De FRANCESCO MASELLI En Version Restaurée P SORTIE LE 4 MAI 2016 P
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
TAMASA présente LES ÉGARÉS de FRANCESCO MASELLI en version restaurée P SORTIE LE 4 MAI 2016 P Distribution TAMASA 5 rue de Charonne - 75011 Paris [email protected] - T. 01 43 59 01 01 www.tamasadiffusion.com P Relations Presse Frédérique Giezendanner [email protected] - 06 10 37 16 00 E n 1943, la comtesse Luisa, son fils Andrea, son neveu Carlo, fils d’un dirigeant fasciste et Ferrucio, un ami de la famille, quittent Milan pour la campagne pour ainsi échapper aux bombardements. Contre l’avis de sa mère, Andrea accepte d’héberger des sans-abris, dont la jeune ouvrière Lucia. Sur Les égarés I delfini (1960) et Gli indifferenti Formant avec (1964, d’après le roman de Mo- Gli sbandati ravia) une trilogie consacrée à la jeunesse dorée incapable de se libérer de l’emprise du monde clos de la grande bourgeoisie, est le premier long métrage de Francesco (Citto) Maselli, âgé alors d’à peine vingt-quatre ans. Storia di Caterina Amore in Auparavant celui-ci avait été l’assistant d’Antonioni et de Visconti et réalisé des città courts métrages documentaires (dont , épisode de ). Aborder les thèmes du fascisme, de la collaboration avec les Allemands et de la résistance n’allait pas de soi dans l’Italie des années de la Guerre Froide où la censure démocrate-chrétienne se montrait intraitable à l’égard de tout ce qui pouvait sembler de gauche et en particulier envers le groupe des aristocrates communistes entourant Visconti. Gli sbandati Pour échapper aux tracasseries et aux obstacles prévisibles Maselli et ses col- laborateurs ont tourné à l’automne 1954 presque clandestine- ment, en production propre, dans la villa Toscanini aux environs de Crema. Ces conditions de tournage leur ont permis d’adopter une liberté de ton qui n’est que partiellement perceptible au niveau du produit fini, nombre d’aspé- rités contenues dans le scénario d’Eriprando Visconti, Aggeo Savioli et Maselli ayant été émoussées au moment du doublage pour éviter préventivement la censure. Le résultat ne manque cependant pas de vigueur ni de pertinence. Le film convainc par un véritable souci d’observation documentaire, le refus de la simplification excessive et la justesse d’une interprétation évitant l’em- phase. Mais c’est aussi la frémissante beauté visuelle des compositions en ta- bleau et l’exceptionnelle sensibilité atmosphérique avec laquelle la photogra- phie de Gianni di Venanzo capte la lumière d’automne dans la plaine du Pô qui permettent à l’ensemble de toucher juste et d’atteindre une vérité qui dépasse la rhétorique du discours véhiculé par le scénario. Pour la petite histoire, le film est aussi resté célèbre en raison de la présence, devant la caméra ou du moins sur le plateau, de huit futurs réalisateurs dont Jean-Pierre Mocky, Giuliano Montaldo et Eriprando Visconti. On relèvera aussi la présence, dans le rôle du jeune soldat blessé, de Mario La vena d’oro de Mauro Girotti, futur Terence Hill, qui avait débuté au cinéma dès 1951 mais n’aura Bolognini. un premier rôle que quelques mois plus tard dans Par ailleurs, si la plupart des acteurs se doublent eux-mêmes, ce n’est pas le cas d’Isa Miranda ni de Lucia Bosè. Maselli a en effet estimé que la voix de la première était trop populaire, trop immédiatement chargée d’émotions pour traduire la froideur, le contrôle de soi jamais pris en défaut de la comtesse. Quant à la Bosè, il semble que ce choix de doublage lui ait coûté un prix d’inter- prétation à Venise amplement mérité et qui paraissait pourtant assuré après la projection au cours de laquelle son regard dans sa dernière scène avait soulevé des applaudissements spontanés dans la salle. Claude Rieffel Le regard d’Umberto Martino Les militaires italiens qui au lendemain du 8 septembre 1943 se sont retrou- vés tout à coup à traverser le front sont des fugitifs, tout comme le sont les garçons de l’aristocratie milanaise se complaisant dans une vie aisée, les iso- lant des bruits des bombardements et des tourments d’un âge qui demande avec force à rester d’un seul côté des barricades. Pour son tout premier film, Francesco Maselli - Citto pour les amis et la famille - choisit un thème sensible, un arrière-plan narratif, qui en 1954, ne pouvait que catalyser toute attention critique. L’histoire du jeune comte Andrea (Jean-Pierre Mocky), fils de la com- tesse Luisa (Isa Miranda), aux prises - à moins de 20 ans - avec l’amour et la mort, n’aurait pas été particulièrement visée par les tourments de la censure si les grands thèmes de ce mélodrame ne s’étaient pas déroulés dans une Italie irrémédiablement divisée par la guerre. Andrea fils à sa maman, Andrea le re- jeton, Andrea de sang bleu, commet l’erreur de tomber amoureux de la jeune et digne ouvrière réfugiée Lucia, qui n’a aucun doute sur le parti auquel se rallier, et