Traverser Les Alpes : Une Très Longue Histoire
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fichedocumentaire TRAVERSER LES ALPES : UNE TRÈS LONGUE HISTOIRE Le franchissement des massifs alpins est XVIIIe - XIXe siècles : les passages sont passé, au cours des siècles, d’une épreuve des terrains de conquête du pouvoir. de force, d’un engagement individuel et physique, à la succession de « grands Les Alpes représentent une ligne de force et gestes » politiques, financiers, pour créer, de tension de la politique européenne renforcer et protéger des zones de passage. (Papauté, France, Italie, Empire…). L’enjeu : canaliser les courants d’échanges et les faire Au cœur de l’Europe, de la Méditerranée converger vers des passages aménagés et et à la porte de l’Orient, les passages contrôlés. Les cols et les routes sont désor- transalpins assument un rôle de première mais carrossables (pente de 5 % au lieu de importance. Politiques et échanges com- 15 %). merciaux les ont façonnés, canalisant et accélérant les mouvements. Chacun des Dès 1840 : la toute puissance des cols, des routes, des tunnels, a joué un techniques pénètre les Alpes. rôle plus géopolitique que géographique : prépondérant un jour, balayé et remplacé Chemins de fer, voies ferrées, tunnels : tous un autre. Au poids de l’histoire s’ajoute la les grands tunnels ferroviaires subalpins percée des techniques. Du mythique sont mis en service entre 1871 et 1928. On passage d’Hannibal à l’emploi des tunne- assiste à des successions d’accords diplo- liers, les voies transalpines effacent pentes matiques et de percements transfrontaliers : et altitude. cinq grandes zones de traversées sont désormais définies. Le chemin de fer occulte On peut distinguer 4 étapes dans cette l’automobile qui prend ensuite sa revanche : rocades stratégiques ou touristiques. évolution : XXIe siècle : de nouveaux besoins sont Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle : apparus. on subit la montagne. Le tourisme, les «ruées organisées», le «Juste De nombreux points de franchissement se à temps» en sont des exemples… De limitent aux cols plus accessibles que les nouveaux tunnels routiers et autoroutiers sommets voisins. Chasseurs, pasteurs, sont percés de 1965 à 1994. Suite à des légions, négociants, pèlerins, rois : on accidents spectaculaires, des polémiques marche, on chevauche, on loue chaises, ont surgi quant aux politiques strictes ou litières, on emprunte berlines, diligences. laxistes des autorités. Des nouvelles circula- Structures et points d’accueil : hospices, tions TGV, des services de ferroutage et la auberges, contrôles fiscaux et militaires. mise en service de nouveaux tunnels ferro- viaires sont prévus de 2007 à 2020 (les tracés s’allongent et s’abaissent). Si on bénéficie de moyens de circulation, comment maîtriser l’ensemble de ces trafics ? www.transalpine.com HISTOIRES DES COLS COL DE TENDE COL DE LARCHE COL DU MONTGENÈVRE 1 870 M 1 991 M 1 854 M Il relie le Piémont du sud et la région de Si son franchissement est assez facile, Il relie la haute vallée de la Durance et Nice. La richesse et la variété des son accès l’est beaucoup moins, que ce la Doire ripaire, Turin à Briançon et, peintures rupestres de la vallée des soit par l’Ubaye ou par l’Argentera. au-delà, à Marseille et à la Provence, ce Merveilles témoignent de la vitalité de Eloigné de toute ville active, il ne qui explique le grand rôle qu’il joua ce secteur méridional des Alpes dès la présentait que peu d’utilité, d’où la dans l’Empire romain et son déclin pos- plus haute antiquité. Néanmoins le col surprise des Piémontais quand ils térieur. Entre le XVe et le XVIIe siècle, il ne prend une importance politique virent déboucher les Français en relève de la République des Escartons, qu’au XIVe siècle, une fois le Comté de 1796… Ce qui explique le succès de la fédération de villages vivant du pas- Nice passé aux mains des Comtes de construction de la forteresse de sage sur les deux versants des Alpes, Savoie. Son importance décline après Vinadio sous Charles-Albert. jusqu’au traité d’Utrecht qui la liquide 1800, suite à la construction de la en 1712 au profit de Louis XIV et de route de la corniche entre Nice et Victor-Amédée. Dès lors, Briançon et Vintimille, ainsi qu’à l’entrée de Gênes Exilles deviennent deux forteresses dans le royaume de Piémont-Sardaigne. symétriques et ennemies. Ecarté du grand commerce (en dépit des intérêts COL DU MONT-CENIS COL marseillais) et gêné par ses mauvaises 2 083 M DU PETIT-ST-BERNARD relations avec Grenoble, le col ne réus- 2 188 M Deux cols (le petit et le grand Mont- sit pas à attirer la faveur de Napoléon Cenis) peu enneigés, avec un vaste pla- Bien que ce passage soit relativement (en