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EyeSteelFilm : la distribution maison Bruno Dequen

Distribution Number 146, March–April 2010

URI: https://id.erudit.org/iderudit/62767ac

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Publisher(s) 24/30 I/S

ISSN 0707-9389 (print) 1923-5097 (digital)

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Cite this article Dequen, B. (2010). EyeSteelFilm : la distribution maison. 24 images, (146), 35–35.

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EyeSteelFilm : la distribution maison yeSteelFilm, compagnie de produc- À nouveau, le tra- tion fondée par Daniel Cross et Mila vail sur le terrain E Aung-Thwin, a le vent dans les voi- et la débrouillar- les. En novembre dernier, les Rencontres dise sont la clé du internationales du documentaire de succès. Non seu- Montréal présentaient leur dernière réali- lement un mem- sation, Le dernier train (de ), en bre de l’équipe est ouverture de l’événement. À peine deux présent lors de tou- semaines plus tard, le film avait obtenu tes les représenta- le prix du meilleur documentaire cana- tions du film, mais dien des RIDM, celui du meilleur docu- il est chargé de pré- mentaire présenté à IDFA (International senter l’affiche et Documentary Film Festival of Amsterdam) le film aux specta- et bénéficiait d’une sortie à l’AMC. Ce suc- teurs à l’entrée des cès vient conclure une décennie éblouis- cinémas, afin de Photo : Jonathan Chang. © EyeSteelFilm de sante pour cette jeune compagnie qui, de les convaincre de S.P.I.T. à Taqwacore, en passant par Up le choisir. De plus, the Yangtze et R.I.P. Remix Manifesto, a réalisant qu’ils pouvaient imprimer à peu le souligne Cross, les films indépendants réussi à faire sa marque dans le milieu du de frais un grand nombre de napperons ne sont pas le premier choix de la plu- cinéma documentaire international. Ses publicisant le film, les producteurs met- part des spectateurs. Il est donc néces- films profitent désormais d’une distribu- tent deux semaines à convaincre un res- saire de faire de chaque film, de chaque tion en salles que peu de documentaires taurateur dont l’établissement est situé en projection un événement à ne pas man- peuvent obtenir. Pourtant, aucun film de face du cinéma Quartier Latin (qui présen- quer. Or les moyens limités de ces pro- la compagnie n’a bénéficié d’un distribu- tait le film) d’utiliser ces napperons dans le ductions ne leur permettent pas d’organi- teur pour sa sortie au Québec. but d’économiser de l’argent. La tactique ser des campagnes de marketing à grande Pour Daniel Cross, la raison en est sim- fonctionne et de nombreux clients du resto échelle comme celles des films commer- ple. Lorsque le groupe a cherché un distri- viennent voir le film napperon à la main ! ciaux (« nous ne pouvons même pas nous buteur pour S.P.I.T., personne n’a répondu à « Nous sommes une petite compagnie. payer une publicité dans La Presse », dit l’appel. Décidant de le diffuser par ses pro- Nous sortons deux ou trois films par an. Cross). Les campagnes de promotion clas- pres moyens, la petite équipe a alors fondé Pour nous, la moindre sortie est donc un siques sont donc remplacées par le sys- Atopia (devenue par la suite une véritable événement majeur que nous voulons parta- tème D (napperons, concerts improvisés, boîte de distribution séparée d’EyeSteel- ger avec les spectateurs », dit Cross. Depuis création d’un site Internet interactif pour Film). Quelques affiches, des cartes posta- Up the Yangtze, EyeSteelFilm a pris la déci- R.I.P. Remix Manifesto, etc.) et le contact les, mais surtout une présence des artistes sion de ne plus chercher de distributeur direct avec les spectateurs. « J’adore réus- lors de la moindre projection du film et une au Québec. Selon Cross, la compagnie n’a sir à diffuser un film dans un multiplexe. campagne de promotion judicieuse fondée aucun intérêt à utiliser un distributeur local. Beaucoup de distributeurs voient cela sur la personnalité extravertie et marquante Non seulement ces derniers ne sont pas comme un risque, alors qu’il s’agit pour d’Eric Roach, protagoniste du film devenu suffisamment intéressés par le documen- nous d’une occasion gigantesque, puis- cinéaste, ont permis à S.P.I.T. de connaî- taire, mais ils ne possèdent ni le temps ni que la plupart des spectateurs se ren- tre une carrière enviable. Cette implication les moyens, ni l’expertise pour sortir des dent dans ces complexes. Mais il ne suf- directe des créateurs du film dans sa mise films documentaires. « Personne ne connaît fit pas de présenter le film, il faut surtout en marché s’est poursuivie même lors de le potentiel de nos films mieux que nous. convaincre les spectateurs d’aller le voir. Si la sortie en DVD. Les 1 000 copies du film Nos stratégies de marketing sont mises au nous réussissons à attirer, par notre sim- ont ainsi été vendues par Roach lui-même point dès la préproduction et sont adaptées ple présence, le quart du public indécis se dans les vidéoclubs de Montréal. au contenu de nos films. Lors de la sortie, présentant là chaque soir, nous sommes Quelques années plus tard, Cross et nous sommes capables d’effectuer le travail assurés de rejoindre plus de monde que Aung-Thwin se retrouvent dans la même de terrain nécessaire puisque le moindre dans une salle d’art et essai moribonde », situation lors de la sortie d’Up the Yangtze. de nos projets nous tient à cœur. Pourquoi dit Cross. Et ce « travail au corps », peu Une nouvelle fois ignorée par tous les dis- aller voir ailleurs ? » dit Cross. de distributeurs ont le temps, l’envie ou tributeurs (même Atopia, qui devait pour- Le succès d’EyeSteelFilm problématise les moyens de le faire. La question est tant sa création à S.P.I.T.), l’équipe décide de façon intéressante la situation actuelle posée : dans ces circonstances, pourquoi de distribuer elle-même le film au Québec. de la distribution indépendante. Comme aller voir ailleurs ? – Bruno Dequen

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