Le Glorieux Nom Divin A-T-Il Sa Place Dans La Bible ?
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Le Glorieux Nom Divin A-t-il sa place dans la Bible ? Michaël vainquant Satan par Lorenzo Mattielli, Michaelerkirche, Michaelerplatz, Vienne Par Didier Fontaine, 2003 www.areopage.net | [email protected] - 1 - Préface La présente étude s’inscrit avant tout dans le cadre d’une recherche et de réflexions personnelles. Il s’agira pour le lecteur d’en saisir les enfantements à mesure qu’ils se présentent. Bien que structuré, l’exposé ne l’est que par l’histoire et la logique, non point par une trame mesurée au cordeau. Aucun mérite ne m’en revient, car je ne suis ni à l’origine de la problématique, ni le père des réponses qui sont proposées. Mon unique objectif a été de l’exposer, de le synthétiser, et de le mettre à la portée du lecteur français le plus clairement possible. Je suis extrêmement redevable à l’ouvrage de Gérard Gertoux, Un historique du nom divin, qui non seulement a conforté ma foi, mais de plus m’a donné le désir d’en savoir davantage, d’entreprendre l’étude de l’hébreu biblique, ce qui m’a tout naturellement conduit à reconsidérer les difficultés qui entourent le tétragramme dans la Bible. Je dois aussi beaucoup à l’ouvrage de Matteo Pierro, Geova e il Nuovo Testamento, qui m’a montré qu’une solution était possible, tout en laissant quelques zones à approfondir. Une pensée également pour Brian Holt, dont la lecture de l’ouvrage Jesus, God or the Son of God ? m’a permis de comprendre combien le problème sous-jacent méritait un examen minutieux. Enfin l’étude de Greg Stafford, Jehovah’s Witnesses Defended, qui m’a en quelque sorte inculqué la manière de répondre ‘à celui qui me provoque’. Un grand merci également à Firpo W. Carr, Ph.D., qui m’a procuré son ouvrage incontournable, épuisé en librairie, The Divine Name Controversy (vol.1), sous forme électronique, pour mes recherches, ce qui m’a permis de saisir l’étendue de la controverse, l’intérêt du sujet. Toute ma reconnaissance à mon ami Jean-Claude Dutto, pour ses nombreux conseils et encouragements. Plus d’une fois il m’a sorti de sentiers ne menant nulle part. Je dois beaucoup à nos conversations, à ses objections, à sa vaste connaissance qui n’ignore ni humour, ni sagesse. Mais l’initiateur de mes recherches ne partage pas la même foi que moi. Il s’agit de Lynn Lunquist, dont l’ouvrage The Tetragrammaton and the Christian Greek Scriptures m’a ouvert les yeux sur le problème. La lecture de cette étude a éveillé en moi une soif insatiable de comprendre, percer, démystifier le sujet. Loin d’ébranler mon bon sens, cet ouvrage l’a aiguisé au plus haut point. En dépit de l’antinomie de nos points de vue, son auteur m’a par ailleurs témoigné d’une estime remarquable – ce qui m’a rappelé, si besoin en était, que tout débat doit s’inscrire dans un esprit de respect et d’égards pour autrui. Aussi n’aurons-nous d’autre objectif que d’exposer les faits, tous les faits, même ceux qui, en apparence, ou pour le moment, sont contraires à notre thèse. De même que nous n’édulcorerons pas maintes absurdités rencontrées dans les thèses adverses. Enfin, que serait cette étude sans celle qui l’a couverte de son aile, ma femme bien-aimée, Virginie ? Tant par sa patience que par ses attentions sans cesse renouvelées, elle a réuni pour moi toutes les conditions indispensables à l’aboutissement de mon projet. Qu’elle trouve ici toute ma gratitude et tout mon amour. Puisse cette étude remplir les paroles de cette prière de Jésus à son Dieu : « Père, glorifie ton nom ! » - 2 - « Qui est ? » Psaumes 8:10 Utrum aliquod nomen Deo conveniat ? 1 Summa theologica, Prima Pars, XIII Introduction : un nom ineffable ? Les trois grandes religions monothéistes sont le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam. Toutes trois connaissent et reconnaissent le personnage de Moïse. Étrange curiosité, le nom de Moïse s’écrit en hébreu (Moshè) et il est l’anagramme de , (haShèm) « le Nom ».3 Selon le récit d’Exode 3 :13-16, c’est Moïse qui, le premier, s’adresse à Dieu pour lui demander son nom. Ainsi c’est en quelque sorte autour du personnage de Moïse qu’il est aujourd’hui possible de réfléchir sur le nom de Dieu, et sa signification. Curieusement, aucun des trois monothéismes n’a su donner à cette révélation du Nom sa juste valeur. Les Juifs ont pendant longtemps été dépositaires du Tétragramme – les quatre lettres qui composent le nom divin, en hébreu . Il était utilisé dans la vie de tous les jours, et sa prononciation ne posait aucune difficulté. Plus tard les Chrétiens, directement issus du Judaïsme, continuèrent