faveur duquel on élève cependant teau pourvu d’un beau lac émerveillant facile à franchir, ni la Tarentaise, ni la un obélisque) et doit se contenter les voyageurs, facilitent le passage vallée d’Aoste n’ont jamais permis ici d’une activité secondaire car essentiel- entre Lanslebourg et Suse. Un passage un grand trafic, excepté aux quatre pre- lement régionale jusqu’à nos jours. davantage utilisé par les Celtes (ainsi le miers siècles de notre ère, d’où l’abon- COL DU roi Cottius de Suse) que par les dance de vestiges romains : soubasse- GRAND-ST-BERNARD Romains. Dès le XIe siècle, les princes ments d’une vaste mansio (auberge), 2 472 M de Savoie y concentrent tout le trafic colonne de Jupiter, etc… Un hospice transalpin. Napoléon y aménage une consacré à Saint Bernard (moine val- Très élevé et très enneigé, avec des grande route carrossable, joignant dôtain, protecteur des voyageurs pentes d’accès très raides, il n’a jamais Lyon à Turin, avec une abbaye, une transalpins) perdure jusqu’à la seconde offert un passage facile. Il est pourtant caserne et une série de maisons can- guerre mondiale pour un trafic local célèbre par son hospice de chanoines et leurs chiens sauveteurs. Assez utilisé tonnières. Le trafic routier se ralentit qui profite de l’échec des projets d’un jusqu’au Moyen Âge comme passage après le percement du tunnel ferro- tunnel ferroviaire à Bourg-Saint- entre l’Italie et le monde germanique, il viaire du Fréjus d’autant que le partage Maurice, puis d’un tunnel routier sous fut délaissé ensuite par le grand com- frontalier met le plateau (considéré la Galise au-delà de Val d’Isère (conçu merce. D’où le génie de Bonaparte, qui depuis des siècles comme savoyard) en en fait pour la fréquentation des l’utilise en 1800 pour surprendre les terre italienne de 1860 à 1945. En stations de haute Tarentaise). Autrichiens en Piémont. Soucieux de 1950, un barrage noie l’abbaye, le pla- développement et de désenclavement, teau et la vieille route. Depuis 1980, la la vallée d’Aoste et le Valais ont amé- plus grande partie du trafic passe par nagé un tunnel routier (ouvert en le tunnel routier du Fréjus entre 1964) juste sous le col, à 1 900 m Modane et Bardonecchia. d’altitude. Col d'Agnel 2 748 m G Col de Col de Larche la Lombarde Col du 1 991 m 2 350 m Col du Petit-St-Bernard Col de Mont-Cenis 2 18 8 m Col de Col du Tende l'Echelle 2 083 m 1 774 m Montgenèvre 1 870 m 1 854 m Col des Montet 1 461 m SUD www.transalpine.com COL DU SIMPLON COLS DES GRISONS COL COLS D’AUTRICHE 2 009 M DU SAN BERNARDINO 2 065 M Il relie Marseille au Valais et à Genève. Côme et la vallée adjacente de la Les cols du Brenner (1 374 m), entre le La famille Stockalper de Sion fit sa for- Valteline (le long de la rivière Adda) Ce passage difficile explique la célé- Trenti et Innsbruck, et du Semmering tune en contrôlant le trafic de ce grand sont reliées aux Grisons par le col du brité de la Via Mala, aménagée seule- (1 300 m), entre Trieste et Vienne, chemin très utilisé de la fin du Moyen Splügen (2 113 m) et surtout par les ment en 1739 avec un pont dominant entrèrent très tôt dans la géopolitique Âge jusqu’au milieu du XVIIe siècle, du deux cols complémentaires de la le Rhin de 68 m. Il fallut construire une des Habsbourg. Le Brenner est le seul fait du déclin politique de la Maison de Maloja (1 815 m, très enneigé et très route carrossable dans les profondeurs col transalpin faisant passer au même Savoie et donc du Mont-Cenis. raide) et de Julier (2 284 m), déjà très du défilé lui-même. Aujourd’hui, un endroit et à ciel ouvert trains et auto- Napoléon y aménage une grande route fréquentés par les Romains qui y tunnel routier facilite le passage entre mobiles. Le Semmering fut en 1854 le que le roi de Sardaigne s’empresse de construisirent un temple dont il reste les Grisons et le Tessin, permettant de premier tunnel transalpin (1,5 km de refermer de 1815 à 1848. L’essor de deux colonnes célèbres. relier le haut Rhin à la vallée du Pô. long à 900 m d’altitude). Quant au Milan ainsi qu’un tunnel ferroviaire Stelvio (2 757 m), à l’ouest du Brenner, creusé à 900 m d’altitude entre Brigg il permet de relier Milan à l’Autriche via et Domodossola (1898 à 1906), com- Côme et le massif de l’Ortler. plété ensuite par celui du Lötschberg, relancent l’importance du passage. Pour situer ces cols, rendez-vous dans votre CDI. Col du Col du Stelvio Grand-St-Bernard 2 757 m 2 472 m Col du Col du Col du St-Gothard Col du 2 108 m Cols des San Bernardino Brenner Simplon Grisons 2 065 m 2 009 m 1 374 m ts EST PRINCIPAUX COLS ALPINS PRINCIPAUX PASSAGES ROUTIERS ET FERROVIAIRES TRANSALPINS TUNNEL ROUTIER TUNNEL ROUTIER France DU COL DE TENDE DU MONT-BLANC Date de mise en service : 1882.