M@nuscrit Espace de Résistance Ecologique et Sociale Nouvelle Série N°32 – Septembre 2019

Au Sommaire de ce Numéro 32

Page 2 Le mot Manuscrit Page 3 Les mots choisis Page 4 Marie (R. Cartier) Pages 6-8 Les murs nous parlent : Londres (Malou) Page 9 Indéchiffrable passion (B. Rouyre) Page 10 Hiroshima … (Annie et Pierre Péguin) Pages 11-14 Réflexions Portrait de Magdeleine Paz (Robert Cartier) Pages 15-17 Les dessins de Dad

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1 MANUSCRIT N°32 – SEPTEMBRE 2019 Probable prochain numéro à paraitre : 30 Novembre 2019

M@nuscrit(Nouvelle série) qu’est-ce que c’est ? Manuscrit est un espace ouvert d'écriture individuelle (chacun(e) signe et assume son texte) dont nous excluons toute diffamation. Chacun(e) peut y exprimer ses opinions sociales, politiques, philosophiques... D'autres formes d'expressions peuvent également utiliser Manuscrit: Poésie, Art graphique, Photos... Sans parti pris, notre orientation est néanmoins clairement de créer un espace de réflexion critique et de résistance pour répondre à une urgence écologique et sociale.La revue M@nuscrit est diffusée par mail uniquement (de Décembre 2010 à aujourd'hui, Nous sommes au n° 32 de la Nouvelle série). Pour la recevoir (format Pdf) il suffit de se faire connaître par mail à «[email protected]», même adresse pour envoyer vos documents, ou de télécharger le numéro sur « manuscrit.wordpress.com »

Si vous désirez l'un des numéros précédents, vous pouvez le commander en écrivant également à « [email protected]»: N° 1 (Décembre 2010), N° 2 (Spécial Palestine Mars 2011), N° 3 (Juin 2011), N°4 (Novembre 2011), N°5 (Janvier 2012), N°6 (Juin 2012), N°7 (Janvier 2013), N° 8 (Mai 2013), N°9 (Juillet), N°10 (Octobre 2013), N°11 (Janvier 2014), N°12(Avril 2014), N°13 (Juillet 2014), N°14 (Octobre 2014)- N°15 (Janvier 2015)- N°16 (Avril 2015)- A partir du n°17, les revues sont téléchargeables sur « manuscrit.wordpress.com

(Photo de couverture Açores - Robert Cartier).

Le mot M@nuscrit Espace de Résistance Ecologique et Sociale

Le probable est incertain … la preuve, nous devions sortir ce numéro fin Juillet et nous sommes déjà début Septembre ! « M’enfin » comme dirait Gaston nous voilà avec ce nouveau numéro, quelques articles originaux et une nouvelle rubrique de croquis et dessins suite à une exposition sur le Trièves sur le thème « Carnets secrets ». La palette des expressions s’élargit et vous pouvez nous envoyer textes, photos, dessins. Nous sommes preneurs également de toutes les propositions sur la forme ou le fond pour améliorer le contenu de cette revue, qui est la vôtre. Alors un peu d’audace que diable, dévoilez-vous ! et en attendant bonne lecture.

Pour la rédaction Robert

2 MANUSCRIT N°32 – SEPTEMBRE 2019 LES MOTS CHOISIS Notre petit jeu, ou comment utiliser dans un texte une liste de mots choisis. Si vous désirez participer à cet exercice, envoyez vos textes incluant les 10 mots suivants pour le prochain numéro (sans obligation de respect de l’ordre et le verbe pouvant se conjuguer): Issus du livre « Camaradesdeclasse » de Didier Daeninckx : Angoisse-contribution-justificatif-abîme-projecteur-tsigane-veille-impasse-sincère-maraude. A vous de jouer !

Rappel des mots à utiliser pour ce numéro issus du livre « La ville dont la cape est rouge » d’Asli ERDOGAN : Mémoire, Istanbul, studio, adversaire, agonie, momie, bédouin, huitième, embryon, fesse.