de l’employer, comme nous le verrons. Les musulmans enfin, s’ils n’ont jamais connu vraiment le Dieu des Hébreux, accordent une importance particulière au Nom de Dieu, comme en témoigne le début de chaque sourate du Coran. Ils lui prêtent ordinairement 99 noms sacrés (que tout musulman se fait un devoir de connaître parfaitement), et un dernier, le 100e, ineffable. Ce faisant ils rallient en quelque sorte la tradition juive selon laquelle il est impossible, ou à tout le moins blasphématoire, de prononcer le Nom Ineffable. Tout cela est surprenant. Le récit de la révélation du Nom est pourtant explicite : C’est là mon nom pour toujours4, c’est mon nom que l’on évoquera de génération en génération - Exode 3 :15b La Bible de Jérusalem porte au même endroit : « C'est mon nom pour toujours, c'est ainsi que l'on m'invoquera de génération en génération ». D’autres versions précisent le sens en employant le terme ‘mémorial’ (Martin, Darby), de souvenir (Semeur) ou de commémoration (Ostervald). Manifestement, le nom n’était pas destiné, dès l’origine, à sombrer dans l’oubli. Dieu déclara même à Pharaon : ‘Mais si je t’ai laissé subsister, c’est afin de te faire voir ma force et pour que l’on fasse connaître mon nom par toute la terre.’ Exode 9 :16 1 «Est-il convenable d’attribuer un nom à Dieu ? ». Cité dans Moïse, A. Chouraqui, p.184. 2 Nous ne marquons le m final normalement pour le besoin de l’illustration ; ‘le Nom’se lit bien sûr 3 L’étymologie biblique se focalise sur le terme masha, signifiant ‘tirer’ [des eaux], selon Exode 2 :10. On a aussi affirmé que le mot serait plutôt égyptien (langue de la fille de Pharaon), mosis, signifiant ‘né, engendré’ (comme Thoutmosis). 4 L’expression a un double sens des plus inattendus quand on se souvient qu’originellement le texte n’était pas vocalisé. Ceci fera l’objet d’une section ultérieure. - 3 - On peut définir le terme (saphar), par ‘être publié, relaté’, ‘raconté, dit’ (voir BDB, pp.707-708 et Vine p.164). En hébreu les termes ‘scribe’ et ‘livre’ ont la même racine que le verbe précité. L’intention de Dieu était donc que son Nom soit connu, et c’est la raison pour laquelle il fit contempler au peuple d’Israël, et à Moïse en particulier, l’étendue de son pouvoir sur les nations, et la gloire de son Nom. Le dédaigneux Pharaon qui avait dit : ‘Qui est le SEIGNEUR (YHWH)5 (…) ? Je ne connais pas le SEIGNEUR (YHWH), et je ne laisserais pas partir Israël !’ (Exode 5 :2) se ravisa bientôt, disant : ‘J’ai péché contre le SEIGNEUR (YHWH), votre Dieu, et contre vous. Maintenant (…) intercédez auprès du SEIGNEUR (YHWH), votre Dieu, afin qu’au moins il éloigne de moi ce fléau mortel.’ (Ex 10 :16,17). : un ‘Dieu inconnu’ ? un nom innommable ? Depuis l’époque de Moïse, où chacun prononçait le Nom quotidiennement, des siècles sont passés. L’idée que ce Nom est trop sacré pour être employé est née, faisant de nombreux émules. On a remplacé, dans le discours comme dans les écrits, le tétragramme par les titres de ‘Seigneur’ ou ‘Éternel’, cependant que la langue hébraïque se perdait petit à petit. Si bien qu’aujourd’hui une majorité de personnes estiment que la prononciation exacte du Nom divin s’est perdue.6 Cette thèse soulève un certain nombre de difficultés : - Si Dieu souhaitait que son nom soit connu par toute la Terre, pourquoi n’a-t-il pas veillé à sa préservation ? (Nous parlons ici d’un aspect seulement de cette question, liée à la prononciation originelle). - Si, a priori, la prononciation s’est perdue, c’est qu’elle n’est pas importante7. Convient-il donc aujourd’hui d’employer ce nom, dans la Bible comme dans le discours ? - Si enfin il est de fait admis qu’aujourd’hui, aucun manuscrit du Nouveau Testament ne présente clairement le tétragramme, comment en est-on venu à la confusion sur l’identité du Christ, selon laquelle, appelé du même titre de ‘Seigneur’ que Dieu, le Christ serait également Dieu ?8 Nous allons répondre à ces questions en abordant les aspects suivants : Chapitre 1 : : l’emploi du Nom aux temps bibliques Chapitre 2 : : Seigneur, Yahweh ou Jéhovah ? Chapitre 3 : : le témoignage de la Septante Chapitre 4 : : Jésus, les premiers chrétiens et le Nom Chapitre 5 : : Inspiration, Préservation et Autorité des Écritures Chapitre 6 : : Un période trouble 5 Notons au passage que la connaissance du Nom (et de sa prononciation exacte) n’est pas ce que l’on appelle ‘connaître le nom de quelqu’un’. 6 Même les Témoins de Jéhovah, qui sont les plus fervents défenseurs de la forme ‘Jéhovah’, la plus courante en langue française, reconnaissent : « Il est donc évident que la prononciation originelle du nom de Dieu s’est perdue.