Montagnes touaregues’ Enfre Maghreb et Soudan : le {(fuseau touareg))

k. Abstmct :The Tuareg Mountaitls. Rbé:Montagnes toudgues. E. Bemus Le vocabulaire touareg désignant An ,analysis is made of the les clifférentes formes clu relief est Tu:ireg vocabulary concerning Mots-ClCS : different types relief. The an:ilysé. La clivision gb of Voc;ihulaire touareg, geographical clivision of the glaphiqire clu Salim permet cle Montagne, Sahara, , faire apparaître un fuseau Sahara maltes it possible to Touaregs, irrigation, : Ullstein, 221 p. touareg qui relie le Rilaghreh au identify a .Tuareg zoneat which techniques agricoles. Solickin. Ces montagnes ont servi links the Maghreb with the Suclan. The Tuareg mountains 5 la fois de citadelles-refuge et de I

Plutôt que de chercher à classer ces montagnes selon des critères

géologiques ou morphologiques en distinguant les montagnes aux êIélo odopléeIronscriplion ici : elle” plusdiffère parfois ’ appareils volcaniques récents (Ahaggar, Air, Tibesti), de celles aux de auleurs le profils usés (Adrar des Ifoghas, Ennedi), des corniches taillées dans les Pêre de Foucauld.

REVUEDE G~OGRAPHIEALPINE i~qi~-1 '-. ,i,

couches sédimentaires (Tassili des Ajjer, Adrar mauritanien, Ennedi également etc...), nous réunirons les montagnes conquises et habitées par les Touaregs : même si elles relèvent #Etats différents, ces montagnes ont pour dénominateur commun un méme peuple, une même civilisation, un même langage.

.. . 4.e fuseau touareg

Les Touaregs possèdent un vocabulaire précis pour clésigner les dfiérents types de relief qu'ils ont l'habitude de rencontrer. Le terme générique attribué à la montagne est dans l'Aïr et plus au sud chez les -Iwellemmeden, ad&& montagne, mavjif montagneux- (Ghoukid. 1980 : 21) et dans I'Ahagar, admr. monwgnehonr, massif montagneux, chaîne de montagnes. N (Foucauld, 1951-52. I : _.. 2%). Plus précis. ad%, massif monwgneux ayant .3 son sommet un plateau. (Founuld, .- 1951-53. I : 232). Enfin Ias%, désigne un .vaste massif montagneux couronné de grands plataux rocheux sani sommets dominant nowhlement CS plateaux. N les mrilíl~sonrda ._ .. mvsifs montagneux d'un gem pirriculier, vasres, enriGrement couronnés de plateaux rocheux plus ou m0.m accidentés. sans somme& dépwant de beaucoup le nivetu de ces plateaux Les plateaux supérieurs sont découpés par des vallées profondes. dont le nombre et I'esnrpement font souvent des las% des lieux d'accl.s très difficile N les principales lodé COMUS da Kel-Ahagpr sont : celle de I'Aïpr, celle de I'liwnidir, celle qui est entre I'Aha.qar et ¡'fir. celle qui es1 enve I'AJlnet et I'Adnr: li1 plus considérd~le -de5 4 e51 celle de l'Ajjer- (?oucauld,l951-52: IV : 1.822). les oueds. On conçoit bien qu'il n'y a pas d'ntnkor dans l'Aïr, qui FigureLem 1 tawreg: Ce terme a été défomé et aujourd'hui figure sur toutes les cartes sous possède un grand nombre de massifs individualisés. et ses obwds [extmitde Bemus, 19811 la fome de tmili, et celui de l'Ajjer que l'on appelle le plus souvent Nous avons tenu 2 donner les défitions du Père de Foucauld, qui, .des Ajjer., pour ses habitants, les Kel Ajjer, ou encore, au singulier, le avec leurs répétitions, leurs énumérations, leur prodigieuse précision, --- frontidre d'étal limite de I'extension Tassili-n-Ajjer. Le Tassili est maintenant lié à une région, celle de permettent de cemer le sens de chaque mot : eUes témoignent de cette - des Touoregr Djanet, et à une population; un tmili est une cualß majestueuse avec cohérence du monde touareg, qui dans ses termes géographiques les --- limite de l'extension une comiche abrupte et un plateau entaillé de vallées profondes. Le plus simples, dans sa toponymie, affirme son identité, à travers le des Peuls terme générique est identifié à une contrée précise, qui connaît Sahara, du Maghreb au Soudan. - limite nord théorique des cullvres sous pluie aujourd'hui la célébrité gràce h ses paysages ruinifonnes, grâce h ses Théodore Monod (1968 : 269-288), a prom un double découpage M Songhoy et Zorma peintures rupestres. gidce à sa faune et à 53 végétation .fossiles.; mais il du domaine saharien, l'un zonal, l'autre méridien, en intégrant toute Howm y a d'autres *tas&. une série de critères (climat, relief, structure, formes superficielles, EZ3 Kanuri Arabes, Toubous et - distribution des êtres vivants, faits humains). Dans le premier il Arabes Win. le tem= afakor, sifiant .partie extrême er ~nIlée(noeud extri") // se dit de distingue deux zones, séparées par un faite O-S-O/E-N-E, qu'on FEAR groupes Touaregs toute e.mémité rentlée de corde, de ficelle, de fil.de %ton, de rige métallique, p. ex. d'un pourrait comparer à un toit à double pente s'inclinant vers la I. lmonan , noeud fait 3 I'e.mémité dune corde, d'une ficelle. ...4Founuld. 1951-52,IV :1. R91-92), 1. Tagazor - Méditerranée et le Soudan.. Dans le second découpage, il énumère une série de fuseaux méridiens daltemance rythmique.. Fuseaux s'applique à une région' précise, Atakor-n-Ahaggar, dans le sens de positifs et négatifs se succèdent, les premiers Formant des axes entre les -noeud extrême de l'Ahaggar"; il définit parfaitement cette citadelle deux rives du Sahara et des domaines culturels originaux, les seconds centrale du massif, hérissée de ses plus hauts sommets, d'où divergent constituant des no man's land. De l'Atlantique à la Mer Rouge,