Jeu 32

J’ai rencontré des riches propriétaires et des bédouins, Des gens repus, des gens à l’agonie, presque des momies, Des adversaires et des amis … mais de tous ces voyages Je garde un attachement secret pour une ville magique Etait-ce la huitième merveille du monde ? Ma mémoire Garde le souvenir des cris, des odeurs, des Loin de l’Égypte et d’Istanbul longues flâneries Dans tes rues escarpées ou sur les bords de Loin de l’Égypte et d’Istanbul, dans les mer. studios d’Hollywood où les bédouins Jamais je ne me suis senti étranger dans ton d’opérette côtoient les momies en carton, bazar des scénaristes rêvent de sortir le cinéma Les fesses posées dans tes parcs ou dans tes de son agonie, pour créer un embryon de tramways huitième art s’affranchissant des histoires Embryon de calme et sérénité, ou vraie de cœur et de fesse, avec comme seul naïveté… adversaire le poids de la mémoire d’un De mon studio de Kadikoy, je t’admire siècle d’images animées. Istanbul Yann Quero Georges Trairec

3 MANUSCRIT N°32 – SEPTEMBRE 2019 Marie

Elle avait attendu quelques années, une lettre, mère avant elle. Elle avait même adopté les un signe…… Quand on a quinze ans on croit les habits de deuil de sa mère, par économie bien mots d’amour éternels. A la fin des vacances sûr mais aussi parce qu’ils étaient pratiques et scolaires elle l’avait accompagné à la gare. inusables. Sa silhouette noire ressemblait à Quand il était parti il lui avait donné un baiser celle de ses ancêtres, et il fallait être en face dont elle se souviendrait toute sa vie et il avait d’elle pour découvrir sous ces habits de promis de lui écrire très vite. fantôme, toute la vigueur de cette belle femme Mais rien, son amour avait séché comme une dans toute la force de son âge. fleur sans eau. Mais cette fleur elle l’avait Elle avait continué l’activité de sa mère, se gardée comme une relique, comme celle que contentant de peu, vendant ses produits au l’on serre dans les livres de poésie. Ce qu’elle marché et surtout courant les bois, adepte de ne savait pas c’est qu’il avait envoyé plusieurs cueillette en toutes saisons. Elle avait appris, lettres- elle aussi d’ailleurs- mais que sa mère avec sa grand-mère, à connaitre les plantes et avait subtilisé cette correspondance qu’elle les meilleurs coins. Cet enseignement lui servait trouvait inconvenante. aujourd’hui. Aucun recoin de la montagne, ne Elle était la dernière des enfants de cette famille lui était inconnu. Elle connaissait tous les paysanne pauvre. Son père était mort très vite, châtaigniers, les creux où poussent les morilles rongé par l’alcool et la méchanceté, avant et les champignons, l’oseille sauvage, et le même d’atteindre l’âge de la retraite. La mère cresson. Elle savait où grappiller les vignes avait dû faire face à cette situation pour aujourd’hui abandonnées, et poser quelques subvenir aux besoins de la famille. Elle vendait collets à l’occasion. au marché ses œufs, ses poules, ses légumes et Asséchée dans son corps par ces courses en puis elle faisait quelques travaux pour ses montagne, et sa vie de peu, le teint halé par une voisins. La solidarité des pauvres est forte dans vie au grand air, elle pensait avoir trouvé la le malheur. Marie avait grandi dans cette paix et la sérénité. simplicité, avec la patience des paysans. Dans le pays avait couru le bruit de la vente de A vingt ans elle avait trouvé un travail dans une la maison du vieux Paulo comme on l’appelait. société de transport de la région. Puis après La venue d’un inconnu sur les terres voisines ne rachat de cette société et diverses mutations, lui était pas passée inaperçu. Elle s’était même elle avait continué sa carrière à Lyon. Sa mère fait un jeu de l’observer de loin, sans se avait continué sa petite vie de paysanne pauvre découvrir, pour comprendre ce que cet homme mais digne, et puis sur les dernières années de venait faire ici. Mais elle s’était bien promis de sa vie, elle avait commencé à perdre la tête. ne pas l’approcher de près, trop fière de sa Marie avait pris des jours de disponibilité et liberté de sauvageonne. avait redécouvert sa terre et surtout la futilité de son travail. Elle avait alors tout lâché pour accompagner sa mère dans ses derniers instants de vie. A sa mort, ses frères et sœurs s’étaient déchirés comme des chiens hargneux pour des terrains constructibles près du village. Elle, elle avait hérité de la vieille maison, du grand jardin de sa mère et de quelques bois dans la montagne. En faisant le bilan de sa vie - son mari parti très vite - son fils mort dans un accident de voiture à peine le permis obtenu - elle était face au vide. Elle était donc restée là reprenant la petite vie de sa mère, sans exigence. Les années passant elle s’était fondue dans le moule créé par sa mère et sa grand- Robert CARTIER (Extraits de « Le retour »)

