Arias for Farinelli
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4 Tracklisting NICOLA PORPORA 7 A Master and his Pupil 1686-1768 Philippe Jaroussky Arias for Farinelli 9 Un maître et son élève Philippe Jaroussky PHILIPPE 11 Schüler und Lehrer JAROUSSKY Philippe Jaroussky countertenor 17 Sung texts CECILIA 32 The Angel and the High Priest BARTOLI Frédéric Delaméa mezzo-soprano 54 L’Ange et le patriarche Frédéric Delaméa VENICE BAROQUE ORCHESTRA 79 Der Engel und der Patriarch ANDREA Frédéric Delaméa MARCON 2 3 Nicola Antonio Porpora Unknown artist Carlo Broschi, called Farinelli Bartolomeo Nazzari, Venice 1734 5 Philippe Jaroussky C Marc Ribes Erato/Warner Classics Cecilia Bartoli C Uli Weber/Decca Classics 6 A MASTER AND HIS PUPIL Philippe Jaroussky Over all the time I have been singing I have been somewhat hesitant about tackling the repertoire of the legendary Farinelli. Instead, I have preferred to turn the spotlight on the careers of other castrati who are less well known to the general public, as I did for Carestini a few years ago. Since then, having had the opportunity to give concert performances of arias written for Farinelli, I found that they suited me far better than I could have imagined – particu lar ly those written by Nicola Porpora (1686-1768), known in his time not only as a composer, but also as one of the greatest singing teachers. I soon became interested in the master-pupil relationship that could have existed between Porpora and Farinelli. Despite the lack of historical sources, we can presume that Farinelli was still a child when he first met Porpora, and that the composer’s views had a strong bearing on the decision to castrate the young prodigy. Subsequently, over long years of apprenticeship, it was Porpora who was responsible for shaping the young castrato’s technique and musical tastes. Today, we can only begin to imagine the suffering of the castrated boys and the rigour of their training over their years at the conservatory. The vast majori ty of them came from poor families and few achieved fame on the operatic stage. Even if, by contrast, Farinelli came from a cultured and prominent family, Porpora (aware as he was of the exceptional abilities of his young pupil) was probably extremely exacting – even merciless – with him from the very earliest days of the boy’s vocal training, all with the aim of creating a singing ‘monster’, capable of throwing off the most incredible technical challenges. And yet, at the same time, a father-son relation ship must have developed between them, a real closeness, particularly after the death of the young castrato’s real father. I would even go so far as to surmise that the relationship between the two was characterised as much by filial love as by fear. I know from my own experience the significance of the relationship between teacher and pupil. I have had the same teacher, Nicole Fallien, since I was eighteen years old. The voice is an intimate and personal instrument and life events leave their mark on it. Many of my singing lessons have been more like psychotherapy sessions! 7 When I studied Porpora’s manuscripts I of course found highly virtuosic arias, but the tessitura of some of them lies much more centrally, and they are gentle in character and often very lyrical. I think that it is in these arias in particular that we can sense the composer’s affection for the castrato – and the finest example is ‘Alto Giove’, from Polifemo. There is also Orfeo, a pasticcio created for London, with the final lamento Porpora composed for Farinelli, ‘Sente del mio martir’, which sounds like a wrenching farewell from the master before the singer left for Madrid. While Porpora was by no means a great genius like his rival Handel – his compositions, written very much in the Neapolitan style, aim for immediate public appeal and, above all, to showcase the singer in question – he benefited from a major asset: Farinelli himself. No-one knew his voice better than Porpora, and no-one was more capable of writing music that suited him so well on stage. Undoubtedly Farinelli knew what he owed to his mentor, even when he was at the height of his fame. But, in the end, the dynamics of the relationship were probably reversed and the teacher came to need his pupil. As the era of opera seria came to an end, and the genre went out of fashion, Porpora’s place was taken by younger composers. When Leonardo Vinci died in Naples in 1744, Porpora was not chosen to succeed him in his post, so he left for Dresden and Vienna. When he returned to Naples, his music had fallen out of favour with the public. In a letter Metastasio later mentioned to Farinelli that Porpora had died, impove rished and alone. But Porpora’s