~ - TOUARFGUES EMRf MAGHREB €lSOUDAN :LE TOUAREG.. E. BERNUS MONTAGNES .FUSEAU REMJE DE GbGWtUEALPINE 1W1 N.1 I

I alternent le Fuseau maure, positif (I), puis l'ensemble de la Majâbat al Le Père de Foucauld (1940 : 98) montre avec clarté l'extraordinaire Koubrâ, de l'erg Chech et du TanezrouFt, négatif (II), le fuseau touareg, adéquation entre les "principaux groupes" touaregs et les positi€ (III), le Ténéré, négatif (IV), le pays teda-daza, de la steppe montagnes : les noms de groupes et de régions se recouvrent dans sahélienne au Tibesti, positif (V, le désert libyque, négatif (VI), le quatre cas, cinq même si on rattache les Taitoq aux . massif arabo-nubien, avec la vallée du Nil, positif MI). Les deux autres, hellemmeden et Kel Geres ne sont pas concernés Dans le Fuseau touareg s'inscrivent le massif de l'Ahaggar et ses i car ils vivent depuis plus de deux siècles hors des principaux apophyses méridionales de l'Aïr et de l'Adrar des Ifoghas avec leurs massifs. tmili dont celui des Ajjer, le plus remarquable, le plus continu, le plus i L'Ahaggar constitue un massif longtemps fermé, interdit aux COMU, aujourd'hui parc national pour protéger ses richesses biologiques occidentaux par ses Farouches habitants : et archéologiques. Le pays touareg est donc parfaitement délimité, on : .Ce nnctère indompté, qui fait des Ahaggãr des hommes redoutés dans le Sahan, est. en peut en tracer les contours. II est un pont à ravers le Sahara entre le dehors de la sittiation anarchique dans le pays, le résultat de nombreuses causes Maghreb et la zone soudanienne, le lien entre les civilisations aabc- matérielles... dit Duveyrier (1864 : 375371) : l'habitation dans un plté de montagnes berbères" et les "négro-africaines. (bambara, songhay, haoussa). déchirées, dénudées et d'une sauvagerie esceptionnelle. ou dans des déserts arides dont Contnirement aux Peuls, autre peuple à tradition pastorale, disséminés . presque toutes les plantes sont épineuses: l'impossibilité de vivre cles produits de leur sol. dans un domaine zonal, de l'Atlantique au Nil, souvent minoritaires I à moins d'avoir la sobriété du chameau: enfin I'abandon des routes coninmerciales qui longent ou traversent leur territoire et qui. jadis, suppléaient, par les bénéfices retirés du parmi des paysans soudaniens OU aux côtés d'autres éleveurs, les passage des caravanes. à I'improdunivité de leurs montagnes et de leurs déserts. En tout Touaregs possèdent un "pays aux contours assez précis. Et au coeur de pays, le canctère et la nanire de l'homme subissent l'influence du milieu qu'il habite .... II ce pays- se trouvent des massifs qui en Forment l'armature. est cependant vrai qu'ils ont à peu près pour ennemis tous leurs voisins-. Aujourd'hui, le fuseau touareg constitue l'axe principal de liaison entre Maghreb et l'Afrique soudanienne. La construction d'une route Bien que Duveyrier prétende que si, entre 1859 et 1862, il n'a pas le I goudronnée jusqu'à Tamanrasset en agérie et jusqu'à Adit au , reconnu le massif comme il se le proposait, ace n'est pas que les permet de traverser le Sahara avec des voitures légères aormaless Kel Ahaggar s'y soient opposép, il avoue avoir renoncé à son projet pour des raisons de sécurité. comme avec des semi-remorques. Cette progressive avancée de ces ! routes iì la rencontre l'une de l'autre, a donné à ce fuseau une vie Une vingtaine d'années plus tard, la mission Flatters tente d'ouvrir nouvelle et ouvert le Sahara à un flux constmt de véhicules qui atteint une route qui permette de relier Le Maghreb aux Etats haoussa et sa cnre maxima en saison froide, de novembre à février, et son étiage ! d'entreprendre des études en vue de la construction d'une ligne de d'avril iì septembre,jamais d'ailleurs complètement interrompu. chemin de Fer. Après une première reconnaissance en 1880, la Avant cette récente Fonction de liaison routière, on peut s'interroger mission pénètre dans le massif l'année suivante : elle est attaquée, sur le rôle de ces montagnes dans l'histoire des Touaregs; elles ont en partie massacrée, puis les survivants empoisonnés au cours de servi de refuge, de creuset où se sont Formées des familles, de centres leur retraite par des dattes additionnées de jusquiame pilée où se sont forgés les identités de -tribus=,de "confédérationsJ l'origine (Hyoscyamusfalezlez) : seuls quelques uns d'entre eux, après s'être géographique de certaines atribus" est révélée par un toponyme qui nourris de chair humaine, parviennent à Ouargla en mars 1881. Ce n'est qu'après le combat victorieux de Tit, où la troupe du s'est maintenu dans leur dénomination, même après qu'elles se soient I lieutenant de Cottenest prouve aux Kel Ahaggar la supériorité des éloignées du lieu qui les désigne. Ces montagnes ont constitué pour 1. [Tribu,, Confédération*son! les Touaregs autant de points de rencontre, de rassemblement, de armes françaises que Moussa ag hastan accepte de se soumettre à des lermes du vocobuloire Fusion que de pôles de dispersion. In Salah en 1904. colonial entre dans l'usage; il .- voudrait mieux les uliliser les lermes touaregs, plus prkis, Citadelles-refuges et/ou pôles de dispersion. Si l'Ahaggar, pour des raisons diverses, qui tiennent autant à sa rowshit poor le premier, enebel t situation géographique qu'à ses habitants, est resté longtemps Fermé prle second; nous ne l'oyons pas fait pur ne pos -Les TOUaRgs semblent se diviser en 7 groupes principaux, Kel-Ahaggar, Kel-Ajjer, Taitok, i... aux étrangers et aux occidentaux, il a été occupé avant l'arrivée des alourdir le Kel-Au, Kel-Adm. IouUemmeden, KelGeres; les trois premiers habitent la partie nord du texte, l'éiude de lo Mciéle ne Touaregs, comme les autres montagnes d'ailleurs, par des habitants Sahara et sont smtout en relation avec l'Algérie, les quatre autres hibitera la panie sud du i: constiiuont po5 l'objet principl de cet orticle. -Sahara ou le Soudan et ont presque toutes leurs relations avec le Soudan.. dont on ne sait pas grand chose.

