Comprendre le paysage international pour les documentaires canadiens : coproductions officielles, promotions et ventes Par: Maria De Rosa and Marilyn Burgess Pour: L’Association des documentaristes du Canada (DOC) Le financement de cette étude a été offert par Ontario Crée

Toutes les opinions, découvertes, conclusions ou recommandations exprimées dans ce rapport sont celles des auteures et ne reflètent pas nécessairement les vues de Ontario Créatif, du Groupe de fonds Rogers, de l’Association canadienne de producteurs médiatiques, ou du gouvernement canadien. Les financeurs, le gouvernement du Canada leurs agences et la CMPA ne sont aucunement liés aux recommandations contenues dans ce rapport.

2 2021 TABLE DES MATIÈRES

I. APERÇU GÉNÉRAL DES TENDANCES DE LA COPRODUCTION AUDIOVISUELLE OFFICIELLE ET DES VENTES INTERNATIONALES DE DOCUMENTAIRES INDÉPENDANTS CANADIENS 4 1. PRINCIPALES TENDANCES DES COPRODUCTIONS INTERNATIONALES OFFICIELLES 4 2. PRINCIPALES TENDANCES DES VENTES INTERNATIONALES DE DOCUMENTAIRES INDÉPENDANTS 6 3. RÉSUMÉ DES OBSERVATIONS 8

II. POINTS DE VUE SUR LES OPPORTUNITÉS, LES DÉFIS ET LES LEÇONS À TIRER DES COPRODUCTIONS INTERNATIONALES DE DOCUMENTAIRES CANADIENS 9 1. OPPORTUNITÉS ET DÉFIS. 9 2. LEÇONS À TIRER DES COPRODUCTIONS INTERNATIONALES DE DOCUMENTAIRES CANADIENS 11 3. RÉSUMÉ DES OBSERVATIONS

III. AVIS SUR LES OPPORTUNITÉS ET LES DÉFIS POUR LES DES DOCUMENTAIRES INDÉPENDANTS CANADIENS QUANT À LA PROMOTION ET AUX VENTES INTERNATIONALES 16 1. OPPORTUNITÉS ET DÉFIS 16 2. RÉSUMÉ DES OBSERVATIONS 19

IV. MESURES D’AIDE À LA COPRODUCTION INTERNATIONALE, LA PROMOTION ET LES VENTES DES DOCUMENTAIRES DANS LES PAYS ÉTUDIÉS 20 1. MESURES D’AIDE POUR AUGMENTER LES COPRODUCTIONS INTERNATIONALES 2. MESURES POUR FAVORISER LA PROMOTION ET LES VENTES INTERNATIONALES 21 3. RÉSUMÉ DES OBSERVATIONS 22

V. CONCLUSIONS ET ORIENTATIONS FUTURES 23 1. SURVOL DES CONCLUSIONS 23

GLOSSAIRE 25 ANNEXE 1 : BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE ANNEXE 2 : LISTE DES PERSONNES INTERVIEWÉES ANNEXE 3 : MESURES PRISES DANS LES PAYS ÉTUDIÉS POUR FAVORISER LA COPRODUCTION INTERNATIONALE, LA PROMOTION ET LES VENTES DES DOCUMENTAIRES ANNEXE 4 : ÉTUDES DE CAS DE COPRODUCTIONS INTERNATIONALES DE DOCUMENTAIRES ENTREPRISES PAR DES COMPAGNIES DE PRODUCTION CANADIENNES 34

3 INTRODUCTION

1. CONTEXTE GLOBAL ET BUTS DE L’ÉTUDE

Le marché international offre de grandes possibilités aux producteurs et productrices du Canada pour coproduire, promouvoir et vendre leurs œuvres. Quand une émission de télévision ou un film est coproduit avec un ou une partenaire international.e dans le cadre d’une coproduction internationale officielle régie par un traité*, cela permet à la production de mettre en commun les ressources financières, créatives et techniques avec ses pairs in- ternationaux. Normalement, une coproduction internationale officielle permet d’obtenir un budget global plus élevé et garantit une sortie dans le territoire des partenaires de la copro- duction. Les films ou émissions de télévision bénéficiant d’un financement conséquent sont plus facilement exportables et bénéficient d’une quantité de préventes internationales plus importante.

Considérant ce contexte, Communications MDR a été mandaté pour conduire une étude visant à :

Identifier les financements internationaux, les traités de coproduction, les possibilités et les défis pour les documentaires indépendants canadiens ;

Fournir des renseignements sur le secteur et les marchés pour aider au développement d’une approche de haut niveau visant à augmenter le financement international et les possibilités de coproductions officielles, de manière à favoriser la croissance du secteur de la production documentaire au Canada.

2. Approche et méthodologie

Les consultantes ont procédé à l’analyse des données disponibles sur les tendances du financement des coproductions officielles au Canada. Une coproduction officielle est une

4 2021

production certifiée dans le cadre d’un traité de coproduction internationale entre le Canada et d’autres pays. Pour ces analyses, les consultantes se sont basées sur les données fournies par le BCPAC, le Fonds des médias du Canada et Téléfilm Canada figurant dans les études récentes sur le secteur du film indépendant et de la télévision au Canada ainsi que sur un répertoire des traités de coproductions certifiées publié sur le site Web de Téléfilm Canada. Téléfilm Canada est responsable d’évaluer et de recommander les projets susceptibles d’être reconnus par le ministère du Patrimoine canadien comme coproductions audiovisuelles officielles officielles). Cette analyse étudie à la fois les préventes étrangères et les ventes des productions complétées.

L’analyse des données s’étend également aux tendances des ventes internationales de documentaires certifiés indépendants canadiens (productions nationales et coproductions. officielles). Cette analyse étudie à la fois les préventes étrangères et les ventes des produc- tions complétées.

Les consultantes ont étudié la documentation pour identifier les approches encourageant les coproductions internationales, la promotion et les ventes dans les pays choisis, notamment le Royaume-Uni (R.-U.), la France, l’Allemagne, le Danemark et l’Australie. L’Annexe 1 propose une bibliographie sélective et l’Annexe 3 présente les résultats de l’examen des mesures prises dans les pays étudiés pour favoriser la coproduction internationale, la promotion et les ventes des documentaires.

Vingt-huit entrevues approfondies ont été réalisées avec des producteurs et productrices de documentaires du Canada expérimenté.e.s en coproduction internationale, avec des distribu- teur.trice.s et des agent.e.s de vente, ainsi que des représentant.e.s de festivals internation- aux, marchés ou agences de promotion. Vous trouverez à l’Annexe 2 la liste des personnes interviewées.

Enfin, l’étude inclut six études de cas de coproductions internationales de documentaires canadiens, présentées à l’Annexe 4. L’objectif de ces études de cas était d’identifier les leçons à tirer des coproductions internationales.

5 La portée et les limites

Le répertoire des traités de coproductions Les tendances concernant les coentrepris- publié par Téléfilm Canada était limité aux es certifiées n’entraient pas dans le champ pays partenaires et ne donnait aucune de la présente étude. information financière.

3. Structure de l’étude

Cette étude se divise en cinq sections :

Section I présente un aperçu général des tendances de la coproduction documentaire officielle et des ventes internationales de documentaires indépendants canadiens ;

Section II étudie les avis des parties prenantes sur les possibilités et les défis d’entreprendre la coproduction officielle d’un documentaire et les leçons à tirer des études de cas de coproductions internationales réalisées par des producteurs et productrices du Canada ;

Section III expose les points de vue des parties prenantes interviewées pour cette étude sur les possibilités et les défis de la promotion et de la vente de documentaires indépen- dants canadiens sur les marchés internationaux ;

Section IV détaille les mesures prises dans les pays étudiés pour favoriser la coproduction internationale, la promotion et les ventes des documentaires ;

Section V présente un résumé des observations et conclusion.

6 2021

I. Aperçu général des tendances de la coproduction audiovisuelle officielle et des ventes internationales de documentaires indépendants canadiens

Cette section présente un aperçu général des tendances de la coproduction internationale of- ficielle de documentaires par les producteurs et 1.1 productrices du Canada : combien sont produits, avec quels pays et quels sont les financements Quatre-vingt-dix-neuf apportés par les partenaires étrangers. La suite de cette section porte sur les tendances des ventes de coproductions officielles documentaires canadiens indépendants (produc- tions nationales et coproductions officielles) sur les de 2015 à 2019 marchés mondiaux, incluant les préventes et les ventes de productions complétées. De 2015 à 1019, les compagnies canadiennes ont produit un total de 99 documentaires dans le cadre de coproductions internationales officielles. Un total de 19 coproductions officielles étaient des longs -mé 1. trages documentaires et 80 étaient des documen- taires télévisuels, incluant 35 séries et 45 émissions Principales tendances de la unitaires. coproduction internationale Les plus importants pays partenaires en coproduc- tion pour les coproductions officielles de documen- documentaire officielle taires canadiens sont la France et le Royaume-Uni. On dénombre 32 coproductions bipartites et trois tripartites avec la France et 29 coproductions bipar- La coproduction internationale officielle est un outil tites avec le R.-U. important qui permet aux producteurs et produc- trices du Canada de réunir, avec des partenaires Les autres pays partenaires pour les coproductions étrangers, des ressources créatives, techniques canadiennes de documentaires sont l’Allemagne et financières pour produire des documentaires et Israël. On compte deux coproductions officielles destinés au marché national ou international avec tripartites avec la France, l’Allemagne, Israël et la des budgets plus importants. Chacun des traités de Suisse respectivement. coproduction définit les standards minimums pour la participation financière et créative et les condi- Le Tableau 1 montre le nombre de coproductions tions à respecter pour l’implication dans la produc- officielles par pays et par format. tion d’un pays tiers.

7 Tableau 1 : Nombre total de coproductions officielles de films et d’émissions documentaires, par pays partenaires et par format, de 2015 à 2019

Émissions Séries Pays coproducteur Longs métrages Total unitaires télé France 1 16 15 32 Royaume-Uni 1 13 15 29 Allemagne 3 3 1 7 Israël 4 3 7 Australie 1 2 1 4 Suisse 2 1 3 Italie 1 1 2 Brésil 1 1 Chili 1 1 Danemark 1 1 France, Israël* 1 1 France, Suisse 1 1 Allemagne, Autriche* 1 1 Allemagne, France* 1 1 Grèce 1 1 Irlande 1 1 Israël, Suisse 1 1 Japon 1 1 Mexique 1 1 Nouvelle-Zélande 1 1 Afrique du Sud 1 1 Espagne 1 1 Grand Total 19 45 35 99

Source : Base de données sur les coproductions de Téléfilm Canada, publiée sur son site. * Indique une coproduction officielle tripartite . 1.2

La majorité du financement des documentaires en coproduction officielle provient de la participation étrangère

8 2021

Le plus récent profil du secteur de la ductions officielles de documentaires production indépendante de documen- pour la télévision représente 56 % de taire démontre que pour l’ensemble des l’ensemble des budgets de production. budgets de production des coproductions officielles de documentaires (coûts de pro- La part financière étrangère des copro- duction canadiens et étrangers compris), ductions officielles de documentaires la part financière étrangère représente 50 % de l’ensemble des budgets de produc- de longs métrages de langue anglaise tion pour les années 2012-2013 à 2016- destinés au marché des salles compte 2017. pour 64 % de l’ensemble des budgets.

Pour le marché de langue anglaise, la part financière étrangère des copro-

Tableau 2 : Répartition de la participation financière canadienne et étrangère pour les documentaires indépendants de langue anglaise en coproduction officielle, de 2012-2013 à 2016-2017

Source: BCPAC

9 Durant la même période, la participation étrangère dans le financement des coproduc- tions officielles des documentaires télévisuels de langue française a compté pour 42 % du total de l’ensemble des budgets de production, productions canadiennes et étrangères combinées. La participation étrangère dans le financement des coproductions officielles des longs métrages documentaires de langue française s’est élevée à 63 %. (Voir Tableau 3)

Tableau 3 : Répartition de la participation financière canadienne et étrangère pour les documentaires indépendants de langue française en coproduction officielle, de 2012-2013 à 2016-2017

*Les pourcentages n’égalent pas 100 % en raison des arrondis. Source: BCPAC

10 2021

11 en préventes étrangères pour la 2. période de 2012-2013 à 2016-2017

Principales tendances des ventes internationales de documentaires Comme le souligne le plus récent profil du sec- teur de la production documentaire, les doc- indépendants canadiens umentaires indépendants canadiens (produc-

tions nationales ou coproductions officielles) Les tendances des ventes internationales ont récolté près de 96 millions de dollars en montrent clairement une demande interna- préventes étrangères durant les cinq années de tionale pour les documentaires canadiens in- 2012-2013 à 2016-2017. (Voir Tableau 4) dépendants, tant pour les productions nation- ales que pour les coproductions officielles. Les préventes sont importantes pour le finance- ment de la production des documentaires indépendants canadiens dans les marchés des deux langues, représentant 7 % de l’ensemble 2.1 du financement des productions. Un pourcent- age plus important des budgets de productions Les productions documentaires en langue anglaise peut être financé par les canadiennes ont atteint quat- préventes étrangères en raison d’une dynam- ique différente des marchés francophones et re-vingt-seize millions de dollars anglophones.

Tableau 4 : Montant total des préventes étrangères de documentaires, de tous les formats, dans les deux langues, de 2012-2013 à 2016-2017

Source: CAVCO

12 2021

Comme le démontre le Tableau 5, les préventes étrangères et les avances sur distribution pour le marché de langue anglaise comptaient pour 11 % du total des budgets de produc- tion des séries documentaires et pour 5 % du budget total des émissions documentaires unitaires. Les préventes étrangères et les avances sur distribution totalisaient 6 % du financement total des longs métrages documentaires.

