travail et ce, de deux manières; centres urbains offrent généralement plus d’abord, le temps excessif requis pour de possibilités en matière de formation les déplacements peuvent restreindre les et de perfectionnement professionel. En possibilités d’emploi, ensuite l’accès aux outre, plusieurs des examens que font passer services liés à l’emploi, comme la formation les associations professionnelles sont donnés professionnelle, s’en trouve également dans les grandes villes, les immigrants se restreint. De ce point de vue, il semblerait voient donc souvent obligés de parcourir des que si les villes de taille moyenne veulent distances considérables pour y participer. Ce devenir plus accueillantes envers les type de contrainte géographique ajoute des immigrants, les administrations municipales dépenses supplémentaires à des ressources doivent améliorer la prestation des services souvent restreintes. L’accès limité à certains actuels afin que les nouveaux arrivants puissent services comme des cours d’anglais langue facilement avoir accès aux emplois et aux seconde (ALS) constitue un obstacle organismes chargés de les aider à s’intégrer semblable. Brian Wiley a montré que dans à la collectivité. plusieurs villes de plus petite taille, les cours • Certains obstacles sont inhérents aux villes d’ALS ne sont offerts que jusqu’au septième de taille moyenne; pensons notamment à niveau d’instruction. Bien que cette la difficulté qu’éprouvent les nouveaux formation soit suffisante pour occuper la arrivants à se faire accepter au sein de majorité des emplois, les postes de cadre la collectivité. L’un des participants à la exigent habituellement une formation propre discussion a fait remarquer que les au secteur en question ainsi que d’avoir immigrants sont parfois perçus comme des atteint le dixième niveau d’instruction en rivaux sur le marché du travail local et, de ce ALS. Ce niveau de formation n’est pas fait, comme une menace dans les collectivités facilement accessible dans les petites plus petites. De tels sentiments sont accentués villes, ce qui oblige les immigrants à se dans les régions en difficulté sur le plan déplacer vers les grands centres pour y économique qui sont touchées par la suivre les cours nécessaires. Là encore, migration des jeunes. Ainsi, les résidants cette situation est synonyme d’obstacles de ces régions ont vu leurs enfants partir considérables en temps et en argent pour les pour trouver un emploi ailleurs, et on nouveaux arrivants. attend maintenant d’eux qu’ils se montrent • Bien que les immigrants des villes de taille accueillants envers les nouveaux arrivants. Il moyenne et des grands centres sont souvent faut également mentionner que des obstacles confrontés aux mêmes obstacles, leur capacité semblables existent au sein de la communauté à les surmonter repose en bonne partie immigrante. Par exemple, selon Chyang Wen, sur l’infrastructure à laquelle ils ont accès, du ministère du Développement économique notamment à la présence d’organismes et de et du Commerce, l’une des raisons qui programmes de soutien. On a souligné lors empêchent l’expansion du programme de la discussion le fait que de nombreuses d’immigration des gens d’affaires hors des villes de taille moyenne ne disposent grands centres est le manque d’hospitalité pas de l’infrastructure nécessaire pour perçu envers les ethnies. Même si les petits faciliter l’établissement des immigrants. Les centres urbains pourraient intéresser les conférenciers de Guelph et de la région du investisseurs, ces derniers n’ont pas été en Niagara ont fait remarquer qu’il était nécessaire mesure d’établir des liens avec une population de mettre en place un réseau de transport en ethnique dans une ville de taille moyenne et commun fiable dans ces régions. Plusieurs se sentent plus à l’aise dans les villes- nouveaux arrivants n’ont pas les moyens carrefours. Par conséquent, il importe de jeter financiers de posséder une voiture et dépendent un pont entre les nouveaux arrivants et les du transport en commun pour se déplacer. En communautés ethniques existantes si les villes l’absence d’un réseau de transport en commun de taille moyenne souhaitent attirer et retenir toutefois, il est très difficile pour les immigrants les nouveaux immigrants. Ces problèmes de se déplacer dans la ville. Ceci peut constituer illustrent la complexité des obstacles à un obstacle taille à l’intégration des immigrants l’intégration sociale et économique des
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nouveaux arrivants dans les villes de taille agences et les organismes au service des moyenne auxquels se heurtent la population immigrants puissent exprimer leurs préoccupations locale de même que les communautés au sujet des enjeux associés à l’immigration, immigrantes existantes. Toutes les parties tout en présentant les plus récentes recherches devront donc conjuguer leurs efforts afin que universitaires menées sur le sujet. Par ailleurs, les collectivités secondaires deviennent, pour nous espérons que les immigrants continueront à les nouveaux arrivants, de bonnes solutions participer à ces séminaires et à partager avec nous de rechange aux grands centres urbains. leurs récits de sorte que nous puissions tous apprendre de leur expérience dans des villes de Conclusion taille moyenne. Depuis la première série de séminaires il y a trois ans, le taux de participation et l’intérêt À propos de l’auteur ne cessent d’augmenter chez les personnes TOM LUSIS est un étudiant au doctorat en géographie préoccupées par les questions liées à l’immigration à la University of Guelph. Ses recherches portent à l’extérieur des villes-carrefours. Nous espérons principalement sur les activités transnationales de que cette tendance se maintiendra et nous avons la communauté philippino-canadienne de Toronto l’intention d’offrir une tribune pour que les et des villes ontariennes de taille moyenne.
Reconnaissance des titres de compétence acquis à l’étranger
Directrice invitée : Lesleyanne Hawthorne (University of Melboune)
Le dernier numéro de la revue Thèmes canadiens (printemps 2007) invite le lecteur à jeter un regard neuf sur le débat relatif à la reconnaissance des titres de compétence acquis à l’étranger. Les quelque 35 articles de ce numéro, précédés d’une introduction de Lesleyanne Hawthorne (University of Melbourne), brossent un tableau exhaustif des enjeux liés à la reconnaissance des acquis et proposent un éventail de stratégies canadiennes visant à résoudre cette question.
Les auteurs discutent notamment des normes établies par les organismes de réglementation, de la « légitimité » du processus de reconnaissance des acquis, de la prévalence des préjudices et du protectionnisme professionnel, des stratégies de reconnaissance des acquis au Canada et à l’étranger, des façons de faciliter les évaluations professionnelles, des modalités d’accréditation des immigrants, des programmes de perfectionnement et de transition, et de la contribution économique, sociale et culturelle qu’ils apportent au Canada.
Pour commander un exemplaire : [email protected]
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Le programme coopératif d’études supérieures en migration et en relations ethniques de la University of Western Ontario réunira des étudiants diplômés et des membres du corps professoral afin d’étudier des questions sur la migration, les relations ethniques, la diversité culturelle, les conflits, l’acculturation et l’intégration des immigrants, du point de vue de divers domaines de sciences sociales. Formation en migration et relations ethniques à la University of Western Ontario* VICTORIA M. ESSES, RODERIC BEAUJOT and BELINDA DODSON University of Western Ontario
Avec la migration internationale qui atteint des outils nécessaires pour comprendre, étudier somscience mets inégalés et les conflits ethniques et aborder les questions relatives à la migration qui font la manchette, la formation des étudiants et aux relations ethniques à l’échelle nationale dans le domaine de la migration et des relations et internationale. ethniques revêt une importance grandissante. Il est La Faculty of Social Science de la University of essentiel de pouvoir compter sur des personnes Western Ontario a la chance de compter parmi hautement qualifiées afin de répondre efficacement ses membres un grand nombre de chercheurs aux enjeux liés à la gestion de la migration et ce, spécialisés en migration et en relations d’une manière qui favorise la réussite et le bien-être ethniques, bien que leur expérience respective des immigrants et des minorités visibles, qui suscite dans ces domaines n’ait pas été pleinement le soutien et la coopération de tous les membres exploitée jusqu’à présent. Nous nous penchons de la société, et qui garantisse que l’ensemble depuis quelque temps sur la meilleure façon de du pays en tire profit. Au Canada, de nombreux mobiliser cette expertise afin de former des chercheurs universitaires œuvrant dans différents employés hautement qualifiés, possédant une domaines consacrent leurs recherches aux formation et des connaissances solides qui questions relatives à la migration et aux relations pourraient être utilisées pour relever les défis ethniques et s’emploient à former les étudiants auxquels fait face le Canada en tant que dans ce domaine. nation multiculturelle et d’immigration, et qui Toutefois, il devient de plus en plus clair pourraient aussi être appliquées à l’échelle que les connaissances ne se limitent pas à un internationale. Nos concertations ont donné lieu domaine et que les étudiants doivent suivre une à la création d’un programme coopératif d’études formation dépassant les limites de leur discipline. supérieures en migration et en relations ethniques En effet, les bailleurs de fonds canadiens (Collaborative Graduate Program in Migration consacrent de plus en plus de fonds aux and Ethnic Relations), auquel les premiers programmes de recherche interdisciplinaires; le étudiants seront admis à l’automne 2007 (en projet Metropolis constitue un exemple de attente de l’approbation du Conseil des études reconnaissance des avantages que présentent supérieures de l’Ontario). les approches multidisciplinaires. Ainsi, notre formation doit aller au-delà des méthodes * www.ssc.uwo.ca/gradstudents/programs/MigrationEthnic traditionnelles afin de fournir aux étudiants les Relations.asp.