REWE DE G~OGRAPHIEALPINEIWI MONTAGNESTOUAREGUES ENTRE WGHREE €7 SOUDAN :LE .FUSEAU TOUAREG.. E. BERNUS N-I

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- I Isebeten, dit le Pere de Foucauld (19%-j2.T. N :. 1.803), est le nom pluriel dun peuple I antique et dispam qui. dit-on, habita l'ha& avant I'établssement de I'ishm dans le donnent les références géographiques précises des lieux de La pays // il ne reste de [mes des lseberen que dans un petit nombre de légendes qui en formation de cette nouvelle communauté'. La migration se poursuivit font mention comme des gens à l'esprit borne. parlant 13 langue touarègue dans un i par étapes vers le sud, jusquä ka région d'In Gall où les Kel Fadey dialecte spécial et grossier. Les Isebeten, disent cenains, sont les ancêtres des nmrid de I vivent aujourd'hui : si cles tribus se sont détachées, d'autres rattxhées iì l'Ahaggar, tandis que les nobles, venus d'une autre conrrée i une époque postérieure, ont l la chefferie, la petite =confédération. s'est maintenue avec des une origine différente N Bebet s'emploie quelquefois comme expression de dérision, I n~nenokdtoujours pris dans la même lignée. pur dbigrier quelqu'un de COW d'esprit par allusion 3 I'mtelligence bornée attribuée 8 aux Isekten-. I Les Kel Geres ont suivi Lin itinéraire assez voisin : originaires de - l Tripolitaine, ils se sont installés bien avant les Kel Fadey dans l'Air : I1 s'agit donc d'une population @mitive., que l'on rattache aux 1 ils ont occupé le sud-ouest du massif, alors que toute la partie nord- I -plébéiens; aux wassaux- (imghad), réputés éleveurs de chèvres par est était sous la domination des Itesen. Kel Geres et Itesen se rapport aux nobles éleveurs de dromadaires. On leur attribue donc un I partageaient l'Kir jusqu'i l'arrivée des Kel Owey: venus également caractère païen, voue idolâtre, une intelligence fniste, la pratique d'un l de Tripolitaine, ceux-ci occupèrent le nord du massif (Bonte, 1970 : langage touareg encore informe. Dans l'Kir, des populations noires I 43-51). A la fin du diu-huitième siècle, les Kel Geres et les Itesen, auraient précédé l'arrivée des tribus berbérophones. Populations qu'on a l après une longue période de conflits, quittèrent l'Air et s'installèrent pu rapprocher de groupes résiduels qui parlent encore un langage l aux frontières de la Nigeria (Gober-Tudu). Les principales tribus des songhay considéré comme archaïque par les linguistes, ou de certains Itesen et plusieurs tribus des Re1 Geres portent un nom qui se groupes haoussaphones du sud qui estiment pour une part être réfère à des toponymes de l'Air : la tribu suzeraine de ces derniers, originaires de l'Ai?. Ia légende de la butte gréseuse de Teleguinit, dans i Tatamaqaret, a un nom issu du toponyme de la grande vallée les plaines au sud-ouest de l'Aïr, reste toujours vivante : elle porte d'Ani1 Llaqaren, artère maîtresse de l'ouest de l'Aïr; bien des sites et encore les stries des cordes dont les habitants anciens l'avaient entourée, de nombreux cimetières, en particulier celui de Jikat pour les l clans le but cle la tncter au cours de leur migration vers le sud. Kel Geres, restent cles lieux de pélerinages fréquentés.