Tableau 5 : Montant total des préventes étrangères de documentaires de langue anglaise, de 2012-2013 à 2016-2017

Source: BCPAC

Pour le marché de langue française, les préventes étrangères et les avances sur distribu- tion représentaient 0,3 % du total des budgets de production des séries documentaires et 0,5 % du budget total des émissions documentaires unitaires. Les préventes étrangères et les avances sur distribution totalisaient 0,5 % du financement total des longs métrages documentaires. (Voir Tableau 6)

13 Tableau 6 : Montant total des préventes étrangères de documentaires de langue française, de 2012-2013 à 2016-2017

Source: BCPAC

Les préventes étrangères comptent pour une plus grande proportion du financement total de production des projets soutenus par le Fonds de médias du Canada (FMC) et Télé- film Canada, soient respectivement 17 %. Comme il a été rappelé dans une étude récente sur l’exportation des productions de films et d’émissions de télévision canadiennes, les émissions documentaires soutenues par le Fonds de médias du Canada ont généré des préventes étrangères d’un montant total de 8,9 M$ pour les années 2014-2015 à 2018-2019. De 2013-2014 à 2018-2019, 9 longs métrages documentaires destinés aux salles financés par Téléfilm Canada ont cumulé 1,6 M$ en préventes étrangères. (Voir Tableau 7)

14 2021

Tableau 7 : Préventes étrangères de documentaires soutenus par le FMC et Téléfilm Canada, de 2013 à 2019

Source: Fonds des médias du Canada, Téléfilm Canada

2.2 Les ventes étrangères des documentaires complétés ont atteint dix-sept millions de dollars

Les ventes sur les marchés internationaux Pour les années de 2013-2014 à 2018-2019, des projets complétés soutenus par le Fonds un total 15 productions complétées de longs de médias du Canada et Téléfilm Canada ont métrages documentaires canadiens destinés généré un important volume de revenus pour aux salles et financés par Téléfilm Canada ont les compagnies de production puisque ces généré des ventes étrangères de 1,6 M$. ventes ne sont pas utilisées pour le finance- (Voir Tableau 8) ment de la production.

Durant les cinq années de 2013-2014 à 2018- 2019, 142 productions documentaires com- plétées soutenues par le FMC ont cumulé des ventes étrangères de 15,9 M$.

15 Tableau 8 : Ventes étrangères de documentaires, par bailleur de fonds, de 2013 à 2019

Source: Fonds des médias du Canada, Téléfilm Canada

16 2021

3. Résumé des observations

Les tendances actuelles en coproductions in- étrangers représente plus de 50 % des fi- ternationales officielles et en ventes de docu- nancements totaux des coproductions offi- mentaires indépendants canadiens indiquent cielles, permettant des budgets de production clairement que les marchés internationaux plus élevés (budgets canadiens et étrangers sont importants pour le secteur. De 2015 à combinés). 2019, 99 documentaires indépendants can- adiens ont été produits dans le cadre d’une Les préventes de documentaires in- coproduction officielle. La grande majorité, dépendants canadiens sont un autre indica- soit 80 %, était des productions télévisuelles. teur de la demande pour les documentaires La majorité des coproductions de documen- canadiens de la part des acheteurs interna- taires indépendants a été entreprise avec tionaux et sont une source importante pour la France et le Royaume-Uni, chaque pays le financement des productions. De 2012- représentant environ 30 % du nombre total 2013 à 2016-2017, les documentaires in- de coproductions de documentaires in- dépendants canadiens ont réalisé près de 96 dépendants. M$ en préventes. Il est plus facile de financer les productions en langue anglaise par les Les coproductions internationales officielles préventes étrangères. Pour les mêmes péri- et les ventes sont une source importante de odes, les ventes étrangères de films et d’émis- financement pour la production de documen- sions de télévision complétés ont généré un taires indépendants canadiens et constituent total de 17 M$. une source de revenus pour les compagnies de production. La contribution du finance- ment international provenant des partenaires

17 II. Points de vue sur les possibilités, les défis et les leçons à tirer des coproductions internationales de documentaires canadiens

Cette section présente les points de vue exprimés en entrevue par les parties prenantes pour les besoins de cette étude. Portant sur les défis et les possibilités que représentent les co- productions internationales de documentaires canadiens, cette section aborde également les leçons à tirer des études de cas de coproductions internationales entreprises par des produc- teurs et productrices du Canada. 1. Possibilités et défis

1.1 De plus grands budgets de production et une collaboration créative Les coproductions internationales officielles bailleurs de fonds au fédéral et au provincial offrent plusieurs ouvertures pour les produc- et les télédiffuseurs. Toutefois, en entrevue tions documentaires canadiennes, notam- pour notre étude, certain.e.s producteur. ment un accès aux acheteurs étrangers, aux trice.s ont souligné la nécessité d’encourager crédits d’impôt et fonds publics, aux lieux de fortement les télédiffuseurs canadiens et les tournage, à des talents et à une expertise. En pouvoirs publics à soutenir les films docu- entrevue, les producteurs et productrices du mentaires canadiens qui pourraient briller Canada ont décrit comment les coproduc- dans les marchés internationaux. tions internationales officielles leur ont per- mis de produire avec des budgets de produc- Malgré la lourde charge administrative et le tion plus conséquents et de rejoindre un plus surcoût, les coproductions officielles sur les large public, tout en leur donnant la possibil- séries à grand budget offrent la possibilité ité de travailler avec des talents internation- d’accroître les revenus qui peuvent contribuer aux sur des sujets internationaux. à la viabilité des compagnies. Les producteurs et productrices ont également évoqué les Les personnes interrogées ont évoqué les nouvelles possibilités d’affaires qui se sont éléments qui peuvent contribuer à intéresser présentées par les relations établies au cours les partenaires étrangers, tels les finance- d’une coproduction internationale. ments disponibles auprès du gouvernement fédéral et les crédits d’impôt au provincial, les En entrevue, certain.e.s producteurs et pro-

18 2021 ductrices ont rappelé que l’harmonie créa- duction internationale. Des budgets plus tive entre deux compagnies de production élevés et la mise en commun de talents est l’élément le plus important à considérer peuvent conduire à un plus grand impact au moment de se lancer dans une copro- commercial et créatif.

1.2 La demande internationale pour des documentaires racontant des histoires captivantes En entrevue, se basant sur leur expérience, ment réfractaires aux contenus sous-titrés, les représentant.e.s des marchés et festi- ce qui limite les possibilités de coproduction. vals internationaux, les distributeur.trice.s et agent.e.s de ventes ont reconnu qu’il y Ce verdict est confirmé par les études de cas avait une demande internationale pour des effectuées pour cette étude. (Voir Annexe documentaires racontant des histoires cap- 4) Les projets présentés dans ces études de tivantes. Un des défis soulevés par les pro- cas sont basés sur des sujets suscitant un ducteurs et productrices du Canada est la large intérêt, allant de questions sociales faible demande de la part des télédiffuseurs ou politiques mondiales aux documentaires canadiens pour des histoires captivantes sur la science ou la nature. Cela correspond ayant une dimension internationale. Il a été également aux résultats d’autres études sur souligné que les télédiffuseurs canadiens l’exportation spécifiant les types de -docu tendent à favoriser les documentaires can- mentaires recherchés par les acheteurs in- adiens axés sur le Canada et sont générale- ternationaux.

1.3 Occasions sur les territoires internationaux

En entrevue, les producteurs et productrices tifs sur le plan financier. Un autre élément at- du Canada ont noté leurs succès dans les co- trayant pour les partenaires étrangers serait productions internationales entreprises avec le véritable talent de production documen- la France, l’Allemagne, la Suisse, Israël et le taire qui existe au Canada. Royaume-Uni. Puisque le Canada n’a pas de traité officiel de Ces producteurs et productrices ont souligné coproduction avec les États-Unis (É.-U.), les que l’accès à des droits de diffusion substan- producteur.trice.s adoptent une approche tiels de la part des télédiffuseurs étrangers différente dans leur collaboration avec leurs et les droits de distribution étaient deux in- partenaires étasuniens. Les intervenant.e.s citatifs pour entreprendre une coproduction ont noté les possibilités de préventes in- officielle. Les télédiffuseurs publics dans des téressantes aux télédiffuseurs des É.-U. De pays comme la France et l’Allemagne se sont plus, certain.e.s ont souligné que les É.-U. déclarés intéressés par l’acquisition de co- constituent un important marché pour les productions officielles avec des producteur. films de réalisateurs ou réalisatrices Noir.e.s trice.s indépendant.e.s de documentaires. présentant majoritairement des interve- Tous ont fait remarquer que leurs parte- nant.e.s Noir.e.s et racontant des histoires naires internationaux étaient souvent les qui touchent la communauté Noire. Certains mieux placés pour avoir accès aux acheteurs de ces films auront un plus grand succès aux dans leurs pays respectifs. É.-U. qu’au Canada ou en Europe.

Les documentaires canadiens seraient bien Les projets documentaires canadiens impli- vus dans les marchés internationaux. Pour quant des partenaires étasuniens peuvent certain.e.s producteur.trice.s, le financement être montés en tant que coentreprises offi- accessible au Canada aide aux coproductions cielles. Les coentreprises officielles permet- en rendant les projets canadiens plus attrac- tent l’accès à certaines sources de finance- 19 ment public canadien et peuvent inciter les avec les É.-U. peuvent être compliqués, prin- télédiffuseurs canadiens à offrir des droits cipalement à cause de l’absence de traité de de licence plus élevés. Toutefois comme coproduction. l’a souligné un producteur, les partenariats 1.4 Complexité administrative et coût élevé du respect des normes Les coproductions internationales officielles Il existe des cas ou les producteurs ou pro- sont reconnues pour être complexes à struc- ductrices peuvent décider de ne pas entre- turer et peuvent devenir un poids adminis- prendre une coproduction officielle. Par -ex tratif conséquent pour les compagnies de emple, pour certains projets documentaires, production. De manière à se qualifier comme les exigences comme le seuil de dépenses travail national dans tous les pays partici- admissibles ou l’inclusion de personnel créa- pants à une coproduction officielle, un projet tif clé du pays partenaire peuvent être trop doit se conformer aux exigences financières, restrictives. Pour d’autres, l’exigence de so- techniques et artistiques de chacun des pays umettre une demande de recommandation comme stipulées dans le cadre du ou des de certification en coproduction officielle 30 traités spécifiques, s’il s’agit d’une coproduc- jours avant le début du tournage principal tion multipartite. Une difficulté primordiale peut entraîner une disqualification du projet. pour concrétiser une coproduction interna- On a fait remarquer que cette règle convient tionale officielle est la nécessité d’équilibrer davantage aux films d’un autre genre que le les dépenses canadiennes et l’implication documentaire. Les documentaires ont aussi de personnel créatif canadien avec le mont- peut-être besoin de davantage de flexibilité ant des investissements canadiens dans la dans le respect des calendriers de produc- production. À ces exigences s’ajoutent les tions que ce que les traités permettent. critères spécifiques à chacune des sources de financement public. Équilibrer toutes ces Les intervenants ont également mentionné le exigences nécessite une expertise pertinente niveau élevé de conformité aux normes exigé afin d’éviter de disqualifier une production des coproductions internationales officielles par inadvertance. qui rend ces projets chronophages et le fait qu’ils peuvent être plus longs à se compléter. Plusieurs intervenants ont noté que de plus La plupart des producteurs et productrices petites compagnies de production, tout interviewés ont souligné qu’au-dessous d’un comme plusieurs compagnies PANDC, sans certain budget, généralement fixé à un mil- égard à leur taille, disposent souvent de lion de dollars, le coût et les efforts néces- moins de ressources et de moins de sou- saires au respect des normes exigées par les tien de l’industrie pour entreprendre des traités ne justifient peut-être pas la mise en films à plus grands budgets, ou des séries chantier d’une coproduction officielle. télévisuelles, qui pourraient tirer avantage d’une coproduction internationale.

2. Leçons à tirer des coproductions internationales de documentaires

Nos études de cas des succès de coproductions internationales de documentaires nous permettent d’identifier les leçons apprises.

20 2021

21 2.1 Survol des études de cas

Le Tableau 9 offre un survol des projets Tous les projets de notre étude de cas ont étudiés dans les études de cas. Deux des été présentés dans les plus importants festi- projets étudiés sont en codéveloppement vals internationaux, notamment le festival de international et un troisième est une copro- Sundance, Tribeca, Hot Docs, Sheffield Doc/ duction qui n’est pas encore complétée. Les Fest, et dans la section Cannes Doc du Marché coproductions officielles étudiées sont répar- du film de Cannes. Parmi les prix remportés ties également entre coproductions minor- par ces projets, citons plusieurs prix pres- itaires et majoritaires (3 chacune), et un pro- tigieux, dont Le Prix spécial du jury pour un jet est produit en collaboration avec les É.-U. long métrage documentaire canadien à Hot en dehors du cadre de tout traité. Quatre de Docs, le Jackson Wild Media Awards pour le ces projets étaient des longs métrages docu- meilleur film de préservation de la nature, mentaires, un était une minisérie et un autre et le Trophée Or au Deauville Green Awards était une émission documentaire unitaire (Festival International de Programmes Audio- visuels pour le Développement Durable et les Pour quatre projets, la France était le pays Eco-innovations), catégorie Handicap, Diver- partenaire de la coproduction. L’Irlande, sité, Solidarité. Les projets de notre étude ont l’Afrique du Sud et les É.-U. sont impliqués également été mis en nomination pour des dans un projet chacun. Quatre des sept pro- prix prestigieux dont le Grand prix du Jury à jets produits étudiés bénéficient d’une - im Sundance, le Truth Award au Dokufest Inter- portante licence d’Arte France. Pour ce qui national Documentary and Short Film Festi- est des télédiffuseurs nationaux, trois des val et le prix Best Science in Nature Film au projets ont une licence de CBC, un autre de Jackson Wild Media Awards. Radio-Canada. Trois des projets étudiés dé- tiennent une licence d’un télédiffuseur privé, La pandémie a interrompu les activités de dont Bell Média au Canada, eTV en Afrique promotion et de mise en marché pour la du Sud, et RMC Découverte en France. tournée des festivals d’un film et a retardé la sortie d’un autre titre. Plusieurs activités pro- Les documentaires étudiés ont également motionnelles ont été annulées à cause des des budgets et une portée assez importants festivals devenus virtuels et de l’impossibilité grâce à leur statut de coproductions inter- de voyager des producteurs et productrices. nationales. Tous les projets étudiés ont un Un cas de maladie lié à la COVID-19 a pertur- budget total de production de plus de 1 M$ bé le calendrier de postproduction d’un des (tous les pays et tous les épisodes). Quatre films. projets sont représentés par des compagnies de distribution internationales.

Les études de cas complètes se trouvent à l’Annexe 4 de cette étude.