4 MANUSCRIT N°32 – SEPTEMBRE 2019

Les photos de cette page ont été prises au Vallon du Villaret en Lozère, installation pleine nature : pour plus de détail, voir le site : https://www.levallon.fr »

5 MANUSCRIT N°32 – SEPTEMBRE 2019 « Les murs nous parlent » Nous poursuivons ici notre exploration avec une série sur le STREET ART à LONDRES (1)

HUMEN BOTE Bricklane

Hanbury street

6 MANUSCRIT N°32 – SEPTEMBRE 2019

DADDYSTREETFOX @nsf_screw +TOMBACKFORDART +@ewanagain

Collage Bricklane ALEX ARNELL

Revington street PURE EVIL (Pure Evil Gallery)

7 MANUSCRIT N°32 – SEPTEMBRE 2019

Pure Evil Gallery ANNA LAURINI Pure Evil Gallery

Collage Bricklane

Photos Malou (London - Shoreditch Août 2019 – En gras: Auteur , autres : lieux)

8 MANUSCRIT N°32 – SEPTEMBRE 2019 Indéchiffrable passion

Voici en pièce jointe un texte que j'ai très modestement composé il y a trois ans pour remercier Guy de Saint-Cyr d' "Aventure et Volcans" qui emmène des groupes au plus près des éruptions. Lors de ces voyages, on fréquente toutes sortes de personnes passionnées :

- d'abord les populations locales vivant avec les bienfaits et les dangers de leur volcan. Elles nous accueillent souvent dans des villages des plus sommaires.

- les "touristes" admirateurs sensibles comme des enfants aux éruptions volcaniques pour en prendre plein le nez, les oreilles, les yeux, la peau, en recherchant sans doute pas mal de montée d'adrénaline en voyant naître la terre dans un gigantesque feu d'artifice pas du tout artificiel...

- quelques pseudo-scientifiques blasés capables de te gâcher les veillées face au cratère déclamant sans cesse des chiffres rébarbatifs sur l'éruption en cours, ( vitesse de coulée de lave, hauteur grosseur, et temps des projections, composition chimique des gaz, etc ...). C'est en réaction contre l'un d'eux qui avait saoulé le groupe avec ses analyses que j'avais écrit cette poésie pour un bilan de fin de voyage.

D'après les écrits de Guy de Saint-Cyr , mais contre les pseudo-scientifiques vulcanologues,

« Indéchiffrable passion » Alors, Il est des évènements, l'aventure et le rêve il est des aventures, en souvenirs ravis de belles expéditions, fumeront aux bastions des émerveillements, très longtemps et sans trêve qui sous nos yeux fulgurent des volcans endormis en notre pour mon indéchiffrable passion. indéchiffrable passion.

Qu'on me laisse rêver qu'on me laisse l'hypnose quand je vis l'éruption oubliant le danger quand la cendre se pose sur mon indéchiffrable passion.

Jetez dans la fournaise les chiffres congelés, les données tartempions brûleront dans la braise goûtant l'éternité Bernard Rouyre par notre inchiffrable passion.