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Le nouveau programme coopératif d’études une formation de base ainsi qu’une formation supérieures en migration et en relations spécialisée directement qui soit pertinente aux ethniques de la University of Western Ontario enjeux du moment. Ce dernier point est d’autant Le programme coopératif d’études supérieures plus important que les étudiants recherchent de en migration et en relations ethniques de la plus en plus des programmes de formation qui University of Western Ontario réunira des allient excellence académique et utilité pratique. étudiants diplômés et des membres du corps En deuxième lieu, la combinaison d’une solide professoral afin d’étudier des questions sur la formation universitaire et d’une formation migration, les relations ethniques, la diversité interdisciplinaire avancée fournira aux étudiants culturelle, les conflits, l’acculturation et les outils nécessaires pour mieux comprendre l’intégration des immigrants, du point de vue le domaine de la migration et des relations de divers domaines de sciences sociales. Ce ethniques, ainsi que pour effectuer des recherches programme examinera un certain nombre de à cet égard. Le programme comprendra une macroquestions ou concepts sociétaux, ainsi que série commune de séminaires, des cours offerts des microquestions ou concepts interpersonnels. conjointement par différents départements et la Ce projet de collaboration à l’intention des possibilité pour les étudiants de travailler avec étudiants viendra s’ajouter aux programmes des professeurs de différents départements de la d’études supérieures qui sont bien établis dans Faculty of Social Science. les départements d’anthropologie, d’histoire, de Enfin, la formation interdisciplinaire d’études géographie, de sciences politiques, de psychologie supérieures en migration et en relations ethniques et de sociologie. Les étudiants devront s’inscrire à préparera nos étudiants en vue de différents types l’un des programmes d’études supérieures d’une de postes dans le secteur universitaire et à discipline collaboratrice et répondre aux exigences l’extérieur de celui-ci. En particulier, outre leur de ce programme en plus des exigences du capacité d’obtenir un poste universitaire dans leur programme en migration et en relations ethniques. domaine, nos diplômés seront hautement qualifiés Une fois leurs études terminées, ils recevront un pour travailler dans le secteur public ou privé, diplôme dans leur discipline, avec spécialisation dans le domaine de la recherche, ou au sein en migration et en relations ethniques. d’organisations non gouvernementales, tant au Canada qu’à l’étranger. Avantages du programme En créant ce programme coopératif d’études Admission au programme supérieures, nous sommes en mesure de mettre Les étudiants qui souhaitent participer au à profit les forces respectives de chacun des programme coopératif d’études supérieures départements participants, tout en ajoutant doivent d’abord présenter une demande auprès une formation interdisciplinaire et mobilisatrice. d’un département participant. Les étudiants Les étudiants en tirent parti de deux façons : admis au programme d’études supérieures de d’un côté ils obtiennent un diplôme d’études l’un de ces départements pourront alors s’inscrire supérieures dans un domaine traditionnel des au programme coopératif. Les demandes sciences sociales et de l’autre, ils ont une d’admission au programme peuvent être spécialisation en migration et en relations présentées lors de l’inscription au programme ethniques. De fait, nous estimons qu’un tel d’un département participant ou au cours de la programme comporte bien des avantages. En première session d’études. Les étudiants peuvent premier lieu, nous prévoyons qu’il attirera des participer au programme au niveau du 2e ou du étudiants de partout au Canada et de partout dans 3e cycle d’études. le monde en raison de sa capacité à offrir
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Membres du corps professoral habilités à superviser les étudiants diplômés participant au programme et leurs publications respectives liées aux domaines d’intérêt
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La politique sur les relations ethniques de la Ville de London a été l’une des premières entreprises du LDRRAC. Cette politique, à laquelle doivent se conformer la Ville de London et ses organismes affiliés, comme ses comités et ses commissions, définit les orientations stratégiques et le rôle de celles-ci dans la création d’un environnement où ne sévissent pas la discrimination et le harcèlement fondés sur des critères raciaux. L’intégration dans une ville de taille moyenne : la stratégie préconisée à London, Ontario
London Diversity and Race Relations Advisory Committee
Les succès remportés par le London Diversity et des enjeux liés à la diversité, auxquels le and Race Relations Advisory Committee [comité LDRRAC s’efforce de répondre. Le comité a consultatif sur la diversité et les relations ethniques d’abord été mis sur pied en 1988 sous le nom de London] (LDRRAC) reposent sur la création de London Race Relations Advisory Committee liens avec l’administration municipale, le milieu [comité consultatif sur les relations ethniques], politique et les organismes communautaires, et mais nos membres se sont rendus compte au cours plus particulièrement sur la mise en place d’une des dernières années que le mandat du comité concertation stratégique et engagée. consulatif devrait être élargi. Par exemple, avant Une récente conférence sur la diversité l’adoption de la Loi sur les personnes handicapées culturelle, intitulée Celebrating London’s Cultural de l’Ontario (LPHO), la section locale de la LPHO Diversity Conference, illustre à quel point était invitée à nommer un représentant qui siégerait l’approche axée sur la collaboration et la au comité, à titre de porte-parole des personnes coopération gagne du terrain à London. Visant à handicapées. Des membres du comité consultatif encourager le dialogue entre les intervenants sur ont aussi joué un rôle proactif dans l’examen des les moyens d’attirer et de conserver de nouveaux normes d’accessibilité aux installations adoptées citoyens canadiens à London, cet événement par la Ville de London en septembre 2001. tenu en novembre 2006 comptait parmi ses C’est ainsi qu’en 2002, pour mieux refléter la commanditaires et organisateurs des représentants réalité, on a recommandé au conseil municipal de Centraide de London et du comté de d’inclure le mot « diversité » dans le nom du Middlesex, de la Ville de London, du ministère comité consultatif – conformément au souhait de la Citoyenneté et de l’Immigration, de la des membres du comité qui sentaient qu’ils London Economic Development Corporation, du pouvaient et devaient appuyer cette proposition. Community Services Coordination Network, du Telle est la définition de la diversité retenue pour London Cross Cultural Learner Centre, du orienter les travaux du comité : London InterCommunity Health Centre, du South London Neighbourhood Resource Centre ainsi que [Traduction] du LDRRAC. La diversité se rapporte aux caractéristiques La tenue de cette conférence et le fait qu’elle uniques que chacun possède, qui définissent ait attiré plus de 400 participants inscrits notre individualité et qui suscitent un témoignent du fait que la collectivité prend de sentiment d’appartenance à un ou à plusieurs plus en plus conscience de l’ampleur des besoins groupes. La diversité englobe les concepts
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d’ethnie, de classe, de sexe, de religion, précédentes. Tandis qu’entre 2001 et 2004 plus d’orientation sexuelle et d’handicap. La diversité de 500 réfugiés s’étaient établis à London, en apporte force et richesse à l’ensemble social. 2005 seulement une centaine de réfugiés adultes avaient fait de London leur destination. L’ajout officiel du mot « diversité » a permis au Aujourd’hui, 14 % des citoyens de London nés comité consultatif, devenu le London Diversity à l’étranger sont des immigrants récents, étant and Race Relations Advisory Committee, arrivés au Canada entre 1996 et 2001, et 10,8 % d’améliorer sa capacité de s’exprimer et d’agir de l’ensemble de la population appartient à une dans le domaine de l’intégration et, surtout, de minorité visible. Les immigrants récents et les travailler en collaboration avec les intervenants membres de minorités visibles se distinguent par municipaux et communautaires. des taux de chômage plus élevés et des revenus plus faibles que le reste de la population et ce, Diversité et intégration : malgré le fait que la plupart d’entre eux sont le point de vue de London très éduqués. Située au confluent de la rivière Thames, London Ces statistiques mettent en évidence est le pôle du Sud-ouest de l’Ontario en matière l’importance des enjeux liés à la diversité et à de commerce, d’éducation et de santé, et l’intégration auxquels London est confronté. La constitue l’une des plaques tournantes du conférence Celebrating London’s Cultural transport au pays. Selon le Recensement de Diversity Conference a permis de sonner l’alerte 2001, London est la dixième plus grande ville du à cet égard. Dans sa présentation intitulée « The Canada, avec une population totale de 336 680 Importance of Immigration to Canada: A Focus habitants. Le cinquième de sa population (69 175 on London », Deb Matthews, députée provinciale habitants) est né à l’étranger, proportion qui de London-Centre-Nord, a souligné que si les demeurée inchangée entre 1981 et 2001. Ces modèles démographiques du pays demeuraient données ne tiennent pas compte des résidants inchangés, on assisterait au déclin naturel de la non permanents qui sont nés à l’étranger, population et après 2025, l’immigration serait la comme les réfugiés et les étudiants. seule source de croissance démographique du En 2001, en comparaison avec des Canada. Ce déclin naturel se produirait plus municipalités de taille comparable, comme rapidement à London, à moins que la ville ne Waterloo, Windsor, Hamilton et Halton, London réussisse à attirer sur son territoire un plus grand comptait un peu moins d’habitants nés à nombre d’immigrants récents. l’étranger. Cela pourrait cependant changer. En 2005, le nombre d’immigrants qui ont obtenu le Démarches pour favoriser la droit d’établissement et qui ont opté pour diversité dans la collectivité London s’est accru de 38 % par rapport à 2004. Le LDRRAC et le comité qui l’a précédé, le Il s’agissait de la plus forte augmentation en Comité consultatif sur les relations ethniques de Ontario à ce chapitre, et de la quatrième en London, ont agi comme des chefs de file et des importance au Canada. Les 3 213 immigrants partisans de différentes initiatives visant à admis qui sont arrivés à London en 2005 favoriser la diversité dans la collectivité. Comme représentent 1,2 % de tous les immigrants ayant pour la plupart des municipalités canadiennes, obtenu le droit de s’établir au Canada. Entre 1996 les mesures adoptées par London en vue et 2003, moins de 1,0 % des résidents permanents d’encourager l’intégration comportent différentes spécifiaient London comme destination. solutions fondées sur la collectivité, dont Le nombre total d’immigrants vivant à London certaines sont en harmonie avec les lois fédérales a augmenté de 31 % entre 1981 et 2001, avec et provinciales. un pic de croissance entre 1986 et 1996, ce qui correspond à la croissance démographique totale Cadre d’harmonisation avec les de London durant la même période. De fait, le politiques et les plans municipaux quart de notre croissance démographique entre La politique sur les relations ethniques de la Ville 1991 et 2001 peut être attribué à la croissance de de London a été l’une des premières entreprises la population immigrante. du LDRRAC. Cette politique, à laquelle doivent se Le nombre de réfugiés âgés de 18 ans ou conformer la Ville de London et ses organismes plus qui déménagent à London a radicalement affiliés, comme ses comités et ses commissions, diminué en 2005 par rapport aux années définit les orientations stratégiques et le rôle de
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Plus de 20 000 cartes de rubans sur lesquelles était inscrit « Together we’re better » [ensemble, nous sommes mieux] ont été distribuées grâce au soutien généreux de la collectivité, qui s’est traduit sous différentes formes, de l’entreprise locale qui a financé l’achat du matériel nécessaire à la campagne, aux médias qui ont diffusé des messages d’intérêt public expliquant aux résidants de London comment exprimer leur position contre le racisme, les préjugés et la discrimination.
celles-ci dans la création d’un environnement Les membres du LDRRAC ont joué un rôle où ne sévissent pas la discrimination et le déterminant dans la création de cet organisme de harcèlement fondés sur des critères raciaux. services communautaires, ainsi que dans la S’inspirant de la définition de la discrimination sélection du premier directeur exécutif et des du Code des droits de la personne de membres du conseil d’administration. De plus, ils l’Ontario, cette politique a été appliquée ont participé au travail préparatoire en vue du dans d’autres secteurs de la collectivité. Par lancement de l’Association, en 2000. Cette exemple, on s’en est servi dans la formation initiative est née de la réaction de la collectivité des entraîneurs d’équipes sportives du London face à certains incidents haineux et à la Sports Council. couverture qu’en ont faite les médias locaux et Le LDRRAC a de nouveau travaillé en nationaux, qui incitait à croire en la présence à partenariat avec l’administration municipale sur London d’une forte concentration de groupes l’élaboration de la politique sur l’équité et la militant pour la suprématie blanche. Notre diversité. Il s’agit du plus récent ajout aux comité a combiné ses efforts avec ceux du politiques liées aux droits de la personne qui comité consultatif sur la sécurité collective et la s’inscrivent dans le programme d’orientation à prévention de la criminalité afin de former un l’intention des nouveaux employés. sous-comité axé sur la prévention des crimes Le LDRRAC est déjà reconnu pour sa haineux et des activités motivées par les participation au processus d’examen des normes préjugés. Dans le cadre de cette collaboration, d’accessibilité aux installations de la Ville de notamment, on a eu recours aux services d’un London. Adoptées en septembre 2001 et revues expert-conseil pour l’organisation de groupes de l’an dernier, ces normes intègrent les principes discussion. Les conclusions de ce projet de d’une « conception universelle », desquels tous recherche communautaire ont permis d’élaborer peuvent bénéficier, quel que soit leur âge ou un plan d’action qui recommandait la création leur handicap. d’une association pour l’élimination de la haine Comme nous en faisons mention un peu plus et des préjugés. loin, le plan communautaire de London est un autre projet clé auquel le LDRRAC a pris part Répondre aux besoins ethnoculturels afin d’aider London à mieux composer avec les Tous les volets de la prestation de services activités haineuses et les problèmes liés aux municipaux – de la planification urbaine aux préjugés dans la collectivité. programmes récréatifs – exigent que l’on tienne compte des besoins ethnoculturels. La recherche Établir des mécanismes de surveillance et et les consultations auprès de la collectivité sont d’intervention pour les problèmes systémiques essentielles. À London, elles ont permis d’offrir La section de London de l’Association for the des services ouverts à la diversité, comme le Elimination of Hate exerce une surveillance programme de natation destiné aux femmes des activités haineuses et motivées par la musulmanes qui a été instauré en 2000, ou préjugés et intervient dans le cas de celles-ci. encore la conception du centre de soins de En plus d’aider les victimes, l’Association offre longue durée Dearness Home, dont le nouvel des services de sensibilisation à l’intention du édifice a ouvert ses portes en 2005. public sous la forme de présentations, d’ateliers Une initiative favorisant l’innovation au sein et de formations adaptées, ainsi que divers de la collectivité – la Creative City Neighbourhood autres programmes, comme des cours sur le Initiative – a également vu le jour; bien qu’ayant génocide par l’entremise du General Roméo un mandat bien plus vaste, elle compte aussi Dallaire Genocide Institute. l’intégration ethnoculturelle parmi ses objectifs.