22 2021

Tableau 9 : Survol des études de cas

Compagnies de Titre Media Budget Majoritaire/ Pays Télédiffuseur coproduction de pro- Minoritaire partenaire principal et duction distributeur

National Étranger

EyeSteel-Film Influence Long 1.3 M $ Minoritaire Afrique du Sud CBC Arte, eTV, / Storyscope (2020) métrage Cinetic Media

Intuitive Pictures/ The Gig is Up: Long 1.2 M $ Minoritaire France CBC Arte Point du Jour A Very Human métrage Point du Tech Doc (en Jour Inter- production) national

Hungry Eyes Me- Stateless Long 1.1 M $ Hors traité É.-U. ONF PBS dia / Hispaniola (2020) métrage Productions/Rada Film Group/ ONF Idéacom Human +: The Minisérie 2.2 M $ Majoritaire France ICI Ex- RMC International/ Future of our télé en 5 plora, ICI Décou- Bonne Pioche Senses (2019) épisodes RDI verte, TVO Terranoa AMITV AMI Télé

Merit Motion Reef Rescue Épisode télé 1.6 M $ Majoritaire France CBC ARTE, Pictures / Films à (2020) unitaire Terra Cinq Mater Screen Siren Children of the Long Minority Irlande Pictures/ Wildfire Church (en métrage développe- ment) Films/Films à Cinq The Concert Long 1.5 M $ Majoritaire France Bell Arte That Broke Up métrage Média the Beatles (en développe- ment)

23 2.2 Leçons à tirer des études de cas

2.2.1 Participer aux marchés internationaux et aux festivals pour saisir les opportunités Les études de cas démontrent l’importance Merit Motion Pictures a été en mesure d’iden- cruciale de la participation aux marchés in- tifier une possibilité de partenariat avec Vul- ternationaux et aux festivals pour identifier can Productions durant une mission au World les nouvelles opportunités et renforcer les ré- Congress of Science and Factual Producer. Le seaux d’affaires. EyeSteelFilm recherche des fait que la productrice ait rencontré le direc- partenariats avec des cinéastes qui peuvent teur du développement de Vulcan un an plus profiter de son expertise et être aidés pour tôt a aidé à mettre en place ce partenariat. l’amélioration de leur film en vue des festivals Quelques mois plus tard, Vulcan s’engageait et des sorties en salle. Ils font remarquer que pour un important investissement dans la pour une collaboration créative réussie, il est production. Hungry Eyes Media souligne que essentiel de rencontrer les partenaires po- la visibilité dans les festivals est essentielle. Le tentiels en personne. circuit des festivals nord-américains offre de précieuses occasions pour les films portant 2.2.2 Développer la capacité d’accéder à une expertise pertinente Il ressort clairement des études de cas qu’un partenaire française, Films à Cinq, dirigée par accès à des connaissances et à une exper- la productrice canadienne Sally Blake. Sa con- tise pertinentes est important pour le succès naissance des systèmes français et canadiens d’une coproduction internationale. Tel que a été déterminante pour tirer le meilleur parti l’a noté Intuitive Pictures, pouvoir coproduire du traité de coproduction France-Canada. avec succès nécessite une équipe nombreuse et performante pour faire face aux complex- Au fur et à mesure que les producteurs et ités d’une coproduction. productrices prennent de l’expérience, leur capacité à entreprendre des projets de copro- Les coproductions profitent des connais- ductions officielles plus ambitieux augmente. sances approfondies et de la compréhen- Forte d’une importante expertise accumulée sion qu’ont les partenaires de leurs marchés en se frayant un chemin dans les exigences respectifs. Les intervenants ont également de la coproduction, Idéacom a investi à long souligné une plus grande facilité à travailler terme dans la formation des équipes de ses avec des partenaires possédant une bonne partenaires pour pouvoir collaborer avec des connaissance des deux territoires concernés. producteur.trice.s hautement qualifié.e.s et Comme le décrivent les études de cas, deux augmenter sa capacité à entreprendre des co- compagnies de production canadiennes, productions officielles. Merit Motion Pictures et Screen Siren Pic- tures ont collaboré avec une compagnie

2.2.3 Établir des relations de confiance Les études de cas réunies ici soulignent l’im- de longue date, sont évidentes dans tous les portance cruciale d’avoir établi des relations cas étudiés. Screen Siren Pictures a souligné d’affaires internationales basées sur la confi- l’impact positif des missions internationales ance pour entreprendre une coproduction in- sur le développement de relations d’affaires ternationale officielle avec succès. De solides durables. 24 relations d’affaires, certaines développées 2021

Des relations d’affaires de longue date fa- tion, avec les télédiffuseurs au Canada et en cilitent les coproductions en nourrissant France permettent à Idéacom International la confiance entre les partenaires et dans de saisir les projets qui se présentent dans le meilleur des cas, des affinités créatives. les marchés internationaux. Le distributeur Coproduire avec des partenaires étrangers a français Terranoa a apporté le projet Human permis à Intuitive Pictures de s’attaquer à des + à la compagnie Idéacom qui a pu s’appuy- documentaires de budgets plus élevés, mais er sur sa relation avec la compagnie Bonne aussi de bénéficier d’un apport créatif. Intu- Pioche pour établir une entente de coproduc- itive Pictures profite également de relations tion. régulières développées sur le long terme au Canada avec des collaborateurs et collabo- Les coproductions peuvent représenter un ratrices, artisans et artisanes, réalisateurs et défi pour les communications, particulière- réalisatrices et quelques-uns des meilleurs ment quand il faut jongler entre plusieurs studios de postproduction du pays qui sont fuseaux horaires. Tout ce qui peut être fait basés à Montréal. pour aider les compagnies à développer leurs réseaux internationaux ne peut qu’inciter à Des relations fortes et durables dévelop- davantage de coproductions. pées sur plus de deux décennies avec ses partenaires, en production et en distribu-

2.2.4 Conformer le modèle de collaboration au projet D’après les études de cas réunies pour cette coproductions officielles minoritaires ou ma- étude, il apparaît clairement que le type de joritaires. Hungry Eyes Media a travaillé avec collaboration défini pour chaque projet est un partenaire étasunien sur une coproduction unique. Les études de cas donnent des ex- hors traité, ce qui a déclenché une acquisition emples de projets où les compagnies de pro- de licence par un télédiffuseur important pour duction ont créé avec succès un modèle de le marché étasunien. EyeSteelFilm a souligné collaboration au projet et structuré leur parte- que, pour certains projets, un tel accord peut nariat pour correspondre aux besoins du pro- permettre l’accès à des services de production jet. Dans certains cas, les producteurs et pro- sans devoir passer par une entente régie par ductrices travaillent selon les dispositions des un traité de coproduction.

3. Résumé des observations

Entreprendre des coproductions officielles -in Il existe un marché international pour des ternationales offre des occasions et comporte documentaires qui racontent des histoires des défis. Parmi les opportunités offertes, les captivantes et suscitent l’intérêt d’un large coproductions officielles permettent d’attein- public dans plusieurs pays. Dans le cadre des dre le financement pour des projets plus coû- productions officielles, les compagnies de teux et facilitent une plus grande collaboration production canadiennes travaillent avec des créative. Par des budgets plus conséquents et partenaires de France, d’Allemagne, de Suisse, la mise en commun d’apports créatifs, les co- d’Israël, et du Royaume-Uni, pour ne nommer productions officielles s’améliorent en qualité qu’eux. et peuvent toucher un plus large public. 25 Les coproductions officielles représentent un canadiens d’identifier de nouvelles occasions fardeau administratif pour les compagnies de et d’étendre leurs réseaux d’affaires ; l’impor- productions canadiennes. Pour les plus pe- tance d’avoir accès à une expertise pertinente tites compagnies, les exigences de conformité de manière à structurer et gérer une copro- peuvent créer un obstacle, et décourager leur duction officielle et s’assurer de respecter les participation à ces entreprises complexes. exigences de conformité des traités ; le rôle essentiel de l’établissement de relations de Les études de cas des coproductions docu- confiance entre les partenaires en coproduc- mentaires canadiennes offrent un éventail tion pour la poursuite de coproductions inter- des leçons apprises. Parmi celles-ci, le rôle nationales ; et enfin, l’importance de structur- important des marchés et festivals interna- er son partenariat de manière à le conformer tionaux qui permettent aux producteurs et aux besoins du projet. productrices de documentaires indépendants

III. Avis sur les opportunités et les défis pour les documentaires indépendants canadiens quant à la promotion et aux ventes internationales

Cette section présente les défis et les opportunités pour les documentaires indépendants canadiens quant à la promotion et aux ventes internationales, qui ont été évoqués lors des entrevues avec les représentants des marchés et festivals internationaux et les distributeurs et agents de ventes.

1. Opportunités et défis 1.1 Opportunités de distribution en ligne Nos entrevues avec les distributeur.trice.s ma Online), ou des festivals « élargis » et salles à l’international, les festivals et les marchés de visionnement en ligne, comme au Sunny révèlent à quel point la COVID-19 a accéléré Side of the Doc et l’International Documenta- les possibilités de ventes et de distribution en ry Festival Amsterdam (IDFA). Pour certain.e.s ligne pour les documentaires indépendants des intervenant.e.s, il devient de plus en plus canadiens. En réaction à la COVID-19, de nou- évident que les nouveaux modèles de diffu- velles plateformes de diffusion en ligne ont sion en ligne demeureront longtemps après la émergé, telles que des plateformes de cinéma fin de la crise sanitaire. Certain.e.s supposent virtuel (Kino Marquee et Documentary Cine- même que le marché en salle pour les docu-

26 2021

mentaires ne se remettra jamais des effets ligne d’IDFA ou DOC Leipzig et Hot Docs at de la pandémie. Home. Selon ces personnes, les distribu- teurs ont parfois pu négocier de meilleurs Les intervenant.e.s ont le sentiment que les droits de diffusion avec certains festivals, plateformes de diffusion en ligne par abon- en tenant compte d’une plus large diffusion nements offrent de nouvelles opportunités régionale en ligne rendue possible par les de distribution, en particulier celles qui of- technologies de géoblocage. Il a été noté frent des documentaires comme HBO Max que ce type d’exposition des films peut être et CBC Gem. Toutefois, les parties prenantes favorable à certains titres qui ne seront pas préviennent que même si les plateformes obligatoirement vendus, mais qui se desti- de diffusion en ligne des télédiffuseurs per- nent plutôt au circuit des festivals. mettent un accès à un public plus large, cela ne se traduit pas nécessairement par des En entrevue, certain.e.s producteur.trice.s droits de licence plus élevés. et distributeur.trice.s ont évoqué un plus grand usage des plateformes de vente in- Selon les personnes interviewées, les festi- terentreprises (B2B) comme VUURL pour vals ont élargi leur programmation en ligne. faire leurs ventes. Par exemple, la salle de visionnement en

1.2 Modèles hybrides de programmation en ligne dans les évènements des marchés internationaux

Les modèles hybrides de programmation puisque les décideur.euse.s ne semblent pas d’évènements dans les marchés interna- y accorder autant de temps que s’ils avaient tionaux se sont multipliés en mêlant des ac- voyagé pour y venir. De plus, les plateformes tivités en présentiel et en ligne comme des en ligne ne permettent pas les mêmes échang- webinaires, des sessions de présentation de es et rencontres fortuites qui sont la marque projets et des visionnements. Certaines pro- des évènements en direct. grammations en ligne se sont poursuivies toute l’année, offrant par exemple des ateliers D’un autre côté, certain.e.s producteur.trice.s de formation. Ces activités étaient censées qui participent virtuellement à des marchés et permettre aux marchés et aux festivals de festivals internationaux étaient d’opinion que garder le contact avec les participants toute la possibilité de participer à un nombre plus l’année. important d’évènements constituait un avan- tage. Les représentants des festivals et des Les intervenant.e.s pour cette étude ont notés marchés internationaux ont fait remarquer de nouveaux défis tout comme de nouvelles que puisque davantage de sessions de occasions offertes pour la promotion et les présentations de projets se déroulent mainte- ventes des documentaires canadiens dans les nant en ligne, elles sont potentiellement plus marchés et festivals virtuels. Tous ont soulevé inclusives pour les producteurs qui ne pour- que les évènements en ligne fonctionnent raient peut-être pas voyager pour y participer. mieux pour les producteur.trice.s qui ont déjà leur réseau et des contacts. D’après cer- taines informations, il serait plus difficile de faire de nouveaux contacts ou d’obtenir un rendez-vous pendant un évènement en ligne

27 1.3 Marchés prioritaires Les intervenant.e.s soulignent que, pour les D’autres évènements pour favoriser le producteurs canadiens, la participation aux développement de relations internation- marchés internationaux est importante pour ales ont été mentionnés par les personnes développer des relations, activer la vente de interviewées : Hot Docs, les Rencontres documentaires canadiens, ou rechercher un Internationales du Documentaire de Mon- préfinancement et développer des partenar- tréal (RIDM) et l’International Documentary iats pour des coproductions officielles. Les Festival Amsterdam (IDFA). L’European Film évènements prioritaires identifiés par les per- Market a également été cité comme étant sonnes interviewées sont : le Sunny Side of très pertinent pour les producteur.trice.s the Doc, un pont vers les marchés européens émergent.e.s. Téléfilm Canada, la SODEC et où Téléfilm et la SODEC joignent leurs forces l’Association canadienne des producteurs pour faire la promotion des documentaires médiatiques (ACPM), soutiennent le pro- canadiens ; le World Congress of Science and gramme Toolbox à l’European Film Market. Factual Producers ; le MIPCOM, le plus grand Ciblant des producteurs et productrices de marché et le MIP TV qui abrite cette année la diversité ayant peu d’expérience, ce pro- le MIPDOC. Aux États-Unis, Realscreen et gramme propose des tables rondes et des Jackson Wild sont prioritaires pour les docu- activités de réseautage pour aider les partici- mentaires sur la nature. Certain.e.s produc- pant.e.s à profiter pleinement du marché. Les teur.trice.s ont souligné que des missions interviewé.e.s ont également cité le DocSalon spécifiques vers des marchés internationaux, de l’European Film Market, une plateforme comme celles organisées par l’Association dédiée au réseautage et aux échanges entre canadienne des producteurs médiatiques acheteurs et acheteuses, vendeurs et ven- (ACPM), sont efficaces pour aider les produc- deuses, cinéastes et producteurs et produc- teur.trice.s à élargir leur réseau d’affaires. trices de documentaires. 1.4 Actifs de commercialisation et sessions de présentations de projets Les sessions de présentations de projets (pitch) cialisation, particulièrement durant la phase de aux évènements prioritaires sont considérées développement de projets. Selon certain.e.s, comme idéales pour établir un contact avec au moment de leur recherche de financement de potentiels acheteurs, acheteuses ou parte- pour le développement, les producteurs et naires de coproduction. Les interviewé.e.s productrices font face à un manque de res- impliqué.e.s en promotion soulignent que les sources pour créer des actifs de commercial- films qui sont présentés très tôt dans ces ses- isation, justement au moment où leur besoin sions durant des évènements de haut niveau est le plus criant. Ces ressources sont néces- ont plus de chances d’obtenir des succès in- saires pour engager des auteurs et des gra- ternationaux à cause du bruit médiatique pré- phistes afin de préparer professionnellement coce, ce qui peut générer des possibilités de des documents de présentation adaptables et promotion supplémentaires par le biais d’ac- pour en soutenir l’évolution à mesure que le cueils en résidences de grande notoriété. On projet progresse. Les producteurs et produc- dit aussi que ces films sont plus susceptibles trices reconnaissent que ces coûts pourraient d’être éventuellement invités dans de prestig- éventuellement être assumés par la distribu- ieux festivals. tion. Mais comme ce sont les compagnies de Pour soutenir leurs efforts de recherche de production qui recherchent le financement financement, les producteurs et productrices initial, ce sont également elles qui doivent en ont déclaré en entrevue avoir besoin de res- assumer les coûts. sources pour étoffer leurs actifs de commer- 28 2021

