Lyon Découverte et histoire Gerland est un quartier de , dans les années 1960. Le début tiviste dans le quartier de La situé le long du Rhône, était aussi des années 1970 voit la création Confluence, sur la pointe sud de appelé La Mouche. de nombreux ensembles résiden- la Presqu’île de Lyon, au confluent Gerland devient officiellement un tiels, notamment entre le pont du Rhône et de la Saône. quartier de Lyon en 1852 avec Pasteur et le quartier Général En 2003, un premier permis de l’intégration de la ville Guillotière- Frère près des berges du Rhône. construire est délivré pour le mu- les Brotteaux à la Préfecture. La À la suite d’une mobilisation sée. Le musée est finalement inau- construction du Fort de la Vitriole- internationale, la Grande Halle guré le 20 décembre 2014, en l’ab- rie s’étale de 1840 à 1844 ; celui- est sauvée de la destruction sence remarquée du président de ci disparaîtra en 1912. La position et est inscrite d’office sur la liste la République, du Premier ministre de Gerland est triplement intéres- des monuments historiques. Il ne ou de la ministre de la Culture. La sante pour les investisseurs de la subsiste des abattoirs que deux construction a connu de nom- deuxième révolution industrielle. petits pavillons, dont l’un est breux déboires, dont un retard de À partir de 1860 y seront construits occupé par la bibliothèque de dix ans et un dépassement de son les bateaux-mouche. Gerland, et une arche. Cepen- budget à hauteur de cinq fois sont Gerland a longtemps été un dant la Grande Halle, renommée montant initial. quartier industriel, peu densé- Halle Tony-Garnier, fut laissée à ment peuplé. Au xixe siècle, une l’abandon de 1975 à 1988. Dans fabrique de vitriol a été implan- les années 1990 et au xxie siècle, tée le long du Rhône, dans un elle va se transformer et recevoir quartier appelé depuis La Vitrio- des gros spectacles, tournées, ou lerie, aujourd’hui occupé par l’ar- salons remplaçant le Palais d’Hi- mée (le quartier Général-Frère). ver de Lyon démoli. L’urbanisation s’est faite par pé- Gerland aujourd’hui : un quartier riodes successives, au xxe siècle. en plein développement. Au début du siècle, on doit à Tony Garnier la réalisation des abat- Pont Raymond-Barre toirs, d’abord destinés à l’exposi- Ancien port industriel, la tion universelle de 1914, devenus Confluence est aujourd’hui le aujourd’hui la Halle Tony-Garnier, nouveau quartier branché de puis du stade de Gerland. Le pont Lyon. Bâtiments ultra-modernes en Pasteur, qui depuis 1914 n’était forme de cubes de couleur, pavil- qu’une passerelle, est inauguré lon industriel réhabilité en centre le 14 juillet 1923, et l’avenue Jean- d’art contemporain, petit port revi- Jaurès est percée en 1908. L’endi- sité : visite guidée du quartier. guement progressif a permis de Au XIXe siècle, ce quartier était un libérer d’immenses terrains, autre- centre industriel, avec un port et fois occupés par des marais et En vue du prolongement en fé- des ateliers de cheminots. L’acti- par une multitude de ruisseaux vrier 2014 de la ligne de tramway vité a décliné et le lieu s’est vidé, (mouches), qui laissent peu à T1 de Montrochet à la station de jusqu’à ce que Raymond Barre peu place aux activités indus- métro Debourg à Gerland, un décide de le réinvestir dans les trielles. Cependant une grande nouvel ouvrage d’art, conçu par années 90. L’idée était d’étendre inondation touche Gerland en l’architecte Alain Spielmann, est le centre-ville pour accueillir des 1918. On construisit de 1935 à construit en aval du pont Pasteur logements et des entreprises à 1938, la première phase du Port afin de franchir le Rhône. Il est l’architecture très moderne. Après Édouard Herriot sur 140 hectares, emprunté par les tramways, les 15 ans de travaux, l’installation et, en 1938, les dernières usines piétons et les cyclistes. Il est long du tramway et près de 400.000 de produits chimiques quittent le de 260 m pour 17,50 m de large. m² de constructions, un nouveau quartier. Ce pont bow-string est consti- quartier urbain est sorti de terre ! Jusque dans les années 1950, tué de trois travées : une travée L’état d’esprit du quartier est de le sud de Gerland fut occupé centrale de 150 