9 MANUSCRIT N°32 – SEPTEMBRE 2019 Hiroshima le 6 août et Nagasaki le 9,

Le 6 août 1945, Hiroshima a été détruite par une bombe atomique à l’uranium, et le 9, Nagasaki a subi le même sort, cette fois par une bombe au plutonium. Ces évènements qui marquent notre histoire sont l’aboutissement de ce qui a été appelé le projet Manhatan qui a mobilisé plusieurs centaines de milliers de travailleurs (des scientifiques et ingénieurs de haut niveau ou de simples ouvriers), sur plusieurs sites aux USA. On en sait plus maintenant sur le contexte et les circonstances qui ont conduit à ces actes. Leur réalité est bien loin de la doctrine officielle élaborée par le gouvernement américain pour assurer un bon soutien de l’opinion publique, et pour qu’il ne soit pas accusé de crime contre l’humanité. La réalité déchiffrée par des experts sur la base de documents re-exhumés est moins reluisante. S’il est exact que le projet Manhatan a été lancé face à la crainte que l’Allemagne nazie travaille sur l’arme atomique, il a été sû assez vite qu’elle n’en avait pas la capacité. Mais la machine était lancée, le complexe militaro-scientifiquo-industriel voulait aller jusqu’au bout quel qu’en soit le prix. Et le prix n’a pas été que financier, il a également été humain : Il y a eu des victimes parmi le personnel, et le silence des familles a été acheté, c’était le début des mensonges concernant la dangerosité du nucléaire. Pour en savoir plus, de nombreux cobayes humains (le chiffre de 9000 a été avancé) ont été contaminés : résidents d’asiles, d’orphelinats, des malades hospitalisés, des condamnés, etc. l’horreur. ! Le pire est que la direction militaire voulait absolument une expérimentation en site humain qui permettrait d’affirmer la supériorité des US sur l’URSS. Alors que le Japon à genoux cherche à négocier la capitulation, il a fallu prolonger la guerre suffisamment pour avoir le temps de faire exploser les premières bombes. La capitulation acceptée quelques jours après a permis de prétendre que cela a évité des victimes américaines plus nombreuses en cas de prolongation de la guerre. L’omerta conjointe des armées américaines et japonaises sur l’horreur du calvaire de ceux qui ont agonisé pendant des mois dans d’horribles souffrances et le rejet social des contaminés, contribuent encore actuellement à la sous estimation des dégâts de la radioactivité sur le vivant, par les structures internationales supposées protéger les populations. Il s’agit bien là d’un crime contre l’humanité commis consciemment, et qui a ouvert la porte à une nouvelle ère, celle de la menace atomique. L’élaboration et l’utilisation de ces bombes atomiques semblent lier à tout jamais dans l’histoire humaine ,l’énergie nucléaire et le mépris de la vie.

Annie et Pierre Péguin, du collectif Halte Aux Nucléaires Gard (Chang).

Voir l’excellent livre de Jean-Marc Royer « Le monde comme projet Manhattan », le Passager Clandestin 2017. L’auteur développe les racines du négationnisme nucléaire avec toutes ses horreurs telles que l’évocation des 9.000 cobayes humains, ou la gestion criminelle post Hiroshima et Nagasaki. De plus il relie cette barbarie du mépris de la vie humaine à celle qui s’est imposée à notre époque).

10 MANUSCRIT N°32 – SEPTEMBRE 2019 Réflexions (Portrait de Magdeleine Paz)

L’argument comme quoi “on ne savait pas”, a Ils ne savaient pas hier, ils ne savent pas été souvent utilisé dans le passé. Que cela soit aujourd’hui… ou plutôt ils ne veulent pas pour ignorer les crimes du stalinisme (les procès savoir. de Moscou) ou ceux des nazis (camps de concentration et d’extermination) – certains Le hasard ou la chance – (*) m’a fait découvrir osent encore nier ces crimes ou dire ne pas récemment l’œuvre de Magdeleine Paz (née savoir ! Aujourd’hui de la même manière Legendre). Dans le livre « Je suis un étranger » , certains se bouchent les yeux consciemment ou elle illustre et analyse dans une série d’articles non. Cela est particulièrement vrai concernant la parus entre 1931 et 1938 (essentiellement dans politique envers les réfugiés , l’hypocrisie des le Populaire), les conditions de vie dans les gouvernements européens n’ayant rien à envier colonies (Maroc) et la situation des travailleurs à la politique de Monsieur Salvini avec comme immigrés. D’autres articles sur la condition des résultat des morts noyés, des expulsions, des noirs aux Etats-Unis, ou la campagne pour vies brisées. Cela l’est également concernant la libérer Victor Serge des prisons staliniennes question de l’urgence climatique ou les risques donnent une image de Magdeleine comme des pesticides! militante engagée pleine d’humanité.

Née le 6 juillet 1889 à Étampes (Seine-et-Oise), morte le 12 septembre 1973 à Paris (XVIe arr.): militante communiste oppositionnelle puis socialiste, anti-stalinienne, anticolonialiste, antiraciste et pacifiste, membre de la Ligue des droits de l’Homme, journaliste, traductrice, écrivaine.