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Cette initiative découle du plan d’action élaboré • sensibiliser le public et le milieu des affaires à par le Creative City Task Force, un groupe de l’importance des relations ethniques positives; travail chargé de trouver de nouveaux moyens • encourager les activités à l’échelle municipale stimuler la croissance et la prospérité économique qui visent à promouvoir London comme ville de London. Le conseil municipal a approuvé accueillante. l’initiative proposée par le groupe de travail pour rehausser la créativité dans les différents De plus, le LDRRAC nomme des personnes quartiers de la ville. Ce qui a permis à différents dont les noms apparaîtront sur la liste des groupes œuvrant dans les quartiers d’obtenir honneurs du Nouvel An du maire, dans un financement de démarrage de 300 $ pour deux catégories : diversité et relations ethniques, financer des projets qui : et humanitarisme. Des rubans multicolores fixés aux antennes • favorisent et soulignent la diversité; des voitures et aux rétroviseurs ont constitué une • font preuve de créativité artistique; autre manifestation à grande échelle en faveur de l’unité, menée pour soutenir une campagne de • offrent des perspectives d’emploi aux jeunes; sensibilisation du LDRRAC. Plus de 20 000 cartes • favorisent les échanges culturels ou font de rubans sur lesquelles était inscrit « Together connaître le patrimoine; we’re better » [ensemble, nous sommes mieux] ont été distribuées grâce au soutien généreux de • sont bénéfiques à l’environnement. la collectivité, qui s’est traduit sous différentes Les projets retenus – présentés en novembre formes, de l’entreprise locale qui a financé 2006 à l’occasion de l’activité Showcasing l’achat du matériel nécessaire à la campagne, London’s Creative City Neighbourhood Initiatives aux médias qui ont diffusé des messages – comprenaient des expositions d’art, des d’intérêt public expliquant aux résidants de dégustations culinaires et des spectacles donnés London comment exprimer leur position contre par divers groupes et organismes représentant le racisme, les préjugés et la discrimination. l’Afghanistan, la Bosnie, l’Iraq et de nombreux En 2005, le LDRRAC a tenu une journée portes autres pays d’où proviennent les citoyens nés à ouvertes afin de faire mieux connaître le rôle l’étranger, ainsi que par des membres des qu’il joue pour ce qui est de favoriser la Premières nations. communication entre la population de London d’une part, et le personnel et les élus municipaux Sensibiliser le public et encourager d’autre part. Une tribune a été créée, où les la participation des résidants questions liées à la diversité et aux relations La promotion de la diversité culturelle et la ethniques pouvaient figurer au centre des sensibilisation aux différences dans l’ensemble discussions, auxquelles participaient un vaste de la collectivité s’inscrivent dans un processus éventail de représentants de la collectivité. éducatif plus vaste. Figurent ci-dessous quelques Cette journée portes ouvertes est devenue un exemples illustrant quelques démarches entreprises événement annuel et, lors de sa deuxième édition, à London à ce chapitre. en septembre 2006, Barbara Hall, commissaire En mars de chaque année, dans le cadre des en chef, Commission des droits de la personne, est célébrations marquant la Journée internationale venue donner une présentation. Cet événement pour l’élimination de la discrimination raciale, a considérablement gagné en popularité, la Ville de London présente des prix de le nombre de visiteurs ainsi que le nombre reconnaissance dans cinq catégories liées aux d’organismes communautaires ayant des kiosques relations ethniques. Le LDRRAC a joué un rôle d’information ont beaucoup augmenté depuis de premier plan dans l’élaboration de ce son inaugurale. programme, dont les prix servent trois objectifs : Internet est également utilisé comme outil de communication. Notre site Web1 fournit de • reconnaître les entreprises, les organismes et l’information sur des événements et des activités les établissements privés et publics, ou leurs traitant de questions liées à l’intégration – représentants, qui lancent des initiatives pour invitant notamment le public à assister à notre faire avancer les relations ethniques à London et pour éliminer la discrimination raciale dans notre collectivité; 1 www.london.ca/LDRRAC
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journée portes ouvertes –, en plus d’attirer Leçons tirées et orientations futures l’attention sur des événements spéciaux Il va sans dire que notre Comité s’est heurté à auxquels participe le LDRRAC, comme le Mois de quelques difficultés. Il a parfois été ardu de faire l’histoire des Noirs, le Mois du patrimoine progresser le programme de la diversité. Nous asiatique, la Semaine de la fierté et la Journée sommes très enthousiastes à l’idée que le nationale des Autochtones. LDRRAC s’apprête à collaborer à la définition de la vision de la Ville, « to inspire pride and Affiliation au LDRRAC et structure de soutien confidence in every Londoner » (inspirer la fierté Les neuf membres votants du LDRRAC, plus un et la confiance dans chaque résidant de London). représentant de services communautaires Nous avons été confrontés au fil des ans à des francophones (l’ACFO de London-Sarnia) sont obstacles que nous avons su surmonter, mais, en nommés par le conseil municipal. Une des cours de route, nous avons malheureusement principales composantes du LDRRAC est perdu des membres qui estimaient que le comité son groupe de personnes-ressources sans droit de consultatif n’était pas entendu et ne pouvait vote, composé de représentants de 19 organismes s’exprimer dans les situations qui semblaient (police, commissions scolaires, établissements plus déterminantes. La persévérance, une d’enseignement et autres types d’organismes, communication efficace et des changements à comme le Council for London Seniors et la direction de la Ville de London nous ont l’Ethnocultural Council of London, ainsi que des permis de connaître des moments d’échange groupes religieux, comme les adeptes du et d’interaction emballants. Le LDRRAC est Bahisme). Les candidatures de ces représentants maintenant davantage perçu comme une sont proposées par leurs organismes respectifs, et ressource consultative et un organisme de liaison ils sont nommés par le conseil municipal. capable d’aider la Ville à réaliser sa vision. Entre autres responsabilités, les membres et L’objectif que se fixe maintenant le Comité – qui les groupes de personnes-ressources du LDRRAC concerne toutes les municipalités qui se veulent doivent présenter leur avis et recommandations accueillantes pour tous – consiste à mieux définir au conseil municipal au sujet de questions liées et aborder les questions liées à la diversité. Par à la discrimination – selon la définition du Code exemple, si on établit un consensus quant à la des droits de la personne de l’Ontario et manière de « gérer » la diversité, certaines mesures conformément aux politiques de la Ville de seront prises et encouragées. En revanche, si on London – et participer à l’élaboration de politiques souhaite plutôt « célébrer » et « accueillir » la et de programmes de lutte contre la discrimination diversité, il faut être conscient que cette dans la collectivité. Une autre de leurs interprétation exige un engagement différent de la responsabilités, qui consiste [Traduction] « à part des représentants élus, de l’administration recevoir et à consigner les plaintes relatives à des municipale et des organismes communautaires. actes préjudiciables, à du racisme, à des gestes Les différentes interprétations relatives à la haineux et à des pratiques discriminatoires », diversité peuvent occasionner des défis et des relève maintenant en grande partie de la section problèmes de communication majeurs. Le fait de de London de l’Association for the Elimination clarifier ce que signifie la diversité – et de of Hate. s’entendre sur la stratégie à adopter à son égard Le LDRRAC relève du conseil municipal, par – peut jouer un rôle déterminant dans les efforts l’entremise du Community and Protective pour renforcer la collectivité, progresser sous le Services Committee. Comptant parmi trois signe de la collaboration et se doter de comités permanents, ce dernier se penche sur de mécanismes de communication efficaces entre nombreuses questions plus vastes touchant à la tous les intervenants afin que nos collectivités municipalité. Lorsque ces questions revêtent une fassent de l’intégration une réalité. certaine pertinence sur le plan de l’intégration, elles sont soumises à l’attention du LDRRAC.
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Au cours de l’été à venir, l’Ontario rural accueillera comme chaque année des milliers de travailleurs saisonniers provenant des Antilles et du Mexique. La citoyenneté formelle est un facteur déterminant dans le traitement des différents groupes de travailleurs, rendant les travailleurs étrangers plus vulnérables et exploitables que les travailleurs canadiens. Le débat médiatique entourant le programme de main-d’œuvre étrangère, proposé par le gouvernement de l’Ontario en 1999, révèle le système deux poids deux mesures qui s’applique aux travailleurs selon qu’ils soient citoyens canadiens ou étrangers. La citoyenneté fait toute la différence ! Les travailleurs migrants de l’Ontario rural* HARALD BAUDER University of Guelph
De nombreuses régions rurales de l’Ontario sont rare, le programme de main-d’œuvre étrangère « structurellement dépendantes » de la main- existe toujours et recrute des travailleurs d’œuvre migrante étrangère (Basok, 2002). Le provenant des mêmes pays qu’il y a 30 ans, en Programme des travailleurs agricoles saisonniers plus grand nombre même. Ce qui a changé des Antilles et du Mexique, ou « programme de toutefois, ce sont les explications justifiant le main-d’œuvre étrangère », fournit chaque année programme. Maintenant, c’est la citoyenneté, des travailleurs du Mexique et des Antilles plutôt que la race, qui donne sa légitimité membres du Commonwealth, ce qui permet de au programme. rentabiliser l’industrie horticole de l’Ontario. Par le passé, le programme de main-d’œuvre Le programme de main-d’œuvre étrangère étrangère était teinté de racisme. Dans les années Depuis sa création en 1967, le programme de 1960, les agents canadiens d’immigration qui main-d’œuvre étrangère connaît une popularité interrogeaient les candidats aux visas de travail croissante au sein de l’industrie agricole temporaire au Canada décrivaient les « hommes canadienne. En 1966, 263 travailleurs jamaïcains nègres antillais comme étant infantiles, indolents, ont été embauchés pour travailler au Canada; en paresseux et stupides »1 (Satzewich, 1991, p. 136), 1999, on comptait 7 476 travailleurs agricoles alors que les Antillaises étaient jugées immorales saisonniers des Antilles et 6 078 du Mexique. En et de mœurs légères. De plus, on percevait les 2005, rien qu’en Ontario, 17 594 travailleurs travailleurs antillais comme étant biologiquement saisonniers travaillaient dans le secteur agricole inadaptés au climat froid du Canada et on estimait (FARMS, 2006). Parallèlement, le nombre total qu’ils contribuaient aux tensions raciales dans les de travailleurs canadiens occupant des fonctions collectivités rurales du Canada. C’est pourquoi ils similaires a diminué. n’étaient invités qu’à titre de travailleurs temporaires et devaient se plier à de strictes * Cet article se fonde sur le livre Labor Movement: How contraintes de mobilité, plutôt qu’à titre Migration Regulates Labor Markets (New York, Oxford d’immigrants permanents et de futurs Canadiens. University Press, 2006), rédigé par l’auteur. Bien qu’aujourd’hui la rhétorique raciale soit plus 1 NdT : Toutes les citations sont des traductions.
