Les Résidents Du Foyer Logement Racontent Leur Seconde Guerre
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- Le Champ St Père (Vendée) - Les résidents du Foyer Logement racontent leur Seconde Guerre Mondiale Georgine Hervé (née Gorges) est née le 26 septembre 1919. Pendant la guerre, elle a vécu à Lairoux et aux Pineaux St Ouen. Son mari était à l’époque gendarme aux Sables d’Olonne. Marie-Thérèse Daviet (née Valot) avait 13 ans lorsque la guerre a débuté. Elle résidait aux Noues du Tablier. Michel Herbreteau est entré en résistance à l’âge de 18 ans. Il est originaire du Retail à Mareuil /Lay. Il a reçu la croix du combattant pour son engagement. Michel Bretaud avait 13 ans en 1940 lorsque que les allemands sont venus occuper l’école St Pierre où il était élève. M. Bretaud habitait Noailles, il fut ensuite directeur de cette même école. Colette Papin (née Traineau) habitait aux Moutiers les Mauxfaits pendant la guerre. Au cours de la 2nde Guerre Mondiale, celui qui allait devenir son mari était ouvrier S.T.O. Fernand Barreaud est né le 21 septembre 1916 à Montreuil (Vendée). Durant la seconde Guerre Mondiale, il fut prisonnier de guerre. Josette Barreaud (née Pouponnot) avait 20 ans lorsque son futur époux Fernand est parti à la guerre. Elle habitait Montreuil également. Edith Raffin (née Favreau) avait 17 ans en 1939 et travaillait dans une banque aux Sables d’Olonne. Par la suite, elle fut directrice de la résidence Beauséjour à Champ St Père. Ce sont les cloches (le tocsin) qui ont annoncé la mobilisation des troupes le 1er septembre 1939 avant la déclaration de guerre du 3. Alors tous les hommes qui avaient fait leur service militaire devaient se rendre en mairie dans les deux jours suivants. Ceux qui ne venaient pas étaient considérés comme des déserteurs. Tous les chevaux ont été réquisitionnés et envoyés à Luçon sur la place du Champ de foire ou ils « crevaient de faim » selon M .Herbreteau. A Champ St Père, on commençait à parler de cette guerre. M. Bretaud se rappelle que son instituteur leur racontait que << si Hitler construisait des tanks et des canons, ce n’était pas pour les mettre en conserve >>. Le 10 mai 1940, M.Bretaud, alors élève à l’école de St Pierre, était en train d’écrire le mot « allemand » lorsqu’un orage est survenu. La foudre est tombée sur le calvaire érigé en mémoire des soldats morts en 14-18. Pour M Bretaud , cet évènement était prémonitoire . En effet, les Allemands sont arrivés dans la région quelques semaines plus tard. Dans les premiers mois, c’était une « drôle de guerre », les troupes ne se battaient pas. Mais ensuite la France qui n’était pas prête à combattre a subi une véritable débâcle. A Champ Saint Père et dans les alentours, ce n’est que quelques jours après l’armistice du 22 juin 1940 signé par le maréchal Pétain que les villageois ont appris la défaite. Ce sont les quotidiens régionaux, « Le petit Parisien « et le « Phare » qui ont apporté la mauvaise nouvelle. Une classe de l’école St Pierre en 1942. Mlle Marie-Ange Guyet, l’institutrice remplaçait son père parti à la guerre. Mais depuis quelques jours déjà, des familles péroises ouvraient leurs portes aux nombreux réfugiés ardennais qui avaient fui les Allemands. Mme Hervé se souvient qu’elle avait accueilli<<deux gamines >>. En effet, tout le département de la Vendée était décrété comme le département d’accueil des Ardennais. M.Bretaud se rappelle que les Allemands sont venus occuper l’école St Pierre. Ils avaient tracé une ligne pour séparer la cour de récréation. Les soldats du Führer étaient très corrects avec les écoliers mais ils leur faisaient quand même un peu peur car ils portaient tous une baïonnette. De plus, la langue de Goëthe leur était tellement étrangère qu’ils n’étaient pas rassurés. Mais parfois, les cancres osaient-ils les insulter ? Bien sûr mais en cachette, ils les surnommaient les « boches », les « frisés » et même les « doryphores » du nom des insectes mangeurs de pommes de terre. Il est même arrivé qu’un jour une dame devant l’épicerie de Champ St Père aurait dit, en voyant les Allemands traverser la rue : « Oh ! Ces satanés doryphores, il y en a partout ». Malheureusement, un des soldats, comprenant la langue française, aurait répliqué : « C’est exact ! Lorsqu’ils auront mangé toutes les feuilles de pommes de terre, il ne vous restera plus rien à manger». Faisait-il allusion à la nourriture réquisitionnée par les troupes allemandes ? Certainement. Tous les vendéens de cette période se rappellent que les repas n’étaient pas copieux. En effet, tous les aliments étaient rationnés. Chaque mois, on devait aller en mairie pour récupérer des tickets de rationnement. En fonction