m encadrée marier des architectures très dif- par des bidonvilles, démolis sous par deux autres de 72 m et 38 férentes, tout en respectant l’his- l’autorité du maire Louis Pra- m. Les travaux ont débuté le 24 torique du lieu. On retrouve ainsi del. Il faut attendre la fin de la novembre 2011 par la pose de la des immeubles étonnants et très seconde guerre mondiale pour première pierre et se sont ache- colorés, comme les cubes orange voir la construction complète vés en septembre 2013. ou vert, mais aussi des lieux in- d’une digue le long du Rhône, dustriels réhabilités comme la sous l’autorité du maire Édouard Le musée des Confluences est Sucrière qui accueille les exposi- Herriot ; elle permit de stopper un musée d’histoire naturelle, tions d’art contemporain. définitivement les nombreuses d’anthropologie, des sociétés, et Le quartier de la Confluence a inondations qui participèrent des civilisations, de Lyon en Au- aussi été conçu pour donner pendant longtemps à l’insalu- vergne-Rhône-Alpes. Héritier du une belle part à la promenade brité du quartier. Le palais des Musée d’histoire naturelle Gui- le long de la Saône : plus de la sports de Gerland est construit met de Lyon, il est hébergé dans moitié des 40 hectares sont en en 1962 et la piscine de Gerland un bâtiment de style déconstruc- espace public. La passerelle Saint-Georges est l’extrémité du chœur et embel- breuses curiosités architectu- la plus jolie passerelle de Lyon et lit l’ensemble du bâtiment. Il fait rales, en particulier les traboules. de loin. Il faut dire que c’est celle apposer ses armes dans l’église : On y trouvera de très belles cours associée à l’Eglise Saint-Georges. écartelé d’or et de gueules, ainsi intérieures, souvent insoupçon- que celles de l’ordre. nées et conservant leurs carac- En 1792, les églises sont fermées téristiques médiévales. Quartier et les prêtres non jureurs pour- essentiellement piéton, il permet chassés, par décision du maire d’agréables balades. de Lyon, Louis Vitet : non entre- C’est dans ce quartier que se tenue, l’église Saint-Georges se trouve, place du petit Collège, détériore rapidement. Le 30 avril l’ensemble Gadagne. Magni- 1796, le clocher s’effondre en fique édifice Renaissance classé partie. monument historique, il abrite le Décrétée bien national, la Com- musée d’histoire de Lyon ainsi manderie est occupée par divers que le musée des arts de la ma- Saint-Georges au sud locataires, avant d’être vendue, rionnette. Le quartier Saint-Georges consti- en 1807. Un incendie survient en tuait autrefois l’extrémité sud 1854 et l’immeuble est détruit en La primatiale Saint-Jean-Bap- de Lyon et communiquait avec 1857 ; en 1884, un groupe sco- tiste-et-Saint-Étienne (dite aussi, l’extérieur par le biais de la porte laire est édifié à sa place. plus simplement, cathédrale Saint-Georges, aujourd’hui dé- L’église est reconstruite à partir Saint-Jean) est le siège épisco- truite. Ce quartier est l’habitat de 1842. pal de l’archidiocèse de Lyon. d’origine des canuts, avant qu’ils Désaffectée entre la fin des an- Elle a rang de cathédrale et de ne se déplacent vers la Croix- nées 1970 et 1989, le cardinal primatiale : l’archevêque de Lyon Rousse pour pouvoir y loger leurs Albert Decourtray confie la pa- a le titre de Primat des Gaules ; le nouveaux métiers Jacquard né- roisse à la Fraternité Sacerdotale titulaire depuis 2002 est Mgr Phi- cessitant des plafonds hauts de Saint-Pierre. La Fraternité célèbre lippe Barbarin. plus de quatre mètres. la messe dans le rite lyonnais, La première cathédrale dont en application du motu proprio l’existence est attestée, et que Église Saint-Georges Ecclesia Dei de 1988. les sources de l’époque se Le Sanctuaire Saint-Georges est La paroisse redevient diocésaine contentent d’appeler maxima situé dans l’ensemble de quar- en octobre 2006, désormais des- ecclesia, c’est-à-dire la « grande tiers qualifiés de Vieux Lyon. L’édi- servie par d’anciens prêtres de la église », a été bâtie par Patient. fice actuel, de style néogothique, fraternité Saint-Pierre ayant rejoint La seconde, plus grande et da- est construit en 1844-1845. Elle l’archidiocèse. tée du ixe siècle, est l’œuvre de est nommée en l’honneur de