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Les hommes constituent la majorité des obligatoire2. Il ne s’agissait pas d’une idée participants au programme de main-d’œuvre complètement nouvelle. En 1971, ce sujet avait étrangère. Bon nombre d’entre eux travaillent été débattu au Parlement canadien sous pour des cultivateurs de tabac, de légumes, de la rubrique « Main-d’œuvre : Utilisation des fruits et de pommes, ainsi que dans des serres, chômeurs et des étudiants plutôt que des Antillais des pépinières et des conserveries de l’Ontario. pour cueillir des fruits ». Pierre Elliot Trudeau, Même si les travailleurs gagnent un salaire plus alors premier ministre du Canada, défendait la élevé que dans leur pays, ils ne sont payés qu’au nécessité du programme de main-d’œuvre salaire minimum, ou légèrement plus. Ils étrangère pour combler des postes « que les travaillent de longues heures, les fins de semaine chômeurs et les étudiants refusent » (Sharma, si nécessaire, et ne sont autorisés à travailler que 2001, p. 432). En août 1999, un député provincial pour un seul employeur, ce qui signifie que leur conservateur a relancé cette idée. Le premier séjour dépend de la satisfaction de ce dernier ministre de l’Ontario Mike Harris a intensifié le (Basok, 2002). Peu de travailleurs canadiens débat en soulevant la question auprès des veulent travailler pour un tel salaire et dans de journalistes. En septembre 1999, le Social Service telles conditions – ce qui explique la raison Department de l’Ontario a confirmé que le d’être du programme. programme de travail agricole obligatoire Le public canadien est très conscient des pourrait être justifié aux termes de l’exigence du avantages économiques de la main-d’œuvre programme de travail obligatoire de l’Ontario, migrante. Les médias affirment souvent que selon laquelle les bénéficiaires de l’aide sociale l’accès aux travailleurs étrangers est une question aptes au travail devraient suivre une formation de survie économique pour les cultures, comme ou travailler, ou perdre leurs prestations. le révèle cet agriculteur dans un article du Des groupes d’action sociale comme l’Ontario Sun Times d’Owen Sound : « Notre industrie ne Coalition Against Poverty, des syndicats et des pourrait survivre sans eux » (Avery, 1999). Le églises, notamment l’Église Unie du Canada, se quotidien The Expositor de Brantford (1999) sont mobilisés contre le programme de travail suggère pour sa part que la main-d’œuvre agricole obligatoire. L’association United Farm étrangère n’est qu’un mécanisme de protection Workers a lancé une pétition contre la mise en économique : « Gary Cooper, propriétaire d’un œuvre du programme, pétition que les politiciens verger de la région de Simcoe et président de de l’opposition ont présentée à plusieurs reprises FARMS (l’organisme sans but lucratif qui gère le à l’Assemblée législative de l’Ontario. Fait programme de main-d’œuvre étrangère) depuis intéressant à souligner, dans ce débat médiatique, cinq ans, affirme que le programme répond l’opposition provenait non seulement des seulement aux besoins de main-d’œuvre des syndicats et des défenseurs des libertés civiles, agriculteurs. Il s’agit d’un mécanisme de comme on pouvait s’y attendre, mais également protection lorsqu’il n’y a pas assez de travailleurs des agriculteurs ontariens, qui pouvaient profiter canadiens fiables, affirme-t-il ». La main- d’une main-d’œuvre bon marché et polyvalente. d’œuvre migrante est considérée comme Ces derniers craignaient que les travailleurs particulièrement douée pour le travail manuel étrangers ne soient remplacés par des bénéficiaires dans les vergers. Les médias dépeignent souvent de l’aide sociale au Canada qui, au contraire des les travailleurs étrangers comme d’habiles travailleurs étrangers, ne feraient preuve d’aucune cueilleurs de fruits « aux mains délicates », polyvalence ou discipline. La désapprobation des faisant ainsi référence à leur capacité de cueillir agriculteurs a probablement constitué un facteur un grand nombre de pommes pendant une déterminant dans l’échec du gouvernement courte période sans les meurtrir. ontarien à remplacer les travailleurs étrangers par des participants au programme de travail agricole Le programme de travail agricole obligatoire. En 2000, une étrange coalition obligatoire et la valeur de la citoyenneté formée d’employeurs et de défenseurs des Un débat public révélateur a fait rage au cours de l’été 1999. Le gouvernement provincial de 2 Le « programme de travail agricole obligatoire » renvoie au l’Ontario a évoqué l’idée que les bénéficiaires de « programme de travail obligatoire » puisqu’il fait référence aux l’aide sociale au Canada effectuent des travaux programmes qui réintègrent les bénéficiaires de l’aide sociale au marché du travail. Ces programmes sont devenus des enjeux saisonniers au sein de l’industrie horticole, idée majeurs en Ontario après l’élection d’un gouvernement provincial qui est devenue le programme de travail agricole conservateur en 1995 (Lightman, 1997; Torjman, 1996).
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Si la majorité des journalistes ont rejeté le programme de travail agricole obligatoire parce qu’il imposait des conditions de travail inacceptables aux citoyens canadiens, ces mêmes conditions étaient, semble-t-il, tout à fait acceptables pour les travailleurs étrangers – bien que ces derniers soient confrontés à une misère égale et, dans bien des cas, pire que celle des bénéficiaires de l’aide sociale.
travailleurs et des bénéficiaires de l’aide sociale a que d’avoir ces travailleurs sur place », a affirmé remporté la guerre des relations publiques contre Michael Mazur, secrétaire général de l’Association le programme de travail agricole obligatoire. des fruiticulteurs et des maraîchers de l’Ontario, Bien que ce programme n’ait jamais été mis en à un journaliste du Ottawa Sun (Gray, 1999). œuvre, le débat l’entourant illustre le rôle de la L’auteur d’une lettre au courrier des lecteurs du citoyenneté dans la valeur accordée aux citoyens Kingston Whig Standard (Wilhelm, 1999) a canadiens et la définition des conditions de souligné sensiblement la même chose, c’est-à-dire travail. Des normes différentes s’appliquent aux que les travailleurs étrangers sont plus citoyens canadiens et aux travailleurs étrangers. professionnels et plus d’expérience que les En général, les médias se sont montrés travailleurs locaux : « Pourquoi importer des critiques à l’endroit du programme de travail travailleurs du Mexique et des Antilles alors agricole obligatoire. Certains commentateurs ont que nous avons des travailleurs dans notre remis en question le fait que le travail agricole propre cour ? […] Ces gens sont des travailleurs permettrait aux participants d’acquérir de professionnels et expérimentés qui ont l’habitude précieuses compétences qu’ils pourraient de passer d’un endroit à un autre, d’une récolte à utiliser une fois la saison des récoltes terminée. une autre. Ils travaillent vite et bien et retournent D’autres ont comparé le programme à « l’époque ensuite chez eux. […] Les agriculteurs n’ont pas bénie du stalinisme, lorsque les gens devaient besoin d’une bande d’amateurs peu aussi effectuer des travaux agricoles » (Wilhelm, enthousiastes pour récolter leurs produits. » 1999). Toutefois, l’argument le plus souvent Autre exemple, un agriculteur écrit dans le avancé pour dénoncer le programme de travail courrier aux lecteurs du Toronto Star : « Je ne agricole obligatoire est qu’un emploi au sein fais pas la promotion du programme de travail d’une industrie horticole saisonnière ne obligatoire au sein de l’industrie agricole. […] convenait pas aux bénéficiaires de l’aide sociale Nos employés doivent vouloir travailler et non au Canada. En raison d’un manque présumé de pas être contraints de le faire. » (Drummond, compétences et d’éthique chez les travailleurs 1999). Un éditorial du Hamilton Spectator (1999) canadiens, « les agriculteurs sont souvent obligés exprime la même opinion : « Même avec de la d’embaucher des travailleurs migrants, dont bon formation pour les participants [du programme nombre proviennent du Mexique et des Antilles, de travail agricole obligatoire], nous ne croyons pour la saison annuelle des récoltes » (The pas que les agriculteurs auront l’assurance de leur Record, 1999). productivité. […] En revanche, les travailleurs Dans le débat public entourant le programme migrants veulent ces emplois et savent que la de travail agricole obligatoire, l’argument qui productivité est la seule façon d’être embauchés revenait le plus souvent était que les bénéficiaires de nouveau l’année suivante. » Au cœur de ce de l’aide sociale et les migrants étrangers ne sont débat, les travailleurs étrangers sont présentés pas des travailleurs facilement interchangeables. comme extrêmement qualifiés et motivés, tandis En fait, aux yeux des agriculteurs, les travailleurs que les bénéficiaires de l’aide sociale sont étrangers travaillent mieux que les Canadiens incapables d’effectuer le travail agricole. qui prennent part au programme de travail L’image du travailleur étranger motivé, obligatoire. « En raison de la nature périssable de qualifié, professionnel et aimant son travail est, notre industrie, certaines récoltes nécessitent des bien entendu, une distorsion des conditions mains délicates. […] Je ne dis pas que vous et moi réelles dans lesquelles les travailleurs étrangers ne pourrions pas le faire, c’est plus une question participent au programme de main-d’œuvre d’éthique du travail et vous devez vouloir le étrangère. Ils désirent participer au programme faire. […] Bien sûr que [les travailleurs migrants] uniquement parce que les salaires et les coûtent plus cher, mais il n’y a rien de plus fiable conditions de travail sont meilleurs que dans leur
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pays d’origine. Le programme de main-d’œuvre nourrir suffisamment pour travailler durant de étrangère exploite ces différences internationales. longues journées. » À leur arrivée au Canada, les travailleurs Si la majorité des journalistes ont rejeté le étrangers ne participent pas au marché du travail programme de travail agricole obligatoire au même titre que les Canadiens : les travailleurs parce qu’il imposait des conditions de travail étrangers peuvent être congédiés (ou menacés de inacceptables aux citoyens canadiens, ces mêmes congédiement), exclus du programme et par la conditions étaient, semble-t-il, tout à fait suite expulsés du Canada. Les bénéficiaires de acceptables pour les travailleurs étrangers – bien l’aide sociale au Canada, quant à eux, peuvent que ces derniers soient confrontés à une misère faire valoir différents droits de la personne et égale et, dans bien des cas, pire que celle des droits relatifs à la citoyenneté qui les protègent bénéficiaires de l’aide sociale. La plupart des de l’expulsion, des abus et de l’exploitation. travailleurs étrangers proviennent de familles Voilà pourquoi le programme de main-d’œuvre pauvres et nombreuses. En fait, les difficultés étrangère fournit des travailleurs plus travailleurs, économiques et un nombre élevé de personnes à fiables et motivés que ceux que pourrait fournir le charge sont des critères de sélection des programme de travail agricole obligatoire. De ce travailleurs du programme de main-d’œuvre point de vue, un agriculteur qui remplace sa main- étrangère. Peu de travailleurs ont accès à des d’œuvre étrangère par des travailleurs protégés par soins de santé dans leur pays d’origine et des droits et privilèges relatifs à la citoyenneté nombreux sont ceux qui souffrent d’un manque prendrait une mauvaise décision d’affaires. de nourriture. Durant leur séjour au Canada, Le débat entourant le programme de travail l’accès de ces travailleurs aux soins de santé agricole obligatoire a mis en lumière le fait que demeure restreint, ils vivent dans des dortoirs différentes normes de travail s’appliquent aux rudimentaires, sont séparés de leur famille et bénéficiaires de l’aide sociale au Canada, d’une sont plongés dans un environnement social et part, et aux travailleurs saisonniers étrangers, culturel inconnu. Si des normes uniformes d’autre part. Les médias ont appliqué une règle s’appliquaient, le tollé de protestations à l’égard de deux poids deux mesures en faisant la des conditions sociales et des normes du travail promotion de conditions de travail minimales imposées aux travailleurs étrangers aurait dû différentes pour les participants à un éventuel être plus fort que celui à l’égard du programme programme de travail agricole obligatoire et les de travail agricole obligatoire proposé. Pourtant, travailleurs saisonniers étrangers. Un article c’est le contraire qui s’est produit. publié dans le Hamilton Spectator (1999) rejette le