Looking Glass
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MUSICA Looking Glass Un film d’Eric Darmon et Franc k Mallet Réalisé par Eric Darmon Coproduction : ARTE France, Mémoire Magnétique, LOVE STREAMS PROD . (2003-60mn) Samedi 2 octobre 2004 à 22.30 pantone : 1505 0 quadri : M69 J10 Looking Glass Du musicien controversé au succès international, portrait intimiste du compositeur américain Philip Glass, pionnier de la musique minimaliste, qui s’est fait connaître à travers ses opéras Einstein on the Beach, La Belle et la Bête et ses musiques de films : Kundun de Martin Scorsese, ou le récent The Hours de Stephen Daldry. Au début de l’année 2003, les auteurs ont suivi le quotidien de Philip Glass, de la rumeur de la cité à un concert au Metropolitan Museum, d’une galerie d’art au Barbican Center de Londres, des rues de Paris à la Belle et la Bête, à la Cité de la musique. Infatigable, il compose au piano, corrige une partition, vérifie une bande son ou assiste aux répétitions de son dernier opéra. © photo de couverture : Marion Kalter ARTE France - Direction de la Communication 8, rue Marceau 92130 Issy-les-Moulineaux Contact presse Frédérique Champs / Cécile Braun 01 55 00 70 45 / 44 / [email protected] / [email protected] dossier de presse en ligne sur www.artepro.com plus d’infos sur www.arte-tv.com 2 Histoire d’une rencontre Note des auteurs au retour d’un long séjour en Afghanistan et en Inde, où était mon terrain d’étude pour mon doctorat en ethnologie, qu’un C’est soir de novembre 1975, sur France Musiques, j’ai découvert la musique répétitive avec Steve Reich et son Music for 18 musicians. J’y ai retrouvé les sons de mon enfance et de ma jeunesse. La musique orientale de mon enfance, la musique afghane et indienne de ma jeunesse. En « remontant le courant », jusqu’à John Cage, La Monte Young, Terry Riley, j’ai rencontré celui qui, par ses origines et l’ori- ginalité de son travail, me semble être le modèle du compositeur d’aujourd’hui : Philip Glass. 1976 Einstein on the Beach, je rate les représentations données au Festival d’Automne, et dois me contenter d’un premier disque … et des suivants. Depuis c’est ma musique, c’est mon théâtre, je « me fais » mes « concerts égoïstes », mes pièces de théâtre « en solitaire », parce que je n’ai pas besoin de l’avis des autres pour aimer « ça ». J’aime cette musique et cette expression artistique un point c’est tout. En 1981, je crée avec Xavier Gros, Mémoire Magnétique, et grâce à notre société de production, nous réalisons des films autour du théâtre, du cinéma, de la musique, des arts plastiques. Notre regard d’ethnologue s’aiguise, nos oreilles s’ouvrent d’autant plus … Je continue d’acheter les disques de Philip Glass, je vais voir et écouter, Koyaanisqatsi, In the Upper Room, Einstein on the Beach … En 1994, Philip Glass créé son opéra La Belle et la Bête d’après le film de Jean Cocteau. Je décide de réaliser un documentaire sur cette œuvre et de porter un regard sur Cocteau à travers Philip Glass et sur Philip Glass à travers Cocteau. La même année je rencontre Ariane Mnouchkine et je réalise avec elle un film documen- taire Au Soleil même la Nuit. Trois années de travail, un film de deux heures quarante sur la création de Tartuffe de Molière par Ariane Mnouchkine. Une rencontre profonde avec la création théâtrale, les comédiens, la vie d’une troupe remarquable. Après ce film d’autres documentaires et toujours cette idée de monter à Paris l’Opéra de Philip Glass 3 La Belle et la Bête. Le projet évolue et c’est en rencontrant Franck Mallet, journaliste et musicologue, spécialisé dans la musique contemporaine et en particulier américaine que l’idée de faire ce portrait de Philip Glass voit le jour. Aujourd’hui nous avons réalisé ce film nécessaire, parce que cette musique est l’un des « tournants » de la musique du XXe siècle, qu’il faut la faire découvrir au grand public, et raconter l’histoire de ce créateur exceptionnel. Sa sensibilité, sa passion, son intégrité, sa fidélité en font un homme à découvrir. Mais son itinéraire parle aussi de notre histoire, elle est un vecteur pour écouter les musiques, comprendre les modes, les tendances, les mouvements, les influences, les représenta- tions, les grands changements de 1940 à nos jours. C’est un film sur la vie d’un compo- siteur capital, sur la mémoire de la musique et donc d’une époque, une réflexion sur la musique contemporaine, un regard sur la création au quotidien, la révélation d’une musique trop vite cataloguée « minimaliste ». En Juillet 2002, Jim Keller, son producteur, nous donne son accord pour réaliser ce portrait. Il estime que « c’est le bon moment », que « ce film est nécessaire », et s’engage à nous « faciliter les choses pour que nous