Les questions posées en ces années là sont leurs pays et en France, que ce soit la d’une brûlante actualité. Que ce soit la question ségrégation ou les injustices. des émigrations (polonaises, italiennes, nord A titre d’exemple, le ton, la manière et les africaines) et la vie de ces populations dans procédés de l’administration envers les réfugiés de l’époque nous rappellent ceux pratiqués

11 MANUSCRIT N°32 – SEPTEMBRE 2019 aujourd’hui par les forces de l’ordre ou bureaux - l’usage d’armes contre des civils, armes que de préfecture. Mépris, violence, indifférence, nous sommes si fiers de vendre et en général à règles inapplicables … autant de sujets qui toutes les dictatures du monde. révoltaient Magdeleine et me révoltent encore. - les politiques sociales et économiques qui Ces histoires étaient donc connues ; elles excluent, écrasent la grande masse de la déboucheront sur les révoltes des colonies. population et favorisent des réactions de repli et De même l’histoire des politiques nazies de de xénophobie. discrimination en Allemagne et en Autriche à - les risques des usages de pesticides sur la l’encontre des juifs et des opposants étaient biodiversité, celui des produits chimiques, connues, l’existence de camps de concentration nucléaires, les pollutions industrielles pour la (qui déboucheront plus tard sur des camps santé et même la survie de l’espèce humaine et d’extermination). Tout cela était connu et le pire de la vie sur terre. prévisible. - la course en avant suicidaire d’une société où la richesse est tenue par quelques mains. Aujourd’hui sont connues : - les politiques répressives de ces derniers Aujourd’hui avec les réseaux sociaux nous mois : usage immodéré des flashs-balls lors du savons ce qui se passe à notre porte, en France, mouvement des gilets jaunes (des centaines de en Europe et dans le monde entier blessés , 1 mort), expulsions de réfugiés fuyant des guerres ou des famines que nous Demain nous ne pourrons dire «qu’on ne savait entretenons. Violences encore contre des jeunes pas» ! inquiets pour l’urgence climatique. - les refus d’accueil des bateaux sauveurs de vies en Méditerranée (les regards se détournent Robert Cartier (Juillet 2019) quand la courageuse capitaine Carola Rackete, du Sea Watch3, accoste en Italie au risque de 10 Note * : «Je suis l’étranger» Editions la Thébaïde ans de prison !

Wikipédia nous donne de Magdeleine PAZ la bibliographie suivante

Magdeleine Paz était fille d’un inspecteur de l’enregistrement, Armand Legendre. Ses écrits de journaliste et d’écrivain parurent d’abord sous la signature de Magdeleine Marx du nom de son premier mari, Henry Marx, professeur de lettres et écrivain, pacifiste et socialiste, critique littéraire, puis de Magdeleine Paz après son remariage avec Maurice Paz en 1924. Toutefois, on trouve quelques-uns de ses écrits toujours sous le patronyme de Marx, après son remariage.

Pacifiste durant la Première Guerre mondiale, elle collabora à la revue de la Ghilde des forgerons, La Forge en 1917 ; elle fit le 4 mai 1919 sous l’égide de cette dernière une conférence sur qu’elle admirait comme pacifiste et féministe (« Le rayonnement de l’amour dans l’œuvre d’Henri Barbusse », publié dans Les Cahiers idéalistes de juillet 1919). Celui-ci rédigea d’ailleurs un avant-propos à son premier roman, Femme (1919). Magdeleine Paz participa à la création et à la direction du mouvement Clarté lancé par Henri Barbusse en mai 1919. Elle signa notamment sa déclaration, « Contre la paix injuste » (l’Humanité, 22 juillet 1919), et la protestation contre l’intervention en Russie (Le Populaire, 7 septembre 1919). Dès mai 1919, elle fit partie des organes directeurs du mouvement, d’abord du comité d’initiative puis du Comité directeur international. Le 21 octobre 1919, elle collabora au premier numéro de la revue Clarté, « Bulletin français de l’internationale de la pensée ». En 1921, elle figura à son comité de rédaction. Cette année-là, elle fit paraître son deuxième roman, Toi. Membre du P.C.F., elle commença à travailler comme journaliste à L’Humanité, et, de novembre 1921 à janvier 1922, y publia une série de quinze reportages a posteriori en Turquie. Admiratrice de la Russie soviétique, elle y effectua un voyage de six mois au moment de la NEP en compagnie de Maurice Paz, et publia en mars-avril dans le quotidien communiste une série de cinq reportages intitulée « La famine en Russie ». Elle avait participé à la fondation du Comité de secours aux enfants lors de la famine en Russie. En 1923, elle fit paraître C’est la lutte finale ! Six mois en Russie soviétique, qui décrivait avec enthousiasme la Russie nouvelle et était issu en partie de ses reportages parus dans l’Humanité. Magdeleine Paz milita au sein de l’Opposition de gauche. Ainsi parallèlement à ses collaborations dans l’Humanité livra-t-elle en septembre 1925 un premier article à La Révolution prolétarienne, un reportage, extrait de La Perfide. Par les routes d’Asie mineure paru ce même mois. Elle fit partie du groupe réuni autour de