programme de travail agricole obligatoire Conclusion parce que les exploitations agricoles comptent Le programme de main-d’œuvre étrangère fournit parmi les milieux de travail les plus dangereux aux agriculteurs de l’Ontario une main-d’œuvre au pays. Un autre article (Hepfner, 1999) laisse polyvalente et disciplinée. Les inégalités globales et entendre qu’ont ne peut s’attendre à ce que des la non-citoyenneté canadienne exercent une citoyens canadiens effectuent ce type de travail : pression encore plus grande sur les travailleurs « le travail agricole est très difficile. [Un étrangers que sur les travailleurs canadiens pour bénéficiaire d’assistance sociale] rit à l’idée que qu’ils respectent les conditions d’emploi dans le les gens devront peut-être occuper un emploi secteur des récoltes. Même les bénéficiaires d’aide agricole ou perdre leurs prestations d’aide sociale : sociale relativement vulnérables ont davantage de “ils ne peuvent pas forcer les gens à faire ce moyens pour résister à ces pressions, puisque leur travail-là.” » Le même article cite la porte-parole citoyenneté canadienne leur assure des droits de l’organisation Women Against Poverty, sociaux et économiques qui ne sont pas offerts aux établie à Hamilton, qui observe que le travail travailleurs migrants étrangers. Le débat public agricole est trop ardu pour les bénéficiaires de entourant le programme de travail agricole l’aide sociale au Canada : « Selon moi, ce obligatoire a montré comment la citoyenneté peut programme ressemble à de l’esclavage. Certains justifier le traitement différent accordé aux assistés sociaux ont à peine de quoi manger, et travailleurs agricoles. Les distinctions fondées sur cueillir des fruits n’est pas un travail de tout la citoyenneté ont supplanté la racialisation des repos. Vous devez être en santé. [...] Il est travailleurs étrangers dans les années 1960. difficile pour les travailleurs recevant le salaire La citoyenneté est devenu le nouveau critère minimum de sortir des régions rurales et de se qui différencie les travailleurs. Les défenseurs, les
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églises et les mouvements syndicaux se Références prononcent contre la violation des droits civils et Avery, Roberta. 1999. « Help Wanted: Offshore Workers du travail des bénéficiaires de l’aide sociale au Necessary in Modern Agriculture, Growers Say », Sun Times Canada, mais ils restent beaucoup plus [Owen Sound] (29 septembre), p. A5. silencieux lorsqu’il s’agit des droits des Basok, Tanya. 2002. Tortillas and Tomatoes: Transmigrant travailleurs étrangers. Cette différence entre les Mexican Harvesters in Canada. Montréal et Kingston, travailleurs canadiens et étrangers traduit un McGill-Queens’s University Press, 2002. système à deux poids deux mesures plus vaste Drummond, Linda. 1999. « Migrant Farm Labour Treated que celui qui s’applique généralement à l’échelle Well », Toronto Star (21 septembre 1999), p. A23. internationale aux travailleurs des pays Gray, Brian. 1999. « Core of the Farmfare Issue », industrialisés et des pays du tiers monde. En The Ottawa Sun (9 septembre) p. 16. effet, dans le cadre du débat sur le programme de travail agricole obligatoire, cette double Hepfner, Lisa. 1999. « Canadians Won’t Stay Down on mesure ne s’applique pas aux travailleurs qui the Farm: Hard Work, Low Pay Scare off the Locals », vivent et travaillent dans des pays différents, The Hamilton Spectator (2 septembre), p. A3. mais bien aux travailleurs n’ayant pas la Lightman, Ernie S. 1997. « It’s Not a Walk in the Park: citoyenneté canadienne. Workfare in Ontario », dans Eric Shragge (dir.), Workfare: Ce traitement différent des travailleurs Ideology for a New Under-Class, Toronto, Garamond Press, canadiens et des travailleurs étrangers ressemble p. 85-107. à une exploitation de la citoyenneté. Ce Satzewich, Vic. 1991. Racism and the Incorporation of type d’exploitation systémique, qui oppose Foreign Labour: Farm Labour Migration to Canada Since travailleurs migrants et non migrants, mine le 1945, London, Routledge. bien-être et les normes du travail de tous Sharma, Nandita Rani. 2001. « On Being not Canadian: les travailleurs. Une stratégie d’inclusion qui The Social Organization of “Migrant Workers” in Canada », offrirait aux travailleurs étrangers la possibilité Revue canadienne de sociologie et d’anthropologie / de la citoyenneté serait une approche sensée Canadian Review of Sociology and Anthropology, vol. 8, pour le maintien d’une économie canadienne à n° 4, p. 415-439. salaires concurrentiels. The Expositor [Brantford]. 1999. « Offshore Labour Arriving for Leaf Harvest » (4 août), p. C1. À propos de l’auteur The Hamilton Spectator. 1999. « Farm fare Idea Is Close to HARALD BAUDER est professeur adjoint au département Being Fatally Flawed » (4 septembre), p. D12. de géographie de la University of Guelph. Ses domaines de spécialisation sont, entre autres, la main d’œuvre The Record [Kitchener-Waterloo]. 1999. « Harris Would Like migrante, l’établissement dans les villes de taille moyenne et Farmers to Participate in Workfare » (22 septembre), p. B7. en région rurale, et les débats sur l’immigration au Torjman, Sherri. 1996. Workfare: A Poor Law, Ottawa, Canada et en Allemagne. En 2006, il a publié Labor Caledon Institute of Social Policy. Movement: How Migration Regulates Labor Markets, chez Oxford University Press, New York. Wilhelm, Diane. 1999. « Farm Workfare a Pipedream », The Kingston Whig-Standard (16 septembre), p. 6.
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En ce qui a trait à l’immigration, à l’évolution de la diversité culturelle et à la croissance de la population de minorités visibles, Thunder Bay n’a pas su tirer profit des nombreux changements survenus au cours des 15 à 20 dernières années et qui ont littéralement changé la face du Canada et de l’Ontario. À cet égard, elle n’est pas la seule à ne pas avoir profité de cette évolution. Thunder Bay : entre le marteau et l’enclume dans le Nord-Ouest de l’Ontario THOMAS DUNK Lakehead University
Au début du 20e siècle, les villes jumelles de Fort d’immigrants provenant de l’Europe du Nord, de William et de Port Arthur (fusionnées en 1970 l’Europe de l’Est et de l’Europe du Sud. Lorsque pour créer Thunder Bay) comptaient parmi les la Première Guerre mondiale a éclaté, près du tiers collectivités les plus multiculturelles au pays. de la population de quelque 45 000 personnes Bien que ces deux villes fussent de petite taille, était composée de Finlandais, de Slovaques, même selon les normes de l’époque, elles prenaient d’Italiens, d’Ukrainiens, de Polonais et de rapidement de l’expansion. L’accroissement de Scandinaves (Rasporich et Tronrud 1995, 215). leur population était attribuable, comme c’était le La pluralité et le caractère attrayant des cas dans l’ensemble du pays, à l’arrivée massive deux villes pour les immigrants de cette époque d’immigrants européens. Nombreux d’entre eux ne pouvaient pas être plus à l’opposé de la étaient d’origine britannique, mais d’autres situation actuelle. Cet endroit, qui accueillait venaient de pays européens non anglophones. autrefois de nombreux nouveaux immigrants, en La période qui a succédé à celle de la traite accueille aujourd’hui relativement peu. Selon le des fourrures, soit à compter de 1875, a vu une Recensement de 2001, seulement 1 325 habitants croissance de Thunder Bay. Cette période coïncide de la région métropolitaine de recensement (RMR) avec le début de la construction de la partie de Thunder Bay avaient immigré entre 1991 et ouest du chemin de fer du Canadien Pacifique 2001 (Tableau 1). Cela représente seulement un dans le lotissement que l’on appelle aujourd’hui peu plus 1 % de la population en 2001, qui Westfort et qui se trouve dans la partie sud de s’élevait à 120 370, ce qui est de loin inférieur Thunder Bay. C’était le début du développement aux données pour l’ensemble de la province. En du chemin de fer et des silos à grains destinés au effet, au cours de cette décennie, le taux transbordement du blé des Prairies. La période a d’immigration de la province équivalait à également été marquée par des cycles d’expansion environ 9 % de la population. De plus, si l’on et de ralentissement dans les secteurs de compare la situation de Thunder Bay à celle de l’extraction de métaux précieux, de l’exploitation Toronto, où 17% de la population a immigré au forestière et de la fabrication de pâtes et papiers. Canada au cours de la même période, le contraste Ces activités nécessitaient le recours à un est frappant. Bien que l’on n’ait pas encore grand nombre de travailleurs relativement non accès aux données du Recensement de 2006 qualifiés. Pour répondre à la demande, on a sur l’immigration à Thunder Bay, Citoyenneté fait appel à une main-d’œuvre hétérogène et et Immigration Canada affirme que la ville a souvent transitoire composée, en grande partie, seulement accueilli 489 nouveaux immigrants,
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TABLEAU 1 Lieu de naissance et date d’arrivée des immigrants, RMR de Thunder Bay et Ontario RMR de Thunder Bay Ontario Total Pourcentage Total Pourcentage Toutes personnes confondues 120 370 11 285 545 Personnes nées au Canada 106 930 88,83 8 164 860 72,35 Personnes nées à l’étranger 13 315 11,06 3 030 075 26,84 Personnes ayant immigré avant 1991 11 995 9,97 2 007 705 17,79 Personnes ayant immigré entre 1991 et 2001 1 325 1,10 1 022 370 9,06
Source: Statistique Canada. 2002b.
entre 2002 et 2005 (Citoyenneté et Immigration d’Europe, à Thunder Bay, 81 % de la population Canada 2006, p. 2)1. d’immigrants provenaient d’Europe. En effet, la Bien que l’on ait assisté à une croissance de la population de minorités visibles s’élevait à 2 690 population née à l’étranger au cours des années personnes, soit légèrement plus de 2 % de la 1990, Thunder Bay faisait partie des villes de population de la ville, ce qui est de loin deuxième ou de troisième rang, où la proportion inférieur au taux provincial de 19 %. On peut des personnes nées à l’étranger était à la baisse. aussi examiner le phénomène de pénurie de En 2001, cette population était seulement d’un peu nouveaux arrivants étrangers sous l’angle plus de 11 %, alors que la moyenne provinciale des institutions culturelles. Presque 80 % des était de 26,8 %, ce qui représente une baisse habitants sont d’appartenance religieuse catholique de 13,1 % si on compare les données à celles ou protestante, alors que 17 % n’ont pas de dix ans auparavant (Tableau 2). Il s’agissait d’appartenance religieuse. Les gens qui affirment d’une réduction absolue et relative puisque la être d’appartenance musulmane, juive, bouddhiste, population globale de la ville a baissé de 4 % entre hindouiste, sikhe (et autres religions orientales) 1991 et 20012. représentent moins de 1 % de la population Selon le Recensement de 2001, 90 % de la de Thunder Bay alors que, à l’échelle de la population née à l’étranger dans la RMR de province, ils représentent près de 6 % (Statistique Thunder Bay avait immigré avant 1991, alors Canada, 2002b). qu’à l’échelle de la province, ce pourcentage Ainsi, en ce qui a trait à l’immigration, à s’élevait à 66 %. Alors que seulement 44 % de la l’évolution de la diversité culturelle et à la population d’immigrants en Ontario provenaient croissance de la population de minorités visibles, Thunder Bay n’a pas su tirer profit des nombreux changements qui sont survenus au cours des TABLEAU 2 15 à 20 dernières années et qui ont littéralement Proportion de personnes nées à l’étranger, changé la face du Canada et de l’Ontario. À RMR de Thunder Bay (Recensements de cet égard, elle n’est pas la seule à ne pas 1991 à 2001) avoir profité de cette évolution. Il est notoire 1991 1996 2001 que les immigrants, notamment les immigrants RMR de Thunder Bay 13,1 12,2 11,1 en provenance de pays européens, sont Ontario 23,7 25,6 26,8 regroupés dans quelques centres métropolitains, Canada 16,1 17,4 18,4
Source : Statistique Canada. Proportion de personnes nées à l’étranger, par région 2 métropolitaine de recensement (Recensements de 1991 à 2001) et Proportion de Les données du Recensement de 2006, qui viennent d’être personnes nées à l’étranger, par province et territoire (Recensements de 1991 à 2001). publiées, indiquent que la RMR de Thunder Bay a connu une croissance de 0,8 % entre 2001 et 2006. La population a donc cessé de diminuer. Or, compte tenu du fait que la population provinciale a augmenté de 6,6 % au cours de la même période, 1 Plus précisément, 113 en 2002, 125 en 2003, 141 en 2004 Thunder Bay accuse toujours un retard par rapport au reste de et 110 en 2005. Ces nombres ne tiennent pas compte du la province. De plus, la population du district de Thunder Bay a nombre d’immigrants qui sont restés à Thunder Bay. continué de diminuer.
