Chasse Et Exploitation Minière Au Nunavut : Une Expérience Inuit Du Territoire À Qamani’Tuaq (Baker Lake)
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Chasse et exploitation minière au Nunavut : une expérience inuit du territoire à Qamani’tuaq (Baker Lake) Mémoire Pascale Laneuville Maîtrise en anthropologie Maître ès Arts (M.A.) Québec, Canada © Pascale Laneuville, 2013 ii Résumé L‘objectif de cette recherche est d‘évaluer l‘impact de la mine d‘or de Meadowbank sur la relation entre la communauté inuit de Qamani‘tuaq, au Nunavut, et son territoire. Ce dernier est défini comme un espace socialement et historiquement construit et dont le sens émerge de l‘expérience quotidienne et de la mémoire collective. Mon étude démontre une multitude d‘impacts socioéconomiques, positifs comme négatifs, découlant notamment des nouveaux emplois et des répercussions sur le caribou. La construction d‘une route privée et l‘imposition d‘une régulation quant à son utilisation impliquent par ailleurs une contradiction entre deux formes de territorialité. Cependant, le rapport au territoire, propre aux Inuit, demeure manifeste. Une majorité d‘Inuit démontre en effet la capacité à tirer avantage du nouveau contexte dans le but de supporter leurs activités sur le territoire. Aussi, les expériences particulières des travailleurs au camp minier témoignent du lien étroit entre le lieu, la communauté et son histoire. iii Abstract The goal of this research is to evaluate the effects of the Meadowbank goldmine on the relationship occurring between the Inuit community of Qamani‘tuaq, in Nunavut, and its territory. Territory is the social and historical construction of a space which derives meaning through the everyday experience and the collective memory. The results show the existence of various socioeconomic impacts, both positive and negative, resulting among others from new jobs and from impact on caribou. The construction of a private road and the imposition of rules of usage present a contradiction between two kinds of territoriality. However, the specific Inuit way of being connected to the land continues to be expressed. Most Inuit show their ability to take advantage of the new situation in order to maintain their activities on the land. Also, the specific experiments of workers at the mining camp testify the close link between place, community and history. v vi Table des matières RÉSUMÉ III ABSTRACT V TABLE DES MATIÈRES VII REMERCIEMENTS XI LISTE DES ACRONYMES ET ABRÉVIATIONS XIII INTRODUCTION 1 CONTEXTE HISTORIQUE ET CULTUREL 7 QAMANI’TUAQ, UNE COMMUNAUTÉ DE CHOIX 7 LES INUIT DE QAMANI’TUAQ 9 ÉLÉMENTS GÉOGRAPHIQUES 9 PREMIÈRES RENCONTRES AVEC LES NUNAMIUT 10 LA VIE DES NUNAMIUT AVANT LA SÉDENTARISATION 11 HISTOIRE DES RELATIONS AVEC LES EURO-CANADIENS 14 COMMERCE DES FOURRURES 14 CONVERSION ET APPARTENANCES RELIGIEUSES 15 INTERVENTION GOUVERNEMENTALE ET SÉDENTARISATION 17 VERS UNE ÉCONOMIE MIXTE 20 INDUSTRIE MINIÈRE ET AVANCÉES POLITIQUES AUTOCHTONES 22 CONTEXTE MINIER CANADIEN 22 EXPLORATION MINIÈRE DANS LE KIVALLIQ 25 ESSOR MINIER : LE PROJET MEADOWBANK ET L’ESPOIR ÉCONOMIQUE AU NUNAVUT 28 CADRE THÉORIQUE : LE TERRITOIRE EN TANT QUE RELATION 31 LE TERRITOIRE D’UNE COMMUNAUTÉ : VÉCU LOCAL ET COLLECTIF 31 L’ÉCOLOGIE HUMAINE EN ANTHROPOLOGIE : DE STEWARD À INGOLD 33 MOBILITÉ ET SUBSISTANCE 33 TERRITORIALITÉ 34 TERRITOIRE ET TERRITORIALITE EN GEOGRAPHIE CULTURELLE 36 BONNEMAISON ET LA GEOGRAPHIE SACREE 36 SACK ET LA CONSTRUCTION SOCIALE DU TERRITOIRE 