1.5 Initiatives pour la préparation aux marchés

Les intervenant.e.s ont rappelé que toute Doc. Ces deux derniers évènements se sont initiative qui peut aider les producteurs et déroulés cette année virtuellement à cause productrices du Canada à identifier des de la pandémie et la SODEC a adapté son partenaires potentiels de coproduction soutien à ces ateliers en conséquence. internationale stimulera les occasions de réseautage, tout comme les aides aux copro- Les personnes interviewées ont fait re- ducteur.trice.s débutant.e.s pour se préparer marquer que les producteurs et productrices aux nouveaux marchés sont bénéfiques aux PANDC rencontraient de plus grandes diffi- producteurs et productrices de documen- cultés à accéder aux marchés internationaux. taire. Plusieurs initiatives ont été dévelop- Par exemple, il est reconnu que les films pées pour aider les producteur.trice.s à portant sur les communautés Noires et les atteindre de meilleurs résultats dans les films réalisés ou produits par des équipes et évènements internationaux. Une de celles des techniciens aux postes créatifs major- qui a été mentionnée par les intervenant.e.s itairement Noir.e.s, font face à des obstacles est le SODEC_LAB, organisé conjointement systémiques pour l’accès aux principaux avec les Rencontres internationales du docu- festivals internationaux en Europe. Des mentaire de Montréal (RIDM). projets conçus pour aider les producteurs et productrices PANDC à accéder aux marchés Dans les ateliers SODEC_LAB, les mentors de internationaux sont nécessaires. Un point de l’industrie travaillent avec des compagnies vue a également été exprimé sur le fait que qui cherchent à accéder à de nouveaux les distributeur.trice.s autochtones ont be- marchés internationaux. Préparation des soin d’accéder à des ressources spécifiques sessions de présentation de projets, identifi- pour faire la promotion et la mise en marché cation des acheteurs à cibler, soutien et occa- à l’international de productions menées par sions de réseautage durant les évènements des autochtones. du marché : tout pour aider ces compagnies à rencontrer des acheteurs ou acheteuses de façon formelle ou informelle. Des ateliers SODEC_LAB ont eu lieu à Hot Docs, à la Ber- linale, au CPH :DOCX et au Sunny Side of the 1.6 Initiatives promotionnelles consacrées aux documentaires canadiens les documentaires canadiens dans les princi- Il existe actuellement une large variété d’ap- paux marchés. Par exemple, il a été dit que les proches coordonnées pour faire la promotion visionnements de documentaires canadiens de contenus aux acheteur.euse.s dans les en prémontage organisés par Téléfilm Cana- marchés internationaux, notamment le Pa- da dans le cadre de Cannes Doc avaient été un villon du Canada géré par Téléfilm Canada et évènement très réussi qui devrait être repro- d’autres partenaires de l’industrie. Les interv- duit à l’European Film Market. enant.e.s ont salué les qualités du Pavillon du Canada, mais ont toutefois exprimé le besoin d’outils promotionnels supplémentaires pour

29 2. Résumé des observations

De nouvelles opportunités tout comme Producer, le MIPCOM, le Realscreen Sum- de nouveaux défis ont été identifiés par mit, le Jackson Wild, l’European Film Market, les intervenant.e.s pour la promotion et Hot Docs, les Rencontres Internationales du les ventes internationales des documen- Documentaire de Montréal (RIDM) et l’Inter- taires canadiens. Parmi ces opportunités se national Documentary Festival Amsterdam trouve la nouvelle programmation en ligne (IDFA). des festivals et des marchés internationaux. La distribution évoluant toujours davan- La nécessité d’avoir des outils promotion- tage vers les plateformes numériques, il nels spécifiques pour les documentaires est important de s’assurer que les produc- présents dans les marchés et les festivals teur.trice.s. du Canada ont la possibilité de a été soulignée afin de rehausser le profil distribuer leurs productions par les canaux international et le potentiel de vente des virtuels. BIPOC-led documentary production documentaires canadiens. Les producteur. companies are needed to increase their ac- trice.s ont également besoin de soutien cess to international festivals and markets. pour leurs actifs de commercialisation pouvant alléger leurs efforts financiers. Il est fort probable que les activités vir- Davantage de producteur.trice.s pour- tuelles continueront de constituer une raient bénéficier d’aides pour le développe- part importante de la programmation des ment de leurs relations avec de potentiels évènements internationaux dans l’avenir acheteurs et acheteuses ou partenaires et que ces activités hybrides deviendront la étrangers et préparer ainsi au mieux leur norme, même après que les voyages inter- participation aux marchés internationaux. Il nationaux et les échanges en présentiels est nécessaire de mettre en place des initia- auront repris. Les évènements incontourn- tives conçues pour aider les producteurs et ables identifiés par les personnes inter- productrices PANDC à accéder aux festivals viewées incluent le Sunny Side of the Doc, et marchés internationaux. le World Congress of Science and Factual

30 2021

IV. Measures to Support International Coproduction, Promotion and Sales of Documentaries in Selected Jurisdictions

This section provides the findings of a literature review on measures that exist to encourage international coproductions, promotion and sales of documentaries in the jurisdictions of France, the United Kingdom, Germany, Denmark and Australia. More detail on the measures examined is provided in Annex 3.

1. Mesures d’aides pour l’accroissement des coproductions internationales

1.1 Mesures d’aides dédiées aux coproductions internationales Des accords multilatéraux de finance- Pologne et la France, et des programmes ment pour soutenir les coproductions d’aide au codéveloppement de coproduc- internationales existent entre les pays eu- tions internationales avec la Pologne, la ropéens par le fonds Eurimages (environ France et l’Italie. 27,5 M€, soit 42,2 M$ CAD), et entre les pays du cercle polaire par le Arctic Indig- Pour sa part, la France a conclu des ac- enous Fund (env. 1 M$ CAD). Le Canada cords de soutien aux coproductions conclu des accords de financement avec internationales de longs métrages, incl- chacun de ces deux fonds, ce qui permet uant les documentaires, avec l’Italie, la aux producteur.trice.s canadien.ne.s. d’y Grèce, le Portugal et la Tunisie. La France avoir accès. a également conclu un accord bilatéral de soutien au codéveloppement de copro- L’Allemagne et la France ont conclu plu- ductions officielles, films ou émissions de sieurs accords bilatéraux pour encour- télévision, avec l’Italie. Ces programmes ager le développement et la production d’aide au codéveloppement soutiennent de projets de coproduction officielle, les documentaires destinés à être pro- incluant les documentaires. L’Allemagne duits dans le cadre de coproductions a créé des programmes d’aide aux co- officielles. productions de longs métrages avec la

31 France Allemagne

Les télédiffuseurs français offrent des En Allemagne, les télédiffuseurs publics droits de licence relativement élevés ont un important mandat documentaire. pour les productions documentaires. Du Le télédiffuseur public ZDF offre plusieurs nombre total d’heures de documentaire créneaux documentaires et par le biais produites avec le soutien du CNC, 390 de sa filiale ZDF Entreprises, produit et heures de documentaire télévisuel ont acquiert des documentaires sur plusieurs été produites en tant que coproductions sujets, de l’histoire à la science et à la majoritairement françaises. D’autre part, nature. ARTE Deutschland TV GmbH peut 40 heures d’émissions documentaires ont offrir des droits de licence importants aux été produites en coproductions minor- producteur.trice.s de documentaire. itaires. Ces projets ont réuni un total de 25,4 M€ (39,6 M$ CAD) d’investissements L’Allemagne accorde un financement des pays partenaires. public pour les longs métrages docu- mentaires. En 2019, le bailleur de fonds RMC découverte, Arte et France 5 sont national allemand a distribué 1,05 M€ les principaux télédiffuseurs nationaux (1,64 M$ CAD) à huit longs métrages de documentaires en France. Les types documentaires. Bien que le nombre de de documentaires diffusés les plus popu- coproductions documentaires ne soit pas laires par ces réseaux sont les documen- connu, l’Allemagne est réputée produire taires sociaux, et les documentaires d’his- de nombreuses coproductions. Après le toire et de nature. R.-U., l’Allemagne coproduit le plus sou- vent avec des pays non européens.

1.2 Fonds spécifiques nationaux pour les coproductions internationales minoritaires

Pour consolider son secteur de produc- de coproduction minoritaire qui com- tion de taille moyenne, le Danemark prend un volet de financement pour les préfère soutenir les coproductions inter- documentaires. Ce Fonds soutient 4 à 6 nationales officielles minoritaires. Le Dan- coproductions minoritaires de documen- ish Film Institute offre du financement taires chaque année. pour les longs métrages en coproduction internationale par son programme Fonds

32 2021

2. Mesures de soutien à la promotion internationale et aux ventes

Plusieurs mesures d’aide dédiées à la des documentaires allemands à l’Euro- promotion et à la stimulation des ventes pean Film Market et aux autres marchés internationales de documentaires ex- internationaux à travers le monde. istent dans les pays que nous avons étudiés. Ces mesures vont de la tenue Au Royaume-Uni, l’Accelerator Pro- de marchés internationaux et la mise gram de l’association de producteurs en place de mesures spécifiques pour la indépendants, PACT, est un programme promotion des documentaires jusqu’au de formation en ligne destiné aux pro- soutien financier pour une meilleure ducteurs indépendants du R.-U. pour les préparation aux exportations. aider à développer leurs stratégies pour l’exportation. Les agents de vente sont re- La France possède deux agences con- groupés pour la promotion de leurs films sacrées à la promotion et aux ventes. dans les marchés internationaux sous la UniFrance est une agence gouverne- bannière de Film Export UK. De son côté, mentale qui soutient les ventes inter- le BFI soutient les ventes internationales nationales des films français. TV France des films présentés dans les festivals par International (TVFI) est une association le biais du BFI Film Export Fund. professionnelle qui soutient la promotion et les ventes internationales par l’organ- L’association professionnelle Filmkontakt isation de marchés et sa plateforme de Nord, basée au Danemark, dont le man- commerce interentreprises (B2B) en ligne dat est de promouvoir les documentaires Screenopsis. nordiques internationalement, organise le Nordisk Panorama International Mar- La France possède deux agences con- ket et un évènement consacré au finance- sacrées à la promotion et aux ventes. ment, le Nordisk Forum. UniFrance est une agence gouverne- mentale qui soutient les ventes inter- L’Australian International Finance Fund nationales des films français. TV France inauguré en 2020 offre un soutien International (TVFI) est une association aux producteurs et productrices pour professionnelle qui soutient la promotion l’amélioration de leurs compétences et et les ventes internationales par l’organ- leur donner les outils adéquats pour isation de marchés et sa plateforme de saisir les occasions de ventes commerce interentreprises (B2B) en ligne internationales. Screenopsis.

Par le biais de German Documentaries, un partenariat entre la German Docu- mentary Association et German Films (l’agence de promotion nationale), les deux associations assurent la promotion

33 3. Résumé des observations

La France et l’Allemagne ont choisi de pas d’agence de promotion consacrée prioriser les coproductions, la promotion spécifiquement aux productions cinémato- et les ventes internationales. Cela apparaît graphiques ou télévisuelles. La promotion clairement par le nombre d’ententes bi- et la mise en marché sont soutenues par latérales pour soutenir l’accroissement des le Fonds des médias du Canada et Téléfilm coproductions officielles entre leurs pays Canada. respectifs et les autres. La France possède deux agences de promotion internation- Dans les pays nordiques, le Danemark ale, une pour le cinéma et l’autre pour la cherche à développer davantage de copro- télévision. L’Allemagne a également une ductions par le biais du Danish Film Insti- agence nationale de promotion des films, la tute et de son Fonds de coproduction mi- German Film qui collabore avec l’industrie noritaire, et par son implication dans l’Arctic pour la promotion des documentaires alle- Production Fund qui cible les projets menés mands. Au R.-U., des initiatives de l’indus- par les Autochtones. En comparaison, le trie soutiennent la promotion et les ventes Canada ne possède pas de fonds national internationales sous l’ombrelle de l’image spécifique qui pourrait stimuler l’accroisse- de marque gouvernementale, la campagne ment des coproductions. Great. Pour sa part, le Canada ne possède