creation, the legend of Farinelli, lives on today. It is high time for the world to find out more about its progenitor. Interview by Axel Brüggemann Translation: Yehuda Shapiro 8 UN MAÎTRE ET SON ÉLÈVE Philippe Jaroussky J’ai toujours eu depuis que je chante une certaine hésitation à aborder le répertoire du légendaire Farinelli, préférant plutôt mettre en lumière la carrière d’autres castrats moins connus du grand public, comme je l’avais fait pour Carestini il y a quel ques années. Depuis, j’ai eu l’occasion d’inter préter quelques airs écrits pour lui en concert et constaté que je me sentais plus à mon aise que je ne l’aurais imaginé, particulièrement ceux écrits par Nicola Porpora (1686-1768), connu à l’époque comme compositeur mais aussi comme l’un des plus grands pédagogues de l’art du chant. Puis je me suis vite intéressé à la relation maître-élève qui avait pu exister entre eux. Malgré le manque de sources historiques, on peut supposer que Fari nelli connaissait Porpora déjà enfant, et que l’avis de ce dernier a fortement pesé sur la décision de castrer le jeune prodige. Par la suite, Porpora a entièrement façonné le goût musical et la technique du jeune castrat pendant de longues années d’apprentissage. On ne peut aujourd’hui appréhender qu’en partie la souffrance des enfants castrés, ainsi que la rigueur de l’enseignement qu’ils suivaient pendant leurs années de conservatoire. Issus pour la grande majorité d’entre eux de familles pauvres, peu atteignaient la gloire sur les scènes d’opéras. Même si Farinelli était à l’inverse issu d’une famille cultivée de notables, Porpora, conscient des capacités exceptionnelles de son jeune élève, a probablement été extrêmement exigeant, voir tyrannique avec lui dès le départ de sa formation de chanteur dans le but de créer ce « monstre » vocal, capable de se jouer des plus incroyables difficultés. Et pourtant il est certain qu’il s’est développé en parallèle une relation père-fils entre eux, une vraie complicité, particulièrement à la mort du vrai père du jeune castrat. J’irai même jusqu’à supposer que la relation entre les deux était impregnée autant de peur que d’amour filial. Je sais de ma propre expérience ce que signifie la relation entre un pro fesseur et son élève. Depuis l’âge de 18 ans, je suis les cours du même professeur, Nicole Fallien. La voix est un instrument intime et personnel. Les événe ments de la vie s’y inscrivent. De nombreuses leçons ont davantage ressemblé à des séances de psycho thérapie qu’à un simple cours de chant ! 9 Lorsque j’ai consulté les manuscrits de Porpora, j’ai bien sûr découvert des airs pleins de virtuosité. Mais une partie des airs est composée dans une tessiture plutôt centrale, dans un caractère doux et souvent très lyrique. Je pense que c’est particu lièrement grâce à ces airs que l’on peut ressentir l’affection que portait le compositeur au castrat, le plus bel exemple étant Alto Giove. Prenons aussi le Pasticcio Orfeo créé à Londres où Porpora a composé pour Farinelli cet ultime lamento Sente del mio martir, qui sonne comme un adieu déchirant du maître avant le départ de Farinelli pour Madrid. Certes, Porpora n’était pas un grand génie comme son rival Georg Friedrich Haendel. Ses compositions dans le pure style napolitain cherchent à charmer immédiatement le public et à mettre avant tout en valeur les qualités de chaque chanteur. Pour cela, Porpora disposait d’un atout majeur : Farinelli lui-même. Personne ne connaissait sa voix aussi bien que lui, et personne n’était capable de lui écrire des notes qui lui convenaient aussi bien à la scène. Il est certain que Farinelli, même au sommet de sa gloire, avait conscience de ce qu’il devait à son mentor. Mais au fil des années, la relation de pouvoir s’était probablement inversée : le professeur avait besoin de son élève. Et le temps de l’opera seria touchait à sa fin : le genre n’était plus à la mode, des compositeurs plus jeunes prirent sa place. Comme il n’obtint pas le poste de Leonardo Vinci à la mort de celui-ci, il partit pour Dresde et Vienne. De retour à Naples, ses compositions ne retrouvèrent plus la faveur du public. Dans une lettre, Metastase mentionne à Farinelli que Porpora était décédé, seul et appauvri. Mais la créature de Porpora, le mythe Farinelli, vit encore aujourd’hui. Il est grand temps de mieux faire connaître son créateur. Propos recueillis par Axel Brüggemann 10 SCHÜLER UND LEHRER Philippe Jaroussky Seit jeher habe ich gezögert, das Repertoire der großen Legende Farinelli in Angriff zu nehmen. Mir war es zunächst wichtiger, den Fokus zu verschieben und die bewegenden Lebensgeschichten und die Musik anderer Kastraten in den Vordergrund zu rücken - so wie ich es vor einigen Jahren mit Carestini getan habe.