38 LE SENS DU LIEU CHEZ LES INUIT 40 ANTHROPOLOGIE DE LA NATURE 43 CRITIQUE DE L’ÉCOLOGIE 43 vii CONCEPTION ANIMIQUE DU MONDE 44 SYNTHÈSE 48 MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE 49 OBJECTIF DE RECHERCHE : UNE MINE EN TERRITOIRE INUIT 49 AFFILIATIONS ET FINANCEMENT 50 STRATÉGIE GÉNÉRALE DE RECHERCHE 50 PARTICIPATION ET CONSENTEMENT 53 OPÉRATIONNALISATION DES CONCEPTS 55 TECHNIQUES DE COLLECTE DES DONNÉES 57 RECHERCHE DOCUMENTAIRE 57 DÉMARCHE ETHNOGRAPHIQUE : PRÉPARATION ET PREMIERS CONTACTS 58 DÉMARCHE ETHNOGRAPHIQUE : LA PARTICIPATION RADICALE 61 ENTREVUES 64 CARTES, NOTES ET PHOTOS 66 ANALYSE DES DONNÉES 67 RÉDACTION ET DIFFUSION DES RÉSULTATS 68 LE TERRITOIRE DES QAMANI’TUARMIUT AUJOURD’HUI 71 VIE SÉDENTAIRE : DE LA CHASSE AU TRAVAIL …DU MAGASIN À LA TOUNDRA 72 TERRITOIRE DE CHASSE 76 UN TERRITOIRE SANS FRONTIÈRE 76 VARIATIONS SAISONNIÈRES 80 RÉGIONS, LIEUX ET SENTIERS 82 ENTRE PARTAGE ET RÉGULATION 86 PARTAGE ET AUTONOMIE DES CHASSEURS 86 SUPPORT ET RÉGULATION D’ICI ET D’AILLEURS 89 APPARTENANCE ET VIES SUR LE TERRITOIRE 91 MINE, EMPLOI ET ROUTE : ENJEUX SOCIAUX, TERRITORIAUX ET ENVIRONNEMENTAUX 99 EMPLOIS : ENVERS ET REVERS D’UNE NOUVELLE OCCUPATION 99 BÉNÉFICES VERSUS ACCESSIBILITÉ 99 RÉPERCUSSIONS SOCIALES 105 INSTABILITÉ ET ADAPTATION À LA VIE MINIÈRE 107 LA COMPAGNIE ET SES INFRASTRUCTURES : QUELQUES ENJEUX POUR LES CHASSEURS 111 OUR LAND : MODIFICATION ET PERTE D’ESPACES 111 (DÉS)APPROPRIATION D’UN CHEMIN: ROUTE PRIVÉE ET RÉGULATION 115 DES MIETTES POUR LA FAUNE ET LA FLORE 118 INTERACTIONS ENTRE INDUSTRIE MINIÈRE ET VIE(S) SUR LE TERRITOIRE 125 TEMPS ET ARGENT : CONCILIATION ENTRE EMPLOI ET CHASSE 125 viii ESPACE ET MOBILITÉ : AVANTAGE DE LA ROUTE POUR LA CHASSE 129 CARIBOU ET MINE : RÉACTION ET ADAPTATION 133 LIEU ET HABITANTS : RELATION PASSÉE ET ACTUELLE 135 CONCLUSION : UN TERRITOIRE BIEN EN VIE…ET UN AVENIR MINIER ? 139 RETOUR SUR UNE PROBLÉMATIQUE TERRITORIALE 139 CHOC DES TERRITORIALITÉS ET OPPORTUNISME : EXPÉRIENCE INUIT DU TEMPS ET DE L’ESPACE 141 POUR UNE VISION DU FUTUR : LIMITES ET AMÉLIORATIONS 146 BIBLIOGRAPHIE 153 LISTE DES PARTICIPANTS DE QAMANI’TUAQ 169 ANNEXE A : PROJET MINIER DANS LE KIVALLIQ 170 ANNEXE B : SYSTÈME HYDRAULIQUE DE LA RÉGION DE KIVALLIQ 171 ANNEXE C : CARTES DES SOUS-GROUPES DU KIVALLIQ 172 ANNEXE D : USAGE TRADITIONNEL DU TERRITOIRE – PÊCHE, CHASSE, CACHES ET MIGRATION DU CARIBOU 173 ANNEXE E : USAGE TRADITIONNEL DU TERRITOIRE – TOMBES, AIRES SPIRITUELLES ET CAMPEMENTS 174 ANNEXE F : AIRE D’ÉTUDE ARCHÉOLOGIQUE ET LOCALISATIONS 175 ANNEXE G : PROJET KIGGAVIK ET ENVIRONNEMENT FAUNIQUE 176 ANNEXE H : FORMULAIRE DE CONSENTEMENT 177 ix x Remerciements Pour le soutien qu‘il m‘a apporté dans la réalisation de ce mémoire de maîtrise, je tiens d‘abord à remercier mon directeur de recherche, Frédéric Laugrand, qui a démontré une écoute et une disponibilité inégalables. Tout au long de mes études à la maîtrise, il a également eu le souci et la générosité d‘assurer presque la totalité du soutien financier nécessaire à ma recherche. Ce soutien est d‘autant plus crucial considérant les coûts faramineux qu‘implique la recherche dans le Nord. Je le remercie aussi d‘avoir partagé sa passion pour d‘abondants sujets touchant l‘être humain et d‘avoir aiguisé par le fait mes propres intérêts. Je tiens naturellement à remercier les gens de Qamani‘tuaq qui m‘ont accueillie et soutenue dans ma recherche et dans cette expérience humaine. Je nomme d‘abord la famille Avaala qui m‘a hébergée lors