Les groupes touaregs se sont progressivement mis en place dans les I L'Ahaggar a constitué comme l'Aïr un pôle d'attraction et cle massifs, mais beaucoup de stribus- ont poursuivi leur migration après I dispersion : pour les Taytoq qui ont quitté I'Ahnet au début du un séjour plus ou moins long : chaque arrivée peut provoquer, à plus i siècle pour se rendre dans les plaines du Tnmesna, et pour les, ou moins longue échéance, le départ des précédents occupants. Le i tribus dites aujourd'hui des ,,Hoggar de l'Aïr85 qui, un siècle plus tôt, j toponyme d'un puits, d'une vallée, d'une région donne souvent son sont venues s'installer le versant occidental du massif nigérien et Í sur nom iì une tribu, à un groupe qui s'est constitué ou qui a trouvé là une i dans les plaines environnantes. nouvelle identité. Ainsi les confédérations touarègues, telles que les ont i Cette diaspora a provoqué des redistributions, des regroupements rencontrées les colonisateurs, résultent de la lente mise en place de I de populations touarègues. Dans bien des cas, même si leur arrivée tribus d'origines diverses. Les Kel Fadey qui vivent aujourd'hui au remonte iì plus d'un siècle, les tribus conservent leur nom d'origine. Niger aux environs d'In Gall, au sud-ouest de l'Air constituent une I j Dans les vallées du sud-ouest de l'Aïr, celle de Tchirozerin, de petite confédération d'une dizaine de tribus dirigée par un nmenokal Tamazelak ou de Teden, les Ifoghas sont toujours désignés sous ce toujours choisi chez les Ighalgawen, une des deux tribus nobles; rune nom. "Les Hoggars de l'Kir", comme les a appelés l'administration I et l'autre, Ighalgawen et Idarawen, comme le nom de la coloniale dans ses recencements, regroupent des tribus dont les confédération. -Kel Fadey - sous lequel on désigne l'ensemble du noms sont toujours présents dans l'Ahaggar : Kel Rebsa, groupe, tirent leur nom de toponymes situés dans le nord de l'íW. < Ikarameyen, Isokonaten, Tegehe-n-Efis. Iklan-n-Tawshit, etc... Ainsi Une tradition que nous avons récemment recueillie , rattache les Kel ces migrations, dont quelques exemples ont été donnés ici, Fadey à la noble tribu des Imenan dont les chefs résidaient iì Ghât et à montrent comment ces montagnes ont souvent constitué des Djanet. C'est dans l'Aïr, aprés leur départ du Tassili-n-Ajjer et à la suite 1 aimants pour des éleveurs attirés par des vallées riches en eaux et l.~ssontsl~esounord d' alliances réalisées sur place, que se constitua ce nouveau priturages, puis ont servi de points d'ancrage avant de nouveaux d'@fwmm.ou nw&esldu groupement politique; les trois toponymes d'Aghalgu (pour les i départs provoqués par des sécheresses ou de nouvelles arrivées. Iglmlgawenl, de Tadara (pour les Idarawen) et de Fadey (Kel Fadey) j 'Ire j Ces montagnes touarègues n'ont jamais été cles citadelles fermées. ~~~'~~~~~,~~~'1/2,33plNTodero AL:,