Leidrade. Georges de Lydda. Saint-Jean au centre L’édifice actuel est un projet Elle est située entre le quartier Saint-Jean est le quartier le plus de longue haleine, porté dans de la Quarantaine et le quar- connu, avec la primatiale Saint- sa conception par trois arche- tier Saint-Jean, à proximité de la Jean. C’est également le quar- vêques successifs au moment place Benoît-Crépu, son ouver- tier le plus touristique du Vieux où l’architecture occidentale ture sur le quai rappelant l’exis- Lyon. Son artère principale est bascule du roman au gothique : tence jusqu’au xixe siècle du Port la rue Saint-Jean, traversant le Guichard de Pontigny envisage Sablet, et de la place Bertras. Elle quartier jusqu’au quartier Saint- et entame la construction d’une occupe l’ancien emplacement Paul. Elle comporte de nom- église romane, Jean Belles-mains de la commanderie des cheva- entame la transformation de liers de l’ordre de Saint-Jean de l’édifice en un ouvrage gothique Jérusalem. dont les ressorts techniques ne Aux xie ou xiie siècle, l’église est sont pas encore pleinement entourée par un cimetière, sur les maîtrisés, enfin Renaud de Forez faces nord, ouest et sud. transforme le projet, grâce à l’évo- Les chevaliers de l’ordre de Saint- lution des savoir-faire, pour don- Jean de Jérusalem arrivent à ner à la cathédrale son aspect Lyon au début du xiiie siècle et actuel. La construction s’étale s’installent en 1315 dans l’ancien sur trois siècles, de 1175 à 1480. monastère attenant à l’église. Fortement endommagée par les Celle-ci reste une église parois- guerres de religion en 1562, puis siale mais est rattachée à la par la Révolution française et le commanderie. siège de Lyon en 1793, la prima- À la fin du xve siècle, l’église est tiale est restaurée au xixe siècle. restaurée. En 1492, l’hôtel de la Les premiers travaux sont assez commanderie est construit non modestes et fortement empreints loin par Humbert de Beauvoir et de classicisme ; mais cette poli- il en profite pour remettre en état tique change vigoureusement l’église Saint-Georges. Il fait refaire avec l’arrivée d’un nouvel archi- tecte, Tony Desjardins, qui donne d’une potentielle attaque par la un élan inédit à la restauration. Dombes. Un nouveau mur, épais De son point de vue, non seule- de deux mètres et haut de dix ment les travaux doivent rendre mètres, est bâti entre la Saône et à l’église son aspect médiéval, le Rhône. Long de 500 mètres envi- mais cet aspect est à sublimer ron, cette enceinte est percée de pour faire de Saint-Jean une « ca- deux portes défendues par des thédrale idéale » reflétant l’esprit pont-levis (la Porte de la Pêcherie gothique du xiiie siècle. Ces tra- sur la Saône et la porte de la Lan- vaux de modification de l’aspect terne) et protégée par dix tours de la cathédrale comprennent rondes ou carrées. Un chemin de un relèvement de la charpente ronde crénelé et cinq guérites de et l’ajout de flèches. Devant les pierre permettent aux soldats de critiques virulentes, ils ne sont faire le guet à son sommet. La pas tous réalisés. Au xxe siècle, muraille principale est séparée les travaux d’embellissement et par un large fossé de 22 mètres de réparation se poursuivent, d’un autre mur de deux mètres mais la guerre interrompt les de haut implanté plus au nord. Au travaux. En septembre 1944, le xive siècle, un troisième ouvrage retrait des troupes allemandes construit dans la pente est venu s’accompagne de sabotages, compléter ce dispositif qui fut lui- qui touchent indirectement même adjoint au début du xve l’édifice, brisant la plupart de siècle d’un nouvel ouvrage bâti ses vitraux. La remise en état au sommet de la colline Saint-Sé- des verrières, puis des façades bastien et constitué d’une butte et de l’aménagement intérieur, de terre protégée par des tours constitue l’essentiel des actions La place des Terreaux est une de bois. En cas de siège, le fos- menées durant la seconde par- place située dans le 1er arrondis- sé, qui prend le nom de Terralia tie du xxe siècle et le début du sement de Lyon, sur la presqu’île nova (Fossés des Terreaux) ou de xxie siècle. entre le Rhône et la Saône, au Fossés de la Lanterne, peut être pied de la colline de la