Jakob Probst : Un Compromis Entre Tradition Et Modernité Sculpter Et
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Mémoire de master présenté à la Faculté des Lettres de l'Université de Fribourg (CH) Chaire d’histoire de l’art moderne et contemporain Jakob Probst : Un compromis entre tradition et modernité Sculpter et commémorer en Suisse ROBERT Tiphaine, Vernier (GE), 2012. Directeur de mémoire : Victor I. Stoichita Remerciements Je tiens à remercier le Prof. Victor I. Stoichita d’avoir bien voulu diriger mon mémoire et d’avoir été présent tout au long de ce cheminement. Je remercie également le Prof. Alain Clavien de sa disponibilité et son aide dans le développement des aspects historiques de ce travail. Mes remerciements vont aussi à toutes les personnes, archivistes, conservateurs et bibliothécaires qui ont rendu ce travail possible, particulièrement : Mme Katja Herlach, assistante scientifique et curatrice au Kunstmuseum d’Olten, qui m’a permis d’amorcer la recherche en m’ouvrant le dépôt du Musée que Jakob Probst avait choisi pour léguer une partie de son œuvre ; M. Peter Heim, archiviste à la Ville d’Olten, qui par son aide professionnelle et l’évocation de ses souvenirs, m’a donné de nouvelles pistes, ainsi que Mme Katrin Cadsky-Frey, dont le père était un grand ami de Jakob Probst et qui a bien voulu me renseigner sur ce dernier en évoquant ses souvenirs ; Mme Regula Nebiker et le personnel des archives du Canton de Bâle-Campagne à Liestal ; Mme Letizia Schubiger, curatrice du Museum.BL de Liestal, qui a pris le temps de regarder avec moi le fonds Jakob Probst ; M. Jacques Davier, des Archives de la Ville de Genève, pour son aide précieuse. 2 PLAN 1. INTRODUCTION ............................................................................................................. 4 2. ETAT DE LA QUESTION .............................................................................................. 6 3. LA SCULPTURE SUISSE A L’EPOQUE DE PROBST .............................................. 8 4. ELEMENTS BIOGRAPHIQUES ................................................................................. 12 5. PARCOURS THEMATIQUE ET STYLISTIQUE ..................................................... 15 5.1 AUTOPORTRAITS ...................................................................................................................... 15 5.2 MATERNITE .............................................................................................................................. 16 5.3 MOUVEMENT ............................................................................................................................ 17 5.4 MONDE RURAL ......................................................................................................................... 19 5.4.1 De la mythologie à la campagne suisse ........................................................................... 19 5.4.2 Tendances iconographiques ............................................................................................ 21 5.4.3 Une image évolutive du paysan ? .................................................................................... 22 5.5 VIEILLESSE ............................................................................................................................... 24 5.6 MORT ........................................................................................................................................ 25 6. SCULPTER POUR LA POSTERITE : ŒUVRES PUBLIQUES ............................. 28 6.1 QUELQUES ŒUVRES PUBLIQUES SANS CONTENU COMMEMORATIF ......................................... 28 6.1.1 Sitzende Frau ................................................................................................................... 28 6.1.2 La sculpture intégrée à l’architecture .............................................................................. 31 6.2 MONUMENTS COMMEMORATIFS : QUI/QUOI, COMMENT, POURQUOI ? .................................... 33 6.2.1 Evolution en Suisse ......................................................................................................... 33 6.2.2 Commémorer la guerre .................................................................................................... 37 6.2.3 Fonctions des monuments militaires ............................................................................... 37 6.2.4 Options iconographiques ................................................................................................. 42 6.2.5 Le Wehrmannsdenkmal de Liestal .................................................................................. 45 6.2.6 Le Schlachtdenkmal de Dornach ..................................................................................... 49 6.2.7 Le Wehrdenkmal d’Olten ................................................................................................ 