menions à bien notre projet ». Notre « vision et l’esprit que nous voulons créer à travers ce film les intéressent, lui et Philip Glass ». ARTE nous aide pour le développement du film. En Novembre 2002, Philip Glass nous reçoit. Il adhère immédiatement au projet, et déjà je découvre en lui le désir de faire ce film. ARTE accepte de co-produire et de diffuser le film. En Janvier 2003 le tournage commence. Il a duré 6 mois. Le premier jour du tournage, Philip Glass m’a ouvert sa porte et je n’ai même pas eu le temps de fixer ma caméra, qu’il commençait sa journée, ou plutôt qu’il la continuait. Très vite j’ai fait partie de son environnement, et comme à un ami il m’a raconté les choses qui lui paraissent importantes sur le moment. Chaque lieu a son ton, ses bruits et ses silences. Sa parole était toujours en rythme. Il n’arrête jamais, d’une musique à l’autre, d’un téléphone à l’autre, d’un ami à l’autre, d’un lieu à l’autre. Durant toute la période de tournage, j’ai essayé d’être au plus prés de lui, à côté de lui, dans la simplicité d’une rencontre intime que j’aimerai vous faire partager. Eric Darmon 4 des années soixante-dix, la musique de Philip Glass m’est apparue comme une Au cours alternative à tout ce qui s’entendait alors : le rock devenait plus savant, plus sophistiqué, s’engageant dans des voies multiples (certaines expériences croiseront d’ailleurs les chemins de la recherche contemporaine), la chanson s’empâtait, s’alourdissant d’orchestres symphoniques ou se réglait sur le battement métronomique des boîtes à rythme, la musique contemporaine s’enfermait dans des aires d’écoute privilégiées, se justifiait par des textes « musicologiques » abscons et prétentieux. Avec son retour à une pulsation franche et enjouée, son sens quasi physique du son, les Music in Twelve Parts (1971/74) de Philip Glass — que nous découvrions sur un nouveau label : Virgin —, donnèrent le ton d’une musique à la fois moderne et d’avant-garde — sans explication superflue. C’est probablement ce que l’intelligentsia des « Modernes » n’a jamais « pardonné » à Philip Glass : son succès immédiat et durable auprès d’un public de plus en plus vaste — et non pas uniquement composé des « spécialistes » de la musique contempo- raine… De marginal, le compositeur a accédé au statut de musicien « universel ». Certains (en Europe, mais aussi aux États-Unis) n’ont jamais admis que sa musique dépasse les clivages idéologiques bien marqués dans ce domaine ; par ses différentes sources d’inspiration (notamment française et indienne), elle réconcilie les genres : populaire/savant, Occident/Orient … Cette spécificité de sa musique prit toute sa dimension avec Einstein on the Beach, co- signé avec le metteur en scène Robert Wilson, en 1976 — dont la création devait avoir lieu en Avignon, puis à Paris. Pour beaucoup d’entre nous, ce fut le choc d’un spectacle qui ne ressemblait à aucun autre ; nous basculions dans un monde étrange et inconnu. Glass et Wilson avaient conçu un théâtre basé sur une suite de tableaux et d’images tout aussi visuels que musicaux. À la lenteur sublime du geste wilsonnien, répondait l’écriture de Glass, invitant au rituel et à la contemplation. Ce style, — ni simpliste, ni plus élaboré que le style néo-sériel — donnait soudain un « coup de vieux » à tout un pan de la musique contemporaine actuelle. Nous assistions à la naissance d’une nouvelle expression artistique, tant visuelle que sonore, qui bousculait les notions de durée et d’espace. Cela devint la musique d’une génération qui rejetait tout dogmatisme stylistique, attirant de nouveaux spectateurs, réconciliant les autres avec la musique contemporaine. 5 Né dans les milieux marginaux et alternatifs, Philip Glass demeure encore aujourd’hui fidèle à sa démarche. Il n’attend pas la sollicitation — il la précède. Devenu son propre producteur, il peut ainsi créer en toute indépendance, former un ensemble de musiciens, décider d’une tournée et jouer où bon lui semble : dans les galeries, les universités, les cinémas, les villages les plus reculés… Il court-circuite ainsi les canaux de diffusion traditionnels et retrouve la liberté d’un espace spécifique à sa création. Si, à ses débuts, il s’est produit dans des lieux d’expo- sition d’avant-garde, il s’est fait ensuite l’organisateur de ses spectacles, investissant des espaces inattendus. Lorsqu’il parcourt la campagne avec son chapiteau, avec dans ses bagages le film Koyaanisqatsi, ou son opéra La Belle et la Bête, il va au plus près du public, et renoue avec cette dimension populaire du spectacle — celles des tréteaux et du théâtre qui avait vu naître l’Histoire du Soldat de Stravinsky et Ramuz ainsi que de nombreux spectacles de l’avant-garde française des années vingt et trente.