Croix- rempli d’eau. Celle-ci pénètre en La primatiale est classée monu- Rousse. cas de besoin dans une succes- ment historique depuis 1862. Elle est bordée : sion de bassins, appelée canal Outre cette protection, elle est à l’est par l’hôtel de ville de Neyron, creusés latéralement intégrée depuis le 12 mai 1964 au sud par le palais Saint-Pierre au Rhône, et s’écouler jusqu’à la dans le premier secteur sauve- ou Musée des beaux-arts Saône située en contrebas. gardé de . Enfin, le 5 dé- à l’ouest par un édifice traversé En temps normal, les arbalétriers, cembre 1998, elle a été recon- par une galerie puis les couleuvriniers utilisent les nue patrimoine mondial au titre au nord par des bâtiments civils fossés comme lieu d’entraîne- de sa localisation dans le site his- marquant le début des pentes ment, d’abord côté Saône, puis à torique de Lyon. de la Croix-Rousse. partir de 1533 côté Rhône. Lieu de culte et de prière, la ca- En 1206, les associations de mar- Au xvie siècle, les murailles thédrale est la première église chands lyonnais se heurtent à tombent en ruine. En 1538, la de l’archidiocèse de Lyon, mais l’archevêque Renaud II de Forez démolition de l’enceinte est aussi une des églises paroissiales qui ne respecte pas la charte entamée. Le fossé côté Saône du Vieux Lyon. Elle est demeu- signée en 1195 en violant les est comblé afin de construire rée durant des siècles le lieu par accords pris en matière de taxe la boucherie de la Lanterne. En excellence de l’expression du rite sur les marchandises. Pour proté- 1555, les religieuses du couvent lyonnais, un des rites de l’Église ger le bourg Saint-Nizier du pou- Saint-Pierre reçoivent l’autorisa- catholique, notamment du fait voir ecclésiastique, les bourgeois tion d’utiliser les pierres du mur de l’attachement du chapitre lyonnais décident alors d’élever « en telle quantité qu’il leur plai- des chanoines à cette forme litur- une muraille au pied de la col- rait pour les réparations du mo- gique. Cette particularité locale line Saint-Sébastien (Pente de la nastère ». En 1578, les terrains de vaut notamment à la primatiale Croix-Rousse) et une tour sur la l’actuelle place des Terreaux sont d’avoir été la dernière cathé- Saône afin de contrôler le pont remblayés et en 1617, l’ancien drale française à se doter d’un du Change, unique passage fossé disparaît définitivement orgue (en 1841), et explique en entre Saint-Nizier et Saint-Jean. avec l’aménagement des jar- partie la modestie de celui-ci. L’archevêque intervient par les dins de l’hôtel de ville sur lesquels C’est aussi un lieu touristique fort armes en 1208 et la paix revient s’élèvent aujourd’hui l’Opéra. prisé, pour sa localisation, pour grâce à l’intervention du pape Entre 1646 et 1651, Simon Mau- les animations particulières qui Innocent III. pin bâtit sur la partie orientale de y sont organisées, notamment Renaud de Forez et ses succes- la place l’Hôtel de ville de Lyon, durant la fête des Lumières, mais seurs reprennent toutefois les tra- reconstruit par Jules Hardouin- également pour son horloge as- vaux entrepris par les bourgeois Mansart, à la suite de l’incendie tronomique du xive siècle. lyonnais, afin de protéger la ville de 1674. Au xviie siècle égale- ment, les moniales de Saint-Pierre L’hôtel de ville, un des plus im- lence ! Avec sa déco tradition- font reconstruire leur couvent qui posants bâtiments historiques de nelle, et son atmosphère de bon devient en 1803 le musée des la ville, se situe entre la place des vivant, vous êtes immédiatement beaux-arts de Lyon. Terreaux et la place de la Comé- plongé dans une ambiance Le 12 septembre 1642 sont dé- die où il fait face à l’Opéra. digne des meilleurs bouchons capités sur cette place le mar- Au xviie siècle, la Presqu’île de- lyonnais. quis de Cinq-Mars, conspirateur vient centre-ville, la place des contre Richelieu, et son complice Terreaux va devenir le cœur de la La rue Sainte-Catherine est François-Auguste de Thou. Il est ville, elle va être pavée et s’em- une voie publique au pied des dès lors dans la coutume locale bellir de l’hôtel de ville bâti entre pentes de La Croix-Rousse dans de ne pas traverser la place par 1646 et 1672. le 1er arrondissement