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L’appartenance ethnique n’est plus le principal déterminant des modèles des espaces résidentiels, de mariage et de l’emploi. Lorsque l’on parle de plus grande diversité, on fait référence à la présence et à la visibilité accrues des personnes et de la culture autochtones dans la ville. [...] En effet, il est vrai que la division entre les « Blancs » et les Autochtones constitue l’un des problèmes sous-jacents de la collectivité dans la région.
principalement à Toronto, Vancouver et Montréal. sociaux et de santé. À tout moment, la population La composition ethnoculturelle de Thunder Bay autochtone qui fréquente les établissements est loin d’être homogène. Elle est plus diversifiée d’enseignement secondaire ou postsecondaire, que celle de Sudbury, l’autre ville du Nord de la qui a recours aux services hospitaliers ou qui province qui a aussi un passé de dépendance participe à des activités politiques et culturelles envers une économie fondée sur les ressources autochtones (de plus en plus nombreuses) est plus naturelles. Parmi les 29 RMR existantes lors du ou moins temporaire dans la ville. Les bureaux Recensement de 2001, Thunder Bay s’est classée administratifs de la Nation nishnawbe-aski, et de au 17e rang en matière de proportion de la 49 Premières nations affiliées réparties dans le population née à l’étranger. En ce sens, Thunder Nord de l’Ontario, sont situés à Fort William First Bay est plus hétérogène que Régina, Saskatoon, Nation, qui limite Thunder Bay du côté sud. St. John’s, Halifax, Québec et Trois-Rivières, pour ne nommer que ces villes. Néanmoins, il La diversité ethnique et le statut est inquiétant de constater, et ce, pour de socio-économique à Thunder Bay nombreuses raisons, que la proportion de la L’histoire de Thunder Bay est caractérisée par population née au Canada a augmenté de les différences socio-économiques auxquelles se presque 89 % au cours de la dernière décennie sont ajoutées les divisions ethniques. Au cours du 20e siècle, à une époque où la culture dans des deux premières décennies du 20e siècle, l’élite l’ensemble de la province devenait de plus en anglo-saxonne et la classe ouvrière « respectable » plus complexe. Plus de détails sur l’une de ces d’origine britannique ont souvent méprisé les raisons seront fournis plus loin. immigrants de l’Est et du Sud de l’Europe. Ces Un autre facteur fait en quelque sorte que la derniers s’engageaient dans des luttes parfois diversité ethnique de Thunder Bay est unique. violentes avec les employeurs et les autorités Bien que, dans l’ensemble, la population ait publiques afin d’avoir accès au marché du travail, diminué d’environ 4 % pendant les années 1990, pour obtenir de meilleures conditions de travail et la population autochtone de la ville a augmenté. de bons salaires. En fait, dans les éditoriaux des Selon Statistique Canada, la population autochtone journaux locaux, on a tenté de déterminer si les de la RMR de Thunder Bay en 2001 s’élevait à Italiens du sud de l’Italie étaient blancs ou noirs, 8 200, soit près de 7 % de l’ensemble de la sorte de prélude aux débats modernes sur population. Ce segment de la population de la l’aménagement social et la signification de ville est composé principalement de jeunes. concepts comme « les blancs », « l’appartenance à En effet, l’âge moyen est de 25,6 ans alors la race blanche » ou « les minorités visibles ». Les que celui de la RMR est de 39,1 ans. En outre, gens acceptaient plus facilement les Européens du 33 % des personnes de ce segment étaient âgées Nord, en raison d’un fondement raciste en vertu de 14 ans ou moins en 2001, comparativement duquel ils partageaient avec eux un héritage à 18 % pour l’ensemble de la population de la nordique qui se rapprochait de la majorité ville (Statistique Canada 2002a, 2002b). anglo-saxonne3. Il est fort probable que la présence autochtone à Thunder Bay soit sous-représentée dans les données officielles. Cela est en partie attribuable 3 Il est possible de consulter une documentation très intéressante aux problèmes liés à la collecte de données sur sur l’histoire ouvrière de Thunder Bay. Dans la plupart des une population qui est plutôt itinérante lors de documents, on met l’accent sur la relation entre la classe sociale et l’ethnicité dans les luttes ouvrières de Lakehead. la période de recensement. Thunder Bay est un Se reporter à Morrison 1995 pour en avoir un aperçu et des centre régional en matière d’éducation, de services références détaillées.
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Aujourd’hui, la division du travail n’est plus TABLEAU 3 aussi évidente. La représentation du travail que Revenu moyen et rémunération médiane se faisaient les gens – les Écossais et les Anglais et taux de chômage, Recensement de 2001 s’étaient emparés du travail lié aux chemins de des Autochtones et non-Autochtones fer et aux silos à grains, les Finlandais étaient RMR de pour la plupart des bûcherons et les Italiens et les Autochtones Thunder Bay Européens de l’Est travaillaient dans le secteur de Rémunération médiane 22 537 31 498 la construction lourde – fait partie de l’héritage Revenu moyen 14 187 23 607 culturel local perpétué par les personnes âgées. Taux de chômage 22,9 8,8 Compte tenu des changements économiques qui se sont produits au cours des trente dernières Source : Statistique Canada 2002a, 2002b. années, de l’énorme baisse de l’emploi dans les secteurs d’expédition du grain, des chemins de fer, de foresterie et de pâtes et papiers, et compte éducationnels nécessaires à la prestation de tenu de l’augmentation des services d’éducation, services axés sur le savoir à la population locale sociaux et de santé, cette image idéalisée de la et régionale. Bien sûr, cela ne veut pas dire que structure ethnique du marché du travail local ne les nouveaux immigrants à Thunder Bay ne se tient plus la route4. heurtent pas à des problèmes économiques. Il y Contrairement à certains grands centres où la a des réfugiés latinophones qui travaillent comme division du travail racialisée ou ethnique est nettoyeurs de maisons et des professeurs de très évidente, la petite population de minorités mathématiques d’origine chinoise. Jusqu’à présent visibles de Thunder Bay ne fait pas partie d’une tout au moins, et peut-être parce que relativement classe économique et sociale marginale évidente. peu d’immigrants de minorités visibles se sont La question n’a pas été étudiée à l’aide d’une installés dans la ville, à première vue, il n’y a approche systématique et quantitative. Or, des pas de division claire du travail fondée sur les preuves empiriques et une recherche qualitative groupes ethnoraciaux. (Dhiman 1997) donnent à penser que de nombreux La situation socio-économique de la population immigrants faisant partie de minorités visibles autochtone n’est pas aussi reluisante. Toutefois, sont attirés par la ville pour des raisons il y a de plus en plus de professionnels autochtones économiques et non pour des raisons politiques qui travaillent dans l’enseignement et les services ou sociales. Les membres de la population de sociaux et d’autres qui occupent des emplois plus minorités visibles à Thunder Bay occupent une typiques à la classe ouvrière qui viennent place de choix dans l’enseignement postsecondaire démentir les vieux stéréotypes selon lesquels les et les services commerciaux et médicaux. Il est Autochtones vivant en ville sont au chômage raisonnable de supposer que la tendance dont et dépendent de l’aide sociale. Toutefois, il y a fait mention Frideres (2006, p. 6), selon laquelle, encore beaucoup de progrès à faire pour que le à l’exception des trois plus grandes villes au peuple autochtone obtienne la parité économique Canada, « les revenus des immigrants dépassent avec la population non autochtone. En moyenne, ceux des personnes nées au Canada », soit aussi les Autochtones gagnent moins d’argent, ont une réalité à Thunder Bay. un revenu total inférieur et leur taux de De nombreux immigrants à Thunder Bay chômage est beaucoup plus élevé que chez leurs occupent des postes de professionnels. Ainsi, ils homologues non autochtones (Tableau 3). remplissent un créneau essentiel de l’économie Ainsi, Thunder Bay affiche un modèle de locale et fournissent les compétences et le capital diversité ethnoculturelle qui découle surtout des vieilles cultures européennes non anglophones qui se sont installées lors des vagues d’immigration
4 avant la Première Guerre mondiale (bien que les On assiste à une baisse de l’emploi dans ces industries depuis des décennies. Le récent effondrement de l’industrie des pâtes et gens de cette génération soient de moins en moins papiers a ébranlé très fortement à la fois la ville de Thunder Bay nombreux) et lors de celles des années 1940, 1950 et la région. Au cours des deux dernières années seulement, la et 1960. L’importance de ces identités ethniques ville a perdu près de 1 500 emplois en raison des fermetures européennes est désormais essentiellement d’usine ou des congédiements. Il est possible de consulter le symbolique (Stymeist 1975). L’appartenance rapport de 2006 du Comité de formation du Nord Supérieur. D’autres fermetures et d’autres congédiements ont été annoncés ethnique n’est plus le principal déterminant des depuis la publication de ce rapport. modèles des espaces résidentiels, de mariage et
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de l’emploi. Lorsque l’on parle de plus grande savoir, elle doit convaincre des gens possédant les diversité, on fait référence à la présence et à la compétences appropriées de s’installer dans la visibilité accrues des personnes et de la culture ville. L’un des facteurs les plus importants à cet autochtones dans la ville. Mais ce phénomène égard : favoriser les environnements caractérisés n’est pas sans créer certaines tensions : une étude par la diversité qui attirent les personnes menée en 2001 par Diversity Thunder Bay révèle possédant le capital culturel et éducationnel à la que 56 % des répondants autochtones avaient base de l’économie du savoir (Gertler et coll. été victimes de discrimination au cours de 2002). Au cours des années 1990, les technologies l’année (Diversity Thunder Bay 2002, p. 2). En de l’information et des communications ont effet, il est vrai que la division entre les « blancs connu une forte expansion et, bien que le nombre » et les Autochtones constitue l’un des problèmes de personnes travaillant dans ce secteur ait sous-jacents de la collectivité dans la région augmenté de 73 % à l’échelle nationale, à Thunder (Dunk 2003). Les craintes que l’on entend souvent Bay, le nombre de personnes dans ce secteur du au sujet du vandalisme, des délits de vagabondage marché est passé de 600 à 500. Le nombre de et d’extorsion et de la mendicité, qui sont des travailleurs rémunérés dans le secteur scientifique problèmes omniprésents dans les débats sans fin n’a pas changé au cours de cette décennie. En l’an sur la façon de remédier au déclin du cœur des 2000, Thunder Bay était au dernier rang dans ces centres-villes des anciennes villes de Port Arthur deux catégories parmi toutes les RMR du pays et de Fort William, sont autant d’expressions (Beckstead et coll. 2003, p. 26, tableaux 5a et 5b). codées du malaise de la population blanche Il est encore bien trop tôt pour évaluer les résultats vieillissante face à la présence croissante de du travail de collaboration récemment entrepris jeunes autochtones dans ces secteurs de la ville. par la ville de Thunder Bay, l’université Lakehead Les répondants de minorités visibles étaient et des investisseurs privés afin de faire de Thunder moins susceptibles de percevoir le racisme Bay un centre de recherche en biotechnologie. Il comme un problème vécu dans la collectivité, convient de noter que les immigrants de minorités mais ils en étaient toujours victimes (Diversity visibles jouent un rôle clé dans cette initiative. Thunder Bay, 2002). Dans l’analyse qualitative Selon Richard Florida et d’autres penseurs, pour de Dhiman (1997) portant sur les femmes de que la ville fasse la transition de la « vieille l’Asie du Sud habitant à Thunder Bay, dont économie » vers la « nouvelle économie », elle de nombreuses étaient l’épouse ou la fille de devra consentir de grands efforts pour attirer professionnels, l’auteur souligne aussi leur davantage de nouveaux immigrants dont la sentiment d’exclusion de la collectivité. présence permettra en partie de favoriser l’ambiance qui incite la classe « créatrice » à Conséquences sur le développement s’installer dans une ville. régional et urbain Toutefois, il s’agit d’un défi très difficile à relever La ville de Thunder Bay, et en fait la région dont puisqu’il arrive souvent que les hommes et les elle fait partie, a l’habitude des hauts et des bas femmes politiques à l’échelle locale consacrent économiques. Au cours des 20 dernières années, toute leur énergie à régler des problèmes qui elle a connu plus de bas que de hauts, et cela préoccupent beaucoup la population vieillissante, se reflète dans les statistiques de la population laquelle est principalement composée de personnes globale. Bien que la population du pays et de nées au Canada ou en Europe. Les principaux la province ait augmenté de façon plutôt enjeux qui les préoccupent sont les taux significative, celle de Thunder Bay a stagné. d’imposition, les frais associés aux terrains de L’exode des jeunes, le départ des principaux golf appartenant à la ville, les patinoires et les employeurs industriels et la stagnation du piscines, l’accès aux hôpitaux et le maintien de marché immobilier sont de grandes sources centres de soins de longue durée de qualité pour de préoccupation pour les résidants ainsi que les personnes âgées, ce qui est loin d’être étonnant. les instances politiques. Malheureusement, si Le rapport publié par Diversity Thunder Bay les théories actuelles largement acceptées sur le démontre que la diversité est valorisée par un développement urbain sont exactes, la ville de nombre important de résidants de Thunder Bay. Thunder Bay est une véritable énigme. Si Thunder Toutefois, les initiatives visant à attirer de Bay veut faire la transition d’une collectivité de nouveaux immigrants, dont de nombreux seraient classe ouvrière fondée sur le transport et la de minorités visibles, et à faire la promotion de production de pâtes et papiers vers l’économie du la diversité ont perdu du terrain en faveur des