Ces montagnes ont été occupées successivement par des groupes Kel Owey qui vivent dans les vallées de rXr, après la réduction et la touaregs qui se sont livrés à l'élevage, parfois à l'agriculture et souvent quasi disparition du commerce transsaharien, poursuivent et intensifìenc au commerce caravanier. Si ces masSi. ont parfois été volontairement leurs caravanes vers les oasis de l'Ag" (Fachi) et du Kawar (Bilma) Fermés et interdits aux occidentaux, c'est le cas de l'Ahaggar au où, en échange du sel et des dattes, ils apporrent non seuleinent le mil ,XW"" siècle mais non de I'&?,ils ont entretenu des contacts avec les et les produits variés des marchés soudaniens, mais aussi les récoltes de régions voisines. leurs jardins : dans ce commerce uiangulaire prend place leur propre production, principalement blé et tomates séchées. Initiatives agricoles et diversification des massifs Les techniques agricoles varient dans les diFférents massifs, en raison des conditions pluviométriques d~érentesmais a~issien fonction des Jusque dans la deuxième moitié du XVIF" siècle, l'Ahaggar, l'Adrar des cultivateurs concemés. Les jogam n'existent que dans les régions où Ifoghas et l'Ajjer étaient sous le commandement de la tribu des Imenan les pluies ne reviennent pas à date five pour détruire les drains dont le cheF résidait à Djanet. Après 1660, cette unité disparaît et soutenains : s'il est possible d'entretenir ce réseau, de curer les canaux, l'Ahaggar se détacha de la tutelle de la nouvelle tribu régnante aux de refaire les diguettes, il est cliFficile de le reconstruire chaque année. Ajjer, les Oraghen : après une longue période d'anarchie, les C'est pourquoi les j&gara existenc clans l'Ahaggar, mais sont absentes Kel Ahaggar choisissent un amenoknlreconnu par tous. Si les Kel Ajjer de l'Air ou de l'Adrar des Ifoghas. cultivaient depuis longtemps des jardins, les Kel Ahaggar, après de timides tentatives à Idelès et â Tazrouk, durent attendre la seconde Les techniques d'irrigation ont été introduites il y a moins d'un siècle moitié du P siècle pour qu'un nmenokal entreprenant prenne dans l'Ahaggar, sans traditions agricoles, par des jardiniers spécialisés l'initiative de Faire venir des jardiniers de Djanet, du Touat et du venus du nord : Les noirs sahariens (Harrâtines), les Ahl'Azzi Tidikelt (Gast 1965 : 129-143). (klérabtines), cultivateurs pauvres du Tidikelt et du Touat, les esclaves Après cette scission, après ces initiatives agricoles, les ressources des qu'on pouvait soustraire' aux travaux dans les campements, allaient deux groupes se diversifient : les Kel Ajjer contrôlent une route former la classe des quinteniers (kbmnmès) à laquelle furent appliqués commerciale importante qui va de Gabès et de Tripoli à Ghadamès et les statuts déjà connus au Fezzan et au Touat. Sur les terrasses en Ghât avant de se diriger vers Kano via l'Aïr : ils tirent avantage de ce bordure des oueds, ils ont mis en valeur les terres limoneuses et fertiles trafic en y participant, mais aussi en prélevant des droits de passage. qu'ils arrosaient soit par puits à balancier (très vite disparus), soit par Les routes caravanières évitent l'Ahaggar : par l'ouest, du Touat à puits à traction animale, soit par drain OLIjogam. Jamais en Ahaggar l'Adrar des Ifoghas par Timissao et Tin Zawaten, à l'est, de Ghât à on n'a COMU de cultures sur les retraits d'oueds comme cela existe au par In Azaoua; autrement dit les caravanes échappent aux Kel Tassili-n-Ajjer et en Mauritaniet (Gast I968 : 30). Ahaggar au profit des Ifoghas et des Kel Ajjer. De la même manière les Dans l'Air, les Kel Owey cultivent depuis plusieurs siècles, mais le Kel Owey, dans L'Aïr, participent aux caravanes qui relient Tripoli à travail de la terre n'est pas réservé â une catégorie spéciale de la Kano et constituent un maillon important de cette chaîne qui relie la société, à des groupes anciennement serviles par exemple : chaque Méditerranée au monde soudanien (Baier, 1980). Les Kel Ahaggar, homme peut selon les nécessités du moment - besoins de sa famille, exclus de ce commerce caravanier intemational, fréquentent surtout les disponibilités de ses parents, état du marché - se consacrer à marchés du Touat où ils se procurent des dattes et des tissus. A la fin L'agriculture irriguée, à l'élevage ou au commerce caravanier, cette du 'Wmsiècle, l'époque des rezzous se termine avec l'arrivée des dernière activité jouissant cependant du plus grand prestige. militaires français : dès lors les Kel Ahaggar se lancent dans le L'eau, extraite du puits, va irriguer successivement par gravitation les commerce caravanier et ils vont échanger sur les marchés du sud (Ader carrés préparés et plantés : il faut donc creuser un réseau de candux ou Damergou au Niger) le sel de l'hadrogh et les plantes médicinales hierarchisés pour atteindre tous les carrés cultivés. Les terrasses des de leurs montagnes, contre du mil qui constitue de plus en plus la oueds présentent en général des surfaces relativement planes, mais il base de leur alimentation. existe des ressauts et de petites buttes qu'il faut niveler et une pente L'agriculture irriguée fournit non seulement un complément à régulière doit permettre à l'eau de s'écouler du puits jusqu'aux planches l'alimentation des Touaregs, mais aussi des produits d'échange : les les plis éloignées. Pour cela, on utilise une sorte de aiveleuse appelée