de Lyon, son centre, où aurait eu lieu l’exé- Avant l’actuel hôtel de ville, la célèbre pour sa vie nocturne. Elle cution. Pendant la Révolution commune avait l’hôtel de la est parallèle à la place des Ter- française, la guillotine y est instal- Couronne (actuel musée de reaux (vers laquelle partent d’ail- lée et fonctionne à plein régime l’Imprimerie) , situé rue de la Pou- leurs de nombreuses traboules pendant le mandat de Marie laillerie. Cette maison commune à travers les immeubles). Elle est Joseph Chalier. L’exécution de n’était pas adaptée à la poli- donc en plein cœur du centre ce dernier sur la place marque tique et à l’administration d’une historique de Lyon, débouchant le soulèvement de Lyon contre ville telle que Lyon. Le 6 février sur l’Hôtel de ville de Lyon. Cette la Convention nationale. Après le 1646, l’hôtel de la Couronne fut situation est relativement inso- siège de la ville, la « Commission vendu aux enchères publiques lite, car il est rare qu’une rue à de justice populaire » y fait déca- pour 52 000 livres ; cet argent ser- la réputation aussi sulfureuse se piter 79 personnes, la deuxième vira à financer la construction de trouve aussi proche de la mai- vague de répression ayant lieu l’actuel hôtel de ville. rie centrale d’une grande ville, à dans la plaine des Brotteaux. Le 8 mai 1646, le roi donne son deux pas des plus riches quar- Dans la deuxième partie du accord par lettre de cachet. Les tiers commerçants (rue Édouard- xixe siècle, les accès à la place travaux débutent officiellement le Herriot, grande rue de la Répu- sont élargis afin de les intégrer 5 septembre de la même année, blique...), de l’opéra et du musée au plan de restructuration de en l’honneur et le jour de l’anni- des beaux-arts. C’est là un para- la Presqu’île mené par le Préfet versaire du roi Louis XIV. Les tra- doxe en fait très représentatif de Vaïsse. En 1855, le passage des vaux se termineront en 1672 et l’esprit du quartier des pentes de Terreaux est ouvert entre la place auront duré 26 ans. la Croix-Rousse, dont la rue Sainte- et la rue Lanterne. L’hôtel de ville fut victime d’un in- Catherine constitue la frontière Au centre de la place, face à l’hô- cendie le 13 septembre 1674. L’in- naturelle, étant la première rue tel de ville, les édiles inaugurent le cendie détruisit la Grande Salle « plate » au bas des pentes. Cela 22 septembre 1891 une fontaine et détériora le beffroi, les combles en fait l’alter ego géographique allégorique de la Garonne réa- et la toiture. L’escalier d’honneur, du Boulevard de la Croix-Rousse, lisée par Bartholdi. Commandé les archives et le Salon d’Henri IV qui est pour sa part la première dans un premier temps par le furent aussi endommagés. artère du plateau. conseil municipal de Bordeaux en En 1793 au cours de la révolution, En 1680, est attestée une rue et 1857, le groupe sculpté dénommé il est bombardé par les troupes une place Sainte-Catherine, du « Char triomphal de la Garonne » de la Convention. Le demi-relief nom d’un établissement de soin représentait la Garonne et ses 4 représentant Louis XIV à cheval accueillant les orphelines situé affluents se jetant dans l’océan ; au milieu de la façade est sup- sur cette place. À l’angle des le tout étant symbolisé par une primé puis remplacé par le Bon rues d’Algérie et Sainte-Marie- femme menant un Quadrige. À la Roi Henri dans la même posture. des-Terreaux, une statue de Ca- suite de l’Exposition Universelle de Il est l’œuvre du sculpteur Jean- therine d’Alexandrie, sculptée en 1889, le monument, devenu trop François Legendre-Héral et date 1866 par Joseph-Hugues Fabisch cher pour Bordeaux, fut racheté en de 1829, pendant la restauration. pour remplacer une œuvre du 1890 par le maire de Lyon, Antoine L’édifice est rénové seulement à xviie siècle, rappelle également Gailleton. partir de 1850, suite à un second le souvenir de cet hôpital dépen- La place a été réaménagée en incendie le 14 juillet 1803. dant de l’hôpital de la Charité de 1994, avec notamment une alter- Lyon. Au fil des siècles, plusieurs nance orthogonale de 69 jets Le Café des Fédérations c’est noms furent en vigueur (mar- d’eau bordés de 14 piliers. Cette l’institution Lyonnaise par