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enjeux mentionnés ci-dessus. Dans les années ———. Statistique Canada. 2002a. Profils de la population 1990, Thunder Bay faisait partie du petit groupe autochtone du Recensement de 2001 – Thunder Bay, de villes en Ontario dont le conseil municipal no 93F0043XIF au catalogue. avait déclaré que la collectivité était uniquement ———. Statistique Canada. 2002b. Profils des communautés anglaise, afin de s’opposer symboliquement de 2001 - Thunder Bay, no 93F0053XIF au catalogue. 5 au bilinguisme officiel . La ville fait face à un Comité de formation du Nord Supérieur. 2006. dilemme : sa population n’est pas assez diversifiée « Répercussions des fermetures et des mises à pied dans le pour être une collectivité accueillante pour les district de Thunder Bay », Trendline Consulting Services. immigrants et pour que les résidants et les Dhiman, R. P. 1997. « Negotiating Identity in Everyday dirigeants de la collectivité locale considèrent la Life: The Experience of Canadian Women of South Asian population autochtone croissante comme une Origin », thèse de maîtrise, Lakehead University. question prioritaire. Pourtant, si la collectivité ne s’attaque pas à ces problèmes, elle met son Diversity Thunder Bay. 2002. A Community of Acceptance: avenir en péril. Respect for Thunder Bay’s Diversity. Dunk, T. 2003. It’s a Working Man’s Town: Male Working- À propos de l’auteur Class Culture in Northwestern Ontario, réedition, THOMAS DUNK est doyen, Faculty of Social Sciences and Montréal, McGill-Queen’s University Press. Humanities, Lakehead University. Il ensigne des cours de Frideres, J. 2006. « L’intégration des immigrants dans les sociologie en anthropologie, en études environnementales villes : l’avenir des centres de deuxième et de troisième et en études sur le Nord. Il s’intéresse notamment à la rangs », Nos diverses cités / Our Diverse Cities, vol. 2, p. 3-9. culture, à la société, et à l’économie régionales du Nord- Ouest de l’Ontario. Gertler, M. S., et coll. 2002. « Competing on Creativity: Placing Ontario’s Cities in North American Context », rapport préparé pour le ministère de l’Entreprise, des Références Débouchés et de l’Innovation de l’Ontario et l’Institute Beckstead, D., et coll. 2003. Une décennie de croissance : for Competitiveness and Prosperity. la répartition géographique émergente des branches Morrison, J. 1995. « The Organization of Labour at Thunder de la nouvelle économie dans les années 90, Ottawa, Bay », dans Thorold J. Tronrud et A. Ernest Epp (dir.), Statistique Canada, no 11-622-MIF au catalogue. Thunder Bay: From Rivalry to Unity, Thunder Bay, Canada. Citoyenneté et Immigration Canada. 2006. Faits et Thunder Bay Historical Museum Society Inc., p. 129-141. chiffres 2005. Aperçu de l’immigration : résidents permanents. Rasporich, A. W., et T. J. Tronrud. 1995. « Class, Ethnicity, www.cic.gc.ca/francais/pub/faits2005/permanents/18.html. and Urban Competition », dans T. J. Tronrud et A. Ernest Epp (dir.), Thunder Bay: From Rivalry to Unity, Thunder Bay, Thunder Bay Historical Museum Society Inc., p. 204-226. 5 Bien qu’environ 15 % de la population ait affirmé être d’origine ethnique française, seulement 2 775 personnes (2,5 %) ont Stymeist, D. 1975. Ethnics and Indians: Social Relations in déclaré parler seulement le français, et seulement 340 ont déclaré Northwestern Ontario, Toronto, Peter Martin and Associates. qu’elles parlaient l’anglais et le français (Statistique Canada, population selon certaines origines ethniques, RMR de Thunder Bay, Recensement de 2001 et Statistique Canada 2002b)
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En 2001, le taux de chômage chez les immigrants récents dans la région de Waterloo était de 14 %, comparativement à 5 % chez les personnes nées au Canada. Le sous-emploi est aussi un problème de taille, plusieurs des travailleurs qualifiés ne pouvant mettre leurs compétences au profit de la collectivité, bien que celle-ci en ait besoin. Par conséquent, plusieurs en sont venus à occuper des emplois de subsistance, certains envisageant même de retourner dans leur pays d’origine ou de quitter la région. Le rôle des immigrants dans la prospérité économique de la région de Waterloo Une stratégie d’intégration concertée et dynamique
PETER McFADDEN Waterloo Region Immigration Employment Network (WRIEN)
RICH JANZEN Centre for Research and Education in Human Services (CREHS)
Le besoin Définition du problème L’économie de la région de Waterloo est l’une La région de Waterloo accueille depuis fort des plus fortes et des plus florissantes du longtemps des travailleurs et des entrepreneurs Canada. Le taux de chômage y environne les immigrants. À travers l’histoire, son commerce 5 % et le marché du travail a un besoin et sa culture ont été influencés par l’éthique insatiable de main-d’œuvre qualifiée pour professionnelle et l’esprit d’entreprise des soutenir et développer une économie axée sur la immigrants germanophones. Aujourd’hui, cette technologie. Toutefois, à l’instar de nombreuses région multiculturelle se situe au cinquième autres collectivités canadiennes, la région de rang des centre urbains canadiens accueillant le Waterloo n’a pas réussi à ouvrir adéquatement plus grand nombre d’immigrants par habitant les portes de son marché du travail aux (Recensement de 2001). immigrants (Janzen et coll. 2003). Par ailleurs, des statistiques démontrent que Pour redresser la situation, plusieurs les immigrants vivant dans la région de intervenants de la région de Waterloo se sont Waterloo accusent un retard par rapport à la récemment engagés à travailler en partenariat. population active en ce qui a trait au taux Cet article constitue en quelque sorte le récit de d’emploi et au niveau des revenus et ce, malgré leur collaboration, fondée sur l’intentionnalité un degré d’instruction supérieur à celui de et la reconnaissance commune de l’importance l’ensemble de la population active. Selon de l’emploi des immigrants pour la collectivité. Statistique Canada, le taux de chômage chez Il s’agit également d’un récit de stratégie, où les immigrants récents dans la région de une collectivité s’est unie pour déterminer les Waterloo était de 14 % en 2001, meilleures façons de progresser ensemble, de comparativement à 5 % chez les personnes relever les défis et de tirer parti des nombreuses nées au Canada. Le sous-emploi est aussi un possibilités qu’offre une main-d’œuvre de plus problème de taille, plusieurs des travailleurs en plus diversifiée. qualifiés ne pouvant mettre leurs compétences
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au profit de la collectivité, bien que celle-ci en Malgré ces atouts, ce n’est qu’au cours des ait besoin. deux dernières années que les divers secteurs Par conséquent, de nombreux immigrants en mentionnés ci-dessus ont commencé à élaborer sont venus à occuper des emplois de subsistance, conjointement une solution intersectorielle et certains envisageant même de retourner dans panrégionale au problème de l’emploi des leur pays d’origine ou de quitter la région. Cette immigrants. Dans le passé, il y avait un situation a entraîné des conséquences négatives important manque de participation de la part des pour les immigrants et leurs familles, pour employeurs de la région. Pourtant, on s’est rendu l’économie locale et pour la collectivité en compte récemment que si les avantages de général. Il manifestement temps de traiter du l’emploi des immigrants sont partagés, les problème de la sous-utilisation des compétences responsabilités doivent l’être également. des immigrants. Analyse de la situation : compte tenu de la pénurie actuelle de travailleurs qualifiés, la Les atouts de la collectivités collectivité des affaires (employeurs privés, La région de Waterloo jouit d’un secteur des publics et à but non lucratif) a besoin d’avoir affaires robuste. Quatre associations de gens accès à une main-d’œuvre qualifiée, alors qu’une d’affaires dominent : Communitech, l’association réserve importante de travailleurs immigrants des entreprises spécialisées dans la technologie qualifiés existe dans la région. Le principal défi à de la région; Canada’s Technology Triangle Inc., surmonter était donc de « mettre en contact » l’organisation régionale de développement toutes les parties intéressées. économique et de marketing; et deux chambres de commerce locales (Greater Kitchener-Waterloo et Une action concertée Cambridge). Au cours des dernières années, ces L’innovation, l’esprit d’entreprise et la volonté associations ont joué un rôle prépondérant en commune d’obtenir des résultats sont les reconnaissant la nécessité d’un partenariat de principaux traits qui définissent la région de collaboration qui assurerait aux entreprises Waterloo. Ce fut la volonté des intervenants de l’accès aux talents nécessaires pour répondre aux transformer le problème de l’emploi des besoins locaux en matière de main-d’œuvre. immigrants en une occasion de prospérité pour La région de Waterloo possède également un la collectivité et d’arriver à cette fin grâce à la réseau solide d’aide aux immigrants; sa longue contribution de tous. tradition d’accueil remonte à ses origines Pour mettre en œuvre cet engagement, la mennonites et luthériennes. Aujourd’hui, une région de Waterloo a créé un réseau d’emploi trentaine d’organismes, d’initiatives et d’agences pour immigrants, le Waterloo Region Immigrant gouvernementales locales apportent leur aide Employment Network (WRIEN – prononcé aux nouveaux arrivants, leur offrant entre « Ryan »), dont la conception et la mise en place autres des programmes axés sur l’emploi des sont des exemples de leadership et de immigrants. Ces organismes communautaires, collaboration qui pourraient intéresser d’autres fortement engagés, ont mené les efforts locaux collectivités. Nous présentons ici un survol de pour aider les immigrants à trouver du travail et l’évolution du WRIEN1. ont incité les autres secteurs à faire leur part. Une solution intersectorielle panrégionale et D’autres intervenants de la région de Waterloo concertée aux trois besoins fondamentaux sont prêts à aborder le problème de l’emploi des suivants ont défini la marche à suivre immigrants. Quelques-uns des plus prestigieux pour avancer : établissements au Canada – l’Université Wilfrid • Promouvoir le bien-être des immigrants et de Laurier, la University of Waterloo et le Conestoga leurs familles (vies fortes); College – sont établis dans la région. Les administrations municipales et les bailleurs de • Contribuer à la prospérité de l’économie fonds non gouvernementaux de la région ont (économie forte); reconnu la nécessité de bâtir des collectivités • Bâtir des collectivités en santé, vivantes et englobantes. En outre, la région de Waterloo englobantes (collectivités fortes). compte de nouveaux leaders immigrants qui présentent les avantages mutuels découlant de 1 Pour de plus amples renseignements, nous nous invitons la pleine participation des immigrants à la vie à consulter le site Web du WRIEN : www.wrien.com de la collectivité. (en anglais uniquement).