de l’âge, chacun avait le droit à plus ou moins de pain, de chocolat, de lait… Mme Papin, ayant 13 ans en 1940 appartenait à la catégorie J3*(Catégorie J3 : les jeunes de 13 à 21 ans ainsi que les femmes enceintes.) Cette année-là, elle résidait aux Moutiers les Mauxfaits. Cette période était pénible à vivre mais elle l’était encore plus pour sa famille de la Roche Sur Yon. Contrairement aux habitants de la campagne, ceux de la ville ne pouvaient pas profiter des jardins. Alors, Mme Papin s’arrangeait avec la boulangère, route de la Tranche sur mer, près de la petite école, pour ne pas utiliser ses tickets en échange de pain et elle les envoyait à ses cousins yonnais. Carte individuelle d’alimentation et carte de vêtements et d’articles textiles appartenant à M. Jean-Claude Hervé, fils de Mme Hervé, né en 1942. Les tickets de rationnements ont été également utilisés après la guerre. La France était alors en reconstruction. Plus la guerre continuait, plus les conditions de vie étaient compliquées. La nourriture venait à manquer. C’est pourquoi, les gens ont commencé à faire du marché noir. Ils échangeaient parfois de la laine contre du tissu pour en faire des vêtements. La mère de Mme Hervé n’hésitait pas à pédaler plus de 90 km à bicyclette de Lairoux jusqu’à Cugand pour troquer la laine que son mari, berger, récupérait. Mme Raffin, elle, participait à ces échanges sur le port des Sables d’Olonne. La nourriture récupérée était très souvent expédiée aux prisonniers dans les camps d’emprisonnement. Par méfiance, les Allemands ouvraient les colis avant de leur donner. Il est même arrivé à M. Barraud que la confiture et les sardines envoyées par ses parents soient mélangées. C’est avec émotion que ce dernier évoque ces douloureux souvenirs. En effet, Fernand Barraud après la débâcle des français en 1940 a du subir les atrocités des Allemands. Tout d’abord, il a été emprisonné à Neuf-Brisach avec 75 000 autres soldats français où ils ont vécu quelques mois sans être lavés et rasés. Pour seule occupation, ils comptaient leurs poux et leurs puces. Un jour, les allemands ont eu l’idée de les mettre à nu dehors en les « tondant comme des moutons ». Ils ne se reconnaissaient même plus. Ils avaient l’impression de ne plus avoir d’identité car ils n’avaient plus de nom mais un matricule. Fernand Barraud est devenu alors le n° 35.485. Ensuite, il a été baladé de Strasbourg jusqu’en Hollande avant de revenir en Allemagne, à Solingen exactement. Dans cette ville, il a dû travailler en tant qu’ouvrier sur les routes, puis il a été jardinier. C’est là où il s’est amusé à détruire le matériel pour embêter son patron nazi. Il a, avec un camarade, scié des roues de brouettes, cassé des pots, augmenté la température des serres pour faire pourrir les concombres,… Comme sanction, il était privé de nourriture pendant quelques jours. Plus que pour s’amuser, ces bêtises leur permettaient d’oublier leur douloureuse condition de vie. M. Barraud, prisonnier de guerre Jardinerie à Solingen “Gärtnerei Wilhem Selfferr” Ouvrier sur les routes de Solingen Jardinier Pendant ce temps, sur le territoire français, certains de nos compatriotes ont collaboré avec l’ennemi. Parmi eux, beaucoup l’ont fait par crainte des Allemands mais d’autres étaient très proches des idées nazies. Aux Sables d’Olonne, le directeur de banque dans laquelle travaillait Mme Raffin était un « collabo » pro-allemand. Celui-ci ayant entendu que les Allemands recherchaient des résistants dont le frère de Mme Raffin, n’a pas eu de scrupule pour la dénoncer. Elle a alors été convoquée à la Kommandantur où elle a été poussée à bout jusqu’à être menacée de déportation avec ses parents. Elle a tout de même menti pour protéger son frère, Charles Favreau, maquisard dans la forêt de Mervent. Elle se souvient de la peur qu’elle a ressentie face aux menaces verbales. Mme Raffin garde également un souvenir horrible de son entrée dans ce lieu. Elle a été marquée par les soldats bardés d’armes et par la croix gammée qui ornait le fond de la pièce. Depuis elle ne peut regarder cette croix sans pleurer. Elle n’a pas eu le malheur d’être déportée et se souvient que son directeur lui a connu une fin plus tragique après avoir été emportée par les FFI à la libération des Sables. Chaque témoin de cette époque doit certainement se rappeler de certains voisins qui ont pu trahir la Patrie. Mais était-il facile de s’opposer aux envahisseurs qui parfois menaçaient de mort ou de déportation ou qui arrivaient en sauveur des populations abandonnées ? Au cours de cette guerre, la résistance s’est organisée petit à petit en Vendée. Pour Michel Bretaud, tout le monde était résistant à sa manière.