P.L.U. De CUQUERON (64)
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V I R G I N I E L U G O L Architecte DPLG Architecte du Patrimoine ********** P.L.U. APPROUVE PIÈCE 1B - ÉTUDE PATRIMONIALE P.L.U. de CUQUERON (64) Projet de P.L.U. arrêté le 27 juillet 2015 Virginie LUGOL - Architecte D P L G / D E S C H E C - 2 rue Pharaon 31 000 Toulouse [email protected] - tel fax : 05 61 25 63 77 - portable 06 11 81 42 23 - N° siren: 444 726 566 L’ENVIRONNEMENT CONTEXTE GEOGRAPHIQUE Sur les coteaux de l’entre deux Gaves (Oloron / Pau) l’élevage est majoritaire mais c’est la culture viticole qui domine à Cuqueron (coteaux de Jurançon) Les exploitations sont dispersées. La mise en valeur des terres a été individuelle, on plaçait la ferme au centre du lot défriché d’où un semis de fermes isolées, souvent à cour ouverte. La façade du logis est orientée vers le soleil et l’on se protège de l’Ouest qui apporte les pluies. Dans ces coteaux, les villages groupés sont construits dans les vallons LES ELEMENTS STRUCTURANTS L’église L’église a une fonction symbolique dans le paysage. Selon son emplacement, sa situation en hauteur, elle a une importante fonction sociale. Son clocher est visible de plusieurs points et représente un signe dans la vallée. Elle n’est cependant pas le lieu unique de la vie communautaire puisqu’elle est doublée par la place et la mairie Le château d’eau : bien que n’appartenant pas à la commune, il marque le paysage par sa verticalité et sa construction massive Le château Situé un peu à l’écart, au Nord-Ouest de Cuqueron, le château affirme sa présence par son raffinement. Toitures et lucarnes en ardoises, chapelle, galerie, tour centrale sont des éléments forts qui donnent à cet édifice son caractère et sa place privilégiée dans la commune. Palu Véritable surprise dans le paysage, la construction initiale date de 1777. En 1930, un étage est ajouté à la construction en galets. En 1970, P. Mior réalise sa maison solaire, inspiré de l’habitat futuriste, elle comprend un observatoire, des panneaux solaires et est nommée « Galaxie » par son génial inventeur. Une partie construite traditionnellement en galets est conservée pour y placer l’atelier. L’eau, le lavoir, Les premiers lavoirs apparaissent au XVIIIème siècle mais se multiplient dans les villages tout au long du XIXème s. Celui ci est simplement couvert, le long de la route, un peu à l’écart des fermes Il ajoute un point d’intérêt et localise le regard sur le parcours. Accolé à une grange isolée, il crée un événement dans le cheminement. Il est plus démonstratif que celui de certaines fermes qui possèdent leur lavoir privé à ciel ouvert. Les lavoirs sont de formes diverses, rectangulaires, semi circulaires, souvent associés à une fontaine ou un abreuvoir Il faut être très attentif à ces éléments urbains, témoins d’une pratique ancienne aujourd’hui disparue. Le lavoir, la fontaine, les calvaires sont des architectures de l’utile dont la qualité de construction comme de restauration tient aux proportions et aux matériaux. Les moulins Les moulins hydrauliques apparaissent dès le XIème siècle. Etablis le long des cours d’eau, ils servaient à la production de farine (seigle, blé, mais). De nombreux moulins sont répertoriés sur les cartes anciennes. Ils ont pratiquement tous disparu aujourd’hui, mais on sait que leur présence marquait fortement le paysage. Le travail à la force de l’eau est en effet enraciné dans l’esprit des habitants des vallées. Le courant était utilisé pour transformer le produit de la terre, le grain en farine, scier, filer, forger. Les plans anciens en révèlent le nombre et l’activité. Leur ingéniosité technique rend compte d’une activité artisanale qui a accompagné l’activité agricole. Un ensemble de moulins à eau est installé sur le ruisseau de la Baysère Certains demeurent mais la plupart sont en ruine et à peine visibles sous la végétation. L’ARCHITECTURE CONTEXTE SOCIOLOGIQUE L’organisation de la maison reflète l’organisation des relations entre les membres de la société et du rapport à la terre. Il est nécessaire de comprendre ce contexte pour comprendre l’organisation de la maison rurale béarnaise et ses évolutions Dans la société béarnaise traditionnelle, les gens ne sont pas perçus individuellement. C’est la famille qui elle seule compte : on appelle cet ensemble familial « la Case » La Case comprend les biens matériels, les terres et les personnes. Chaque case possède un Maysou : le Maysou est la maison en tant que bâtiment, lieu de vie et d’habitation pour la famille. Il est souvent le fruit de plusieurs générations d’une même case Le Maysou conserve néanmoins le nom de son fondateur, même si les propriétaires changent Le cadastre de Cuqueron : les noms des fermes n’ont pas changé depuis 1911 Il s’agit donc d’une organisation économique fondée sur la