34 2021

V. Conclusions et orientations futures

1. Survol des conclusions

Plusieurs producteurs et productrices cana- acquises internationalement par les télédiffu- dien.ne.s de documentaires savent tirer profit seurs, les distributeur.trice.s et les agent.e.s des possibilités internationales offertes pour de vente. coproduire des documentaires captivants qui illustrent la grande tradition canadienne d’ex- Avec des droits de licence plus élevés de la cellence et de compétence en documentaire part des télédiffuseurs canadiens, davan- aux Canadiens et au reste du monde. Les rela- tage de créneaux de programmation pour les tions internationales développées durant ces documentaires à grand budget coproduits à projets renforcent la capacité des producteur. l’international et l’augmentation de la promo- trice.s à saisir de nouvelles occasions et les tion spécifique des documentaires canadiens projets réussis peuvent créer une source de dans les évènements internationaux, les pro- revenus par les ventes sur les marchés inter- ducteurs et productrices pourraient profiter nationaux. Les documentaires canadiens ont encore mieux des occasions qu’apportent les bonne réputation sur la scène internation- marchés internationaux, ce qui pourrait dyna- ale. Ils reçoivent des éloges de toute part et miser la croissance et le profil des documen- amassent des récompenses dans les princi- taires canadiens sur la scène internationale. paux festivals. Comme le montrent clairement les chiffres des ventes, ces productions sont 1.1. Une stratégie internationale pour les documentaires canadiens Cette étude a posé les fondations pour certaines opportunités, et non des moindres, construire une stratégie internationale afin avec la France, le R.-U., et l’Allemagne pour d’augmenter le réseautage international, les la télévision et avec Israël pour les documen- coproductions officielles et les possibilités taires destinés au marché des salles. Bien de ventes des documentaires indépendants que la France et l’Allemagne commandent canadiens. Bien que chaque projet soit dif- un large éventail de documentaires, incluant férent, il apparaît clairement que les produc- des productions portant sur des sujets so- teur.trice.s canadien.ne.s ont su profiter de ciaux, les intervenant.e.s de notre étude ont 35 remarqué de la part d’importants télédif- ducteur.trice.s autochtones de documen- fuseurs du Royaume-Uni une préférence taires au Canada. L’Australie possède un pour des documentaires à large audience, important secteur autochtone de produc- comme des émissions sur la nature ou tion actif en documentaires. De 2010 à l’histoire. 2019, 51 producteur.trice.s autochtones étaient au générique de documentaires Dans la mesure du possible, les fonds australiens et 62 réalisateurs et réalisa- spécifiques aux traités de coproduction trices autochtones ont signé un documen- dans les pays partenaires devraient être taire australien. exploités pour augmenter les possibilités pour les documentaires canadiens. Ceux- Au moment de publier cette étude, la ci incluent les fonds d’Eurimages et ceux pandémie de la COVID-19 avait bouleversé du DFI pour les coproductions minor- considérablement le secteur audiovisuel itaires. Les avantages des coproductions mondial. On peut prévoir que plusieurs minoritaires ont été étudiés dans une des innovations introduites durant la étude de 2017, Exporter les longs métrag- pandémie, comme les réseaux de cinémas es canadiens sur les marchés mondiaux, virtuels et les évènements hybrides des qui établit que les coproductions inter- marchés, vont se poursuivre dans l’avenir. nationales minoritaires ont généré da- Ces innovations constituent des occasions vantage de ventes pour les compagnies d’affaires pour les producteurs et produc- de production canadiennes. Cette étude trices du Canada. Parallèlement, plusieurs recommandait l’établissement d’un fonds espèrent que les exceptions mises en de coproduction au Canada qui pourrait place pour les coproductions internation- soutenir les coproductions minoritaires. ales, comme permettre l’embauche de personnel local pour les tournages éloign- és (à cause des interdictions de voyager Une considération essentielle pour la con- liées à la COVID-19), encourageront dans ception d’une stratégie internationale est l’avenir une plus grande flexibilité de de tenir compte des obstacles que rencon- la part des pays coproducteurs. Toute trent les plus petites compagnies de pro- stratégie internationale future se fera à la duction, et les défis spécifiques auxquels lumière de ces développements. font face celles tenues par des membres de la communauté PANDC. L’Australie et les pays membres de l’Arctic Indigenous Fund offrent des possibilités pour les pro-

36 2021

Glossary

Coproduction : La production d’une œu- le Canada apporte la majorité du finance- vre audiovisuelle par plus d’un producteur. ment de la coproduction. trice, pour laquelle chacun.e des coproduc- teur.trice.s codétient les droits sur l’œuvre, tel que défini par l’accord de coproduction. Cet accord détermine les détails créatifs Coproduction officielle majoritaire : et techniques de la production, le partage Le pays apportant la majorité du finance- de la gestion et des responsabilités, de ment est désigné comme le pays de la co- l’exploitation des droits et du partage des production majoritaire. Une « coproduction revenus et des territoires dans lesquels les majoritaire Canada/France » indique que coproducteur.trice.s exploiteront conjoin- le Canada apporte la majorité du finance- tement ou exclusivement leur propriété. ment de la coproduction.

Coproduction internationale régie Coproduction hors traité : Une copro- par un traité : Une coproduction inter- duction internationale pour laquelle les nationale entre producteur.trice.s de pays partenaires ont choisi de ne pas demand- différents qui adhèrent aux exigences d’un er la certification officielle, par ex. quand traité de coproduction. Les traités de co- aucun traité de coproduction n’existe production dressent la liste des obligations entre les deux pays partenaires, ou quand (financières, créatives et techniques) afin le budget de la production ne justifie pas qu’une coproduction soit reconnue « na- les surcoûts associés au respect des obli- tionale », rendant la production admissible gations d’une coproduction régie par un aux aides publiques nationales de chacun traité. des pays régis par le traité. La coproduc- tion doit être approuvée par les autorités Coentreprise internationale représentant chacun des signataires de officielle : Au Canada, les coproductions l’accord. Au Canada, les coproductions internationales impliquant des compagnies régies par un traité sont administrées par de production de pays avec lesquels le Téléfilm Canada, pour une certification Canada n’a pas de traité de coproduction ultime par le ministère du Patrimoine peuvent être certifiées comme coentre- canadien par le biais du Bureau de certifi- prises officielles par le Conseil de la -ra cation des produits audiovisuels canadiens diodiffusion et des télécommunications (BCPAC). canadiennes (CRTC). Ces productions ont accès au Crédit d’impôt pour services de production cinématographique ou magné- Coproduction officielle majoritaire : toscopique (CISP) et peuvent être compt- Le pays apportant la majorité du finance- abilisées par les télédiffuseurs dans leurs ment est désigné comme le pays de la co- obligations de diffusion de contenus production majoritaire. Une « coproduction canadiens. majoritaire Canada/France » indique que

Sources : Hot Docs, Hot Docs Guide to Co-Production, 2016.

37 Annexe 1 : Bibliographie sélective

Abbatescianni, Davide, “Nordic film bodies publish first responses to the COVID-19 outbreak,” Cineuropa, 23 mars, 2020.

Alcinii, Daniele, « BBC, ZDF, Love Nature pen copro for Offspring’s ‘Animals at Play’, » Realscreen, 28 juin 2019.

British Film Institute, BFI Statistical Yearbook: Screen Sector Production, 2020.

Association canadienne des producteurs médiatiques, Profil 2019 : Rapport économique sur l’industrie de la production de contenu sur écran au Canada, avril 2020.

Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), « Bilan 2019, » Les dossiers du CNC, Numéro 342, mai 2020.

Creative Industries Trade and Investment Board (CITIB), International Strategy for the UK Creative Industries 2019-2022.

Danish Film Institute, Facts and Figures 2020: Production and Exhibition Figures for 2019.

De Rosa, Maria & Burgess, Marilyn, Exporter les longs métrages canadiens sur les marchés mondiaux : Tendances, possibilités, orientations futures, pour l’Association can- adienne de producteurs médiatiques, mai 2017.

De Rosa, Maria & Burgess, Marilyn, Exporting Canadian Television Globally – Trends, Op- portunities and Future Directions, pour l’Association canadienne de producteurs média- tiques, mai 2017.

De Rosa, Maria & Burgess, Marilyn, Exporting Canadian Screen-based Productions in a Global Market: Trends, Opportunities and Future Directions, pour l’Association cana- dienne de producteurs médiatiques, 2020.

De Rosa, Maria & Burgess, Marilyn, Toute la vérité 6 : Profil économique de l’industrie de la production documentaire au Canada, préparé par Communications MDR pour l’Associ- ation des documentaristes du Canada, 2019.

Association des documentaristes du Canada, DOC Submission – Broadcasting Notice of Consultation CRTC 2019 – 379, 2019.

Observatoire européen de l’Audiovisuel, « Brexit : The impact on the audiovisual sector, » IRIS Plus, Strasbourg, 2018.

Observatoire européen de l’Audiovisuel, Film Production in Europe : Production volume, co-production and worldwide circulation, 2017.

Observatoire européen de l’Audiovisuel, Les coproductions internationales – la formule à succès pour les films européens ? Conférence au Marché du film de Cannes 2018, 12 mai, 2018.

Observatoire européen de l’Audiovisuel, « The Legal Framework for International Coproductions, » IRIS Plus, Strasbourg, 2019.

38 2021

German Films, German Films Abroad 2019 : Facts and Figures, 2020. Hopewell, John et Jamie Lang, « How Will Film Festivals React to the Covid-19 Crisis?, » Variety, 27 avril 2020.

Hot Docs, 2018 Documentary Audience Research, septembre 2018.

Hot Docs Guide to Coproduction, Hot Docs, 2016.

Howcroft, Chloe, « Best of PSM: Collaborate or Die?, » Public Media Alliance, 23 septem- bre 2019.

Howcroft, Chloe, “The financial impact of Covid-19 on European public broadcasters,” Public Media Alliance, 13 mai 2020.

Kanter, Jake, “BBC Studios Signs Wide-Ranging Co-Production & Content Sales Deal With Sony-Backed Chinese Streamer Bilibil,” Deadline, 18 octobre 2020.

« Le Marché Documentaire, » Les synthèses du CNC, no 4, juin 2018.

MIP, What do Buyers and Commissioners Want, MIP Trends, 2019.

MIP, « Tencent Video fosters growing young audience for global docs, » MIPTV News, 8 avril 2019.

Mitchell, Robert, « BBC Studios, ZDF Form Development and Coproduction Partnership, » Variety, 18 avril 2019.

Presence, Steve, Andrew Spicer, Alice Quiqley and Lizzie Green, Keeping It Real: Towards a Documentary Film Policy for the UK, UWE Bristol, UKRI, Arts and Humanities Research Council, 2019.

39 Annexe 2 : Liste des personnes interviewées

1. Mathieu Béjot, Sunnyside of the DOC 2. Nathalie Bourdon, Office national du film du Canada 3. Michelle Bruce, Belle Vie TV 4. Nathalie Clermont, Fond des médias du Canada 5. Erin Creasey, Ontario Créatif 6. Nicholas de Pencier, Mercury Films 7. Trish Dolman, Screen Siren Pictures 8. Élaine Dumont, SODEC 9. Ina Fichman, Intuitive Pictures 10. Arnie Gelbart, Galafilm 11. Prem Gill, Creative BC 12. Jennier Holness, Hungry Eyes Media 13. Merit Jensen Carr, Merit Motion Pictures 14. Robert Lange, Kensington Communications 15. Wendy Lidell, Kino Lorber 16. Michael McMahon, Primitive Entertainment 17. Hervé Michel, TV France International 18. Bob Moore, EyeSteelFilm 19. Josette D. Normandeau, Idéacom International 20. Jan Rofekamp, Films Transit International 21. Yorinde Segal, International Documentary Festival Amsterdam 22. Bernard Simek, German Films 23. Shane Smith, Hot Docs 24. Heidi Tao Yang, Hot Docs 25. Nadja Tennstedt, Doc Salon, European Film Market 26. Lucie Touboul, Dogwoof 27. Jesse Wente, Indigenous Screen Office 28. Bob Wong, Creative BC

40 2021

Annexe 3 : Mesures prises dans les pays étudiés pour favoriser la coproduction interna- tionale, la promotion et les ventes des documentaires

1.1 Programmes d’aide spécifiques aux coproduc- tions internationales dans les pays étudiés

Accords de financement multilatéraux

Eurimages Fonds d’aide nationaux

Eurimages, le Fonds culturel du Conseil de Fonds de coproduction minoritaire du DFI l’Europe, accorde un soutien financier aux longs métrages de fiction, d’animation et aux Le Danish Film Institute offre du finance- documentaires qui sont en coproduction. ment par le biais de son programme Fonds Eurimages regroupe 39 des 47 états mem- de coproduction minoritaire pour les longs bres de l’Europe, plus le Canada en tant que métrages en coproduction internationale membre Associé, ce qui donne accès à ce minoritaire impliquant une compagnie de fonds aux compagnies de production can- production danoise. Ce fonds comprend un adiennes ayant un projet de coproduction volet de financement pour les documen- admissible. Le financement total disponible taires. Ce programme vise à « renforcer les est d’environ 27,5 M€ soit 42,2 M$ CAD. partenariats et les échanges créatifs entre des producteurs et productrices danois.e.s Arctic Indigenous Fund et des partenaires internationaux, » et à encourager « les occasions offertes par les Le fonds Arctic Indigenous Fund est un coproductions, le financement international, partenariat circumpolaire entre le Groen- les échanges culturels et d’affaires et la dis- land (Danemark), la Norvège, la Suède, la tribution. » Disposant d’un budget d’environ Finlande, la Russie, le Nunavut (Canada) et 2,5 M DKK (521 k$ CAD), le volet documen- l’Alaska (É.-U.). Le Fonds offre une plate- taire de ce programme soutient 4 à 6 co- forme de collaboration entre les produc- productions minoritaires de longs métrages teurs et productrices autochtones des documentaires annuellement. régions arctiques et un soutien aux copro- ductions conduites par des Autochtones. Les fonds disponibles annuellement par le biais de ce fonds sont d’environ 1 M$ CAD.

41 Accords de financement bilatéraux Fonds germano-polonais

Le Fonds germano-polonais est un partenariat Aide à la coproduction d’œuvres entre le German Federal Film Board (FFA), l’In- cinématographiques et audiovisuelles stitut polonais de la cinématographie et deux franco-italiennes fonds régionaux allemands, le Mitteldeutsche Medienförderung (MDM) and Medienboard Ce partenariat entre le Centre national du Berlin-Brandenburg (MBB). Le Fonds alloue cinéma et de l’image animée (CNC) de France 500 k€ (775 k$ CAD) en soutien aux projets de et le Ministère de la Culture et du Tourisme développement de coproductions internation- italien (MIBAC) offre une aide aux coproduc- ales germano-polonaises. Le Fonds offre une tions officielles admissibles, incluant les doc- aide pouvant aller jusqu’à 150 k€ (232 k$ CAD) umentaires. Le financement pour les copro- pour les longs métrages, l’animation et les ductions de longs métrages admissibles peut documentaires créatifs en coproduction entre atteindre 200 k€ (310 k$ CAD). l’Allemagne et la Pologne.

Mini-traité Franco-Allemand Aide à la coproduction d’œuvres cinématographiques franco-grecques Le Mini-traité Franco-Allemand (accord de /portugaises/tunisiennes coproduction Franco-Allemand) offre annuel- lement un soutien aux coproductions interna- La France a développé des partenariats avec tionales Franco-Allemandes admissibles de 3 la Grèce, le Portugal et la Tunisie pour soute- M€ (4,7 M$ CAD). Le Fonds est géré en Alle- nir les coproductions de longs métrages magne par le ministre délégué du gouverne- incluant les documentaires. Ces partenariats ment fédéral pour la culture et les médias sont basés sur des accords de financement (Beauftragter der Bundesregierung für Kultur bilatéral entre le CNC en France et le Centre und Medien, ou BKM) et le German Federal du cinéma grec (GFC), l’Instituto do Cinema e Film Board (Filmförderungsanstalt, FFA) et en do Audiovisual (ICA) du Portugal, et le Centre France par le Centre national du cinéma et de national du cinéma et de l’image (CNCI) en l’image animée, CNC. Tunisie. Ces fonds offrent un soutien aux coproductions admissibles allant de 200 k€ (310 k$ CAD) à 450 k€ (697 k$ CAD).