de mon séjour et qui m‘a permis de participer à de nombreuses activités et sorties sur le territoire. En plus d‘avoir une immense reconnaissance et un grand respect pour John Avaala, le père de la famille, je tiens à faire un hommage tout particulier à sa femme Verra qui m‘a ouvert grand sa porte et son cœur. Son goût de vivre et d‘apprendre, tout comme son plaisir à partager ses propres connaissances, nous a permis d‘avoir une relation mutuellement enrichissante, qui me parut toutefois bien trop courte. Je fus malheureusement témoin de ces derniers jours, alors que le cancer la gagna peu à peu. Je reste profondément reconnaissante envers ce que sa famille et elle-même ont pu m‘offrir dans ce contexte si délicat et émotionnellement difficile. Je remercie Kenny Avaala et sa femme Debbie, ainsi que Jamie et Daisy Kataluk, pour m‘avoir invitée à voyager, pêcher et chasser sur le territoire. Je remercie aussi mes deux interprètes, Daniel Piruyaq et Hattie Mannik, et leurs conjoints respectifs, Sheron Alerk et Thomas Mannik, pour leur accueil et les efforts qui ont permis la réalisation des entrevues. Je souhaite par ailleurs souligner la contribution de Fabien Pernet, pour les cours d‘inuktitut si plaisants qu‘il m‘a offerts, et de Stéphane Robert et Steve Parent d‘Agnico-Eagle, qui ont eu la gentillesse de me recevoir à la mine et de répondre à mes questions. Finalement, je dois mentionner le support inconditionnel de mon époux Alupa Clarke, qui a fait preuve d‘une grande patience et de générosité tout au long de mes études universitaires. xi xii Liste des acronymes et abréviations AADNC : Affaires autochtones et développement du Nord Canada (anciennement MAINC) Agnico : Agnico-Eagle Mines Ltd. BLCCC : Baker Lake Concerned Citizens‘ Committee (Makita en inuktitut) Cumberland : Cumberland Resources Ltd. ERA : Entente sur les répercussions et les avantages HTO : Hunters and Trappers Organization IIBA : Inuit Impact and Benefits Agreement (Entente inuit sur les répercussions et les avantages) IQ : Inuit Qaujimajatuqangit (savoir traditionnel inuit) KIA : Kivalliq Inuit Association Makita : Nunavimmiut Makitagunarningit (BLCCC en anglais) MAINC : Ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien (maintenant AADNC) NIRB : Nunavut Impact Review Board NLCA : Nunavut Land Claim Agreement NTI : Nunavut Tuungavik Incorporated RCMP : Royal Canadian Mounted Police (Gendarmerie royale du Canada) RTG : Revendications territoriales globales VTT (ATV) : Véhicule Tout Terrain (All Terrain Vehicle) xiii xiv INTRODUCTION Les dernières décennies ont vu l‘accélération de la reconnaissance des droits autochtones dans le monde et, parfois, l‘émergence de nouvelles institutions comme le Nunavut1 au Canada. Le besoin et la volonté de développer une autonomie gouvernementale sont en grande partie issus du renforcement de la pression extérieure pour l‘exploitation des ressources régionales. La hausse considérable du prix des matières premières sur les marchés internationaux en est la cause. L‘Arctique, où bien des sites jugés peu rentables il y a quelques années deviennent de plus en plus accessibles en raison des changements climatiques et des nouvelles technologies, est maintenant une cible majeure pour le développement. Les protagonistes du développement se trouvent cependant confrontés aux populations autochtones locales qui souhaitent conserver le contrôle sur leur territoire et ainsi préserver une identité fondée sur un lien étroit avec ce dernier.