55 6.2.8 Le Monument à l’abbé Bovet à Fribourg ......................................................................... 58 6.2.9 Le Monument à Henri Dunant à Genève ........................................................................ 64 6.2.10 Une époque révolue ? ...................................................................................................... 67 7. CONCLUSION ............................................................................................................... 69 8. BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE .................................................................................. 71 9. ILLUSTRATIONS ......................................................................... CAHIER ANNEXE 3 1. Introduction Passer devant une statue… Nous le faisons tous les jours et ne remarquons plus, ou alors d’un œil distrait, des monuments aux formes et aux messages divers. « Une statue, c’est un bonhomme blanc »1. C’est ainsi que réagissait un enfant en 1970 à la question d’une journaliste de la TSR qui lui demandait ce que signifiait pour lui le mot statue. Cette réponse est emblématique et elle dénote d’un certain lieu commun : la statue, en général, est faite de matière blanche et est anthropomorphe. Cette réflexion nous mène à la question du pourquoi de ces statues. Il s’agit ici de distinguer d’emblée deux types de monuments publics : le monument dénué de contenu commémoratif - c’est à dire décoratif - et le monument commémoratif. Si le premier dit parfois implicitement quelque chose de son époque, on peut qualifier le second d’art explicitement politique. L’étude de ces œuvres d’art est donc à cheval entre l’histoire de l’art et l’histoire2 : si l’on traite d’un monument, on ne saurait laisser de côté le contexte dans lequel il a été produit. Et inversement, si l’on aborde son sens contextuel, on ne peut ignorer sa forme. La statuaire publique a énormément fleuri au XIXème siècle, principalement dans le but de commémorer des "Grands hommes", parfois de manière excessive. En France, ce phénomène, républicain par excellence, a mené à l’utilisation du terme statuomanie. Cette pratique se poursuivra toutefois au siècle suivant, quoique de manière ralentie. Au XXème siècle, la statuaire publique sera liée, la plupart du temps, à la commémoration des victimes des deux guerres mondiales ou autres désastres qu’a connu le siècle. Ces vecteurs de mémoire sont largement entrés dans l’imaginaire collectif. Or, après l’édification d’un monument, il arrive que le message qu’on voulait véhiculer au moment de l’inauguration s’estompe, perde de son importance, ou même son sens. Les statues sont des symboles. On en connait l’enjeu dans les pays qui vivent un brusque tournant politique. En Suisse, rien de tel. Les statues, que Baudelaire avait qualifiées de « fantômes de pierre »3, restent sur place, la plupart du temps dans l’indifférence. Les sculpteurs ayant réalisé les statues qui peuplent les villes et les villages suisses ne sont pas toujours très connus. Et pourtant, certains vivaient presque uniquement de ces commandes. 1 « Vous avez dit sculpture ? », Emission TSR Carré Bleu, 24.05.1970, journaliste: Marlène Belilos, réalisateur: Catherine Borel : http://archives.tsr.ch/player/culture-sculpture. 2 Voir notamment sur ce sujet méthodologique les articles de Ries Roowaan, « Nationaldenkmäler zwischen Geschichte und Kunstgeschichte », Archiv für Kulturgeschichte, 78, 1996, pp. 453-466 et Chantal Georgel, Les historiens et la statue, in : Ségolène Le Men et al., La statuaire publique au XIXème siècle, Contributions aux journées d’études sur la statuaire publique au XIXème siècle, 16 et 17 novembre 2000, Université de Paris-X- Nanterre, Paris : Editions du Patrimoine, 2004, pp. 24-31. 3 Baudelaire, Curiosités esthétiques, Paris : Michel Lévy Frères, 1868, Salon de 1859, pp. 341-342 4 Jakob Probst fait partie de ces sculpteurs. S’il a connu une certaine renommée en Suisse, où il a pu exposer et vendre nombre de ses œuvres, et, ponctuellement, à l’étranger, il reste un sculpteur parmi d’autres. Or, sa sculpture, à cheval entre tradition et modernité, présente des problématiques symptomatiques de l’art suisse au XXème siècle, qui ne sauraient nous laisser indifférents. Notre texte retracera le travail de Jakob Probst, en accordant une attention toute particulière au contenant, au contenu et à la réception de ses œuvres publiques. Cette démarche nécessitera des incursions dans l’histoire suisse, dont la sculpture publique - et celle de Probst - est tributaire. Toutefois, la carrière de ce sculpteur ne s’est pas limitée à des commandes publiques. C’est pourquoi, après un détour par quelques problématiques de la sculpture suisse et par la biographie de Probst, nous aborderons sa sculpture globale de manière thématique.