42 2021

1.2 Programmes d’aide spécifiques au codéveloppement des coproductions internationales

Mini-traité Franco-Allemand

Le Mini-traité Franco-Allemand (voir plus haut) italiens, le fonds offre 100 k€ (155 k$ CAD) pour alloue chaque année 200 k€ (310 k$ CAD) pour le codéveloppement de coproductions offi- le codéveloppement de coproductions interna- cielles, incluant les longs métrages documen- tionales franco-germaniques. taires. feature length documentaries.

Fonds de codéveloppement Aide au codéveloppement d’œuvres germano-polonais cinématographiques et audiovisuelles franco-italiennes Le Fonds germano-polonais (voir plus haut) offre des aides pour le codéveloppement Un partenariat entre le Centre national du pouvant aller jusqu’à 70 k€ (110 k$ CAD) pour cinéma et de l’image animée (CNC) de France et le codéveloppement international des longs le Ministère de la Culture et du Tourisme italien métrages, l’animation et les documentaires (MIBAC) offre une aide au codéveloppement créatifs. de coproductions officielles admissibles, inclu- ant les documentaires. Le financement pour le Fonds de codéveloppement germano-italien codéveloppement des coproductions de longs métrages admissibles peut atteindre 50 k€ (78 Le Fonds de codéveloppement de coproduc- k$ CAD). Le financement pour le codéveloppe- tion germano-italien est un partenariat entre le ment séries télévisuelles admissibles ne peut German Federal Film Board (FFA) et le Ministère excéder 40 % des coûts de développement de la Culture et du Tourisme italien (MIBAC). admissibles pour un maximum de 50 k€ (78 k$ Mis en place pour favoriser une plus étroite CAD). collaboration entre les cinéastes allemands et

1.3 Programmes d’aide spécifiques aux ventes et à la distribution internationales

France programmes français à l’étranger et à faciliter les coproductions internationales. TV France International (TVFI) est l’as- Organisé par TVFI, le Rendez-Vous Bi@ sociation des exportateurs français qui rritz est un marché consacré aux projec- se consacre à promouvoir les ventes de tions et à la vente d’émissions françaises

43 récentes, comparable aux évènements de d’environ 200 films disponibles pour une préventes publicitaires nord-américains. distribution internationale et un site Web Le Rendez-vous accueille environ 260 présente des informations supplémen- acheteurs invités internationaux. taires sur la production documentaire allemande. TVFI apporte également son aide à la pro- motion internationale par le biais de sa Le DocSalon de l’European Film Market, plateforme de commerce interentrepris- est une plateforme dédiée au réseautage es (B2B) en ligne Screenopsis, qui est la et aux échanges entre acheteurs et ache- plus vaste banque de données dotée d’un teuses, vendeurs et vendeuses, cinéastes espace de visionnement en ligne et cumu- et producteurs et productrices de docu- lant des informations sur plus de 20 000 mentaires.Faisant partie du DocSalon de émissions françaises pour soutenir leur l’European Film Market, l’évènement Tool- vente. La plateforme en ligne tvfrance-in- box aide les producteurs et productrices tl.com est un outil d’aide à l’exportation de la diversité ayant peu d’expérience des pour ses compagnies membres, mettant marchés internationaux. Ce programme à disposition une base de données conte- propose aux participant.e.s un accès à nant des informations sur plus de 15 000 des consultant.e.s et du mentorat ainsi acheteurs et acheteuses de contenu qu’à des activités structurées de réseau- d’émissions audiovisuelles de plus tage pour favoriser les contacts avec les de deux cents pays à travers le monde. festivals et autres experts de l’industrie. Toolbox reçoit du soutien de Téléfilm Can- ada, de la SODEC et de l’Association cana- Allemagne dienne des producteurs médiatiques.

L’agence nationale pour la promotion du Royaume-Uni cinéma, German Films, travaille en col- laboration avec la German Documentary Le Film Export Fund du British Film Insti- Association pour promouvoir les docu- tute (BFI) vise à augmenter les possibilités mentaires allemands dans les marchés d’exportations des films britanniques en internationaux. Sous le label German sélection dans les grands festivals interna- Documentaries, les deux associations réu- tionaux en nies assurent la promotion des documen- taires allemands à l’European Film Market et aux autres marchés internationaux à travers le monde. German Documentaries publie également en ligne un catalogue

44 2021

Danemark Australie

L’association professionnelle Filmkontakt L’Australian International Finance Fund Nord, basée à Copenhague, a pour man- propose un nouveau programme d’aide dat de promouvoir les documentaires pour les producteurs et productrices en et courts métrages nordiques interna- réunissant les équipes créatives avec des tionalement et de consolider les réseaux mentors de l’industrie et des consult- professionnels. Elle organise le Nordisk ant.e.s. pour améliorer la qualité de leurs Panorama International Market qui fait la présentations de projets, perfection- promotion des documentaires nordiques ner leurs plans d’affaires et de mise en auprès des acheteur.euse.s de l’étranger marché et s’assurer qu’ils possèdent les et également un évènement consacré au outils adéquats pour tirer le meilleur parti financement international des documen- des marchés internationaux actuels et de taires, le Nordisk Forum. leurs transformations à venir.

45 Annexe 4 : Études de cas de coproductions internationales de documentaires entreprises par des compagnies de production canadiennes

1. EyeSteelFilm

La compagnie de production aux BAFTA Awards.

EyeSteelFilm est une compagnie de pro- La compagnie se diversifie davantage par duction basée à Montréal. Cofondée par ses activités de distribution, l’établisse- Daniel Cross et Mila Aung-Thwin en 2001, ment de relations avec des acheteurs la compagnie se consacre à un cinéma étasuniens, la formation de partenariats socialement engagé et s’inspire de la de productions et les ventes aux télédiffu- philosophie interactive et inclusive du seurs internationaux. Ces efforts visent à cinéma direct. Le studio, actuellement diminuer la dépendance de la compagnie dirigé par les coprésidents Mila Aung- à une unique source de financement. Thwin et Bob Moore, se concentre sur EyeSteelFilm a maintenant sa propre la coproduction internationale. La com- société de distribution qui loue ses films pagnie produit surtout des longs métrag- à travers le Canada. En plus d’une source es documentaires d’auteur.e.s destinés de revenus réguliers, la distribution offre aux salles. Quelques-uns des plus grands de précieux renseignements sur les tend- succès de la compagnie se sont mérité de ances du marché. nombreux prix : RiP : A Remix Manifesto (2008), Le dernier train (Last train home, Les partenaires internationaux de la 2009), L’école des champions (China compagnie incluent Super Channel, PBS, Heavyweight, 2012), I am the Blues (2015), CBC, National Geographic Channel, The Wintopia (2019), Sur le Yangzi (Up the History Channel, BBC Storyline, YLE, TV2 Yangtze, 2007), de , un des Denmark, ZDF ARTE, documentary Chan- films les plus rentables de l’année 2007 et nel, SBS, CTV et l’Office national du film A Cambodian Spring (2016), Prix spécial du Canada (ONF). du jury Hot Docs et mis en nomination

46 2021

Le projet Le financement de la production au Influence (2020) est une coproduction Canada comprenait les droits de licence internationale entre EyeSteelFilm, Story- de CBC documentary Channel qui a été scope et Chronicle Productions d’Afrique le déclencheur du Fonds des médias du du Sud, produit par Neil Brandt (Story- Canada, du Fonds de financement Rogers scope) et Bob Moore de EyeSteelFilm pour le réseau par câble et de la Société (Canada). Storyscope est une compagnie de développement des entreprises cultur- de production d’Afrique du Sud, expéri- elles (SODEC), en plus des crédits d’impôt mentée, passionnée par le développe- des gouvernements fédéral et provincial. ment de voix africaines authentiques Plusieurs préventes à d’autres télédiffu- qui défient les stéréotypes et dont Neil seurs internationaux, dont une impor- Brandt est l’un des quatre partenaires tante licence de diffusion d’Arte (France/ fondateurs. Les projets actuels de la Allemagne) et de e.TV (Afrique du Sud). Le compagnie, ou ceux en développement, film a également obtenu du financement incluent des émissions factuelles, de la de Blue Ice Docs, du Fonds Hot Docs Part- fiction et des contacts préliminaires en ners, de la National Film and Video Foun- cours avec CBC Canada, Arte France, dation of South Africa, et du Sundance CGTN Chine, A&E États-Unis, SABC, eTV, Institute Documentary Funds. et MNET. La promotion et la Influence retrace les récentes avancées distribution de l’arsenalisation de la communication en enquêtant sur l’ascension et la chute Influence a été présenté en première d’une des firmes de relations publiques internationale au festival de Sundance en spécialisée dans la gestion d’image de janvier 2020 et mis en nomination pour personnalités sulfureuses parmi les plus le Grand Jury Prize, une première pour tristement célèbres, la multinationale des cinéastes sud-africains. Il a égale- britannique Bell Pottinger. Explorant ment été mis en nomination pour le prix « l’art obscur des arcanes de la manipula- Truth Award au Dokufest International tion d’opinion à des fins géopolitiques », Documentary and Short Film Festival plus le film a été écrit et réalisé par les jour- tard la même année. Le film a été sélec- nalistes et réalisateur.trice.s réputé.e.s tionné dans plusieurs festivals de films Richard Poplak et Diana Neille dont les ar- documentaires dont le Sheffield Interna- ticles ont dévoilé les dessous de la firme tional Documentary Festival, Hot Docs, relations publiques Bell Pottinger. DOXA, l’Human Rights Film Festival Berlin et DMZ Docs. Le film a également été Le financement projeté au Festival international du film de Moscou et au Festival international EyeSteelFilm a obtenu un financement du film de Durban. De plus, le film a été important de Arte France. Une grande projeté au Marché du film de Cannes en portion des droits de licence d’Arte a été 2019 et en 2020 à l’European Film Market attribuée au partenaire sud-africain qui de Berlin. Téléfilm Canada a participé au dirigeait le tournage alors que EyeSteel- financement de la campagne de mise en Film fournissait le directeur photo et le marché du film pendant sa tournée des monteur. De leur côté, les coproducteurs festivals et sa participation aux marchés sud-africains ont obtenu une généreuse internationaux. licence du télédiffuseur sud-africain e.TV. 47 La sortie en salle d’Influence a été re- EyeSteelFilm est toujours à l’affût de pro- tardée momentanément par les produc- jets potentiels de coproductions corre- teurs qui surveillaient les possibilités de spondant à sa philosophie d’engagement ventes éventuelles à la suite de la rumeur social. La compagnie reconnaît que son du développement d’un important film style de documentaires engagés plait de fiction d’Hollywood sur le même sujet. aux acheteurs et aux potentiels parte- Influence est maintenant en vente inter- naires en coproduction. La compagnie nationalement. Très tôt une vente à un recherche des partenariats avec des distributeur scandinave, NonStop En- cinéastes qui peuvent profiter de son tertainment a permis une sortie en salle expertise et être aidés pour l’améliora- en Suède où les cinémas n’étaient pas tion de leur film en vue des festivals et encore fermés au début de la pandémie des sorties en salle. Pour une collabora- COVID-19. Les ventes internationales se tion créative réussie, il est nécessaire de poursuivent avec notamment une vente rencontrer les partenaires potentiels en à la Nouvelle-Zélande et des discussions personne. en cours avec des distributeurs aux É.-U. et au R.-U. Les ventes aux États-Unis ont Le faible nombre de sources de financement été plus longues à conclure qu’habituel- du marché canadien pousse la compagnie lement, en partie à cause de la COVID-19 à se tourner plus souvent vers les marchés qui a suscité passablement de confu- internationaux pour son financement. Les sion dans les marchés au début, mais producteurs de la compagnie identifient les projets dans les festivals et les marchés également à cause du grand nombre de internationaux et, avant la pandémie, leur préventes aux télédiffuseurs. Le film a eu présence à ces évènements représentait sa première diffusion sur le réseau CBC environ un tiers de leur temps de travail. en mai 2020, puis en ligne dans le cadre Hot Docs est perçu comme un marché très de Hot Docs at Home sur CBC Gem et sur efficace par la compagnie, parce qu’ils y ont le documentary Channel de CBC. développé des relations d’affaires. Ils notent toutefois que dans le contexte actuel de Les leçons apprises la pandémie, trouver des acheteurs et des partenaires doit être difficile pour les com- pagnies qui n’ont pas encore acquis ce type de relations.

2. Intuitive Pictures

48 2021

La compagnie de production cielle France/Canada entre Point du Jour et Intuitive Pictures, sur le pour et le contre de Depuis plus de vingt-cinq ans, Ina Fich- l’économie de plateformes (gig) ou « écono- man d’Intuitive Pictures produit pour le mie des petits boulots ». cinéma et la télévision des documentaires, des fictions et des œuvres numériques Depuis plus de 25 ans, Point du Jour pro- maintes fois primées. Elle a travaillé avec duit des documentaires réputés, des séries des cinéastes émergents ou reconnus et des magazines hebdomadaires pour au Canada et partout au monde, dont la France et les marchés internationaux. « quelques-un.e.s des meilleur.e.s créateur. Plusieurs de ses films sont des coproduc- trice.s, idéateur.trice.s », pour développer tions internationales réalisées avec des des projets qui soient à la fois novateurs et partenaires d’Amérique du Nord, d’Europe, attrayants pour un large public. Parmi ces du Japon et d’Australie. La succursale, Point œuvres, notons The Oslo Diaries (2018), du Jour International s’occupe de la distri- Inside Lehman Brothers (2018) et plusieurs bution et des préventes en France et sur les autres films souvent récompensés ou des marchés internationaux de documentaires documentaires interactifs comme Once produits par Point du Jour, mais également Upon a Sea (2020), présentés dans les plus d’une sélection d’œuvres produites ailleurs. grands festivals comme Hot Docs, Sun- Qu’on l’appelle travail à la demande, dance, IDFA, CPH:DOX et le TIFF. économie des petits boulots, plateformes collaboratives, travail de masse, le sociofi- Basé à Montréal, Intuitive Pictures a dével- nancement, le travail fantôme ; la plupart oppé au fil du temps une réelle expertise des gens le connaissent sous le nom de en coproductions internationales. Intuitive Uber, Bird, Lyft, TaskRabbit, Crowdflower, Pictures travaille régulièrement avec des Deliveroo, Meituan ou Amazon Mechani- partenaires internationaux, notamment cal Turk. L’économie des petits boulots est des télédiffuseurs et producteurs ou pro- évaluée mondialement à plus de 5 billions ductrices d’Israël, de France et d’Europe. La de dollars É.-U. Les gens ont été leurrés par compagnie a coproduit avec Medalia Pro- les promesses d’horaires flexibles, de ne ductions et Blimey en Israël et avec Point pas être confinés dans un bureau, être son du Jour en France. propre patron... Être payé pour la valeur de votre travail et non plus sur votre sexe, Basé à Montréal, Intuitive Pictures a dével- race, couleur ou apparence. Est-ce que cela oppé au fil du temps une réelle expertise a fonctionné ? Par une galerie de person- en coproductions internationales. Intuitive nages attachants, travailleurs fantômes Pictures travaille régulièrement avec des et créateurs de plateformes en Chine, au partenaires internationaux, notamment des Nigeria, en France, au R.-U., en Floride ou télédiffuseurs et producteurs ou produc- en Californie, le film révèle les nouvelles trices d’Israël, de France et d’Europe. possibilités, mais aussi la nature précaire La compagnie a coproduit avec Medalia de cette économie qui préfigure clairement Productions et Blimey en Israël et avec un « nouveau contrat social ». Nous parta- Point du Jour en France. geons un moment de vie de ces travailleurs « invisibles » de parties du monde très Le projet différentes et dont les histoires sont pro- fondément connectées entre elles et sur Travail à la demande (The Gig is Up...a very différentes plateformes. human tech doc!) est une coproduction offi-

