Ou Guerre D'usure
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Août 1942 2 – La guerre en Asie-Pacifique Iles Salomon : batailles « décisives »… ou guerre d’usure ? 1 er août Campagne du Pacifique Sud-Ouest Brisbane – Dans la nuit, quatre G4M1 de Tenaru attaquent la ville. Les dommages sont minimes, mais la défense commence enfin à s’organiser efficacement : un Defiant de la RAAF abat un des bombardiers, qui s’écrase en mer avec tout son équipage. ……… Guadalcanal – Tenaru est attaqué par deux B-17 et trois Manchester. Un dépôt d’essence est incendié. Campagne de Nouvelle-Guinée Piste de Bulldog – Des éléments de la Force Horito explorent les premiers kilomètres de la piste de Bulldog, le long de la rivière Bulolo. Ils tombent dans une embuscade de la Force Kanga, tendue à trois heures de marche vers le nord-est en direction de Kaisenik, et perdent huit hommes. Horito ordonne alors à 200 hommes de faire mouvement dans la nuit et d’attaquer dès l’aube les positions de la Force Kanga. ……… Piste de Kokoda – Après presque trois semaines de préparation et de patrouilles, Wootten commence à avancer sa 18e Brigade sur la Piste de Kokoda le long d’Eora Creek. Les Japonais, qui se sont eux aussi renforcés, les attendent au village d’Eora. De Templeton’s Crossing au village, il n’y a que six km, mais le terrain est accidenté – deux heures et demie de marche difficile pour un homme en forme et ne portant aucune charge. Sur les deux premiers km, les Japonais n’opposent aucune résistance. Ils ne vont commencer à se raidir qu’à 3 km du village. Il faut rappeler que la piste qui va de Templeton’s Crossing à Eora suit la rive droite du canyon d’Eora Creek. Avant d’atteindre le village, la piste grimpe à flanc de montagne au milieu d’une forêt vierge saturée d’humidité jusqu’à ce que le grondement du torrent glacé qu’est Eora Creek ne soit plus perceptible. De la piste, dans la jungle, la visibilité est nulle – dix mètres, peut-être. La piste traverse à angle droit quatre crêtes en lame de couteau avant de plonger dans la pente jusqu’à la saillie où s’accroche le village d’Eora, puis va retraverser le torrent. Wootten fait progresser quatre compagnies de front. Les hommes cheminent au milieu d’une jungle épaisse où l’eau dégouline de toute part, sur d’épaisses couches de mousses et de champignons et des amas de feuilles pourries. A chaque pas, les soldats de l’AIF découvrent des preuves de la résistance acharnée opposée par l’AMF durant leur retraite après la bataille d’Eora Creek – et notamment les restes de beaucoup de ceux que plus personne n’appelle “Chocolate soldiers”, qui dorment de leur dernier sommeil. Il faut ramasser les plaques d’identité et marquer les endroits où reposent les corps. La première crête est atteinte sans incident avant la tombée de la nuit. Au sommet se trouve un arbre, un parmi des milliers d’autres, mais à son pied est allongé le cadavre pourrissant d’un homme qui fut de haute taille. Tout autour de lui gisent les restes de onze Japonais. C’est Sam Templeton. La crête est immédiatement baptisée Templeton’s Stand. ……… Milne Bay – « A la pointe est de la Nouvelle-Guinée, Milne Bay est en forme de rectangle allongé d’ouest en est sur une trentaine de km et large d’une douzaine. Elle est ouverte à son extrémité est, entre le détroit de Chine, au sud-est, et la péninsule du Cap Est, au nord-est. La baie est donc très abritée, entourée de trois côtés par de pentes raides et boisées, ne donnant sur la mer que par des mangroves ou par d’étroites bandes de terre marécageuse entrecoupées de zones plus sèches, sablonneuses et semées d’innombrables palmiers et cocotiers. Quoique la baie soit assez profonde, les seuls points de la côte où il soit impossible de débarquer sont les mangroves. Si, le long des bords nord et sud de la baie, la bande côtière ne fait jamais plus de 1 500 mètres de large, et souvent deux ou trois fois moins, elle s’élargit à l’extrémité ouest en une plaine côtière de 6 à 8 km de large, avant de rencontrer les collines. Milne Bay est en général très humide, et plus humide encore pendant la saison des pluies, qui commence en juillet. Elle est également réputée comme l’une des capitales mondiales du paludisme, tant par le nombre et la férocité de ses moustiques que par la virulence de ses parasites sanguins – des Plasmodium falciparum, le membre le plus redoutable de la famille Plasmodium. C’est dans cette villégiature enchanteresse que l’armée australienne avait envoyé la 7e Brigade de la 1ère Division de l’AMF, venant du