12 MANUSCRIT N°32 – SEPTEMBRE 2019 la revue Contre le courant, lancée en novembre 1927 par Maurice Paz et des militants qui avaient signé en octobre 1925 la « Lettre des 250 » dénonçant la manière dont avait été conduite la bolchevisation. Le 12 décembre 1927, un article de l’Humanité signé de Jacques Doriot annonça l’exclusion de plusieurs militants, « oppositionnels de droite », dont Maurice et Magdeleine Paz. Exclus du Parti communiste, ces derniers continuèrent « à populariser les positions de Trotsky puis revendiquèrent un rôle dirigeant dans l’organisation, la structuration de l’Opposition de gauche française » (M. Dreyfus, PCF Crises et dissidences). Trotsky refusa ces prétentions, ce qui entraîna la rupture en juin 1929 suivie de la suspension de Contre le courant en octobre. Après leur séparation avec Trotsky et la publication durant quelques mois du Libérateur (20 novembre 1929-5 février 1930), les Paz se séparèrent de l’Opposition de gauche et rejoignirent la SFIO en décembre 1931. Magdeleine Paz anima des campagnes en faveur des prisonniers politiques et des victimes de l’arbitraire, participant à la création de comités de défense, à des campagnes de presse, à l’organisation de meetings. Citons son action pour la défense de Tom Mooney et des noirs de Scottsboro, avec notamment la parution de la brochure Vue sur l’Amérique en novembre 1932 aux éditions du Comité Tom Mooney, dans laquelle elle consacra un chapitre à chacune de ces deux affaires. Ajoutons que la question noire la préoccupait antérieurement, puisque, suite à son séjour aux États-Unis à la fin des années 1920, elle avait par exemple fait paraître un ouvrage de reportage, Frère noir (1930). Citons également son implication en 1933-1934 dans le Comité d’amnistie et de défense des Indochinois, aux côtés parmi d’autres, d’Andrée Viollis. Dès 1931-1932, elle se mobilisa en faveur du retour de Victor Serge en France, militant oppositionnel retenu en URSS. Elle fut, avec des intellectuels comme Marcel Martinet et , l’âme de cette campagne. Elle fut l’une des destinataires de la « lettre-testament » que V. Serge, se sentant menacé physiquement, rédigea le 1er février 1933 et fit parvenir clandestinement. Des extraits en furent publiés dans La Révolution prolétarienne et dans Masses, l’intégralité paraissant dans l’ouvrage de Victor Serge, Seize fusillés. Où va la révolution russe ? (1936), préfacé par Magdeleine Paz. En mars 1933, le « Comité pour le rapatriement de Victor Serge » fut constitué à l’initiative de cette dernière (avec Marcel Martinet, Jacques Mesnil, Henri Poulaille, Georges Duhamel, Charles Vildrac, ). Après la relégation de V. Serge à Orenbourg en avril 1933, elle alerta l’opinion de gauche sur le sort de l’écrivain (Le Populaire, 24 juin 1933, Les Cahiers des droits de l’Homme, 10 juin 1933). Elle se dépensa sans compter, recueillant des signatures, collectant des fonds, incitant les intellectuels sympathisants du régime soviétique à prendre position, comme en témoigne, par exemple, sa correspondance avec Jean-Richard Bloch. Avant le voyage de ce dernier en URSS en 1934, elle le poussa à établir la vérité sur l’affaire Serge et les charges retenues contre lui. A la même époque, le 22 juillet 1934, elle publia un article dans Le Populaire, « Ceux dont