conservation du patrimoine foncier (stable – assuré par l’ainé de la famille) Un nom, Un patrimoine foncier, Une maison caractérisent donc le Maysou Chacun semble avoir une répartition équitable des terres mais certains signes visibles sur les maisons (ornement, matériau) expriment la richesse supérieure de certains. Ainsi, la maison permet d’exprimer sa place dans la société EVOLUTION La maison béarnaise est le fruit d’un grand mouvement de rénovation architecturale qui a touché toutes les campagnes françaises à partir de la fin du XVIIème siècle La composition des maisons antérieures au XVIIIème dans le Béarn est la suivante : façade en pignon, cuisine et chambre en enfilade au RDC, grenier à l’étage. Elles sont construites en bois ou en terre et sont couvertes d’un toit de chaume ou de bardeaux Au XVIIIème s, l’introduction de la maïsiculture permet aux habitants de développer sensiblement leurs revenus. Ce développement démographique entraine une croissance économique ; le Béarn devient une terre prospère La chambre apparait au XVIII ème s, soit sur le côté de la cuisine, soit à l’étage. Pour séparer les pièces, on utilise alors des cloisons en bois, pisé ou torchis – le salou, la salle à manger, indique une situation aisée. Au XIXème s, le développement économique et industriel développe une évolution du gout et des mentalités : On ajoute des pièces, crée un étage, une salle à manger La façade est sur le mur gouttereau, enduite, composée symétriquement La maison devient un moyen de se donner en représentation (imitation des maisons de la noblesse de robe du parlement de Pau). Chacun y arrive à son rythme : les paysans les plus aisés, puis les paysans moyens, puis les journaliers, c’est une façon de sanctionner la promotion sociale. Cependant, selon les rangs sociaux, les développements architecturaux se fait plus ou moins vite : D’une pièce unique à différentes pièces, des chambres à l’étage et un grenier ORGANISATION ET ESTHETIQUE Lors de la restructuration de la maison béarnaise au XVIIIème siècle, le classicisme l’emporte : la cour est organisée en deux axes ; le 1er, de la rue au potager, peut être qualifié de fonctionnel. Le second, perpendiculaire, est d’ordre visuel et ordonne le corps d’habitation auquel nous faisons face. La maison, agrandie, développe un étage de plus, de composition classique et donc symétrique : porte d’entrée encadrée par 2 travées et surmontée par une lucarne dans la toiture. Le décor en pierre de taille met en valeur la porte (en bois de chêne le plus souvent à deux vantaux): piédroits, linteau à claveau central orné, cartouche (avec ornements et inscriptions). On peut retrouver ce décor dans la fenêtre axiale La porte ainsi soulignée montre son utilité fonctionnelle et sa valeur symbolique. Dans l’ensemble bâti, toutes les portes, constituant un lieu de passage, sont donc le support de ces valeurs : la porte du logis mais également porte cochère de la grange et le portail d’entrée de la cour. Matériaux, nombres d’encadrements et détails de la modénature attestent donc de l’importance de la famille Sur les inscriptions du XVIIIème siècle, on trouve les noms de ceux qui ont fondé la maison ou l’ont agrandie, mais également des représentations symboliques censées la protéger : croix basques, cœurs, rosaces, symboles religieux ou profanes, ou même politiques, fleur de lys ou coq républicain. Mais aussi feuilles de vignes ou grappes de raisins ! Ces écrits représentaient la volonté du propriétaire : se présenter devant ses pairs et réaliser son ancrage social. La porte de la grange, comme tout lieu de passage, comporte un encadrement soigné. La forme d’anse de panier est très répandue, donnant un bel aspect à la porte Le portail d’entrée, face au logis, est lui aussi très soigné : pour les petites exploitations, deux petits piliers de pierre encadrent une barrière de bois. Mais de vastes portails peuvent signifier l’importance de la case aux passants : de beaux piliers de pierre encadrent deux vantaux très soignés et décorés : pointes de diamants, rosaces ou moulures. Aujourd’hui, les vantaux en fer forgé remplacent les vantaux de bois du « PourtaÜ » Le mur et le portail couvert marquent l’habitation et assurent une continuité avec la rue Les fermes Dès que le contexte politique est serein, on ne craint plus pour sa famille et ses biens. Il est alors plus aisé pour un éleveur de surveiller son bétail en édifiant sa ferme au milieu des près. De nos jours, les changements des techniques agricoles, le machinisme et ses conséquences économiques influent profondément sur la modification de l’habitat. De plus, seuls certains éleveurs obtiendront le niveau technique suffisant pour conserver leur ferme. Les autres abandonneront pour des raisons souvent économiques, ou par manque de motivation de la part des plus jeunes.