49 Le financement une sortie dans un festival prestigieux. Cela permettra de tirer profit de la répu- Le projet Travail à la demande est né au tation internationale de l’auteure et réal- Canada, et porté par l’auteure et réalisa- isatrice canadienne Shannon Walsh dont trice canadienne Shannon Walsh, Intuitive plusieurs films comme Illusions of Control Pictures a pu obtenir du financement ca- (2019) et H2Oil (2009) ont connu une belle nadien. Premièrement par le Programme carrière en salle et ont circulé dans plus de pour le long métrage documentaire de 70 festivals à travers le monde. Ses docu- Téléfilm Canada, puis par documentary mentaires ont été diffusés internationale- Channel, qui a servi de déclencheur pour ment sur Netflix, CBC, Discovery, Al Jazeera le Fonds des médias du Canada et les et Canal-D, et ont été montrés dans le cad- crédits d’impôt à la production du Canada re d’expositions comme à la 56e Biennale et du Québec. Travail à la demande était de Venise et au Centre Georges Pompidou en développement par Intuitive Pictures à Paris. et leur partenaire de longue date, Point du Jour depuis quelques années. Les deux Le calendrier de finition du film a été -im compagnies ont réussi à intéresser Arte pacté par la COVID-19. Le film était déjà France au projet avant même l’obtention en postproduction au Canada au moment des financements canadiens. Considérant du début de la pandémie, le montage se l’ampleur du budget (1,2 M$), cette copro- déroulait à Montréal et la réalisatrice Shan- duction était nécessaire. non Walsh était en télétravail à Vancouver. Quoi qu’il en soit, même si le montage a Il s’agit d’une coproduction typique pour été ralenti par la crise sanitaire, le film sera Intuitive Pictures, pour laquelle les élé- prêt pour avril 2021. ments créatifs sont partagés entre les deux pays coproducteurs. Le film est réalisé par une auteure et réalisatrice canadienne, Les leçons apprises alors que la coécriture et la musique sont d’auteurs français. Tourné dans plusieurs Pouvoir compléter une coproduction avec pays par un directeur photo canadien, la succès nécessite une équipe nombreuse et postproduction du film a été faite au performante pour faire face aux complex- Canada. ités d’une coproduction. Les producteur. trice.s peuvent réunir des financements La promotion et la distribution conséquents auprès des marchés cana- diens, ce qui peut être attrayant pour des Travail à la demande est destiné à une partenaires étrangers. Toutefois, la pro- sortie en salle et à une première diffusion ductrice note qu’il est nécessaire d’inciter à la télévision sur Arte France et sur docu- fortement les télédiffuseurs canadiens et mentary Channel au Canada. Point du Jour les bailleurs de fonds publics à soutenir les International s’occupe des droits interna- films documentaires qui susciteront l’in- tionaux, hors Amérique du Nord et Intui- térêt des marchés internationaux. tive Pictures exploite les droits du film en langue anglaise avec l’aide d’un agent de Des relations d’affaires de longue date vente basé aux États-Unis. facilitent les coproductions en nourrissant la confiance entre les partenaires et dans Misant sur l’intérêt médiatique mondial le meilleur des cas, des affinités créatives. actuel autour de « l’économie des petits Coproduire avec des partenaires étrangers boulots », la productrice Ina Fichman vise a permis à Intuitive Pictures de s’attaquer à des documentaires de budgets plus élevés,

50 2021

mais aussi de bénéficier d’un apport leurs studios de postproduction au créatif. Intuitive Pictures profite égale- pays qui sont basés à Montréal. Tout ce ment de relations régulières dévelop- qui peut être fait pour aider les com- pées sur le long terme au Canada avec pagnies de production à développer des collaborateurs et collaboratrices, leur réseau international aidera l’aug- artisans et artisanes, réalisateurs et mentation des coproductions. réalisatrices et quelques-uns des meil-

3. Hungry Eyes Media

La compagnie de production Hungry Eyes Media et Michèle Stephen- son de Rada Film Group. Hungry Eyes Media, cofondée par l’au- teure et réalisatrice Jen Holness et l’écrivain réalisateur Sudz Sutherland, Le projet est une compagnie de production PAN- DC réputée. Supervisant une équipe de Stateless (2020) est une coproduction cinq personnes, la présidente Jennifer Canada/É.-U. entre Hispaniola Pro- Holness a produit plusieurs documen- ductions et l’Office national du film du taires, dont Badge of Pride (CBC et PBS) Canada. Il s’agit de la première produc- et Speakers for the Dead (CBC et ONF) tion de long métrage pour Hispaniola qu’elle a coréalisé. Elle est productrice Productions. Le Rada Film Group est exécutive du long métrage documen- une société de production médiatique taire Black Zombie, actuellement en qui se consacre à la création d’histoires production avec documentary Channel visuelles captivantes et portant à la de la CBC. Elle réalise actuellement son réflexion, par, pour et sur les commu- deuxième long métrage documentaire nautés de couleur. La compagnie est Subjects of Desire avec TVO Canada. En- dirigée par l’équipe Michèle Stephenson fin, une série documentaire sur l’histoire et Joe Brewster, récipiendaires d’un prix Noire au Canada est en développement à Sundance pour le film American Prom- avec Corus. ise. La productrice Lea Marin aux com- mandes pour l’ONF est une productrice Hungry Eyes Media a créé Hispaniola plusieurs fois primée basée à Toronto. Productions en partenariat avec Rada Ses plus récentes productions incluent Films, basé aux États-Unis, dans le but Qu’est-ce que la démocratie ? (What is de raconter dans les deux pays des his- Democracy?) d’Astra Taylor, présenté en toires par, pour et sur les communautés première au TIFF en 2018 et Notes d’es- de couleur. La compagnie basée à To- poir (Unarmed Verses) de Charles Officer 51 ronto est dirigée par Jennifer Holness de qui a remporté le prix Best Canadian Documentary Feature Award à Hot Docs Chicken & Egg Pictures, qui soutient les 2017. femmes réalisatrices de documentaires pour le changement social a accordé Écrit et réalisé par Michèle Stephenson, une bourse, comme l’ont fait aussi de Canado-Haïtienne résidant à New York, nombreuses fondations dont Cinereach, Stateless suit les méandres complexes de Gucci Tribeca Documentary Fund, John l’histoire et de la politique actuelle alors Simon Guggenheim Memorial Founda- que le racisme sanctionné par l’état s’in- tion, National Association of Latino Arts filtre dans le moindre bureau, les réun- and Culture Fund for the Art Grant Pro- ions de salons et les manifestations de gram, Sundance Documentary Film Pro- rue. Quiconque défendant les groupes gram, Surdna Foundation, et TF1 Pond5 marginalisés fait face à des menaces de Program. Le projet a pu être complété violences. Dans ce dangereux climat, une avec l’aide de Women Make Movies inc. jeune avocate, Rosa Iris, mène une cam- par le biais de son programme Women in pagne populaire contestant la corruption Film Finishing Fund. électorale et prônant la justice sociale. Au moment où Rosa cherche à trouver La promotion et la distribution un équilibre entre sa candidature et son dévouement envers sa famille et sa com- La première du film était prévue au munauté, toute l’ampleur de son combat festival Tribeca au printemps 2020, mais est mise en lumière. les plans de promotion de la compagnie n’ont pas pu être exécutés puisque le fes- Le financement tival a été durement touché par la COV- ID-19. Le film a remporté le Prix spécial Les productrices ont recherché du fi- du jury à Hot Docs pour le Meilleur long nancement au Canada et aux États-Unis métrage documentaire canadien et celui pour boucler un budget de 1,1 M$. L’ONF du Meilleur long métrage documentaire s’est impliqué très tôt en développement, au Blackstar Film Festival à Pittsburgh. puis en tant que coproducteur et parte- Le film a également été projeté dans les naire de production. Une aide financière manifestations suivantes : au Caribbe- de Téléfilm Canada et du Programme an Tales à Toronto, DOXA à Vancouver, pour le documentaire du Groupe de au Calgary International Film Festival, Fonds Rogers puis du Hot Docs Ted Rog- à l’Atlantic International Film Festival à ers Fund ont suivi. Halifax et plusieurs autres festivals Black et Latinos aux É.-U. : Boston Latino In- Juste un peu moins de la moitié du ternational Film Festival, où il s’est vu budget a été réunie aux É.-U. où Michèle attribué le Prix du public pour le Meilleur Stephenson est bien considérée depuis long métrage, Philadelphia Latino Ameri- son film An American Promise (2013), can Film Festival, AFI Latin American Film Prix spécial du jury au Festival de Sun- Festival et à l’étranger : au Trinidad and dance et mis en nomination pour trois Tobago Film Festival. Stateless a égale- Emmy, incluant le meilleur documentaire ment été montré aux RIDM de Montréal et le meilleur reportage d’actualité sur un à l’automne 2020. sujet contemporain. Le projet a réalisé une importante vente de droits à PBS Les leçons apprises pour inclure le film dans sa série phare de documentaires, POV. Une vente in- Les États-Unis sont un partenaire de pre- ternationale a été faite à Al Jazeera pour mier plan pour les cinéastes canadiens des droits mondiaux non exclusifs. Enfin, et constituent un important marché pour

52 2021

les films de réalisateurs ou réalisatrices Stateless n’a pas été retenu par les Noir.e.s racontant des histoires qui festivals de documentaires européens touchent la communauté Noire, forte importants comme IDFA ou Berlin. d’un auditoire potentiel de plus de 40 Comme l’a souligné a productrice, les millions d’Étasuniens.ne.s Noir.e.s. obstacles systémiques à l’accès aux fes- La productrice a fait remarquer que tivals de films internationaux peuvent d’après son expérience, les décideurs entraver le développement de car- aux É.-U. avaient tendance à être plus rières, limiter les préventes internation- ouverts. Toutefois, en l’absence d’un ales et réduire les droits de licence des traité de coproduction, les modèles télédiffuseurs locaux. Sans préventes de partenariat peuvent être plus com- ou droits de licence convenables, les pliqués. productions sont plus longues à financ- er et il en résulte une sous-capitalisa- Les films réalisés avec des équipes tion des compagnies de production. cinéastes est évidente.

4. Idéacom International

La compagnie de production sur des sujets internationaux avec une Chef de file canadien en partenariats pertinence locale qui séduisent égale- stratégiques et coproductions hauts de ment les acheteur.euse.s à l’internation- gamme, Idéacom International est une al. Parmi les titres les plus récents de la compagnie de production audacieuse et compagnie signalons Human + le futur indépendante de télévision et de médias de nos sens, Conversation avec les dau- numériques qui est toujours à l’affût de phins, Qui était le vrai Néandertal ? et la contenus novateurs et portant à réflex- série documentaire à grand succès Apoc- ion. Fortement concentrée sur la sci- alypse, la 1re guerre mondiale. ence, la santé et l’histoire, la compagnie basée à Montréal depuis 1973, a produit Travaillant souvent avec des compagnies plus de 500 heures de séries origina- de production françaises, la compagnie a les et de documentaires audacieux qui établi des relations avec des partenaires se sont mérité plus d’une centaine de internationaux, qui facilitent un accès prix et mises en nominations. Dirigée aux acheteur.euse.s de leur marché. Les par Josette D. Normandeau, Idéacom a partenaires réguliers en coproduction in- acquis une expertise en coproductions cluent les compagnies françaises Bonne télévisuelles internationales de haut de Pioche, CC&C et AB (toutes deux de la gamme, entreprenant des émissions compagnie Mediawan Group), Factual 53 Le financement Factory (de la compagnie Satisfaction Group), Little Big Story et Pernel Media. Le distributeur français Terranoa, leader La compagnie a également développé de la distribution de contenus factuels des partenariats avec plusieurs télédif- de haut niveau, est à l’origine du pro- fuseurs internationaux, dont PBS, Chan- jet et l’a d’abord proposé à Idéacom en nel 4, Arte, France 2, France 3, France 5, fournissant un minimum garanti. Avec RTBF, RTS (Suisse), NHK, National Geo- un budget de 2,2 M$ pour la série, Idéa- graphic, Discovery Channel, American com a cherché un partenaire de copro- Heroes Channel et Science. Depuis 2017, duction internationale pour boucler le Idéacom s’est associé à la prolifique financement du projet et Bonne Pioche a compagnie de production Cineflix Me- accepté de s’impliquer. Idéacom a réuni dia (Montréal, Toronto, Dublin, London, 60 % du budget au Canada et son parte- New York) pour simplifier et accélérer naire a obtenu la balance du finance- la production de formats scénarisés et ment par ses réseaux en France. non scénarisés de valeurs sûres pour les marchés mondiaux. Le montage financier du projet compre- nait les droits de licence de diffusion de Le projet RMC Découverte, ICI Explora, ICI RDI, AMI TV et AMI-Télé, TVO et les aides du CNC, Human + le futur de nos sens (2019) est du volet Média d’Europe Créative, le une coproduction Canada/France entre Fonds des médias du Canada et le Fonds Idéacom International et Bonne Pioche Telus. Un complément au financement Télévision. Bonne Pioche produit des provient du minimum garanti du dis- séries documentaires et des documen- tributeur français Terranoa et de crédits taires primés pour la télévision, mais d’impôt. également des longs métrages, incluant des contenus à sujets internationaux financés internationalement, selon des La promotion et la distribution standards de production élevés et nova- teurs. Le distributeur à l’origine du projet, Ter- ranoa, possède une quinzaine d’années Human + le futur de nos sens em- d’expérience et un catalogue de plus de mène les téléspectateurs dans l’univ- 1300 heures d’émissions sur l’histoire, la ers énigmatique des scientifiques, des science, la nature, les voyages et l’aven- chercheurs et des entrepreneurs qui ture en plus de séries de documentaires révolutionnent la manière dont l’hu- de divertissement. La compagnie inves- main voit, touche, goûte, entend et sent. tit dans des productions complétées et Chaque épisode explore les histoires apporte une aide de complément de fascinantes et émouvantes de personnes financement à des projets repérés dans dont la vie est transformée par les les marchés internationaux. Terranoa est avancées les plus pointues de la technol- distributeur de Human + pour le monde ogie sensorielle appliquée aux cinq sens entier, excepté le Canada. : le toucher, la vue, l’ouïe, le goût et l’odo- rat. La série a reçu le Trophée Or dans la Les leçons apprises catégorie Handicap, diversité, solidarité au Deauville Green Awards en 2019. De solides relations d’affaires dévelop- pées depuis plus de deux décennies