on ne parle pas », où elle évoquait notamment le cas de Serge. Malgré l’obstruction des organisateurs communistes du congrès des écrivains pour la défense de la culture réuni à Paris en juin 1935, elle réussit, avec l’appui de Gide et de Malraux, à y évoquer le cas V. Serge à la séance du 24 25 juin. Son intervention parut dans le numéro spécial des Humbles de juillet 1935 consacré aux interventions des défenseurs de V. Serge au congrès, G. Salvemini, Ch. Plisnier, H. Poulaille, A. Breton ; et dans le numéro du 10 juillet de La Révolution prolétarienne, puis sous forme de brochure (Pour Victor Serge, éditions Nouveau Prométhée). L’un des autres grands combats de Magdeleine Paz fut le droit des étrangers. Le 9 août 1935, Le Populaire annonça la création de l’Association des « Amis des travailleurs étrangers (Comité pour le statut et la défense des travailleurs immigrés) », dont la secrétaire générale était Magdeleine Paz. Le 22 novembre, elle collabora pour la première fois à l’hebdomadaire des journalistes et intellectuels du Front populaire, Vendredi, par un article « La France a aussi ses parias – Terre d’asile ». En décembre, elle fit partie des personnalités patronnant le Centre de liaison des Comités pour le statut des immigrés. Les 20-21 juin 1936, elle prit la parole au nom du parti socialiste à la conférence internationale du Droit d’asile qui eut lieu à la Mairie du Ve arrondissement de Paris. Outre des articles parus dans divers organes, citons en juillet-août 1938 sa série de reportages « France, terre d’asile », dans Le Populaire. Magdeleine Paz fit également partie de ces intellectuels marginaux des années 1930 qui jetèrent les bases de l’anticolonialisme. Le secrétariat de la sous-commission de l’Indochine de la SFIO lui sera confié en juin 1935, et elle sera membre de la Commission coloniale du parti. Elle livra plusieurs séries de reportages et d’articles sur le sujet, par exemple dans Le Populaire entre 1936 et 1938, se rendant au Maroc, en Algérie et en Tunisie, et enquêtant également auprès des « coloniaux de Paris ». Des interventions et des pétitions témoignent aussi de son action contre le fascisme. Par exemple, elle signa en mars 1934 un « Appel des intellectuels contre le fascisme » (paru dans Le Populaire), fut un temps membre du Bureau central du CVIA en 1937, et, la même année, fit partie du Comité de patronage de Solidarité Internationale Antifasciste fondée à Barcelone en juin. Signalons, également, son investissement dans la lutte pour la prostitution réglementée. En 1936 parut un ouvrage de reportage, Femmes à vendre, dont des extraits avaient été pré-publiés dans Vendredi. En juin 1937, elle présida l’assemblée générale de l’Union temporaire contre la prostitution réglementée, dont elle était membre d’honneur. Cet investissement est à relier à ses positionnements « féministes », que l’on peut relever au hasard de ses articles, notamment dans ses critiques littéraires de Monde. Membre de la minorité pacifiste et antistalinienne de la Ligue des droits de l’Homme, elle fut élue à son comité central le 19 juillet 1936 lors de son congrès national à Dijon. Elle protesta contre l’attitude de cette dernière au moment des premiers procès de Moscou d’août 1936. Après avoir constitué une commission d’enquête, la