MOMAGNES TOUPlREGUES EMRE MAGHREB ET SOUDAN :LE .FUSEAU TOUAREG. - E. BERNUS REWE DE GÉOGRAPHIEALPINE1991 N'1 1

Si la lame est ici en métal, là en bois, l'instrument est comparable et dans les deux cas a pour but de préparer et de niveler un terrain en we de son irrigation. Dans l'Aïr, le puits à tracrion animale constitue la technique presqu'exclusivement utilisée (mis à part les rares sources) : un échafaudage fait d'un cadre en bois s'élève obliquement au dessus du puits; il est soutenu par deux béquilles Fortement inclinées en sens inverse. L'eau est puisée par un animal qui tire une puisette .en peau, munie à la base d'un goulot tendu vers le haut par une cordelette pendant la remontée et libéré lorsque I'animal, arrivé au bout de sa Figure 3 : course, a élevé la puisette au-dessus dun tronc creusé de Palmier aPelle-racloirn utilisée dons les oasis de Syrie doum : il suffit alors au jardinier de jouer de la corde du bas pour (Weolersse, 1946 : 289). libérer le goulot et provoquer le déversement du contenu de la pli¡Sette dans le canal en bois: cette technique a été introduite 3 une date relativement récente. La dimision de cette technique se fit à partir d'Iferouane, où un pélerin revenu de La Mecque avait rapporté, dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle, un modèle réduit sans doute .. . .. w au Fezzan. Ayant franchi le Sahara, cette technique nouvelle n'a pas .' : _i : _- , I Figure 2 : .. conquis les régions méridionales, le pays haoussa par exemple, où seul ((Niveleuses utilisée 6 le puits 1 balancier est utilisé (Raynaut, 1969 : 17-22). Raulin (1973 : ..--.?tZ'. ~ : , ' .. :. .. Aouderos dons l'Aïr. [photo .,- ::--_ I___I__-_ -__ __ 207-218) a analysé le processus de diffusion et de blocage de ces Edmond Bernus]. techniques d'irrigation qui existent de part et d'autre du Sahara, mais asbek-n-egeri, mot à mot, "le bois tracté" (BemusJ986 : 358-359). ne pénètrent pas ka zone soudanienne (Bemus, 1986 : 361). Heinrich Barth, l'explorateur allemand, lorsqu'il voit 3 Aoudéns en 1850 cet instrument aratoire, croit reconnaître un araire primitif : "A notre Ces massifs ont été des centres d'attraction pour de nombreux groupes retour, je vis Ii Lin mode barbare de labour, trois captifs étant melb à touaregs. Les montagnes du sud, mieux pourwes en eau et en bois, une sorte de chamie, et conduirs comme des boeufs par leur maître. ont été au Moyen-âge le foyer de civilisations urbaines : des villes ont C'est certainement l'endroit le plus méridional en hFrique centnle où la connu un développement remarquable telle Es-suk (Tadamakka) dans charme est employée (Baith-Bemus,1972: 94). l'Adrar des Ifoghas, Assodé dans YMr, qui était encore habitée loisque 11 fakit attendre plus d'un siècle pour que cet instrument soit, identifié Chudeau la visita en 1905, et Agadez aux portes du massif. Ainsi, ces et que l'erreur de Barth soit relevée : "la planche se déplace montagnes n'ont pas seulement constitué des parcours pour les perpendiculairement au sens de la traction : elle joue le rôle d'une troupeaux, grâce à des ressources en eau et en pâturages; elles n'ont lame planeuse brisant les mottes et égalisant la surface de la terresa pas seulement permis la mise en valeur de vallées fertiles pouvant (Raulin,1973 : 212) (cf. fig. 2). recevoir des jardins irrigués où sont cultivés l'hiver des cultures On constate qu'un tel instrument existe pour un même usage en Syrie, méditerranéennes (blé, orge, tomates) et l'été des céréales pays aride confront6 au même problème d'irrigation : soudaniennes (mil et sorgho), avec des arbres fruitiers variés (dattiers, - citronniers, grenadiers, figuiers etc ...1 et aujourd'hui tous les produits dans les oasis (ghoulas) (cf. fig. 3). 4 faut &aabord que le champ soit apte à recevoir le flot maraîchers vendus sur les marchés urbains. d'irrigation qui, concentré sur quelques minutes ou quelques heures, agir par submersion. Dans ces montagnes, en effet, les ruines abondent : celles de villes Chaque cellule irriguée doit former un casier pirfaitement aplani, limiti. par des digueas. importantes déjå évoquées, avec des maisons innombnbles qui varient Pour cela le paysan se sen d'un outil panici~lier,sone de large pelle-ncloir, qui se par la taille et par la forme, avec des mosquées encore reconnaissables - manoeuvre à deux : l'un tenant le manche et l'autre tirant le fer avec une corde. -(\VeuIersse.1946 : 285-?89). par leurs travées parallèles ou leur inirh6. Ailleurs ce sont des