qui voudrait changer un amour déjà perdu. C’est trop pour une Italie blessée au plus profond par une guerre civile qui encore aujourd’hui montre ses cicatrices. Comme le raconte Francesco Maselli, le tournage n’aurait pu avoir lieu sans la collaboration des amis de Maselli. L’apport essentiel de la famille Tosca- nini, la villa de Ripalta Guerina, dans la province de Crémone, dans laquelle fut tournée en grande partie les intérieurs et extérieurs. Du côté de l’Etat, au contraire, l’objectif était de créer le plus d’obstacles possibles au tournage. « Il y eut des instructions données pour que l’administration ne facilite en au- cune manière ce projet ». La Direction générale du Spectacle rassurait ainsi le Président du Conseil Scelba, évidemment préoccupé par la «nature politique- ment insidieuse» du projet. Mais la collaboration des amis de Citto Maselli fut également indispensable : Prandino Visconti (auteur du sujet et co-auteur du scénario), Giuliano Montaldo (qui joue un soldat toscan), et surtout Gianni Di Venanzo, directeur de la superbeGli Sbandati photographie en noir et blanc. Cela s’est fait quand même, montre tout l’amour de ce débutant de 24 ans pour le cinéma. Maselli conscient de la leçon néoréaliste, et réussissant en même temps à montrer cette campagne, compose des atmosphères bru- meuses, des regards remplis de sens, des poings à l’estomac que seuls l’amour et la peur savent donner. Toute cette matière que chaque cinéaste espère pou- voir modeler au moment où il pourra donner vie à sa propre première œuvre. Politique parce que fait de passions, passionnel parce que fait de politique, le premier film de Maselli regarde comment la réalité est transfigurée par les sens. Un baiser donné le 8 septembre, un adieu à l’enfance, à l’amour, à l’été, à la vie, dit le 5 octobre. Umberto Martino Faire avec la censure Gli Sbandati «Ce fut un été chaud que celui de 43». La voix off d’Andrea, personnage de de Francesco Maselli, commence ainsi à raconter l’aventure dans la villa de campagne de la Malga. Au-delà du facteur météorologique, c’est un fait ... 43 fut un été chaud. Ici com- mence l’aventure. Celle d’un groupe de bourgeois qui durant la guerre vont dans leur résidence d’été en emportant tous les agréments habituels de la vie milanaise : « J’avais apporté de Milan tous mes livres, les disques de jazz et les reproductions de peintres modernes qui me plaisaient tant», raconte encore Andrea, et il poursuit : «Maman avait fait transporter ce qu’il y avait de plus Gli sbandati précieux dans le palais de Milan, y compris moi ». a été tourné entre septembre et octobre 1954 : «Même la période du tournage fut «chaude», raconte Francesco Maselli. C’étaient les années de la loi Andreotti (loi sur l’industrie cinématographique), un moment vraiment incroyable durant lequel s’exprima le pire du régime de la Démocratie Chré- tienne. Il y avait des brimades, au niveau de la censure, dont nous n’avons au- jourd’hui qu’une vague idée». Si on ne regarde la production dans ces années, habituellement dépeintes qu’à la lumière du «confinement», de la «censure» et de la «répression», on obtient un tableau assez dramatique. Or c’est vraiment dans les années 50 que l’on trouve les meilleurs films de Rossellini, Renato Castellani, l’affirmation de Mi- chelangelo Antonioni et de Fellini, les œuvres de Mario Monicelli et Lattuada, Comencini et Visconti, pour n’en citer que quelques-uns. Cependant il faut voir comme on était contraint à travailler en acceptant des La Lupa compromis. Ce sont les années durant lesquelles Lattuada et ses scénaristes Tempi nostri Furto in pastec- doivent réécrire quatre fois le scénario de . Pour passer la censure, ceria Blasetti pour , n’insère pas dans cette anthologie , la nouvelle d’Italo Calvino, parce que gardiens et voleurs sont de façon I poveri disturbano très gourmande unis dans une orgie de gâteaux. Années où De Sica ne peut Miracolo a Milano Toto et Carolina intituler (Les pauvres dérangent) le film qui sera en fait . C’est aussi les années où de Monicelli se brise irrémédiablement sur le récif de la censure, rejeté en première instance et recalé en appel, parce que « désobligeant envers la morale, la religion et les forces arméesGli Sbandati ». « Pour nous avons commencé à travailler pratiquement en ca- chette, témoigne Maselli, sans déclarer le tournage. Donc comme clandestins, de façon illégale. Nous avons fait la déclaration seulement durant la quatrième semaine de travail et nous pûmes alors travailler à découvert. Mais les re- présailles ne manquèrent pas : Nicola De Pirro, à la Direction du Spectacle, au moment de la lecture des dialogues écrits par moi, Aggeo Savioli et Ennio Flaiano, déclara que c’était des « incitations à la haine entre les peuples » et nous fûmes contraints d’apporter au moins une quinzaine de modifications qui s’appliquaient toutes aux Allemands, naturellement.