16e colloque international de l’Association Charles Gide Strasbourg, 14-16 avril 2016 Patrick GILORMINI ESDES-Université Catholique de Lyon 10, place des Archives F-69288 Lyon cedex 02
[email protected] L’associationnisme de Philippe Buchez et de l’Atelier L’émancipation d’une communauté de travail égalitaire par le devoir et le dévouement Au cours de la révolution de 1830, ouvriers et petits bourgeois combattirent pendant trois jours dans les rues de Paris pour finalement voir Louis-Philippe, roi de l’oligarchie bancaire et financière, prendre le pouvoir. La classe ouvrière française n’avait pas alors la conscience politique permettantde récolter les fruits de sa victoire. Les premières grèves des canuts lyonnais de 1831 et 1834, suivies attentivement par les saint-simoniens, seront facilement écrasées. Les organisations démocrates révolutionnaires, comme la Charbonnerie avaient déployé leurs activités parmi les étudiants et dans une moindre mesure dans les couches plébéiennes, notamment chez les compagnons artisans. Ce n’est que durant la monarchie de Juillet que leurs membres commenceront à opposer clairement les intérêts du peuple à ceux de la bourgeoisie. (Abendroth, 2002). La monarchie de Juillet inaugure les luttes ouvrières à l’ère industrielle. De nombreuses couches populaires connaissent un sort peu enviable. L’industrialisation parvient à un stade tel que ses effets sociaux ravageurs, suscitent des agitations à répétition tant chez les prolétaires employés dans les nouvelles grandes fabriques industrielles que chez les ouvriers de métier et les compagnons traditionnels. Si le concept de classe, popularisé par Guizot, permet de caractériser les conflits entre bourgeois et ouvriers, il masque pourtant la forte hétérogénéité des conditions tout comme la rivalité des intérêts entre les artisans de métiers sur le déclin et les prolétaires des nouvelles fabriques (De Broglie, 2011, pp.