Queensland (Brisbane) et commandée par le Brigadier Field. La 7e comprenait les 8e, 25e et 61e bataillons d’infanterie, le 5e Royal Australian Artillery et le 7e Royal Australian Engineers. La 18e Brigade commençant à arriver à Port Moresby, l’état-major avait décidé de renforcer la 7e Brigade avec le 53e Bataillon de la 30e Brigade, stationnée à Port Moresby et censée être acclimatée, puis avec la 15e Brigade. Mais les quatre bataillons de cette brigade (57e, 58e, 59e et 60e) arrivaient de l’Etat de Victoria et les hommes n’étaient nullement acclimatés, ce qui réduisait sévèrement leur capacité de travail. Le pire était qu’ils persistaient, malgré les conseils, à porter des shorts et à relever leurs manches, voire à ne pas mettre de chemise chaque fois qu’ils le pouvaient… ce qui les rendait très vulnérables aux piqûres de moustiques, donc au paludisme. Le major-général Clowes commandait l’ensemble de la région. Sa tâche principale était de construire des infrastructures. Il disposait pour cela du 7e Bataillon des RAE et de quelques compagnies du génie de l’US Army. Ces troupes installèrent assez rapidement deux pistes aériennes à l’angle nord-ouest de la baie, près du village de Gili-Gili (Turnbull, sur Swinger Bay, au nord-est du village, et Gurney, 3 km à l’ouest du village). On construisit aussi des appontements près de la Mission Ladava et un réseau routier décent. Les conditions de travail des hommes du génie étaient atroces. Choisir les endroits où installer les terrains avait été facile, mais élargir trente km de pistes, les renforcer de plaques métalliques, creuser tout le long des fossés de drainage et remplacer les dix-sept ponts de bois légers par des structures capables de supporter le passage d’un camion de 10 tonnes à pleine charge avait été une tâche herculéenne. Et tout cela avait dû être fait avant que les pluies ne transforment les routes en question en bourbiers infranchissables. A l’ouest de Waigani (à 8 km environ de Gili-Gili), il n’y avait plus que des pistes. Au début d’août, il y avait là trois squadrons de la RAAF : le Sqn 75, sur Hurricane, le Sqn 76, sur Boomerang et Wirraway, pour l’appui au sol, et le Sqn 100, sur Beaufort, dont on espérait beaucoup. La base n’avait pourtant pas été prévue pour recevoir autre chose qu’un squadron de chasse, et l’état des deux pistes posait d’énormes problèmes, en dépit des revêtements en plaques Marsden. Les pistes étaient souvent recouvertes par 5 à 10 cm d’eau et il était fréquent que les avions aquaplanent et aillent s’enliser au bord de la piste dans le sol mou et spongieux. Ces difficultés épargnaient heureusement les hydravions Saro Lerwick du Sqn 11, installés au creux de la baie. En revanche, l’humidité omniprésente affectait gravement les appareils de l’unité de radar N° 37, qui étaient souvent en panne. Pour améliorer les chances de repérer une attaque aérienne ou navale japonaise venant de Lae ou de Rabaul, les Alliés avaient envoyé fin juillet sur l’île Goodenough (la plus septentrionale des Îles d’Entrecasteaux) des coastwatchers australiens, accompagnés par une équipe de guetteurs américains chargés de repérer et d’identifier tout avion passant par là. Goodenough est en effet idéalement placée le long de la côte est de Nouvelle-Guinée et son point culminant, le Mont Vineuo, dépasse 2500 mètres. Clowes avait aussi fait construire une solide ligne défensive le long de la mer, de la Mission Ladava au sud-ouest jusqu’à l’embouchure de Point Creek, au nord-est, près du point où la piste de Turnbull touchait presque la mer. La partie est de cette ligne était défendue par le 53e Bataillon. Le QG de la 15e Brigade avait été établi à Gili-Gili et ses unités couvraient la côte à l’est du 53e Bataillon, jusqu’à la Mission K.B. Le QG de la 7e Brigade était à Hagita House, au sud de la piste de Gurney, et ses unités couvraient la côte au sud-ouest. Toute cette installation n’avait pu se faire que grâce à des transports par mer et notamment à deux petits cargos, les AK Anshun (3 188 GRT) et Anking (3 472 GRT), tous deux de la China Navigation Co et filant à la vitesse raisonnable de 12 nœuds. Sept bâtiments de guerre devaient les couvrir : le DD neuf Warramunga (classe Tribal, mis en service à la hâte), les DD anciens Thracian, Vampire, Vendetta et Voyager et les avisos Swan et Yarra (tous de la RAN, sauf le Thracian, de la Royal Navy). ……… Le commandement allié avait bien pressenti que la stratégie japonaise ne s’en tiendrait pas à l’attaque de Lae/Wau (en mars) et de Buna-Kokoda (en mai).