excel- ché du Fillet, place du Fil, place trame de la place est rythmée par Neuve-des-Carmes, rue du Forès) la façade du palais Saint-Pierre. Afin et une autre rue Sainte-Cathe- de construire le parc de station- rine est attestée en 1831 dans nement souterrain des Terreaux, le 4e arrondissement (actuelle la fontaine, initialement située en rue Charles-François-Lebrun). Il face de l’hôtel de ville, a alors été existait également une petite rue déplacée à son emplacement Sainte-Catherine et une grande actuel dans l’axe du palais Saint- rue Sainte-Catherine. Le 4 août Pierre. Le 29 septembre 1995, elle 1854, la petite rue Sainte-Cathe- est classée monument historique. rine devient la rue Jean-François- Terme et l’actuelle rue Sainte-Ca- et pubs (l’Abreuvoir, le Shamrock, l’hôpital du pont du Rhône. Le therine reçoit son nom définitif. La le Perroquet Bourré, l’Albion - fon- premier bâtiment est modeste, place Sainte-Catherine a été ab- dé en 1982 et premier pub irlan- composé d’un prieuré et d’une sorbée par la rue du même nom. dais de Lyon -, le Douala...), cer- petite église, ouverte aux néces- Rafle de la rue Sainte-Catherine. clés de kebabs et d’épiceries de siteux. Maître Martin Conras, le L’Union générale des israélites nuit. Elle doit aussi sa réputation premier médecin attitré, fut em- de France (UGIF), organisme à son ambiance populaire et fes- bauché en 1454. créé par le gouvernement de tive, fruit d’une importante mixité Finalement, la municipalité, de- Vichy dans le but de contrôler culturelle et sociale. vant faire face à l’expansion de la communauté juive de France la population, rachète l’édifice dispose durant la Seconde L’Hôtel-Dieu est l’un des plus en 1478 pour le reconstruire bien Guerre mondiale d’un bureau grands bâtiments de la presqu’île plus grand. Son bâtiment princi- d’œuvres sociales au numéro de Lyon. Il est construit en bordure pal fait 65 mètres de long. Il peut 12 de la rue. L’association, bien ouest du Rhône, dans le quartier contenir jusqu’à 200 malades qu’étroitement contrôlée par les de Bellecour. Premier hôpital lyon- hommes ou femmes. Directe- autorités est parvenue à déve- nais (les premiers bâtiments sont ment connectée à la salle des lopper un réseau d’entraide attestés en 1184). En 2007, il a été malades, et à la rue, une cha- précieux pour la communauté. décidé de transférer ses services pelle est ajoutée. Ce nouvel hô- De nombreux Juifs de Lyon fré- dans d’autres établissements pital est ouvert en 1493, mais il quentent les locaux de la rue afin de pouvoir vendre son bâti- faudra patienter jusqu’au milieu Sainte-Catherine à la recherche ment et son site exceptionnels. du xve siècle pour que tout soit d’un soutien médical ou d’une De 2010 à 2015, le bâtiment resta achevé, avec un cimetière, un aide matérielle. Il est possible par désaffecté, et d’importants tra- lieu pour les simples passants et le biais de cette association de vaux prévus sur environ trois ans un lieu pour les enfants mis en rencontrer des militants qui four- pour une utilisation hôtelière, mu- nourrice. De cet Hôtel-Dieu, il ne nissent de faux papiers et orga- séale et également pour accueil- reste rien aujourd’hui, après les nisent des passages en Suisse. Le lir la cité de la gastronomie en remaniements des xviie et xviiie 9 février 1943, la Gestapo dirigée 2017. L’ensemble de l’édifice a siècles. à Lyon par Klaus Barbie monte été classé monument historique L’Hôtel-Dieu de Lyon à l’époque un piège. Ce jour-là, tous ceux par arrêté le 21 novembre 2011. de Rabelais. Il s’élevait sur l’em- qui se présentent au numéro 12, Au voisinage de l’an mil, une placement de la chapelle ac- bénévoles de l’association, mili- congrégation se créa pour tuelle. Les hôpitaux du Moyen tants clandestins et assistés sont faciliter les pèlerinages et les Âge étant de petite capacité interpellés. À la fin de la journée, échanges : ce fut l’Ordre des d’accueil, les échevins de Lyon 84 personnes ont été arrêtées frères pontifes. Elle construisait décidèrent de construire un et sont internées au camp de des ponts pour faciliter les com- grand hôpital, sur les lieux de Drancy puis envoyées dans les munications et bâtissait à leurs l’actuelle chapelle : c’est l’Hôpi- camps d’extermination de l’Alle- débouchés des hôpitaux pour tal de Notre-Dame de la Pitié du magne nazie. Seules quatre en recueillir les pèlerins. C’est ainsi Pont-du-Rhône ou Grand Hôtel- reviendront. Après guerre, tout le qu’au xiie siècle, la section lyon- Dieu. En 1532, François Rabelais quartier des pentes de la Croix- naise de l’Ordre commença la est nommé médecin de l’hôpital, Rousse se paupérise du fait de la construction du pont du Rhône il avait à sa disposition une ving- crise de l’industrie de la soie4. Le (le pont de la Guillotière) et dans taine de religieuses. Rabelais a quartier du bas des pentes (par- son voisinage établit un hôpital quitté subitement son poste en fois appelé « quartier Sainte-Ca- en 1184-1185 : l’hôpital du Pont 1535, probablement à cause de therine ») devient mal famé, haut du Rhône, ancêtre de l’Hôtel- l’affaire des Placards. lieu de la prostitution, des trafics Dieu. En 1622, les locaux devenus exi- en tous genres, des bars plus ou Le premier hôpital fut construit gus sont détruits et remplacés moins clandestins et des bandes sur un terrain appartenant à l’ar- par un ensemble de construc- de délinquants. Le « Gang des chevêque de Lyon, au xiie siècle, tions en forme de croix, grou- Lyonnais » fera notamment de la sous le nom de Beatae mariae. pées autour d’un dôme central : rue Sainte-Catherine un de ses Situé en face du premier pont sur les salles des Quatre-Rangs. On repères, en particulier le bar Le le Rhône, au nord de la rue Mer- construit une nouvelle église Chambéry, dont le propriétaire cière, il est rapidement appelé sur l’emplacement de l’ancien sera abattu sur place en 1977. bâtiment. On construit de 1658 Le centre névralgique du monde à 1663 un bâtiment réservé aux de la nuit fut d’abord la rue René convalescents, sur les quais du Leynaud, mais il se déplace pro- Rhône. gressivement vers la rue Sainte- Les longues guerres qui ensan- Catherine au cours des années glantent la fin du siècle augmen- 80. La rue Sainte-Catherine de- tent le nombre de mendiants, qui vient à partir de cette époque se porte au dixième de la popu- l’un des lieux emblématiques lation. Louis XIV autorise trois lote- des pentes de La Croix-Rousse, ries successives afin de rassem- célèbre pour ses nombreux bars bler les subsides nécessaires à la prise en charge des soldats des dement de l’Hôtel-Dieu pendant l’Hôtel-Dieu. Il finance, par l’inter- armées d’Italie et de Catalogne. toute la durée de ce siège, du 8 médiaire de l’Association lyon- Il accorde également de nou- août au 9 octobre 1793, ne laissa naise de lutte contre le cancer, veaux privilèges à l’Hôtel-Dieu. que des ruines. De plus, pendant l’achat d’une quantité impor- Parmi les médecins de l’Hôtel- la Terreur qui a suivi le siège de tante de radium qui est utilisé Dieu, les personnalités les plus Lyon, on a établi une liste précise, dans le traitement des cancers marquantes de l’époque sont bien que peut-être incomplète, du col utérin et de la muqueuse Claude Pons, qui traitait les ma- des victimes guillotinées ou fusil- buccale. L’afflux de patients lades contagieux (il légua tout lées : nécessite dès 1935 un déména- son bien aux pauvres), Jean de onze médecins gement à l’hôpital de Grange- Lamonière (l’auteur d’un Traité trente-et-un chirurgiens dont sept Blanche, puis, en 1958, l’installa- sur la peste), Pierre Garnier, (mort étudiants en chirurgie tion au centre Léon-Bérard. en 1709 et auteur respecté de huit apothicaires ou herboristes. wwwDurant la Seconde Guerre plusieurs éditions de traités de Le xixe siècle. L’hôpital est encore mondiale, l’Hôtel-Dieu est en- formules et de médecine, parti- agrandi et abrite désormais près dommagé par plusieurs inci- culièrement pour le traitement d’un millier de malades, dont dents. Le 2 septembre 1944, la de la vérole), etc. cent vingt-cinq militaires. Il perd destruction du pont de la Guillo- De 1741 à 1761 est construit peu à peu son autonomie : son tière par les allemands induit la sur les courtines du Rhône le administration se confond avec destruction de certains vitraux de « temple magnifique », véritable celle de l’hôpital de la Charité. l’Hôtel-Dieu. Le 4 septembre 1944, « monument