~ ~~~~ _~_- MONTAGNES TOUAREGUES ENTRE WGHREB ET SOUDAN :LE .FUSIAU TOUAREG. - E. BERNUS REWEDE GCOGRAPHIE ALPINEiqvi NOI J t

groupes de maisons, satellites des grandes cités ou bourgades plus Références bibliographiques. modestes : toutes ces ruines ont résisté grâce à leur appareillage en pierres. A côté de ces habitats abandonnés, des mosquées, souvent Agadez et sa région. Contribution à I'étude du Sahel et du 1979 Adamou A. isolées, ont été construites par de saints personnages (3 Agellal ou Mi, Sahara nigérien. Niamey, Etudes N&&eznes 4,358 p. Agalengha, par exemple, dans l'Aïr1 à leur mort, elles deviennent lieu de pèlerinage. Ce sont des saints qui, dans l'Adrar des Ifoghas et An economic history OF central Niger. Oxford Studies in African 1980 Baier S. j surtout dans l'Aïr, ont introduit de nouvelles confréries et en particulier Affairs. Clarendon Press 325 p. le soufisme. Si l'industrie minisre a provoqué la construction de villes nouvelles et Henri Barth chez les Touaregs de l'Aïr. Extrait du journal 1972 Barth H., et Bemus S. la mise en service de routes goudronnées, ces massifs touaregs sont de Barth dans l'Aïr, Juillet-Décembre 1850, aujourd'hui de plus en plus visités par des touristes en mal de Etudes Nigériennes 28, 195 p. sensations. Pour préserver les paysages, les sites du passé (objets préhistoriques, peintures et gravures rupestres, ruines médiévales), la A124 Aïr - Les Techniques agricoles. in : Encyclopédie 1986 Bemus E. faune et la végétation, des parcs nationaux sont mis en place avec une Berbère, Aix en Provence, III, Edisud, 357-363. i législation qui en limitent ou réglementent l'accès. C'est le cas du Tassili, de la réserve de faune de l'Aïr etc... qui ont l'avantage de Montagnes du désert. De I'évolution comparée de deux massiFs 1989 Bemus E. préserver le patrimoine du pillage ou de la pollution, mais qui parfois sahariens : Ahaggar et Aii. in : %piques, lieux et liens. excluent des éleveurs touaregs de parcours qui Font partie de leur Homnage i Paulo Pelissier et Gilles Sautter, Paris, Editions de Scosystème. lorstom, 545-553. Ces massifs et leurs abords deviennentà la Fois "pistes de jeux,, pour de grands enfants qui, de l'occident, viennent se faire peur en se perdant Les Kel Fadey. in : Programme archéologique d'urgence, 1991 Bemus E. Edmond Bernus dans le désert et en cassant leur mécanique perfectionnée, et ,mondes Etudes Nigériennes 52. ORSTOM perdus. que l'on peut visiter en hiver par une lumière limpide et une 70, route d'Aulnay - température tonifiante, alors que I'Europe grelotte et baigne dans les Production et échange chez les Touaregs Kel Gress. Thèse de 1970 Bonte P. 93140 Bondy brumes. 3"" cycle (Instihit d'ethnologie, microfilm, Paris).

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MOMAGNES TOUAREGUES EMRE MAGHREI) ETSOUDAN :LE .NSEAU TOUAREG. - E REINUS Pays de Taznakht et Dra : de la complémentarité à la rupture Gast M. 1968 Alimentation des populations de l’Ahaggar. Etude ethnologique.Mémoire du C:R.A.P.E. VIII, Paris A.M.G, 458 p.

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Des relations anciennes, variées et complérnmtakes

Très tôt des relations durables se sont établies entre les deux régions : on privilègiera les aspects qui ont le plus marqué ces confins sahariens: et qui ont subi le plus le contrecoup de I’évolution contemporaine.

Parmi ces relations privilégiées il faut tout particulièrement souligner l’emprise spiriruelle de la confrérie ennaciriya de la zaouïa de géographie U UI

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Ce nuinéro a obtenu le label de l'UNESCO

International Geological Programme Project 252 Past and future evolution of deserts