54 2021 avec ses partenaires, producteurs et coût, les coproductions officielles sur les productrices, compagnies de distribution séries à grand budget offrent la possibil- et télédiffuseurs au Canada et en France ité d’accroître les revenus qui peuvent garantissent à Idéacom International contribuer à la viabilité des compagnies. de pouvoir saisir les occasions qui se Travaillant avec un petit nombre de présentent sur le marché international. producteurs et productrices partenaires Idéacom a reçu le projet Human + de hautement qualifiés, au Canada et en Terranoa, et après avoir réuni une par- France, dont certains ont été formés par tie du budget nécessaire a pu compter la compagnie, Idéacom a accumulé une sur sa relation avec Bonne Pioche pour importante expertise pour se frayer un établir une entente de coproduction. chemin dans les exigences des copro- ductions. C’est ce qui lui donne la capac- Les coproductions profitent des con- ité d’entreprendre des séries documen- naissances approfondies et de la com- taires et des émissions unitaires de haut préhension qu’ont leurs partenaires niveau, principalement dans le cadre de de leurs marchés respectifs. Malgré la coproductions officielles. lourde charge administrative et le sur-

5. Merit Motion Pictures

La compagnie de production ent Turtle Beach, une coproduction avec Renegade Pictures (R.-U.) pour CBC, BBC, Fondée il y a trente ans, par la produc- Arte et Blue Ant ; One Ocean, une série trice chevronnée Merit Jensen Carr, la documentaire multiplateforme gagnante compagnie Merit Motion Pictures est du prix Best Interactive/New Media Pro- un coproducteur très convoité d’émis- duction au Jackson Wild Film Festival ; et sions de divertissement factuelles qui la très populaire série en coproduction se spécialise en documentaires et séries Canada/É.-U., Polar Bear Town. Parmi les sur des questions d’intérêt humain, de plus récents longs métrages documen- science et d’environnement. Merit est taires sortis en salle, citons Call of The passionnée par les grandes histoires Forest, Beyond the Spectrum et Almost visuelles qui remettent en question et Almost Famous. développent nos connaissances de la condition humaine et de notre environ- Le projet nement. Les productions de MMP inclu-

55 Reef Rescue est un documentaire d’his- duction, Films à Cinq. Comme il y a peu toire naturelle et de science en copro- de plateformes pour le documentaire duction entre MMP et CAPA/Films à au Canada, le développement de projets Cinq, produit pour CBC et Arte. Vulcan est très compétitif. La clé pour que CBC Productions (filiale de la Vulcan Founda- donne son feu vert à la production a tion) est une compagnie de production été la découverte d’une éminente sci- de documentaires d’impact social fondée entifique canadienne et le bouclage du par Paul G. Allen, cofondateur de Micro- financement international. Avec le parte- soft avec Bill Gates. Vulcan Productions a nariat de Vulcan sur le projet, CBC et Arte annoncé la cessation de ses activités au ont débloqué le budget de 1,8 M$ pour début 2021, à cause de la crise sanitaire un documentaire d’une heure. sans précédent de la pandémie de COV- ID-19. La promotion et la distribution

Reef Rescue suit trois scientifiques, Ruth Vulcan a réussi à impliquer DRIVE, com- Gates (É.-U.), Madeleine van Oppen pagnie du R.-U., pour assurer la distribu- (Australie) et Julia Baum (Canada) qui tion internationale. L’annonce d’un prix nous dévoilent les secrets de l’évolution important remporté à Jackson Wild a des coraux depuis des millions d’années. suscité un énorme intérêt international Les scientifiques prévoient que dans une pour le film. Récemment, NOVA a acquis trentaine d’années, près de la totalité des les droits de télédiffusion aux É.-U. et coraux mondiaux seront perdus, faisant prévoit une projection de Reef Rescue partie d’un désastre environnemental pour le Jour de la Terre 2021. Vulcan Pro- menaçant la sécurité alimentaire de ductions et la Vulcan Fondation financent millions de personnes à travers le monde d’importantes campagnes d’impact pour et endommageant de façon irréparable tous leurs projets. La campagne d’impact l’écosystème marin. Mais de récentes bat son plein actuellement aux É.-U. avec découvertes scientifiques novatrices plusieurs associations étasuniennes et offrent une lueur d’espoir. Reef Rescue internationales de premier plan qui sont dévoile la science révolutionnaire der- partenaires. La Société géographique rière les « super coraux » et un nouveau royale du Canada développe un pro- plan pour sauver les récifs coralliens en gramme éducatif d’accompagnement péril de la planète. Le film est réalisé par pour le film et en fait la promotion sur l’éminente réalisatrice canadienne, Su Ry- ses diverses plateformes. nard, dont le documentaire The Messen- ger (2015) a été acclamé par la critique et Le film a récemment reçu le prix Best a remporté de nombreux prix. Son film Conservation Film aux Jackson Wild Mosquito (2017) s’est mérité le prix Gold- Media Awards (JWMA) et a été mis en en Sheaf Award pour le meilleur docu- nomination pour le prix Best Science in mentaire dans la catégorie recherche, Nature Film. Organisés à Jackson dans le science, nature et technologie. Wyoming, les prix JWMA sont considérés comme « le plus haut niveau de réussite Le financement en histoire naturelle pour l’industrie du film » et ont été surnommés « l’équivalent Le projet a été développé pour l’émission des Oscars pour les films de nature. » de CBC, Nature of Things et en France pour Arte, par le partenaire de la copro- Les leçons apprises

56 2021

Ce projet démontre combien il est fondations sont intéressées par l’utilisa- essentiel d’être présent dans les évène- tion de films documentaires afin d’at- ments de l’industrie pour pouvoir faire teindre des buts communs pour un im- du réseautage et d’importantes ren- pact social, et, en retour, des sessions contres. La mission au World Congress de présentations, des producteurs d’im- of Science and Factual Producers a pact et des cercles de donateurs ont provoqué un heureux hasard pour le émergé pour encourager les rencontres projet. Quand Merit Jensen Carr et sa entre cinéastes et philanthropes. coproductrice Sally Blake ont assisté à une conférence de Vulcan, elles ont Travailler avec des personnes ayant de appris que Vulcan était à la recherche solides compétences est primordial au de documentaires illustrant le travail succès d’une coproduction. La copro- visionnaire de la scientifique spécial- ductrice Sally Blake des Films à Cinq est iste des coraux, Dre Ruth Gates, un une productrice canadienne résidant des personnages principaux du projet en France et sa connaissance des sys- quelles étaient venues présenter à la tèmes français et canadiens a été déter- conférence. Le fait que Merit Jensen minante pour tirer le meilleur parti du Carr ait rencontré l’année précédente le traité de coproduction France-Canada. responsable du développement de Vul- can a également facilité le partenariat. Le généreux de Crédit d’impôt du Man- Quelques mois plus tard, Vulcan faisait itoba pour la production de films et de un important investissement dans la vidéos et le financement international production. ont permis aux partenaires d’amass- er le budget de 1,8 M$ nécessaire au Collaborer avec des associations cari- tournage des récifs coralliens à travers tatives peut aider un projet en dével- le monde. Selon la productrice, l’équi- oppement, faciliter un accès à des pe internationale que le traité de co- coproducteurs et offrir un soutien pour production avec la France autorise a la mise en marché. Le financement permis aux producteurs d’obtenir des philanthropique devient de plus en images rehaussant grandement l’im- plus important pour les documentaires pact visuel du film. traitant de questions sociales. Plusieurs

6. Screen Siren Pictures La compagnie de production écrit et réalisé par Trish Dolman et Chev- al indien (Indian Horse, 2009), produit Fondé par sa présidente, la productrice par la vétérane de l’industrie Christine Trish Dolman, Screen Siren Pictures est Haebler, un des plus grands succès en une compagnie indépendante de pro- salle pour un documentaire canadien en duction de télévision, cinéma, et médias 2018. The New Corporation, la suite du numériques basée à Vancouver. Profitant plus grand succès documentaire cana- des relations établies avec ses parte- dien de tous les temps, a ouvert le To- naires nationaux et internationaux, la ronto International Film Festival (TIFF) en compagnie encourage des voix uniques 2020. Les productions de la compagnie canadiennes et des talents de la diversité ont été sélectionnées dans les plus im- de partout au monde. Les documentaires portants festivals, dont Cannes, Berlin, primés de la compagnie incluent : Eco-Pi- Sundance, Hot Docs et au TIFF, et ont été rate : The Story of Paul Watson (2011), honorés par le Prix Italia, les Leo Awards

57 et les Prix écrans canadiens. de Creative BC, par le biais de son pro- gramme Creative BC + Screen Ireland Au cours de ses 23 années s’exist- co-developement financing initiative. Le ence, Screen Siren a produit plusieurs but de ce programme est d’encourager coproductions officielles. Parmi ses les productions film et télévision entre partenaires étrangers, on retrouve Eg- l’Irlande et les compagnies de production oli Tossell Film d’Allemagne, Scott Free de Colombie-Britannique. Les activités Films du Royaume-Uni, et les agents de soutenues pas ce financement ont don- ventes Moonrise Pictures en Espagne. né la possibilité à Screen Siren Pictures La compagnie a produit avec nombre de d’amasser suffisamment de matériel compagnies de distribution, des télédif- pour progresser et susciter l’intérêt de fuseurs et des plateformes de diffusion télédiffuseurs qui ont acquis les droits en ligne, notamment Sony Pictures Clas- du film. Par la suite, cette acquisition a sics, Sony Worldwide, Elevation Pictures, permis de nouveaux financements cana- eOne, Netflix, la BBC, Bankside Films, diens. Wild Bunch, CBC, Bell Média/CTV, Crave, Channel Four, Showtime, Sundance La pandémie mondiale de COVID-19 a eu Channel, Discovery Canada, documentary un impact sur le financement du projet. Channel, Knowledge Network, Corus/His- Les dates de tombées pour le finance- tory Canada, TMN/MovieCentral, AETN, ment de la Broadcasting Authority of Arte, ABC Australia, Vision TV, Superchan- Ireland (BAI) ont été repoussées, ce qui nel, et Al Jazeera entre autres. a retardé le financement de la portion irlandaise du projet.

Les projets en développement The Concert That Broke Up the Beatles

Children of the Church The Concert That Broke Up the Beatles est une coproduction majoritaire Can- Screen Siren Pictures développe actuelle- ada/France avec Chapman Productions ment deux coproductions internationales (Ontario) et Films à Cinq (France). Basé à pour lesquelles elle en est à clôturer le Paris, Films à Cinq est dirigé par un duo, financement. Children of the Church est la Canadienne Sally Blake et le Français une coproduction minoritaire, codével- Martin de la Fouchardière, qui se spé- oppée par Wildfire Films en Irlande, sous cialisent dans les documentaires sur la la direction de Martha O’Neill et Screen science, le cinéma et l’art. En associant Pictures (Trish Dolman). la langue française et anglaise, Films à Cinq s’est construit un réseau de con- Célibat, paternité, amour, mensonges et tacts d’une portée considérable sur les trahison. Ce sont les vraies histoires de marchés internationaux et a été impliqué la légion invisible des fils et des filles de dans plusieurs coproductions entre des prêtres catholiques. pays francophones et anglophones. Les productions de la compagnie ont été Le financement vues sur les principaux réseaux de télévi- sion, mises en nomination pour les Em- Le financement canadien provient des mys, sélectionnées à Cannes et ont été droits de licence de la CBC et de sout- projetées dans les cinémas en Amérique iens du Fonds des médias du Canada, du du Nord. Fonds Rogers pour le documentaire et

58 2021

Toronto 1969. Un Beatle en crise. Un essor et pour stimuler davantage de promoteur de spectacles avec une idée coproductions. Le Creative BC + Screen folle. Un documentariste de renom qui Ireland co-developement financing se bat pour pouvoir entrer. Toutes ces initiative a permis à chacune des deux histoires vont entrer en collision pour compagnies associées au projet de faire n’en faire qu’une, le jour d’un des plus progresser le développement et de se grands concerts rock de l’histoire, celui rapprocher de l’étape de la production. qui changea le monde de la musique Ce fonds a permis à Screen Siren de se pour toujours. joindre au développement du projet de manière significative en ayant accès à un Le financement financement de première importance dès les débuts du développement. Ce Screen Siren Pictures a recherché un.e programme a permis aux deux projets coproducteur.trice pour réussir le mon- de se développer avec des budgets plus tage financier du film. confortables, un talent et un sujet inter- nationaux et un accès à des acheteur.eu- Le film a obtenu une licence de Bell se.s internationaux grâce aux relations Média, puis une prévente à Arte. Il a en- d’affaires du partenaire étranger. suite obtenu du financement canadien du Fonds des médias du Canada, par le Les coproductions peuvent représenter biais du Programme pour la production un défi pour les communications, par- régionale de langue anglaise, du Fonds ticulièrement quand il faut jongler entre de financement Rogers pour le réseau plusieurs fuseaux horaires. Films à Cinq, par câble et du Fonds Rogers pour le avec une productrice canadienne à sa documentaire. La coproduction avec tête, garantit une meilleure compréhen- Films à Cinq a permis à Screen Siren Pic- sion des règles de la coproduction dans tures d’accéder aux marchés le pays partenaire. Considérant que francophones. la productrice canadienne Sally Blake jouissait d’une grande connaissance du Les leçons apprises marché canadien et du contexte de la production documentaire au Canada, Films à Cinq était un partenaire naturel Les projets internationaux de codévelop- pour ce projet. pement sont essentiels pour permettre à de nouveaux projets de prendre leur

59 docorg.ca | [email protected] @DOCorg facebook.com/Docorg