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L’innovation, l’esprit d’entreprise et la volonté commune d’obtenir des résultats sont les principaux traits qui définissent la région de Waterloo. Ce fut la volonté des intervenants de transformer le problème de l’emploi des immigrants en une occasion de prospérité pour la collectivité et d’arriver à cette fin grâce à la contribution de tous. Pour mettre en œuvre cet engagement, on a créé le WRIEN, dont la conception et la mise en place sont des exemples de leadership et de collaboration qui pourraient intéresser d’autres collectivités.
La mise en œuvre d’une collaboration et d’un collectivité ont couvert les frais de la rencontre, engagement efficaces comportait trois phases ou auquel ont participé plus de 175 personnes chapitres distincts : appartenant à six secteurs (leaders immigrants, entreprises, organisations communautaires, • Organiser et tenir une rencontre sur les gouvernement, secteur de l’éducation et bailleurs compétences des immigrants; de fonds non gouvernementaux), entremêlées • Se préparer à créer un réseau de services grâce à un plan de salle judicieusement élaboré. d’emploi pour les immigrants; La rencontre a permis d’obtenir des commentaires judicieux quant à une série • Mettre en place le Waterloo Region Immigrant complète de plans d’action. En résumé, elle a Employment Network (WRIEN). engendré des actions, suscité des discussions, Il ne s’agissait pas d’un processus parfaitement défini les priorités et inspiré les participants à ordonné suivant à la lettre des étapes prédéfinies, agir. Elle a mené à la deuxième phase, soit la mais plutôt d’un processus organique et phase préparatoire à une collaboration future. dynamique dans lequel les leaders créaient La phase préparatoire d’un an a permis de de « nouvelles règles de collaboration » et répondre à cinq questions restées en suspens à apprenaient à les mettre en œuvre. La principale l’issue de la rencontre, auxquelles il était leçon apprise a peut-être été que la solution à essentiel de répondre pour aller de l’avant et se la question de l’emploi des immigrants n’était diriger vers une collaboration plus structurée : pas en réalité un événement, une structure, Qui se chargera du réseau de services d’emploi une organisation ou toute autre entité concrète pour les immigrants ? Qui financera le réseau et pouvant être mise sur pied : elle reposait ses activités ? Qui dotera le réseau en personnel ? plutôt sur un processus relationnel ouvert Quels sont les mandats des groupes de travail et visant à inciter les gens à résoudre les problèmes du comité directeur ? Quelles sont les activités du et à collaborer comme ils ne l’avaient jamais réseau et comment ces dernières se rapportent- fait auparavant. elles aux services actuels de placement des Le processus a débuté par l’organisation d’une immigrants de la région ? rencontre, intitulée Immigrant Skills Summit Le succès de la phase préparatoire reposait Waterloo Region (Sommet sur les compétences trois éléments : le leadership, le financement et des immigrants dans la région de Waterloo), afin la participation de la collectivité. Au cours de d’élaborer des plans pour mieux attirer et cette phase, le CREHS a reconnu le besoin de intégrer les immigrants qualifiés. Le Centre for réellement mobiliser les employeurs et le secteur Research and Education in Human Services des affaires et il a, par conséquent, partagé son (CREHS) a tenu la rencontre le 28 avril 20052. rôle de coordonnateur principal. Après un Afin que la rencontre soit la plus productive processus communautaire ouvert, la Chambre de possible, cinq groupes de travail « pré-sommet » commerce de Greater Kitchener Waterloo a été ont été mis sur pied (initiatives des employeurs, désignée comme le partenaire de choix. Le reconnaissance des compétences, soutien aux secteur des affaires avait non seulement participé immigrants, attractivité et structure du conseil). aux efforts, il avait pris la tête des efforts. Quelque 16 organisations commanditaires de la Le second obstacle au progrès était le financement. La Chambre de commerce de 2 Voir www.crehs.on.ca/skills-summit.html Greater Kitchener Waterloo et le CREHS se sont (en anglais uniquement). chargés du financement préliminaire et, grâce à
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leurs réseaux, ont obtenu pour la phase ainsi qu’un résumé, est accessible sur le site Web préparatoire des fonds additionnels de la du WRIEN (en anglais uniquement). KW Community Foundation, du McDonald Afin de s’assurer que l’essence même du Green de Cambridge, de la Chambre de WRIEN ne se perdrait pas dans le plan d’action commerce de Cambridge, de Communitech et de de 27 pages, le comité directeur a cerné les cinq Canada’s Technology Triangle Inc. principaux indicateurs de réussite, c’est-à-dire : La participation de la collectivité était le • Offrir aux immigrants des occasions de dernier ingrédient nécessaire à la réussite de la qualité, qui ne sont pas sous forme phase préparatoire. L’équipe consultative de d’entrevues, pour établir un réseau de relations cette phase regroupait 20 intervenants provenant avec les employeurs et pour acquérir de de différents secteurs (leaders immigrants, l’expérience au Canada; entreprises, organisations communautaires, gouvernement, secteur de l’éducation et bailleurs • Promouvoir un processus d’évaluation des titres de fonds non gouvernementaux). Un réseau de compétences et de l’expérience qui soit juste, grandissant de 350 personnes restait en contact cohérent, transparent, accessible et convivial par courriel. Nombre de ces membres continuent pour les immigrants et les employeurs; d’ailleurs à participer activement aux cinq groupes de travail de l’initiative. FIGURE 1 Enfin, l’équipe consultative de la phase Modèle de prospérité de la collectivité préparatoire a réussi à définir un mandat de trois du WRIEN, septembre 2006 ans pour le WRIEN et à assurer un financement de base de 900 000 $ pour ces trois années. Employeurs des secteurs privé / Parmi les bailleurs de fonds (presque tous de la public et secteur des affaires région), mentionnons Centraide de Kitchener- Waterloo et environs, la Fondation Trillium de l’Ontario, la Lyle S. Hallman Foundation, la Chambre de commerce de Kitchener Waterloo Community Foundation, Greater Kitchener Waterloo la municipalité régionale de Waterloo, la (Organisme d’accueil du WRIEN)
Bridgeway Foundation et Centraide de P artenariats entre les bailleurs de fonds et le gouvernement Cambridge et North Dumfries. Une fois le COMITÉ DIRECTEUR financement de base en place, la voie était DU WRIEN ouverte pour lancer la phase d’action. En mai 2006, la Chambre de commerce de Greater Kitchener Waterloo a présidé le lancement PERSONNEL DU WRIEN + T ravailleurs immigrants officiel du WRIEN comme initiative de prospérité RESSOURCES DE LA CHAMBRE de la collectivité. La phase d’action a démarré en juillet 2006, suite à l’affectation du financement de base et l’embauche d’un directeur exécutif et GROUPES DE TRAVAIL gestionnaire chargé de l’administration. DU WRIEN À la mi-juillet, le personnel et le comité Initiatives des employeurs directeur ont tenu une séance de planification Soutien aux immigrants stratégique pour confirmer le mandat du WRIEN Reconnaissance des titres et clarifier le processus d’élaboration du plan de compétence d’action. Après une année de rencontres, de Attraction des immigrants discussions et de planification visant à améliorer Investissement / Financement la situation de l’emploi pour les immigrants de la Prospérité de la collectivité région de Waterloo, le comité directeur et les et habiletés cinq groupes de travail étaient impatients de voir Emplois appropriés destinés des actions et des résultats concrets. Le comité aux immigrants directeur a consacré trois mois à l’élaboration du plan d’action du WRIEN pour s’assurer que tous les intervenants aient l’occasion de faire leurs Fournisseurs de services commentaires et de prendre en charge leurs d’emploi pour les immigrants sections respectives. Le plan d’action complet,
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• Attirer des travailleurs qualifiés qui répondent Greater Kitchener Waterloo a donné une crédibilité aux besoins du marché du travail local; au WRIEN au sein du secteur des affaires et a ouvert la voie à une participation accrue des • Favoriser l’amélioration de la synergie et de employeurs. Le leadership actif dans les autres l’efficacité de la prestation des services à secteurs a également été source de mobilisation. l’échelle régionale du point de vue des L’obtention du financement de base avant le immigrants et des employeurs; lancement du réseau a donné lieu à de solides • Agir comme centre de renseignements et se fondements pour la recherche de financement charger de la collecte, de l’interprétation et de supplémentaire. Finalement, l’incorporation d’une la diffusion des données sur l’emploi des stratégie d’évaluation complète et permanente immigrants dans la région de Waterloo. (relevant du CREHS) a permis d’assurer la transparence et d’évaluer de façon consciencieuse Il est important de noter que le WRIEN a été créé le processus et les répercussions du WRIEN3. à titre de solution systémique au problème de Le mandat de trois ans du WRIEN prendra fin en l’emploi des immigrants. Son but n’est pas d’aider 2009, mais son héritage se perpétuera. Même si le individuellement les immigrants à trouver du prochain chapitre n’est pas clairement défini, il travail; d’autres organismes régionaux jouent sera sans doute écrit collectivement par les déjà ce rôle de façon efficace. L’objectif du réseau personnes mêmes qui ont participé au processus est plutôt de faire participer les intervenants du WRIEN. Les graines de la collaboration ont de divers secteurs à la création de conditions définitivement été semées ! (à savoir un environnement communautaire favorable) favorisant le jumelage simple et Référence efficace des immigrants et des employeurs, à leur Janzen, R., et al. 2003. Voices for Change: Making Use of avantage mutuel. Immigrant Skills to Strengthen our Communities. Kitchener À ce jour, un certain nombre de facteurs ont : Centre for Research and Education in Human Services. contribué au succès de WRIEN, dont les nouveaux leaders du secteur des affaires. Le fait de pouvoir compter sur la Chambre de commerce de 3 Voir www.wrien.com/en/evaluation.shtml (en anglais uniquement).
Managing Two Worlds: The Experiences and Concerns of Immigrant Youth in Ontario
Canadian Scholars’ Press Inc. a publié Managing Two Worlds: The Experiences and Concerns of Immigrant Youth in Ontario, sous la direction de Paul Anisef, directeur associé de CERIS, et de Kenise Murphy Kilbride, attachée supérieure de recherches.
Pour obtenir un exemplaire : www.cspi.org
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De quels services publics les immigrants ont-ils besoin et qu’a été prévu pour les leur fournir ? Cette question est posée ici sous l’angle des enclaves ethniques où se concentre un groupe ethnique particulier majoritairement composé d’immigrants, et fait un compte rendu générique des besoins des immigrants, en particulier en services sociaux. Besoins des immigrants et prestation de services publics dans la région de Peel* SANDEEP KUMAR AGRAWAL Ryerson University
MOHAMMAD QADEER Queen’s University
ARVIN PRASAD Regional Municipality of Peel