13 MANUSCRIT N°32 – SEPTEMBRE 2019 Ligue avait publié dans Les Cahiers des droits de l’Homme du 15 novembre 1936, le rapport de son avocat, Maître Rosenmark, qui concluait à la culpabilité des accusés sur la base de leurs aveux. La direction des Cahiers refusa de publier l’article-réponse de Magdeleine Paz. La polémique suscitée par les procès de Moscou entraîna une crise qui éclata au congrès de la Ligue à Tours (17-19 juillet 1937). La minorité avait distribué le texte « La Ligue de l’affaire Dreyfus devant le procès de Moscou », l’article de Magdeleine Paz refusé par les Cahiers, la lettre de démission de Maurice Paz de la commission spéciale sur les procès. À l’issue du congrès, Magdeleine Paz et Élie Reynier démissionnèrent du comité central à la suite de G. Bergery, F. Challaye, L. Émery, G. Pioch. Signalons par ailleurs que Magdeleine Paz qui avait signé le texte de protestation « Appel aux Hommes » contre les procès de Moscou, paru dans Les Humbles en janvier 1937, avait fait partie du « Comité pour l’enquête sur les procès de Moscou et pour la défense de la liberté d’opinion dans la révolution » constitué début octobre 1936 par Marguerite Rosmer et Marcel Martinet. Magdeleine Paz s’intéressait aussi aux problèmes culturels au sein du mouvement socialiste, à la création d’une littérature prolétarienne. Elle défendit Henri Barbusse contre les attaques lancées contre lui à Kharkov (Le Cri du peuple, 22 octobre 1931). Elle collabora à Monde l’hebdomadaire de ce dernier, en y tenant la rubrique de critique littéraire du 6 février au 15 juillet 1933, ou par exemple en y faisant paraître un extrait de son troisième et dernier roman, Une seule chair (1933). Mais elle en démissionna pour protester contre la nouvelle orientation de l’hebdomadaire et son inféodation aux thèses communistes (Le Populaire du 25 juillet 1933). Sollicitée par H. Barbusse d’adhérer à l’AEAR, elle s’abstint d’en faire partie à cause de l’exclusive lancée contre des militants proches du mouvement de littérature prolétarienne d’H. Poulaille ou du syndicalisme révolutionnaire. En juillet 1936, l’association Mai 36, « Mouvement d’art populaire et de culture », fut constitué. Magdeleine Paz y était élue à la section « Littérature » et faisait partie, avec Roger Hermann et Marcel Fourrier, du Secrétariat provisoire. Cette association, animée par des militants socialistes cherchait à diffuser l’art et la culture dans les masses. En février 1937, elle se dota d’un « Bulletin d’information » éponyme dont la secrétaire était Suzanne Nicolitch et la secrétaire générale Magdeleine Paz. Le 4 octobre 1936, Le Populaire annonça la création d’une la page littéraire par un article de Magdeleine Paz. Depuis le 4 décembre 1934, elle y officiait comme critique dramatique à la place d’Amédée Dunois, poste qu’elle occupa jusqu’en juillet 1939. En 1938, elle adhéra à la Fédération internationale de l’art indépendant révolutionnaire (FIARI). Pacifiste, Magdeleine Paz avait adhéré le 11 août 1935 au Comité de liaison contre la guerre et contre l’Union sacrée, qui tint ses assises à Saint-Denis (11 août 1935) et à Paris, salle de la Mutualité (28 septembre 1935) ; elle côtoyait dans ce comité Jean Giono, H. Poulaille, Pierre Monatte . Ce comité se constituait suite à la signature du Pacte franco-soviétique et la publication de la déclaration de Staline approuvant la politique de défense nationale de la France. Après la crise de Munich, Magdeleine Paz fonda, avec Jeanne Alexandre et Yvonne Hagnauer, la Ligue des femmes pour la paix « Septembre 38 », dont la première réunion du Groupe parisien eut lieu à la Mutualité le 18 novembre 1938. L’allocution de Paz fut publiée dans les Feuilles libres de la Quinzaine. Profondément affectée par le déclenchement de la guerre, Magdeleine Paz abandonna pratiquement, à partir de ce moment, toute activité militante. Mais elle continua sa collaboration au Populaire, notamment par des reportages, jusqu’en décembre 1939. Pendant la guerre, elle continua de correspondre avec Marcel Martinet, puis ensuite avec sa veuve Renée, à laquelle elle fit part de la procédure de divorce engagée par Maurice en 1946, ainsi que de la naissance de ses deux petits-fils (Magdeleine et Maurice avaient eu un fils). En 1947, elle publia la biographie sur laquelle elle travaillait depuis plusieurs années, La Vie d’un grand homme : George Sand. Depuis 1920, outre son activité de journaliste, Magdeleine Paz gagnait sa vie comme traductrice. Son premier ouvrage traduit le fut de l’allemand (Les Hommes en guerre, d’Andréas Latzko), mais elle traduisit ensuite principalement de l’anglais et de l’américain, dont Chair de ma chair d’Helen Grace Carlisle en 1931, qu’elle préfaça. Après la guerre, le nombre considérable de ses traductions atteste qu’il s’agissait de sa principale activité professionnelle. Précisons qu’elle travailla aussi pour la radio, domaine qu’elle connaissait bien puisqu’elle avait été membre du Conseil supérieur de la radiodiffusion de 1936 à 1940. Elle y fit des émissions jusqu’à un âge avancé. Un an avant sa mort, en 1972, elle préfaça la réédition du Tournant obscur de Victor Serge (éditions d’Histoire et d’Art). La fidélité à ses convictions ne fut pas la moindre de ses qualités.

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