élevé à la fièvre », On y trouve : le grand dôme prend feu après comme le remarqua plus tard les médecins : huit titulaires nom- avoir reçu des tirs ; il est totale- Joseph II d’Autriche. La façade més par concours depuis 1811, ment détruit par l’incendie. C’est en pierre de taille blanche est et quatre suppléants. Ils portent uniquement durant les années véritablement opulente avec jusqu’en 1866 la robe rouge et la 60, que les fonds sont débloqués une riche décoration extérieure. toque ; pour la reconstruction du dôme. Le grand dôme est construit à les chirurgiens : réhabilités par La façade au sud, puis la façade partir de 1755 afin de permettre l’instauration d’un concours en donnant sur le Rhône, de l’Hôtel- le renouvellement de l’air dans 1788, la chirurgie est mise au Dieu sont par la suite restaurées, les immenses salles communes. niveau de la médecine en 1794. alors que le nord de l’Hôtel-Dieu Les statues du roi Childebert Ier et Un seul chirurgien-major, suppléé constitué du « passage de l’Hô- de la reine Ultrogothe, fondateurs par un aide-major, s’occupe de tel-Dieu » est remplacé par des du tout premier hôpital en 549, quatre cents lits de chirurgie ; il immeubles neufs. ornant l’entrée principale, sont est chargé de la surveillance Pendant la seconde moitié du sculptées par Pierre-Marie Prost. des 17 élèves-internes, y compris xxe siècle, l’hôpital continue Le dôme est achevé en 1764, ceux de médecine. Celui-ci doit son activité médicale, un grand mais déjà on regrette « la faci- rester célibataire le temps de sa nombre des accouchements lité avec laquelle on s’est livré à fonction (jusqu’en 1879), et doit des hospices civils de Lyon ont des constructions plus brillantes loger à l’hôpital (logement libre lieu dans l’Hôtel-Dieu, alors que qu’utiles ». en ville à partir de 1885) ; des services de chirurgie diges- L’Hôtel-Dieu a excellente réputa- les aumôniers : nommés par tive et de diabétologie sont créés. tion à cette époque. De 1737 à l’archevêque, ils célèbrent les L’Hôtel-Dieu a été jusqu’à octobre 1748, on note une mortalité de messes tous les matins et admi- 2010 un centre hospitalo-universi- un sur quatre à l’Hôtel-Dieu de nistrent les sacrements. Un prêtre- taire dépendant des Hospices Ci- Paris, contre un sur quatorze à économe gère l’hôpital ; vils de Lyon. Afin de récupérer et celui de Lyon. les servants : on compte cent vendre ce bâtiment exceptionnel La situation financière, guère bril- dix frères (ils peuvent abandon- construit sur un site de premier lante à la fin de l’Ancien Régime, ner leur titre de frère et rejoindre ordre, le premier hôpital lyonnais devient catastrophique car les la vie publique), et cent quatre- a été définitivement fermé et tous principaux revenus des hôpi- vingt-dix sœurs. ses services ont été transférés taux (octrois et privilèges) sont Lyon était au xixe siècle un centre vers d’autres établissements des coupés. Les Recteurs, après avoir actif de la chirurgie, au point Hospices Civils de Lyon. financés personnellement l’Hôtel- que « triompher au majorat de L’Hôtel-Dieu sera reconverti par- Dieu, sont contraints de démis- l’Hôtel-Dieu, c’était s’emparer du tiellement en hôtel de luxe de 140 sionner en 1791 et d’en remettre sceptre de la chirurgie dans le chambres dont l’entrée se fera la direction au Directoire du dé- sud de la France. » par le dôme central. Les rez-de- partement Rhône et Loire, lequel Durant la Première Guerre mon- chaussées seront destinés aux nomme huit administrateurs. Le diale, l’hôpital est réquisitionné activités commerciales, comme bilan était effroyable : « il n’y avait par l’armée française en août prévu jadis sur les plans de Souf- dans la maison ni toile, ni farine, 1914, dans le but de l’utiliser en flot, et le reste du site sera occupé ni vins, ni drogues ; l’hôpital était tant qu’hôpital militaire pour soi- par des activités tertiaires et un débiteur, en capitaux exigibles, gner les blessés. centre de conventions. Enfin, les de 3 246 437 livres ». Léon Bérard crée en 1923 le cours intérieures seront ouvertes Le siège de Lyon par les armées second centre anticancéreux au public. de la Convention et le bombar- français dans le grand dôme de